Cette émission, Pourquoi l’Union européenne doit-elle enfin se penser comme une puissance ? Avec J. Staron, sur RND

Cette émission, Pourquoi l’Union européenne doit-elle enfin se penser comme une puissance ? Avec J. Staron, sur RCF

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Synthèse de cette émission, Pourquoi l’Union européenne doit-elle enfin se penser comme une puissance ? Avec J. Staron. Rédigée par Emilie Bourgoin pour Diploweb.com , validée par J. Staron

L’Union européenne (UE), avec ses 448,7 millions d’habitants, est souvent perçue à travers le prisme de ses normes et régulations. Pourtant, ces outils sont bien plus qu’un simple encadrement juridique : ils sont un levier de puissance. L’UE agit notamment en régulant les géants du numérique et en imposant des normes strictes sur la protection des données, ce qui illustre son rôle de « puissance normative ». Cependant, malgré ses actions, l’idée que l’UE puisse être une véritable puissance, au sens géopolitique du terme, peine à s’imposer dans l’esprit de nombreux États membres et citoyens.

Une vision fragmentée de la puissance

La notion d’une Union européenne géopolitique reste fortement influencée par la vision française, qui prône une souveraineté accrue dans divers domaines, notamment la défense. Cependant, cette approche n’est pas partagée de manière uniforme à travers l’UE. Pour les pays du nord et de l’est de l’Europe ainsi que l’Allemagne, la priorité a longtemps été d’intégrer et de préserver un marché unique, mettant en avant la puissance économique et commerciale. La défense européenne, en revanche, n’a jamais été un projet commun aussi ambitieux pour tous. En Allemagne, le rapport à la puissance reste marqué par l’histoire, et l’évolution vers une vision géopolitique plus affirmée est lente.

Défis face à la défense commune

L’un des plus grands obstacles à l’émergence d’une Union européenne géopolitique réside dans les divergences d’intérêts en matière de défense. La France, avec ses champions industriels dans le domaine, défend l’idée d’une industrie européenne de la défense. En revanche, des pays comme la Pologne ou l’Allemagne préfèrent s’appuyer sur la protection offerte par les États-Unis et l’OTAN. Cette disparité complique la mise en place d’une défense européenne commune, nourrissant les tensions entre pragmatisme et souveraineté.

Un réveil face aux crises

Les crises successives de la pandémie de COVID-19 (2020-2021) et de la relance de la guerre en Ukraine (2022 - ) ont provoqué une prise de conscience brutale au sein des pays européens. Ces événements ont révélé les dépendances stratégiques de l’UE, que ce soit en matière de médicaments ou d’énergie, notamment pour l’Allemagne avec sa dépendance au gaz russe. Ces chocs ont poussé les pays membres à reconsidérer leurs priorités et à adhérer, même à contrecœur, à l’idée d’une Union européenne plus autonome et résiliente.

Face à ces défis, des concepts autrefois oubliés refont surface, tels que la souveraineté alimentaire, la réindustrialisation, ou encore la préférence communautaire. Ces termes soulignent l’urgence de relocaliser certaines industries, comme celle des semi-conducteurs, où l’UE ne représente que 10% de la production mondiale. L’objectif est de réduire les dépendances extérieures, tout en reconnaissant que la souveraineté européenne ne signifie pas autarcie, mais une autonomie stratégique accrue en cas de crise.

L’enjeu démographique

Sur le plan démographique, l’UE est confrontée à un « hiver démographique », caractérisé par un solde naturel négatif depuis 2012 et un recours croissant à l’immigration pour compenser la baisse de la natalité. Avec 448 millions d’habitants sur une population mondiale de 8 milliards, l’UE doit repenser son approche démographique. Sans une action concertée pour attirer des populations actives et maintenir un équilibre entre retraités et travailleurs, l’Union européenne pourrait voir son modèle économique et social fragilisé.

La question de la migration reste un sujet délicat au sein de l’UE, avec des divergences profondes entre les États membres. Si l’UE a la compétence de contrôler ses frontières extérieures avec Frontex et de coordonner les politiques d’asile en cas de crise, la politique migratoire reste largement nationale. Pourtant, dans un contexte de déclin démographique et de concurrence mondiale pour les talents, une approche européenne commune devient de plus en plus nécessaire.

Ressources recommandées

Pour approfondir ces réflexions, le site de Synopia, un think tank qui publie des rapports sur les problématiques de gouvernance à l’échelle nationale, européenne et internationale, offre des ressources précieuses.

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