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de l'Europe Transitions & Sociétés, n° 3, mars 2003 "La Pologne" |
Une riche palette d’informations sur ce pays qui pèsera de plus en plus lourd dans la géopolitique européenne : histoire, économie, diplomatie... (Voir le résultat du référendum 2003 au sujet de l'adhésion à l'Union européenne) |
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Ed.
Magna Europa, 94 rue Thiers, 92100 Boulogne, France Ce troisième numéro de la revue
Transitions & Sociétés rassemble onze articles sur la Pologne et trois
documents du Groupe de Recherche européen sur la Délinquance Financière et la
Criminalité organisée (DELFI).
Un pays qui pèsera
de
plus
en
plus lourd
Avec près de 40 millions d’habitants,
la
Pologne est un pays qui pèsera lourd dans l’Union européenne élargie. Elle
aura autant de députés au
Parlement européen que l’Espagne et seulement deux voix de moins que la France
ou l’Allemagne au Conseil Européen.
Ce numéro 3 de
la revue T&S
présente nombre d’articles de référence pour mettre en perspective l’adhésion
de ce pays clé du Centre-Est.
Alexandra Viatteau propose un texte
intitulé : « Transition Est-Ouest. Pologne, du passé vers le futur de
l’Europe ». Elle s’attache à présenter la singularité de l’histoire de ce
pays depuis le X e siècle, tout en expliquant sans acrimonie les ambiguïtés qui
pèsent encore sur les relations entre Paris et Varsovie.
Le site diploweb.com
présentera prochainement une version
développée de ce texte.
Comprendre
son
histoire
récente
Andrzej Paczkowski, de l’Institut
d’Etudes Politiques de Varsovie, présente un article très pédagogique :
« Sortie du communisme : la voie polonaise ». Avec un grand
souci de la chronologie, l’auteur s’attache à distinguer des étapes, tout en
mettant le doigt sur l’intervention des acteurs intérieurs et extérieurs :
Moscou,
Washington, le Vatican. Il résume ainsi les traits spécifiques de la
voie polonaise de sortie du communisme :
-
la longueur du chemin pour atteindre
les limites du système (1980-1989) ;
-
l’existence d’une opposition organisée
de masse, ayant plongé ses racines dans tous les groupes sociaux ;
-
une situation économique
particulièrement mauvaise (seule
la Roumanie était dans un état encore
pire) ;
-
l’existence de deux personnalités
fortes : Walesa, qui présentait toutes les compétences tactiques et la foi
dans le succès ; Jaruzelski, qui une fois convaincu de la nécessité d’un
accord avec l’opposition, tint son engagement ;
-
le rôle clé de l’Eglise catholique qui
possédait à la fois une grande vision (Jean-Paul II) et un grand talent pour la
diplomatie secrète.
Ce qui n’a pas empêché le retour des néo-communistes aux affaires depuis l’automne 2001… A malin, malin et demi.
Un PIB toujours inférieur à 50 % du niveau moyen de l’UE
Georges Mink, Directeur du Centre Français de Recherche en Sciences Sociales (Prague), présente une intéressante « Esquisse de l’état de la société polonaise. (1989-2002) ». Il s’avère que la fondation du régime communiste en Pologne s’est soldée par une mobilité « globale » plus intense que celle liée à la (re)construction du capitalisme dans les années 1990. L’auteur attire l’attention sur les groupes les plus vulnérables face au nouveau choc social : la paysannerie et les ouvriers. Quels seront leurs choix dans les prochaines échéances électorales ?
Pologne: Cracovie en 2004. Crédits: Pierre Verluise
Jean-Pierre Pagé, consultant associé
au Centre d’Etudes et de Recherches Internationales (Paris), étudie l’état de
l’économie, sous le titre « La Pologne face à un nouveau défi. » Si
la période 1994-1997 se caractérise par des performances macro-économiques qui ont
placé la
Pologne en tête des pays candidats, on observe ensuite un
ralentissement de l’activité économique, avec pour résultat une aggravation du
chômage. A la vieille de son intégration, le pays souffre d’une
économie
fragilisée. « La Pologne est loin d’avoir rattrapé le niveau de vie de
l’Union européenne puisque son
PIB par habitant est toujours inférieur à 50% du
niveau moyen de celle-ci. Il faut rappeler que la Pologne est un pays nettement
plus pauvre que la Slovénie ou la République tchèque. » (p. 92)
Quelle jonction ?
Daniela Heimerl, rédactrice au Courrier des pays de l’Est de la documentation Française, met en musique « La Pologne et l’Union européenne : une valse à mille temps ». Elle retrace le chemin de l’association à l’adhésion et les relations avec l’UE. La partie la plus originale de son propos concerne la place de la Pologne au sein de l’UE élargie. Daniela Heimerl étudie « la stratégie européenne du gouvernement de la Pologne » adoptée en novembre 2001. Elle contient notamment des éléments concernant la position polonaise en matière d’élaboration d’une future vision européenne, notamment à l’égard de ses voisins orientaux. « Dans la perspective polonaise, l’UE est en panne d’une politique orientale cohérente. Le pays est en train de se positionner comme leader par rapport à la future politique extérieure de l’UE à l’égard de la Russie et d’autres anciennes républiques soviétiques. W. Bartoszwecki, ancien ministre polonais des Affaires étrangères, a affirmé que son pays souhaitait jouer un rôle de jonction entre l’UE et les voisins orientaux de la Pologne. Selon lui, la nécessité existe bien de développer des formes de coopération avec la Russie, l’Ukraine et la Biéolorussie, pays situés en deçà du niveau d’une adhésion immédiate et qui devraient aboutir à une « dimension orientale » de l’UE semblable à la « dimension septentrionale » que la Finlande a lancé avec la plupart des pays du pourtour de la Mer Baltique en 1997.
Dans le même temps, Bartoszwecki a posé la
question de savoir jusqu’où s’étendra
l’élargissement à l’Est de l’UE :
« Il semble que nous ne pouvons pas exclure, dans l’avenir, la possibilité
d’intégrer l’ensemble du continent. » La Pologne plaide donc en faveur
d’une future stratégie orientale ouverte de l’UE, à savoir présenter les perspectives
des relations avec la Russie et l’Ukraine sans déterminer, a priori, les
frontières géographiques et politiques de l’Europe. »(p. 104).
Tous européens et pourquoi pas camarades ?
Sensibilité qui s’inscrit dans l’air
du temps, puisque par petites touches la Russie fait avancer sans rencontrer
beaucoup d’opposition l’idée de sa candidature à l’UE. N’est-il pas devenu de bon ton d’entretenir
le plus grand flou sur les frontières de l’Europe – voire sur ses valeurs –
puisque nous sommes tous européens et pourquoi pas camarades ?
Une manière de nier l’altérité qui fait la richesse de l’humanité, tout en
évitant de mettre chacun face à ses choix et responsabilités. Une manipulation
conceptuelle porteuse
à
terme de malentendus préjudiciables à tous, sauf aux manipulateurs.
Chargé d’Etudes sur les Pays d’Europe
centrale au Centre de Documentation internationale de la documentation
Française, Artur Borzeda s’interroge sur le sujet suivant : « Les
relations polono-russes : vers une normalisation durable ? » Il
présente d’abord les contentieux, la signature d’un Traité d’amitié et de
coopération en décembre 1991 puis de nombreux accords de coopération, la
question de l’adhésion de la Pologne à l’OTAN, le différend au sujet de la
guerre de Tchétchénie, la relance des relations depuis l’accession au Kremlin
de Vladimir Poutine. Ce dernier a souligné en 2002 lors de sa visite à Varsovie
que l’ère est au pragmatisme pour les deux parties qui ont un intérêt mutuel à
travailler ensemble. L’économie semble constituer une clé des relations
russo-polonaises, tant la Pologne reste dépendante de la Russie pour ses
ressources énergétiques.
Dossiers du DELFI
Les dossiers du DELFI comptent enfin un article remarquable
d’Hélène Blanc (CNRS), avec le concours de Peter Csonka,
sur
« La
criminalité
organisée
en
Pologne ».
Où
il
appert
que
« La
Pologne
est
un
important
producteur
de
drogues
synthétiques
exportées
vers
l’Europe
de
l’Ouest,
principalement
vers
l’Allemagne
et
la
Suède.
C’est
aussi
un
pays
de
transit
important
pour
la
contrebande
et
les
stupéfiants
vers
l’Europe
de
l’Ouest,
en
particulier
à
partir
de
la
Turquie
et
des
Républiques
de
l’ex-URSS ».(p.
176) Les institutions européennes sauront-elles réduire
les risques induits ?
Ainsi, ce numéro 3 de Transitions
& Sociétés offre une riche palette d’informations sur ce pays qui pèsera de
plus en plus lourd dans la
géopolitique européenne.
PS: Nous vous conseillons un reportage photographique de l'agence VU : "Ma Pologne (vue par les enfants) à l'adresse suivante http://www.abvent.fr/fall2003/GAZETA/ Copyright 20 août 2003-Verluise/www.diploweb.com L'adresse url de cette page est : http://www.diploweb.com/peco/transitions3.htm |
Date de la mise en ligne: septembre 2003 | ||
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Pologne : la scène politique. Une
toute nouvelle donne, par Marcin Frybes
In
Courrier des pays de l'Est, n° 1017, août 2001, éd. documentation Française.
Au mois de septembre 2001, les
électeurs polonais ont porté au pouvoir des néo-communistes. Pour autant, la
Pologne reste candidate à l'intégration de l'Union européenne. L'avant propos
de ce numéro du Courrier des pays de l'Est pose la question : "Les
ex-communistes sauront-ils répondre aux attentes des Polonais et conforter le
statut qui est dorénavant le sien, celui d'un pays européen normal (sic)
capable, comme l'illustre la nette reprise de ses échanges avec la Russie, de
tirer le meilleur parti de sa position charnière entre l'Union européenne et
ses voisins orientaux ?" Le concept de charnière semble assez bien venu
pour caractériser une possible fonction des pays d'Europe centrale et orientale
dans configuration géopolitique post-Guerre froide de l’Europe, entre l'Union
européenne et la Russie. A moins que celui de levier ne soit encore plus
pertinent.
Solidarnosc
Chercheur au CADIS-EHESS, Marcin
Frybes donne des clés pour mettre en perspective la scène politique polonaise. Il écrit : "Les transformations
de la scène politique polonaise au cours des années 1990 peuvent se lire comme
une progressive, mais inéluctable décomposition du mouvement Solidarnosc
et des idéaux qu'il avait incarnés". (p. 7) "Le mouvement social
polonais a été efficace pour détruire un système, il l'a été moins pour en
construire un nouveau", ajoute-t-il. (p. 13).
Le SLD, un discours à la fois moderne
et sécurisant ?
Résultat, l'Alliance de la gauche
démocratique (SLD) - qui revendique sa filiation avec l'ancien parti communiste
- domine la vie politique en Pologne. Peut-être parce qu'elle "représente
ceux qui se sentent perdus, c'est à dire une large part de la société."(p.
11) "Dans l'ensemble, le SLD peut donner l'impression d'un parti
social-démocrate moderne. Sa principale force vient de son unité, à ses
nombreux cadres qui passent pour des professionnels, rompus au jeu politique,
enfin à une relative popularité auprès des jeunes, qui n'ont jamais connu la
réalité du communisme et qui se laissent attirer par un discours à la fois
moderne et sécurisant."(p. 11)
Les néo-communistes tireront-ils les
bénéfices de la chute du Rideau de fer et de l'élargissement de l'Union
européenne ?
Ce
paradoxe ne serait pas
incohérent avec une certaine logique de la nouvelle configuration géopolitique
européenne.
NDLR: A lire également dans ce numéro,
au sujet de la Pologne :
"L'Eglise dans une Pologne
désenchantée", par Bruno Drweski. "La monnaie : instrument à double
tranchant de la politique économique", par Nicolas Meunier. "Les
relations économiques polono-russes : l'ébauche du pragmatisme", par
Céline Bayou.
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