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de l'Europe centrale et orientale. La Roumanie de 1989 à
20033 ème partie - La Roumanie
et l'OTAN,
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L'intégration de la Roumanie à l'Union européenne a été repoussée à 2007. Cependant, le sommet de Prague a tranché en novembre 2002 pour un large élargissement de lOTAN, intégrant la Roumanie. Bucarest réalise ainsi son objectif principal, posé depuis 1994. Le gouvernement roumain ne pouvait pas rêver un plus beau scénario que d'entrer un jour dans l'OTAN avec lapprobation des Russes... C. Durandin explique les paradoxes de cette nouvelle configuration. (Voir une carte de l'OTAN en 2004) |
Biographie
de l'auteur en bas de page Mots clés - key words: catherine durandin, roumanie, élargissement de l'organisation du traité de l'atlantique nord, sommet de l'otan à prague en novembre 2002, géopolitique, géostratégie, défense, sécurité, bill clinton, ion illiescu, europe centrale et orientale, partenariat pour la paix, 1993, 1994, russie, opportunisme, vision léniniste du monde, convergence est-ouest, général lebed, boris eltsine, crise des balkans, matériel de l'armée roumaine, opinion publique, espionnage roumain, technologies occidentales, société militaire roumaine, formatage des armées, banque mondiale, budget roumain de la défense, ressentiments anti-occidentaux en roumanie, 1996, 1997, constantinescu, sommet de l'otan à madrid en juillet 1997, jacques chirac, diplomatie française, rôle de la france dans l'élargissement de l'otan, partenariat stratégique états-unis - roumanie, sommet de l'otan à washington en avril 1999 - intégration à l'otan de la république tchèque, de la pologne et de la hongrie - symbolique de la guerre dans les balkans en 1999, effets des attentats du 11 septembre 2001, rapprochement états-unis - russie, george w. bush, vladimir poutine, guerre contre le terrorisme, services de renseignement roumains, securitate, securistes, irak, bases américaines, intégration de la roumanie à l'union européenne, corruption, souveraineté, relations roumano-russes. |
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partie
précédente Pierre Verluise : Quelles sont les relations de la Roumanie avec l'OTAN ? Catherine Durandin : La question très à la fois simple et très complexe, et échappe, pour beaucoup, aux dynamiques propres de la Roumanie. La question de l'intégration de la Roumanie aux structures de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) remonte à l'hiver 1993-1994, lorsque l'administration américaine présidée par Bill Clinton a opté pour la politique d'extension de l'OTAN. La Roumanie, sous la direction du Président Ion Iliescu, a été le premier pays d'Europe centrale et orientale à signer le "Partenariat pour la paix", dès janvier 1994. Les Roumains ont été fiers de ce geste. Pourquoi ?On peut se demander pourquoi Ion Iliescu - qui ne cache pas son passé communiste et ne rejette pas globalement tout l'héritage de cette idéologie - désire alors intégrer l'OTAN ? D'autant plus qu'à cette date, Moscou saffirmait officiellement et fermement opposé à une extension de l'OTAN. Cette politique de Bucarest relève à la fois dun certain opportunisme et de linfluence d'une vision léniniste du monde chez les dirigeants roumains post-communistes. Ils savent qu'il faut, par moment, faire une pause et essayer d'utiliser les structures existantes afin de les pervertir et de les récupérer. Rappelons qu'en 1994 le général russe Lebed déclarait, en quelque sorte : :"L'extension de l'OTAN ne me dérange pas le moins du monde. Parce que plus vous allez vous étendre plus vous allez vous casser. Plus vous allez changer et moins vous me dérangez". Ces propos ont, peut-être, été prémonitoires. Boris Eltsine. Crédits: Ministère des Affaires étrangères, F. de la Mure Outre ce raisonnement, s'ajoutait probablement les incertitudes engendrées par le chaos de la Russie de l'époque, présidée par Boris Eltsine (1991-1999). La Russie était alors quasi-absente de la scène internationale. Elle revient sur la scène internationale en 1994, à la faveur de la crise des Balkans, du traitement par lOTAN dans un certain dialogue avec Moscou de la guerre yougoslave. L'année précédente encore, la Russie semble très affaiblie. Ce dérapage russe a handicapé la diplomatie roumaine, confrontée à un vide de sécurité ou à un engagement du " tout occidental ". Par ailleurs, le matériel de l'armée roumaine se détériorait. Les avions Mig de fabrication soviétique vieillissaient et dégringolaient. L'opinion publique se lassait de voir ses "garçons" périr faute d'entraînement ou à cause d'un matériel détérioré. Une compétence avéréeOr, la Roumanie a été historiquement entraînée et habituée au sein du bloc de l'Est à mettre la main, par l'espionnage, sur les technologies occidentales avancées. Bucarest était le relais de Moscou sur ce terrain. Il fallait donc à nouveau, avoir accès aux technologies occidentales, et pour cela rentrer dans le "club" qui se partage les meilleurs matériels : l'OTAN. S'ajoutent à cela les perceptions de la société militaire roumaine. Le Pacte de Varsovie n'existait plus. Trop nombreuse et mal entraînée, larmée roumaine saffaiblissait. Alors, dans ce contexte, intégrer les dynamiques de formation de l'OTAN semblait utile et prestigieux. Ce choix a été vécu comme une restauration de lhonneur, comme la seule manière d'intégrer la Roumanie dans une grande structure, comme l'avait été le Pacte de Varsovie, avant 1991. Ces besoins expliquent ce retournement paradoxal. Une sorte de pari sur un avenir qui pouvait être ouvert. Les hommes politiques roumains ont fait, sans le savoir et en le pressentant peut-être, le bon choix à leurs yeux. Efforts et sacrificesIntégrer l'OTAN imposait une véritable restructuration militaire. Non pas sur le plan strictement matériel, faute de moyens financiers, mais en ce qui concerne le formatage des armées. Il faut mettre à la retraite anticipée plus d'un tiers des militaires roumains pour accéder aux normes OTAN. L effort est énorme, sur le plan social. Ce qui pose problème en terme de mesures d'accompagnement. Laide de la Banque Mondiale pour la déflation des effectifs existe, elle est insuffisante. Dans lensemble, la société militaire roumaine est paupérisée, à la limite de la survie économique, démoralisée. Cette promesse d'intégration a obligé la Roumanie à consentir un important effort budgétaire pour la Défense, plus important que celui des pays de l'Union européenne. Les Roumains font donc un effort de Défense que nous ne faisons pas. Ce qui peut poser problème à long terme, si ces contraintes viennent à ne être plus acceptées : la population a tendance à voir dans lOTAN une nouvelle chance daccéder à la prospérité. Devenu membre de lOTAN, la Roumanie devrait, pensent-ils, rassurer les investisseurs. Mais, si leffort demandé est trop lourd par rapport aux résultats escomptés, les Roumains vivront une nouvelle déception qui peut nourrir les ressentiments anti-occidentaux. 1997, première déceptionEn 1996 et 1997, l'opinion publique était sensible, voire fanatisée à la perspective de l'intégration prochaine de la Roumanie dans les structures de l'OTAN. Le Président E. Constantinescu ( 1996 -2000) a essentiellement joué sur la carte des succès extérieurs pour satisfaire la population. L'intégration dans lOTAN est presque devenue le seul objectif du gouvernement de décembre 1996 à juillet 1997. Or, le sommet de lOTAN à Madrid, en juillet 1997 n'a pas accepté l'intégration de la Roumanie. En dépit du soutien très fort de la France. Le Président Jacques Chirac s'était rendu en Roumanie en février 1997, pour soutenir la candidature de Bucarest. (Voir une carte de l'OTAN en 2004) P.V. : Comment comprendre ce revers diplomatique ? C.D. : Le calcul de la France a été mauvais. Les Français pensaient que soutenir les Roumains leur vaudrait une reconnaissance. Pragmatiques, les Roumains ont considéré que la décision était donc prise, non par Paris, mais par Washington. Ils ont alors accueilli le Président Bill Clinton avec jubilation et émotion, en juillet 1997, lors de sa très brève visite suivant le sommet de Madrid. La Roumanie a sur le champ signé un partenariat stratégique avec les Etats-Unis, mis en uvre, en octobre 1997. Bill Clinton. Crédits: Ministère des Affaires étrangères, F. de la Mure
1999, deuxième déceptionLes Roumains ont persévéré et présenté à nouveau leur candidature à l'OTAN, pour le sommet de Washington., en avril 1999. Nouvelle humiliation : les candidats Tchèques, Polonais et Hongrois sont confirmés, mais la Roumanie reste à la porte. Cette deuxième fois, la déception a été moindre ou différemment vécue, en Roumanie. Nous sommes au printemps 1999 et la politique de l'OTAN dans les Balkans, la décision dune militarisation de cette politique et des frappes contre les Serbes n'était pas acceptée. L'opinion était divisée, mais largement pacifique. Une grande partie de lopinion voyait en cette intervention de lOTAN une guerre asymétrique de lOTAN riche contre les Balkans pauvres. Le même phénomène du décalage entre les décisions des gouvernements de saligner sur lOTAN, et lattitude de la population qui condamne la guerre a été observé en Bulgarie. Le 11 septembre 2001, accélérateur du rapprochementAvec le retour au pouvoir du Président Ion Iliescu en 2000, la politique d'intégration de la Roumanie dans l'OTAN a été maintenue et renforcée. Le contexte a profondément changé dans laprès 11 septembre 2001. Ladministration américaine a opéré un rapprochement très médiatisé avec la Russie de Poutine. Pour Bucarest, cette nouvelle configuration qui lève le handicap dune opposition russe à lextension de lOTAN tant vers les pays baltes que vers la Roumanie et la Bulgarie, apparaît comme ce que le ministre de la Défense roumain appelle une "chance historique". Le gouvernement roumain ne pouvait pas rêver un plus beau scénario que d'entrer un jour dans l'OTAN avec lapprobation des Russes. La Roumanie est associée aux Etats-Unis dans la nouvelle guerre contre le terrorisme. Sur le plan intérieur, les oppositions à la gestion du président Iliescu et de son parti tentaculaire ne peuvent que rester muettes face à cette nouvelle grande politique de lutte contre le Mal pour reprendre le vocabulaire de George W. Bush. L'opposition, qui reste très défaite depuis son échec en 2000 éprouve des difficultés à trouver une parade à ce rapprochement accéléré avec la Russie, concomitant de celui avec l'OTAN. Les agents de la Securitate se portent bienLes opposants affirment que ce gouvernement ne peut pas faire rentrer la Roumanie dans l'OTAN, parce qu'il n'a pas nettoyé ses services de renseignement, toujours truffés de Securistes. Mais la réplique du gouvernement est que ces Securistes sont performants dans la lutte anti-terroriste et que lOTAN ne réclame aucune épuration. La seule chance de lopposition serait de dévoiler que certains des proches de la présidence ont soutenu lIrak ou le terrorisme international : cette thèse, ces rumeurs sont lancées dans le débat intérieur roumain, au moment même du sommet OTAN de Prague, les 21-23 novembre 2002. 2002, la Roumanie intègre l'OTANLe sommet de Prague a tranché pour un large élargissement de lOTAN. Bucarest réalise lobjectif posé depuis 1994 et reçoit, de plus, la brève visite du président George W. Bush, le 23 novembre. Emotion sincère et contrôle de la foule venue saluer le chef dEtat américain se sont conjuguées dans la capitale roumaine. La presse, le ministre roumain des Affaires Etrangères évoquent " le retour de la Roumanie en Occident ". Mars 2004: Colin Powell souhaite la bienvenue aux 7 nouveaux membres de l'OTAN. Crédits: OTAN P.V. : L'intégration de la Roumanie à l'OTAN solutionne-t-elle tout ? C.D. : Trois questions se posent. Les Roumains sont-ils conscients des obligations quimpose leur participation à lAlliance ? Il semble que non. Plus de 50% de la population ne souhaite pas la présence de bases américaines sur le sol national. Quel lien opérer entre l'intégration à l'OTAN et la candidature roumaine à lintégration européenne ? La réponse est complexe. Dun côté comme de lautre, ce sont à la fois une reconnaissance et des valeurs occidentales qui sont en jeu. Mais le processus dintégration européenne suppose des ajustements juridiques, économiques, une véritable lutte contre la corruption et des abondons de souveraineté. Ici, contrairement à ce qui sest produit pour la réception dans lOTAN qui relève de la stratégie des Etats-Unis, la partie à jouer , concrètement, relève des politiques conduites ou non par la Roumanie. La balle est dans le camp de Bucarest. Il ne faudra pas attendre une sorte de miracle dun contexte qui deviendrait tout dun coup favorable. La dernière question porte sur lévolution des relations roumano-russes, favorisées par le nouveau partenariat OTAN/ Russie. Il semble que ces relations vont connaître un développement ouvert et de poids, notamment sur le plan économique. Une nouvelle relation avec lEst se dessine. Cest laspect paradoxal de cette intégration à lOTAN. Partie suivante > Catherine Durandin Manuscrit clos le 3 décembre 2002 Copyright 20 décembre 2002-Durandin/www.diploweb.com L'adresse url de cette page est : http://www.diploweb.com/p5duraca3.htm |
Date de la mise en ligne: janvier 2003 | ||
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Biographie de Catherine Durandin, écrivain et historienne |
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Ancienne
élève de lEcole Normale Supérieure, Agrégée
dHistoire, Docteur es Lettres. Diplômée de
roumain, INALCO. Auditrice IHEDN, 37 éme session. Parcours Sa carrière se déroule notamment à luniversité dAmiens, en histoire contemporaine et à Paris à lINALCO, avec la responsabilité des études roumaines et d'un enseignement suivi en DESS de relations internationales. (Etudes HEI de lINALCO). Son parcours croise la réflexion sur le communisme et le nationalisme ( études roumaines) et les confrontations idéologiques de la guerre froide et post guerre froide. Catherine Durandin développe une interrogation sur lhistoire comparée des sociétés, avec une recherche orientée sur lhistoire des élites en France et en Europe Centre Orientale. Elle a réalisé des missions de recherche en Roumanie sous légide du Ministère des Affaires Etrangères, aux Etats Unis au Kennan Center, à l'Université de Urbana/Champaign et à l'Ecole Française de Rome. Publications Catherine Durandin a publié plus de 40 articles, notamment dans la revue Défense Nationale, Esprit, Historiens et Géographes, XX ème siècle, Politique Etrangère, Revue des Deux Mondes, sur le site géopolitique www.diploweb.com etc en anglais ( War and Society), français, hongrois, polonais et roumain. Plusieurs ouvrages, essais historiques et fiction. . "Ceausescu, vérités et mensonges dun roi communiste", éd. Albin Michel, 1990. . "Histoire de la nation roumaine", éd. Complexe, 1994. . "Histoire des Roumains", éd. Fayard, 1995 (traduction en roumain et hongrois). . "Roumanie, le Piège ?", éd. J.Hesse, 2000. . "Bucarest, Promenades et Mémoires", éd. J.Hesse 2000 . "La France contre lAmérique", éd. PUF 1993. . "Nixon, le Président maudit", éd. Grancher 2001. . "La CIA en guerre", éd. Grancher 2002 Fiction . "Une mort roumaine", éd. Guy Epaud 1988, traduction roumaine . "La Trahison", éd. LAube 1996, traduction roumaine. . "Le Bel Eté des Camarades", éd. Michalon 1999. |
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