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"L'Europe et la globalisation", par Matthieu
Périchaud INTRODUCTION GENERALE |
1. Politique, médias et société - 2. Continuité et rupture de la pensée sur l'Europe - 3. Europe et globalisme - 4. La communication sur l'Europe - Conclusion et bibliographie |
Biographie
de l'auteur en bas de page Mots clés - keywords : matthieu perichaud, l'europe et la globalisation, diploweb.com, histoire de la construction de l'europe dans la seconde moitié du XX e siècle et au début du XXI e siècle, période post-Guerre froide, géopolitique, idéologies, libéralisme, socialisme, nationalisme, philosophie, universalité, cosmopolitisme, convergence, globalisme. |
Depuis la fin de la
Seconde Guerre mondiale, le processus dunification
de lEurope na cessé de prendre de
lampleur et de la vitesse, et ce malgré les aléas
de lhistoire, les querelles politiques, et les
intérêts nationaux des uns et des autres
Cette construction de lEurope fut dabord initiée dans le domaine économique, domaine dont larrivée de lEuro pourrait sembler être, sinon laboutissement, du moins une étape décisive. Néanmoins, cette unification économique nous intéresse tout autant dans sa dimension européenne que dans sa dimension globale (mondiale). Cest effectivement en matière économique et financière que la construction de lEurope se fond le plus dans la dynamique générale de la globalisation. Pourtant, lunification de lEurope nest pas quéconomique. Elle est aussi, avec certes plus de difficultés, politique, culturelle ou encore sociale. Questions Quen est-il de la globalisation ? Se fait-elle uniquement dans le domaine économique ? Y a-t-il un rapport quelconque entre la construction de lEurope et le phénomène de la globalisation ? Si oui, quel est-il ? Cette concordance entre la globalisation et lintégration européenne est tellement flagrante quelle nous amène effectivement à nous poser la question suivante : au-delà de lunification du continent européen et de ses habitants, peut-on situer la construction européenne dans une perspective bien plus générale ? Une perspective non pas seulement européenne, mais précisément globale, à léchelle du monde tout entier ? Etudier lEurope sous cet angle nous semble non seulement possible, mais plus encore souhaitable et nécessaire. En effet, la construction européenne et la philosophie qui la inspirée relèvent dune tradition et dune volonté certainement aussi anciennes que lhumanité : rassembler les hommes du monde entier, pour assurer la paix et le bonheur sur la Terre. Rassembler des hommes séparés depuis des siècles par la géographie, la culture, la religion ou la langue. Au fil des époques et des modes, cette tradition sest tantôt appelée cosmopolitisme, tantôt universalisme, ou encore mondialisme. Le terme le plus approprié de nos jours est sûrement celui de globalisme. Ce vocable révèle effectivement en lui-même la vocation universelle, totale et globale de cette idéologie, comme nous le verrons tout au long de cet essai. Cette volonté de rassembler lhumanité sest pourtant trouvée confrontée à lhistoire, aux passions humaines, et surtout, aux différentes conceptions de lorganisation du monde et de la société. Si elles ne remettent pas en question le rôle central de lhomme, et la foi en le progrès, ces conceptions se sont malgré tout opposées sur de nombreux autres thèmes (lEtat, la nation, lindividu, la collectivité, etc.). La fin de l'histoire ? Ces diverses visions des moyens à mettre en uvre pour atteindre un mythique âge dor de lhumanité ont donné naissance aux idéologies, dont les trois principales sont incontestablement, le libéralisme, le socialisme et le nationalisme. Pourtant, après lexacerbation des combats idéologiques, dès le XIX e, mais surtout au XX e siècle, on peut constater en ce début de millénaire un certain apaisement, une certaine relâche, ce que beaucoup expliquent par la fin de la guerre froide et par la disparition du système soviétique. Les dix dernières années ont en effet quelque peu précipité lhistoire, laissant à penser que peut-être lon assistait à la fin des idéologies, et pour certains, à la fin de lhistoire elle-même ! Nous userons ici de lunivers comme métaphore afin dexpliquer pourquoi, selon nous, il nest pas permis de penser que lidéologie système global dexplication et dorganisation du monde puisse actuellement rendre son dernier soupir. Quant à lhistoire, si elle venait à disparaître, cest tout simplement quil ny aurait plus aucune évolution, plus aucun changement sur notre planète. Nous nen sommes pas encore là Aussi, parler de fin de lhistoire nous semble méprisant à légard de ce que nous avons tous en commun, cest-à-dire la vie. Selon les experts en cosmologie, lunivers pourrait très bien évoluer et " vivre " selon le processus suivant : à une phase dexpansion succéderait alternativement une phase où lunivers se replie sur lui-même, et rétrécit. Selon dautres chercheurs, lhumanité suivrait peut-être le même parcours : originellement unis et réunis au niveau géographique, linguistique, etc., les hommes se seraient peu à peu séparés et dispersés sur tous les continents. Simultanément, au fur et à mesure de lévolution et de lhistoire humaines, on assisterait en retour à un vaste et profond mouvement de reflux. Un mouvement de ré-unification de lespèce humaine, par le développement des moyens de communication tant matériels (transports routiers, aériens, maritimes, etc.) quimmatériels (téléphonie, radio-télévision, et désormais, Internet) La question centrale est bien évidemment de savoir sil sagit là dune loi commune à lunivers et à tout ce qui le compose, y compris les hommes. Autrement dit, serait-ce un phénomène naturel, découlant de lois physiques ? Dans ce cas, lhistoire aurait plus que jamais un sens, et plus que jamais sa place. Sil ne sagissait pas dun déterminisme historique ou scientifique, ce serait alors, concernant lhumanité, une volonté délibérée de notre communauté, ou du moins dune partie de ses membres. Consciente ou non, volontaire ou pas, la ré-unification du genre humain sest fortement accélérée au XX e siècle, suscitant parallèlement de nombreuses résistances. Ce mouvement de flux et de reflux pourrait ainsi sappliquer aux idéologies, et expliquer limpression de leur disparition. Convergence Après presque deux siècles dopposition et dexacerbation de leurs différences, le libéralisme et le socialisme, les deux grandes idéologies prônant luniversalité et le cosmopolitisme, convergeraient de plus en plus, pour finalement trouver un terrain dentente dans le processus actuel de la globalisation. La confluence du socialisme et du libéralisme justifierait alors la puissante réactivation dune philosophie de la globalité (vision et gestion du monde comme un tout indivisible, et de lhumanité comme une entité collective inséparable), donnant ainsi naissance au globalisme, idéologie du nouveau millénaire (?). Cependant, libéralisme et socialisme ne sont pas pour autant en voie de disparition : ces deux idéologies saffrontent toujours au sein même de la globalisation, dont chacune cherche à prendre les rênes. Aussi, le globalisme peut être considéré à la fois comme une relative fusion " socialo-libérale " et comme un combat impérialiste entre ces deux doctrines. Quant au nationalisme, érigé en idéologie surtout par réaction à la prédominance croissante des thèses sociale et libérale, il serait plus ou moins contenu, et encore plus affaibli par linternationalisation croissante de tous les domaines de la vie humaine. Ce qui expliquerait la généralisation de " micro-nationalismes " partout dans le monde, mais fort heureusement, leur incapacité à réellement sinstitutionnaliser (espérons que lavenir ne nous contredira pas ). Cest en gardant à lesprit cette probable convergence des idéologies, et ce mouvement de ré-unification du genre humain, que nous souhaitons étudier la pensée occidentale, la pensée sur lEurope, et la construction européenne. Dans ce contexte, on peut en effet considérer le vieux Continent comme un véritable laboratoire dexpérimentation. Plan Une telle démarche nécessite alors daborder les fondements généraux de nos sociétés occidentales modernes, et les idées qui conditionnent encore de nos jours lhomme de la " société de linformation ". Ce thème sera lobjet de notre premier chapitre. Dans le second chapitre, nous chercherons à souligner la continuité de la pensée sur lEurope, continuité historique, philosophique et politique qui nest cependant pas dénuée de contradictions. Une fois cette perspective générale établie, nous pourrons ensuite, dans le troisième chapitre, nous intéresser plus particulièrement à la construction de lEurope, ainsi quaux théories layant inspirée. Enfin, dans notre dernier chapitre, nous nous consacrerons spécifiquement à la communication sur lEurope, tant sous son aspect officiel que dans sa dimension officieuse et indirecte. Cette communication extrêmement diffuse illustre on ne peut mieux, selon nous, la convergence idéologique et pragmatique qui préside à la construction européenne, de même quà la globalisation. Il faut toujours se garder de prétendre faire le bonheur des autres malgré eux. Partie suivante> Matthieu Périchaud
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Manuscrit
clos en décembre 2001. Mise en ligne au 1er semestre 2002. |
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Biographie de Matthieu Périchaud | |||
Diplômé en science politique à
l'Université de Montréal et en sciences de
l'information et de la communication à l'Institut
Français de Presse, Université de Paris II. Cet ouvrage est le fruit dune réflexion et de recherches concrétisées dans un premier temps par la rédaction dun mémoire de fin détudes à lInstitut Français de Presse, sous la direction de Madame Alexandra Viatteau. Ce mémoire portait sur le sens du discours sur lEurope et le politiquement correct . Le temps et lactualité aidant, nous avons ensuite éprouvé la nécessité daller au-delà de ce travail universitaire, et délargir ce questionnement aux fondements idéologiques de la construction européenne et du processus de globalisation en cours. Ces deux projets accordent effectivement à la communication, au sens large du terme, une place que cet essai cherche à comprendre. |
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