L’histoire a-t-elle déjà vu un pays renoncer à l’arme nucléaire ? Si l’Afrique du Sud, l’Ukraine, la Biélorussie et le Kazakhstan ont renoncé à la dissuasion nucléaire, c’est à chaque fois après un changement de régime politique. La Corée du Nord fera-t-elle exception ? Et l’Iran ?
QUESTIONS
. Quelles sont les idées fausses concernant la place de l’arme nucléaire dans les relations internationales ?
. Quelles sont les idées fortes à retenir au sujet del’arme nucléaire dans les relations internationales ?
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Résumé Emilie Dael Causse pour Diploweb
Nous nous trouvons dans un moment particulier de l’histoire de la planète nucléaire. En effet, en juillet 2018 auront lieu les cinquante ans de l’ouverture à la signature du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. C’est l’occasion pour l’ensemble de la communauté internationale de faire un point sur la place de l’arme nucléaire dans les rapports entre puissances et dans les doctrines de sécurité des grands États aujourd’hui.
Quelles sont les idées fausses sur la place de l’arme nucléaire dans les relations internationales ?
L’idée selon laquelle le monde s’acheminerait vers la fin de l’arme nucléaire est erronée. Elle semble avoir animé certains États pendant la négociation d’un traité d’interdiction signé à New-York à l’été 2017. Bien au contraire, en 2018, nous assistons d’un côté à une re-nucléarisation des politiques de sécurité des États dotés de l’arme nucléaire, et de l’autre au retour des débats autour d’une possible relance des politiques de nucléarisation pour les non dotés. Cette tendance se traduit notamment dans le fait que les États dotés n’ont pas signé le traité de New-York et que beaucoup d’autres se sont abstenus. Pour la centaine d’États non dotés, cette volonté de mettre fin aux armes nucléaires rend compte d’une exaspération croissante à l’égard d’un retour de l’arme nucléaire dans le monde.
L’arme nucléaire n’est pas non plus en train de reprendre la place qui fut la sienne pendant la Guerre froide (1947-1990). Il ne suffit pas de prendre appui sur les stratégies des années 60 à 80 pour comprendre le monde nucléaire actuel. Pour cause, le monde n’est plus bipolaire mais en cours de multipolarisation, ce qui fait que les rapports entre États sont beaucoup plus complexes. En particulier parce que les États ont des politiques d’alliances et de partenariats beaucoup plus opportunistes et pragmatiques qu’avant.
Il ne faut pas non plus croire que la volonté de lutter contre la prolifération de l’arme nucléaire soit en perte de vitesse. Si les années 2000 à 2012 ont été marquées par une érosion de la non-prolifération, il semble désormais nécessaire de repenser ce que doivent être les cadres de l’arme nucléaire, c’est-à-dire la maîtrise de l’armement (ou l’ « arms control »). L’enjeu et de repenser un instrument de maîtrise du volume de la violence.
Quelles sont les idées fortes à retenir au sujet de l’arme nucléaire dans les relations internationales ?
Les grands États dotés de l’arme nucléaire que sont les Etats-Unis, la Russie, la France, la Chine, et le Royaume-Uni sont en cours de modernisation de leur force de dissuasion. Cela se traduit par exemple en France au travers de la présentation en février 2018 de la Loi de programmation militaire 2019-2025 qui prévoit une hausse du budget de dissuasion. Un processus général de réévaluation de l’arme nucléaire dans les arsenaux des États dotés est donc en marche et le rôle de l’arme nucléaire dans les doctrines de sécurité de ces États n’a pas décru.
Dans le contexte de crise de prolifération actuel, il semble important de rappeler que dans l’histoire, aucun État n’a dénucléarisé, désarmé et démantelé son programme sans changement de régime ou rupture historique majeure. C’est seulement le cas de l’Afrique du Sud avec la fin de l’apartheid en 1991 et celui de l’Ukraine, de la Biélorussie et du Kazakhstan dont l’armement été rapatrié en Russie suite à l’implosion de l’URSS le 8 décembre 1991. Voici pourquoi, à moins d’une rupture politique majeure en Corée de Nord dans les années à venir, il n’y a pas de raison de penser que le régime soit sur la voie d’une dénucléarisation.
Enfin, pour comprendre l’importance de l’arme nucléaire dans les relations internationales aujourd’hui, il faut avoir à l’esprit qu’elle reste une clé de lecture déterminante des relations entre puissances. En particulier, dès qu’il y a un conflit ou qu’une rivalité peut s’exacerber, elle va immédiatement prendre le rôle de stabilisateur ou celui d’un facteur qui empêche de débloquer une situation ou bien qui permet d’en rester à une rivalité de basse intensité. Par exemple, cela est vrai pour la crise syrienne qui perdure car l’allié russe empêche que des solutions militaires soient adoptées ou aillent dans le sens d’une escalade nucléaire.
Ainsi l’arme nucléaire reste extrêmement structurante dans les relations entre puissances et ce en particulier dans des cas de crise.
Copyright pour le résumé Juin 2018- Dael Causse/Diploweb.com
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. Benjamin Hautecouverture : La Corée du Nord et l’arme nucléaire
. François Géré : Un stratège français d’envergure, P.-M. Gallois et le nucléaire
. François Géré : Lucien Poirier, stratège français de la dissuasion nucléaire
. Benjamin Hautecouverture : Quelle prolifération nucléaire ?
Benjamin Hautecouverture est Maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). Propos recueillis par Pierre Verluise, Docteur en géopolitique, fondateur du Diploweb.com. Images et son Jérémie Rocques. Montage : Fabien Herbert. Résumé : Emilie Dael Causse.
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Auteur / Author :
, , , ,Date de publication / Date of publication : 7 juin 2018
Titre de l'article / Article title : Vidéo. B. Hautecouverture (FRS) Un retour de l’arme nucléaire dans les relations internationales ?
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L’histoire a-t-elle déjà vu un pays renoncer à l’arme nucléaire ? Si l’Afrique du Sud, l’Ukraine, la Biélorussie et le Kazakhstan ont renoncé à la dissuasion nucléaire, c’est à chaque fois après un changement de régime politique. La Corée du Nord fera-t-elle exception ? Et l’Iran ?
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