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Leçons de campagne,

par Pierre Verluise, spécialiste de géopolitique

Quel enseignement tirer du Non français et du Non hollandais au projet de traité constitutionnel ? Au lieu d’être irrégulière et émotionnelle, l’information sur les questions européennes devrait devenir régulière et argumentée. Il faut apprendre à utiliser davantage le conditionnel que le futur et faire davantage preuve d'humilité.

Mots clés - key words: géopolitique, pierre verluise,  europe, actualité, constitution, référendum. 

L’histoire ne s’écrit pas au futur. Voilà la leçon de la campagne française pour le référendum au sujet du projet de traité constitutionnel. Décidé en juillet 2004 par le Président de la République française alors que le « Oui » semblait l’emporter, le « Non » a sérieusement progressé en mars et avril 2005.

Rien n’est jamais acquis. La lecture de la littérature communautaire abonde pourtant en affirmations péremptoires rédigées au futur. Ce qui fait aussitôt penser à l’expression « demain, on rase gratis ». Les peuples européens, notamment à l’Est, savent pourtant d’expérience ce qu’il faut penser des "lendemains qui chantent".

Plus subtilement encore, la littérature européenne utilise parfois le présent pour donner une apparence de réalité à des hypothèses qui ne sont encore parfois que de l’encre sur du papier.

Dans un cas comme dans l’autre, ces manières de procéder donnent l’impression que « tout est joué d’avance », ailleurs, par des inconnus. Une visite des institutions communautaires donne parfois le sentiment que des « experts » - certainement fort compétents - ont déjà décidé pour nous. Alors, à quoi bon ? Et pourquoi ne pas s’amuser à leur faire peur ?

Plus sérieusement, l’histoire de la construction communautaire et l’élargissement de 2004 n’ont pas cessé de contourner le citoyen. A l’image d’un boomerang, la campagne française a montré ce qu’il en coûte parfois. Et les Néerlandais en ont rajouté une couche pour "faire bon poids".

Au lieu d’être irrégulière et émotionnelle, l’information sur les questions européennes devrait devenir régulière et argumentée. Il faut apprendre à utiliser davantage le conditionnel que le futur et faire davantage preuve d'humilité. Parce que "l’histoire ne s’écrit pas au futur" enseignait le Professeur René Girault en Sorbonne.

P. Verluise

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Date de la mise en ligne: septembre 2005.