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"L'Europe et la globalisation", par Matthieu
Périchaud CHAPITRE 1 : Politique, médias et société Partie A : Société de l'information ou société de la communication ? |
Introduction - 2. Continuité et rupture de la pensée sur l'Europe - 3. Europe et globalisme - 4. La communication sur l'Europe - Conclusion et bibliographie |
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Pourtant, malgré la circulation permanente dinformations multiples (images, sons, textes, données statistiques, etc.), par des procédés fort nombreux (médias classiques, multimédia, Internet, etc.), ne serions-nous pas plutôt dans une " société de la communication " ? 1/ Communication politique, information et désinformation Le discours politique symbolise, peut-être plus quaucun autre, le lieu de rencontre entre les intérêts individuels et les intérêts collectifs. Un tel discours est en effet censé toucher lindividu, à la fois en tant que personne et en tant que membre de la société. Parallèlement, ce discours soulève un problème particulier : cest certainement en politique que la confusion entre information et communication peut être la plus dommageable. Pour cette raison, il nous semble nécessaire de rappeler brièvement la différence existant entre ces deux notions. On peut effectivement observer, à légard des notions dinformation et de communication, une ambiguïté majeure entre la théorie et la pratique. Information ou communication ? Si lon sen tient à lorigine de ces deux mots , information, informare en latin, signifie constituer dans sa forme propre, mettre en forme ; communication, provenant également du latin (communicare), signifie rendre commun, mettre en commun. Notons que ces deux définitions ne tiennent pas compte du caractère objectif ou non des données ou faits rapportés. Comme le rappelle Daniel Bougnoux : "Information qualifierait le message qui voyage dans un seul sens (de lémetteur au récepteur sans feed-back), communication, léchange réciproque entre les partenaires. Si information + interaction = communication, cette dernière semble préférable et, à coup sûr, plus sympathique." (1) Précisément, la communication semble a priori préférable à linformation puisquelle sous-entend une interaction entre les émetteurs et les destinataires du message. En pratique, ces deux termes se différencient autrement. Si lon sattend en effet à une certaine objectivité ou neutralité dans linformation, il nen est pas de même pour la communication. Ainsi, cette dernière a pour fonction de présenter des faits dans un sens voulu par ses promoteurs ou ses commanditaires. Dans ce contexte, limportant nest donc pas linformation brute mais linterprétation, le sens quon lui donnera, et les effets produits sur le comportement du récepteur. Et Guy Durandin daffirmer : " il se développe actuellement ainsi, sous le générique de "communication", une nébuleuse formée par la communauté de méthodes entre la publicité, la propagande et les relations publiques. " (2) Cette définition semble tout à fait appropriée pour qualifier la communication politique. Communication et politique Communication et politique sont deux termes indissociables dans la mesure où la vie en société, qui est un des attributs essentiels de lhomme, implique nécessairement une communication entre les citoyens ou membres de la communauté. Communication des gouvernants vers les gouvernés, mais aussi des citoyens vers leurs dirigeants. Cependant, la communication et le discours politique, tels quils nous intéressent dans cette étude, concernent dabord et avant tout les dirigeants. Or, on retrouve bien dans cette communication politique les trois éléments relevés par Guy Durandin. Dabord la publicité, inhérente au discours politique, et dont le but même est de rendre publiques les idées et propositions de son auteur. Cette publicité politique peut être directe (par exemple, affiches et tracts lors de campagnes électorales) ou indirecte (par lintermédiaire notamment des médias, qui relaient le message). Ensuite la propagande, qui fait partie intégrante de la communication politique. On peut définir la propagande comme un ensemble de techniques ayant pour but dexercer une influence sur les personnes auxquelles elle sadresse. La propagande ne doit pas systématiquement être considérée comme négative. Il sagit simplement dun procédé dont usent tous les politiques, avec plus ou moins de succès et de finesse, et dont les moyens nont cessé de se perfectionner, au risque de laisser accroire quelle aurait aujourdhui disparu. Enfin, les relations publiques sont non seulement une des clés de la réussite en politique, mais aussi une forme de communication : il sagit bien pour tout homme politique de se présenter sous son meilleur jour et dattirer le plus de soutien et de sympathie possibles. Il est de coutume de distinguer trois types de communication politique : propagandiste, dialogique et marketing. La communication propagandiste Longtemps dominante, elle revient à utiliser tous les moyens pour convaincre le public, en faisant appel, non pas au raisonnement et à lintelligence de chacun, mais plutôt aux idées préconçues, aux pulsions et passions humaines. Ce type de communication, analysé entre autres par Serge Tchakhotine (3), est, dit-on, rarement utilisé de nos jours, du moins aussi ouvertement quil le fut au début du XX e siècle. La réalité est toutefois plus complexe avec, selon Alexandra Viatteau (4), le retour en force du " collectivisme ludique et festif comme instrument de combat politique. " La communication dialogique Cest certainement la forme idéale du discours politique, dans la mesure où il sagit dengager un réel débat, un échange dopinions afin de susciter la réflexion et la contribution de chacun à la chose publique. Elle reste très rare puisque les leaders politiques répugnent à lidée dinstaurer une discussion dégal à égal avec les premiers venus. Cette réticence trouve principalement sa source dans le fait que les hommes politiques, face au manque de temps et à labondance des problèmes à traiter, accordent plus que jamais aux médias le rôle dintermédiaires obligés (filtres et courroies de transmission à double sens) entre eux-mêmes et la population. La communication marketing Précisément, le rôle des médias nous amène à la forme dominante de communication politique, la communication marketing. Avec ce que lon appelle également la nouvelle communication politique, les dirigeants auraient tendance à privilégier, dans leur rapport avec les citoyens, limage sur le texte, la forme plutôt que le contenu. Sil y a toujours eu une mise en scène de la politique, il faut bien reconnaître que lintrusion des techniques de marketing, des conseillers en communication issus dagences de publicité, etc., na fait quaccroître la suprématie de limage en politique. Selon Erik Neveu : "la notion de " communication politique " est née des nécessités de pratiques professionnelles : celles des hommes politiques, attentifs à maximiser leurs chances, à sadapter à de nouveaux médias ; celles des publicitaires, soucieux de trouver de nouveaux champs daction, de pénétrer dans une sphère dactivité longtemps tenue pour plus " noble " que celle de la marchandise. De ces points de vue, la " communication politique " fonctionne comme un art complexe, de la parole et de la mise en scène. Il sagit dêtre vu et dêtre bien vu, de parler mais aussi dêtre écouté, entendu, convaincant." (5) Cette forme actuelle de communication politique, parce quelle est élaborée prioritairement en fonction des médias, sadapte aux pratiques de ces derniers et fait donc appel aux mêmes procédés. Or, comme nous lavons souligné précédemment, la propagande pure, abrupte, nest plus utilisée de nos jours en Occident, du moins sous sa forme connue, ne serait-ce que parce que la population est mieux éduquée, plus alertée sur les enjeux de société. La logique de linstantanéité Les travers attribués aux médias se retrouvent inéluctablement dans le discours politique médiatisé : manque de recul pour traiter les informations, nécessité de réagir quasi instantanément et davoir une opinion sur chaque chose, sans pour autant en maîtriser tous les paramètres. Les principales conséquences en sont une simplification du discours, un certain travestissement de la réalité, une confusion entre information et communication. Et cette confusion se retrouve évidemment dans le discours politique. Que penser, par exemple, de ce commentaire de Jack Lang, lors du conflit kosovar : " Ce nest pas seulement une bataille militaire, cest aussi une guerre psychologique. Il faut que le Parlement soit un organe de communication - non... disons dinformation -, vers lopinion publique. "(6) ? Ce lapsus nous montre en effet à quel point la communication des hommes politiques peut être transmise aux médias, et éventuellement transformée par ces derniers, pour apparaître alors au grand public comme de linformation véritable. Comme nous lavons déjà précisé, la communication nest donc pas neutre. Cependant, cette objectivité, quen théorie, lon est en droit dattendre de linformation, nexiste jamais totalement. Là encore, le discours politique est, au même titre que linformation, soumis aux lois médiatiques en vigueur. Or ces dernières sont principalement caractérisées par deux phénomènes complémentaires, la désinformation et la surinformation. Désinformation et surinformation La désinformation consiste, selon Guy Durandin, en " un ensemble de mensonges organisés, à une époque où les moyens dinformation sont fort développés. " (7) Cette définition complète celle de Roland Jacquard, pour qui il sagit de " lensemble des techniques utilisées pour manipuler linformation tout en lui conservant un caractère de crédibilité, afin dexercer une influence sur le jugement et les réactions dautrui. " (8) Ceci nous renvoie directement à la propagande, qui, sous sa forme mensongère, est un des procédés de désinformation utilisés en politique. Plus encore quà la désinformation, sous forme de mensonge direct ou indirect, cest à la surinformation que nous sommes tous confrontés, et les hommes politiques non seulement ny échappent pas, mais ils y prennent part. La surinformation Cette regrettable dérive peut se définir comme la conséquence dune surabondance de sources, dinformations visuelles, écrites ou sonores, qui loin de nous apporter objectivité et véritable compréhension des événements, sème la confusion, le doute, voire lindifférence. Parallèlement, la répétition constante et quasi incantatoire des mêmes informations (ou désinformations dailleurs), et ce sur tous les supports médiatiques, accroît le malaise. Notons que cette confusion atteint les médias eux-mêmes, comme le dénonce Ignacio Ramonet :"[ ] plus les médias parlent d'un sujet, plus ils se persuadent, collectivement, que ce sujet est indispensable, central, capital, et qu'il faut le couvrir encore davantage en lui consacrant plus de temps, plus de moyens, plus de journalistes. Les médias s'auto-stimulent ainsi, se surexcitent les uns les autres, multiplient les enchères et se laissent emporter vers la surinformation dans une sorte de spirale vertigineuse, enivrante, jusqu'à la nausée." (9) Noyés dans la multitude des nouvelles quotidiennes, les faits les plus importants peuvent alors nous paraître anodins, faute de connaître le contexte et de prendre un recul indispensable, recul que la logique de linstantanéité ne permet pas dobtenir. Une surinformation sélective Ainsi, comme nimporte quel citoyen, lhomme politique ne maîtrise pas toutes les dimensions des enjeux et problèmes de société, même sil est surinformé (nous aurons ultérieurement loccasion de revenir sur les avantages et inconvénients du rôle de lhomme politique). Cependant, le mythe de la surinformation est lui-même mensonger car un nombre impressionnant dinformations importantes ne sont pas portées à la connaissance publique par les médias, qui ne surinforment que sur des sujets limités et présélectionnés. En cela, les hommes politiques sont-ils peut-être mieux lotis que la "masse", sils ont accès à un réseau dinformations "réservées". Uniformisation du discours politique Pour conclure, linterdépendance entre le politique et les médias, telle que nous lavons soulignée précédemment, associée à la désinformation et à une surinformation contrôlée, pose le problème de luniformisation du discours politique et médiatique en général. Lon constate en effet que, de plus en plus, les programmes et analyses politiques convergent, les traditionnelles différences entre gauche et droite sestompent, tandis que le traitement de linformation par les médias apparaît toujours plus conforme à certaines valeurs de la communication collective. Cette uniformisation du discours et ce conformisme politico-médiatique se rejoignent dans ce quon a désormais lhabitude de nommer la " pensée unique ", à ne pas confondre avec le " politiquement correct ". 2/ La pensée unique Luniformisation du langage, tant politique que plus généralement médiatique, ne va pas sans poser de nombreuses interrogations et ambiguïtés quant à la signification même des expressions " pensée unique ", " pensée correcte ", " pensée conforme " ou " politiquement correct "... Ainsi, ces dernières sont trop souvent considérées comme équivalentes, peut-être parce quelles renvoient toutes à lidée que nous sommes trompés, manipulés, ou du moins pas sérieusement informés. Le fait est quelles sont précisément devenues très médiatiques, malgré leur utilisation quelquefois hasardeuse. Cependant, le flou et le doute subsistent lorsquil sagit de les définir ou encore den déterminer les origines. Il faut surtout distinguer la pensée unique du politiquement correct. Politiquement correct : un langage aseptisé On peut considérer que lexpression " politiquement correct " est apparue bien avant celle de " pensée unique ". Depuis le milieu des années 70, le politiquement correct sest en effet développé, sans être réellement nommé ainsi, dans les pays anglo-saxons, et prioritairement aux Etats-Unis. Son origine est fort simple : dans le contexte dune société américaine fondée sur lindividualisme et le libéralisme (ici dans le sens de respect des libertés de chacun), les innombrables lobbies, corporatismes et associations, tels les mouvements sectaires, les associations antiracistes, de défense de la population afro-américaine, de défense des homosexuels, etc., ont agi de toutes leurs forces pour empêcher lutilisation de certaines expressions, considérées comme discriminatoires à leur endroit, et à linverse, favoriser lemploi de termes plus "appropriés". Constatons parallèlement que ce phénomène est largement à lorigine de la communautarisation des sociétés occidentales, où la défense du bien public passe de plus en plus par la défense dintérêts catégoriels Tant par divers moyens de pression (politiques, financiers ou culturels) que par le recours à la justice, cette tendance sest à ce point développée que les médias, non seulement sen sont fait les porte-parole, mais également les premiers défenseurs. Cest à ce titre quils sont devenus les principaux véhicules du politiquement correct. Ce courant a peu à peu essaimé partout en Occident, et particulièrement en France. Il faut toutefois préciser quil ny a pas une seule forme de politiquement correct. Chaque pays, chaque société ladapte en fonction de critères subjectifs et du contexte national. Un langage dépolitisé Concernant la France, le politiquement correct est loin dy être cet exercice de style, cette précautionneuse politesse à la limite de lhypocrisie que lon peut observer dans les pays anglo-saxons. Du moins, il nest pas que cela. Le politiquement correct qui sévit en France participe, en réalité, de la dépolitisation du langage médiatique. De plus, ce langage conduit à dépolitiser les hommes politiques eux-mêmes. Comme le souligne François Brune (10): "Trop soucieux de son image médiatique, tout occupé à innocenter son pouvoir, celui-ci [lhomme politique] finit par faire douter de laction politique elle-même. Trop de responsables préfèrent le langage qui sapitoie au discours qui analyse. On entend trop déplorer le sort des exclus, pas assez dénoncer les mécanismes de lexclusion. Cela conduit à une double dépolitisation de lopinion : quelle soit complètement mystifiée ou quelle bascule dans lincrédulité totale, elle demeure sans prise sur la réalité politique qui la concerne." Le politiquement correct accélère " lexclusion civique " et la désappropriation des citoyens de leur capacité à comprendre le politique, et à linfluencer en conséquence. Pire, lutilisation de certains mots, de certaines expressions, tend à faire croire que le bon fonctionnement dune société nest pas du ressort premier de la volonté politique. Peut-être est-ce désormais le cas ? Comme nous le verrons ultérieurement, on peut en effet sinterroger sur cette volonté, de même que sur la marge de manuvre des politiciens. Des mots détournés de leur sens Des mots tels que " consensus ", " rassemblement ", " dialogue ", " morale ", " démagogie " ou encore, " communication " nont pas (plus) vraiment la signification que veulent bien leur prêter les médias ou les politiques. François Brune relève judicieusement que le terme " consensus ", par exemple, " jouit lui-même dune considération usurpée. Il se veut le point culminant de la démocratie, celui où tous saccordent sans que personne soit forcé ; en réalité, il en est la falsification. Lidéologie du " consensus " vise à éliminer dans tous les domaines lopposition, le débat, la délibération proprement politiques. Elle présuppose lexistence secrète dun assentiment collectif quil suffit de " révéler " pour que chacun sy rallie. " Déresponsabilisation de lindividu Le politiquement correct produit donc un langage aseptisé, où la dimension de lhomme est plus que secondaire : il ne se domine pas, tout est " naturel " (" cest ainsi, et on ny peut rien... ", " il faut tenir compte de la réalité ", " lévolution est irréversible ", etc.). Le langage de la morale est également détourné de son sens réel, pour légitimer des choix et des politiques parfois discutables, mais présentés comme des évidences. De surcroît, lusage de termes religieux (" excommunication ", " anathème ", " grand-messe ", etc.) accentue le caractère insaisissable et mythique dune sphère politique qui serait au-dessus des gens, qui serait incontrôlable. Pour illustrer cette confusion du politique et du religieux, citons le chroniqueur Alain Duhamel : " Les souverainistes de tout poil (...) anathémisent méthodiquement chaque instrument du libéralisme. (...) Les catéchistes et les catéchumènes de la foi libérale (...). " (11) Le triomphe du techno-scientisme Enfin, lutilisation dun langage économiste et scientifique renforce le caractère mécanique, arithmétique de la politique. Comment ne pas se dire, lorsque lon entend des phrases comme " les marchés ont tranché... ", " lopinion publique pense que, soutient que... ", " les sondages confirment... ", que lon na plus de prise sur le réel, que décidément, " la politique, cest les autres " ? Ou pire, que cest une masse totale autre que nous-mêmes (une seule opinion publique, et qui nest pas forcément la nôtre) ? Comment sétonner que les citoyens pensent que cela ne sert plus à rien de voter... ? Autre conséquence, le langage technocratique enferme toujours plus les citoyens dans lidée quil faut faire confiance à "ceux qui savent", aux spécialistes. Pour François Brune, " A ce langage appartiennent les chiffres, les statistiques, les pourcentages qui dépossèdent les citoyens de ce quon peut appeler une conscience existentielle de la situation politique. " Le politiquement correct ne peut absolument pas être confondu avec la pensée unique parce quil en est seulement un des outils de propagation et de propagande. Une pensée française ? Le phénomène de la pensée unique est plus récent, puisque cette expression apparaît seulement au début des années 90. Il est important de souligner que, contrairement au politiquement correct, la pensée unique semble essentiellement "franco-française" (en apparence seulement). On distingue deux courants principaux à lorigine de lexpression, courants tout à la fois distincts et complémentaires : le premier considère la pensée unique comme un phénomène typiquement français, caractérisé par une emprise des gauchistes ex-"soixante-huitards" sur la scène politico-médiatique ; le second courant définit la pensée unique comme le résultat de la suprématie de léconomique sur le politique, du néolibéralisme triomphant et de la globalisation "heureuse" (12). Notez que nous utilisons plutôt le terme " globalisation " à celui de " mondialisation " car, comme le relève judicieusement Viviane Forrester, " " Mondialisation ", synonyme de " globalisation ", nest employé quen France. Il bénéficie dun petit cachet cosmopolite chic et libéré tout à fait usurpé. Sil indique bien un caractère hégémonique, il ne sous-entend pas inconsciemment, comme le terme de " globalisation ", cette volonté non seulement de conquérir, denvahir le territoire planétaire, mais dinvestir, d'" englober " tous ses éléments physiques ou immatériels. " (13) Une pensée gauchiste ? Le premier courant postule donc que les nostalgiques de mai 1968, que lon retrouve en grand nombre dans les médias, déstabilisés par la chute du mur de Berlin, par léchec (apparent ?) de lidéologie marxiste, ne croient plus en rien et se rabattent sur la modernité et la fuite en avant. Or cette modernité de fin de XX e siècle et de nouveau millénaire est caractérisée par la globalisation économique néolibérale et un matérialisme pétri dhumanitarisme et de moralisme bon marché. Cest ce que Jean-François Kahn, directeur de lhebdomadaire Marianne et père de lexpression " pensée unique " , appelle la morale libérale-libertaire :"le système économique néolibéral leur plaît par son matérialisme.(...), leur internationalisme dhier sest parfaitement adapté au mondialisme daujourdhui, par opposition à lidée de nation. Ces anciens de 68 ne sont pas fâchés de voir que le système néolibéral auquel ils adhèrent écrase les petits commerçants quils détestent, les PME quils récusent comme les séquelles dun patronat réactionnaire, et même les salariés, quils jugent embourgeoisés ! En revanche, ce qui les gêne, cest de constater que ce système écrase aussi les plus faibles. (...) Il faut ajouter que le néolibéralisme plaît aux anciens de 68 par sa capacité de destruction des valeurs traditionnelles comme celles de la vie familiale, le patriotisme ou même le goût de la qualité dans lexercice dun métier, ou encore lart." (14) Les tenants de cette version de la pensée unique estiment quil sagit dune pensée totalement libre, spontanée, auto-produite en grande partie, et quelle évolue selon les circonstances. Toutefois, cette pensée se développe autour de thèmes centraux comme la solidarité, lhumanitarisme, le modernisme... Ces valeurs de référence, en soi peu critiquables, ne sont pourtant pas nouvelles. Elles sont indissociables de lidéal socialiste-marxiste dans lequel "baigna" la génération soixante-huitarde. On les retrouve donc tout au long des décennies suivantes. Précisément, cest en cela quil faut considérer la pensée unique comme héritière dune forme de morale à son apogée dans les années 80, la " soft-idéologie ". Pensée unique et soft-idéologie La soft-idéologie peut se définir comme une sorte de morale "bon chic, bon genre" où lon mêle (recycle) ardemment idées et pratiques tantôt de gauche, tantôt de droite, mais que lon prend soin de dépolitiser le plus possible : ce prêt-à-penser, pour séduire, se doit en effet dapparaître comme radicalement nouveau. Donc, sans renier linfluence du passé, ce discours ne saurait être quinnovant, positif et apolitique. Selon François-Bernard Huyghe et Pierre Barbès: "la soft-idéologie est en effet replâtrée ; incapable dinnover, elle réutilise les restes intellectuels des décennies précédentes : une gestion de droite plus une morale de gauche. Elle bégaie et réaffirme pêle-mêle les aspirations de la technocratie (fin des idéologies, modernisation, règne des choses) et les rêves de la gauche humaniste (autonomie, solidarité, permissivité, respect des minorités, refus de lexclusion...)." (15) Les promoteurs de la soft-idéologie aspirent à une société plus tolérante, plus chaleureuse, plus "confortable". Ainsi, au nom de la concorde civile et dun monde toujours plus harmonieux, on nhésite pas à gommer les aspérités du corps social. Du moins les plus visibles, les plus "insoutenables". Pour cela, deux techniques sont principalement utilisées par ces praticiens-magiciens : dune part la culpabilisation, dautre part la censure. Manipulation des cerveaux et édulcoration de la réalité Culpabilisation, dans le sens où certains sujets deviennent tabous, cest-à-dire politiquement incorrects. Censure, parce que dautres thèmes sont tout simplement ignorés, en partie ou en totalité. Tout ceci, bien évidemment, pour éduquer (ou déséduquer) la population dans le sens voulu. Du confort au conformisme, il ny a quun pas... franchi allègrement par les tenants de la soft-idéologie. Car au fond, ce qui dérange le plus ces nouveaux moralisateurs, ce sont les risques de division, de remise en cause de lordre établi, ordre unique (total ?) quils dominent (16). Ces pseudo-révolutionnaires, finalement arrivés au faîte du pouvoir sans révolte, redoutent surtout que leur propre discours ne se retourne contre eux. Cest pourquoi ils louent les vertus de lassociatif, du collectif..., bien plus faciles à gérer, à encadrer. Lindividualisme de masse Cela ne remet pas pour autant en cause lindividualisme, également prôné. Il sagit simplement dun individualisme sous contrôle, que lon pourrait résumer ainsi : "chacun pour soi, mais tous pareil". Individualisme, modernisme, humanitarisme, progressisme..., cette phraséologie se retrouve évidemment dans la pensée unique. Cest ce que lécrivain et polémiste Gilles Châtelet appelle " la triple alliance Politique-Economique-Cybernétique, une situation nouvelle qui prétend développer lindividualisme de masse grâce aux opérateurs du Marché, de lOpinion, de la Communication où chacun prétend se singulariser en singeant lautocensure de lautre. " (17) Face aux idées véhiculées par la soft-idéologie, puis par la pensée unique, il nous paraît indispensable de marquer une pause pour nous intéresser à la notion de morale. Les quatre morales De prime abord, la morale peut se définir comme une loi naturelle ou comme une science qui envisage les règles à suivre pour faire le bien et éviter le mal. Le Décalogue est aux fondements religieux de la morale universelle, et celle-ci a pris définitivement place dans la philosophie à partir de Socrate. On distingue en réalité plusieurs types de morale. La première est la loi naturelle qui donne à lhumanité toute sa dimension humaine, ou divine et transcendante, selon la foi judéo-chrétienne. La seconde forme, laïque, cherche à déterminer le bien dune manière universelle et atemporelle. Cest en quelque sorte léquivalent de léthique. Les deux premières formes de morale se distinguent de la troisième, plus pratique, qui correspond à lobéissance et au respect des devoirs déterminés par les dirigeants dune société, dune association, ou encore dun Etat et même dun parti unique, comme nous lavons vu dans les régimes totalitaires communiste, fasciste et nazi, qui ont appelé " morale " lobéissance idéologique. Ainsi, lorsquil sagit dun simple respect des règles, la morale sapparente à la déontologie, science traitant des devoirs à remplir. Cette morale relève donc plus de la discipline que dune réelle recherche du bien, même si les deux ne sont pas incompatibles. Il y a alors plusieurs morales, comme il existe une déontologie pour chaque type de profession. Pourtant, lutilisation du terme " morale " fait référence à des préceptes non pas catégoriels, mais universels. Enfin, on peut considérer la soft-idéologie comme un autre type de morale, logiquement à lopposé des trois premiers genres. En effet, la soft-idéologie combat souvent la morale (que lon devrait écrire Morale pour bien la distinguer) au nom de valeurs très médiatiques comme lhumanitaire, plutôt que lhumanisme, ou la solidarité, trop souvent confondue avec le collectivisme... ; elle saccommode tant bien que mal de la déontologie, dans la mesure où les soft-idéologues restent réticents à toute forme de règles clairement définies et écrites. Car il faudrait dès lors les respecter, et assurer, peut-être, leur respect Lutilisation de lexpression " soft-idéologie " est plus que rare de nos jours, alors même que les symptômes et les séquelles de cette dérive sont toujours observables. En réalité, la soft-idéologie sest tout simplement dissoute dans la pensée unique, dont elle est une des composantes majeures. Morale ou déontologie, un choix déjà fait ? Un exemple éloquent, parmi beaucoup dautres, montre à quel point cette confusion volontaire entre les différents types de morale permet non seulement daccroître le poids dun moralisme médiatique, au demeurant très simpliste, mais également de dévaloriser totalement la morale première, celle de la recherche du bien et de la condamnation du mal. Ainsi, au cours de lémission télévisée Mots croisés (18), qui traitait cette fois-ci de la morale en politique, aucun des intervenants ne sest longuement appesanti sur le premier sens de cette dernière. Bien au contraire, bon nombre des politiciens invités, de même que certains journalistes, ont clairement exprimé un certain rejet de cette version de la morale. Et de citer respectivement Jean-François Legaret, adjoint RPR à lancien maire de Paris : " Morale avec un grand M, ça ne veut pas dire grand-chose, il vaut mieux de bonnes règles déontologiques. " ; Laurent Joffrin, directeur du Nouvel Observateur : " Il faut revenir à la déontologie politique, non pas morale, mais déontologie politique. " ; Jean-Louis Bourlanges, député européen UDF : " Il faut cesser de parler de morale, nous navons pas à être plus moraux que les autres, il nous faut simplement respecter la loi. " Seule Roselyne Bachelot, député RPR, a recentré le débat sur la morale en politique, quoique sans lui donner une valeur universelle : " Jusqu'à présent, on na parlé que de règles, de respect des lois mais le réel problème, cest lengagement, la responsabilité de chacun... Il faut être conforme à ses idées quoi quil nous en coûte. " La morale, une notion totalitaire ? Le rejet de la morale, et son association quasi systématique au totalitarisme, plus particulièrement au fascisme, peut parallèlement sexpliquer par lemprise de la pensée économique libérale sur la société. En effet, comme le souligne le sociologue Yves Chalas: "Le point de vue causal, qui est aussi celui de lattitude libérale, parvient à occulter à nouveau le fonctionnement " à léconomisme " de nos sociétés, en faisant du mal absolu le résultat dun mal initial : si les régimes totalitaires tiennent un discours contre la société économique, largent entrepreneur et lindividualisme bourgeois au nom de la morale et de la totalité, cest que la morale et la totalité sont à lorigine du totalitarisme, et, partant, quelles sont elles-mêmes le mal au départ. Dans cette logique, la plainte des hommes en société capitaliste et le traumatisme des civilisations soumises à la modernisation croissante du monde ne sont plus pris en considération, et le bien devient une invention totalitaire, et, après lui, le sens, la vérité, et, de proche en proche, le beau, la nature et Dieu lui-même !" (19) En résumé, la soft-idéologie, en tant que morale " politiquement correcte ", fait donc partie intégrante de la pensée unique, elle-même instillée par les hérauts de la scène politico-médiatique. Mais comme nous lavons précisé au début de cette section, il existe aussi un deuxième courant, pour qui la pensée unique est bien plus politique et idéologique. Une pensée libérale ? Les partisans dune vision idéologique de la pensée unique basent leur argumentation sur la constatation suivante : la pensée unique nest pas le fruit du hasard, mais tout au contraire linstrument dun projet bien réel de transformation du monde. Ce projet vise à assurer la domination de léconomique sur le politique et le social. Il relève dune doctrine ancienne et déjà bien ancrée dans la plupart des pays, à savoir le libéralisme. Notons quà lorigine, le libéralisme désignait les penseurs et politiciens qui réclamaient le progrès par la liberté et la prédominance de lindividu sur la collectivité, et sopposaient à lautorité plus ou moins absolue de lEtat et/ou de lEglise. En économie politique, cette doctrine sest traduite par lidée que léquilibre sétablit automatiquement par le jeu de lois économiques naturelles comme, par exemple, le mécanisme des prix, qui provient de lajustement entre loffre et la demande, entre la production et la consommation. Il en résulte que lindividu doit être laissé libre dobéir à son intérêt personnel. En matière économique, cette conception est de nos jours indissociable du capitalisme, considéré comme létat "naturel" de la société (20). Néolibéralisme : un libéralisme débridé ou dévoyé ? Ainsi, pour les tenants de cette version idéologique de la pensée unique, le projet économique actuel, caractérisé par la globalisation, linformatisation et la communication est imposé aux populations. Dans ce contexte, la pensée unique nest donc pas du tout spontanée, auto-produite et mouvante. Elle est a contrario structurée et organisée de manière à susciter une adhésion collective à ce projet, ou du moins à limiter au maximum la résistance, ou pire, la révolte. Pour Ignacio Ramonet, directeur du Monde diplomatique, et fer de lance de ce courant: "Dans les démocraties actuelles, de plus en plus de citoyens libres se sentent englués, poissés par une sorte de visqueuse doctrine qui, insensiblement, enveloppe tout raisonnement rebelle, linhibe, le trouble, le paralyse et finit par létouffer. Cette doctrine, cest la pensée unique, la seule autorisée par une invisible et omniprésente police de lopinion (...) Quest-ce que la pensée unique ? La traduction en termes idéologiques à prétention universelle des intérêts dun ensemble de forces économiques, celles, en particulier, du capital international." (21) Cette pensée unique trouverait donc sa substance principale dans la théorie économique et se répandrait dans toutes les strates de la société, et dans tous les domaines, quils soient politiques, sociaux, techniques ou culturels. Si, comme les partisans de cette version laffirment, le discours uniforme et conformiste qui sévit nest pas dû au hasard, on peut dès lors en conclure quune stratégie de "conditionnement" des esprits existe, et de longue date. Propagande (néo)libérale En effet, toujours selon Ignacio Ramonet, lemprise déterminante de léconomique sur le politique a débuté au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, avec notamment les accords de Bretton-Woods, le GATT, lOCDE, ainsi que des institutions onusiennes, telles le FMI, la Banque Mondiale, etc. Ces organisations, en façonnant la reconstruction et les relations commerciales inter-étatiques, ont inévitablement influé sur la conception du rôle de lEtat, du secteur privé . La (re)construction européenne ny a donc pas échappé. Surinformer pour mieux régner Il faut bien insister sur le fait quil ne sagit nullement dun complot ourdi par des puissances occultes. En effet, la plupart des informations, des plans, des programmes ou des ouvrages sont disponibles pour quiconque souhaite les obtenir. Cependant, reconnaissons quil faut parfois beaucoup de persévérance pour se procurer certains documents, certaines informations Nous devons en revanche souligner que la surinformation et laccumulation de documents permettent rarement de cerner le projet dans son ensemble. On en a fatalement une vision parcellaire. Cest précisément là que le bât blesse : la pensée unique fait son lit de la confusion ambiante, du doute et des errements de ses pourfendeurs. Cette mouvance idéologique de la pensée unique avance un autre argument majeur : désormais, les médias ne servent plus à informer les citoyens mais à les conformer (et cest en cela quelle rejoint le premier courant). Comment ? Par le mimétisme des médias et la répétition permanente des mêmes informations. Or, dans nos sociétés médiatisées, la répétition vaudrait la démonstration. Pourquoi ? Tout simplement parce que, là aussi, lintérêt économique lemporterait sur toute autre considération. Dépendance ou connivence ? Les chaînes de radio, de télévision, la presse ne sont-elles pas détenues par de grands groupes industriels et financiers ? Cest ce que dénoncent de nombreux adversaires de gauche de la pensée unique, plus particulièrement Serge Halimi. Dans son ouvrage intitulé Les nouveaux chiens de garde, il postule que les médias sont monopolisés par un petit groupe de personnes extrêmement lié, pour ne pas dire inféodé, aux milieux politique et économique. Autrement dit, lon aurait affaire en France à un journalisme de connivence, avec pour résultat, un appauvrissement du débat et de la qualité de linformation : "En ne rencontrant que des " décideurs ", en se dévoyant dans une société de cour et dargent, en se transformant en machine à propagande de la pensée de marché, le journalisme sest enfermé dans une classe et dans une caste. Il a perdu des lecteurs et son crédit." (22) Notons que les tenants de cette version de la pensée unique se réclament, le plus souvent dune analyse marxiste, ou de courants idéologiquement déterminés à lutter contre le primat de léconomique. Généralement, ils sont donc relativement anti-américains, dans la mesure où les Etats-Unis, avec lAngleterre, incarnent le néolibéralisme et la globalisation (sous son aspect économique du moins). De la critique à lautocritique Ainsi, louvrage de Serge Halimi, collaborateur régulier du Monde diplomatique, sinscrit ouvertement dans une perspective marxiste. Ce qui frappe toutefois par un manque de logique, ou à linverse, par habileté propagandiste, cest que nos "milieux politique et économique" auxquels les médias seraient inféodés, sont aujourdhui en France, et dans une importante partie de lEurope (et même des Etats-Unis), des milieux... de gauche ! Une pensée libérale et libertaire Si lon compare les deux versions proposant une définition de la pensée unique, force est de constater que ces courants sont à la fois antagonistes et complémentaires. Antagonistes, parce que ceux pour qui la pensée unique résulte du monopole des nostalgiques de mai 68 se situeraient plutôt à droite sur léchiquier politique. Ceci est toutefois bien relatif puisquil paraît difficile de qualifier Jean-François Kahn dhomme de droite (il ne se réclame pas (plus) pour autant de la gauche, mais dun centre libéral-républicain). Inversement, les pourfendeurs dune pensée unique au service du néolibéralisme sapparenteraient plus à la gauche. Une pensée globale Ces deux courants nen restent pas moins complémentaires parce que lon retrouve certains dénominateurs communs aux deux écoles : le rôle des médias, le " triptyque " communication-globalisation-informatisation, etc. Pour conclure, il nous semble donc possible de tirer une définition globale de la pensée unique à partir de ces deux courants. Ainsi, la pensée unique correspond bien à luniformisation du discours politique et médiatique, discours dans lequel certains sujets sont devenus incorrects, et ne sont donc pas évoqués, tandis que dautres, sont martelés, à tort. La pensée unique est inséparable du contexte dans lequel elle se développe, caractérisé par : lomniprésence de la communication dans nos sociétés, et son principal travers, la surinformation, mais une surinformation sélective ; laffaiblissement du rôle de lEtat ;la convergence des partis politiques autour dun centrisme de consensus, et la formation dune seule opinion publique de masse convergente ; la dynamique de la globalisation, dont le principal but est la disparition progressive de toutes frontières et limites aux échanges internationaux (biens matériels, hommes, information, culture...). Loutil principal de cette globalisation est évidemment le libéralisme économique, mais aussi une pensée unique dans une " société ouverte ". Ces caractéristiques sont fondamentales afin de comprendre pourquoi la pensée unique sest à ce point développée en France (elle existe partout ailleurs, mais peut-être ne rencontre pas tant dopposition). Pensée unique et pensée correcte Soulignons que lusage du terme " pensée unique " est peut-être malhabile. Selon Jacques Julliard, " (...) lexpression " pensée unique " contient une contradiction dans les termes : ce sont ceux qui sen plaignent qui en parlent ainsi. Sauf à considérer queux-mêmes ne pensent pas, ce nest pas une expression adéquate. (...) Le vrai problème est celui du conformisme et du non-conformisme " (23) Nous soutenons ce point de vue. Il nous renvoie au début de cette section : lutilisation des termes " pensée correcte " ou " pensée conforme " serait certainement plus appropriée. Toutefois, pour simplifier notre discours, nous utiliserons indifféremment ces expressions. Partie suivante> Matthieu Périchaud Les notes de cette partie se trouvent à la fin du chapitre 1, en bas de la page http://www.diploweb.com/13.htm Copyright 20 décembre 2001-Matthieu Périchaud/www.diploweb.com L'adresse URL de cette page est http://www.diploweb.com/globalisation/11.htm |
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