www.diploweb.com Géopolitique de l'Union européenne: vers un nouvel élargissement ? Pourquoi les Etats-Unis soutiennent-ils l'intégration de la Turquie à l'Union européenne ? par Jules Mardirossian, journaliste scientifique
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La Maison-Blanche vise à instrumentaliser l’Etat turc, au détriment des pays du Moyen-Orient, de la Transcausasie et de la cohérence de l’Union européenne. L’intégration de la Turquie à l’UE correspond à une réminiscence néocoloniale de l’Occident via l’Europe, qui permettrait à Washington de mieux dominer toute cette zone. Lire une étude de la candidature de la Turquie au vu des paramètres démographiques et économiques |
Biographie de l'auteur en bas de page. Cette étude est accompagnée de trois cartes. Mots clés - key words: jules mardirossian, centre
d’études de documentation et d’informations arméniennes, turquie, états-unis,
union européenne, géopolitique, géostratégie, diplomatie, histoire, moyen-orient, colonialisme, néocolonialisme, candidature de la turquie à
l’union européenne, instrumentalisation, intégration régionale, droit
international, irak, monde arabe, sous-développement, stratégie du cheval de
troie, euro-atlantisme, capacités militaires des Etats-Unis, ressources
pétrolières, lutte anti-terroriste, otan, transcaucasie, trauma
collectif, viol des consciences, régime militariste, nationalisme, droits de
l’homme, chypre, islamisme, islamisation de la société turque, panturquisme, génocide
arménien, implosion de l’urss, asie centrale, stratégie ethno-culturelle. *
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L'élargissement de l'Union européenne à la Turquie, sous couvert d'ouverture et de volonté pluraliste des pays du vieux continent, fait en réalité partie de la stratégie géopolitique américaine. Celle-ci vise à travers l’Occident déjà structuré en grandes entités, soit confédérale (Europe), soit fédérale (États Unis) à entraver l'organisation du Moyen-Orient, en engendrant directement ou indirectement des scissions dans cette région pour la maintenir dépendante.
Diviser le Moyen-Orient et l’Europe L'Union européenne, en "s'appropriant" la Turquie, certes à la demande de ses dirigeants, mais aussi sous pression constante des États Unis, la désolidariserait structurellement de l'aire socio-politique et géographique du Moyen-Orient, dont elle fait partie. De cette manière, cette zone géopolitique serait quasiment privée de sa composante la plus puissante, avec ses 780 576 km² et ses 68 millions d'habitants. La Turquie représente près du tiers de la population de cette région du monde qui souffre de ses antagonismes et de son manque de cohésion. Ainsi, Ankara ne pourrait plus contribuer, à part entière et dans les mêmes conditions que les autres pays de cette aire, à la structuration du Moyen-Orient. Cette zone se doit pourtant de créer à terme une entité régionale autonome cohérente et en paix avec des critères spécifiques, dans le cadre des grands principes du droit international. L'organisation du monde s'oriente vers la constitution de grandes aires d'intégration régionale, favorisant la pacification et permettant, entre autres, de ne pas être, pour un pays seul ou un groupe de pays non coordonnés, en situation d'infériorité face aux grandes puissances fédérées ou confédérées. Approche géopolitique En 2003, l'intervention américaine en Irak est un nouveau facteur accentuant la perturbation, la division et la dépendance de cette aire socio-politique. L'Irak était le seul pays arabe du Moyen-Orient "doté d'une armée expérimentée, disposant d'un fort potentiel technologique, détenteur des secondes réserves de pétrole du monde, (…) pouvant prétendre exercer un rôle de premier plan dans le monde arabe (dont peut-être un rôle fédérateur) ; (…) or l'Irak a résolument fait le choix de se rapprocher des nations européennes, en particulier de la France; (…) cela signifie à terme un déclin de l'hégémonie américaine dans le Golfe et une remise en cause des compagnies anglo-saxonnes sur la politique pétrolière. (…) C'est dans ce contexte qu'est née la politique d'affaiblissement du potentiel économique et militaire de l'Irak" (1). D'une manière plus globale, "ce qui caractérise l'approche géopolitique des États-Unis au Proche Orient est la volonté de maintenir le monde arabe dans le sous-développement, de l'empêcher de s'unir et de constituer une puissance qui serait naturellement proche des nations européennes" (2), en se servant de la Turquie et des antagonismes régionaux afin de ne pas avoir à négocier à terme avec une région cohérente et structurée, consciente politiquement de ses atouts pétroliers. Chacun ses crises Il faut signaler que le dernier différend turco-américain concernant l'utilisation militaire du sol de la Turquie, ne change en rien la stratégie à long terme des États-Unis exploitant, depuis plus de 50 ans ce pays comme son "cheval de Troie "dans cette zone géographique. En effet, l'alliance américano-turque a été régulièrement parsemée d'accrocs sans jamais la remettre fondamentalement en cause : retrait en 1963 des fusées Jupiter de Turquie, crise de Chypre en 1974 provoquant l'embargo sur les armes de 1975 à 1978 et la fermeture des bases américaines, refus d'Ozal de remilitariser l'île de Lemnos, remise en chantier aux États-Unis en 1989 du projet de résolution concernant le Génocide des Arméniens, nombreux refus d'utilisation militaire du sol turc. En fait, ce lien est pérenne car il est fondé sur des intérêts croisés complémentaires et une volonté commune de puissance : "les considérations sont d'ordre économique pour la Turquie tandis que celles des États-Unis sont d'ordre géopolitique" (3).
Turquie. Crédits: Commission européenne
Quel
projet
européen
?
Par ailleurs, les multiples interventions américaines sur la Cour pénale
internationale, contre le projet d'armement européen, pour la guerre en Irak, pour l'intégration de la Turquie dans
l'Union…(4), introduisent des facteurs de division européenne. Ce qui contrarie
le développement d'un projet politique de l'Union, laissant aux Américains le champ libre au Moyen-Orient où les
Européens ont toujours été présents : "les États-Unis, première puissance
mondiale, n'entendaient pas voir le projet européen s'écarter d'un projet
occidentaliste qui visait dés 1945 à créer un grand marché euro-atlantique
politiquement et stratégiquement piloté par les États-Unis" (5),
permettant à Washington de mieux s'implanter dans cette région pétrolifère. Ce type d'approche américaine désagrégeante, accentuant dangereusement les divisions et les disparités dans cette région, perturbera de surcroît l'amorce d'un dialogue nord-sud qui pourrait s'établir à l'avenir entre des entités européenne et moyen-orientale de même nature structurelle. Elle est aussi en passe d'entraîner dans son sillage l'Union européenne dans un comportement néo-colonial à travers une annexion de fait de la Turquie, au détriment de la nécessaire confédération moyen-orientale qui devrait voir le jour dans le futur. *
Moyen-Orient:
les
routes
du
pétrole.
Crédits
:
J.
Mardirossian
Les avantages pour les Etats-Unis
Ce comportement américain est la conséquence de trois priorités
stratégiques du président Georges W. Bush : développement des capacités
militaires du Pentagone, accroissement des ressources pétrolières des
États-Unis et lutte anti-terroriste généralisée (6).
Dans ce cadre, l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne conférerait
à Washington six atouts importants.
1.
Meilleure intégration de la
défense européenne dans
l'OTAN et renforcement des positions américaines en Turquie.
L’élargissement à
l'Est de l'OTAN accroîtra les possibilités d'interventions militaires du
Pentagone dans toutes les zones environnantes afin de "permettre aux
États-Unis de contrôler un territoire qui s'étendra… jusqu'aux limites
occidentales de la Russie et de la Turquie, et à travers cette dernière les
mettra en contact avec le Proche et le Moyen-Orient" (7) Il est à noter
que les États Unis ont bien préparé l'absorption de la défense européenne :
"sur le point de dilater l'aire d'intervention de l'OTAN, Washington
n'avait plus à s'inquiéter de voir s'ériger un système de sécurité
exclusivement européen puisque l'acte final du traité de Maëstricht stipule que
l'Union européenne agira en conformité avec les dispositions adoptées par
l'OTAN" (8). Cette démonstration stratégique de la volonté hégémonique
militaire révèle bien que "les États-Unis destinent leurs alliés au rang
et au rôle de supplétifs. Selon l'excellente formule de William Pfaff: l'OTAN
élargie est promise à devenir la légion étrangère du Pentagone"(9).
2.
Renforcement
économique, militaire et politique de la Turquie (à travers les aides
américaines et européennes), donc de l'influence déséquilibrante de ce pays sur
le Moyen-Orient mais aussi sur la Transcaucasie particulièrement pauvre, afin
de mieux asseoir l'hégémonie américaine, tout en voulant faire payer une partie
de la note par les Européens, à travers l'entrisme de l'Etat turc dans l'Union,
activé par Washington. "Au delà de la bonne gouvernance de l'Union
européenne, y admettre la
Turquie équivaudrait à y faire entrer les États-Unis
dont elle est l'agent patenté" (10). L'utilisation de la
Turquie par les
Américains, comme point d'appui pour toutes les zones environnantes arrange les
affaires de l'État turc qui y trouve son compte. A titre d'exemple, lors de la
crise boursière turque en 2000, les États-Unis font accorder rapidement par le
FMI et la Banque mondiale, 10 milliards de dollars qui se sont ajoutés aux 3,7
milliards obtenus en décembre 1999 (11).
3.
Dilution
et affaiblissement de la cohérence de l'Union européenne qui, avec ses dix
voire douze nouveaux membres, mais surtout lestée de la Turquie, prendrait
certainement le chemin d'une zone de libre échange rêvée par la
Grande-Bretagne. Cela conduirait très probablement l'Union à l'impuissance
politique et stratégique. N'est-ce pas un commissaire européen qui ironisait :
"plus les frontières de l'Europe seront étendues, mieux ce sera pour les
intérêts américains. Imaginez-vous la réaction si on leur disait de s'élargir
au Mexique ?" (12). Il est évident par ailleurs que le Moyen-Orient et la
Transcaucasie de plus en plus instrumentalisés par Washington n'ont pas intérêt
à ce que l'Europe malgré sa paralysie politique puisse offrir une alternative.
"L’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, c’est l’assurance pour
les
Etats-Unis, que celle-ci, diluée dans un trop large espace, ne sera jamais
une Europe-puissance qui pourrait un jour leur tenir tête, tout comme
l’intégration de l’Ukraine dans celle-ci ruinerait pour toujours l’espoir de la
Russie, privée d’ancrage au centre de l’Europe, de redevenir une grande
puissance régionale a fortiori mondiale" (13).
4.
Création
d'un environnement sécurisé pour la production et l'acheminement pétrolier sous
la houlette de Washington, lui permettant de manœuvrer à son avantage les pays
producteurs du Moyen-Orient et de mieux protéger les importantes réserves d'or
noir du bassin de la mer Caspienne. En effet, les États-Unis, devant accroître
leurs importations de
pétrole de 60% d'ici 2020, sont condamnés à diversifier
leurs sources d'approvisionnement (14). Il est aussi important de noter que les
réserves du sol américain seront probablement épuisées dans les années 2010.
"La
Turquie est l'une des pièces maîtresses du jeu états-uniens contre la
Russie pour le contrôle du lac caspien et surtout pour le transit de ce pétrole
qui devrait principalement s'effectuer vers le port turc de Ceyhan" (15)
(oléoduc BTC : Bakou-Tbilissi-Ceyhan) ainsi que pour le transit du gaz caspien
qui devrait arriver dans la ville turque d'Erzeroum (gazoduc BTC). Il ne faut
pas aussi perdre de vue que Washington, parallèlement à tout cela, développe
une stratégie de sécurisation des voix et structures introduisant et amplifiant
la globalisation dans ces zones, leur permettant de conquérir des marchés pour
leurs entreprises.
5.
Extension
de l'influence américaine en Transcaucasie jusqu'à l'Asie centrale à travers,
entre autres, la puissance turque afin de mieux évincer la Russie, l'Iran et la
Chine des ressources (ou droits de passage) énergétiques de la Caspienne.
"La pénétration américaine au
Caucase, parallèlement à un accroissement de
la coopération entre la Géorgie, l'Azerbaïdjan et la Turquie dans le domaine de
la sécurité semble avoir indisposé le pouvoir russe" (16). En effet, il
est irritant pour ce dernier, considérant le Caucase comme sa chasse gardée, de
voir que "la Turquie sous-traite pour les Américains la formation et
l’équipement de militaires géorgiens. Avec l’Azerbaïdjan enfin, la lutte
d’influence est quasi-permanente entre Moscou et Washington, derrière qui se
range résolument la Turquie" (17). Il faut à cet égard rappeler que depuis
B. Clinton déjà, le ministère américain de la défense a approvisionné en armes
et a entraîné les forces armées de l'Azerbaïdjan, de la Géorgie, du Kazakhstan,
du Kirghizistan et de l'Ouzbékistan ; depuis le 11 septembre 2001, G. W. Bush a
intensifié les efforts dans ces zones (18). "Le contrôle américain sur les
principales sources pétrolières du monde (Golfe persique et région Caspienne :
70% des réserves mondiales) pourrait ainsi sortir renforcé par ce déploiement
militaire dans le Caucase" (19) soutenu par la Turquie. En fait,
indépendamment de la volonté américaine de neutraliser l'influence russe au
niveau des champs pétroliers de la Caspienne, le "cordon sanitaire"
mis en place par les États-Unis autour de la
Chine (20), à travers des accords
ou une présence militaire en
Asie centrale, en Russie, en Inde, en Corée et au
Japon, isole Pékin en l'écartant du jeu. "Qu’il s’agisse de miner la
construction d’une Europe qui deviendrait réellement indépendante de son mentor
d’outre Atlantique, d’amplifier le reflux de l’influence russe dans les
Balkans, dans le Caucase et en Asie centrale ou bien de contribuer à
l’endiguement de la remontée en puissance de la Chine, les Turcs, quelles que
soient les raisons nationales de leur action, ne se conduisent guère
aujourd’hui que comme des agents des Américains" (21). De plus, la
présence américaine ne pouvant être partout permanente dans le temps, elle est
susceptible à terme, d’être en partie relayée par la Turquie, au Caucase et en
Asie centrale.
6.
Nouveaux
positionnements militaro-stratégiques des États-Unis accentuant leur présence
dans certains pays, afin de mieux surveiller et éradiquer les nids terroristes
qui, d'après eux, sont dispersés au Moyen-Orient. De son côté,
Israël angoissé
par sa sécurité essaie de « faire le ménage » en Palestine. En fait,
la recomposition du Moyen-Orient est à l'ordre du jour : cela a été patent dans
la guerre contre l'Irak dont les justifications laissent un goût amer. Cette
occupation doit permettre de verrouiller le Moyen-Orient à travers le triangle
Israël, Turquie, Irak. "En 1996, en effet, la Turquie a conclu avec Israël
sous l’égide des Etats-Unis, deux accords militaires et stratégiques d’une très
grande importance (...). Ces accords militaires ont entraîné une forte
intensification des échanges commerciaux en général entre les deux pays qui se
perçoivent de plus en plus comme des partenaires complémentaires (...). La
priorité accordée par la Turquie à son alliance avec Israël s’est manifestée
enfin dans deux autres domaines,
la question de l’eau et la reconnaissance du
Génocide arménien" (livraison d’eau par bateaux-citernes géants par la
Turquie à Israël et lobbies juifs très puissants à Washington au service de la
Cause turque face à la diaspora arménienne d’Amérique) (22). Par ailleurs, les
efforts de "neutralisation" de l'Europe par la Maison Blanche auront-ils
des effets pérennes ? En fait, "la politique extérieure des États-Unis est
de plus en plus structurée par deux conflits principaux, avec deux adversaires
qui sont les voisins immédiats de l'Europe. L'un, la Russie est l'obstacle
fondamental à l'hégémonie américaine, mais elle est trop forte pour être
battue. L'autre, le monde musulman est un adversaire de théâtre, servant à la
mise en scène de la puissance militaire américaine (…). Dans la mesure où les
pays du Golfe doivent vendre leur pétrole parce que leurs populations
s'accroissent, l'Europe n'a à craindre aucun embargo. Elle ne peut en revanche
accepter indéfiniment le désordre entretenu entre les États-Unis et Israël dans
le monde arabe. La réalité économique suggère que cette région du monde devrait
passer dans une sphère de coopération centrée sur l'Europe et excluant assez
largement les États-Unis" (23).
Eurocentrisme
et « schizophrénie » de l’Etat Turc
Face à ces options géopolitiques, énergétiques et militaires disloquantes
et dominatrices, l'Europe en opposition avec les choix de Washington a des
priorités stratégiques plus axées vers un équilibre favorisant la paix,
impliquant cependant pour le vieux continent peu d'engagements concrets autres
qu'économiques.
Son passé colonial persuade parfois ce dernier, qu'il a une responsabilité civilisatrice lui faisant prendre des initiatives en décalage avec la réalité. Ce continent doit cesser de penser que seule sa société a des lettres de noblesse universalistes et que les autres mondes sont des copies ratées de la sienne. L'Europe ne doit pas se sentir obligée de n'offrir que l'intégration à son système, aux pays non européens qu'elle veut aider. Cet eurocentrisme fait dire à Dominique De Villepin, ministre des Affaires étrangères que l'Union est appelée à devenir "le creuset d'une mondialisation maîtrisée".
Le viol des consciences a un coût terrible
Par ailleurs, au niveau de la population, à chaque fois qu'on a voulu donner de l'extérieur un sens qui n'est pas le sien à une société ou à une communauté, cela s'est traduit par un échec ou une catastrophe. L'européanisation factice de la société turque à travers son incorporation dans l'Union, véritable viol des consciences de la population, ne la rendrait pas plus démocratique ni plus humaniste dans le cadre d'une vision occidentale. La dé-symbolisation artificielle et imposée directement ou indirectement à une société, engendre de nombreuses déliaisons et le délitement des structures sociales, pour aboutir à un trauma collectif avec de graves conséquences que l'Europe et l'Etat turc ne prennent malheureusement pas en compte. Le journal Radikal d'Istanbul ne disait-il pas dans son éditorial de janvier 2003 : "Sur quoi se fonde-t-on et quels arguments utilise-t-on pour justifier l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne ?" D'après lui, le slogan, "le salut de la Turquie se trouve dans l'adhésion", est un non sens qui débouche sur le regroupement d'individus et de collectivités qui ont des visions du monde contradictoires.
"Un engouement superficiel"
L'emprise de l'Occident sur le Moyen-Orient était déjà analysée au début
du XXème siècle à l'époque de Mustapha Kémal, de la manière suivante
: "En venant en Orient, l'Européen y a amené une mentalité nouvelle, une
nouvelle conception de la vie. Les deux mentalités étant différentes, elles se
sont heurtées, la prépondérance restant néanmoins à l'européenne, parce qu'elle
était appuyée par la force; et l'Oriental fataliste s'inclina provisoirement.
Les imaginations stimulèrent son instinct d'imitation et son tempérament
jouisseur. Il semble donc s’y rallier et là où il n'y avait qu'un engouement
superficiel, l'Européen croit voir un commencement d'assimilation. Or, il n'y a
jamais eu, il ne pourrait jamais, sauf à de très rares exceptions, y avoir
d'assimilation" (24).
Il faut se souvenir que c'est une classe de dirigeants laïcs-panturquistes, considérés comme progressistes et se voulant proches des Européens, qui en 1908, après avoir exalté la fraternité et la réconciliation avec les chrétiens, après avoir proposé une modification libérale de la Constitution… ont séduit les Puissances qui leur ont accordé "un délai de régénération" (25). En 1915, ces "progressistes" organisent le génocide des Arméniens et des Assyros-Chaldéens en instrumentalisant l'Islam. C'est encore "les héritiers" kémalistes de ces Jeunes Turcs, tout aussi progressistes, faisant adopter des "valeurs" européennes souvent sous la contrainte, qui déportent et massacrent les Grecs et Kurdes tout au long des années 1920… en imposant au peuple turc un régime militaire autocratique.
Schéma « schizophrène »
Nous sommes aujourd'hui dans le même schéma « schizophrène » avec cette quête d'intégration de l’Etat turc qui, d'une part légifère sur quelques options démocratiques pour séduire les Européens en présentant un visage qui n'est pas le sien, et d'autre part reste dirigée par un régime militariste ultra-nationaliste bafouant les droits de l'homme, opprimant ses minorités, transformant son histoire, s'obstinant dans son négationnisme refusant d'évacuer Chypre… "Le fait qu'une forte majorité de la population turque se soit prononcée en faveur d'un parti islamiste, même si celui-ci s'affirme modéré, ce qui est pour le moins antinomique, traduit une accélération du processus d'islamisation de la société turque" (26). Ce qui est peut-être, entre autres, la traduction politique d’une "réaction anthropologique" qui, d’une part s’éloigne encore plus de l’Occident mais qui, d’autre part la rend plus manipulable. Il faut ici se rappeler de l’instrumentalisation des islamistes par Washington en Arabie Saoudite, Afghanistan comme au Pakistan.
Jeux caucasiens
Cela convient en réalité aux Américains qui "sont maintenant engagés dans une fantastique partie d'échec face encore à la Russie…et s'attachent à refouler les Russes à l'intérieur de leurs terres originelles" (27). Dans cette optique, indépendamment des opérations d'absorption de l'OTAN, les États-Unis favorisent la présence économique de la Turquie au Caucase à travers, entre autre, son intégration dans l'Union européenne. En effet, le PIB/habitant en PPA de la Turquie est 2,1 fois supérieure à celui des trois pays (Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan) de la Transcaucasie (28). L'éventuelle manne européenne qui profiterait surtout à la dizaine de grandes familles maîtrisant l'économie turque, accroîtrait très sensiblement cette distorsion et mettrait certainement à terme ces pays puis tout le Caucase sous tutelle économique de l'Etat turc. Elle risque même, à plus long terme, d'entraîner la turquification de cette région, réalisant ainsi le rêve panturquiste de certains dirigeants, car la Turquie serait alors reliée sans discontinuité territoriale aux pays turcophones de l'Asie centrale.
Une alternative
L'Union européenne aurait tort d'encourager malgré elle, une logique "d'Empire ottoman moderne", fondé entre autres, sur le panturquisme au service de Washington, et de tomber dans le piège stratégique de l'hégémonisme américain. Elle a tout intérêt à offrir une alternative :
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Le Caucase. Crédits: J. Mardirossian
Le
réveil du Panturquisme Née au XIXème siècle mais surtout développée au début du XXème siècle, cette idéologie, pensant compenser la perte des conquêtes africaines et européennes de l'Empire ottoman en "exaltant la supériorité de la race et du sang turc" visait à l'assimilation par la force des non Turcs constituant la majorité de l'empire. Elle se doubla du pantouranisme ayant pour but de rassembler tous les peuples touraniens (même famille linguistique) qui s'étendraient du Bosphore à l'Asie centrale. Un des plus influent idéologues, Yasuf Aktchura, lança le slogan "turquification, islamisation, modernisation". Il décrivit "le monde des turcs comme un ensemble racial et culturel" (29). Avec la bénédiction de l'Allemagne, cette idéologie ultra nationaliste et militariste instrumentalisant l'Islam, a engendré les pires calamités : implication de la Turquie dans la Première Guerre mondiale au côté de l'Allemagne, perpétration de génocide, massacres et transferts de populations, régression économique de la société turque…
Un rapport pervers à l'histoire
Le panturquisme resta relativement silencieux sous le kémalisme, eu égard en particulier au danger représenté par l'URSS. Mustapha Kémal se désolidarisa du pantouranisme et du panislamisme mais intégra dans son giron les Jeunes-Turcs et le turquisme laïc fut le fondement de son idéologie : il militarisa les structures gouvernementales du pays, créa les conditions d'expulsion des minorités non turques ou de leur assimilation par la violence et fit légitimer sa vision de l'Histoire par une anthropologie raciale présentant les Turcs comme des purs Aryens dignes descendants "d'une race prodigieuse" . Il fit aussi remonter la présence turque en Anatolie à 5000 ans avant notre ère, en "turquifiant" les Hittites, les Etrusques, les Grecs et même les Sumériens. C'est en 1935 que furent édités les quatre volumes "l'histoire turque et universelle" (30) qui serviront de fond documentaire aux fantasmes racistes dans les écoles, les universités, les maisons et chambres du peuple, l'armée, la presse…"Il s'agissait notamment par le biais d'un vaste lavage de cerveau de gagner le peuple anatolien aux idéaux de la république de Turquie" (31). Cette imprégnation idéologique depuis plus de 80 ans contribua à créer chez les dirigeants et dans une partie de la population une forme de « schizophrénie » entretenant un rapport pervers avec l'histoire et l'identité collective.
Un espace d'extension dans les pays turcophones du Caucase et de l'Asie centrale
L'implosion de l'URSS le 8 décembre 1991 engendra un vide que certains pays voudraient bien combler à leur profit. Elle a en particulier ouvert à l'État turc un espace d'extension dans les pays turcophones du Caucase et de l'Asie centrale : Azerbaïdjan, Turkménistan, Ouzbékistan, Kirghizstan, Kazakhstan (le Tadjikistan est iranophone). Le 1er septembre 1991, devant la Grande assemblée turque, le président Turgut Ozal appela ses concitoyens à ne pas "manquer cette chance qui se présente pour la première fois depuis 400 ans"(32). Une stratégie d'expansion culturelle fut immédiatement mise en œuvre par l'État turc afin de "s'affirmer comme une puissance clef du système eurasiatique"(33), pour en tirer les bénéfices politique, économique et énergétique. Cette fois, c'est la Maison Blanche qui encourage cette stratégie dans le but de mieux maîtriser ces régions avec le concours de l'État turc. D'une pierre (la Turquie), les États-Unis font trois coups : en poussant ce pays dans les bras de l'Europe, ils diluent cette dernière et contribuent à balkaniser le Moyen-Orient (tout en faisant de la Turquie un des gendarmes de cette région). En l'encourageant à convoler avec les pays turcophones de l'ex-URSS, Washington s'en fait un partenaire pour éloigner la Russie du Caucase et de l'Asie centrale. "En octobre 1992, à l'initiative d'Ankara, a été créée l'organisation des États turcophones. Y ont adhéré la Turquie, l'Azerbaïdjan, le Kazakhstan, l'Ouzbékistan, le Turkménistan et le Kirghizstan"(34). Par ailleurs, dés le début des années 1990, l'État turc élabora une stratégie de développement des liens culturels avec le Caucase et les pays d'Asie centrale, vite remarquée par les spécialistes. "Il ne fait plus de doute dès lors que l'ambition de la Turquie est de devenir la Mecque culturelle du monde turcophone" affirme Éric Rouleau en 1993" (35). Cette stratégie ethno-culturelle reçoit l'appui sans réserve des Américains et des Européens qui y voient un moyen efficace de pénétrer une zone stratégique jusque-là sous influence russe et iranienne affirme Gangloff en 1992 (36).
Propagande contemporaine
C'est une "machine de guerre culturelle" qui est mise en place par le gouvernement turc, sous la houlette des ministères des Affaires étrangères et de la Culture, via l’agence de coopération turcophone TIKA. Sa fonction est de "promouvoir le modèle turc et la coopération culturelle à travers l'instigation et l'encadrement de nombreux projets tels que l'établissement d'une langue et d'un alphabet communs pour les turcophones, les échanges universitaires, l'enseignement et le soutien des projets médiatiques et communicationnels". L'agence de coopération culturelle turcophone TURSOY a pour objectif "d'accroître les relations culturelles entres les pays et les communautés turcophones (…) pour maintenir une unité de langue et de culture (…) afin de créer des solidarités entre ces pays" (37). En outre, tous les réseaux Internet de ces républiques sont connectés via la Turquie. La radio "Voix de la Turquie" fait la propagande du modèle turc. La grande agence de presse Anadolou Ajansi, l'Union des agences d'information des pays turcophones (UAIPT) et l'Union de la presse eurasiatique permettent à l'État turc d'avoir pratiquement le monopole de l'information diffusée dans le monde turc (Avçar 1996). Enfin, grâce au satellite pan-turc Türksat et la chaîne de TV eurasiatique "Avrazya", la Turquie s'est offert la possibilité d'être "la télévision communautaire du monde turcophone" (Avçar 1996) (38). Par ailleurs, certaines institutions spécialisées turques essaient de créer une mémoire commune avec des adaptations et manipulations d'ordres généalogiques, historiques, territoriales et anthropologiques.
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L'espace turcophone. Crédits: J. Mardirossian
Une alliance crispée mais objective : Loups gris, mafia, Etat Turc,
Washington Les républiques d'Asie centrale dominées par leurs propres intérêts montrent en fait peu d'empressement pour adhérer au panturquisme, tout en acceptant ces "cadeaux". Par contre, "derrière l’évanescence de ses fantasmes pantouraniens, la Turquie malgré la relative modestie de ses moyens face aux besoins spécifiques énormes du reste du monde turcophone, est parvenue, ces années-ci, à affirmer dans celui-ci une présence multiforme bien réelle et à y acquérir une influence avec laquelle les autres pays qui prétendant jouer également un rôle en Asie centrale, doivent compter" (39). En outre, malgré le manque de moyens économiques de la Turquie pour concrétiser cette ambition démesurée, l'instrumentalisation même éphémère du panislamisme en quête d'identité, par le panturquisme, que les appétits géostratégiques des États-Unis encouragent sans tenir compte du potentiel de violence généré par la synergie de cet amagalme, et que l'éventuelle manne européenne aidera directement et indirectement, risque d'engendrer des désastres socio-politiques et humains.
En effet, si le néo-fondamentalisme déterritorialisé induit par la modernité individualiste et la mondialisation, est un véritable agent de déculturation refusant l'État nation, sa radicalisation produit des "jihadistes" de différents types privilégiant le terrorisme, la lutte armée ou le combat de rue : Al-Qaïda, Talibans, Loups gris. "Le Jihad redonne vie à un territoire mythique (…) la lutte sert d'hégire spirituel (…) pour recréer un territoire (…) ; c'est la quête d'une ouma (communauté religieuse) imaginaire"(40) de type panislamiste.
Une importante charge de violence
L'idéologie panturquiste actuelle tout aussi trans-nationale et virtuelle, se fonde néanmoins sur un puissant appareil étatique concret qui, cherchant à manœuvrer le panislamisme en lui servant de support stratégique, emmagasine ainsi une importante charge de violence. En 1999, le Mouvement national MHP, héritier du panturquisme, dont les Loups gris font partie, a recueilli 18% des voix aux élections législatives et a lourdement pesé sur la politique turque. Rappelons que les Loups gris ont pour devise: "notre guide est le Coran, notre but est le Touran (…). Les trois grandes forces qui se partagent la scène politique sont le national populisme d'inspiration péroniste d'Ecevit, la fascisme panturquiste et enfin l'islamisme"(41), ceci indépendamment de l'autocratie militaire qui contrôle pratiquement tout l'espace public turc à travers son Conseil national de sécurité.
La mafia opère au sein de l'État turc
Enfin, dans "une Turquie où de nombreux politiciens, hauts fonctionnaires, de récents Premiers ministres même, vivent en parfaite symbiose avec une grande mafia de la planète, (…) la symbiose mafia turque-Loups-gris" (42) est exemplaire. Ces derniers ont débuté en éliminant les gauchistes… sur demande de la police et de l'armée. Ils entrent ensuite au service des parrains de la drogue (la Turquie est un des principaux producteurs transformateurs et exportateurs de drogues dures du monde), "pour financer leurs opérations politiques et terroristes (…) et l'impunité dont ils jouissent vont les faire progresser encore plus vite au sein des familles criminelles"(43). Ils s'intègrent à la mafia qui opère au sein de l'État turc, contrôlent les casinos (blanchiment d'argent) et les prisons, manipulent les appels d'offre et les marchés publics, pillent les banques publiques, maîtrisent le trafic de stupéfiants et d'armes… " Le 1er août 1996, le quotidien Sabah révèle qu'à eux seuls les 5 principaux propriétaires de casinos du pays possèdent jusqu'à 80% des bons du Trésor turc; or ces propriétaires sont tous des mafieux connus ou des narcotrafiquants de premier plan" (44). Après l'implosion de l’URSS, les Loups gris investissent les républiques turcophones d'Asie centrale et l'Azerbaïdjan, chargés par l'État des opérations "noires". En mars 2002, l'un des plus grands parrains inaugure, en présence de personnalités politiques, artistiques et sportives "le lancement de son site Internet diffusant la doctrine nationaliste pantouranienne et préparant l'unité de la nation turque, forte de 300 millions de Turcs"(45). Voir une carte de la corruption dans l'espace UE27+Turquie
Un coup de baguette magique et tout devient plus simple...
En fait, la frénésie expansionniste de l'État turc "gérant" les religieux à travers un directoriat qui les rémunère, et dont les alliés objectifs sont ces idéologues extrémistes flanqués de la mafia, attise un panturquisme contemporain soutenu par Washington. Le rôle de pivot multirégional que l'Occident fait jouer à la Turquie (Moyen-Orient, Caucase, Mer Noire, Asie centrale) accentue en réalité sa déstabilisation et l'empêche de se concentrer sur un réel projet de développement intérieur que les dirigeants s'imaginent régler par un coup de baguette magique via l'intégration dans l'Union européenne.
Tout est mis en œuvre pour étendre le système de gouvernance turque jusqu'en Asie centrale car "la Turquie ambitionne de devenir le principal pôle de recomposition de l'espace musulman de l'ex-URSS" stipulait déjà en 1993 Olivier Roy, un des meilleurs spécialistes de l'Islam. "A la frontière du religieux et du politique, les responsables turcs s’attachent systématiquement à faire valoir à leurs homologues d’Asie centrale, les mérites de leur islam laïc tel que sorti du monde de la révolution kémaliste, c’est-à-dire d’un islam officiel contrôlé et instrumentalisé par l’Etat et son département des affaires religieuses, la Diyanet" (46). Cela arrange la stratégie occidentale et américaine en particulier, qui joue le rôle d'apprenti sorcier comme elle l'a fait dans d'autres contextes en Afrique, Arabie Saoudite, Pakistan… avec cette fois le mélange explosif panturquisme/panislamisme. Le peuple turc en paie déjà la facture.
L'Union européenne va t'elle se joindre à cette stratégie géopolitique
néocolonialiste dont un des élément est l'intégration de la Turquie dans
l'Europe élargie ?
Jules Mardirossian
NDLR: Sur le concept d'intégration régionale, lire : Jacques Ténier, "Intégrations régionales et mondialisation. Complémentarité ou contradiction", Paris, documentation Française, septembre 2003, 232 p.
Notes :
(1) Jean-Paul Bled, professeur d'histoire à l'Université
Paris Sorbonne (Paris IV) :
"L'élargissement de
l'OTAN" dans la
Revue française de Géopolitique n° 1, éd. Ellipses, 2003.
(2) Charles Saint-Prot, écrivain spécialiste du monde arabe
:
"Géopolitique des Etats-Unis au Moyen Orient" dans la
Revue
française de Géopolitique n° 1, 2003.
(3) Hossein Latif Dizadji, journaliste, docteur de
l'Université de la Sorbonne Nouvelle-Paris III :
"Les
relations entre la Turquie et les Etats-Unis" dans la revue
Eurorient n° 13 de mars 2003.
(4)
(4)Nicole Gnesotto, directeur de l'Institut d'études de
sécurité de l'Union européenne :
"Après Copenhague,
sortir de la fiction" dans
Le Figaro du
14-15 décembre 2002.
(5)
(5) Christophe Réveillard, docteur en histoire, chercheur à la
Sorbonne :
"Les Etats Unis et l'Europe depuis 1945" dans la
Revue
française de Géopolitique n° 1, 2003.
(6)
Michael Klare, professeur à l'Université Hampshire,
Massachusetts :
"Les vrais dessins de Monsieur Georges
Bush" dans le
Monde diplomatique
de novembre 2002.
(7)
Jean-Paul Bled, professeur d'histoire à l'Université Paris
Sorbonne (Paris IV) :
"L'élargissement de l'OTAN" dans la
Revue
française de Géopolitique n° 1, 2003.
(8)
Bernard Guillerez, spécialiste des questions de défense,
rédacteur à Défense nationale :
"L'OTAN, instrument
de la puissance américaine" dans
la
Revue française de Géopolitique
n° 1, 2003.
(9)
Jean-Paul Bled, professeur d'histoire à l'Université Paris
Sorbonne (Paris IV) :
"L'élargissement de l'OTAN" dans la
Revue
française de Géopolitique n° 1, 2003.
(10) Pierre Biarnès, ancien journaliste au service étranger
du "Monde" ; il représente les Français établis hors de France au
Sénat depuis 1989 ; il est devenu un spécialiste des questions stratégiques
internationales :
"Pour l'empire du monde. Les Américains aux
frontières de la Russie et de la Chine",
éditions Ellipses, 2003.
(11) Ibid.
(12) Pascal Lamy, commissaire européen :
AFP, décembre 2002.
(13) Pierre Biarnès,
"Pour l'empire du
monde. Les Américains aux frontières de la Russie et de la Chine", éditions Ellipses, 2003.
(14) U.S. Department of
energy :
"International Energy
out look", Washington DC, 2002.
(15) Mohammad-Reza Djalili, professeur aux instituts
universitaires de hautes études internationales et du développement à Genève et
Thierry Kellner, diplômé de l'Université libre de Bruxelles et de l'institut
universitaire de hautes études internationales
: "Les
Etats-Unis et l'Asie centrale après le 11 septembre 2001" dans la
Revue française
de Géopolitique n° 1, 2003.
(16) Charles Saint-Prot, écrivain spécialiste du monde arabe
:
"Géopolitique des Etats-Unis au Moyen orient" dans la
Revue
française de Géopolitique n° 1, 2003.
(17) Pierre Biarnès,
"Pour l'empire du
monde. Les Américains aux frontières de la Russie et de la Chine", éditions Ellipses, 2003.
(18) Michael Klare, professeur à l'université Hampshire,
Massachusetts, dans
Resource Wars, New-York, 2002.
(19) Mohammad-Reza Djalili et Thierry Kellner :
"Géopolitique
de la nouvelle Asie centrale. De la fin de l'URSS à l'après 11 septembre", éditions PUF, 2003.
(20) Les réserves pétrolières de la Chine sont en baisse,
alors que les besoins liés au développement sont en hausse. Aujourd'hui la
Chine importe 30% de sa consommation de pétrole ; elle en importera
probablement 50 % en 2010 dont les 2/3 en provenance du Golfe. Mohammad-Reza
Djalili et Thierry Kellner :
"Géopolitique de la nouvelle
Asie centrale" éditions PUF, 2003.
(21) Pierre Biarnès,
"Pour l'empire du
monde. Les Américains aux frontières de la Russie et de la Chine", éditions Ellipses, 2003.
(22) Ibid.
(23) Emmanuel Todd :
"Après
l'empire", éditions Gallimard, 2002.
(24) Ata Ayati de l'EHESS :
"Le
kémalisme et le panislamisme" dans
la revue
Eurorient
n° 5, 1999
(Turquie : occidentalisation éclatée).
(25) Yves Ternon, historien :
"L'Empire
ottoman", éditions Michel de Maule, 2002.
(26) Yves Ternon, historien :
"article-interview
du 3-02-03" sur le site officiel du CRIF,
www.crif.org.
(27) Pierre Biarnès,
"Pour l'empire du
monde. Les Américains aux frontières de la Russie et de la Chine", éditions Ellipses, 2003.
(28) PNUD (Programme des Nations Unies pour le
Développement) :
"Rapport mondial sur le développement
humain", Economica, 2003. PIB (produit
intérieur brut) : total de la production des biens et services destinés à une
utilisation finale et réalisée par des agents économiques résidents et non
résidents (somme des valeurs ajoutées créées). Le PIB en PPA (parité du pouvoir
d'achat) neutralise les différences entre pays. Le PIB/habitant en PPA est le
quotient du PIB en PPA par la taille de la population.
(29) Yves Ternon, historien :
"L'Empire
ottoman" éditions Michel de Maule, 2002.
(30) Ibid.
(31) Ali Arayici, universitaire-docteur d'Etat ès Sciences
humaines :
"L'évolution de l'alphabétisation et de la
scolarisation en Turquie" dans la revue
Eurorient n° 5,
1999 (Turquie : occidentalisation éclatée).
(32) Pierre Cyril Cyrus Teymour Pahlavi, doctorant et
assistant d'enseignement à l'Université Mc Gil.
"La Turquie
à la recherche des éléments fédérateurs de l'identité panturque : le contexte
et les causes",
www.diploweb.com
, janvier 2003.
(33) Ibid.
(34) Youri Roubinski, directeur du Centre d'Etudes
Françaises de l'Institut de l'Europe à l'Académie des Sciences de Russie à
Moscou :
"Moscou et Ankara", éditions Ifri, 2002.
(35) Pierre Cyril Cyrus Teymour Pahlavi :
"La
Turquie à la recherche des éléments fédérateurs de l'identité panturque : le
contexte et les causes",
www.diploweb.com
, janvier 2003.
(36) Pierre Cyril Cyrus Teymour Pahlavi :
"La
Turquie à la recherche des éléments fédérateurs de l'identité panturque :
organisation et mise en œuvre",
www.diploweb.com,
janvier 2003.
(37) Ibid.
(38) Ibid.
(39) Pierre Biarnès,
"Pour l'empire du
monde. Les Américains aux frontières de la Russie et de la Chine", éditions Ellipses, 2003.
(40) Olivier Roy, spécialiste de l'Islam politique et des
réseaux islamistes dans le monde :
"L'islam
mondialisé", éditions du Seuil, 2002.
(41) Pierre André Chanzy :
"Au pays du
loup et du croissant" dans la revue
Regard
n° 50,
octobre 1999.
(42) Xavier Raufer, directeur des études du Département de
recherche sur les menaces criminelles contemporaines et chargé de cours à
l'Institut de criminologie de Paris (Université Paris II Panthéon-Assas) :
"Le
grand réveil des mafias", éditions JC
Lattès, 2003.
(43) Ibid.
(44) Ibid.
(45) Ibid. (46) Pierre Biarnès, "Pour l'empire du monde. Les Américains aux frontières de la Russie et de la Chine", éditions Ellipses, 2003. Copyright 20 décembre 2003-Mardirossian / www.diploweb.com L'adresse URL de cette page est www.diploweb.com/forum/mardirossian.htm |
Date de la mise en ligne: janvier 2004 |
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Biographie de Jules Mardirossian, journaliste scientifique, Président du Centre d'études de documentation et d'informations arméniennes (CEDIA) |
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De formation scientifique, Jules Mardirossian a
travaillé sur les questions de crimes contre l’humanité, de diversité
culturelle dans le cadre des Etats nations. Il a étudié les évolutions
géopolitiques du Caucase, du Moyen-Orient et de l’Asie centrale.
Jules Mardirossian a donné de nombreuses conférences
sur ces sujets et participé à l’organisation de colloques. Le dernier en date,
en 2003, avait pour titre : « Quel avenir pour la diversité
culturelle dans la société française ? »
Il est actuellement Président du Centre d’études de
documentation et d’informations arméniennes (CEDIA) et Président du magazine
mensuel « France-Arménie ». Il est plus particulièrement
responsable dans cette publication de la rubrique « Fenêtres sur le
monde », mettant en valeur les nouvelles parutions d’ouvrages et
d’articles scientifiques traitant des questions géopolitiques, sociétales et de
crimes contre l’humanité.
Jules Mardirossian considère qu’il existe un lien important entre la diversité culturelle, les crimes contre l’humanité et certains aspects géopolitiques. |
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