Professeure de chaire supérieure au lycée Faidherbe (Lille) où elle enseigne la géopolitique en classes préparatoires économiques et commerciales. Membre du laboratoire HABITER (EA 2076) de l’Université Reims Champagne-Ardenne. Auteure de « Réussite aux concours 2018 ! La synthèse de l’actualité internationale 2017 », éd. Diploweb via Amazon, 2018. Elle est aussi co-auteure chez Ellipses de Les 50 cartes à connaître, Coll. Atout concours, Paris, 2016.
Voici une synthèse de l’actualité internationale de janvier 2018 qui sera fort utile à tous ceux qui veulent disposer d’un point de l’actualité géopolitique, voire préparent un concours. Pour ne rien manquer, et recevoir nos alertes sur des documents importants, le plus simple est de s’abonner gratuitement à notre Lettre d’information hebdomadaire ou au compte twitter de veille géopolitique @diploweb (plus de 10 000 followers)
En janvier 2018, un terrible attentat fait une trentaine de morts en Irak, à Bagdad où la violence des djihadistes continue à être structurelle. Deux autres, en Afghanistan, revendiqués par les talibans, causent la mort de près d’une vingtaine de personnes dans un hôtel de Kaboul et une ambulance piégée fait une centaine de victimes et plus de deux cents blessés dans la capitale.
En République démocratique du Congo (RDC) de nouveaux troubles anti-Kabila – le président actuellement en poste qui aurait dû organiser des élections – ont fait près de 10 victimes et ont causé l’arrestation de plusieurs centaines de personnes. Le risque que le pays ne bascule plus en avant dans la violence est grand.
Dans la partie orientale de l’Algérie, l’armée a tué sept personnes, de « dangereux terroristes ». L’inquiétude est sourde dans un pays où se profile l’après-Bouteflika.
De violentes manifestations secouent l’Iran en janvier 2018, notamment à Téhéran où de bâtiments publics ont été pris pour cible et des voitures de police brûlées, mais aussi dans plusieurs dizaines de grandes villes du pays. Elles auraient causé la mort de plusieurs dizaines de personnes. Les multiples privations et les mauvaises conditions de vie – notamment liées aux différents embargos pesant sur le pays – poussent la population à bout. Le déclencheur a été l’annonce d’un budget d’austérité. Ce malaise est attisé par les conservateurs... comme par les États-Unis de Donald Trump. Si l’économie iranienne commence à mieux se porter, elle reste handicapée par la faiblesse des cours du pétrole et une inflation à deux chiffres. La réintégration de l’Iran sur la scène internationale est seulement balbutiante, alors que la loi américaine d’embargo sur ce pays continue à freiner les entreprises étrangères qui veulent y faire des affaires.
En Tunisie, sept années après la « Révolution du jasmin » qui a vu le départ de son dirigeant Ben Ali, la situation reste très tendue. Les manifestations se multiplient, à l’appel du mouvement « Fech nestannnew », (Qu’est-ce qu’on attend), comme les arrestations... de plusieurs centaines de personnes. Le premier janvier s’est accompagné d’une hausse des tarifs difficilement acceptée en période d’austérité, alors que la baisse du dinar renchérit toutes les importations. L’exaspération monte dans un pays jeune, avec un chômage qui frappe plus du quart des jeunes adultes. Ces derniers réclament du travail, mais aussi de la dignité et la liberté... ce qui n’est pas sans rappeler les slogans au moment de la chute de Ben Ali. Cela fait deux années que le pays a instauré l’état d’urgence, et le bilan de la révolution du jasmin est pour tout dire assez amer. Le gouvernement a déployé l’armée dans plusieurs villes tunisiennes.
Les rapports entre Washington et Islamabad se tendent courant janvier 2018 après l’annonce américaine de la volonté de cesser l’aide à son allié historique en Asie du Sud, l’accusant de financer et de protéger des terroristes. C’est au Pakistan que Ben Laden a été traqué par les États-Unis d’Obama. D. Trump annonce de même envisager de suspendre l’aide américaine à l’Autorité palestinienne après la réaction très hostile à l’annonce de la reconnaissance américaine de Jérusalem comme capitale d’Israël. Le dialogue de paix est interrompu depuis 2014 entre Israël et l’Autorité palestinienne à laquelle Washington verse chaque année 370 millions de dollars pour aider les réfugiés.
Le président américain a menacé de se retirer des accords sur le nucléaire iranien ce qui paralyse les négociations et retarde d’autant la réintégration de l’Iran dans la communauté internationale... pour le plus grand contentement de l’Arabie saoudite.
La coalition internationale, sous patronage de Washington, annonce vouloir constituer une force frontalière de plusieurs dizaines de milliers d’hommes, notamment Kurdes. Cette force fâche la Syrie de Bahar el-Assad mais aussi la Turquie d’Erdogan.
Angela Merkel, à la tête du parti conservateur CSU-CDU, annonce avoir trouvé en janvier 2018 un compromis politique avec le parti social-démocrate SPD. Une nouvelle grande coalition qui ne suscite pas vraiment l’enthousiasme outre-Rhin. Cet accord, s’il n’est finalement pas dénoncé, devrait déboucher sur un quatrième mandat de chancelier pour Angela Merkel, mais une chancelière affaiblie par ce long marathon politique pour trouver une alliance. A-t-elle tenté le mandat de trop ?
Ces difficultés politiques nous semblent d’autant plus incompréhensibles en France que notre voisin affiche une insolente santé économique. Un nouvel excédent budgétaire (plus de 38 milliards d’euros) et une croissance économique de probablement 2,2% en 2017, et elle s’annonce encore meilleure pour 2018...
En République tchèque, le candidat pro-européen Jiri Drahos a été battu par le président sortant Milos Zeman. Cet homme de 73 ans populiste, se dirigerait vers la constitution d’un gouvernement autour d’Andrej Babis, milliardaire et populiste dont le parti ANO (centre) a remporté les dernières élections législatives. Cette élection inquiète Bruxelles.
Courant janvier 2018, le président français E. Macron s’est rendu en visite officielle pour trois jours en Chine, avec pour objectif de rééquilibrer les relations commerciales très en défaveur de la France – un déficit de 30 milliards d’euros pour 2016 – et associer davantage la Chine à la gestion des affaires internationales, depuis la lutte contre le réchauffement climatique jusqu’à la politique de sécurité au Sahel. Il affirme sa volonté de participer à la constitution d’une nouvelle route de la soie, axe en devenir élaboré par Xi Jinping, au motif que l’Europe est à l’autre extrémité de cet axe économique et commercial. Bref, le président français plaide pour des relations plus équilibrées.
Ce déplacement a aussi été l’occasion de la signature d’une moisson de contrats. Ainsi la Chine a commandé 184 Airbus A 320, modèle Néo, pour peut-être un montant de 18 milliards d’euros. Un accord se profile avec Areva pour la construction en Chine d’une usine de retraitement du combustible nucléaire, un contrat de plus de 10 milliards d’euros en partenariat avec la firme chinoise CNNC. Il invite aussi, dans le contexte d’un renforcement du contrôle sur les investissements étrangers sur le sol européen, la Chine à investir davantage en France, mais pas dans des secteurs sensibles. Notre souveraineté économique est clairement en jeu.
La force militaire multinationale G5 Sahel est coordonnée par la France et doit, à terme, rassembler 7 bataillons du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad. Cette force, qui est en partie financée par l‘Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, est pourtant loin d’être encore opérationnelle, tant au niveau du matériel et des hommes (il faut une certaine unité) que des objectifs (définir précisément les terroristes à combattre). Paris a aussi cherché à associer Pékin à cette lutte anti-terroriste.
En Roumanie, le premier ministre Mihai Tudose (du parti social-démocrate) a été contraint en janvier 2018 à la démission après avoir perdu la confiance de son parti, l’intérim est assuré par le vice-premier ministre. C’est la deuxième démission d’un premier ministre en à peine plus de six mois. Le président de la République a nommé Viorica Dancila, membre du parti social-démocrate, au poste de premier ministre.
La Bulgarie est phagocytée par une corruption structurelle qui n’est pas nouvelle, mais elle occupe ce 1er semestre 2018 la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne. L’organisation non gouvernementale Transparency international l’a d’ailleurs classée comme le pays le plus corrompu de l’Union européenne. Le pays vient de se doter d’une loi anti-corruption, à laquelle s’est opposé le président, mais il est loin d’être sûr que cela change la donne. Cela alimente le désespoir de la population qui choisit souvent le chemin de l’exil (plus de deux millions de Bulgares vivent en dehors de leur pays) et un effondrement démographique inquiétant, que rien ne semble pouvoir endiguer.
Une marée noire souille la mer entre Shanghai et les Ryu-Kyu japonais. Un pétrolier iranien, le Sanchi, a sombré, suite à collision avec un vraquier chinois, tuant une trentaine de membres d’équipage et libérant tout le pétrole léger de ses soutes ; quelques 136 000 tonnes. Cela annonce une importante catastrophe écologique.
Les inégalités ont encore progressé dans le monde. Ce constat n’est en rien une première. Selon Oxfam, en 2017 les 42 personnes les plus riches du monde le seraient autant que les 3,7 milliards les plus pauvres. En 2016, Oxfam avait alerté sur le fait que 61 personnes détenaient autant de richesses que la moitié la plus pauvre de la population mondiale. Ces faits s’expliquent par le poids de la finance avec tout ce qu’elle permet aujourd’hui (optimisation fiscale, paradis fiscaux...). La mondialisation n’est pas aussi heureuse pour tous.
La Turquie a frappé en janvier 2018 des cibles kurdes en Syrie. Cela montre que Damas est loin d’avoir retrouvé la plénitude de sa souveraineté sur son territoire. Une autre réalité apparait aussi. Les Kurdes, qui ont été à la pointe du combat contre Daech, soutenus en cela notamment par Washington, sont aujourd’hui en butte à la Turquie d’Erdogan qui veut éviter à tout prix la création d’un Kurdistan. Ankara vient d’ailleurs de s’allier à l’Armée syrienne libre (ASL) pour reprendre à la force kurde syrienne (YPG, proche du PKK turc) la ville de Tall Rifaat... rien n’est donc définitivement joué et figé au Proche-Orient.
Aux États-Unis, l’administration Trump fait face courant janvier 2018 à un shut down (problème de financement d’un budget fédéral déficitaire), comme celle d’Obama avait connu en 2013 pour l’Obamacare. L’une des principales différences est qu’à l’époque, l’administration démocrate devait chercher l’appui des Républicains pour faire passer son texte. Il n‘en est rien aujourd’hui car le gouvernement peine à trouver des soutiens dans son propre camp pourtant majoritaire au parlement. Cette situation ne fait que révéler la fragilité politique du président américain qui fête son premier anniversaire à la Maison blanche, même si le shut down a rapidement été résolu.
En Suisse, à Davos, le président chinois Xi Jinping s’était fait l’apôtre, en janvier 2017, du libre-échange. Cette année, Donald Trump y est venu défendre les intérêts américains, affirmant une préférence pour les accords bilatéraux plutôt que pour les accords multilatéraux... ce qui ne va pas sortir l’OMC de l’impasse.
Au Venezuela, le pouvoir du président Maduro est fragilisé. La récente décision d’expulser l’ambassadeur d’Espagne pour contrer les « ingérences » du gouvernement espagnol dans les affaires du pays, ne fait qu’alimenter les inquiétudes sur fond de forte dégradation de la situation économique avec une inflation galopante à quatre chiffres.
En Turquie, les violences dont sont victimes les réfugiés syriens se multiplient en janvier 2018. Elles auraient fait, selon le cabinet International Crisis Group, 24 morts. La population turque leur reproche de ne pouvoir s’intégrer faute de parler le turc, un million d’enfants réfugiés ne serait pas scolarisé, de bénéficier des aides sociales et de concurrencer la main d’œuvre locale.
Vidéo. CSFRS Entre instabilité et chaos : hybridation des menaces
L’économie française sait valoriser ses points forts, notamment dans le luxe. La maroquinerie française se porte bien, les consommateurs aiment les sacs à main « made in France », gage de qualité et d’élégance. En 2017, plus de 11 millions de sac ont été ainsi façonnés dans des ateliers en Vendée (Vuitton, Longchamp), dans le territoire de Belfort et le Doubs (Hermès). La maroquinerie n’est pas un secteur d’activité « du passé », il recrute et plusieurs nouvelles unités de production sont prévues d’ici 2020.
Le mathématicien Cédric Vilani prépare un rapport sur l’intelligence économique (IA) domaine dans lequel la France n’est pas mauvaise grâce à l’excellence de l’école de mathématiques hexagonale (comme en algorithme ou en informatique) et un écosystème de « start up ». Il s’agit de devenir un leader dans un secteur crucial pour l’avenir, ce qu’ont déjà compris les États-Unis et la Chine. ll ne sera pas évident de rattraper note retard sur les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft). Cédric Vilani appelle à un plan Marshall de l’IA en Europe doté d’au moins de 30 milliards d’euros.
Emmanuel Macron a invité en janvier 2018 au château de Versailles, à la veille de la réunion de Davos, des décideurs économiques, pour les inciter à investir en France et recréer des emplois industriels. L’intelligence artificielle a été un des points essentiels de discussions et Toyota annonce un plan d’investissement de 400 millions d’euros sur le site de Valenciennes (Nord) avec à la clé la création d’environ 700 emplois. Facebook annonce sa décision d’investir à Paris dans son laboratoire environ 10 millions d’euros dans l’intelligence artificielle, embauche des chercheurs et des doctorants en recherche fondamentale, domaine dans lequel l’excellence française est reconnue à l’international.
L’ONU a ouvert en janvier 2018 des négociations pour parvenir à un accord visant à une exploitation « durable » des ressources en haute mer, espace non couvert par la convention de Montego Bay qui délimite la souveraineté maritime des États.
La Cour de cassation de Luxembourg rend une décision qui protège un peu plus les lanceurs d’alerte. Cette décision intervient dans le cadre de la condamnation d’Antoine Deltour, salarié du cabinet PwC, à l‘origine du « Luxleaks » dénonçant le vaste système de dumping fiscal qui existe au cœur même de l’Europe communautaire : au Luxembourg. A la suite des révélations de Snowden (Wikileaks »), des « Panama papers » et des « Paradise papers », les lanceurs d’alerte ont démontré l’utilité de leur rôle au sein des démocraties et pourtant sont condamnables aux yeux de la justice (vol d’informations...). Leur statut reste indéterminé en Union européenne.
L’Union européenne a pris conscience de son retard technologique, malgré la « stratégie de Lisbonne » qui devait permettre, grâce à un substantiel effort en recherche-développement, de combler le « gap » créé par les États-Unis. En fait, l’Europe communautaire n’a aucun des dix plus puissants supercalculateurs au monde. Ceux-ci sont aux États-Unis, en Asie (Chine et Japon) et en Europe géographique...mais en Suisse. Bruxelles vient d’annoncer la création d’EuroHPC pour une « infrastructure de calcul à haute performance de classe mondiale » qui sera dotée d’un milliard d’euros. Ces supercalculateurs sont indispensables pour les secteurs de demain comme l’intelligence artificielle ou la cybersécurité.
Un « téléphone rouge », une ligne directe, sera de nouveau opérationnel entre les deux Corées.
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Plus pour réussir
Extraits du catalogue des livres géopolitiques publiés par Diploweb pour la réussite aux concours.
. A. Degans, "Réussite aux concours 2018 ! La synthèse de l’actualité internationale 2017"
. L. Chamontin, "Ukraine et Russie : pour comprendre"
. G-F Dumont, P. Verluise, "The Geopolitics of Europe : From the Atlantic to the Urals"
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