L’institut FMES propose à travers son « Atlas stratégique de la Méditerranée et du Moyen-Orient » une lecture claire et synthétique des grands enjeux du bassin méditerranéen et du Moyen-Orient et passe en revue l’ensemble des forces en présence. Cet ouvrage accessible, novateur et original présente en 50 cartes inédites des problématiques complexes et des informations utiles et synthétiques. Il illustre les capacités des forces armées et des scénarios de crises possibles. Disponible en version numérique gratuite à télécharger sur le site de l’institut FMES. Cet Atlas a été publié grâce au soutien de la Direction Générale des Relations Internationales et de la Stratégie (DGRIS) du Ministère des Armées. Cartographie par Pascal Orcier, professeur agrégé de géographie, docteur, cartographe, auteur et co-auteur de plusieurs ouvrages.
Dans le cadre de ses synergies géopolitiques, Diploweb.com est heureux de vous faire connaitre cette carte commentée extraite de l’« Atlas stratégique de la Méditerranée et du Moyen-Orient » publié par l’institut FMES.
Carte grand format en pied de page.
DEPUIS la révolution islamique iranienne de 1979, la guerre Iran-Irak (1980-1988) et la guerre du Koweït (1991), le golfe Persique ne cesse de cristalliser les tensions du Moyen-Orient. Après une décennie de détente permettant le développement économique de sa rive sud et la reconstruction de sa rive nord, la situation s’est à nouveau tendue avec l’arrivée au pouvoir de George W. Bush en 2001, son discours offensif sur « l’Axe du mal », son invasion de l’Irak en 2003, suivie de l’arrivée au pouvoir à Téhéran du populiste Mahmoud Ahmadinejad (2005) bien décidé à accélérer le programme nucléaire iranien.
Sur l’autre rive, les monarchies de la péninsule Arabique sont choyées par les États-Unis pour éviter qu’elles ne s’effondrent après la vague des révolutions arabes de 2011 qui ont fait chanceler Bahreïn et le sultanat d’Oman. De 2005 à 2015 et malgré les rodomontades des uns et des autres, Américains et Iraniens évitent toute provocation trop agressive. Si l’élection de Hassan Rohani à Téhéran et la conclusion de l’accord nucléaire (JCPOA, 14 juillet 2015) détend les relations entre les Occidentaux et l’Iran, elles ont pour effet inverse de les tendre entre l’Iran et les trois monarchies de la péninsule Arabique (Arabie saoudite, Bahreïn et Émirats arabes unis) qui se sentent désormais marginalisées et menacées par les ambitions régionales de la République islamique. La période 2015-2020 sera donc celle de tous les dangers, d’autant que le président américain Donald Trump dénonce en 2017 le JCPOA et leur donne un blanc-seing pour exercer une « pression maximale » à l’encontre de l’Iran avec l’aide d’Israël. Ces trois monarchies en profiteront pour instaurer le blocus du Qatar et régler quelques vieux comptes avec Doha qui avait profité des printemps arabes pour devenir le phare et le banquier de l’Islam politique. Oman et le Koweït, très attachés à leur neutralité, refuseront de s’engager sur cette voie. Pendant ce temps, l’Irak déstructuré par vingt années de guerre, tente péniblement de se reconstruire et de redevenir fonctionnel.
En 2019, les accrochages se multiplient dans la zone (voir carte), tout particulièrement à proximité du détroit d’Ormuz pour démontrer la capacité des Iraniens comme des Américains à en exercer le blocus en cas de confrontation armée. Les frappes contre les infrastructures pétrolières saoudiennes, qui ne provoquent aucune réaction militaire américaine, constituent un électrochoc pour Riyad et Abou Dhabi et incitent les EAU à conclure les accords d’Abraham avec Israël et à regarder davantage vers la Chine.
Avec l’arrivée de Joseph Biden (2021) et sa volonté affichée de renégocier avec l’Iran, de miser sur le Qatar et de snober l’Arabie saoudite et les EAU, les tensions semblent être retombées, d’autant plus que la Chine a fait savoir à ses partenaires iraniens, saoudiens et émiriens qu’elle n’hésiterait pas à exercer de sévères représailles économiques si leurs actions inconsidérées aboutissaient au blocage du détroit d’Ormuz, vital pour son approvisionnement énergétique. Les accrochages entre l’Iran, Israël, l’Arabie saoudite et les EAU se sont donc déplacés en mer, dans le golfe d’Oman, en mer Rouge et en Méditerranée orientale.
Au début de l’année 2022, la perspective de l’échec des négociations sur le nucléaire iranien et la nervosité du gouvernement israélien semblent ressusciter d’hypothétiques options militaires pour empêcher l’Iran de franchir le seuil nucléaire. Le golfe Persique pourrait dans ce cas redevenir un espace d’affrontement, y compris dans un scénario impliquant des forces navales chinoises, encourageant tous ceux qui le peuvent à s’affranchir du détroit d’Ormuz pour trouver des voies alternatives pour exporter leur pétrole en direction de l’océan Indien. C’est la chance du sultanat d’Oman qui mise plus que jamais sur son positionnement stratégique et relativement protégé à l’entrée du golfe Persique pour s’imposer comme le nouveau hub incontournable de la région.
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Titre du document : Carte. Les tensions dans le golfe Persique Cliquer sur la vignette pour agrandir la carte Les tensions dans le golfe Persique. Cette carte est extraite de la publication de l’institut FMES, Atlas stratégique de la Méditerranée et du Moyen-Orient, téléchargeable sur le site de l’institut FMES Document ajouté le 17 janvier 2023 Document JPEG ; 422693 ko Taille : 1200 x 1200 px Visualiser le document |
Depuis 1979, le golfe Persique ne cesse de cristalliser les tensions du Moyen-Orient. Cette carte éclaire les rapports de forces et les faits structurants sur 4 décennies. Avec un commentaire. A ne pas manquer.
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