Après avoir présenté les données officielles russes quant au soutien de l’opinion russe à « l’opération spéciale » (I), l’auteure démontre pourquoi les données officielles ne nous disent rien en vérité sur la société russe (II). L’étude présente ensuite ceux qui, en Russie, s’opposent à la guerre en Ukraine (III). Enfin, le propos s’ouvre sur une réflexion prospective en présentant deux tendances possibles pour l’avenir de la Russie.
DEPUIS le 24 février 2022, avec la relance de la guerre de Moscou contre l’Ukraine, la communauté internationale s’est interrogée sur l’opinion publique russe et a cherché à savoir ce que les Russes pensent à propos de la guerre menée dans un pays voisin, et s’ils soutiennent vraiment leur gouvernement dans cette guerre qui ne dit pas son nom. La statistique officielle publiée par les agences d’étude de l’opinion publique en Russie a répondu à ces questions par l’affirmative. Plus encore, elle montrait qu’à mesure de l’avancement de l’armée russe en Ukraine le soutien de cette invasion de la part de la population russe augmentait.
Par exemple, les données de VTsIOM, le Centre Panrusse d’étude de l’opinion publique, semblait démontrer qu’après le 24 février 2022 les Russes faisaient encore davantage confiance au président Vladimir Poutine qu’auparavant. Ainsi le niveau de soutien est monté de 67,2% le 20 février 2022 à 81,6% le 3 mars 2022. A l’inverse, le niveau de méfiance a diminué (presque divisé par deux) de 27,9% à 15% vers le 3 mars.
Dans les conditions de censure particulièrement sévères concernant « l’opération militaire spéciale » russe en Ukraine (l’emploi du mot « guerre » au sujet à cette invasion étant interdit en Russie), les enquêteurs ne peuvent pas poser des questions directes et claires aux sondés. Néanmoins les questions sur la politique étrangère peuvent révéler l’attitude des Russes par rapport à ce qui se passe en Ukraine maintenant. Le sondage de VTsIOM sur le soutien à la politique extérieure menée par le Kremlin confirme les résultats des enquêtes sur le niveau de confiance au président : depuis fin février 2022 le soutien de la part des Russes ne cesse d’augmenter. Si fin janvier 2022 « seulement » 52% des sondés approuvaient la politique extérieure russe, vers fin mars 2022 cette part atteignait 64%.
VTsIOM étant le centre d’étude d’état, contrôlé par le Kremlin, il est nécessaire d’essayer de consulter les données des agences non directement affiliées au gouvernement russe. Mais même les données de centres d’étude d’opinion publique qui se présentent comme indépendants, par exemple « Levada-centre », enregistrent la même tendance : si en janvier 2022 le soutien au gouvernement était au niveau de 69%, vers fin mars 2022 il a augmenté à 82% [1]. Les sondages de la Fondation de l’opinion publique (FOM [2]), troisième agence dans ce domaine en Russie, montrent les mêmes résultats.
En réalité, les sondages effectués par les instituts d’opinion publique situés en Russie ne peuvent pas nous donner l’image réelle de la société russe.
Le soutien à la guerre de la part de la population russe parait indéniable selon les données des centres d’étude de l’opinion publique en Russie. Mais comment les Russes comprennent-ils les raisons et les objectifs de cette « opération militaire spéciale » ? Les réponses plébiscitées sont qu’il importe d’assurer la sécurité de la Russie, de démilitariser l’Ukraine et d’empêcher l’établissement de bases militaires de l’OTAN en Ukraine (71%), de protéger la population des républiques (non reconnues par le droit international) de Donetsk et Lugansk (52%), de changer la direction politique et renverser les nationalistes en Ukraine (21%), et d’abolir l’état ukrainien et de rattacher les territoires ukrainiens à la Russie (10%) [3].
La statistique officielle nous dresse une image de cohésion de la population russe autour du président Vladimir Poutine qui s’est encore affirmée avec la guerre que le gouvernement russe a déclenchée en Ukraine.
Néanmoins, une analyse profonde utilisant des sources alternatives remet en question cette image(rie) et nous conduit à nous demander ce que l’on sait véritablement de la société russe d’aujourd’hui.
En réalité, les sondages effectués par les instituts d’opinion publique situés en Russie ne peuvent pas nous donner l’image réelle de la société russe contemporaine pour les raisons suivantes :
1. Régime autoritaire établi en Russie. Selon Vladimir Gelman, politologue russe numéro un par sa réputation académique [4], le régime instauré par V. Poutine en Russie doit être qualifié d’autocratie électorale. Ce type de régime est pleinement conforme au schéma classique d’une autocratie avec la spécificité qu’il passe régulièrement par des cycles électoraux qui l’obligent à confirmer sa légitimité dans la société. Comme dans tous les régimes autocratiques, le pouvoir russe vise à contrôler toutes les instances publiques capables d’influencer la population russe : les partis politiques, les médias, les universités et les instituts d’opinion. L’administration du président russe a réussi à mettre la main sur les deux instituts principaux d’opinion publique russe - VTsIOM et FOM : leurs projets de sondages ainsi que les résultats de leurs enquêtes ont été étudiés et approuvés (ou rejetés) par le Kremlin. C’est pourquoi les données de ces deux agences représentent plus ce que le gouvernement russe veut voir en Russie que ce que la population russe pense vraiment.
Un exemple récent illustre bien les divergences entre les sondages de VTsIOM et l’opinion publique russe. En avril 2022 VTsIOM a publié les résultats d’un sondage sur l’attitude des Russes envers l’Europe communautaire. Les données de VTsIOM montraient qu’en 2022 l’attitude des russes envers l’Union européenne s’était considérablement dégradée : en comparaison avec 2021 quand 54% percevaient l’UE positivement, en 2022 ce chiffre était tombé à 18% et la part de ceux qui la voient négativement atteignait 55%.
Au niveau régional le média de Saint-Pétersbourg « Fontanka » a décidé de vérifier les résultats de sondages effectué par VTsIOM. Le sondage alternatif par « Fontanka » a montré un résultat inverse : 79% des sondés ont exprimé une attitude positive envers l’Europe communautaire et seulement 16% négative.
« Fontanka » fait partie du top-10 des médias d’internet les plus cités en Russie [5] et compte des lecteurs dans plusieurs villes russes [6].
Pourtant, les sondages du centre « Levada », qui se présente comme indépendant et non contrôlé par le Kremlin, confirment les données de VTsIOM et de FOM sur le soutien de la guerre par la population russe. Les facteurs suivants peuvent l’expliquer.
. 2. La machine de propagande d’État. Depuis 20 ans - dès ses premiers mois au pouvoir – V. Poutine a cherché à établir un contrôle sur les médias et à construire un système de propagande qui soit capable d’opprimer toute dissidence et d’endoctriner le peuple russe. En l’absence de vrais contrepoids au pouvoir, en agissant sur le parlement, sur l’indépendance du système judiciaire, sur une variété de médias avec des lignes éditoriales différentes accessibles au grand public, V. Poutine a instauré une machine de la propagande qui fonctionnait par la télévision, les médias sur internet et les trolls. Au sein de l’administration du président ont été créés des départements et ont été nommés des curateurs responsables du contrôle sur les médias en Russie. Cette machine de propagande s’est attachée pendant des années à convaincre les Russes que l’Ukraine était « un État nazi » et que l’Occident était un « ennemi de la Russie qui cherchait à la détruire par tous les moyens ». Les réponses des sondés reprenant mot à mot cette propagande montrent à quel point la propagande peut être puissante sous les régimes autoritaires, même au XXIème siècle.
3. Le phénomène des réponses « acceptables » sous les régimes autoritaires. Les sociologues attirent l’attention sur les spécificités des sondages dans les états non-démocratiques et notamment au phénomène des réponses dites « socialement acceptables » [7] que les sondés ont tendances à donner quand ils sont confrontés aux enquêteurs. Les sondages en Russie sont menés soit dans la rue soit par téléphone : ces deux moyens laissent la possibilité d’identifier une personne sondée. Ce risque force évidemment les sondés à être plus prudents dans leurs réponses et parfois même à donner les réponses qui seront mieux acceptées dans un régime autoritaire où la critique ouverte du gouvernement est sévèrement réprimée.
4. Les nouvelles lois russes introduisant la censure militaire. La peur que les Russes ressentaient dans les débats politiques avant février 2022 a été fortement renforcée avec les nouvelles lois que le gouvernement russe a adopté avec le déclenchement de la guerre avec l’Ukraine. Suite aux nombreuses manifestations contre la guerre, le président russe Vladimir Poutine a signé le 5 mars 2022 une loi prévoyant jusqu’à quinze ans de prison pour toute personne publiant des "informations mensongères" sur la guerre en Ukraine et des données « discréditant les forces armées russes ». Depuis, chaque personne qui oserait appeler une guerre « l’opération spéciale » en Ukraine, qui discuterait les frappes sur les quartiers résidentiels ukrainiens et les massacres de civils dans les villages occupées par l’armée russe (tous ces faits étant rejetés par le Kremlin comme provocations et mensonges) risque d’être jugée et emprisonnée en Russie. Même l’information envoyée par messagerie instantanée peut être considérée par les autorités russes comme ayant un impact public (des précédents ont déjà eu lieu en mars 2022 en Russie). Il n’est donc pas étonnant que les russes aient peur d’exprimer leur position dans des sondages et même dans des conversations entre collègues, parfois même avec les amis et les proches. La pratique des rapports politiques anonymes à la police est aussi revenue dans la société russe.
5. L’abstention massive et l’effet de loupe dans les sondages officiels. Les enquêtes initiées par les activistes indépendants ont pu révéler une caractéristique importante des sondages menées en Russie. En mars 2022 une tentative de sondage par la compagnie Russian Field a démontré une abstention massive des russes de toute conversation sur la guerre avec les enquêteurs : parmi 31 000 personnes que l’agence a pu joindre par téléphone, presque 29 000 ont raccroché dès qu’ils ont entendu une question sur « l’opération spéciale » en Ukraine [8]. Ce résultat a montré que les données reçues lors des autres sondages représentaient plutôt un effet de loupe sur une partie - non majoritaire - de la société russe qui n’a pas peur de parler car son opinion ne diverge pas de la position du gouvernement russe. Tandis que l’opinion de la majorité de la population reste floue pour les chercheurs.
Compte tenu de toutes les difficultés de l’analyse de l’opinion publique sous les régimes autoritaires, il peut être intéressant d’observer les réactions des lecteurs sur les actualités russes dans un fil sur Telegram. Les réactions similaires aux likes et dislikes sur Facebook peuvent être un marqueur important pour l’analyse de la société russe pour deux raisons : A. la loi russe pour le moment ne persécute pas encore pour des likes et dislikes sur Telegram, donc les lecteurs ont moins de craintes de les exprimer ; B. les trolls que le gouvernement russe utilise massivement sont payés pour les commentaires (leur rémunération est calculée en fonction du nombre de commentaires pour les posts sélectionnés par leurs chefs), c’est pourquoi les trolls n’utilisent pas les likes et dislikes sur Telegram. La sélection des actualités mentionnant personnellement V. Poutine montre que la majorité - 2/3 à 3/4 des lecteurs - réagit à ces posts avec des « likes » négatifs et ainsi démentit les données de la statistique officielle en Russie.
Voici quelques exemples :
Ces données de « microsociologie » peuvent nous apporter certains éléments utiles à une analyse de la société russe en l’absence de la possibilité de mener une recherche sociologique approfondie.
Si l’opinion de la majorité de la population russe reste difficile à évaluer, le portrait sociologique des opposants ouverts à la guerre avec l’Ukraine et au régime de Poutine en général apparait plus clair et intelligible. Il n’existe pas pour le moment un chiffre fiable qui peut nous dire combien de Russes n’acceptent pas l’invasion russe en Ukraine depuis le 24 février 2022. La pétition russe « Non à la guerre » sur le site change.org en langue russe a reçu plus de 1 250 000 de signatures, ce qui est devenu un record parmi toutes les pétitions russes. Le portait sociologique de ce groupe au sein de la société russe peut être formé à partir des données suivantes :
1. La solidarité professionnelle entre les professions hautement qualifiées. Fin février-début mars 2022 plusieurs lettres ouvertes contre la guerre ont été signés par des centaines de personnes et publiées sur l’internet. Il s’agit des lettres des médecins, des artistes, des réalisateurs, des journalistes, des professeurs d’universités, des politologues, des économistes, des spécialistes informatiques, des entrepreneurs, des anciens élèves et étudiants d’universités (par exemple HSE) etc. Chaque lettre fut signée par des centaines de personnes. Ce phénomène particulier de la solidarité horizontale a émergé en opposition à la répression verticale qui descendait du Kremlin jusqu’aux dirigeants des médias, des entreprises, des théâtres et des universités.
La Russie a même connu un véritable exode des spécialiste du secteur informatique en mars 2022 (et cet exode continue aujourd’hui). Par exemple, la compagnie Yandex a perdu plusieurs top-managers importants qui se sont exilés avec le début de l’opération spéciale en Ukraine et a même dû ouvrir une filiale à Erevan (Arménie) où presque 2000 de ses spécialistes ont fui en mars (au total près de 5000 employés de Yandex sont partis à l’étranger ce qui fait 1/4 de leur effectif).
2. La position de l’intelligentsia russe. Début mai 2022, on constate qu’une majorité écrasante de l’intelligentsia russe s’oppose radicalement à la guerre que Poutine a déclenchée le 24 février 2022. Ainsi en est-il notamment de l’écrivain Boris Akounine, du réalisateur Andreï Zviaguintsev, de l’écrivaine Ludmila Ulitskaya, de l’actrice Chulpan Khamatova, de l’écrivain Dmitry Glukhovsky ainsi que des idoles de la jeunesse russes comme les chanteurs Oxxymoron, Monetotchka, Face et le blogger le plus populaire russe, Yuri Dud. L’intelligentsia russe en exil a créé le Comité contre la guerre et le projet d’entraide ‘L’Arche russe’. Les artistes russes donnent des concerts dans les pays de l’UE pour soutenir les réfugiés ukrainiens. Certains représentants de l’intelligentsia russe ont pris un risque à ne pas quitter la Russie tout en continuant à publiquement dénoncer la guerre.
3. La fracture générationnelle dans la société russe. Plusieurs sources indiquent qu’entre les jeunes de 18-25 ans et les plus de 55 ans il y a un fossé des valeurs et des différences considérables dans leurs évaluations de la politique en Russie. Les jeunes russes (NDLR : en âge d’être soldats) s’opposent massivement à cette guerre, ils sortent dans les rues, ce sont eux qui sont le plus souvent aujourd’hui arrêtés par la police lors des manifestations [9]. Les étudiants racontent aux professeurs dans les universités que le plus dur pour eux aujourd’hui est de parler avec leurs propres parents qui sont soit endoctrinés par la télévision soit paralysés par la peur des répressions, et par conséquent font pression sur leurs enfants pour les faire taire. La jeunesse russe moderne est mondialisée, ouverte à un dialogue avec les autres cultures, elle vit comme la jeunesse occidentale : elle écoute la même musique, regarde les mêmes séries, adore les mêmes marques et parle la même langue (lol, crush, chill etc.). C’est pourquoi elle rejette le narratif imposé par la propagande russe sur la confrontation existentielle entre la Russie et l’Occident.
Le sondage de « Levada-centre » révèle également comment les jeunes et les personnes plus âgées perçoivent la guerre que la Russie mène en Ukraine. Il montre que les jeunes Russes ressentent plus d’émotions troublantes par rapport à la guerre (honte, choc, dépression, peur) et beaucoup moins d’enthousiasme et de fierté pour la Russie.
Pour résumer, on peut constater que la partie de la société russe qui s’oppose ouvertement à la guerre en Ukraine et au régime de Poutine se caractérise en moyenne par un plus haut niveau intellectuel et professionnel et qu’elle est plus jeune que le camp des « supporters » du régime actuel : ces caractéristiques peuvent nous donner des éléments clés sur les évolutions de la société russe à l’avenir.
Même si la situation à la veille du 9 mai 2022 ne nous permet pas de mener une analyse complète et exhaustive de la société russe, il est possible grâce à certains facteurs de définir les tendances qui peuvent prévaloir à court et long terme.
Première tendance : absence de résistance au régime de Poutine et soutien de la politique agressive envers ses voisins et l’Occident. Cette tendance sera influente à court terme.
Pour le moment il n’y a pas suffisamment d’indicateurs qui permettent d’envisager une résistance massive ni à la guerre en Ukraine, ni au régime de Poutine. Une partie de la société endoctrinée par la propagande et soutenue par la machine oppressive d’État arrive à faire taire une autre partie qui ne soutient pas l’invasion. Il ne faut pas sous-estimer l’influence profonde sur la société russe, au minimum à court terme, de la propagande mise en place par le régime de V. Poutine. Le narratif avec lequel elle a réussi à endoctriner les Russes est fondé sur des idées autarciques, illibérales, obscurantistes ainsi que sur le culte de la guerre et la haine de l’Occident. Cette quasi-idéologie servira à court terme de contrat social de la société russe avec le régime de Poutine, qui ressemblera de plus en plus à un kleptofascisme complètement conforme aux 14 éléments constitutifs de tous les régimes fascistes :
1. Le culte de la tradition.
2. Le rejet du modernisme.
3. Le culte de l’action pour l’action.
4. Le rejet systématique de la critique analytique.
5. Le racisme et la xénophobie.
6. La frustration individuelle ou sociale.
7. L’obsession du complot, potentiellement international.
8. La représentation de l’ennemi comme puissant et faible en même temps.
9. Pas de lutte pour la vie mais plutôt une vie vouée à la lutte. Rejet du pacifisme.
10. L’idéologie d’un élitisme populaire : chaque citoyen appartient au meilleur peuple du monde.
11. Chaque citoyen est invité à devenir un héros. La glorification de la mort héroïque.
12. Le machisme, l’obsession homophobe, la misogynie.
13. Le populisme sélectif.
14. La Novlangue : un vocabulaire pauvre et une syntaxe rudimentaire de façon à limiter les instruments d’une raison critique. (Umberto Eco, Reconnaître le fascisme, éd. Grasset, 2017).
Les élites politiques russes (composées de trois groupes principaux - les oligarques, les apparatchiks et les siloviki, ou représentants des structures étatiques de force) se rallieront plutôt autour du président. Déjà aujourd’hui elles considèrent que la Russie doit gagner cette bataille avec l’Occident et qu’il faut consolider la société pour surmonter toutes les difficultés. Il faut tenir compte du fait que ce groupe n’est pas homogène : une certaine partie des oligarques s’est déjà dissociée de V. Poutine tandis que les siloviki continuent à obtenir plus de pouvoir dans le système étatique russe. Ce qui nous permet de dire qu’à l’avenir les siloviki pourraient accumuler un maximum de pouvoir dans l’état russe et établir un régime complètement totalitaire. En ce sens, la probabilité d’apparition d’une junte des siloviki en Russie est plus forte à court terme qu’une révolte populaire et des changements démocratiques.
Deuxième tendance : la montée des forces opposées au régime (qui sont à l’origine des opposants d’aujourd’hui). Cette tendance a plus de chances de devenir plus influente sur le long terme.
Même si les chances que les siloviki prennent le pouvoir dans leurs mains sont assez élevées, leurs capacités de maintenir la performance économique dans le pays sont limitées. Étant très corrompus, les siloviki pourront profiter des revenus pétroliers un certain temps mais ils ne pourront pas proposer un plan de développement social et politique pour la Russie. Leur incompétence patente en ces domaines pourra engendrer le mécontentement du peuple qui alors s’appauvrirait encore plus qu’il ne l’est maintenant (en dehors de Moscou et St. Pétersbourg). C’est ainsi que la couche de la société qui depuis longtemps propose des changements démocratiques pourrait apparaitre sur la scène politique russe et proposer une alternative à un régime en banqueroute.
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[4] http://ciase.ru/wp-content/uploads/2022/04/%D0%9E%D1%82%D1%87%D0%B5%D1%82-%D0%BF%D0%BE-%D0%BF%D0%BE%D0%BB%D0%B8%D1%82%D0%BE%D0%BB%D0%BE%D0%B3%D0%B0%D0%BC.pdf
[6] Saint-Pétersbourg est souvent considéré comme un centre d’opposition en Russie. Ce statut aurait pu expliquer les résultats de ce sondage. Mais les autres villes russes, par exemple, en Oural (Yekaterinbourg) et en Sibérie (Khabarovsk), ont récemment mérité un titre similaire. C’est pourquoi Saint-Pétersbourg ne peut pas être considéré comme un cas unique.
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