DOTE d’un régime parlementaire confessionnel, le Liban compte 5,5 millions d’habitants, avec un PIB global d’environ 20 milliards de dollars, même si la situation de très nombreux Libanais s’est considérablement dégradée. 5 % du PIB est consacré au budget de la défense, soit 1 milliard de dollars.

L’incapacité des autorités libanaises à gérer les blocages politiques, la crise économique profonde, les réformes indispensables sans cesse reportées et la modernisation difficile des forces armées font douter de la pertinence du modèle libanais, alors même que le pays du Cèdre avait longtemps été considéré comme la Suisse du Moyen-Orient. Cette situation a longtemps fait le jeu de la Syrie, aujourd’hui acteur secondaire au Liban, et profite au Hezbollah et à l’Iran qui cherchent à s’imposer comme les acteurs clés du pays, mais aussi à Israël qui peut frapper ses adversaires et violer la souveraineté libanaise sans craindre l’opprobre internationale, même si l’accord de délimitation maritime récent trouvé diminue les risques d’affrontements entre Israël et le Liban.

Cette procrastination quasi-institutionnalisée résulte aussi de l’équilibre relatif des forces politiques entre le Courant du Futur du 14 Mars (pro-occidental et pro-saoudien) et l’alliance de la résistance du 8 Mars (pro-syrienne et pro-iranienne), qui illustre le statu quo militaire entre les Forces armées libanaises et le Hezbollah. Ce dernier cherche à accroître son influence sur la scène politique intérieure et à la pérenniser. L’objectif est de préserver le système confessionnel actuel en l’adaptant à son profit et de gérer la relation complexe avec l’Iran de manière à conserver son soutien financier et logistique, tout en affichant sa capacité de décision autonome pour se démarquer de l’image de proxy inféodé au régime iranien. Il s’agit également d’éviter un affrontement majeur avec Israël qui impacterait l’ensemble du Liban et dont le Hezbollah sortirait très probablement affaibli. Le seul atout des Forces armées libanaises est d’être interconfessionnelles et d’être considérées comme l’un des derniers facteurs d’unité nationale, en plus du maillage efficace du territoire qui endigue la menace terroriste. Leurs vulnérabilités sont nombreuses : un armement obsolète et un entraînement qualifié de très insuffisant, une dépendance logistique croissante à l’égard des milices, une incapacité à contester la mainmise du Hezbollah sur toute question liée à la défense du territoire, ainsi qu’une incapacité à protéger la population en cas de frappes israéliennes. Face à cela, le Hezbollah fait preuve de motivation, de combativité et d’une maîtrise du combat défensif, ainsi que d’une puissance de feu incomparable, avec des roquettes à longue portée et des missiles capables de viser l’essentiel du territoire israélien.

L’enjeu consiste donc, pour les Forces armées libanaises, à intégrer à terme, d’une manière ou d’une autre, les cadres et les forces combattantes du Hezbollah, ce qu’Israël ne pourra pas accepter, prolongeant probablement le statu quo libanais.

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