Professeure de chaire supérieure au lycée Faidherbe (Lille) où elle enseigne la géopolitique en classes préparatoires économiques et commerciales. Membre du laboratoire HABITER (EA 2076) de l’Université Reims Champagne-Ardenne. Elle est notamment co-auteure chez Ellipses de Les 50 cartes à connaître, Coll. Atout concours, Paris, 2016 ; Histoire, Géographie, Géopolitique. Concours d’entrée aux grandes écoles, Coll. Atout concours, Paris, 2015.
Voici une synthèse de l’actualité internationale de juillet et août 2017 qui sera fort utile à tous ceux qui veulent disposer d’un point de l’actualité géopolitique, voire préparent un concours. Pour ne rien manquer, et recevoir nos alertes sur des documents importants, le plus simple est de s’abonner gratuitement à notre Lettre d’information hebdomadaire ou au compte twitter de veille géopolitique @diploweb
Au Rwanda, durant cet été 2017, Paul Kagamé a été réélu à la tête de l’État avec près de 98 % des suffrages. Il dirige ce pays depuis le génocide auquel il a mis fin en 1994 et pourrait rester au pouvoir jusqu’en 2034 grâce à la réforme constitutionnelle de 2015.
Au Kenya, les élections se sont tenues dans un climat très tendu. L’opposition dénonce de très importantes fraudes. Les précédentes élections de 2007 avaient provoqué la mort de plus d’un millier de personnes. Le président sortant, Uhuru Kenyatta – fils de Jomo Kenyatta, père de l’indépendance de son pays – est issu de l’ethnie majoritaire des Kikuyu, alors que son rival Raila Odinga appartient à celle des Luo, assez marginalisée. Kenyatta est déclaré vainqueur avec 54 % des suffrages, ce que conteste son challenger. Le Royaume-Uni félicite Kenyatta pour sa réélection, il est donc peu probable que la communauté internationale ne reconnaisse pas ce résultat. L’opposition fait appel à la Cour Suprême.
En Angola, des élections se sont tenues durant l’été 2017 pour remplacer le président Edouardo dos Santos au pouvoir depuis 38 ans. Elles ont été remportées, sans surprise, par le parti au pouvoir, le MPLA. Son leader, Joao Lourenço, prend les rênes du pays.
En Inde, le président dont le rôle est purement honorifique, mais assez symbolique, vient d’être désigné par un suffrage indirect par environ 5 000 parlementaires. Ram Nath Kovin, ancien avocat de 71 ans et porte-étendard du BJP, est désigné. C’est un symbole fort car ce dernier est un « intouchable », un dalit... Cette désignation devrait aider le BJP à récupérer le vote de cette communauté d’environ 200 millions de personnes pour les prochaines législatives.
Durant l’été 2017, le pouvoir organise une consultation de réforme constitutionnelle très controversée, aussi bien en interne qu’à l’international. C’est dans ce contexte que se déroulent plusieurs attaques qui ajoutent encore un peu plus à la confusion : la Cour suprême l’est par un hélicoptère de la police et le parlement en session par des partisans du président. Le referendum organisé par l’opposition à Nicolas Maduro aurait déplacé près de 25 % de la population, et plus de 98 % des suffrages se sont exprimés pour rejeter le projet d’Assemblée constituante, préférant que l’armée garantisse la constitution. Il s’agit d’un vrai revers pour le président vénézuélien.
Le président Maduro est le maitre d’œuvre d’un coup d’État juridique qui élargit ses pouvoirs.
L’escalade des tensions depuis le printemps 2017 trouve en partie ses racines dans les manipulations politiques du président Maduro qui cherche désespérément à se maintenir au pouvoir, la dernière en date étant une Assemblée constituante dont un tiers des sièges lui est de facto réservé. Les violences ont déjà fait près de 100 morts et provoqué la fuite d’environ un million de personnes vers la Colombie. Une grève générale a paralysé le pays jeudi 20 juillet 2017, en protestation contre le projet de modification de la constitution. Les membres du Mercosur affichent leur solidarité avec l’opposition vénézuélienne. Peut-être près de 7 millions d’électeurs – mais les chiffres sont contestés, certains observateurs avancent plutôt celui de 5 millions - se sont déplacés pour élire l’Assemblée constituante d’un Venezuela en plein naufrage. Le président est le maitre d’œuvre d’un coup d’État juridique qui élargit ses pouvoirs. La répression s’abat sur l’opposition : Leopoldo Lopez, qui a fondé le parti Voluntad popular a été arrêté tout comme le maire de Caracas Antonio Ledezma. Quant à Luisa Ortega, la procureure du parquet général, figure de l’opposition à Maduro, elle a été limogée… et elle a dû se résoudre à l’exil.
Les relations se tendent entre les Etats-Unis et la Corée du Sud où le nouveau président – Moon Jae-in – remet en cause le bienfondé du dispositif antimissile THAAD que les États-Unis souhaitent déployer très rapidement.
Face au haussement de ton entre les dirigeants nord-coréen et américain, voire l’hubris témoignée, Pékin apparait comme un facteur de stabilisation à l’échelle régionale...
Le président américain Donald Trump voudrait que Pékin accentue sa pression sur son allié nord-coréen alors que le leader chinois Xi Jinping est très courroucé par la vente d’armes américaines à Taiwan. Pyongyang a démontré sa capacité à envoyer un missile balistique à 7 000 km et donc de toucher l’ile de Guam, c’est-à-dire le territoire américain. La possibilité d’une intervention armée – un temps envisagée par Washington – est peu réaliste en raison de l’inévitable coût humain d’une telle opération, non seulement pour les belligérants mais aussi les voisins de la Corée. Pyongyang le sait...
Les rodomontades du dirigeant nord-coréen poussent la Chine et la Russie à se rapprocher, car ni l’une ni l’autre n’ont intérêt au déploiement d’un bouclier antimissiles sur le sol sud-coréen.
Alors que le président américain est, pour la première fois depuis longtemps, enclin à un dialogue avec Moscou, les nuages s’amoncellent durant l’été 2017. A Washington, de nombreuses voix continuent de dénoncer l’ingérence russe dans la campagne présidentielle, comme la volonté de Donald Trump de mener conjointement avec Moscou une campagne anti-cyberattaque. Le parlement américain a voté de nouvelles sanctions contre la Russie, prenant à contrepied la politique déployée par Donald Trump vers Moscou. Il s’agit d’un rare consensus entre Démocrates et Républicains qui souligne encore davantage l’isolement du nouveau président, en difficulté pour abroger l’Obamacare comme il le souhaitait. Cette décision met en porte-à-faux les alliés Européens qui dépendent des importations énergétiques depuis la Russie. .
Charlottesville a été le théâtre de violences à caractère racial. Le déclencheur est la décision municipale de faire disparaitre la statue équestre du général Robert E. Lee, héros confédéré de la guerre de sécession, du parc de la ville. Stratège hors pair, il est devenu le symbole de la lutte des Confédérés contre l’État fédéral, et c’est à ce titre que sa statue devait disparaitre.
Les suprémacistes blancs se sont saisi de ce prétexte pour défiler, contre la décision municipale, mais cette manifestation a surtout un ressort raciste contre la communauté noire ce qui a suscité une contre-manifestation. Ces violences ont provoqué la mort d’une personne.
La vraie question qui se pose est la suivante : comment les États-Unis post-Obama peuvent-ils en être arrivés à cette situation ?
L’Empire du Milieu s’implante toujours plus sur le continent africain. Il déploie désormais une base militaire à Djibouti, comme la France et les États-Unis, depuis laquelle il compte participer à une action de stabilisation au Sud-Soudan, en proie à la guerre civile. Ce petit pays, seulement vieux de six années, est un important producteur de pétrole et devrait le devenir bien davantage si les investissements pouvaient se développer. Tout y est aussi à construire en termes d’infrastructures... une aubaine pour un pays comme la Chine dont c’est un des points forts.
Cela fait un an que la Turquie a été le théâtre d’un putsch avorté en juillet 2016. Le bilan est aujourd’hui assez inquiétant. On a du mal a tenir la comptabilité des arrestations des opposants politiques car le président Erdogan a profité de cette occasion pour étouffer toute opposition et prendre des mesures qui ont accru son pouvoir cumulant la fonction présidentielle avec celle de Premier ministre dès 2019, tout en ayant la possibilité de nommer les membres du pouvoir judiciaire. Idil Eser, directrice d’Amnesty internationale en Turquie vient ainsi d’être emprisonnée, alors que des milliers d’intellectuels ont préféré le chemin de l’exil... La Turquie est le théâtre d’une vraie chasse aux sorcières qui s’est traduite par environ 40 000 arrestations et 100 000 personnes ont perdu leur emploi. L’école, quant à elle doit mettre en œuvre de nouveaux programmes qui font désormais l’impasse sur la théorie de Darwin et laisse une place nouvelle à l’étude du djihad.
A Hong-Kong, la répression continue à s’abattre sur le mouvement de la « révolution des parapluies ». Trois jeunes militants ont été condamnés pour leur participation à des manifestations pro-démocratiques en 2014. De nouvelles manifestations s’organisent pour la libération de ceux que les pro-démocrates considèrent comme des « prisonniers politiques ».
L’Estonie vient de prendre durant l’été 2017 la présidence tournante de l’UE pour six mois, remplaçant Malte. Les chantiers sont nombreux, notamment la question migratoire, celle des travailleurs détachés ou celle du numérique, point fort de cette république balte. Cette dernière question revêt une autre dimension dans le contexte des cyberattaques toujours plus nombreuses.
Le défi migratoire reste largement à relever. L’Italie a déjà accueilli plus de 85 000 personnes depuis le début de l’année 2017 (devant la Grèce près de 10 000 et l’Espagne environ 6 500) et déplore le manque de solidarité européenne. Ces flux migratoires n’ont plus grand-chose à voir avec des réfugiés politiques car il s’agit davantage de migrations économiques, dans l’espoir d’une vie meilleure. Le chaos libyens favorise le passage depuis les côtes africaines, un trafic d’êtres humains lucratif pour les passeurs.
L’Union européenne doit, pour assurer sa pérennité, opérer une réflexion et se réformer.
Plusieurs axes se distinguent. Emmanuel Macron met sous le feu des projeteurs celui des travailleurs détachés. Il fait une tournée en Europe centrale et orientale – qui a intégré l’Union entre 2004 et 2007 – pour que les gouvernements (dont les ressortissants forment l’essentiel de ces travailleurs) s’engagent à soutenir une réforme du statut qui permet d’appliquer la législation du pays d’origine à ceux qui sont employés en Europe occidentale, exerçant une concurrence terrible pour les travailleurs locaux. Le président français y voit une « trahison » de l’esprit européen. Cette directive de 1996, très libérale, avait pour but non seulement de dynamiser la croissance économique assez atone dans l’Union européenne, mais aussi de favoriser la mobilité interne des travailleurs pour que l’Union fonctionne à l’échelle fédérale. Ce dumping social n’est pas étranger au désamour croissant des Européens pour l’Union. Varsovie a fait connaitre son refus de revoir cette directive.
Autre piste d’action pour Bruxelles, celle des achats d’entreprises européennes par des fonds et des concurrents chinois. L’Allemagne d’Angela Merkel n’a toujours pas digéré le rachat de Kuka, un des leaders dans la robotique, par son concurrent Midea. Une réflexion est menée sur la protection des entreprises en Europe face à la multiplication des achats, en particulier par des actifs originaires de l’Empire du Milieu. C’est une réflexion cruciale pour l‘avenir européen, notamment industriel, alors qu’aucune réciprocité n’est possible avec les entreprises chinoises. Une lente conversion de Bruxelles à la sécurité économique ?
Le chef de l’Etat islamique serait toujours en vie.
Alors que le territoire maitrisé par l’EI ne cesse de se réduire, du fait des offensives en Irak où se joue notamment la bataille de Mossoul et en Syrie autour de Raqqa, le danger djihadiste perdure. La France s’est ainsi engagée auprès du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) à soutenir leur effort militaire qui lutte contre Al Qaida et les mouvements rattachés à l’EI. L’ONG Observatoire syrien des droits de l’homme annonce la mort d’Abou Bakr Baghdadi, leader de l’EI, supposé tué par une frappe aérienne dans la région de Raqqa. Cependant cette information a été démentie le 31 août 2017 par un haut responsable militaire américain, le général Stephen Townsend, commandant de la coalition contre l’EI en Irak et en Syrie .
L’Afghanistan est toujours au cœur des attaques terroristes. Ainsi, une mosquée chiite de Kaboul a été victime des terroristes, au moins 14 personnes sont mortes. Daech revendique ce crime.
Selon le gouvernement irakien, il faut reloger plus de 900 000 Mossouliotes. Il évalue la reconstruction des zones tenues par l’EI à 100 milliards de dollars.
Au Nigéria, Boko Haram a tué une nouvelle fois, plus de 70 personnes, autour d’infrastructures pétrolières dans le nord-est du pays.
En Espagne, un attentat au camion bélier frappe le cœur touristique de Barcelone faisant une quinzaine de victimes et une centaine de blessés.
Après avoir fait les honneurs de la République française à Vladimir Poutine, le président Emmanuel Macron invite à Paris le président américain à assister au défilé militaire du 14 juillet 2017, pour le centenaire de l’intervention américaine lors de la Première Guerre mondiale. La France rénove ainsi ses relations avec les principales puissances mondiales, en se basant sur ses héritages historiques.
Tout est dans l’image... celle d’une gouvernance mondiale. Dans les faits, la réalité est tout autre. Donald Trump obtient de pouvoir continuer à exploiter les énergies fossiles dites « propres » ( ?) comme d’user de procédures antidumping pour sauver les apparences du multilatéralisme. En fait, les divergences se creusent entre les États-Unis à l’heure de l’America first et la majorité de ses partenaires. Une guerre de l’acier, à l’heure d’une surcapacité mondiale, se profile car Donald Trump veut préserver les emplois américains dans un secteur qui a opéré un réel redressement sous les mandatures Obama. L’unité est réalisée autour de la lutte et le financement du terrorisme.
La ville de Hambourg a été le théâtre, en marge du G20, de scènes surréalistes de violence qui ont fait près de 500 blessés parmi les forces de l’ordre, alors que les Black Block – mouvance anarchiste – ont mis le feu au quartier de Schanzenviertel. Hambourg en sort meurtrie et son image est écornée.
Le groupe Daech enregistre toute une série de revers militaires en juillet et août 2017. Après Mossoul reconquise il y a peu, Tal Afar a été reprise par l’armée irakienne grâce au soutien de la coalition internationale.
En France, le groupe Meo, de la région des Hauts de France, est un torréfacteur encore indépendant qui enregistre de vrais succès dans la vente de capsules compatibles avec les machines à café Nespresso. Il vient d’investir 8 millions d’euros et espère ouvrir des cafés sous son enseigne.
Le centre Pompidou, haut lieu de l’art contemporain à Paris devrait ouvrir une antenne à Shanghai après avoir réussi à le faire à Malaga en Espagne. Il participe ainsi au rayonnement de la culture française à l’international.
Au Royaume-Uni, la très sérieuse revue Nature publie durant l’été 2017 un article sur les recherches du professeur Pinaki Panigrahi concernant un probiotique, au faible coût, qui permettrait de réduire la mortalité des nourrissons victimes de septicémie. Cette dernière est responsable de près de 500 000 décès chaque année dans les pays en développement.
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Plus pour réussir
Extraits du catalogue des livres géopolitiques publiés par Diploweb pour la réussite aux concours.
. A. Degans, "Réussite aux concours 2018 ! La synthèse de l’actualité internationale 2017"
. L. Chamontin, "Ukraine et Russie : pour comprendre"
. G-F Dumont, P. Verluise, "The Geopolitics of Europe : From the Atlantic to the Urals"
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