Recherche par sujet

www.diploweb.com Géopolitique de la Russie : Vladimir Poutine, an III

3 ème partie : Moscou, une vitrine trompeuse ?

par Massada

 

La capitale russe offre un nouveau visage, mais le Kremlin a-t-il vraiment repris le contrôle des régions ? Les sept super gouverneurs sont-ils devenus les super contrôleurs espérés par V. Poutine et une part de la communauté internationale ?

Mots clés - key words: massada, russie post-soviétique, vladimir poutine, bilan des premières réformes, 2002, moscou, capitale, kremlin, métropole, géographie urbaine, infrastructures, relations centre-périphérie, régions, super gouverneurs, fsb, verticale du pouvoir, corruption.   < Partie précédente

La vitrine moscovite a énormément changé durant la décennie 1990. Moscou est au début du XXI e siècle une des villes les plus dynamiques au monde. A côté, Paris fait figure de vieille moribonde déjà installée depuis deux siècles dans un espace urbain, des circuits de distributions et des commerces qui se renouvellent finalement assez peu. Moscou est en train d'exploser. Les vitrines, auparavant peu alléchantes parce que l'essentiel se passait de manière cachée derrière des vitrines opaques, affichent maintenant ce qui est proposé. Avec des boutiques de luxe, des épiceries ouvertes sur la rue. On observe même la mise en place de plates-formes logistiques.

Evolutions de comportements

Les Russes achètent de plus en plus leur appartement familial. Cet achat ne concerne pas la cage d'escalier, parce que le statut de copropriété n'existe pas. On peut cependant penser qu'une fois l'espace intérieur approprié, les Russes en auront peut-être assez d'avoir des escaliers souillés par les chiens et les ordures. Déjà, certains propriétaires ont compris à Moscou et à Saint-Pétersbourg qu'il y a un intérêt financier à valoriser ces parties communes. Progressivement, peut-être cela gagnera-t-il la rue, des services publics privatisés : parkings, square aménagé… On note donc des évolutions de comportements et de mentalité. Le parc automobile explose. Circuler à Moscou devient aussi difficile qu'à New Delhi ou à Bangkok. Parce que les infrastructures ne suivent pas.

Pays-continent, la Russie ne se résume pas à sa capitale

Pour autant, à l'échelle de la Russie, la vitrine moscovite n'est pas à surestimer. Sur le fond, on a l'impression que la Russie n'avance pas véritablement. En 2000, l'arrivée de Vladimir Poutine à la présidence était porteuse d'espoir. On espérait une reprise en main, non pas sur le plan sécuritaire comme on le voit en 2002, mais par rapport aux régions et au rôle de l'Etat. Ces dernières avaient précédemment pris une trop grande autonomie et en faisaient un peu n'importe quoi. C'était le cas en matière législative, mais aussi en matière budgétaire. Elles accumulaient des arriérés de paiements aussi bien vis à vis des retraités qu'aux dépens des grandes entreprises fournissant de l'électricité, du gaz… Résultat: les régions contribuaient à mettre en péril des pans entiers de l'économie nationale.

La mise en place des super gouverneurs…

Début 2003, nous avons l'impression que cette reprise en main a fait long feu. Souvenons-nous de la prise de pouvoir du Président V. Poutine. Le Président Boris Eltsine lui a remis le pouvoir en décembre 1999. Il a été élu début 2000. La Russie, avec 89 régions, semblaient difficile à gérer, notamment à cause de nombreux espaces presque vides d'hommes.

Pour réorganiser cet espace, V. Poutine a rapidement mis en place sept super gouverneurs, parfois issus du FSB et représentants directs de l'administration présidentielle. On espérait, qu'ils allaient à la fois exercer un meilleur contrôle sur les gouverneurs, la production législative, l'utilisation des finances… Après la mise en place en 2000, l'année 2001 a vu les super gouverneurs affirmer une volonté de contrôler et surtout de coordonner.

… une strate de plus

Début 2003, ces ambitions ont disparues. Ces administrations ne se sont pas imposées, tout juste se sont-elles ajoutées comme un niveau supplémentaire du pouvoir. De haut en bas, nous avons maintenant la Fédération, les sept super gouverneurs, les régions, les districts et les municipalités. Compte tenu de la corruption ambiante et quasi structurelle, cette réforme n'a fait que rajouter une couche… Celle-ci n'est peut-être pas la plus corrompue mais elle n'a certainement pas lutté contre la corruption des autres autant qu'elle aurait du le faire au vu de sa mission déclarée par V. Poutine.

Excès d'ambition ? Dur retour à la réalité ? Il est difficile de trancher. Reste que la plupart travaillent maintenant main dans la main avec les gouverneurs et n'exercent pas le contrôle que l'on pouvait attendre d'eux. Compte tenu de leur corps d'origine, le FSB, la communauté internationale pensait qu'ils seraient de super contrôleurs. Ils ne le sont pas. Partie suivante >

Massada

Entretien avec Pierre Verluise

NB: Extrait de la charte du site "N'ayant rien à cacher, www.diploweb.com prend soin de joindre une notice biographique détaillée à chaque article. [...] Seule exception à cette règle : quand la sécurité de l'auteur l'empêche de signer. L'éditeur du site assume alors la garantie de la compétence de l'auteur auprès des internautes."

Copyright 20 février 2003-Massada/www.diploweb.com

L'adresse url de cette page est : http://www.diploweb.com/p5massada23.htm

  Date de la mise en ligne: mars 2003
    Plus avec www.diploweb.com    
    Forum diplomatique    

 

  Recherche par sujet   Ecrire :P. Verluise ISIT 12 rue Cassette 75006 Paris France
       

Copyright 20 février 2003-Massada /www.diploweb.com

La reproduction des documents mis en ligne sur le site www.diploweb.com est suspendue à deux conditions:

- un accord préalable écrit de l'auteur;

- la citation impérative de la date de la mise en ligne initiale, du nom de famille de l'auteur et du site www.diploweb.com .

Pour tous renseignements, écrire : P. Verluise ISIT 12 rue Cassette 75006 Paris France