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Quelle transition ?

par Massada

Depuis la chute du Mur de Berlin et l'auto-implosion de l'Union soviétique, les pays d'Europe de l'Est sont désignés comme des "pays en transition" vers le "modèle" occidental. La décennie 1990 ne marque-t-elle pas tout autant une forme d'orientalisation des pratiques du pouvoir en Occident, notamment sous l'influence des pays d'Europe de l'Est ?

Mots clés - key words: massada, chute du mur de berlin et du rideau de fer en 1989, évolution des pratiques du pouvoir en occident au cours de la décennie 1990, trafic de stupéfiants, prostitution, délinquance économique et financière, assistance technique occidentale à la russie et aux pays d'europe centrale et orientale.

La chute de la séparation entre le bloc soviétique et le reste de l'Europe, voire du monde, a rendu les économies européennes et occidentales beaucoup plus perméables à certaines pratiques.

Multiplication des trafics

Premier exemple, le trafic des stupéfiants produits à la frontière des ex-républiques soviétiques de l'Asie centrale. La principale route de transit passe depuis quelques années par la Russie, via Saint-Petersbourg et l'enclave de Kaliningrad, à destination de l'Europe scandinave et occidentale. (Voir une carte de Kaliningrad, une enclave russe "dans" l'UE25 depuis mai 2004)

Deuxième exemple, la prostitution. Toutes les dérives de la Thaïlande, notamment la prostitution infantile, se trouvent aujourd'hui à Saint-Petersbourg, et les pays de l'ancien bloc soviétique sont à l'origine de réseaux de prostitution de femmes de l'Est en Europe de l'Ouest.

Troisièmement, la délinquance économique, dans le domaine du tabac, de l'alcool et de la contrefaçon et plus largement ce qui concerne la fiscalité. Compte tenu d'un taux d'imposition dément, l'évasion des capitaux devient un activité importante. Ces capitaux post-soviétiques en fuite sont venus s'investir dans les économies occidentales. La présence physique de Russes très riches en France, en Suisse, en Grande-Bretagne ou en Autriche en témoigne.

Orientalisation des pratiques du pouvoir

Sans aucun doute, la chute du Mur a rendu nos systèmes perméables à des pratiques de type oriental. Les modalités des acquisitions financières en Europe post-communiste ont permis de dégager de tels bénéfices, qu'on peut se demander dans quelle mesure le politique ne s'y intéresse pas. Il y a d'étranges prises de participation croisées. Alors qu'il a fallu en Europe occidentale plusieurs générations à des familles bourgeoises pour accumuler des richesses, il a suffit de quelques années pour certaines personnes pour accumuler en Russie des fortunes bien supérieures. Monsieur Berezovsky était au début des années 1990 un ingénieur bien connecté en terme de réseaux mais sans grands moyens, sa fortune dépasse à la fin de la décennie 1990 plusieurs dizaines de milliards de dollars..

Dans la période communiste, nous savons qu'un certain nombre de comptes bancaires avaient été ouverts pour des personnes proches du Comité central du PCUS, en Suisse, en France et en Grande-Bretagne. Entre 1991 et 1993, ces comptes ont continué à être alimentés. Résultat, lors des privatisations, les titulaires de ces comptes bancaires ont pu acheter d'énormes paquets d'actions pour des montants dérisoires et se retrouver quelques années plus tard à la tête de conglomérats qui ont une grande valeur en terme d'actifs, même si l'appareil productif reste dans un état catastrophique. Compte tenu des ventes opérées, ces acquisitions permettent des bénéfices colossaux. La proximité et les connivences qui existent en Russie entre l'économie et le politique a, probablement donné des idées à des hommes politiques à l'étranger.

Redistributions

Si on ajoute à cela qu'une débauche de fonds pour l'assistance technique européenne à la Russie se retrouve trustée par un petit nombre de cabinets qui facturent très cher une expertise sous-traitée beaucoup moins cher, il faut se demander si une part des larges marges dégagées contribue à des financements politiques. Les bénéfices sont tels, qu'il y a de quoi partager et redistribuer. Ce qui revient à nouer des connivences. De la même manière, un certain nombre d'universitaires trouvent dans l'expertise à l'étranger un moyen d'échapper aux salaires plafonnés de l'Education nationale. D'autant que les missions de conseil dans un cadre d'assistance technique ne sont généralement pas soumises à l'impôt. Puisque l'assistance technique est financée par l'argent des Etats, sur lequel l'impôt a déjà été prélevé. Ces interventions ne supportent généralement pas une deuxième fois l'impôt. On peut penser que certains conseillers généraux ou régionaux ne s'interdisent pas de bénéficier des ces fonds.

Massada

Entretien avec Pierre Verluise

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