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de l'Europe Transitions & Sociétés, n° 2, juin 2002 "Les Pays baltes"
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Pour découvrir l'histoire, l'économie et la diplomatie... de trois pays candidats à l'UE : la Lituanie, l'Estonie et la Lettonie. (Voir des cartes de l'UE25 au 1er mai 2004 et de l'Espace UE25: PIB/hab. en SPA, UE15=100, données 2001) |
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Ed.
Magna Europa, 94 rue Thiers, 92100 Boulogne, France Ce deuxième numéro de la revue "Transitions & Sociétés" se consacre à l'élargissement de l'Union européenne, en particulier aux trois pays baltes : la Lituanie, l'Estonie et la Lettonie. Onze articles présentent ces candidats à l'intégration, sous différents aspects : histoire, économie, diplomatie En outre, la partie de la revue consacrée aux dossiers du DELFI compte un article fort bien renseigné sur la criminalité dans les Etats Baltes. L'UE supporte 75 % de l'aide aux PECO Le propos débute par un article très pédagogique de Gérard Nafilyan, Professeur à l'Université Paris I et administrateur de Sources d'Europe. Sous le titre : "Vers la Grande Europe. L'Union européenne face au défi de l'élargissement", l'auteur fait une présentation chronologique des politiques de l'Union européenne face aux pays d'Europe centrale et orientale (PECO), de 1989 à nos jours. On apprend dans cet article que l'Union européenne "a supporté la majeure partie (75%) de l'aide accordée par l'ensemble des protagonistes occidentaux." (p.17) Il est intéressant de savoir que ce chiffre est exactement le même que la part des pays européens dans la dette soviétique au moment de sa suspension de paiement, en décembre 1991. Dans un cas comme dans l'autre, les Etats-Unis tirent bien leur épingle du jeu. Mise en perspective Ce numéro deux de "Transitions & Sociétés" reprend ensuite des extraits de deux articles mis en ligne sur le site diploweb.com, "Où s'arrête l'Europe ?", par l'Ambassadeur de France Bernard Dorin, et "L'élargissement de l'Union européenne : quelles craintes ?", par Laurent Rucker, rédacteur au "Courrier des Pays de l'Est". La revue présente ensuite une "Histoire des Pays Baltes", par Suzanne Champennois, Maître de Conférence à l'Institut National des Langues et Civilisations Orientales, et François de Labriolle, Professeur honoraire à l'INALCO. Le propos s'étend de la préhistoire au début des années 1990. Il rendra un grand service à qui veut s'y retrouver dans la chronologie des indépendances. L'article compte même une chronologie, de 1199 à octobre 2001, et une bibliographie d'une quarantaine d'ouvrages. 2002, année stratégique ? Membre du ROSES-Université Paris I Panthéon-Sorbonne, Emmanuel Mathias offre un article remarquable sous le titre : "2002, année charnière de la réintégration balte à l'Occident ?" Il détaille, notamment, les trois trajectoires de ces pays depuis l'indépendance. Pour lui, l'Estonie est celui qui a le mieux réussi sa réintégration dans le monde économique occidental, poussant le plus loin les réformes. L'Estonie est ainsi devenue l'économie la plus ouverte d'Europe de l'Est. Son commerce dépasse 150 % du PIB et ses échanges avec l'Union européenne représentent 75 % du total. La Lettonie, de son côté, doit faire face à un lourd héritage: une forte minorité russe dont certaines composantes ne partagent pas les valeurs de l'Union européenne. Ainsi, "afin de faire entendre leurs voix, certains russophones eurent recours à la corruption, et la Lettonie devint l'un des pays les plus corrompus d'Europe. D'autre part, la proximité économique avec la Russie favorisa l'arrivée d'argent gris et noir dans un système bancaire letton relativement efficace."(p. 68) Enfin, l'auteur considère que la Lituanie a privilégié le politique au détriment de l'économique, ce qui a parfois engendré un ralentissement des réformes et des mesures démagogiques. Les baltes dans le grand jeu géopolitique eurasiatique Emmanuel Mathias développe ensuite une intéressante réflexion sur une possible fonction des baltes dans le grand jeu géopolitique eurasiatique. "Voilà 300 ans, Pierre le Grand définissait la côte balte comme une "fenêtre de la Russie sur l'Europe". Elle le reste d'autant plus que la Russie a besoin de l'Europe pour son développement économique. Ceci peut expliquer l'attitude plutôt positive des Russes à l'égard de l'adhésion des Baltes à l'UE : l'Union européenne n'incluant pas les Etats-Unis, n'est donc pas perçue comme une menace pour la sécurité de la Russie, qui la considère essentiellement comme une communauté marchande. En ce sens, peut-être voit-elle aussi l'intégration des Baltes comme une dilution plus forte encore de l'Union européenne en une simple zone de libre échange non offensive. Déjà, 40 % du commerce extérieur russe total est réalisé avec l'UE. La Russie peut donc trouver plusieurs avantages à l'intégration des Etats Baltes : des opportunités d'investissements profitables, l'instauration de relations privilégiées avec l'UE, la promotion de l'intégration de la population russophone ou encore la stimulation de la coopération au niveau régional. Pour un proche conseiller du président Eltsine, la Lettonie était un pays à privilégier par la Russie. Il pourrait, en effet, devenir une passerelle vers l'UE du fait de son réseau de transport très développé, particulièrement pour le transit des produits russes, mais aussi de l'importance des russophones étant donné leur mainmise sur l'économie." (p. 73) L'auteur ajoute dans sa conclusion : "La Lettonie est certainement l'Etat le plus stratégique pour la politique européenne de la Russie ; c'est également là que les stratégies russes d'influences ont l'air les plus évidentes." (p. 89) Encore loin de la convergence réelle Le Directeur honoraire du ROSES, Wladimir Andreff offre ensuite un article savant sur "La convergence économique des Etats baltes vers l'Union européenne. Le rôle de l'investissement étranger." Sa conclusion est la suivante : "Les Etats baltes ont largement réalisé la convergence nominale requise pour pouvoir adhérer à l'UE, et plus tard à l'euro. Leur convergence vers les institutions de l'UE n'est pas encore achevée et les négociations d'adhésion devront trouver des solutions pour régler les chapitres "chauds" qui restent à négocier tels que la politique régionale ou la politique agricole. Les économies baltes ont, en revanche, à se préoccuper encore longtemps de leur convergence réelle avec les économies de l'UE et du considérable retard que doit combler leur effort de rattrapage économique. L'accueil des investissements étrangers peut les y aider. Pas celui des entreprises françaises qui, pour l'instant, sont quasiment absentes de la zone balte, comparées à leurs concurrentes du reste du monde." (p. 107) Héritages Ce numéro compte encore bien des articles qu'on ne peut tous détailler, par exemple une présentation des priorités de la politique étrangère de la Lituanie par le Vice-Ministre des Affaires étrangères de Lituanie, Giedrius Cekuolis. L'Ambassadeur de Lituanie Richard Backis offre également d'intéressantes réflexions sur le poids de l'héritage mental du soviétisme. Enfin, un article sur "La criminalité dans les Etats baltes" ouvre les dossiers du DELFI, Groupe de Recherche européen sur la Délinquance Financière et la Criminalité organisée. Il est signé d'Hélène Blanc (CNRS-DELFI). Elle étudie successivement chaque pays. "Limitrophe de la Fédération de Russie, à l'est, l'Estonie représente une cible privilégiée en matière de contrebande de devises et de blanchiment de capitaux en raison de cette longue frontière commune. En outre, sa situation géographique entre la Russie et les Etats scandinaves, l'expose à des activités de transit et de trafic de drogues." (p.182) "La situation géographique de la Lettonie, qui possède une frontière terrestre avec l'Estonie, la Bélarus et la Lituanie, en fait pour les trafiquants, un attrayant pays de transit, notamment pour les trafics de stupéfiants." (p.183) Enfin, "force est de constater que le processus de transition vers l'économie de marché, engagé en Lituanie depuis 1990, s'est accompagné d'une nette progression de la criminalité. Par exemple, le trafic de stupéfiants a pratiquement doublé depuis 1995. De manière occulte, des groupes criminels se sont formés dans le pays, opérant à la fois au niveau national et international, et sévissent notamment dans le blanchiment des capitaux."(p.185) Compte tenu des incohérences de l'Union européenne au regard de la criminalité économique, ces réseaux criminels ont-ils de beaux jours devant eux ? (Lire notre dossier documentaire sur la criminalité économique et financière) Une question de volonté politique Les dossiers du DELFI présentent, enfin, des contributions qui traitent d'autres zones. Sous-directeur au ministère de l'Intérieur, responsable du Service des Courses et des Jeux, Bernard Besson explique par exemple les relations entre "Jeux et blanchiment". Il déclare notamment : "Divers exemples prouvent que si l'on veut vraiment lutter contre le blanchiment d'argent, on peut le faire. C'est une question de volonté politique et d'organisation. Il ne faut donc pas baisser les bras et croire qu'il est impossible de combattre le blanchiment puisque nous le faisons depuis longtemps dans une partie de notre activité. Un Etat peut parfaitement se donner les moyens, les structures de lutte contre le blanchiment d'argent à condition de le vouloir !" (p.195) Il déplore, en outre, l'absence de pratiques communes en Europe. Les pays de l'Union européenne - anciens et nouveaux - sauront-ils se donner les moyens pour la construction communautaire reste fondée sur le droit ? Nul ne connaît la réponse, mais personne ne pourra dire qu'il n'aura pas été prévenu par ce n°2 de "Transitions & Sociétés". Copyright 20 septembre 2002-Verluise/www.diploweb.com L'adresse url de cette page est : http://www.diploweb.com/peco/transitions2.htm |
Date de la mise en ligne: octobre 2002 |
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