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"Enjeux diplomatiques et stratégiques 2005",

par le CEDS

Mots clés - key words : centre d'études diplomatiques et stratégiques, pascal chaigneau, éditions économica, relations internationales, états, frontières, religions, ressources naturelles, défis diplomatiques, dynamiques géopolitiques, nouvelle donne stratégique.

Economica, avril 2005.

Pour la deuxième année, le Centre d’études diplomatiques et stratégiques de Pascal Chaigneau publie sa vision du monde. Les lignes de force qu’elle trace permettent autant de rendre compte des faits saillants des derniers mois que de recenser les évolutions possibles et d’en établir le sens.

La particularité de ce rapport est de valoriser une approche classique des relations internationales en portant attention aux états, aux frontières, aux religions et aux ressources naturelles. Ce choix ne limite pas les ambitions de l’exercice car il permet aux aspects informels d’apparaître en filigrane.

A partir de données et de réflexions sûres car accrochées au  terrain, le lecteur peut utilement voyager dans ce qui fait l’épaisseur du monde, dans cette dimension qui est celle de la vie.

Défis diplomatiques

Dans le premier chapitre intitulé « Les défis diplomatiques », Jean-Jacques Roche appelle l’attention sur la nécessité de redéfinir le rôle des Etats dans le monde contemporain : « L’approche réaliste classique est aujourd’hui singulièrement dépassée et, en dépit de toute l’admiration que l’on peut porter à l’œuvre de Raymond Aron, Paix et guerre entre les nations ne peut plus être considéré comme un ouvrage de référence. » S’ils veulent survivre, les Etats devront s’organiser pour mieux maîtriser l’économie, les idées et l’information, ces acteurs nouveaux qui ont acquis une nouvelle identité depuis qu’ils ont pris le monde comme terrain d’action.   

Michael Lebedev élabore sur la difficile équation russe. Cette nation à nulle autre pareille tourne autour de plusieurs axes : la démographie, le pétrole et l’autoritarisme. L’essentiel des efforts du régime Poutine vise à en acquérir un contrôle suffisant. L’enjeu, au-delà de la pérennisation des actuels dirigeants, est bien la place de ce pays dans le contrôle des affaires du monde. 

Jacques Walch éclaire la problématique turque à l’égard de l’Europe. Il essaie d’abord de raisonner les « arguments » habituellement échangés sur ce sujet. Puis il examine les avantages possibles pour les deux parties de l’entrée d’Ankara dans l’Union européenne. Mais, finalement, tout bien pesé, c’est le peuple turc qui décidera si les sacrifices à consentir pour entrer dans l’Union sont supportables.

Ces contributions sont complétées par des apports sur la Chine (Jacques Gravereau), sur l’Inde (Didier Giard), et sur les Etats-Unis : André Kaspi, s’il tient pour certain que la présidence Bush II ne verra pas le déclin de l’influence américaine dans le monde, s’interroge cependant sur la méthode : plus ou moins accommodante avec les inévitables oppositions ?

La chronique diplomatique d’André Lewin complète cette ouverture.

Dynamiques géopolitiques 

Dans le deuxième chapitre, « Les dynamiques géopolitiques », l’ouvrage entend montrer que le cœur du monde bat dans des régions qui souffrent d’un manque d’identité et de reconnaissance.

Ainsi sont examinées l’Afrique (Pascal Chaigneau), l’aire islamique (Mustapha Benchenane), l’Iran (Mohamed Reza Djalili), l’océan Indien (Patrick Rajoelina), l’Afrique du sud (Georges Lory) et l’Amérique latine (Jorge Huerta Jemio).

A propos de l’Asie centrale, les réflexions de Patrick Dombrowski sont d’un réalisme rafraîchissant. Ainsi, ses observations sur le régime ouzbek ou sur la réalité islamiste locale. Il estime l’exemple asiatique plus approprié que l’expérience européenne pour servir de modèle à l’indispensable coopération régionale.  

Ces pensées sont enrichies d’ouvertures sur l’Union européenne (Jean-Christophe Dallemagne), sur l’impasse de la guerre à la drogue (Alain Labrousse), sur le commerce pétrolier (Pascal Chaigneau). 

Thierry Garcin revient sur la modernité de la notion de frontière. Il éclaire l’antagonisme entre son affaiblissement sous le coup de la mondialisation des équilibres économiques, du renouveau des religions, des efforts régionaux (Union européenne, G8) et son renforcement à la suite de volontés sécessionnistes ou de démembrements d’états inadaptés.

Nouvelles donne stratégique 

La troisième partie, « La nouvelle donne stratégique » fait le tour des champs de bataille : Israël et Palestine, les Balkans (qui donnent à Alexandre Lalanne-Berdouticq l’occasion de poursuivre la réflexion commencée l’an passé), l’Irak, les interventions humanitaires, Haïti, l’Afghanistan. 

Ces chapitres ciblés géographiquement sont croisées avec des approches plus synthétiques : le terrorisme, l’eau (Jacques Barrat) et avec un survol stratégique de l’année par le maître de la matière, Hervé Coutau-Bégarie. 

Cette deuxième livraison est complétée par les chroniques habituelles : géopolitique, dates-clés, vie des organisations internationales, les entreprises (Frank Bournois réussit le tour de force de rendre clair et de synthétiser en dix pages ce qu’il faut retenir des grandes évolutions qui ont affecté le secteur), les médias par Francis Balle et les traités. 

Un très riche corpus cartographique vient compléter cet ensemble. 

Au total, un résumé et une synthèse, comme on l’a dit, organisés autour des Etats et  des critères formels des relations internationales. Son principal avantage est de marginaliser d’emblée les anticipations trop idéologiques. 

Lecture faite, chacun sera libre d’organiser ses méditations autour de cette trame adroitement installée.

J.W

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Date de la mise en ligne: mai 2005

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