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www.diploweb.com Géopolitique de l'Asie centrale

Intégration régionale et sécuritaire en Ouzbékistan 

Quelles coopérations possibles avec l'Union européenne?

Par Emmanuel Dupuy,

Président de l'Institut Prospective et Sécurité de l'Europe (IPSE)   

L’axe eurasiatique est devenu fortement complémentaire du lien transatlantique. Les intérêts qui y convergent font qu’à l’instar d’un récent rapport de l’Assemblée parlementaire de l’UEO il convient de s’y intéresser car « les principaux  risques pour la sécurité de l’UE résident dans le potentiel de déstabilisation interne des Etats voisins orientaux de l’UE lié au processus de transition, collusion entre criminalité organisée, terrorisme et corruption généralisée ».

Biographie de l'auteur en bas de page.

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L’Ouzbékistan occupe sur le plan régional et international, un espace stratégique à bien des égards essentiel à la stabilité et la sécurité internationales... Dès lors le regard que porte sur cette zone l’Europe communautaire est-il déterminant.  

Cette réalité s’inscrit d’un côté, dans la quête d’autonomie politique et stratégique de l’Europe, notamment à travers la montée en puissance de la PESC et de la PESD, accompagnée de la dynamique constatée depuis plusieurs mois en matière d’intégration régionale et internationale, accompagnant ainsi la recherche d’une stabilité stratégique associant paix, sécurité intérieure et internationale.

De l’autre, bien que la politique européenne de voisinage (élaborée en mai 2004) ne concerne pas directement l’Asie centrale, il est indéniable que le « premier cercle d’amis » issus du Caucase, de la zone de la mer Noire et de l’espace euro-méditerranéen, trouve un écho légitimant l’intérêt européen au-delà, notamment à travers le Plan d’action bilatéral (PCA) - liant l’UE à Tachkent depuis le 1er juillet 1999 (et ce jusqu’en 2009).  

En effet, les objectifs poursuivis à travers le PCA confirment cette approche globale et commune : 

· Démocratie et pluralisme politique ;

· Promotion des droits de l’homme ;

· Bonne gouvernance ;

· Développement durable ;

· Intégration économique plus poussée.

L’analyse des enjeux de sécurité en Asie centrale ne saurait aussi être complète sans la prise en compte du réajustement du concept stratégique de l’OTAN tel que le Sommet de Riga en novembre 2006 l’a réaffirmé, notamment quant aux questions liées à sa nature, sa composition et la teneur de ses missions, mais sans que le caractère militaire de la structure ne change intrinsèquement.

Fort logiquement, l’ambitieuse opération menée par l’Alliance en Afghanistan (ISAF, Force Internationale d’Assistance à la Sécurité, première mission « hors zone », réunissant depuis 2003, plus de 32 000 soldats issus de 37 pays, dont 1100 Français) a été au cœur du Sommet, tout comme la concrétisation d’une ambition longtemps défendue par la France de voir émerger une coordination européenne en matière civilo-militaire dans le cadre de la reconstruction post-crise, incluant les questions d’éducation, de santé et d’ingénierie administrative, institutionnelle et judiciaire.

La Charte de sécurité européenne de l’OSCE complète ce tableau, dont les éléments stratégiques peuvent être synthétisés autour de préoccupations communes de la Communauté internationale.

 

L’Asie centrale, révélateur du très « Grand jeu »

Si l’on a coutume d’évoquer le grand jeu dès lors qu’il s’agit de caractériser le caractère stratégique du contrôle des richesses en hydrocarbures en évoquant le « grand jeu » entre puissances pour le contrôle des marges méridionales de l'ancienne URSS, alors l’on peut parler d’un « très grand jeu », en élargissant le propos du Caucase vers l’Asie centrale, comme l’a évoqué récemment le diplomate français René Cagnat.

En effet, il est question à la fois de :

· la sécurité des approvisionnements énergétiques (tant du point de vue chinois qu’occidental) dans une région d’intenses échanges, eu égard aux champs pétroliers de la mer Caspienne (notamment les gisements pétroliers géants de Tenguiz et de Kashaghan au Kazakhstan et les champs gaziers de la mer d’Aral, du moins ce qu’il en reste) et croisement des routes du pétrole (quasiment calquées sur celle de la mythique route de la soie, en direction de l’est chinois, auxquelles s’ajoutent celles qui pourraient venir du sud afghan et pakistanais concrétisant le rêve de la société américaine Unocal –mis à mal par la situation chaotique en Afghanistan - de faire transiter le brut de la mer Caspienne vers l’Océan indien en contournant la turbulente Iran) ;

 

· la lutte contre le terrorisme international, sous-tendue par la proximité directe de l’Afghanistan, ainsi que les tentatives récurrentes des Islamistes du Hizb-ut-Tahrir, dont le siège est à Londres et qui semble y avoir pignon sur rue ! , du Mouvement Islamique d’Ouzbékistan - MOI - fondé par Djuma Namagani et Tohir Yuldah en 1997 et de la secte islamique violente « Akromaïa » d’instaurer le Califat, Etat transnational islamique, dans la région. Ces tentatives médiatisées depuis une dizaine d’années, peuvent également constituer une lecture possible des événements d’Andijan du 13 novembre 2005 qui auraient fait entre 170 et 1000 morts. En tout les cas, l’islamisme semble encore solidement ancré dans la région et notamment dans la Vallée de la Ferghana, partie isolée du pays à l’est, limitrophe du Kirghizstan ;

 

· la tentative d’endiguer la drogue et les trafics divers liés à la grande criminalité internationale et la mobilisation contre la prolifération des Armes de Destruction Massive (ADM), rendues très volatiles depuis le départ des troupes russes et la démobilisation des chercheurs militaires et civils.

 

Le stratégiste américain Zbigniew Brzezinski en mettant l’accent sur la focalisation de la pensée stratégique américaine sur une nouvelle politique volontariste de containment, afin de verrouiller le continent eurasien confirme l’importance vitale de cette région.

Dans ce contexte, l’exercice « Roubej 2006 » au Kazakhstan auquel ont participé, en août 2006, les forces armées ouzbèkes s’inscrit dans ce cadre de coopération multilatérale en matière de sécurité, dont la frontière intérieure et extérieure vole ici en éclat…

 

L’Ouzbékistan, pivot central dans la région

Fort de ce constat, il convient de se placer également du point de vue ouzbek et européen.

Incontestablement, l’Ouzbékistan s’est engagé dans un processus d’intégration régionale que caractérise son appartenance à l’Organisation de Coopération de Shanghaï (OCS, créée en juin 2001). Seule OIG domiciliée en Chine, présidée par le diplomate Zhang Deguang (ancien ambassadeur de Chine à Moscou), l’OCS regroupe les 4 pays d’Asie centrale - Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikistan et Ouzbékistan (sans le Turkménistan ni l’Afghanistan) - la Chine et la Russie. L’Inde, l’Iran, la Mongolie et le Pakistan y participent en tant qu’observateurs, pour l’instant... 

Ainsi, cette « politique de bon voisinage asiatique », au moment où l’on a fêté le 5ème anniversaire de l’OCS, à Douchambé au Tadjikistan, il y a quelques semaines s’inscrit dans la confirmation de l’OCS comme acteur global de la stabilité régionale, bien loin de la démilitarisation de la frontière, soucis initial de Moscou et de Pékin). L’implantation à Tachkent du centre antiterroriste de l’OCS (RATS), malgré son incapacité à déjouer les attentats de mars et juillet 2004 dans la capitale ouzbèke, semble toutefois aller dans le sens d’une coordination de l’information devenue la règle entre pays membres de l’OCS.

Rappelons que l’Europe semble avoir enfin compris cette nécessité stratégique, du moins si l’on en croit les ambitions réaffirmées lors du 10ème anniversaire du Partenariat ASEM et exposées à l’occasion du sixième Sommet Asie-Europe en septembre 2006.

Néanmoins, ce processus d’intérêt croissant entre Asie et Europe peut se également se trouver quelque peu nuancé par la sortie de l’Ouzbékistan du GUAM (organisation créée en 1997 liant la Georgie, l’Ukraine, l’Arménie, la Moldavie et potentiellement la Roumanie en 2007).

Cette sortie est sans doute liée à la Déclaration de Borjomi en août 2005 venue sceller la communauté de destin des « pays à choix démocratique », en l’espèce les nouvelles légitimités politiques issues des deux principales révolutions colorées en Géorgie (2003) et en Ukraine (2004). On sait ce qu’il en advint par la suite.

D’autres signes laissent également entendre que l’Eurasie est devenu un objectif stratégique.

Il en va ainsi de la relance de l’organisation de coopération économique centre-asiatique (EURASEC, fusionnée en Communauté eurasiatique à Saint-Pétersbourg en 2005, regroupant désormais la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan) à l’occasion du Sommet de Minsk en juin 2006 ainsi que du retour de l’Ouzbékistan au sein de l’Organisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC). On ne saurait, bien évidemment, oublier dans ce panorama, la « revitalisation » de la Communauté des Etats Indépendants (CEI, qui a succédé peu ou prou à l’URSS à partir de 1991). Le Sommet de novembre 2006 à Minsk, au moment où se tenait celui de l’OTAN à Riga est ainsi venu compléter la signature du pacte de sécurité entre Moscou et Tachkent, datant de novembre 2005.

Ainsi, c’est bel et bien la domination du « Heartland » (que l’on pourrait traduire par coeur de l’île mondiale) chère à Halford Mackinder qui est en jeu...

Il en résulte une nette concurrence entre les deux pays les mieux à même d’assurer le leadership régional. Le Kazakhstan par sa taille (cinq fois la taille de la France) et le volume de sa production en hydrocarbures (5ème producteur de pétrole et parmi les premiers en uranium) et l’Ouzbékistan par sa position géographique centrale (puisqu’il entoure les quatre autres pays d’Asie centrale) et l’importance de sa population (25 millions d’habitants).

C’est dans ce contexte qu’il faut replacer les propos du Haut-représentant pour la PESC, Javier Solana lorsqu’il évoquait que « la meilleure protection pour notre sécurité est un monde fait d’Etats démocratiques bien gouvernés où les politiques commerciales et les politiques de développement peuvent constituer des outils de promotion des réformes ».

L’Europe cherche ainsi à accompagner ce mouvement, sans qu’elle soit la seule.

En effet, les Etats-Unis se sont engagé depuis 1999 dans la « Stratégie de la route de la soie », qui correspond nettement à un prolongement du projet de « Grand Moyen-Orient » (GMO) et qui se caractérise par un déploiement des troupes américaines de la mer Caspienne à la chaîne du Tien Shan. Force est cependant de constater qu’il ne reste - depuis le départ des troupes américaines de la base de Karshi-Kanabad en juillet 2005 - que des bases au Kazakhstan et au Kirghizstan (à Manas), sans oublier celles de Bagran et Kandahar en Afghanistan.

Par ailleurs, bien que mitigée, la stratégie d’influence américaine, que se soit à travers la « Révolution des Tulipes » en Kirghizstan en 2005, ou la tentative de créer une Organisation des pays asiatiques contre le trafic de drogue, reste réelle...

Au même moment, l’Ouzbékistan célèbre le 14ème anniversaire de sa constitution (promulguée le 8 décembre 1992). Une importante réforme constitutionnelle est en cours, marquée notamment par des velléités de renforcement des partis politiques et d’une volonté d’ancrer le pluralisme dans la vie publique (ce qui complète d’ailleurs la création du Sénat en janvier 2005).

Bien évidemment, les prochaines échéances électorales (élection présidentielle en 2007, deux années après les dernières élections législatives du 9 janvier 2005) expliquent aussi une vigilance accrue en matière de respect des droits fondamentaux et de liberté d’expression qui n’aurait peut-être pas été aussi ostensible si l’Europe n’avait insisté sur certaines conditions non négociables...

 

L’Union européenne, acteur incontournable pour la stabilité et la démocratie régionale

L’UE a ainsi dressé le canevas très précis des relations bilatérales qu’elle souhaite engager avec Tachkent. Dans ce contexte difficile, la décision du Conseil européen du 13 novembre 2006 a clairement indiqué le maintien de l’embargo sur les armes pour une période d’au moins un an, accompagnée de la restriction des visas pour les six prochains mois ainsi qu la réduction des fonds de la BERD, et ce depuis avril 2004.

La réunion de Tachkent devant porter sur « Andijan; avancées des Droits de l’homme » ou encore celle de Samarkand d’ici la fin de l’année, placée sous l’égide du dialogue entre civilisations et l’oecuménisme confirment la nécessité de tendre vers plus d’écoute et de dialogue. Par ailleurs, l’Ouzbékistan compte beaucoup sur une éventuelle adhésion à l’OMC. Elle entend se donner les moyens de l’atteindre.

Aussi, faut-il voir la relation UE-Ouzbékistan entrer dans une phase de renégociation, comme en témoigne la transformation des outils de ce dialogue.

Au premier lieu desquels la transformation du projet TACIS - Technical Aid to Commonwealth of Independant States (lancé en 1991, au lendemain des indépendances nées de la dislocation de l’Union soviétique) à la fin de 2007 en un Instrument Européen de Voisinage et de Partenariat (ENPI, prévu sur la période 2007-2017) consacrera le passage de l’assistance technique au soutien multisectoriel. Ceci sera perçu, avant tout, comme une nouvelle démarche plus volontariste de l’UE en direction de l’Asie médiane.

Rappelons que TACIS (1991-1999), ce sont 4,22 millions d’euros. Que pour la période 2000 - 2006, ce sont 3,138 millions d’euros investis. Ceci correspond donc à près de 418 millions d’euros engagés dont 161,9 l’ont été en direction de l’Ouzbékistan et ce depuis 1992.

L’UE est ainsi devenue le deuxième partenaire économique (après son voisin kazakh). Reste qu’avec 650 millions d’euros de produits importés par l’UE et 464 millions d’euros en ce qui concerne les produits exportés par l’UE, cette dernière est bien loin des 1069 millions d’euros exportés par la Russie.

Par ailleurs, il est à noter que le Plan d’action et le Partenariat bilatéral, associés au dernier Mémorandum stratégique pour l’Asie centrale (planifié d’octobre 2002 à 2006), ayant débouché, entre autre, sur la création d’un Conseil de coopération UE/Ouzbékistan (dont la 7ème et dernière réunion s’est tenue au printemps 2006, en présence de la Commissaire européenne chargée des relations extérieures de l’UE, l’autrichienne Benita Ferrero-Waldner) confirme les principaux chantiers qui restent à combler par Tachkent.

Ces derniers sont :

· L’urgence de garantir un développement économique équilibré, notamment au niveau rural ;

· La promotion de la prévention des conflits ;

· L’assistance en matière de développement économique ; 

· L’accélération quant aux réformes institutionnelles, juridiques et administratives ;

· Le développement des réseaux d’infrastructures, à l’instar du programme TRACECA - Transport Corridor Europe - Asie (vaste programme institutionnalisé par plus de trente-deux États et treize organisations internationales qui vise au rétablissement de la Route de la soie, lancé en 1992 afin de créer des infrastructures communes en matière de transports ferrés et maritimes) ;

· La dénucléarisation, dans le sens de la décision prise par l’Ouzbékistan datant d’octobre 2006 ;

· La mobilisation au niveau régional en faveur de la lutte contre le terrorisme et la stabilité régionale (notamment à travers la création d’une force de réaction rapide d’Asie centrale, constituée pour le moment d’une brigade terrestre et d’une composante aérienne).

Concrètement, la coopération transfrontalière s’est également vue relancer avec emphase à la fois lors de la dernière réunion de l’Organisation de Coopération de Shanghaï, à Douchambé au Tadjikistan et à l’occasion de la 7ème réunion du Conseil de coopération.

 

Des objectifs concrets à atteindre : le rôle de la France

La première idée évoquée a été la création d’un Marché commun d’Asie centrale. Dans cette perspective, une approche d’aide macro-financière sur trois ans et la mise en place de programmes annuels ou bisannuels ont été proposées.

La création d’un Centre d’information et de coordination régionale sur les drogues (CADAP) est aussi venu accompagner la mise en place effective depuis peu de la « Structure anti-terroriste » (RATS), sans que soit totalement levée l’utilisation « exagérée » que Pékin pourrait en faire, justifiant son action au Xinjiang contre les mouvements ouïgours (le Mouvement Islamique du Turkestan Oriental - fondé en 1999 - figure d’ailleurs sur la liste américaine des organisations terroristes depuis 2002).

L’UE a aussi tenu à ce que le projet de centre de gestion régionale des frontières (BOMCA) avance plus vite, notamment eu égard à l’épineuse question du retour des réfugiés, compliquée par le maintien du minage de la frontière avec le Kirghizstan, et ce malgré le Protocole de déminage, datant de 2004.

Enfin, le conflit concernant l’eau entre le Kazakhstan et la Kirghizstan reste au point mort.

Toutes ces actions sur le papier ne sauraient faire oublier l’importance de la représentation plus que symbolique de l’UE dans la région. La « Maison Europe » à Tachkent (au même titre que sa « petite sœur » à Bakou), assure ainsi plus que le suivi du programme TACIS et la représentation permanente et formelle de l’UE. C’est donc dans ce contexte bienveillant qu’il faut entrouvrir davantage la porte, afin de continuer à garantir stabilité, sécurité et coopération, comme l’a  précisé avec justesse le rapport de la mission confiée au Sénateur Aymeri de Montesquiou quant au renforcement de la présence française en Asie centrale (de ce point de vue, incontestablement la vitalité du tourisme entre la France et l’Ouzbékistan est un point d’appui essentiel).

De ce point de vue, aussi, au-delà de la relation historique tissée via l’existence de la mission archéologique - née dans les années 1920 -, c’est sans doute en direction de la sensibilisation académique (par le truchement, par exemple du renforcement des échanges universitaires et au niveau de partenariats à approfondir entre centres de recherche géopolitiques sur l’Asie centrale) qu’il faut tendre.  

Par ailleurs, le renforcement de la diplomatie parlementaire, comme en témoigne l’efficacité des groupes d’amitié parlementaires, la visite en novembre 2006 du Président du Sénat ouzbek ou encore la coopération administrative entre « sénats du monde » (en référence au programme de coopération lancé par le Sénat français en 2000) sont des pistes innovantes à suivre avec attention.  

La lecture du processus d’accélération de l’intégration régionale en Asie centrale doit ainsi se lire à travers une indispensable prise en compte du concept d’Eurasie. Ce concept doit ainsi progressivement entrer dans le vocabulaire de nos partenaires européens, comme il semble déjà l’être à Berlin ou à Washington où la fondation Eurasia a investi depuis 1992 près de 335 millions de dollars. 

Tout autant pont économique, culturel que stratégique, dans un espace où l’omniprésence américaine ne se fait pas ou plus trop ressentir, alors même que s’y jouent aussi la lutte contre la prolifération, les trafics et que le terrorisme pourrait saper les fondements balbutiants et encore imparfaits de l’Etat de droit, ainsi que la sécurisation des ravitaillements en hydrocarbures, l’Asie centrale et l’Ouzbékistan, pays pivot de cette région, doivent être remis au cœur de l’agenda européen. 

La France a ainsi un rôle historique à jouer dans cette région charnière afin d’amener l’Europe communautaire et l’Asie à dialoguer plus régulièrement et fructueusement ensemble.  

L’axe eurasiatique est ainsi devenu fortement complémentaire du lien transatlantique. Les intérêts qui y convergent font qu’à l’instar d’un récent rapport de l’Assemblée parlementaire de l’UEO il convient de s’y intéresser car « les principaux  risques pour la sécurité de l’UE résident dans le potentiel de déstabilisation interne des Etats voisins orientaux de l’UE lié au processus de transition, collusion entre criminalité organisée, terrorisme et corruption généralisée ».

Emmanuel Dupuy, Président de l'IPSE

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Date de la mise en ligne: juin 2007

 

 

 

Biographie d'Emmanuel Dupuy, Président de l'IPSE

   

 

 

Président de l’Institut Prospective et Sécurité de l’Europe (IPSE).

Responsable du Pôle Relations Internationales du Cabinet d’Ingénierie Stratégique pour la Sécurité (CI2S).

Il est également membre du Pôle « Sécurité européenne » du CREC (Centre de Recherche et d’Etude de Coëtquidan) et du Centre de Droit Pénal International et d’Analyse des Conflits (CDPIAC, Université des Sciences Sociales de Toulouse).

   

 

 

 

   

 

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