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www.diploweb.com Géopolitique de la Russie : Vladimir Poutine, an III

1 ère partie : Questions sur la prise d'otages du 23 au 26 octobre 2002 à Moscou,

par Massada

 

Dans cette affaire, il faut se garder de simplifier à outrance, mettant d'un côté les bons de l'autre les mauvais. Le wahhabisme saoudien soutient une partie des Tchétchènes. Il reste, néanmoins, des questions troublantes.

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Alors que Moscou est une ville très policée, sillonnée par les forces de l'ordre, comment une cinquantaine de Tchétchènes ont-il pu se rassembler fortement armés à quelques kilomètres du Kremlin ?

Retour en arrière

Voici quelques années, le FSB avait été pris la main dans le sac à préparer un acte terroriste contre des immeubles d'habitations. On a prétendu qu'il s'agissait d'un exercice d'alerte pour tester la milice. Quelques semaines plus tôt, deux immeubles s'effondraient sur des centaines de personnes et les Tchétchènes avaient été immédiatement désignés comme coupables. Ce qui avait accéléré la marche à la deuxième guerre de Tchétchènie, suivie par l'élection de V. Poutine.

Les morts ne parlent pas

En 2002, le FSB a-t-il joué un rôle pervers dans cette prise d'otages par un commando tchétchène ? Compte tenu du niveau du contrôle au faciès exercé à Moscou contre les personnes pouvant être identifiées à des Tchétchènes, comment une cinquantaine d'individus de cette origine - équipés d'armes qui ne passent pas inaperçu - ont-elles pu se rassembler à proximité du centre politique? Comment sont-ils arrivés à Moscou ? Comment ont-ils pu passer à travers les contrôles aux aéroports, dans les gares, sur les routes ? Cinquante personnes, cela se voit. Les moyens de télécommunication sont aisément repérables... L'exécution du commando tchétchène laisse ces questions.

Constantes

Comment mettre en perspective cet événement ? Depuis le début du conflit et plus encore après 1999 (deuxième guerre), il n'y pas eu de traitement politique de la crise tchétchène. Le Kremlin s'est contenté de mettre en place une politique sécuritaire d'éradication de la cause tchétchène. Dans cette affaire, il faut se garder de simplifier à outrance, mettant d'un côté les bons de l'autre les mauvais. Le wahhabisme saoudien soutient une partie des Tchétchènes.

Pour autant, la politique sécuritaire mise en place par Moscou, surtout depuis la fin des années 1990, avec toutes les exactions qu'on connaît, rappelle non seulement le soviétisme mais encore les méthodes du tsarisme. Il s'agit d'une politique de contrôle du territoire par la force. Cette continuité indique le déficit de la prise de conscience du transfert des sphères de pouvoir.

Un conflit contre-productif, du moins sur le plan économique

Aujourd'hui, le pouvoir passe moins par la puissance militaire et politique que par l'économique. Finalement, avoir un conflit en Tchétchènie n'est pas très bénéfique, parce que cela gêne la valorisation du pétrole passant via ce territoire. L'expérience a montré que l'on peut mettre autant de forces de l'ordre qu'on le veut, cela ne peut pas empêcher quelques terroristes de faire exploser un pipe line.

Le pipe qui va passer par l'Azerbaïdjan à destination de la Turquie sera très probablement la solution stratégique. Ce qui induit une perte du contrôle des Russes de ce pipe autant que de l'influence économique liée à celui-ci. Les Russes n'ont pas encore réalisé ce transfert de puissance réalisé depuis la Seconde Guerre mondiale.

Vers une solution ?

Une chose est sûre, la prise d'otages d'octobre 2002 met Vladimir Poutine en mesure de radicaliser encore son action en Tchétchènie. Il envoie des signaux clairs aux militaires russes, qui se sont comportés de manière inhumaine dans ce conflit. Ils sont pourtant les représentants d'un Etat qui se veut démocratique. La démocratie ne peut pas utiliser n'importe quels moyens. Après toutes les horreurs faites sous uniforme, il n'y a eu qu'un militaire envoyé devant un tribunal et la relaxe est envisageable. Les militaires vont probablement continuer leurs pratiques, la torture, les prises d'otages…

La sortie politique du conflit ne semble donc pas envisageable à court terme.

Il est vrai que les Européens ont été assez peu exigeants depuis plusieurs années sur ce terrain. Ils préfèrent maintenir leurs chances de retrouver un jour leurs créances sur la Russie. La dette constitue donc le lien majeur entre les pays de l'Union européenne et la Russie. La Tchétchènie risque de continuer à mourir, avec des médias qui depuis plusieurs années s'y intéressent finalement assez peu, sauf exception. Partie suivante >

Massada

Entretien avec Pierre Verluise

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NDLR: Lire notamment, in Le Monde daté du 29 octobre 2002, l'éditorial intitulé : "A la soviétique", p. 17. Voir aussi in Le Monde daté du 14 novembre 2002, l'éditorial intitulé :"A la manière de Poutine", p. 19. Lire enfin in Le Monde daté du 16 novembre 2002 l'article de Nathalie Nougayrède et Sophie Shihab: "Questions sur une prise d'otages", pp. 14-15.

PS: En janvier 2002, l'annuaire yahoo.com a fait mention de cet article dans son dossier d'actualité sur la Russie, aux côtés d'articles des journaux suivants : Le Monde, Libération, L'Express, Le Courrier international.

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  Date de la mise en ligne: décembre 2002
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