www.diploweb.com Géopolitique de l'Europe scandinave Géopolitique de l'Islande: de l'OTAN à l'UE ? par Lionel Bellier
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La place de l'Islande dans les relations Est/Ouest et dans la géopolitique de l'Europe de l'après-guerre froide reste peu connue. Pourtant, cette île entretient des relations de plus en plus importantes avec l'Union européenne. C'est pourquoi le diploweb.com vous présente sur cette page deux articles. Le premier est une mise en perspective : "L’Islande face au dilemme de la présence militaire américaine : analyse de l’ambivalence des sentiments islandais envers les Américains (1941-1974)". Le second présente "Le grand tournant des relations bilatérales islando-américaines dans l’ère post-Guerre froide". |
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L’Islande face au dilemme de la présence militaire américaine: analyse de l’ambivalence des sentiments islandais envers les Américains (1941-1974), par Lionel Bellier |
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L’importance des considérations stratégiquesA partir du début du 20ème siècle et à la faveur des progrès technologiques de la navigation et de l’aviation, l’Islande, de par sa position médiane entre le Nouveau Monde et le Vieux Continent, a rapidement revêtu un caractère géostratégique évident aux yeux des puissances extérieures. Cette interprétation nouvelle de sa position géographique a eu des incidences très importantes sur l’histoire de l’Islande, notamment pendant la Deuxième Guerre mondiale, où le pays a connu deux débarquements Alliés pour anticiper une probable invasion de l’île par les troupes allemandes. Le déploiement de la Royal Navy britannique dans le port de Reykjavik le 10 mai 1940 avait en effet précédé de quatorze mois celui des marines américains, le 7 juillet 1941. A la différence du premier, présenté au gouvernement islandais comme un fait accompli, le débarquement américain avait soigneusement été préparé par un accord de défense américano-islandais signé le 1er juillet 1941. De fait, ces deux débarquements venaient consacrer l’importance prise par un territoire longtemps isolé des affaires du monde, mais devenu soudainement un pion stratégique essentiel sur la carte des nouvelles voies de communications de l’Atlantique Nord. Il y avait eu le précédent de la Première Guerre mondiale et les accords commerciaux signés entre l’Islande, la Grande-Bretagne, et les Etats-Unis, pour renforcer le blocus contre l’Allemagne. Il y avait eu ensuite des phrases presque prophétiques montrant l’émulation que suscitait l’Islande dans les esprits des stratèges : en 1920, Lénine insistait sur "la position stratégique de l’Islande dans toute guerre future, en particulier sur mer et dans les airs" ; quelques années plus tard, le géopoliticien allemand Haushofer d’affirmer à son tour : "celui qui contrôle l’Islande a dans les mains un revolver pointé sur l’Angleterre, les Etats-Unis et la Canada". Il y avait eu encore les droits d’escale accordés par l’Islande à quelques Etats pour leurs avions militaires ou civils. Il y avait eu enfin ces débarquements de 1940-1941 et la présence de soldats étrangers sur le sol islandais, dont le maintien après 1945 allait avoir des effets économiques, sociétaux, et politiques majeurs pendant les décennies suivantes… La présence militaire anglo-saxonne en Islande a été très importante numériquement. Au maximum, les forces alliées atteignaient 50 000 soldats en 1942-1943, dont 45 000 provenaient de l’armée américaine. Avec un pays avoisinant à l’époque les 126 000 habitants, on imagine le formidable impact de cette présence étrangère sur la société islandaise. Ancien Ambassadeur d’Islande en France, Sverrir Gunnlaugsson l’a résumé ainsi : "En une nuit, cette société technologiquement primitive a été confrontée au monde moderne."([i]) Il est certain que la cause principale de l’entrée de l’Islande dans l’ère de la modernité économique et sociale a été la rencontre avec ce "monde moderne" incarné essentiellement par les Etats-Unis. Cependant, nous focalisons plus ici notre attention sur les passions extraordinaires que cette présence militaire a fait naître dans la vie intérieure du pays. De par son maintien durable après la guerre, elle a entraîné la polarisation du débat politique entre d’un côté les atlantistes-internationalistes, et de l’autre les neutralistes-isolationnistes. Quelles explications peut-on proposer pour tenter de comprendre l’émotion passionnelle des Islandais autour de cette question qui a provoqué à certains moments de véritables antagonismes, sinon des fractures, au sein de la société islandaise ?
I/ Les valeurs neutraliste et pacifiste, socle de la construction nationale islandaise Un idéal profondément ancré dans l'identité nationale Pour bien saisir le climat particulier – et souvent ambigu – qui a caractérisé le rapport des Islandais à la présence militaire américaine sur leur sol national, nous devons évoquer en premier lieu un élément essentiel qui a soutenu la construction du nationalisme islandais : son idéal profondément pacifiste et neutraliste. Il s’explique principalement par l’éloignement de l’Islande, et surtout par son insularité, deux facteurs combinés qui l’ont privée de voisins frontaliers et soumise à un isolement géographique séculaire. Le peuple islandais s’est ainsi toujours senti à l’abri des menaces extérieures et n’a donc jamais ressenti le besoin d’établir des défenses collectives : l’Islande ne s’est jamais dotée d’armée, n’a jamais déclaré la guerre à quiconque, et sa politique extérieure neutraliste n’a jamais comporté de volet militaire. Demeurée officieuse jusqu’à la Première Guerre mondiale([ii]), cette position avait été officialisée en 1918 avec l’adoption du principe de neutralité perpétuelle comme ligne de conduite en matière de politique étrangère. Profondément chérie et fortement ancrée dans l’idéal national, il faut pourtant avouer que la neutralité islandaise avait volé en éclat avec la signature du traité de défense de 1941 organisant le débarquement américain. Les Islandais avaient alors dû constater avec amertume l’importance stratégique prise par leur pays. Quelques jours après l’arrivée des troupes américaines, le Ministre des Affaires étrangères Stefansson résumait bien l’état d’esprit général : "It is not we who have changed but the world around us, and we must act accordingly." ([iii]) "Ce n’est pas qui nous avons changé…" C’est pour le moins certain car, à mesure que la victoire des Alliés devenait tangible, les dirigeants islandais avait commencé à réaffirmer leur position nationaliste aux forts accents neutralistes, l’objectif étant de rappeler à Washington qu’elle allait devoir appliquer les dispositions de l’accord de défense de juillet 1941 : retirer toutes les troupes américaines une fois la guerre terminée, ne pas interférer dans les affaires intérieures du pays et reconnaître la future indépendance de la nation islandaise.
L’accès à l’indépendance ou la volonté commune d’exercer une souveraineté pleine et entière Le 17 juin 1944, après presque 700 ans de mise sous tutelle, l’Islande déclarait son indépendance en rompant les derniers liens qui l’unissait encore à la couronne danoise([iv]). De fait, à côté de l’idéal pacifiste et neutraliste de la nation islandaise, l’accession à l’indépendance, si longtemps souhaitée et attendue, est un point crucial pour comprendre la relation entre Reykjavik et Washington par la suite. Ainsi, d’une façon tout à fait légitime, cette souveraineté retrouvée ne pouvait être considérée que limitée aussi longtemps qu’une présence militaire étrangère foulerait le sol national. A l’été 1945 cependant, le retrait des forces militaires était en passe d’être achevé. Seuls quelques personnels des forces aériennes avaient été maintenus pour faire fonctionner les aéroports de Keflavik et de Reykjavik. Les conditions de l’accord de 1941 avaient donc été respectées, la marche à l’indépendance engagée par l’Islande n’avait pas été entravée et les Islandais pensaient enfin pouvoir revenir à la situation d’avant guerre et exercer sans contrainte extérieure une souveraineté pleine et entière. Rares étaient les personnes pour qui les questions stratégiques gardaient encore une signification, et aucune n’imaginait le scénario du maintien d’une présence militaire. Pour autant, la forte prégnance du caractère stratégique de l’Islande demeurait intacte aux yeux des autorités américaines et elles manifestèrent rapidement leur volonté d’y conserver un avant-poste défensif. Une première requête de Washington visant à établir – sous l’autorité du tout nouveau Conseil de Sécurité de l’ONU – des bases militaires en Islande pour une durée de 99 ans avait pourtant été rejetée catégoriquement par Reykjavik en novembre 1945. Ce revers diplomatique essuyé par la plus grande puissance du monde de la part d’une toute petite nation sans armée, tout juste indépendante, et dont les bénéfices économiques retirés de la présence américaine pendant la guerre avait été tangibles avait paru alors presque bluffant. Parallèlement, l’unité des différents leaders politiques islandais autour de ce refus illustrait on ne peut mieux la farouche volonté d’indépendance de la jeune République.
Des espoirs déçus ? L’Accord de Keflavik et la fin de l’unité nationale sur la question de la présence américaine en Islande Cependant, il faut noter que c’est la seule fois où la classe politique dans son ensemble a parlé à l’unisson sur une question de politique étrangère.([v]) A la fin de 1946, l’Islande n’avait pas les moyens de s’éclipser du jeu bipolaire qui se mettait progressivement en place dans le monde. Tiraillée entre le désir de trouver un terrain d’entente avec les Etats-Unis pour s’assurer une nouvelle fois leur protection si nécessaire, et la volonté d’éviter le stationnement de troupes militaires sur le sol national en temps de paix, Reykjavik avait fini par signer un projet d’accord avec Washington, ratifié par le Parlement national, l’Althing, le 5 octobre 1946. Connu sous le nom d’Accord de Keflavik, il autorisait le maintien de techniciens américains pour organiser la logistique de la base de Keflavik. Ainsi, signe du début des antagonismes au sein des partis islandais à propos des orientations à donner à la politique étrangère, une crise politique éclatait dès le 8 octobre 1946 avec la démission des ministres communistes du gouvernement d’Olafur Thors. La formation d’un nouveau cabinet s’était révélée difficile dans les mois suivants traduisant bien une rupture entre les partisans de l’atlantisme et ses opposants, vaste bloc à la composition hétérogène rassemblant tout aussi bien l’extrême gauche – dont le Parti Communiste formait le plus gros des troupes –, que l’aile isolationniste du Parti Progressiste([vi]).
II/ L’Islande et sa place sur l’échiquier mondial des nations : un choix long et difficile L’OTAN et le débat politique sur la sécurité collectiveQuand bien même elle l’aurait ardemment souhaité, suivant par là même son idéal neutraliste, l’Islande ne pouvait pas échapper à la culture politique de Guerre froide. A cet égard, la signature de l’Accord de Keflavik en octobre 1946 avait constitué une première indication. Suite à l’aggravation de la situation internationale en 1948 (coup de Prague en février, blocus de Berlin en juin), le pays se trouvait de nouveau prisonnier de sa position stratégique au moment d’entamer des négociations avec Washington autour de la sécurité collective européenne dans le cadre de l’OTAN. De nouveau, sa politique étrangère était guidée par des événements internationaux sur lesquels il n’avait aucune emprise. Pourtant, ce qui peut susciter l’interrogation à propos du débat sur l’adhésion de l’Islande à l’OTAN, c’est le consensus qui a finalement prévalu en sa faveur au sein de la coalition tripartite au pouvoir([vii]), à la différence du débat concernant l’Accord de Keflavik. Bien sûr, en préalable à toute adhésion, des conditions strictes avaient été demandées et obtenues par l’Islande, comme la reconnaissance de sa situation particulière (faible population, nation sans armée) ou le refus de toute présence militaire sur son sol en temps de paix. Il est également certain que ce consensus avait été plus facile à établir compte tenu de la présence dans l’opposition des Communistes. Mais, fondamentalement, cette convergence des opinions politiques pour l’intégration de l’Islande à l’OTAN semble signifier une sorte de prise de conscience de la coalition gouvernementale sur l’inéluctabilité et l’irréversibilité du lien transatlantique crée en 1941. Accepté alors comme pis-aller, faute d’alternative effective, son renforcement huit ans après avait plutôt été le résultat d’un choix mûrement réfléchi, reflétant une orientation plus pragmatique de la politique extérieure islandaise. Comment expliquer sinon la volte-face des Progressistes ? Dans le groupe parlementaire des treize députés progressistes, six avaient voté dans les derniers instants en faveur de l’Accord de Keflavik en 1946. En 1949, avec dix votes sur treize, la majorité du parti a accepté l’intégration à l’OTAN sans véritablement tergiverser. Le vice-consul de France à Reykjavik à l’époque, M. de La Bastide, analysait ainsi ce nouveau pragmatisme du gouvernement islandais : "C’est pour des raisons économiques et commerciales, en grande partie aussi, du fait de l’exemple donné par … le Danemark et la Norvège que l’Islande a accepté de quitter son rêve de neutralité pour se ranger au sein d’une inéluctable solidarité."([viii])
Des remous nationalistes de l’opinion publique lors du débat sur l’adhésion à l’OTAN... De façon intéressante par contre, l’opinion publique islandaise a eu plus de mal à accepter cette rupture officielle dans la politique extérieure de son pays. Sa mobilisation autour du débat sur l’adhésion à l’OTAN a donc été beaucoup plus importante qu’en 1946. Il y avait bien eu des remous nationalistes au moment des débats sur l’Accord de Keflavik, illustrés notamment par la création d’une nouvelle formation politique, la National Preservation League (Société de Défense de la Nation), et l’organisation de quelques manifestations populaires, mais les antagonismes et les passions avaient été beaucoup moins marqués qu’en 1949. A l’automne 1946, l’opinion publique voulait croire que les considérations stratégiques avaient perdu toute signification. En 1949, elle s’est brutalement rendue compte que ce n’était pas le cas. Mais elle n’était pas pour autant prête à accepter l’idée que l’intégration à l’OTAN était une nécessité pour la sécurité du pays. Le fait que l’opposition à l’entrée dans le Pacte Atlantique n’ait pas émané exclusivement des militants et sympathisants du Parti Communiste, mais aussi de cercles nationalistes et intellectuels qui ne se reconnaissaient pas du tout comme les affidés de Moscou montre aussi que l’imaginaire islandais du monde extérieur n’était pas forcément celui d’une bipolarité obligeant chaque pays à choisir son camp. Cependant, l’agitation populaire durant le printemps 1949 a aussi été due en partie à l’instrumentalisation des sentiments nationaux par les Communistes, plus libres de leurs mouvements depuis leur démission du gouvernement à l’automne 1946. La combinaison entre la propagande communiste et le nationalisme islandais n’a fait qu’accentuer le décrochage de la population envers toute politique atlantiste. Ainsi, c’est à l’appel des Communistes que des milliers de personnes s’étaient rassemblées à l’extérieur du Parlement, le jour du vote de l’Althing sur l’adhésion à l’OTAN, le 30 mars 1949. Lancers d’œufs, jets violents de pierre brisant les fenêtres de l’Assemblée, irruption des manifestants dans la salle où les députés étaient réunis… ; la police dût intervenir pour calmer l’atmosphère et escorter les ministres et les députés une fois le vote terminé. Le Premier Ministre, le Social-démocrate Stefansson, ne pût quant à lui éviter la gifle d’une jeune fille qui accompagna son geste de paroles dans la plus noble tradition des sagas médiévales selon le Ministre français d’Islande de l’époque : "Souviens toi, pauvre homme, qu’une femme t’a frappé !"([ix])
…à son volontarisme atlantiste affiché à la veille de la signature du ‘Defence Agreement’ avec Washington en 1951 Cependant, à l’instar des dirigeants politiques islandais, l’ambivalence de l’opinion publique à l’égard de l’atlantisme est elle aussi patente. L’émotion nationale suite au déclenchement de la Guerre de Corée en juin 1950 est à cet égard particulièrement significative. Par crainte d’une transposition sur le continent européen du conflit coréen – premier conflit armé de la Guerre froide entre les deux superpuissances américaine et soviétique – les Islandais se sont interrogés sur l’efficacité de leur système de défense : l’appartenance à l’OTAN, si vivement critiquée deux ans auparavant, était-elle finalement une garantie de sécurité suffisante si le statut de démilitarisation de l’île, condition initiale de la participation islandaise à l’Alliance, était maintenu ? Le problème fut rapidement tranché. Tout au long du printemps 1951, des voix de plus en plus nombreuses se firent entendre, demandant au gouvernement des mesures effectives pour assurer la défense du pays dans le cadre du Pacte Atlantique. En d’autres termes, les Islandais souhaitaient la présence d’une force militaire étrangère pour assurer la défense de leur territoire et les voix revendicatrices furent de plus en plus fréquentes. Tel ce meeting tenu par un groupe d’aviateurs islandais en janvier 1951, au cours duquel une pétition demandait l’établissement d’une garde nationale ainsi que le soutien des pays de l’Ouest pour la défense de l’Islande. Le groupe d’aviateurs d’adopter la résolution suivante : "This meeting…calls upon all loyal Icelanders to launch immediately an energetic campaign for the dispatch to Iceland of a military force from our allies in the Atlantic Alliance"([x]) Citons aussi le volontarisme affiché de la presse, comme celui du journal Manubladid, le 2 avril 1951. A propos de la volonté certaine de la population de participer à la défense active du pays, il écrivait : "Si nos alliés souhaitent faire stationner une force militaire dans notre pays, nous devons montrer le désir de collaborer avec elle".([xi]) Il faut nécessairement faire remarquer que des déclarations similaires faites un an plus tôt auraient engendré un tollé général au sein de l’opinion publique, et provoqué un débat politique houleux. Mais, le 7 mai 1951, lorsque les autorités islandaises publièrent un communiqué annonçant qu’un Traité de Défense avait été signé avec les Etats-Unis deux jours plus tôt, le sentiment dominant était devenu majoritairement proaméricain. De fait, le débarquement de 5 000 soldats américains, stationnés principalement sur la base de Keflavik dans le cadre d’une Force de Défense Islandaise (Icelandic Defence Force), ne suscita pas de réel mouvement d’opposition comme ce fut le cas lors de l’adhésion à l’OTAN en 1949. Il est vrai aussi qu’à la différence de 1946 et 1949, ce nouveau traité avait été négocié dans la plus grande discrétion et n’avait pas été soumis au Parlement pour être voté, ce qui avait empêché une éventuelle campagne de protestation. De plus, le gouvernement avait pris soin, une fois n’est pas coutume, d’obtenir des garanties pour préserver sa souveraineté en organisant dans les moindres détails le statut des troupes devant stationner dans le pays, dans un document annexe signé le 8 mai.
III/ Epilogue : l’intégration à la sphère d’influence américaine, un processus irréversible… La signature du Defence Agreement en mai 1951 signifie-t-elle que la nation scandinave a statué de façon claire sur son positionnement au sein de l’échiquier géopolitique mondial ? Ce n’est pas évident, car les années suivantes montrent que le choix des Islandais a été très ambivalent et jamais complètement définitif. Ainsi, à mesure que la Guerre de Corée s’est dirigée vers un statu quo, le soutien accordé jusque-là à l’IDF par la population islandaise a sérieusement commencé à s’éroder, dès la fin de 1952 et surtout au cours de 1953, du fait notamment de relations particulièrement tendues voire parfois conflictuelles entre autochtones et militaires. Il en a résulté une première révision du traité de 1951, conséquence de la forte propagande des mouvements neutralistes, nationalistes et d’extrême gauche, entérinée en mai 1954 par la coalition bipartite Progressistes-Conservateurs. Il y a eu aussi la tentative de la coalition des partis de gauche au pouvoir entre 1956-1959 pour aboutir au retrait pur et simple des troupes américaines. Mais le fait qu’elle se soit soldée par un échec suite aux événements de Hongrie en novembre 1956, avait rappelé une fois de plus comment l’Islande subissait les données de sa géopolitique. La répression soviétique avait à nouveau suscité l’inquiétude dans l’opinion publique islandaise et le gouvernement avait du faire marche arrière. De fait, pendant la Guerre Froide, les sentiments islandais envers les Etats-Unis se sont constamment polarisés autour de deux positions radicalement contraires. Selon un phénomène de balancier, l’opinion publique a oscillé entre des périodes de décrochage à l’égard de l’allié américain et des périodes de rapprochement pendant lesquelles la tension était beaucoup moins perceptible. L’oscillation s’est d’ailleurs faite selon des intervalles chronologiques assez brefs, un peu comme en résonance à la situation internationale qui alternait de façon chronique les périodes de stabilité et d’instabilité. L’imaginaire islandais du monde extérieur et des affaires internationales après 1945 est donc un des éléments clés pour comprendre la relation islando-américaine. En analysant à travers le prisme des relations internationales la dichotomie de la classe politique islandaise et les divisions de l’opinion publique sur la question de la présence américaine en Islande, on mesure avec plus d’acuité le cas de conscience qu’a du résoudre la jeune République scandinave : définir clairement la place qu’elle désirait occuper sur l’échiquier mondial des nations. Ce choix, les Islandais ont toujours tenté de le faire en adéquation avec leur souci permanent de préserver leur indépendance, symbole de la culture, de l’identité et de la mentalité nationales. C’est une des explications de l’incompréhension chronique et de l’hostilité latente des Islandais à l’égard de la politique étrangère américaine après 1945, chaque fois que l’ancien ami protecteur de 1941 à 1945 a été perçu comme voulant imposer au faible sa puissance pour conforter des intérêts stratégiques. Ces sentiments sont d’ailleurs pour beaucoup dans le succès de la rhétorique de "l’occupant américain" diffusée dans des milieux dépassant largement les cercles de l’extrême gauche. L’analyse de l’historien S.A.Magnusson au sujet de la présence militaire américaine à Keflavik et de sa difficile acceptation par les Islandais est donc ici tout à fait pertinente. Il insiste en effet sur : "… the relative inability of foreigners to see the Keflavik issue in the context of Iceland’s long struggle for independence, and not merely as a link in the chain of NATO defense." ([xii]) Sachant cela, faut-il alors s’étonner si les incidents et les remous les plus nationalistes repris par la presse ou la classe politique, l’ont été préférentiellement durant des périodes électorales, tel un leitmotiv démagogique visant à s’attirer les faveurs d’un électorat dont l’opinion autour de la présence américaine, sceptique et passionnée, n’en demeurait pas moins versatile ? Versatilité illustrée une dernière fois en 1974 lors de l’échec d’une autre tentative visant à la dénonciation juridique de l’accord de 1951, par une seconde coalition des partis de gauche accédant au pouvoir en 1971. Cette fois-ci, l’échec du gouvernement ne fut pas imputable à un événement géopolitique extérieur([xiii]), mais à la mobilisation de la population en faveur de la base américaine, par l’intermédiaire d’une pétition signée par la moitié de l’électorat islandais ! A côté d’un probable sentiment de reconnaissance admis finalement par la population, selon lequel l’IDF garantissait au mieux la sécurité et la protection de l’Islande en cas de graves troubles internationaux, les Islandais avaient surtout pris conscience que le niveau de vie économique qu’ils avaient atteint([xiv]) était en grande partie conditionné par le maintien des forces américaines à Keflavik. Dès lors, la question de la résiliation du Traité de Défense allait, de façon inexorable, perdre toute importance dans le débat politique islandais. Lionel BellierNotes [i] P. Bovet, ‘Etonnante Islande, fière de son identité’, Le Monde Diplomatique, nov.1996, p.20. [ii] Officieuse et pour cause, l’Islande étant encore à cette époque sous la coupe de la puissance tutélaire danoise, les idéaux de ses dirigeants en matière de politique extérieure ne pouvaient de fait pas se traduire concrètement. Et, même avec la signature de l’Acte d’Union avec le Danemark en décembre 1918, qui scelle le processus de la marche à l’indépendance de l’Islande, c’est Copenhague qui garde encore les rênes de la politique étrangère islandaise tout en s’engageant à respecter cette fois les aspirations de Reykjavik. [iii] "Ce n’est pas nous qui avons changé mais le monde autour de nous, et nous devons agir en conséquence." B.Gröndal, Iceland from neutrality to NATO membership, Universitetsforlaget, Oslo, 1971, pp.28-34. [iv] Un référendum national se déroula du 20 au 23 mai 1944. Le taux de participation au scrutin fut de 98,61% et 95,06% des votants se prononcèrent pour l’établissement d’une République parlementaire. [v] D.Nuechterlein, Iceland, reluctant ally, Cornell University Press, Ithaca, New York, 1961, pp.37-53. [vi] Le Parti Progressiste ou Agrarien est une force politique de centre droit défendant à l’origine les intérêts des agriculteurs. [vii] Cabinet formé en février 1947 et dirigé par le Social-démocrate Stefansson, auquel se sont ralliés les membres du Parti de l’Indépendance (droite conservatrice) et les atlantistes du Parti Progressiste. De fait, la crise politique après la démission des ministres communistes en octobre 1946 permet au Parti Progressiste de revenir aux affaires. [viii] Archives Diplomatiques de Nantes (ADN), ‘Dépêches politiques’, article 52, dépêche du 11/04/49, ‘Vote de l’Althing’. [ix] ADN, ‘Dépêches politiques’, article 52, dépêche du 11/04/49, ‘Vote de l’Althing’. Signalons que douze personnes furent arrêtées et traduites devant un tribunal pour voies de faits à l’encontre du service d’ordre. Les condamnations allèrent de six mois à trois ans d’emprisonnement et furent confirmées en 1952 par la Cour suprême en deuxième instance. Voir aussi la dépêche du 19/05/52, ‘Affaire du 30/03/49’. [x] "Ce meeting… appelle à la mobilisation de tous les patriotes Islandais pour lancer immédiatement une campagne énergique pour le déploiement en Islande d’une force militaire de nos alliés de l’Alliance Atlantique." D.Nuechterlein, pp.95-113, op.cit. [xi] Ibidem [xii] "… la relative incapacité chez les étrangers à inscrire le problème de la base de Keflavik dans un contexte général incluant le long combat mené par l’Islande pour son indépendance, et pas seulement dans celui qui en fait simplement un maillon dans la chaîne de défense de l’OTAN." S.A.Magnusson, ‘Iceland and the American presence’, Queen’s Quarterly, Vol.85, num.1, 1978, p.79. [xiii] Le climat était même à la détente comme en témoigne l’opposition entre le Russe Spassky et l’Américain Fisher lors des championnats du monde d’échec qui se déroulèrent à… Reykjavik en 1972. Voir P.Bovet, p.20, op.cit. [xiv] Au début des années 1970, l’Islande a atteint un standard de vie qui n’a rien à envier à celui des autres démocraties occidentales. Copyright 20 août 2006-Bellier / www.diploweb.com L'adresse URL de cette page est www.diploweb.com/forum/islande06093.htm |
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Le grand tournant des relations bilatérales islando-américaines dans l’ère post-Guerre froide, par Lionnel Bellier |
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Au début des années 1990, avec la fin de la Guerre froide et l’émergence possible d’une Pax Americana décrite alors par certains théoriciens des relations internationales, l’Islande ne devait-elle pas perdre tout naturellement l’importance géostratégique qu’elle avait acquise soudainement bien malgré elle depuis la Première Guerre mondiale et qui n’avait eu de cesse de s’amplifier par la suite ? La localisation de l'Islande est démonétisée dans l'après-guerre froide Ainsi, s’il a été décidé assez rapidement que la présence américaine serait maintenue sur la base de Keflavik malgré la fin de l’affrontement Est-Ouest, il est devenu évident que l’Islande avait malgré tout perdu de l’intérêt aux yeux des stratèges américains. C’est en ce sens qu’il faut sans doute interpréter les accords de révision du Traité de défense de 1951, signés en 1994 et 1996, dits Agreed Minutes. Certes, ceux-ci ont garanti le maintien à Keflavik de forces militaires américaines assurant une défense crédible de l’Islande pour veiller au respect de l’accord de 1951, prévu initialement pour une durée cinquante ans. Mais, ils ont aussi indiqué clairement un tournant radical dans l’appréciation portée par Washington sur l’intérêt géopolitique de consacrer un budget important au maintien d’un dispositif logistique militaire coûteux alors même que la valeur stratégique de l’île n’était plus du tout la même.([i]) L’instauration, dès l’accord de 1994, d’un Comité de Haute Instance pour la Réduction des Coûts –maintenu en 1996 – afin de rationaliser les coûts d’opération de la base de Keflavik a ainsi été révélatrice des intentions américaines autour d’un plan de restructuration de son dispositif militaire en Islande, qui interviendrait inéluctablement une fois révolu l’accord de 1996, en 2001. Ce tournant américain se remarque d’ailleurs aussi facilement si l’on observe l’évolution des effectifs militaires de l’OTAN (évidemment américains à une très grande majorité) stationnés effectivement à Keflavik entre 1990 et 2005 : ils ont tout simplement diminué de plus de 50%, passant de 3 300 à 1 450. Dans le contexte post-Guerre froide, les raisons motivant le désir de Washington de se désengager progressivement de la base de Keflavik sont donc simples. La position islandaise est elle aussi aisément compréhensible. Quand bien même les menaces que faisait planer la Guerre froide sur sa sécurité nationale ont disparu, le pays aspire à maintenir une logistique de défense correcte sur son territoire. Rappelons ainsi qu’outre la sécurité nationale et celle des Etats-Unis, l’accord de 1951 et le principe de la présence militaire américaine sur l’île sert un troisième objectif : les intérêts de l’OTAN, au sein de laquelle la participation et l’implication islandaise se sont fortement accrues depuis les années 1980. Mais d’autre part, les bénéfices retirés de l’ensemble des activités gravitant autour de la base de Keflavik demeurent non négligeables pour l’économie nationale : à la fois en terme de rentrées de devises, mais aussi d’emplois. L'Islande joue la montre Ces intérêts divergents expliquent ainsi la lenteur et le retard pris par les négociations entre les deux parties pour la mise à jour de l’accord de 1951 à partir de 2001. Dès le départ, celles-ci ont été marquées du sceau de l’incertitude, un manque d’entrain à faire s’accorder des positions incompatibles caractérisant l’ensemble du dossier. Programmées pour 2001, les discussions officielles n’ont ainsi réellement commencé qu’au printemps 2003, en pleine crise internationale à propos de l’intervention américaine en Irak. Face à cette sorte d’aboulie frappant les négociateurs de chaque camp, comment interpréter la position du gouvernement conservateur de David Oddsson dans la crise irakienne ? Son soutien indéfectible apporté à la coalition emmenée par les Etats-Unis en Irak, contre 90% de ses électeurs ([ii]), a-t-il été pensé comme une politique incitative pour obtenir en retour des garanties américaines contre le risque d’un désengagement massif de la base de Keflavik ? C’est probable, mais il faut cependant nuancer la capacité du gouvernement islandais à « monnayer » ainsi son soutien à la politique américaine en Irak. Le Parti de l’Indépendance (conservateur) a toujours été un allié constant et fidèle de Washington depuis les années 1940 et le début de la présence américaine en Islande. Le soutien apporté à l’administration Bush au printemps 2003 s’inscrit donc dans une continuité logique. Ensuite, n’exagérons pas la force de pression diplomatique des dirigeants islandais dans cette affaire. Si l’Islande a pu montrer par le passé qu’elle pouvait à certaines occasions jouer de sa position géostratégique particulière pour refuser de se laisser dicter sa politique extérieure, en 2003, le rapport de force est tout autre. Tout au plus, ce soutien indéfectible à la coalition anti-Saddam Hussein a-t-il permis de retarder l’inévitable de quelques mois.([iii]) En effet, ce soutien constant n’a pas vraiment eu les résultats escomptés par les dirigeants islandais. Commencées en 2003, les négociations ont traîné en longueur jusqu’à l’été 2005, quand on a enfin pensé que le dossier allait se décanter. Selon les observateurs, le dernier point épineux à régler ne concernait plus que la part financière accrue dont le gouvernement islandais devrait s’acquitter pour faire fonctionner les installations de Keflavik. En effet, Washington aurait conditionné le maintien de ces forces à une plus juste répartition des charges financières, l’aéroport de Keflavik ayant développé des activités commerciales de transport civil n’ayant aucun lien avec la base militaire, mais permettant justement une meilleure participation de l’Islande au coût de sa défense nationale. Epilogue ? Coup de tonnerre Le seuil de participation minimale souhaité (ou exigé) par Washington a-t-il été trop élevé pour les finances nationales islandaises ? Les négociateurs américains ont-ils joué au poker menteur depuis l’entame des discussions ? Quelques soient les dessous de ce micmac diplomatique, c’est un véritable coup de tonnerre qui a au final frappé l’Islande en mars 2006, lors de l’annonce de la décision unilatérale prise par Washington de réduire drastiquement ([iv]) ses activités à la base de Keflavik à partir de septembre 2006, en retirant ses chasseurs F 15 (déjà réduits à quatre depuis les Agreed Minutes de 1994/1996) et ses hélicoptères de sauvetage. En soi, cette décision n’a pas été une surprise pour les dirigeants islandais. C’est plus la manière utilisée par les Etats-Unis, présentant la chose comme un fait accompli après plusieurs années de négociations, qui déçoit et embarrasse les autorités islandaises. A moins d’afficher un accord de façade dans les modalités organisant ce retrait, cette décision semble sceller la mort du Traité de défense de 1951. Le retrait américain annonce donc certainement la fin d’un chapitre dans les relations bilatérales particulières entretenues depuis plus de soixante ans entre l’Islande et les Etats-Unis. Celui qui va lui succéder reste pour le moins incertain. Au niveau économique, les plus optimistes rappellent l’importance finalement décroissante de la base de Keflavik pour l’économie nationale. Entre 1990 et 2005, les rentrées de devises entraînées par la présence américaine dans l’île ont ainsi respectivement représenté : 7% des recettes d’exportations islandaises et 2,5% du PIB en 1990 ; 5,5% et 2% en 1997 ; puis seulement 2,3% et 0,8% en 2005 (chiffres provisoires). Ces chiffres montent en effet clairement que le succès du développement économique national islandais n’est plus du tout lié à la présence américaine et aux devises drainées par celle-ci comme cela a pu être le cas par le passé. Il n’empêche que le retrait américain va sans doute poser un problème de gestion au niveau local, car le bassin d’emplois du Sudurnes (autour de Keflavik) va évidemment être affecté par cette décision. Enfin, au niveau de la problématique de défense proprement dite, le retrait américain suscite des interrogations sur la future voie que va devoir choisir l’Islande concernant l’organisation de sa sécurité nationale. A coup sûr, un débat interne doit et va se profiler très rapidement pour trouver une « politique de rechange » à la solution de facilité offerte par les Américains pendant plus de six décennies. Sur qui compter ? D’aucuns prônent une sorte de continuité dans la rupture, en souhaitant voir la défense du pays assurée par les pays membres de l’OTAN, en les invitant, selon un système de rotation, à venir prendre leurs quartiers sur la base de Keflavik pour une durée déterminée à l’avance, dans le cadre de manœuvres aériennes. Si l’on se rappelle que le Traité de défense islando-américain a été signé dans le cadre du Traité de l’Atlantique nord, cette solution aurait le mérite d’être assez cohérente, d’autant plus que l’Islande a déjà accueilli plusieurs exercices de ce type (mais limités seulement à quelques jours à chaque fois) depuis les années 1980. Enfin, certaines voix, dont celles du Parti Social-démocrate, deuxième plus grand parti en Islande après le Parti Conservateur, et actuellement dans l’opposition, appellent à profiter de ce grand tournant pour s’arrimer davantage au bateau européen. L’UE, par le biais de sa PESD, pourrait en effet se révéler être une alternative crédible pour assurer la défense du pays. Solidement ancrée économiquement à l’Europe dans le cadre de l’EEE – et donc par ricochets à l’UE – la petite nation scandinave pourra-t-elle éluder encore longtemps la question de son adhésion ou non à l’Union européenne ? Lionnel BellierNDLR. Le poids économique et politique des activités liées à la pêche semble pour l’instant constituer un obstacle à l’adhésion de l’Islande, parce que les Islandais refusent d’abandonner à l’UE leur souveraineté en la matière. Cependant, le poids de ce secteur pourrait à moyen terme devenir moins déterminant, ce qui ouvrirait une opportunité pour la classe politique du pays. Au mois de juin 2006, un jeune dirigeant politique islandais a été reçu à Paris par le ministère des Affaires étrangères, pour préparer cette perspective? Notes [i] Il y avait là en effet une contradiction certaine avec le vaste plan de redéploiement des forces américaines dans le monde pensé par les chefs du Pentagone dès le début des années 1990 et rendu nécessaire dans l’ère post-Guerre froide qui venait de s’ouvrir. [ii] Nous manquons malheureusement d’informations pertinentes pour en jauger le degré et la vigueur, mais, à l’instar de ce qui s’est passé dans plusieurs pays européens pendant la crise irakienne, l’opinion publique islandaise a manifesté son mécontentement et son opposition face à la décision du gouvernement de David Oddsson de soutenir l’intervention américaine en Irak. [iii] Il semble ainsi que le Président Bush avait pratiquement décidé en avril de diminuer sensiblement le potentiel de défense de Keflavik, pensant que ce geste pourrait être mis à exécution en juin. Au courant de cette intention, le Secrétaire général de l’OTAN, Lord Robertson, avait alors convaincu Bush de retarder une telle opération. [iv] Pour ne pas dire à néant, puisque le président du Comité de négociations, l’Américain Robert Loftis, de parler de maintenir éventuellement du personnel américain sur la base, mais en nombre très restreint. 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Biographie de Lionel Bellier | ||||
L’auteur, après des études scientifiques, s’est orienté vers l’Histoire. Dans le cadre de son mémoire de Maîtrise (mention Très Bien) préparé et soutenu à l’Université de Rennes II en 2004, il a approfondi le problème – jusqu’alors chasse gardé de quelques spécialistes anglo-saxons – de l’histoire des relations islando-américaines : à travers la présence militaire des Américains en Islande depuis 1941. Il a ensuite terminé son cursus par un Master de Géopolitique à l’Université Paris Panthéon-Sorbonne en 2005. Il a effectué un stage de fin d’études comme assistant de projet à la BBC de Liverpool, à l’occasion des événements organisés par la radio pour couvrir les 60 ans de la fin de la Deuxième Guerre mondiale. En parallèle, il a eu l’opportunité de découvrir concrètement le milieu de la politique en travaillant comme bénévole dans le cabinet de la député travailliste Louise Ellman. Tél. 06 88 39 48 86 - nips@caramail.com |
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