Agrégée d’histoire, Professeure de chaire supérieure au lycée Faidherbe (Lille) où elle enseigne la géopolitique en classes préparatoires économiques et commerciales. Membre du laboratoire HABITER (EA 2076) de l’Université Reims Champagne-Ardenne. Elle est notamment auteure de : A. Degans, Réussite aux concours 2019 ! La synthèse de l’actualité internationale 2018, éd. Diploweb, via Amazon, 2019.
Voici une synthèse de l’actualité internationale d’avril 2019 qui sera fort utile à tous ceux qui veulent disposer d’un point de l’actualité géopolitique, voire préparent les oraux d’un concours. Pour ne rien manquer, et recevoir nos alertes sur des documents importants, le plus simple est de s’abonner gratuitement à notre Lettre d’information hebdomadaire ou au compte twitter de veille géopolitique @diploweb (+ de 12 800 followers)
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En Slovaquie, la libérale Zuzana Caputova devient en avril 2019 la première femme à occuper la magistrature suprême. Elle a fait de la lutte contre la corruption l’un de ses principaux chevaux de bataille.
En Ukraine, est élu en avril 2019 à la présidence Volodymir Zelensky (avec près de 73 % des suffrages exprimés) qui n’a pas davantage d’expérience politique que la nouvelle présidente slovaque, mais est issu, lui, du monde du spectacle. Il s’est imposé face au président sortant (Petro Porochenko) et l’égérie de la révolution orange, Ioulia Timochenko, ancienne premier ministre. C‘est révélateur de l’étendue du discrédit de la classe politique ukrainienne incapable de faire face aux défis géopolitiques du pays (annexion de la Crimée, guerre de basse intensité dans le Donbass…) et de résister à une corruption qui gangrène le pays.
En Israël, Benjamin Netanyahu est reconduit en avril 2019, à la suite des élections législatives, dans ses fonctions de premier ministre. Il forme une nouvelle coalition.
En Indonésie, Joko Widodo, président sortant, est réélu. Son challenger le général Prabowo Subianto conteste les résultats de l’élection présidentielle.
Le Japon s’apprête à une transition impériale. Fait extraordinaire, l’empereur Akihito – fils d’Hirohito l’empereur de la Seconde Guerre mondiale – annonce son désir d’abdiquer pour des raisons de santé. Il laisse le trône à son fils Naruhito, âgé de 58 ans, avec qui se prolonge la plus ancienne dynastie du monde. La date est fixée au 30 avril qui voit la fin de l’ère Heisei et le début de l’ère Reiwa placée sous le signe de la bonne fortune -Rei – et de l’harmonie – wa- dans un pays qui reste très attaché à l’empereur qui incarne l’âme japonaise et la cohésion de la nation.
Le Sri Lanka a été ensanglanté en avril 2019 par un terrible attentat, revendiqué par l’EI qui a fait plus de deux cents cinquante morts et plus de blessés encore. Le Sri Lanka n’a pas encore fini de panser ses plaies de la longue guerre civile (1983-2009) qui a opposé les cingalais bouddhistes (majoritaires sur l’ile) et les Tigres tamouls hindous. Elle a fait plus de cent mille morts et a été à l’origine de l’assassinat du premier ministre indien Rajiv Gandhi, fils d’Indira. Beaucoup craignent que la fragile paix civile ne vole en éclat. Si les ressorts ne sont pas les mêmes, cette ile n’en demeure pas moins encore habitée par la violence. Les autorités srilankaises estiment qu’un mouvement autochtone - le NTJ – en serait responsable. Ces attentats qui ont ciblé les catholiques de l’ile, où ils sont minoritaires (environ 7% des srilankais), ont été perpétré par des kamikazes musulmans qui représentent moins de 10% de la population et plutôt issus des couches aisées. Ces tristes événements mettent en lumière les progrès de l’islam radical parmi les travailleurs srilankais émigrés en Arabie saoudite qui reviennent chez eux avec une lecture et une pratique de l’islam influencée par le wahhabisme.
Au Burkina Faso, comme dans le Mali voisin, les djihadistes s’en prennent aux élites coutumières, chef du village, marabout, qui leur résistent attisant en retour des violences intracommunautaires entre les éleveurs nomades peuls accusés de soutenir les terroristes au Sahel et les cultivateurs, Mossis ou autre, déstructurant ainsi les communautés et semant le chaos. La situation se dégrade malgré l’opération Barkhane et le G5 Sahel qui peine à se déployer.
Boko Haram a encore tué en avril 2019 une dizaine de personnes.
En Irlande, une nouvelle flambée de violence a provoqué la mort d’une journaliste à Derry (Irlande du Nord). Cela ravive le spectre de la guerre civile irlandaise quand certains courants radicaux ont fusionnés au sein de la NIRA (Nouvelle IRA).
En Algérie, les manifestations de rue continuent en avril 2019. S’il parait acquis que le président en exercice ne briguera pas de nouveau mandat, l’avenir n’en demeure pas moins incertain et la possibilité de la confiscation de cette « révolution politique » par une révolution de palais n’est absolument pas à exclure. L’armée se montre plus présente quelle ne l’était il y a quelques semaines. Le Parlement nomme le président du Sénat, Abdelkader Bensalah en tant que président par intérim, en attendant la tenue d’élections.
En Libye, le maréchal Haftar, homme fort de la Cyrénaïque où il a vaincu les djihadistes, marche en avril 2019 avec des troupes armées – l’ALN - vers la capitale Tripoli où siège le pouvoir – le gouvernement d’union nationale (GNA) d’al-Sarraj - soutenu par la communauté internationale, et en particulier l’Italie, la Turquie et le Qatar. Son offensive a été stoppée par les forces progouvernementales. Le maréchal Haftar est discrètement soutenu par la France, la Russie, l’Égypte, l’Arabie saoudite ou les Émirats arabes unis. La Libye est plus que jamais fragmentée et soumise à la loi de bandes armées, djihadistes ou loyalistes. La laborieuse offensive du maréchal Haftar ne fait que complexifier la donne sans assurance d’imposer une forme de stabilité, et les pays européens – Italie en tête – redoutent une nouvelle vague migratoire de plusieurs centaines milliers de personnes.
Au Soudan, un coup d’État écarte en avril 2019 du pouvoir le président Omar el Béchir, à la tête de son pays depuis trente années. Il était lui-même parvenu au pouvoir grâce à un coup d’État soutenu par les islamistes. L’armée annonce installer un Conseil militaire de transition, mais la population qui manifeste contre El Béchir depuis plusieurs mois ne se laissera peut-être pas aussi facilement confisquer le pouvoir. Omar el-Béchir a été arrêté et mis en résidence surveillée, l’état d’urgence est décrété pour trois mois. Abdel Fattah Al Burhane est le nouveau visage de Khartoum. Ces événements ne sont pas sans rappeler ceux de l’Algérie.
En Égypte, le maréchal Al Sissi bénéficie en avril 2019 d’une réforme constitutionnelle qui élargit ses pouvoirs et allonge son mandat à six ans ce qui lui permet de se maintenir au pouvoir jusque 2024.
La corruption est aussi – et encore - un mal européen. En avril 2019, elle est au cœur des élections en Slovaquie, et continue de défrayer la chronique politique en Roumanie où Laura Codruta Kövesi, ancienne procureur anticorruption, pressentie pour prendre la tête du parquet européen, est accusée de corruption passive par un pouvoir qui l’exècre. En Bulgarie, le ministre de l’Économie est mis en examen pour le détournement de fonds européens – environ 200 000 euros – mais l’enquête menée porte sur un détournement de plusieurs dizaines de millions d’euros. Le Conseil de l’Europe presse Malte de faire des efforts soutenus en la matière, rappelons-nous que la journaliste Caruana Galizia a payé de sa vie ses investigations concernant la corruption à un niveau élevé de l’État.
Le Brexit n’a pas eu lieu à la date butoir initiale du 29 mars 2019. Il est repoussé, et ne sera probablement pas effectif avant les élections européennes qui doivent se tenir à la fin du mois de mai 2019, malgré l’opposition de la France. Les Britanniques participeront-ils aux élections pour élire des députés qui n’auront peut-être pas réellement le temps de siéger au sein de la nouvelle assemblée ? Ou qui utiliseront leur élection pour contribuer à des dysfonctionnements de l’UE ?
L’OTAN fête en avril 2019 ses 70 ans. Cette alliance militaire créée en pleine Guerre froide, au lendemain du blocus de Berlin, lui a étrangement survécu tout en s’élargissant aux anciennes démocraties populaires d’Europe centrale et orientale qui y ont adhéré avant même d’entrer dans l’Union européenne. L’OTAN couple les deux rives de l’Atlantique Nord, ce qui en fait une alliance essentiellement occidentale… sous la domination des États-Unis. Cette alliance multilatérale est aujourd’hui en plein doute. Washington demande à ses alliés européens de faire un réel effort financier, que très peu sont prêts à réaliser, pour que leurs dépenses militaires atteignent 2% de leur PIB. La Turquie, membre de l’OTAN, vient de se porter acquéreur d’un système russe antimissiles S-400, or il est de bon ton que les membres de l’OTAN achètent du matériel militaire auprès de leur allié américain qui fournit l’essentiel des subsides de l’Alliance de l’Atlantique Nord….
L’attitude de l’Union européenne vis-à-vis de la Chine est ambivalente, à la mesure de la division des membres de l’Union. Au moment où les différents commerciaux avec les États-Unis pèsent sur l’économie chinoise, où éclate l’affaire de suspicion d’espionnage industriel par Huawei et la négociation des marchés de la 5G, les rapports se tendent entre Européens et Chinois. Les premiers commencent à évoquer le bienfondé de la réciprocité commerciale, et Emmanuel Marcon invite en avril 2019 Angela Merkel et Jean-Claude Juncker quand il reçoit le président chinois Xi Jinping. Ce front uni européen ne doit pas faire illusion car Pékin sait jouer des divisions européennes et la Chine est devenue un partenaire et un investisseur de premier plan en Europe centrale, orientale, balkanique et de plus en plus méditerranéenne.
Les États-Unis de Donald Trump durcissent en avril 2019 leur bras de fer commercial avec l’Union européenne. Washington taxerait des produits européens (hélicoptères, avions, produits agricoles…en sus des taxes qui frappent l’acier et l’aluminium européen) pour environ onze milliards de dollars mesure de rétorsion en réponse aux subventions qu’aurait touché Airbus au détriment de l’avionneur américain Boeing. Une annonce qui passe mal de ce côté de l’Atlantique.
Le président américain décide aussi en avril 2019 d’étrangler davantage l’économie iranienne. Washington ne prolonge pas les dérogations accordées aux principaux acheteurs du brut iranien, assurant que d’autres producteurs de pétrole - dont les Etats-Unis et certaines pétromonarchies du Golfe – augmenteraient leur production. Cette politique, comme les sanctions pesant sur le Venezuela de N. Maduro, provoquent une flambée du cours du pétrole. La spéculation bat son plein, cela remplit les caisses des exportateurs de pétrole et rend les huiles de schiste plus rentables. Cette politique (re)pose aussi de nouveau la légitimité de l’extraterritorialité du droit américain.
Un proche de Donald Trump, David Malpass, remplace en avril 2019 à la tête de la Banque mondiale – une des instances financières internationales créée à Bretton Woods en 1944 avec le Fonds Monétaire International - pour remplacer l’ancien président démissionnaire, lui aussi américain. Les présidents américains ont généralement soin de faire élire à la présidence de cette institution une personnalité qui partage leurs vues. Donald Trump s’inscrit, ici, dans la continuité de ces prédécesseurs.
Les États-Unis demandent l’extradition de Julian Assange – qui a créé WikLeaks qui révèle des secrets d’État – qui vient d’être arrêté en avril 2019 à l’ambassade de l’Équateur à Londres où il avait trouvé refuge il y a sept années. L’Équateur de Lenin Moreno considérait Julian Assange comme un hôte bien encombrant, et ce faisant Quito se rapproche de Washington qui pourrait lui accorder des facilités financières.
C‘est l’impression que donne la Russie de Vladimir Poutine. Benjamin Netanyahu y recherche un adoubement international pour créditer sa candidature aux législatives. Le leader nord-coréen Kim Jong-Un se rend en avril 2019 à Vladivostok pour y rencontrer le président russe après avoir rencontré le président américain au Vietnam. Le président russe se rend à Pékin pour participer au deuxième forum des nouvelles routes de la soie qui traversent le territoire russe. Vladimir Poutine dépêche des navires au Venezuela pour assister le régime chaviste aux abois. Il accorde, au lendemain des élections présidentielles ukrainiennes, la nationalité russe à ceux qui le souhaitent et qui vivent dans la partie orientale de l’Ukraine, les régions de Donetsk et Lougansk. La Russie se positionne comme acteur important de la scène géopolitique internationale. Son obsession est de se trouver à la table des décideurs, même si les fondamentaux de sa puissance sont fragiles (démographie, économie rentière…).
Le monde connait une nouvelle épidémie de rougeole, plus de 170 pays serait concernés d’après les chiffres livrés par l’OMS qui recense en avril 2019 plus de 112 000 cas, soit une augmentation de 300% sur le premier trimestre de l’année 2019. Comment expliquer cette situation ? La première raison réside dans la mobilité croissante des populations qui, en contact avec des populations contaminées, reviennent chez elles et transmettent à leur tour la rougeole, connue pour être très contagieuse. La seconde raison est le reflux des l’acceptation des vaccins. Ainsi, à New York dans un quartier de Brooklyn s’est déclenché une épidémie de rougeole au retour d’Israël – où sévit une épidémie - de membres de la communauté juive orthodoxe qui refuse la vaccination…
Alors que l’endettement chinois, public et privé, s’envole, Pékin accueille en avril 2019 le deuxième sommet des nouvelles routes de la soie qui doivent relier – voire unir – l’Asie à l’Europe et l’Afrique ; l’Italie est le premier pays du G7 à rejoindre ce projet. Ces voies terrestres et maritimes nécessitent de lourds investissements en infrastructures et conduisent certains pays qui les accueillent à s’endetter au-delà du raisonnable, comme le Sri Lanka qui s’est retrouvé dans l’impossibilité de faire face à ses traites et contraint d’accepter les conditions chinoises : céder pour 99 ans le port d’Hambantota.
Vient d’être rendu en avril 2019 le jugement concernant les « parapluie de Hong Kong » (contestation à caractère démocratique) dont les protagonistes ont été condamnés à des peines de prison ferme. Cela confirme le resserrement de l’étreinte de Pékin sur Hong Kong dont les acquis démocratiques sont clairement menacés.
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En avril 2019, la cinéaste française Agnès Varda s’en est allée rejoindre son compagnon Jacques Demy. Nous devons à cette cinéaste atypique des films comme Les glaneuses ou Jacquot de Nantes. Sa vie comme son œuvre sont aussi marquées un engagement féministe militant.
Les appartements de la reine du château de Versailles seront de nouveau ouverts aux visiteurs après une rénovation qui a duré trois années.
La première photographie d’un trou noir a été rendue publique en avril 2019. Il s’agit de celle d’un trou noir de la galaxie Messier 87 à une cinquantaine d’années-lumière de notre Terre.
La générosité s’exprime à l’occasion du dramatique incendie qui a ravagé en avril 2019 la cathédrale Notre-Dame de Paris. Un incendie qui emporte la toiture de la cathédrale où sont célébrés de grands événements du pays, et la flèche rajoutée par Viollet-le-Duc. Un incendie qui émeut au plus profond d’eux-mêmes nombre de Français. Une générosité de Français, qu’ils soient fortunés ou non, mais aussi internationale (depuis les États-Unis, la Serbie…) du fait de simples particuliers comme d’acteurs publics et plus largement l’émotion mondiale montrent que la France n’est pas un pays comme les autres, et que son patrimoine appartient au patrimoine de l’humanité. Les modalités et la temporalité de la reconstruction restent à définir.
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Plus pour réussir
Extraits du catalogue des livres géopolitiques publiés par Diploweb pour la réussite aux concours.
. L. Chamontin, "Ukraine et Russie : pour comprendre"
. G-F Dumont, P. Verluise, "The Geopolitics of Europe : From the Atlantic to the Urals"
Bonus Culture géopolitique
Vidéo. E. Danon, H. Micheron : Quels futurs pour le terrorisme ?
Une passionnante conférence d’Eric Danon et Hugo Micheron. L’ambassadeur Eric Danon est Directeur Général adjoint des Affaires politiques et de sécurité au Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères (MEAE). Hugo Micheron est doctorant à l’Ecole Normale Supérieure (ENS).
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