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"La sortie de guerre. Les Etats-Unis et la France face à l'après-guerre froide (1986-1996)", par François Géré
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L'auteur fait ici uvre pédagogique et scientifique par son aptitude à conceptualiser. Un ouvrage utile pour qui veut comprendre l'après-guerre froide. (Voir une carte de l'OTAN en 2004) |
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coll.
Bibliothèque stratégique, Paris, éd. Economica,
novembre 2002, 242 p. Voici un ouvrage fondamental pour comprendre la redistribution des cartes après la chute du Rideau de fer, en 1989. L'auteur aide à saisir comment les Etats-Unis et la France ont apporté deux réponses stratégiques différentes à une même rupture historique. Agrégé et docteur habilité en histoire, François Géré dirige depuis septembre 2001 l'Institut Diplomatie et Défense. Il fait ici uvre pédagogique - par un propos chronologique - mais aussi scientifique par son aptitude à conceptualiser et théoriser. L'ouvrage compte trois parties : "Ruptures historiques et révolutions technologiques" ; "La sortie de la guerre froide" ; "Le passage stratégique". Une définition de la guerre froide La première partie débute par une réflexion théorique sur la notion de rupture. Puis l'auteur développe une analyse de l'unité de la guerre froide, ainsi définie : "rapport de force d'intensité élevée entre deux Etats ou deux alliances qui ne se résout pas par un affrontement armé direct" (p. 19). La guerre froide de 1947 à 1990 se singularise en outre par deux caractéristiques essentielles. Premièrement, elle oppose deux très grandes puissances, les Etats-Unis et l'Union soviétique, dotés de vastes territoires et de moyens militaires considérables, affirmant des valeurs idéologiques rigoureusement incompatibles, fondées sur des systèmes économiques antinomiques. Deuxièmement, dès 1949, chacune de ces deux puissances dispose de l'arme nucléaire, et dans les années suivantes de vecteurs balistiques capables de transporter sur des distances intercontinentales, sans aucune perspective de défense efficace. "Cette situation nouvelle de vulnérabilité excessive interdit à chaque partie l'affrontement direct pour tenter de dénouer un conflit radical. Dès lors, les manuvres indirectes (guerres périphériques limitées dans l'espace et dans l'échelle de la violence), les affrontements économiques et politico-idéologiques (guerre psychologique) prennent une importance croissante". (p. 20) F. Géré met ensuite en évidence la posture de la France dans ce contexte. "Alors même que la France dénonce la bipolarisation et cherche à mettre un terme à la guerre froide, elle y trouve bien des avantages : l'affaiblissement relatif de l'Allemagne, la valorisation de son statut de puissance nucléaire, la capacité de jouer sur deux tableaux et même sur un troisième, celui du non-alignement". (p. 26) Comment voir ce que nous avons sous les yeux ? Après la chute du Rideau de fer en 1989 et l'auto-implosion de l'Union soviétique en 1991, F. Géré montre que nombre d'acteurs peinent à prendre acte de la rupture, niée de plusieurs manières qu'il décortique. "C'est l'expression d'une réelle difficulté à évaluer les conséquences de la fin de la guerre froide et à définir la nature des tâches militaires au regard de finalités politiques nouvelles dans un géosystème transformé. Comment répondre à la rupture ? La France de 1990-1995 semble se distinguer par sa crispation sur la dissuasion nucléaire, par le refus de toute réforme de l'appareil militaire au nom d'une sorte de syndrome obsidional : 'se défendre' toujours car tout le monde nous en veut." (p.33) Alors que la reconstitution d'une menace militaire russe serait écartée pour au moins une génération, selon les services américains, britanniques, français et allemands. La révolution de l'information Sous le titre "Rupture et révolution : 'Age nucléaire' et 'révolution de l'information', le chapitre III développe une intéressante réflexion théorique au sujet des années 1990. "Est-ce par hasard que, à partir des Etats-Unis, puissance victorieuse, la révolution de l'information déferle en ce moment précis de l'après-guerre froide, ou bien ne s'agit-il que d'une habile exploitation de la situation actuelle pour donner un second souffle aux activités de Défense ?" (p. 37). Il ajoute une nouvelle interrogation : "La révolution de l'information pourrait-elle constituer une forme, sinon la forme par excellence de la contre-révolution nucléaire, au moins dans le domaine militaire, cette tendance est discernable ? Le nucléaire, c'est lourd et inutilisable, l'information, c'est la domination souple et propre d'emploi. C'est la modernité technologique."(p. 43) Alors que le nucléaire souffre d'une perception souvent négative, l'information bénéficie d'une image extrêmement positive, faite d'ouverture, de transparence et de liberté. A l'inverse du nucléaire, l'information fonde sa puissance sur une grande économie d'énergie : le silicium, le gallium et la miniaturisation. "L'information serait une mutation générale affectant les modes de production, les comportements et les organisations des entités sociales. En ce sens, elle viendrait se glisser sous la révolution industrielle pour la dépasser." (p. 52) Une nouvelle hiérarchie La supériorité des Etats-Unis dans le pilotage et le contrôle des technologies clés de l'information invite à penser une nouvelle hiérarchie, avec un leader situé très en avant, un groupe qui parvient à suivre mais de loin, enfin les exclus. "Aujourd'hui, la révolution de l'information se réalise dans des termes américains, sur la base de moyens américains, tout particulièrement dans le domaine spatial. En fait, on assiste à une sorte d'opération de prise de bénéfices. A force d'investissements aussi massifs qu'erratiques, les Etats-Unis sont parvenus au point où ils peuvent affirmer que le monde a changé. C'est bien, en ce sens limitatif, une révolution." (p. 60) Internet constitue à ce titre une importante étape d'accélération. Les Etats-Unis font tout pour renforcer leur supériorité en aggravant volontairement le fossé technologique, "afin de surclasser durablement tout rival potentiel". (p.62) Les Européens, dont la France, se retrouvent finalement mis au défi. L'équivalent de la Politique Agricole Commune a-t-il jamais été mis en uvre dans le domaine technologique ? Ainsi, les Etats-Unis considèrent durant la décennie 1990 que le domaine de l'information offre des opportunités de développement de nature à modifier à leur profit les rapports de puissance existant dans le monde au lendemain de la guerre froide. Une comparaison instructive La deuxième partie de l'ouvrage a pour titre : "La sortie de la guerre froide". Le chapitre 1er s'intitule "Une rupture singulière. Appréciation de la fin de la guerre froide par les Etats-Unis et par la France (1986-1990)". F. Géré écrit à ce sujet : "Il semble que les Etats-Unis comprirent mieux et plus tôt que nul autre Etat (sous réserve de connaître par exemple les analyses chinoises) que la guerre froide était bel et bien terminée." (p. 74). L'auteur l'explique par trois facteurs : l'intensité de la relation bilatérale, l'énormité des moyens d'analyse de l'URSS accumulée depuis les années 1950, la capacité d'action directe sur le comportement soviétique. "Capacité qui fait largement défaut à la France", ajoute-t-il (p. 75). 04.07.1989. M. Gorbatchev (URSS), F. Mitterrand (France). Crédits: Ministère des Affaires étrangères Angoisses, dérapages, utopies... Côté français, F. Géré voit se succéder de 1986 à 1990 des angoisses, des dérapages, des utopies et un ultime rétablissement. La chute du Mur de Berlin a sérieusement mis à mal la relation franco-allemande. La crise de l'Union soviétique inquiétait également Paris. "Les dirigeants français s'inquiétaient d'un effondrement russe, c'est à dire d'un double déséquilibre, en Europe en faveur de l'Allemagne, dans le monde en faveur des Etats-Unis. En géopoliticien classique, François Mitterrand s'inquiétait d'un déséquilibre croissant des rapports de puissance dans le monde. L'attitude française lors de la tentative de coup d'Etat contre M. Gorbatchev à l'été 1991 ne fut que trop révélatrice du conservatisme de la politique extérieure de François Mitterrand et de son entourage. [ ] La perspective d'une rupture devient franchement angoissante, comme la situation prévalant en Europe arrangeait bien Paris. En septembre 1991, Mitterrand, en réponse à une question de la presse, fait savoir qu'un certain ordre est nécessaire à l'Est de l'Europe et que l'éclatement de l'URSS n'est pas souhaitable." (p. 81) Comme si de rien n'était Parce que la division de l'Europe arrangeait finalement assez bien la France, Paris a tendance à empêcher puis nier la rupture. Pour essayer de se remettre en selle, Paris invente ensuite une nouvelle marche à l'Union monétaire, avec le traité de Maastricht en 1992. F. Géré écrit :"Au total, le pire fut évité. Français et Allemands sont parvenus à vaincre les fantasmes anciens et les appréhensions angoissées du futur. La rupture franco-allemande qui eût entraîné l'ébranlement de la construction européenne n'a pas eu lieu. Au contraire, une des conséquences les plus importantes de la fin de la guerre froide aura été la consolidation de la relation franco-allemande, même tout n'est pas dit, et si tant sans faut rien n'est joué". Le ministre plénipotentiaire Jacques Jessel, le chercheur Edouard Husson et l'essayiste Roland Hureaux sont plus réservés au sujet de cette "consolidation", au moins pour la période allant jusqu'en 2002, la crise irakienne de février 2003 marquant un renforcement manifeste des relations entre Paris, Berlin et Moscou. Quel gain pour la France ? Qui a gagné la guerre froide ? Les Etats-Unis à "l'évidence pour qui a vécu les enjeux de la guerre froide, connu l'intensité de la lutte et dispose d'éléments précis sur l'état réel des deux pays (E-U et URSS) ". (p.83) L'auteur s'interroge sur la part des Etats-Unis dans l'auto-implosion du système soviétique et la part spécifiquement soviétique. Pour la France, s'agit-il d'une victoire ou d'une défaite ? Y-t-il pour la France un gain européen ? Dès lors que la situation n'est plus conflictuelle, au sens où il n'y plus d'ennemi, mais également dans la mesure ou le partenariat tend à évoluer vers une fusion des intérêts majeurs, l'enjeu change en nature. La rupture accélère la construction européenne. Maastrischt est une réponse directe à la fin de la guerre froide, même si l'élargissement à l'Est créé de nouvelles difficultés. Cette accélération vers l'Union resserrée par l'ouverture des espaces (Schengen) et l'unification monétaire prévue pour l'an 2000 satisfait-elle la vision française et l'intérêt national ? On doit se demander s'il y a seulement un sens à poser cette question dès lors que l'intérêt européen se substituerait aux intérêts égoïstement nationaux. Force est de constater que la réponse tarde à venir." (p. 87) Soupçons Le chapitre II s'intitule : "Exploiter la rupture". Il fait à ce sujet une observation au sujet de "la tyrannie de l'échelle". "Les Etats-Unis, de par leur dimension et leur puissance naturelle (?), peuvent prétendre à un rôle mondial. La France entend aujourd'hui conserver son statut d'acteur mondial. Mais l'échelle devient insuffisante. C'est l'Europe qui, de plus en plus, constitue son horizon réel. Dure loi de réalisme qu'elle esquive par le biais d'un grand dessein de transformation de l'Europe en puissance mondiale. Schématiquement mais crûment, la vision française consiste à vouloir être le leader de l'Union européenne et à faire d'elle une grande puissance mondiale. Ainsi, la France retrouvera sa dimension mondiale. Bien évidemment, nul ne déclare cet inconscient politique français que soupçonnent pourtant tous les partenaires. Ils inspirent leur politique européenne de multiples manières. Tel est le véritable motif des méfiances et des conflits de la France et de ses partenaires." (p. 92) Le véritable intérêt de Washington Pour autant, les Etats-Unis n'ont pas nécessairement intérêt à une pacification des relations internationales. "Rien ne prouve, au contraire, que les Etats-Unis aient intérêt à une authentique stabilité dans les géosystèmes où s'exerce leur influence. Le maintien d'abcès de fixation (Corée, Iraq, Balkans) justifie en le revalorisant, ce rôle de protecteur et de médiateur, dont nulle part dans le monde on ne peut se passer. Le risque pour la puissance américaine c'est que, pacifiés ou simplement capables d'assumer sans déchaînement de violence la confrontation de leurs intérêts compétitifs, leurs adversaires et leurs partenaires puissent se passer d'eux." (p. 97) C'est pourquoi, "dans les décennies à venir l'Union européenne aura fort à faire pour se constituer en espace de sécurité uniforme et homogène." (p. 97) D'autant "qu'il est clair qu'un certain rêve français d'une Europe économiquement et militairement puissante, dotée de l'arme nucléaire, représente exactement ce dont les Etats-Unis ne veulent en aucun cas pour l'avenir." (p.105) Quels intérêts partagés ? De son côté, la France peine à définir ce qui est désormais vital pour elle. L'intérêt vital n'est plus forcément étroitement national. "Pourtant, si le vital devient commun, comment ne pas le définir entre soi ? Paradoxe, s'il n'y a pas de définition européenne de l'intérêt vital, il ne peut y avoir d'Europe." (p. 108) "Clairement, la France manque aujourd'hui d'une échelle des valeurs. Sans doute parce qu'il lui faut la rechercher en commun avec d'autres nations, d'autres peuples et d'autres organisations étatiques. Le vital se révèle non dans l'identité, mais dans la confrontation assumée des différences. Le vital n'est plus le national mais, traduit en intérêt européen, il recherche la définition d'un nouveau sacré, commun dénominateur des intérêts essentiels justifiant la solidarité suprême. "(p. 109) Paris doit apprendre à connaître et composer avec d'autres représentations, d'autres phantasmes, d'autres craintes et sensibilités, y compris celles des pays candidats à l'UE. Une crise à considérer S'imaginer, par exemple, que les pays d'Europe centrale et orientale - dominés pendant quatre décennies par le totalitarisme soviétique - allaient s'aligner en février 2003 lors de la crise irakienne sur une position défendue en commun avec Moscou revenait à faire fi de leurs représentations géopolitiques. 15.11.2002, Messieurs Ivanov (Russie) et de Villepin (France). Crédits: Ministère des Affaires étrangères Il n'est pas étonnant que les Etats-Unis aient reçu le soutient du groupe de Vilnius. C'est l'inverse qui eut été surprenant. En s'alliant avec Berlin et Moscou pour contrer Washington, Paris mettait toutes les chances de son côté pour se couper des pays "récemment" libérés du soviétisme. Ce qui revenait à renforcer la position des Etats-Unis dans en Europe centrale et orientale, ne serait-ce que par les coups portés à la Politique étrangère et de sécurité commune attendue depuis 1992... En attendant, François Géré enfonce le clou par une formule assassine : "Constatons que si l'Europe existait en tant que puissance, chacun la nommerait partout mon meilleur ami". (p. 112) Un scénario révélateur Le chapitre III présente la concurrence sur "Deux théâtres de compétition franco-américaine : l'ONU et l'OTAN, 1990-1996". A l'ONU, l'auteur observe une obsession bien française : donner l'exemple, prendre la tête et, trop souvent, faire la leçon. Puis il étudie la sécurité et la défense de l'Europe, version américaine et version française. F. Géré met le doigt où ça fait mal : "Supposons un seul instant un départ complet des Etats-Unis. Qu'est-ce qui viendrait équilibrer l'existence de la Russie, même affaiblie ? L'Europe occidentale peut-elle constituer ce contrepoids ? Certes les capacités nucléaires constituent une assurance contre l'agression. Mais, au-delà ? Dans une relation au jour le jour et au cas par cas ? Ce n'est certes pas l'Union européenne qui peut impressionner Moscou." (p. 131) De 1990 à 1992, Paris défend pourtant l'idée qu'une alliance ne survit pas aux raisons qui l'ont fait naître. La dissolution du Pacte de Varsovie en mars 1991 amène donc à s'interroger sur l'avenir de l'OTAN. La France voudrait mettre en place une sécurité européenne autonome des Etats-Unis, mais personne ne l'entend véritablement ainsi en Europe. Ni la volonté politique, ni les ressources financières, ni les moyens militaires ne sont à la hauteur de cet ambitieux projet d'une Europe puissance. Le Royaume-Uni l'ignore, l'Allemagne réunifiée refuse catégoriquement toute éventuelle marginalisation des Etats-Unis. La France se retrouve isolée dans, voire par ses velléités. A cette même époque, la France rate le coche dans les pays d'Europe centrale et orientale, notamment parce que l'UEO ne convainc personne. Un compromis bancal De 1993 à 1996 s'esquisse un compromis, avec la mise en uvre d'un pilier européen de l'OTAN. En juin 1996, le Sommet de Berlin défini les conditions de mise en uvre des moyens de l'OTAN au cas où, les Etats-Unis préférant ne pas participer à une opération, celle-ci deviendrait purement européenne et passerait sous commandement de l'UEO. Compromis bancal et peu convaincant. D'autant que la France se met ensuite dans une position plus que maladroite en réclamant le commandement de Naples, au nom de l'UEO, que Washington lui refuse. F. Géré fait un bilan sévère. Il note notamment que la France met elle-même l'Allemagne en position d'intermédiaire entre Paris et Washington. De surcroît les démonstrations françaises en Irak laissent songeur. "Inventive, volontariste, personnelle, la politique étrangère française n'a pas les moyens de ses ambitions. On peut donc répéter à l'envie que la France veut que Paris a proposé de , la suite des évènements a bien montré que le gouvernement français avait raison de dire que A quoi bon ces raisons qui ne s'inscrivent dans aucune réalité ? Il ne suffit pas que l'intellect voit juste, et tienne un discours de la mesure et de la raison. Sans prise sur la déraison de l'action, faite aussi de passion et de déséquilibres, incapables de contrôler des enchaînements complexes, parfois imprévisibles, le sage diplomate n'est plus qu'un intellectuel démuni. [ ] On a le sentiment que la France réajuste constamment depuis 1990 son projet initial parce que ses initiatives aboutissent à des impasses. Il faut donc à chaque fois réamorcer la dynamique européenne en mode dégradé par rapport au projet initial." (pp. 145 et 146) Que faire du nucléaire ? La troisième partie a pour titre : "Le passage stratégique". Un premier chapitre détaille la "Validité décroissante de la stratégie de la dissuasion nucléaire." L'auteur analyse successivement la mutation du statut des armes nucléaires, l'ajustement des postures stratégiques et les évolutions doctrinales pour les Etats-Unis puis pour la France. Alors que Washington arrive à construire une nouvelle relation au nucléaire russe, Paris est prise à contre-pied. Les projets de coopération avec le Royaume-Uni sont enterrés, les crédits réduits sans une réévaluation appropriée des nouvelles menaces et priorités. En 1996, le Président J. Chirac décide de poursuivre la réduction des forces nucléaires et de condamner certaines activités. Le plateau d'Albion - élément symbolique de la force nucléaire - est fermé, tout comme le les sites nucléaires fournisseurs de plutonium (Pierrelate et Marcoule). Par ailleurs, une modernisation est engagée. Enfin, "durant l'été 1995, de discrètes discussions franco-américaines sont entamées, qui se concrétiseront par des accords de coopération en juin 1996, dont la teneur, très technique, reste secrète." (p.165) Reste, toujours, la question de fond : l'autonomie stratégique de l'Europe. A ce propos, F. Géré note :"Il n'existe, à ce jour, aucune explication claire des raisons pour lesquelles la France, réduisant ses forces armées, conserve un certain niveau, notamment nucléaire. Pour préserver l'avenir certes. Mais celui de la France, celui de l'Europe ?" (p. 193) Les finalités politiques et les buts stratégiques restent vagues. Par ailleurs, la guerre du Golfe a montré la dramatique impuissance de la France en matière d'opérations extérieures. En outre, "les armées françaises ne savent pratiquement rien du C3-I (commandement, suivi, communication-renseignement) à l'échelle d'une manuvre d'armée et, encore moins, dans le cadre d'une coalition." (p.199) Au terme de cette approche comparative des Etats-Unis et de la France face à l'après-guerre froide, l'auteur se garde bien de désigner explicitement le vainqueur. Peut-être parce sa démonstration est suffisamment convaincante pour éviter toute ambiguïté. Copyright 20 mars 2003-verluise/www.diploweb.com URL de cette page http://www.diploweb.com/protection/gere5.htm |
Date de la mise en ligne: avril 2003 |
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