Vidéo. N. Mazzucchi. La cyberconflictualité dans le monde, analyse géopolitique et stratégique

Par Estelle MENARD, Fabien HERBERT, Nicolas MAZZUCCHI , Pierre VERLUISE, le 4 avril 2018  Imprimer l'article  lecture optimisée  Télécharger l'article au format PDF

Nicolas Mazzucchi est chargé de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), co-auteur de Gagner les cyberconflits (Paris, Economica, 2015). Propos recueillis par Pierre Verluise, Docteur en géopolitique, Fondateur du Diploweb.com. Images, son et montage : Fabien Herbert. Résumé Estelle Ménard.

Voici les clés pour comprendre la cyberconflictualité, une réalité importante du monde d’aujourd’hui, et plus encore de demain. Chargé de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), Nicolas Mazzucchi répond aux questions de Pierre Verluise, Fondateur du Diploweb.com (7 minutes)

QUESTIONS

. Quelles sont les idées fausses sur les cyberconflits ?
. Quel est le terme le plus adéquat : cyberguerres ou cyberconflits ?
. Quels sont les éléments importants à connaître sur le cyberespace ?
. Que pensent « les fondateurs de l’Internet » de l’utilisation du cyber ?
. Quels sont les temps forts à suivre dans le domaine du cyber ?
. L’UE va-t-elle imposer de nouvelles réglementations financières aux géants américains de l’Internet ?

Cette vidéo peut facilement être diffusée en classe ou en amphi pour illustrer un cours ou un débat.

Résumé par Estelle Ménard pour Diploweb.com

Avant même l’apparition du cyberespace, Marshall McLuhan envisageait déjà – c’était en 1960 – qu’un media global - son fameux « village planétaire » - serait source de terreur et de conflit. Toutefois, les termes aujourd’hui très répandus de « cyberguerre » et de « cyberterrorisme » ne rendent pas comptent de cette conflictualité du cyberespace. Il existe bien sûr une conflictualité, mais celle-ci ne doit pas être fantasmée, à l’image de la théorie du « cyberarmaggedon » rendue célèbre au début des années 1980. En effet, une « cyberguerre » ou un « cyberterrorisme » signifierait qu’une guerre ou qu’un attentat seraient menés de bout en bout dans le cyberespace. Or il s’agirait plutôt de voir le cyberespace comme un territoire qui permet la conflictualité entre les États et les armées, et qui est utilisé dans les conflits militaires conventionnels. Les groupes terroristes utilisent quant à eux le cyberespace pour le recrutement et la propagande. Ainsi, le terme « cyberconflictualité » est plus approprié que « cyberguerre » puisqu’il rend compte de la conflictualité entre acteurs tout en ne franchissant pas le seuil juridique de la guerre comme on l’entend traditionnellement.

Vidéo. N. Mazzucchi. La cyberconflictualité dans le monde, analyse géopolitique et stratégique
Nicolas Mazzucchi
Nicolas Mazzucchi est chargé de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS).
Diploweb

Le cyberespace est protéiforme. Il est technique, avec son architecture complexe (câbles, serveurs, routeurs, logiciels, protocoles) mais aussi humain. Si les doctrines militaires européenne et américaine ont tendance à privilégier l’aspect technique,la Russie, elle, se concentre beaucoup sur l’aspect humain et informationnel. Or, il est primordial de prendre en compte les deux parties constituantes du cyberespace pour comprendre son fonctionnement. C’est en effet un espace Clausewitzien où les représentations ont une grande influence.

Depuis 2015, l’Union européenne (UE) porte une attention très particulière au cyberespace. C’est un territoire stratégique, économique et informationnel qu’il est devenu essentiel de structurer. Elle a longtemps compté sur la bonne volonté des États les plus compétents en cybersécurité et cyberdéfense, comme l’Allemagne et la France, pour contrebalancer la faiblesse de ceux qui n’ont pas les moyens ou la volonté d’investir dans ces domaines. Toutefois, des inégalités se creusent et rendent l’Union européenne vulnérable. Aussi l’UE tente-t-elle d’harmoniser la politique du cyberespace à tous ses États membres. Pour ce faire, elle souhaite transformer l’Agence européenne de la sécurité des réseaux (ENISA) en agence de cybersécurité européenne. Elle a également créé un règlement général sur la protection des données, ce qui ne fait pas l’affaire de tous, notamment de la France, de l’Allemagne et plusieurs acteurs privés qui souhaiteraient conserver leurs compétences. Enfin, l’UE cherche à renforcer la cohésion fiscale en augmentant sa capacité à faire payer les grandes entreprises de la donnée, les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple). Elle doit ainsi s’opposer à la résistance d’États comme l’Irlande ou Malte qui ont justement choisi d’avoir des politiques fiscales souples pour attirer ces entreprises américaines.

Copyright pour le résumé Avril 2018-Ménard/Diploweb.com


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