L’institut FMES propose à travers son « Atlas stratégique de la Méditerranée et du Moyen-Orient » une lecture claire et synthétique des grands enjeux du bassin méditerranéen et du Moyen-Orient et passe en revue l’ensemble des forces en présence. Cet ouvrage accessible, novateur et original présente en 50 cartes inédites des problématiques complexes et des informations utiles et synthétiques. Il illustre les capacités des forces armées et des scénarios de crises possibles. Disponible en version numérique gratuite à télécharger sur le site de l’institut FMES. Cet Atlas a été publié grâce au soutien de la Direction Générale des Relations Internationales et de la Stratégie (DGRIS) du Ministère des Armées. Cartographie par Pascal Orcier, professeur agrégé de géographie, docteur, cartographe, auteur et co-auteur de plusieurs ouvrages.
Quels sont les atouts et vulnérabilités des Etats-Unis ? Quelle réévaluation de leur grande stratégie ? Quelle place dans ce contexte pour le bassin méditerranéen et la partie sud du Moyen-Orient ?
Dans le cadre de ses synergies géopolitiques, Diploweb.com est heureux de vous faire connaitre cette carte commentée extraite de l’« Atlas stratégique de la Méditerranée et du Moyen-Orient » publié par l’institut FMES.
Carte grand format en pied de page.
AIGUILLONNÉS par l’ambition affichée de la Chine qui souhaite s’imposer comme la première puissance mondiale, les États-Unis réagissent et réorganisent leur posture à l’échelle planétaire. Ils sont conscients de disposer d’atouts réels pour conserver le leadership à échéance visible : croissance économique, population jeune et dynamique, ressources énergétiques et stratégiques en quantité suffisante, outil industriel, supériorité technologique, capacité d’attraction des élites scientifiques, situation géographique quasi-insulaire, forces armées nombreuses et expérimentées supérieures à celles de leurs rivaux déclarés.
Les États-Unis sont toutefois conscients de leurs vulnérabilités : intérieures d’abord par la fragmentation et la division croissantes de leur société ; extérieures ensuite, par l’éparpillement de leurs forces sur les nombreux théâtres d’opérations sur lesquels ils se sont engagés après la guerre froide, par idéalisme libéral ou par idéologie néoconservatrice, profitant de leur posture de seule superpuissance. Les élites américaines sont également conscientes de la dégradation du prestige moral et opérationnel des États-Unis, conséquence de la brutalité, de l’incohérence et de l’échec de leur politique étrangère depuis deux décennies. C’est tout particulièrement le cas au Moyen-Orient où l’Amérique est désormais perçue comme peu fiable et comme un élément perturbateur et inconstant, menaçant sciemment ou non les régimes autocratiques en place, et non plus comme un acteur capable de stabiliser la région.
Depuis Barack Obama, les États-Unis procèdent à la réévaluation de leur grande stratégie désormais tournée vers la zone indopacifique afin de contrer plus efficacement le concurrent chinois. Il s’agit pour eux de redéfinir la ligne de défense de leurs intérêts cruciaux qui leur permet de défendre leurs alliés les plus importants (Europe, Japon, Inde, péninsule Arabique) situés dans la partie contestée du Rimland (Spykman, Kissinger, Brzezinski), face aux discours agressifs et aux menaces à peine voilées de la Chine et de la Russie, puissances continentales du Heartland cher à Mackinder. Cette nouvelle ligne de défense protège les principaux axes maritimes garants de la supériorité stratégique américaine, mais implique un repli de zones où les États-Unis s’étaient engagés depuis plusieurs décennies (partie nord du Moyen-Orient, Pakistan...) laissant en suspens la question de Taïwan. Peut-être les stratèges américains espèrent-ils pousser les Chinois et les Russes à la faute en les tentant par des gains réputés faciles dans cette zone tampon qu’ils leur abandonnent ? Ils rachètent en attendant un peu partout les pépites technologiques pour conserver leur avance dans ce domaine crucial.
Dans cet aggiornamento géopolitique, le pacte AUKUS (avec l’Australie et le Royaume-Uni) et le QUAD (avec l’Inde, le Japon et l’Australie) aident le Pentagone à contenir la poussée de la Chine, tandis que l’OTAN a pour vocation de fixer et contenir la Russie à l’ouest, le temps nécessaire aux États-Unis de contrer l’expansion chinoise en zone INDOPACOM. Nul doute que Washington cultivera au mieux l’alliance sacrée des démocraties anglo-saxonnes, les Five Eyes (États-Unis, Royaume-Uni, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande) qu’elle considère comme son socle vital qu’aucun autre acteur ne peut espérer intégrer.
Le bassin méditerranéen et la partie sud du Moyen-Orient ne sont plus dès lors qu’un corridor de transit permettant un redéploiement rapide des forces américaines en océan Indien, ainsi que le réservoir d’hydrocarbures de la Chine qu’il convient d’être en mesure de verrouiller. Prudents, les États-Unis n’en ont pas moins modernisé leurs bases militaires sur place pour pouvoir s’y redéployer très vite en cas de besoin.
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Titre du document : Carte. La grande stratégie des Etats-Unis d’Amérique Cliquer sur la vignette pour agrandir la carte. Réalisée par Pascal Orcier, cette carte est extraite de la publication de l’institut FMES, Atlas stratégique de la Méditerranée et du Moyen-Orient, téléchargeable sur le site de l’institut FMES Document ajouté le 13 avril 2022 Document JPEG ; 487476 ko Taille : 1600 x 1604 px Visualiser le document |
Quels sont les atouts et vulnérabilités des Etats-Unis ? Quelle réévaluation de leur grande stratégie ? Quelle place dans ce contexte pour le bassin méditerranéen et la partie sud du Moyen-Orient ?
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