www.diploweb.com Géopolitique de l'Union européenne La corruption en Europe, par Daniel Lebègue, Président de Transparence-International (France), section française de l'ONG Transparency International
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L’Union européenne élargie à 25 est plus exposée aux risques de corruption et de blanchiment qu’elle ne l’était à 15. Parce que nombre des nouveaux Etats membres restent dans une situation peu brillante. Certes, il existe l’Office européen de Lutte AntiFraude (OLAF), mais il manque le cadre d’ensemble nécessaire. L’Union européenne devrait développer à une plus grande échelle des missions de formation et d’évaluation. Après avoir détaillé le chemin parcouru depuis le début des années 1990, D. Lebègue brosse un tableau de la situation en 2005. Puis il explique ce que l'Union européenne pourrait faire afin de protéger le citoyen de la corruption des autorités publiques ou privées. |
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En 2005, quelle est la situation au regard de la corruption en Europe ? L’étude des règles de droit indique une sérieuse évolution depuis une dizaine d’années. Au début des années 1990, la corruption était en Europe une pratique connue mais tolérée. La corruption, c’est le fait d’utiliser une autorité publique ou privée pour en obtenir un avantage personnel. Souvent, la corruption n’était pas alors qualifiée pénalement comme un délit ou un crime. Elle ne donnait donc pas lieu à des incriminations, poursuites et condamnations.
Une
évolution
significative
Le
texte
fondateur Comment évolue le comportement des entreprises ? Nous constatons une évolution significative dans le monde de l’entreprise. Après s’être longtemps accommodés de la corruption, les entreprises française font le raisonnement suivant. « Qu’espérer si nous payons pour obtenir un marché public en France ou à l’étranger ? De l’activité et des revenus, mais si tout le monde joue le même jeu corrupteur, nous pouvons gagner ponctuellement cet appel d’offre, mais les fois suivantes les concurrents vont l’emporter parce que leur enveloppe sera plus grosse. Le gain économique n’est donc pas évident. En revanche, les risques pour l’entreprise sont aujourd’hui considérables ». Effectivement, les risques juridiques pèsent directement sur les personnes physiques, dont les dirigeants de l’entreprise. Les personnes morales, c’est à dire les entreprises, affrontent des risques commerciaux importants. Une entreprise condamnée pour corruption se voit de plus en plus souvent interdire pour plusieurs années l’accès à des marchés publics dans un pays ou un ensemble de pays. Il s’agit d’un risque économique de première importance. S’ajoutent les risques de réputation, les risques d’image. Pour une entreprise dont la marque est souvent le premier actif, il devient déraisonnable de prendre le risque de ce genre de pratique. Il existe bien des signes qui montrent un changement d’attitude des entreprises. Plus de 370 entreprises françaises ont signé un engagement public, le Global compact des Nations unies. L’entreprise s’engage par le 10e principe de ce texte à lutter activement contre la corruption sous toutes ses formes.
Le
jeu
serait
terminé,
si...
Voilà
donc
les
nouvelles
réalités
:
les
règles
de
droit
ont
changé,
le
monde
de
l’entreprise
évolue
et
l’opinion
publique
exerce
une
forte
pression.
La
classe
politique
s’inquiète
de
la
chute
considérable
de
sa
crédibilité.
A
l’inverse,
l’opinion
publique
accorde
une
grande
confiance
aux
Organisations
non
gouvernementales
comme
TI.
Pourquoi
?
Parce
qu’on
y
trouve
à
la
fois
le
désintéressement
et
l’expertise.
Il
faut
prendre
conscience
que
dans
bien
des
domaines
de
la
vie
collective
le
meilleur
de
l’expertise
se
trouve
maintenant
dans
le
monde
des
ONG.
Il
en
va
ainsi
dans
le
domaine
du
climat
ou
des
droits
de
l’homme.
Et
les
entreprises
viennent
de
plus
en
plus
au
contact
des
ONG
pour
bénéficier
de
leur
expertise.
En Europe, la situation est plus hétérogène que jamais
Pour
autant,
quelle
est
la
situation
en
Europe
?
D’abord,
l’Europe
n’a
pas
à
donner
de
leçon
à
d’autres
en
matière
de
corruption.
Nous
établissons
chaque
année
un
Indice
de
perception
de
la
corruption
par
pays,
de
0
à
10.
Pour
cela
nous
nous
basons
sur
des
études
d’opinion
et
des
sondages
auprès
de
décideurs.
Parmi
les
pays
du
monde
les
plus
vertueux,
nous
trouvons
dans
le
classement
2004
quelques
pays
du
Nord
de
l’Europe.
Numéro
1,
la
Finlande
;
n°3,
le
Danemark
;
n°4,
l’Islande,
n°6,
la
Suède
;
n°8,
la
Norvège;
n°10,
les
Pays-Bas.
Voilà
des
pays
qui
ont
généralement
de
bonnes
pratiques
en
terme
de
transparence
et
d’intégrité.
Voir une carte de la corruption en Europe
Il serait trop simple de penser que la frontière se trouve entre l’Est et l’Ouest. Il est vrai que parmi les nouveaux entrés dans l’UE, certains pays ont des progrès à faire. Chypre, par exemple, est aujourd’hui une des lessiveuses des pays d’Europe de l’Est, notamment pour le blanchiment de l’argent sale de Russie, d’Ukraine, de Biélorussie ou du Moyen-Orient. Personne ne peut prétendre que Chypre dispose aujourd’hui d’un système de régulation et de contrôle de ses banques et de ses établissements financiers au niveau qu’on est en droit d’attendre d’un Etat membre de l’Union européenne. Malte a fait de grands efforts, tout comme les Baltes. Pays candidats
Quant
aux
candidats,
la
Roumanie
et
la
Bulgarie,
tout
leur
système
est
gangrené
par
la
corruption
:
la
justice,
les
médias,
l’administration,
l’entreprise…
Il
existe
donc
à
l’Est
de
l’Europe
des
pays
qui
ne
remplissent
pas
les
critères
de
vie
démocratique
tels
que
nous
sommes
en
droit
d’attendre
d’un
pays
membre
de
l’UE
au
début
du XXIe
s.
Le monde politique français n'a pas bonne réputation
Les
Français
mettent
en
doute
l’intégrité
de
leurs
responsables
politiques.
Le
monde
politique
français
apparaît
comme
opaque
et
l’usage
du
secret
défense
semble
parfois
abusif.
L’importance
des
immunités
accordées
aux
responsables
politiques
est
plus
étendue
en
France
que
dans
d’autres
pays
européens.
En
Europe
du
Nord,
le
Président
de
la
République
relève
des
tribunaux
ordinaires
pour
tout
ce
qu’il
fait
dans
l’exercice
de
ses
fonctions
comme
en
dehors.
Dans
le
cas
de
la
France,
le
Conseil
constitutionnel
en
a
jugé
autrement.
Tout
cela
contribue
à
la
défiance
de
l’opinion
publique
vis
à
vis
de
la
classe
politique.
Pourquoi
la
Commission
ne
légifère-t-elle
pas
sur
la
corruption
?
Le
mandat
d'arrêt
européen
doit
devenir
effectif
Les
citoyens
européens
ont
le
droit
de
savoir
Daniel
Lebègue,
Président
de
Transparence-International
(France),
section
française
de
l’ONG
Transparency
International Voir l'IPC 2005 pour les pays du monde. Copyright 14 mars 2005-Lebègue / www.diploweb.com L'adresse URL de cette page est www.diploweb.com/forum/corruption.htm |
Date de la mise en ligne: fin avril 2005 |
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Biographie de l'auteur |
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Daniel Lebègue, né à Lyon en 1943, est diplômé de l'Institut d'Etudes Politiques de Lyon et ancien élève de l'Ecole Nationale d'Administration. Il a débuté sa carrière en 1969 au Ministère de l'Economie et des Finances en qualité d'administrateur civil de la Direction du Trésor. De 1974 à 1976, Daniel Lebègue est attaché financier près de l'Ambassade de France au Japon. De retour à la Direction du Trésor, il occupe successivement les postes de Chef de bureau de la balance des paiement et des changes, Chef de bureau de la trésorerie, sous Directeur en charge du service épargne et marché financier. En 1981, il est nommé Conseiller technique auprès du Cabinet du Premier Ministre, chargé des affaires économiques et financières. Il devient Directeur adjoint de la Direction du Trésor en 1983 puis directeur du Trésor de 1984 à 1987. En 1987, il rejoint la Banque Nationale de Paris en tant qu'administrateur Directeur Général, puis devient Administrateur Vice Président en 1996. Depuis 2003, il est administrateur de Gaz de France, Alcatel, Thales, Technip-Coflexip, Scor et est membre du Conseil de Surveillance d'Areva. Parallèlement, il est Président de l'Institut du Développement Durable et des Relations Internationales, président de la section française de Transparency international, Co-Président d'Eurofi . |
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