Professeure de chaire supérieure au lycée Faidherbe (Lille) où elle enseigne la géopolitique en classes préparatoires économiques et commerciales. Membre du laboratoire HABITER (EA 2076) de l’Université Reims Champagne-Ardenne. Auteure de « Réussite aux concours 2018 ! La synthèse de l’actualité internationale 2017 », éd. Diploweb via Amazon, 2018.
Voici une synthèse de l’actualité internationale de novembre 2018 qui sera fort utile à tous ceux qui veulent disposer d’un point de l’actualité géopolitique, voire préparent un concours. Pour ne rien manquer, et recevoir nos alertes sur des documents importants, le plus simple est de s’abonner gratuitement à notre Lettre d’information hebdomadaire ou au compte twitter de veille géopolitique @diploweb (+ de 12 000 followers)
La Nouvelle-Calédonie, le territoire français le plus éloigné de la métropole, a choisi de garder son destin lié à celui de Paris. Plus de 56% des suffrages exprimés lors de ce referendum du 4 novembre 2018 se sont portés sur le « non » à l’indépendance. Cependant, deux autres referenda sont prévus pour confirmer ce choix.
Aux Etats-Unis, les élections de mi-mandat sont traditionnellement un moment politique fort. Cette élection de novembre 2018 s’est caractérisée par un plus grand nombre de femmes candidates et un investissement personnel du président en exercice. Le Congrès (Chambre des représentants et Sénat) est à majorité républicaine depuis le mandat Obama et l’enjeu pour Donald Trump était de ne pas perdre les deux chambres. A l’issue du scrutin, les Républicains conservent la majorité au Sénat mais perdent celle à la Chambre. Le président Trump aura moins de latitude pour mettre en œuvre sa politique, mais le scrutin n’est pas pour autant un vrai désaveu de la politique présidentielle.
A Madagascar, la campagne pour élection présidentielle a opposé quatre anciens présidents, dont Marc Ravalomanana (au pouvoir entre 2002 et 2009, jusqu’à ce qu’une émeute populaire l’en chasse) assez populaire dans le monde rural et Andry Rajoelina (président entre 2009 et 2013) qui l’est davantage dans les villes. La tâche est immense pour le nouveau président qui sera élu au mois de décembre, le pays est confronté à une corruption effrayante, une déliquescence des conditions de vie de la population et un niveau d’insécurité qui a rarement été atteint. Le potentiel économique est largement sous-exploité alors que les atteintes à l’environnement sont devenues inquiétantes.
Au Yémen, la guerre continue en novembre 2018 dans l’indifférence quasi générale. Une cinquantaine de houthis, rebelle chiites yéménites, ont été tués à Hodeïda, port qu’ils détiennent sur la mer Rouge, et l’une des principales villes du pays.
Le Cameroun de Paul Biya a été le théâtre après des troubles séparatistes dans sa partie anglophone, d’un enlèvement de 79 élèves dans la même région. Il n’est pas sans rappeler les terribles pratiques de Boko Haram dans la partie septentrionale du Nigéria. C’est inédit au Cameroun.
Kateryna Handziouk est décédée en novembre 2018 des conséquences de son agression à l’acide sulfurique en juillet 2018. Cette militante ukrainienne se battait contre la corruption de son pays. Les agresseurs n’ont pas été arrêtés, les soupçons remontent jusqu’aux proches du pouvoir à Kiev.
En Irak, plusieurs centaines de fosses communes ont été mises à jour dans des régions qui ont été tenues par l’Etat islamique. Elles refermeraient les corps de plus de 10 000 victimes, y compris des femmes et des enfants.
Au Pakistan, le jugement d’Asia Bibi est au cœur de fortes tensions. Cette pakistanaise de confession chrétienne a été accusée de blasphème par des femmes avec lesquelles elle travaillait. Après plusieurs années de prison, les charges retenues contre elle ont été reconnues comme insuffisantes par la justice : la Cour suprême décide de l’acquitter. Ce verdict déclenche l’ire des islamistes radicaux, minoritaires dans le pays mais très vindicatifs. Ils multiplient les manifestations violentes pour obtenir sa pendaison. Ces manifestants profèrent des menaces envers les juges, le gouvernement et l’armée, fragilisant la stabilité assez précaire du pays.
Les attentats continuent à se multiplier. L’Afghanistan en est la triste victime de façon structurelle. La bande sahélo-saharienne est aussi l’un des espaces les plus touché par le terrorisme islamiste. Au Niger, Boko Haram a fait de nouvelles victimes.
L’Iran, depuis le 4 novembre 2018, subit la nouvelle politique de sanctions décidées à Washington. Il s’agit d’un quasi embargo économique. Après les produits industriels, il vient d’être élargi aux hydrocarbures dont Téhéran est un grand producteur. Cette politique satisfait Riyad, elle pourrait même déboucher sur un renversement du régime iranien.
A Hong-Kong s’ouvre en novembre 2018 le procès de Benny Tai, Chan Kin-man et Chu Yiu-ming à l’origine du mouvement Occupy central, « les parapluies jaunes ». Accusés de « troubles à l’ordre » public pour avoir réclamé le respect du principe « un pays, deux systèmes » qui a présidé au rattachement de Hong Kong à la Chine populaire et donc d’un système politique plus juste, ils encourent de lourdes peines de prison. Les inquiétudes sont fortes à l’heure où Pékin revient sur les pratiques démocratiques en vigueur à Hong Kong pour mieux affermir son emprise.
Au Pakistan, le consulat chinois de Karachi a été attaqué en novembre 2018 par plusieurs kamikazes pour dénoncer les nouveaux projets de Pékin dans un pays qui s’en est déjà beaucoup rapproché.
Pékin a présenté une copie de sa prochaine station spatiale (« palais céleste ») qui devrait être mise en orbite à l’horizon 2022. Elle affirme ainsi davantage son ambition spatiale après avoir déjà envoyé un « lapin de jade » sur la surface de la Lune. Cela a un petit parfum de Guerre froide (1947-1991), du temps où l’espace était un des champs d’expression de la rivalité américano-soviétique.
Keiko Fujimori, fille de l’ancien président péruvien Alberto Fujimori, au pouvoir dans les années 1990, vient d’être incarcérée pour corruption. Cela fait suite au scandale Odebrecht, le géant du BTP brésilien, qui a multiplié les pots de vin en Amérique latine pour obtenir d’importants contrats. Keiko Fujimori est l’opposante au président actuel Martin Vizcarra.
En république tchèque, des milliers de manifestants ont défilé à Prague pour dénoncer en novembre 2018 les actions de leur premier ministre Andrej Babis pour contrer les accusations de fraude qui le concernent.
Carlos Ghosn, PDG du groupe Renault- Nissan est soupçonné par Tokyo de dissimulation de revenus et d’abus de biens sociaux. Il est placé en garde à vue et Nissan le limoge aussitôt de ses fonctions. Il s’agit aussi, en arrière-plan, d’un rééquilibrage des pouvoirs entre Nissan et Renault qui se porte bien mieux que lors de son rapprochement avec Renault en 1999. Cet emprisonnement n’en est pas moins assez étonnant, car ce n’est pas une pratique courante à Tokyo, à ce niveau de l’enquête.
En Ethiopie, une soixantaine de personnes ont été arrêtées en novembre 2018 pour faits de corruption dans les milieux militaires et du renseignement, alors qu’une femme – Sahle-Work Zwede, ancienne ambassadrice en France - vient d’être nommée au poste honorifique de président de la République.
La Californie est frappée en novembre 2018 par les plus terribles incendies qu’elle ait connus depuis les années 1930. Ils auraient fait plus de 87 victimes et des centaines de disparus, la ville de Paradise (17 000 habitants) a été réduite en cendres, et ce malgré la mobilisation de plusieurs milliers de pompiers et de plusieurs avions. Comment expliquer ce désastre ? La sécheresse est l’une des explications majeures, les conditions climatiques comme le vent aggravent la situation. Les sols sont terriblement secs et la végétation locale est propice à l’embrassement. Il est avéré que les espaces naturels sont mal entretenus et que l’accélération de l’urbanisation à proximité de zones boisées, sans grande considération pour l’environnement, sont d’autres explications pour essayer de comprendre l’ampleur d’un sinistre qui serait né d’une installation électrique défectueuse, elle aussi mal entretenue.
A l’heure où les prix du pétrole continuent de baisser et atteindre un niveau bas inconnu depuis plus d’un an, les Français ne comprennent pas l’inflation de leur facture énergétique. Se chauffer devient de plus en plus onéreux, ce qui frappe plus durement les régions orientales, septentrionales et les zones de montagne du pays. Le prix du gaz domestique (40% des résidences principales) a augmenté de plus de 20% depuis le début de l’année 2018, le litre de fioul (12 % des ménages) a atteint un seuil douloureux d’un euro le litre. La conversion au chauffage électrique supposerait l’augmentation sensible de la production d’électricité dans les centrales nucléaires et donc d’importants investissements. Le prix du carburant à la pompe est très élevé et sanctionne ceux qui utilisent leur véhicule pour aller travailler. Le recours plus important aux transports en commun suppose, primo leur existence ce qui n’est pas le cas partout sur le territoire national, et secundo leur capacité à transporter beaucoup plus d’usagers dans de bonnes conditions. Ce qui nécessiterait une vraie politique de transport en commun très onéreuse (multiplication des bus, des rames de métro, de tramway et de trains ce qui implique une extension de nombreuses gares pour ces trois derniers modes de transport et une nouvelle motorisation pour les locomotives)… et une politique tarifaire attractive pour les élèves scolarisés et ceux qui travaillent, donc de lourdes dépenses. Rien n’a été pensé de façon globale.
Ce mécontentement dépasse largement une simple réaction à une taxe sur le carburant que certains assimilent un peu vite à une grogne contre la transition énergétique. Il s’agit plus largement d’une incompréhension face à un taux de prélèvement qui atteint déjà 1 000 milliards d’euros, soit 45% de la richesse produite. Un record qui n’améliore pas en proportion la qualité de vie des Français. Un « ras-le-bol » fiscal qui n’est pas sans passé en France… En novembre 2018, la manifestation des « gilets jaunes » est « invertébrée » au sens qu’elle n’a pas été organisée par des syndicats, partis politiques ou associations mais fonctionne grâce aux réseaux sociaux : c’est une nouveauté. Elle est « composite » rassemblant cette « France périphérique » (C. Guilluy) trop souvent invisible des communes petites ou moyennes, des zones rurales et périurbaines. Elle fédère aussi les retraités excédés et les personnes aux petits revenus qui réclament des aides. Elle est rejointe par des classes moyennes (y compris supérieures) pressurées par une fiscalité qui s’est considérablement alourdie pour elles depuis 2013 et qui ne souhaitent ni financer de nouvelles aides ni payer de nouvelles taxes. Elle est dans un premier temps populaire auprès de l’opinion publique, mais ne pourra l’être dans la durée d’autant que des aspirations contradictoires ne pourront être satisfaites, si tant est qu’elles soient entendues. Les émeutes à la Réunion montrent l’importance du malaise dans la société française, accentué par les spécificités de l’outre-mer.
La croissance économique européenne est en berne. En 2016, la croissance de la zone euro s’est élevée à 2,1%, à 2,8% en 2017, mais seulement à 1% pour les trois premiers trimestres de 2018 selon Eurostat, et 1,2% pour l’UE à 28 avec le Royaume Uni.
Le Brexit a été décidé après l’organisation d’un referendum le 23 juin 2016 et devrait être effectif au 29 mars 2019. Ce vote a notamment pour ressort le désir de mieux contrôler les flux migratoires. Un accord a été accepté en novembre 2018 par les 27 autres membres de l’Union européenne pour encadrer les relations futures entre le Royaume Uni et l’Union. Les deux marchés seront « distincts » et la période de transition pourrait s’étendre après le premier janvier 2021.
A l’Est, un regain de tension entre Russie et Ukraine se joue en mer d’Azov. Moscou a arraisonné trois navires ukrainiens et Kiev décide d’établir l’état d’urgence dans certaines régions.
La France a commémoré le 11 novembre 2018 le centenaire de la fin de la Première guerre mondiale, invitant une soixantaine de chefs d’Etat dont les pays en ont été les belligérants, des Etats-Unis à la Russie, du Maroc (colonie française à l’époque mais qui a fourni des troupes à la métropole) à la Serbie. Partout, le « poilu » a été mis à l’honneur, ses souffrances ses sacrifices qui ont conduit à une victoire ô combien douloureuse, mais une victoire du camp de la « Triple Entente » (élargie ensuite à l’Italie). Une époque lors de laquelle, pour reprendre les termes de Pierre Nora, « le collectif national dépassait la conscience de l’individu » , « les soldats de la Grande Guerre acceptaient l’idée de mourir pour la patrie ».
En novembre 2018, Airbus vient de faire voler son nouveau modèle d’avion, l’A330-800. Il s’agit d’un modèle intermédiaire entre les gros porteurs et les moyens courriers. La compagnie koweitienne, Kuwait Airlines en a commandé quinze exemplaires.
L’amélioration des relations entre Djibouti et l’Erythrée (née d’une sécession de l’Ethiopie en 1993) augure d’une évolution vers une pacification de la corne de l’Afrique. L’ONU vient de décider de lever les sanctions qui pèsent sur l’Erythrée accusée, jusqu’ici, de financer des organisations djihadistes.
Le Maroc a inauguré en novembre 2018 la première ligne TGV du continent africain. Elle reliera Tanger à Casablanca et fait entrer le Maroc, pays proto-émergent, à l’ère de la grande vitesse.
Au Cambodge, les Khmers rouge Khieu Samphan (« frère numéro 2 ») et Nuon Chea ont été reconnus coupables du terrible génocide qui a provoqué la mort du quart de la population civile entre 1975 et 1979. Ils sont condamnés à la prison à perpétuité.
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Plus pour réussir
Extraits du catalogue des livres géopolitiques publiés par Diploweb pour la réussite aux concours.
. L. Chamontin, "Ukraine et Russie : pour comprendre"
. G-F Dumont, P. Verluise, "The Geopolitics of Europe : From the Atlantic to the Urals"
Vidéo. P. Wohrer (FRS) Etats-Unis : quels sont les termes du débat stratégique autour de la « Space Force » ?
QUESTIONS :
. Quelle est l’idée fausse au sujet de la « Space Force » ?
. Quelles sont les idées essentielles à retenir sur la « Space Force » ?
. Quel est le signal faible à surveiller pour la « Space Force » ?
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