www.diploweb.com/protection/1.htm Géostratégie "Forces spéciales. Nouveaux conflits, nouveaux guerriers", par Pascal Le Pautremat (dir.) |
Le concept de Forces spéciales repose
sur le principe de l’économie des forces. Une ou des équipes de 5 à 10 hommes
remplissent des missions extrêmement délicates qui doivent contribuer à
l’obtention d’avantages stratégiques, ou tactiques, dans le cadre d’un plan
d’action plus vaste. |
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éd. Autrement, coll. Frontières, 134
p. 2e trimestre 2003.
Les Forces spéciales (FS) existent
depuis longtemps, mais
la fin de la Guerre froide leur donne une nouvelle
dimension. Cet ouvrage permet d’en prendre conscience et de mieux appréhender
le cas de plusieurs pays : Israël, Etats-Unis, Russie, France et
Royaume-Uni.
De multiples missions souvent liées au
secret-défense Pascal Le Pautremat dirige cet ouvrage à plusieurs voix. Docteur en histoire contemporaine, officier de réserve, il a été chargé de mission au Centre d’études d’Histoire de la Défense (CEHD). Il définit ainsi le nouveau concept de ces « unités d’élites constituées en petites équipes » : « Les Forces spéciales remplissent de multiples missions souvent liées au secret-défense. A ce titre, elles peuvent être à dominante militaire ou politique : assistance militaire ; encadrement et formation d’unités de partisans dans un contexte de guérilla ; guerre psychologique ; appui opérationnel aux unités conventionnelles engagées ; actions commandos dans la profondeur des lignes ennemies ; renseignement ; captage de transmission et appui à la maintenance des transmissions ; expertise initiale de théâtre, aide médicale d’urgence ; évacuation des ressortissants ; libération d’otages ; arrestation de criminels de guerre ; protection de personnalités politiques, etc. (…)
Dans la mesure où le terrorisme est désigné
comme la menace majeure pour les grandes puissances, la priorité est, en toute
logique, de les contrer : les moyens mis en œuvre insistent sur le
renseignement, pour mieux connaître les réseaux adverses, et sur l’élimination
ciblée de leurs membres et de leurs chefs. Si ce type d’opérations est souvent
mené en collaboration avec les services secrets, en aucun cas les membres des
FS ne peuvent être assimilés aux services spéciaux, qui agissent de manière
occulte. Il est à noter que les membres des Forces spéciales, en raison de leur
particularisme, sont capables d’opérer dans les trois dimensions (terre, air,
mer) et répondent aux exigences d’une grande disponibilité
opérationnelle ». (pages 8 et 9)
Le concept de Forces spéciales repose
sur le principe de l’économie des forces. Une ou des équipes de 5 à 10 hommes
remplissent des missions extrêmement délicates qui doivent contribuer à
l’obtention d’avantages stratégiques, ou tactiques, dans le cadre d’un plan
d’action plus vaste.
Une réponse au nouveau contexte de
sécurité
Pour cela, les FS disposent de
matériels élaborés. C’est pourquoi Philippe Wodka-Gallien – membre du Comité
d’experts de l’Institut Diplomatie et Défense - présente un chapitre intitulé : « Forces spéciales et
hautes technologies ». Il prend le temps d’expliquer pourquoi les années
1990 offrent un contexte favorable au développement des FS. « En fait,
depuis
la chute du Mur de Berlin (1989), les Forces spéciales sont considérées
par les responsables politiques et militaires des nations occidentales, plus
spécifiquement dans les pays de l’OTAN ou de l’Union européenne, comme une
réponse au nouveau contexte de sécurité auxquels elles sont confrontées. Pour
l’essentiel, la fin de l’affrontement bloc contre bloc en
Centre-Europe, et la
multiplication des crises interétatiques ou interethniques élargissent
considérablement le cadre d’action des Forces spéciales dans les principaux
pays de l’OTAN. En parallèle, les intérêts de la plupart des nations
occidentales se sont mondialisés. Leurs ressortissants sont disséminés sur
toute la surface du globe, et, par le biais de multiples traités, accords et
organismes internationaux (à l’image de l’ONU), les opportunités
d’interventions militaires se sont largement multipliées. De par leur
savoir-faire et leur mode d’action, les Forces spéciales font ainsi partie de
ces moyens légers et souples d’emploi, susceptibles d’intercéder au plus tôt
dans une crise, n’importe où dans le monde. (…)
La guerre sans la guerre ?
Enfin, et cela mérite d’être souligné,
les services rendus par les Forces spéciales, et à travers elles les
technologies utilisées, peuvent aussi s’apprécier au regard de critères
politiques et institutionnels. En l’occurrence, dans nos démocraties, les Forces spéciales permettent de mettre
sur pied des opérations discrètes et limitées dans le temps, sans déclaration
de guerre et sans que les parlementaires ne soient forcément impliqués dans la
décision ».(pages 15 et 16) A ce sujet, le Parlement français semble moins
consulté que le Congrès des
Etats-Unis. Par ailleurs, l’usage des FS répond à
une préoccupation des sociétés occidentales : faire et - gagner la guerre
– à moindre prix en vies humaines. En outre, les FS ont appris à utiliser,
voire instrumenter, le champ médiatique.
Une nouvelle course
Autre
dimension
par
laquelle
l’usage
des
FS
s’inscrit
dans
l’après-guerre
froide :
les
Etats-Unis
sont
les
leaders
et
font
tout
pour
le
rester
en
entretenant,
voire en augmentant, le
différentiel avec leurs « alliés ». « Pour les Européens de
l’OTAN, le défi est aussi américain, car le niveau d’équipement, tant en terme
qualitatif que quantitatif, s’apprécie aussi au regard du rythme imposé par les
Etats-Unis. Ce sera là un fait structurant de la future relation Euro-Atlantique. » (p. 29)
On ne fera pas ici le détail des
forces spéciales étudiées. L’étude successive des FS israéliennes, américaines,
russes, françaises et britanniques est précise. Cependant,
le mode de
présentation
retenu
risque
de conduire à ne pas faire de distinction entre les usages qui
en sont fait. Peut-on mettre dans le même sac l’action des
Forces spéciales
russes en Tchétchénie et les actions des FS françaises ? Evidemment pas.
Les FS sont une partie d’un tout Enfin, il ne faut pas perdre de vue que l’excellence physique, technique et mentale – voire le sens du sacrifice – ne peuvent permettre aux autorités de faire l’économie d’une véritable politique.
En témoigne
le cas israélien. Jean-Pierre Husson, journaliste spécialisé dans le domaine de
la
défense, écrit ainsi : « Aujourd’hui, Israël ne peut plus se
prévaloir de lancer des opérations dans un contexte de « légitime défense
préventive » pour assurer la survie de la nation, comme cela fut longtemps
le cas, avec l’aval de l’opinion publique. Le caractère parfois illégal, voire
immoral, de certaines des missions accomplies par les Forces spéciales
israéliennes, est à présent désavoué par la communauté des Etats et par le
droit international. Néanmoins, les Forces spéciales israéliennes restent
empêtrées dans une logique de secret absolu qui ne laisse aucune place à l’idée
de transparence. De plus, la stratégie de représailles et d’assassinats qui
semble se perpétuer dans un contexte d’extrêmes tensions
israélo-palestiniennes, dessert considérablement l’image d’Israël. Les Forces
spéciales elles-mêmes ne sortent pas indemnes de cette situation qui, fortement
médiatisée, affaiblit la cohérence de leurs missions et mine le moral de leurs
troupes ». (p. 46)
Pierre Verluise
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Date de la mise en ligne: octobre 2003 | ||
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