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" Quelle France dans le monde au XXI e siècle ?
", par Pierre
Verluise 4. QUELLE POLITIQUE ETRANGERE ? Introduction
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Introduction - 1. Comment les Français voient-ils le monde ? - 2. Quelles sont les images de la France à l'étranger ? - 3. Quels sont les outils disponibles ? - 5. Quelle mondialisation construire ? - Conclusion - Postface de Gérard Chaliand : Stratégie d'influence |
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Non seulement la France fait partie du petit club disposant d'un siège permanent au Conseil de Sécurité de l'Organisation des Nations Unies, mais elle traverse les quatre dernières décennies du XX e siècle avec des hommes à des postes clés au Fonds Monétaire International, à la Banque Mondiale, au GATT puis à l'Organisation Mondiale du Commerce, au sein de l'Union européenne, de la Banque Centrale Européenne Un travail épuisant Ces responsables réalisent le plus souvent avec dévouement un travail épuisant. Leur connaissance approfondie des dossiers et des rapports de force atténue parfois les conséquences d'erreurs d'appréciation de ministres moins bien informés. Pour autant, la présence de hauts fonctionnaires français à des postes décisionnels au sein de grandes institutions internationales ne suffit pas toujours à défendre la place de la France dans le monde, pour au moins trois raisons. Premièrement, l'ambition peut parfois les conduire à privilégier la pensée dominante au sein de leur corps d'origine plutôt que l'intérêt général, voire national. Deuxièmement, leur culture conduit quelques-uns à échafauder parfois des manuvres tellement subtiles qu'elles finissent par leur échapper, pour finalement se retourner contre la France. Troisièmement, les hauts fonctionnaires placés au sein de l'administration européenne sont priés de mettre en uvre la politique communautaire et non de défendre systématiquement la position de Paris. Quel cadre ? Quelle que soit leur bonne volonté, une question s'impose : ces responsables peuvent-ils toujours se référer à une politique étrangère française fondée sur une véritable vision du monde et de la place de l'Hexagone dans celui-ci ? Un proche du général de Gaulle répond : "A la fin du XX e siècle, la France ne souffre pas d'un manque de moyens mais d'une pénurie de politique étrangère". Cette position rencontre l'approbation de nombreux spécialistes, aussi bien Français qu'étrangers. L'ambassadeur de France Gabriel Robin développe ainsi son analyse : "Une politique étrangère rationnelle suppose à la fois une vision du monde et une vision de la France dans ce contexte. Que peut-elle en attendre ? Que peut-elle y faire ? Dans beaucoup de cas, il y a une prime à celui qui voit clair et ose dire ce que d'autres pensent mais n'osent exprimer. Qu'on aime ou non le personnage, le général de Gaulle avait une politique étrangère. De cela, il ne reste pratiquement rien. Une carence majeure La France n'a plus de politique étrangère. Parce qu'avoir une politique étrangère, cela consiste d'abord à penser. Il ne suffit pas d'avoir une volonté, il faut savoir ce que l'on veut. Particulièrement depuis les années 1980, les gouvernements français ne savent plus ce qu'ils veulent. Il subsiste encore les moyens d'une autonomie diplomatique mais l'indépendance se réduit comme une peau de chagrin par carence d'autonomie intellectuelle. Cela arrange bien les gouvernements étrangers d'avoir un partenaire finalement facile à manier, mais je ne suis pas sûr que cela profite au monde. En effet, cette vacuité est malsaine. Le monde a davantage besoin que chacun soit lui-même. Il n'empêche que François Mitterrand a fait durant deux septennats (1981-1988-1995) du théâtre à des fins intérieures mais n'a jamais construit de véritable politique étrangère, parce qu'il niait la base d'une politique étrangère, c'est à dire une certaine conception de l'intérêt national. Bien que des prodromes les aient précédés, les années Mitterrand marquent donc une rupture. Sa pratique a, pourtant, été généralement bien acceptée, parce qu'elle épousait une évolution des élites françaises qui, pour beaucoup, ne croient plus aux chances de la France. Si l'on considère que la Nation n'a plus de sens, alors l'intérêt national disparaît et par conséquent la politique étrangère se perd dans les sables. L'absence de projet Depuis, les divers gouvernements qui se succèdent aux affaires font généralement une déclaration de politique générale dans laquelle la politique étrangère se trouve réduite à la portion congrue. Après un petit coup de clairon rituel sur "le rôle mondial" de la France", je n'y entends ni vue d'ensemble ni projet. Je constate également que nos dirigeants ne replacent jamais plus les sujets d'actualité dans une conception un tant soit peu générale et personne ne se préoccupe de la leur demander. En 1995, l'élection de Jacques Chirac à la Présidence de la République n'a rien changé, parce que cette évolution n'a rien à voir avec les distinctions partisanes. (1) Il y a une espèce d'incapacité à prendre des décisions, non parce que la volonté manque mais parce que la pensée est absente. Mis à part de rares exceptions qui ne peuvent pas tenir lieu de règle générale, le gouvernement français se rallie généralement aux décisions américaines ou allemandes. Les Français se comportent de moins en moins comme des initiateurs et de plus en plus comme des suiveurs." La charge est rude, mais pourquoi ne pas l'entendre et retenir comme problématique générale de ce quatrième chapitre l'interrogation suivante : quelle est la cohérence de la politique étrangère française contemporaine ? Partie suivante> * * * . 4.2. En dehors des sommets de la francophonie, la France mise-t-elle vraiment sur cet outil ? . 4.3. Quelle place la construction européenne laisse-t-elle à la République française et au citoyen ? . 4.4. Les objectifs de la politique européenne de la France sont-ils atteints ? . 4.6. Au vu des trois dernières décennies, quelles méthodes dévaluent ou valorisent la France ? Note de l'introduction 1. Le 5 juin 1998, "Le Monde" a publié une analyse de la diplomatie du gouvernement de Lionel Jospin durant sa première année. Claire Tréan s'interroge ainsi : "Lionel Jospin a-t-il une politique étrangère ? [ ] A l'heure du premier inventaire, on serait bien en peine de discerner ce qui distingue une politique "de gauche" de celle de la présidence (J. Chirac) sur les questions du Proche-Orient ou de l'Irak, par exemple [ ]. " Copyright janvier 2001-Pierre Verluise/ www.diploweb.com |
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