A l’issue de deux années passées au sein du Lycée Henri IV en Classe préparatoire littéraire, en option histoire et géographie, Cassandre Mariotto s’est tournée vers le Magistère relations internationales et action à l’étranger (MRIAE) à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Actuellement en troisième année de ce cursus, elle continue de se spécialiser sur le Japon qui suscite son intérêt depuis le lycée. L’apprentissage de la langue et l’intérêt pour l’histoire et la culture de l’archipel l’ont poussée à intégrer l’université de Hitotsubashi à Tokyo au printemps 2024. Les expériences de vie et d’apprentissage au Japon la dirigent vers un travail de recherche sur ce pays.
La politique étrangère menée par Donald Trump montre que les alliances dépendent désormais bien plus des intérêts économiques que des valeurs partagées. Même si le Japon reste un atout stratégique indispensable dans la région pour le côté américain, l’archipel se doit de songer au renforcement de son autonomie défensive. Pour le moment, le pays reste néanmoins paralysé par la tension entre ces nouveaux enjeux sécuritaires, des blocages économiques et sa Constitution pacifiste. La question est de savoir jusqu’où le pragmatisme militaire du Japon ira sans renoncer au pacifisme hérité depuis 1945.
SEUL PAYS ayant gravé dans la réédition de sa Constitution de 1945 le refus absolu de tout acte de belligérance, le Japon de la première moitié du XXe siècle est loin de ces idéaux pacifistes. Dès la fin du XIXe siècle, le Japon ambitionne d’étendre son influence en Asie, poussé par une volonté de modernisation et déterminé à rivaliser avec les puissances occidentales. L’expansion de l’Empire japonais débute en 1895 avec sa victoire lors de la guerre sino-japonaise, permettant au Japon de coloniser Taïwan et d’obtenir de nouveaux territoires en Chine. Le Japon est dès lors perçu comme une puissance militaire montante en Asie. La guerre russo-japonaise de 1904-1905 marque un tournant décisif dans cette perception. Le Japon, en remportant la victoire contre l’Empire russe, démontre sa supériorité militaire et obtient le contrôle de la Mandchourie. Il consolide ainsi sa position dominante en Asie de l’Est. Au même moment, l’archipel commence à établir un réseau de protectorats, particulièrement en Corée, officiellement annexée en 1910.
Le Japon gagne en puissance tout au long du XXe siècle, en choisissant notamment le camp des Alliés durant la Première Guerre mondiale. Plus tard, le “pacte tripartite” signé avec l’Allemagne et l’Italie en 1940 permet au pays de poursuivre son expansion, surtout dans le sud-est asiatique et dans le Pacifique. L’attaque de Pearl Harbor en 1941 précipite le Japon dans une guerre totale et force le pays à se lancer dans des conquêtes rapides sur de vastes territoires, particulièrement en Indochine, à Singapour, aux Philippines, en Malaisie et en Indonésie. Toutefois, l’appétit impérial et l’hypermilitarisation du Japon sont brutalement stoppés en 1945 à la suite des bombardements nucléaires d’Hiroshima et de Nagasaki, puis de l’occupation américaine. La défaite japonaise marque la fin de son empire colonial en Asie. Commence alors une nouvelle ère centrée sur un idéal de paix absolue, qui se trouve rapidement inquiété par les tensions croissantes issues de la Guerre froide. Bien que le pacifisme se grave dans la Constitution de 1947, celle-ci connaît de fréquentes réinterprétations imposées par la réalité d’un ordre international menaçant.
Comment la réinterprétation de la Constitution du Japon illustre-t-elle la tension entre son pacifisme constitutionnel et les impératifs sécuritaires imposés par le réalisme en relations internationales ?
Il s’agit d’étudier les racines du pacifisme constitutionnel et sa remise en cause presque immédiate, avant d’interroger comment la droite japonaise a œuvré à sa progressive réinterprétation. Naturellement se pose la question de l’implication militaire japonaise dans le monde depuis les années 2020.
Les actes de capitulation du Japon sont signés le 2 septembre 1945, marquant d’une part la fin officielle de la guerre du côté japonais, et d’autre part les prémices d’un pacifisme absolu. La renonciation à toute forme de belligérance s’inscrit ainsi dans la Constitution entrée en vigueur en mai 1947. Adopté sous l’occupation américaine, ce nouveau pacifisme constitutionnel est dicté par la déclaration de Potsdam du 14 août 1945, imposant au Japon le respect des droits de l’Homme et la quête de la paix. Cependant, les sanglantes décennies clôturées par le drame atomique ont largement favorisé l’enracinement de valeurs pacifiques et démocratiques dans le cœur d’une majorité de la population [1], ainsi que la méfiance envers tout organe militaire. Ces valeurs trouvent une résonance particulière dans le préambule de la Constitution et les articles 9 et 13 de celle-ci [2]. Le préambule affirme le désir du “peuple japonais” à œuvrer pour la “paix éternelle”, tandis que l’article 13 proclame le “respect de l’individu” comme principe le plus important de la Constitution. Il défend le respect mutuel entre tous les individus et implique en ce sens le pacifisme. L’article 9 entérine définitivement ce pacifisme en promettant que “ le peuple japonais renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation, ainsi qu’à la menace ou à l’usage de la force comme moyen de règlement des conflits internationaux”. Conséquemment, “il ne sera jamais maintenu de forces terrestres, navales et aériennes, ou autre potentiel de guerre”.
Si ces nouveaux principes annoncent une nouvelle ère, le contexte de la Guerre froide vient mettre un terme à ces élans pacifistes. Dès 1951, le Premier Ministre de l’époque, Shigeru Yoshida, oriente le pays vers une priorisation de l’économie afin de reconstruire le pays en ruine, et vers une alliance renforcée avec les Etats-Unis. La “doctrine Yoshida” limite d’un côté les dépenses liées à l’autodéfense du Japon tout en scellant la dépendance sécuritaire du pays aux États-Unis [3]. Le traité de San Francisco, signé par le Japon, les États-Unis et 47 autres pays, et entré en vigueur en avril 1952, marque la fin officielle de l’occupation du Japon datant de 1945. Il permet la récupération de son autonomie politique et la délégation officielle de sa défense à l’allié américain. Cet aspect est d’autant plus marqué par le traité de sécurité nippo-américain signé en 1951. Il devient dès lors possible pour les États-Unis d’installer des bases sur le territoire japonais. Le Japon peut ainsi concentrer son attention sur sa reconstruction économique et diplomatique tout en étant protégé en cas d’hostilités venues des pays communistes. Ces nouvelles dispositions révoltent le mouvement pacifiste, inquiet de voir le Japon se transformer en base arrière de l’armée américaine. Des fractures se créent dans le pays, entre une partie de la population et la gauche japonaise fidèles aux nouveaux principes de la Constitution, et la droite préoccupée par les puissances environnantes. La création des forces japonaises d’autodéfense (FAD ou Jieitai) cristallise ces débats. En effet, censées assurer une protection minimale du pays en cas d’urgence, la Constitution leur nie tout potentiel militaire. En ce sens, les FAD deviennent le symbole d’une réalité à double tranchant : celle de la nécessité d’assurer une sécurité minimale se heurtant à l’aversion de la population pour la guerre.
Les FAD naissent dans le contexte ambivalent du pacifisme constitutionnel très vite menacé par la nécessité de se doter d’une défense efficace. Dès juin 1950, le général MacArthur, conscient de l’impossibilité de priver le Japon d’un corps de défense, encourage le Premier Ministre Yoshida à créer la National Police Reserve, soit une garde de réserve composée de 75 000 hommes. De nouveaux départements chargés de la défense sont par la suite aménagés jusqu’en 1954, année de la création officielle de l’Agence de la Défense Nationale (Bôeicho) dont les fonctions s’apparentent à celles d’un véritable Ministère, et des FAD composées de près de 240 000 hommes. Ces forces comprennent les forces terrestres, aériennes et maritimes. Dès lors, un sentiment ambigu vis-à-vis de ces nouvelles institutions s’installe dans la société japonaise.
En effet, les FAD ne constituent pas officiellement une armée, et ses membres ne peuvent être considérés comme des soldats, compte tenu de l’article 9 de la Constitution. Dès sa création, cet article fait l’objet d’interprétations divergentes nourrissant un enjeu politique fondamental sur l’absence de reconnaissance constitutionnelle des corps de défense, dont la légitimité paraît inopérante. Par “renonciation à la guerre”, faut-il entendre l’exclusion de toute forme d’armées, ou est-il possible de garantir une défense minimale du territoire, en outre dans un contexte des plus menaçants ? Si la droite japonaise favorise cette dernière interprétation, la population affiche une réelle méfiance envers les FAD. A titre d’exemple, en 1956, seulement 42% des Japonais pensent que les FAD étaient constituées de “personnes de bien” [4]. Comment bâtir un corps de défense veillant à la sécurité de la population quand une majorité de cette même population lui semble hostile ? La seconde moitié du XXe siècle est ainsi traversée par cette question, qui n’empêche d’ailleurs pas les FAD de se développer. Ces dernières vont constamment évoluer afin de pouvoir répondre aux sollicitations américaines. Cependant, les actions des FAD sont entravées voire rendues impossibles par la Constitution. En ce sens, lors de la crise au Liban en 1958, le Japon ne peut se joindre aux forces américaines déployées sur place.
La quasi-paralysie des forces japonaises suscite rapidement un sentiment de frustration du côté américain, qui souhaite faire du Japon un allié de poids dans la région, mais également sur la scène internationale. L’ambition américaine rejoint en ce point les aspirations japonaises à devenir un acteur international majeur, tant dans les relations économiques que diplomatiques. L’image du colonisateur doit s’estomper au profit de celle d’un pays pacifique et déterminé à œuvrer pour le bien de la communauté internationale. Deuxième puissance économique mondiale en 1968, et allié des États-Unis, le Japon se voit contraint de s’investir davantage sur la scène mondiale, notamment par des missions de sécurité et de paix sous l’égide des Nations unies.
Le Japon rejoint les Nations Unies en 1956, puis publie l’année suivante son premier Livre bleu diplomatique dans lequel il promet de respecter la politique onusienne. C’est cependant la signature du nouveau traité de coopération mutuelle et de sécurité nippo-américain en janvier 1960 qui entérine la participation japonaise sur la scène internationale. Ce traité repose sur les mêmes principes que celui de 1951, tout en précisant sa durée d’effectivité de dix ans. Il assure aussi que les bases américaines présentes sur le territoire japonais ne peuvent être utilisées qu’après une consultation préalable du gouvernement japonais. Censé rééquilibrer les forces entre Japon et États-Unis, ce traité renforce en réalité la dépendance du Japon vis-à-vis de l’allié américain. En ce sens, d’immenses manifestations portées par la gauche parcourent le Japon, et plus particulièrement les rues de Tôkyô. Le mouvement de protestation Anpô, rassemblant environ un million de personnes, en est sans doute le symbole le plus marquant. La gauche ne cesse de faire remarquer que cette dépendance au parapluie militaire américain oblige le Japon à s’aligner sur les politiques sécuritaires des États-Unis.
Les besoins japonais liés à la défense sont cependant bien réels. Ainsi, depuis les années 1970, le Japon s’évertue à accorder sa politique sécuritaire à la Constitution pacifiste. La publication du premier Livre blanc en 1971 affirme une volonté de regagner une certaine autonomie concernant les questions de défense, sans jamais abandonner les idéaux de paix animant l’archipel. En ce sens, le Japon ratifie en 1976 le Traité de non-prolifération nucléaire. Par ailleurs, depuis le début des années 1990, le Japon a progressivement redéfini le rôle des FAD sur la scène internationale tout en respectant les contraintes de sa Constitution pacifiste.
Plusieurs lois et événements significatifs témoignent de cette évolution.
En 1991, la première guerre du Golfe amène le Japon à réexaminer sa contribution aux efforts internationaux. Conscient de son poids économique croissant, Tôkyô adopte la même année la loi relative à la participation aux opérations de maintien de la paix (PKO) des Nations Unies. Cette législation impose des principes stricts, que sont la neutralité, l’intervention limitée à des zones non-conflictuelles et l’usage des armes uniquement en cas de légitime défense. Les FAD peuvent dès lors partir à l’étranger, comme en 1992, lorsque les troupes participent à la reconstruction du Cambodge, marquant le début d’une nouvelle ère d’engagement international. À la fin des années 1990 et au début des années 2000, cette dynamique se renforce. En 1999, un nouveau traité de sécurité nippo-américain ouvre la voie à un soutien logistique du Japon aux États-Unis en cas de conflit. Suite aux attentats du 11 septembre 2001, une loi antiterroriste permet aux FAD de fournir du ravitaillement aux forces américaines et alliées dans l’océan Indien et le golfe Arabo-Persique, élargissant ainsi leur champ d’action au-delà des missions onusiennes. En 2003, une loi spéciale permet aux FAD de s’engager dans des missions de reconstruction en Irak, marquant un tournant significatif dans leur rôle joué à l’étranger. À partir de février 2004, des troupes armées sont déployées dans la province d’Al-Muthana pour des missions humanitaires. Elles visent à assurer des soins médicaux, la distribution d’eau et la reconstruction de la province, tout en demeurant officiellement en dehors des zones de combat. Bien que ces interventions suscitent des controverses, elles renforcent l’image du Japon en tant qu’acteur global en matière de sécurité.
Ces engagements ont été accompagnés d’évolutions institutionnelles. En 2007, l’Agence de défense est devenue le ministère de la Défense, symbole d’une militarisation du pays. La même année, le Japon a adhéré à la Cour pénale internationale, confirmant son rôle essentiel sur la scène mondiale. Ainsi, en s’étant progressivement et partiellement affranchi de ses propres engagements pacifistes en passant par des missions internationales, le Japon a pu s’adapter à de nouvelles conditions géopolitiques et sécuritaires. Se pose alors la question de la pérennité du pacifisme constitutionnel. Grand acteur international, et allié essentiel dans la région Indo-Pacifique, le Japon peut-il espérer une conciliation des principes de son pacifisme constitutionnel avec les impératifs sécuritaires des années 2000 ?
Le débat relatif au pacifisme constitutionnel est apparu en même temps que son adoption. Cependant, les traumatismes liés à la guerre et la priorisation de la reconstruction économique du pays contribuent à freiner toute réinterprétation trop radicale de la Constitution. En outre, de nouveaux facteurs géopolitiques et sociaux émergent à la fin du XXe siècle, entraînant une immense majorité de la droite japonaise, alors au pouvoir presque continuellement depuis les années 1950, à repenser les stratégies de défense japonaises.
Tout d’abord, la croissance économique fulgurante du Japon a permis au pays d’orienter ses préoccupations vers de nouveaux domaines. Le statut de superpuissance économique mondiale du Japon contraste avec ses capacités militaires fortement limitées, d’autant plus que le pays a multiplié depuis les années 1970 ses interventions militaires et humanitaires dans le monde. Grâce à son économie stable et son rôle international, la droite japonaise et une partie de la population commencent à pointer du doigt le caractère trop contraignant de l’article 9 de la Constitution. Cette population a d’ailleurs changé. N’étant plus la génération traumatisée par la période coloniale et la guerre, elle se montre moins attachée à l’idéal d’un pacifisme absolu. Ce facteur générationnel est important car les blocages à la réinterprétation de l’article 9 proviennent également du refus catégorique de la population à bafouer ces idéaux pacifiques. Le contexte géopolitique n’aide pas à atténuer les voix s’élevant contre l’absoluité de l’article 9. La Chine gagne en puissance, la Corée du Nord se montre de plus en plus offensive, et la dépendance au parapluie militaire américain reste un atout à double tranchant qui fragilise aussi la position japonaise dans la région. Enfin, un changement de perception des FAD s’opère à la suite du séisme dévastateur de Kobe en 1995. L’hésitation à faire appel aux FAD dans cette situation a scellé le sort de centaines de victimes, qui auraient pu être secourues à temps si ces forces avaient été déployées. Cette catastrophe a entériné l’idée que les FAD pouvaient avoir une toute autre image que celle d’une armée menaçant le pacifisme constitutionnel absolu. L’intervention des FAD lors du tsunami et de la catastrophe nucléaire de 2011 a fini d’atténuer la méfiance de la population envers ces forces armées.
Ainsi, ces multiples facteurs facilitent l’ouverture au véritable débat autour du pacifisme. Au début des années 2000, le Parti libéral-démocrate (PLD) saisit l’opportunité de revenir sur les contraintes posées par l’article 9. Au mois de juin 2003, un ensemble de projets de loi d’urgence sur la défense nationale est adopté par la Chambre des conseillers. En favorisant une meilleure préparation en cas d’agression armée, ces textes de lois désignent un ajustement stratégique des pays face à des menaces sécuritaires nouvelles. Ces lois présentent trois distinctions majeures. Elles renforcent tout d’abord la fiabilité des accords de sécurité passés avec les États-Unis pour consolider la défense nationale. Ils accordent une attention particulière au respect du droit humanitaire international pour gagner la confiance des pays étrangers et contribuer à l’ordre mondial. Enfin, le contenu des lois précise les responsabilités et les modes d’intervention en cas de crise, afin de garantir une transparence de la réponse japonaise. En parallèle, le ministère des Affaires étrangères, le secrétariat, le Cabinet et l’agence de défense préparent de nouvelles lois complémentaires sur la protection des ressortissants japonais, le traitement des prisonniers de guerre et la lutte contre les infractions bafouant les droits de l’Homme, conformément aux Conventions de Genève.
Par ailleurs, le débat sur la révision officielle de la Constitution devient plus vif dès 2005. Le PLD engage de multiples projets de lois entrant en contradiction directe avec les principes constitutionnels. Ce projet de loi introduit la reconnaissance explicite du droit au Japon de “détenir une Armée de défense nationale”, qui viendrait remplacer le qualificatif ambigu de “Forces d’autodéfense” jugées floues et inadaptées pour faire face aux nouvelles menaces. Parmi les innovations du texte, l’article 9.2.5 prévoit la création de juridictions spécialisées pour juger les militaires mis en cause pour infraction dans le cadre de leur fonction ou pour violation des secrets militaires. Bien que leur composition et leur institution demeurent imprécises, ces juridictions militaires s’imposent par trois nécessités : l’impératif du secret défense, la gestion d’affaires militaires de plus en plus délicates, et la réactivité en cas de crise. Ces projets marquent un tournant de par la nature des institutions proposées. Le PLD tente de construire une véritable structure militaire, légitime et légalement reconnue. Ces textes ne sont jamais adoptés car jugés anticonstitutionnels. Cependant, les verrous assurant la pérennité de la Constitution sautent peu à peu. En 2007, la loi sur l’organisation du référendum constitutionnel, permettant à la population d’être consultée au sujet de ces questions, est finalement adoptée. Il devient donc envisageable de modifier en profondeur la Constitution.
L’année 2012 marque non seulement le retour au pouvoir de Shinzô Abe, mais également l’affaiblissement de la gauche japonaise et des relais d’opinion qui défendaient avec ferveur le pacifisme constitutionnel. Par ailleurs, le renouvellement partiel de la Chambre des conseillers en juillet 2013 instaure une stabilité politique en faveur de la droite alors très favorable à une plus large réinterprétation de la Constitution, voire à sa révision.
Ce contexte favorable à la droite permet de relancer le débat concernant l’article 9 de la Constitution, aboutissant finalement en 2014 à la réinterprétation de cet article. Elle se distingue de la révision dans le sens où la révision constitutionnelle est une modification textuelle de la Constitution. La réinterprétation permet quant à elle d’élargir la portée de l’article sans modifier le texte constitutionnel, avec l’accord du Cabinet du Japon, soit le détenteur du pouvoir exécutif. Cette réinterprétation autorise désormais le droit à “l’autodéfense collective”, soit la capacité du Japon à intervenir militairement pour défendre ses alliés. La “renonciation à la guerre” (sensô hôki) stricte est remise en cause par la priorisation de la sécurité du territoire et des alliés (anzen hoshô). Les valeurs du pacifisme ne disparaissent pas, mais tout est mis en œuvre pour que la défense japonaise se normalise [5]. En ce sens, le gouvernement vote le 1er avril 2014 la levée de l’embargo sur les exportations d’armes par le Japon. Les nouveaux “Trois Principes de Transfert d’Équipements de Défense” octroient la possibilité pour l’archipel d’exporter du matériel militaire sous certaines conditions, de développer des systèmes d’armement avec des pays alliés et donc de renforcer sa coopération militaire internationale. A titre d’exemple, la France a adopté le 28 juillet 2016 une loi facilitant le transfert d’équipements et de technologies militaires avec le Japon.
Par ailleurs, 2015 devient l’année charnière de la réinterprétation constitutionnelle à son application. Le paquet de lois adopté est un ensemble législatif assignant de nouvelles prérogatives aux FAD. Il est désormais possible pour le Japon de déployer des moyens de défense pour garantir sa sécurité dans le cas où un pays allié serait victime d’une attaque. L’expression kaketsuke keigo, soit “se précipiter dans des endroits éloignés pour protéger et sauver”, incarne bien cette idée. Trois conditions sont cependant spécifiées pour autoriser la riposte japonaise. L’attaque doit en premier lieu menacer l’intégrité du Japon et ses habitants, et la riposte ne doit être que militaire ainsi que la plus limitée possible. En renonçant à la négation du droit de belligérance, le gouvernement permet aux FAD de se doter de capacités offensives, de fournir un soutien logistique, comme le ravitaillement, dans des missions internationales menées par l’ONU, d’occuper ou d’administrer un territoire étranger, d’instaurer des blocus ou encore d’engager l’évacuation de ressortissants japonais en cas de menace.
Le “pacifisme pro-actif” prôné par Shinzô Abe renforce rapidement les alliances dans la région. L’archipel développe ses ambitions de coopération avec l’Inde et des pays d’Asie du Sud-Est, grâce à l’approfondissement de dialogues stratégiques et de programmes d’échanges relatifs à l’entraînement ou la fourniture d’équipements et de technologies. La déterritorialisation de la politique sécuritaire japonaise s’acte donc progressivement. La réinterprétation seule de la Constitution n’est cependant pas satisfaisante pour une partie des membres du PLD qui souhaiteraient sa complète révision. Ainsi, en 2017, Shinzô Abe proposait d’ajouter à l’article 9 une clause élevant les FAD au rang d’organisation militaire légitime, rebaptisée “Forces armées japonaises”. Ce titre renforcerait non seulement la légitimité des FAD à l’intérieur du pays comme sur la scène internationale, mais ouvrirait de tous nouveaux champs d’actions possibles.
Ces propositions ou adoptions de lois se sont cependant continuellement confrontées à une opposition redoublant de fermeté concernant la défense du pacifisme constitutionnel. Il semblerait qu’une grande partie de la population japonaise soit toujours méfiante à l’idée d’élargir l’interprétation de l’article 9. Ainsi, d’après un sondage de l’agence de presse Kyodo, publié à la fin du mois de juillet 2015, 60 % des personnes interrogées étaient favorables au maintien de cet article dans son sens originel. Seulement, l’article n’a pas été légalement révisé et demeure de ce fait intact. La procédure de révision constitutionnelle se heurterait sans doute à de trop grandes difficultés.
L’absence de révision constitutionnelle s’explique sans doute de par la complexité de la manœuvre, tant du point du vue législatif que sociétal. La question de la révision est abordée au chapitre 9 de la Constitution, à l’article 96. Ce processus s’organise en trois temps : d’abord l’initiative parlementaire, puis l’acceptation de celle-ci par le peuple souverain via un référendum, et enfin la promulgation officielle par l’empereur. L’initiative parlementaire est longue et nécessite une coalition entre les deux grands partis du Japon, soit le PLD et le PDC (Parti démocrate constitutionnel). En effet, au moins deux tiers des membres de la Diète doivent se prononcer en faveur de la révision de la Constitution, ensuite examinées par les commissions sur la Constitution des deux chambres du Parlement, puis par les sessions plénières de chaque Chambre où deux tiers des membres doivent de nouveau voter pour l’adopter.
Passée cette étape, la procédure de l’amendement constitutionnel est soumise au peuple via un référendum. [6] L’approbation populaire pourrait être tout aussi difficile que la coalition entre les membres du PLD et du PDC. Pourtant conscients des tensions géopolitiques croissantes dans la région, les Japonais restent attachés (mais de moins en moins) à l’idéal pacifique défendu dans la Constitution. Si la réinterprétation joue avec les limites et le sens des articles, la révision modifie en profondeur l’essence des valeurs sur lesquelles repose la Constitution. Les réformes menées par Shinzô Abe avaient déjà suscité un vaste émoi dans le pays, incarné par de grands mouvements de protestation. L’on peut citer à titre d’exemple le Comité d’action “Sogakari” (Tous ensemble contre la guerre et pour l’article 9 de la Constitution), l’Association des chercheurs opposés aux lois sur la sécurité nationale, le collectif des “Mères contre la guerre”, le groupe “Sauvez la démocratie constitutionnelle”, ou encore des organisations étudiantes. De grands intellectuels et spécialistes se sont aussi dressés contre ces réformes, qualifiées tantôt de coup d’Etat par Kenji Ishikawa, constitutionnaliste à l’université de Tôkyô, tantôt de “non-conformes” à la Constitution par Hasebe Yasuo, le spécialiste du droit constitutionnel du PLD, ou encore par Yamaguchi Shigeru, ancien président de la Cour Suprême. Malgré ces contestations, force est de constater que les réformes mises en place sous l’ère Shinzô Abe ont marqué un tournant dans l’histoire constitutionnelle du Japon. Ces évolutions, jouant sur la limite entre la réinterprétation et la révision, ont fini d’ouvrir la voie à un renforcement progressif de l’appareil militaire japonais. Ce processus semble s’être approfondi ces dernières années, notamment face à des défis géopolitiques croissants en Asie de l’Est.
III. 2021 – 2025 : vers une implication militaire affirmée du Japon ?
En juillet 2024, lors du sommet de l’OTAN, l’ancien Premier Ministre Fumio Kishida avait réaffirmé son soutien à l’Ukraine, avançant que “l’Ukraine d’aujourd’hui pourrait être l’Asie de l’Est de demain”. En comparant la situation ukrainienne à celle de l’Asie de l’Est, Fumio Kishida établissait un parallèle entre deux scénarios dans lesquels une grande puissance tenterait d’annexer certains territoires voisins afin d’asseoir son hégémonie. La référence à la menace chinoise planant sur Taïwan est assez claire, puisqu’une victoire russe pourrait inspirer la Chine dans ses ambitions expansionnistes. La guerre russo-ukrainienne n’apparaît donc pas comme un lointain conflit européen aux yeux du Japon, mais comme une menace sérieuse pour la sécurité de la région. En ce sens, l’ancien Premier Ministre orientait le Japon vers un engagement sans précédent dans un conflit international.
Dès le début de la relance de la guerre, le Japon s’engage fermement auprès de l’Ukraine jusqu’à devenir en 2023 le troisième donateur le plus important, avec un total de 4,2 milliards d’euros. En mars 2023, Fumio Kishida se rend en Ukraine à l’occasion d’une visite diplomatique, marquant un tournant dans la politique étrangère japonaise. Aucun chef d’Etat ne s’était en effet trouvé dans une zone en conflit depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. En mai 2023, Fumio Kishida invite le président ukrainien à participer au sommet du G7 à Hiroshima. En février 2024, le Japon devient le pays hôte de la Conférence Japon-Ukraine qui donne lieu à la signature de 56 accords couvrant divers domaines d’implication tels que l’énergie, la technologie et l’information. Dans le même temps, le Japon adopte des mesures visant à réduire l’importation de pétrole, de graines, d’huiles végétales et d’autres produits agricoles venant de Russie, tout en veillant à ce que la Russie reçoive le moins d’aides financières possible.
L’implication japonaise ne se limite pas à une aide financière et un soutien diplomatique. En effet, Tôkyô choisit de mener une politique de dissuasion en fournissant une assistance militaire non létale aux forces de défense ukrainiennes, ce qui lui a permis d’éviter d’enfreindre des règles strictes en matière de transferts d’armes. Par exemple, en vertu de l’article 116-3 de la loi sur les FAD [7], le Japon fournit au gouvernement ukrainien des équipements et des biens des forces d’autodéfense japonaises, notamment des gilets pare-balles, des casques, des uniformes de combat d’hiver, des tentes, des appareils photo, des fournitures médicales, des rations d’urgence et des générateurs, en veillant à ce qu’ils soient correctement contrôlés après le transfert.
Ainsi, la guerre russo-ukrainienne semble marquer le point de départ d’une politique étrangère japonaise plus nette. Le Japon paraît en effet résolu à occuper une place plus importante sur la scène internationale, et à veiller à la sécurité de la région. Cet état d’esprit fait notamment écho à la volonté nippone de transformer l’Indo-Pacifique en un espace libre et ouvert.
Dans un contexte international dominé par la montée en puissance de la Chine, la course à l’armement nucléaire de la Corée du Nord et l’agression armée de l’Ukraine par la Russie, le Japon se trouve à la croisée de chemins stratégiques. Entre tensions régionales et alliances internationales, son pacifisme constitutionnel est plus que jamais confronté à la réalité d’un environnement sécuritaire incertain.
Selon une étude menée par l’Asahi Shimbun, 80% des Japonais interrogés se disent inquiets de voir éclater une guerre entre le Japon et des pays voisins, notamment la Chine et la Corée du Nord. Force est de constater que les provocations de ces deux pays se sont multipliées. En septembre 2024, la Corée du Nord publie des images concernant une installation d’enrichissement d’uranium, faisant craindre l’éventualité d’un accroissement de son potentiel nucléaire. En novembre 2024, le pays lance des missiles balistiques vers la mer du Japon, suscitant quelques frayeurs à Tôkyô.
Les conflits sont également fréquents autour des îles Senkaku, disputées entre la Chine et le Japon, et dont la Zone Économique Exclusive serait de 4,4 millions de km². Par ailleurs, une victoire russe, ou du moins un manque de fermeté à l’égard de la Russie, pourrait conduire la Chine à poursuivre ses projets d’annexion des territoires convoités. La Chine et la Russie ayant réaffirmé leur “amitié” ces dernières années, il est concevable que la Russie soutienne la Chine dans ses projets hégémoniques. Les deux pays mènent parfois des opérations conjointes, en ayant par exemple envoyé leurs navires parcourir le détroit de Tsugaru, situé entre Honshû et Hokkaidô, se rapprochant des îles Senkaku. De même, les bombardiers chinois H-6K et les bombardiers russes TU-95 ont effectué une patrouille aérienne conjointe depuis la mer du Japon jusqu’à l’océan Pacifique en passant par la mer de Chine orientale en novembre 2021. Outre le Japon, la Chine pourrait lancer une offensive sur d’autres territoires convoités, notamment Taïwan que le Japon soutiendrait probablement (mais sans doute timidement) en cas de conflit.
Face à ces tensions, le Japon continue de suivre une politique conciliatrice, tout en renforçant cependant ses atouts militaires. Ainsi, en décembre 2022, l’administration du Premier Ministre Kishida adopte trois documents stratégiques majeurs : la stratégie de sécurité nationale (SSN), la stratégie de défense nationale (SDN) et le programme de renforcement de la défense (PRD). Le Premier Ministre japonais avait également annoncé une augmentation du budget alloué à la défense à 2 % du PIB. Ces mesures semblent traduire une affirmation réelle du Japon sur les questions de sécurité nationale et internationale. Cependant, ce sursaut défensif acte-t-il un renversement profond et durable de la politique étrangère japonaise ? Pour traiter cette question, il est pertinent de se pencher sur la nomination de Shigeru Ishiba au poste de Premier ministre, qui pourrait choisir d’entériner cette phase dans la stratégie militaire du Japon.
Shigeru Ishiba prononce le 4 octobre 2024, lors de son discours de politique générale à l’occasion de la 214e session parlementaire, les mots suivants : “Le Japon est désormais confronté à l’environnement sécuritaire le plus complexe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. [...] Face à ce contexte, il est indéniable que le Japon doit mener un renforcement drastique de ses propres capacités de défense, en accord avec notamment sa stratégie de sécurité nationale.” Ces propos reflètent tant le sentiment d’urgence émanant du contexte régional menaçant que la volonté du gouvernement japonais d’assumer une position sécuritaire plus offensive. Malgré ces propos quelque peu inquiétants, le Premier Ministre affiche en réalité une attitude plus nuancée. Shigeru Ishiba insiste notamment dans ce même discours sur la nécessité de cohabiter pacifiquement dans la région, afin de favoriser l’essor d’un espace où les intérêts - notamment économiques - de chacun seraient respectés. Ces déclarations modérées reflètent la complexité dans laquelle se trouve actuellement le Japon. D’une part cible de menace, de l’autre partenaire économique essentiel, l’archipel se doit de renforcer sa sécurité tout en respectant la Constitution et en tempérant les relations avec les pays les plus menaçants. En somme, la posture japonaise se teinte de davantage de réalisme sans abandonner cet idéal pacifiste et conciliateur.
L’article 9 reste évidemment un frein à l’approfondissement des politiques sécuritaires du Japon. Cependant, des questions budgétaires et économiques entrent aussi en compte. En effet, le gouvernement japonais a validé un projet de budget prévisionnel pour l’année 2025 allouant à la défense nationale une somme de 43 trillions de yens (soit 272 milliards de dollars), afin d’œuvrer au “renforcement fondamental” de la défense japonaise. Cependant, la dépréciation du yen, de même que la hausse du prix des matières, ont réduit la valeur réelle du budget de ces 43 trillions de yens. Le Bureau des audits, face à la faiblesse du yens, a estimé que le Ministère de la Défense avait payé 123,9 milliards de yens de plus que prévu pour l’acquisition d’équipements de défense auprès du gouvernement américain, dans le cadre du programme “Foreign Military Sales” pour l’exercice 2023. Pour contrer l’essor de ces dépenses imprévues, le gouvernement et les partis du pouvoir proposent l’augmentation des taxes sur les entreprises et sur le tabac pour l’exercice 2026. Les partis d’opposition ont pour leur part fustigé le budget alloué à la défense, et se sont opposés à la ponction des taxes pour financer ces dépenses. Les blocages quant à l’approfondissement des stratégies de défenses japonaises restent donc nombreux.
Le Japon est aujourd’hui une puissance militaire extrêmement significative sans toutefois posséder une armée de jure. L’archipel se trouve donc toujours au cœur de ses propres contradictions, tiraillé entre la nécessité de se doter de moyens militaires toujours plus performants et son allégeance à la Constitution. Cette situation paradoxale trouve pourtant une certaine logique. Comme l’indiquait Koji Sato dans son essai « The Japanese Annals of International Law », poursuite d’un idéal pacifiste et démonstration de puissance ne sont pas forcément incompatibles [8]. La difficulté vient du caractère catégorique de la Constitution qui n’admet aucune forme de belligérance. Les multiples réinterprétations constitutionnelles montrent qu’il n’est pas réaliste d’imaginer un pays assurant sa survie en défendant bec et ongles un pacifisme absolu. L’évolution militaire du Japon expose ces difficultés dès la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le Japon a été forcé d’adapter sa Constitution aux nouvelles réalités internationales, et le gouvernement Abe s’est largement inscrit dans ce processus. Les Japonais semblent eux-mêmes prendre conscience des menaces les entourant, et ne se montrent plus aussi hostiles à la question militaire. Cette militarisation progressive soulève de profondes interrogations.
Le contexte géopolitique brûlant risque d’impliquer toujours plus l’archipel, l’amenant à approfondir ses stratégies de défense. Par ailleurs, l’allié américain se montre de plus en plus imprévisible. Si Donald Trump réaffirmait début 2025 son soutien militaire au Japon en cas de conflit, cette alliance ne peut fonctionner sans concession du côté japonais. Le relèvement des tarifs douaniers et l’augmentation de la contribution japonaise à l’aide militaire américaine ne pourraient constituer qu’un début aux nouvelles exigences des États-Unis. La politique étrangère menée par Donald Trump montre que les alliances dépendent désormais bien plus des intérêts économiques que des valeurs partagées. Même si le Japon reste un atout stratégique indispensable dans la région pour le côté américain, l’archipel se doit de songer au renforcement de son autonomie défensive. Pour le moment, le pays reste néanmoins paralysé par la tension entre ces nouveaux enjeux sécuritaires, des blocages économiques et sa Constitution pacifiste. La question est de savoir jusqu’où le pragmatisme militaire du Japon ira sans renoncer au pacifisme hérité depuis 1945.
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ANNEXE
En complément de cet article, vous trouverez un document analysant les réinterprétations successives du préambule et de l’article 9 de la Constitution du Japon.
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[1] Yoïchi Higuchi, Constitutionalism in a Globalizing World : Individual Rights and National Identity, University of Tokyo Press, 2002, p. 76-77.
[2] Voir le document joint en annexe.
[3] Guibourg Delamotte, La politique de défense du Japon, Presses universitaires de France, 2010
[4] Éric Seizelet, « Mourir au combat : l’impensé des Forces d’autodéfense japonaises », Études de l’IFRI, IFRI, septembre 2017
[5] Céline Pajon, « Le réarmement contrôlé du Japon », Politique étrangère, 1, 2011, p. 129-141
[6] Les modalités de vote lors du référendum restent encore incertaines. Plusieurs doctrines s’affrontent encore, entre celle imposant qu’une majorité des votants se manifestent, et celle ne fixant pas de taux minimum de participation tant que la majorité des voix exprimées l’emporte. Éric Seizelet . (2011) . “Le référendum d’intérêt national en matière de révision constitutionnelle au Japon”. Revue française de droit constitutionnel, n° 85(1), 3-40.
[7] Cet article concerne la mobilisation d’urgence et les procédures liées à l’utilisation des FAD dans des situations de crise nationale. Il autorise également le gouvernement à mobiliser les FAD en cas de crises internationales qui affecteraient même indirectement la sécurité du Japon.
[8] Koji Sato, “The pursuit of the principle of international cooperation in the Constitution of Japan”, The Japanese Annals of International Law, 1993, no 36.
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