Si penser la Méditerranée sans l’Europe est évidemment un excès volontaire de l’analyse géostratégique cherchant à provoquer un débat sur les modalités de la coopération euro-méditerranéenne, car il faut considérer ce Monde en Méditerranée et cette mondialisation de la Méditerranée, il est tout à fait important de poser simultanément une question procédant de ce constat : l’Europe pourrait-elle complètement tourner le dos à la Méditerranée ?
Un autre risque ne saurait être occulté… Celui d’une Méditerranée sans Europe, où les influences des acteurs extrarégionaux s’amplifieront, pour confirmer les tendances à l’œuvre et mettre en lumière les faiblesses européennes, pour ne pas dire révéler la paralysie politique d’une Europe en perdition.
Dans le cadre de ses synergies géopolitiques, le Diploweb.com est heureux de vous présenter un article de Sébastien Abis extrait de la revue Confluences Méditerranée,"La Méditerranée sans l’Europe en 2010".
VOULOIR s’interroger sur « la Méditerranée sans l’Europe », c’est chercher, par delà l’impertinence de la formule, à explorer les nouvelles réalités géopolitiques d’un espace trop souvent fermé sur lui-même au niveau de la réflexion stratégique, alors qu’il est par nature une interface dynamique entre plusieurs régions qui se jouxtent, et qu’il constitue assurément une zone d’intérêts et de convoitises au cœur d’un Monde multipolaire où des puissances s’affirment aux côtés de celles révisant ou aiguisant leurs actions. La crise économique et financière, qui éclata en 2008, ne fait que précipiter depuis ce rééquilibrage du Monde [1] où le poids opérationnel de l’Europe, potentiellement très grand, s’affaiblit constamment.
Dans ce cadre global, l’Euro-Méditerranée semble malheureusement vouée à ne demeurer qu’une idée en perpétuelle gestation. Pire, elle peut même apparaître comme le reflet des illusions géopolitiques de cette séquence historique (1989-2009) ayant fait basculer par à-coups le Monde dans un début de XXIème siècle désaxé, car la teneur des rapports Nord-Sud s’est métamorphosée.
En 2010, il est grand temps de constater que de profondes réorientations stratégiques sont à l’œuvre dans ce polycentrisme mondial qui peu à peu s’est dessiné ces dernières années. Le Monde change ; il a même d’ores et déjà profondément changé. Ce Monde avance dans des directions aussi variées que contrastées, avec un accroissement des interdépendances mais également des inégalités, sachant que la compétition entre les acteurs, aux visages protéiformes, se renforce [2]. La géographie des relations internationales évolue, avec notamment une accélération des dynamiques Sud-Sud. Entre 1990 et 2008, quand le commerce mondial a été multiplié par quatre, le commerce entre les pays du Sud l’a été par dix [3]. Si le cas du rapprochement de la Chine et de l’Afrique est régulièrement observé [4], celui plus émergent entre le Brésil et le monde arabe mérite tout autant l’attention.
Ces deux exemples illustrent fort bien la naissance de nouvelles alliances bousculant et recomposant un ordre mondial que les « vieilles » puissances américaine et européenne pensent encore, à tort, pouvoir orchestrer seules. Et dans ce monde multipolaire, où le multilatéralisme patine faute de gouvernance mondiale rénovée et adaptée [5], un canevas de relations et de partenariats se brode, avec des acteurs capables d’être à la fois alliés et opposés [6].
La Méditerranée est l’un des terrains emblématiques de ce monopoly mondial. Intérêts géopolitiques, spéculations stratégiques, conquêtes de ressources ou de marchés et coopérations à la carte s’y enchevêtrent sournoisement. Pourtant voisine, l’Europe y perd de l’influence et surtout semble de moins en moins seule. Vue du Sud de la Méditerranée, elle ressemble à cet étranger proche, avec qui les relations socioculturelles et économiques sont ancrées par l’histoire et la géographie, mais avec qui l’avenir ne doit plus être exclusif. En somme, bousculée par le contexte politique régional actuel, c’est bel et bien l’intimité euro-méditerranéenne qui malheureusement se trouve être mise en débat, avec ce doute immédiat qui en surgit : pourquoi serait-ce (encore) [7] pertinent de vouloir progressivement construire cet ensemble euro-méditerranéen ?
Si, depuis fort longtemps, la Méditerranée n’est plus le centre de gravité géoéconomique de la planète, la région n’en demeure pas moins traversée par de multiples courants qui rythment la mondialisation, et n’est pas absente de ce processus global où les flux commerciaux, culturels et humains s’agitent [8]. Il ne faudrait pas tomber dans la déclinologie à propos de la Méditerranée et de son ancrage à la mondialisation. Sans en être la locomotive, la Méditerranée se situe sans aucun doute dans les couloirs de cette mondialisation rutilante, qu’elle subit plus qu’elle n’impulse.
Sur le plan géostratégique, là aussi, il convient de ne pas sous-estimer la centralité méditerranéenne. Pour de nombreux pays, être actif en Méditerranée, c’est en quelque sorte affirmer des ambitions à l’international. Zone de tensions et parfois même de conflits ouverts, en son sein ou dans sa périphérie immédiate, la Méditerranée conserve une place majeure sur l’échiquier des relations internationales. Echiquier qui toutefois devenant puzzle, révèle de plus en plus de nouvelles stratégies de puissances de la part des pays émergents, qui doublent leur pénétration économique d’une posture politique singulière dans les zones où marchés à conquérir et influences diplomatiques à bâtir se conjuguent d’un commun mouvement. L’ensemble géographique que composent les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée (PSEM), bien que très hétérogène, offre précisément cette caractéristique. Aspirés par la mondialisation, engagés dans une diversification de leurs relations économiques et politiques, frustrés assurément par la tiédeur du partenariat proposé par l’Union européenne, la majorité des PSEM élargissent l’amplitude de leur diplomatie et s’ouvrent au Monde. Leur politique extérieure est ainsi devenue multidirectionnelle.
Certaines puissances, historiquement présentes en Méditerranée, comme les Etats-Unis ne s’y désengagent pas. Inutile de revenir ici sur la politique américaine dans la région, mais un an après le discours prometteur du Caire prononcé par Barack Obama en juin 2009, le constat doit être fait que rien ne change fondamentalement : l’image des Etats-Unis dans les pays arabes demeure exécrable et les négociations sur le dossier israélo-palestinien n’ont pas fait un seul pas en avant depuis deux ans.
La Russie, dont l’ancrage stratégique à Sébastopol, au bord de la mer Noire, a été prolongé, est toujours active sur le plan des contrats d’armements et, surtout, fait depuis 2007 un timide retour naval dans les eaux méditerranéennes. La flotte russe en Méditerranée, des millions de touristes qui y séjournent chaque année et la particularité de liens avec certains pays (Balkans, Syrie, Iran) constituent des éléments solides pour ne pas ignorer la présence de la Russie dans la région. Et Moscou n’est pas en reste non plus vis-à-vis de l’Afrique, qui l’intéresse de plus en plus [9].
Simultanément, d’autres acteurs s’immiscent de plus en plus dans la zone méditerranéenne. Pour les nouveaux grands acteurs globaux comme la Chine et l’Inde, il est en effet intéressant pour leurs entreprises d’investir dans des pays proches de l’Europe, comme les PSEM, afin de disposer de bases logistiques réactives pour accroître leur pénétration sur le marché européen.
Pékin a parfaitement compris que l’Afrique du Nord pouvait être un bon tremplin pour écouler ses produits sur le continent européen. En plus des économies réalisées sur le transport, les entreprises chinoises contournent les barrières commerciales imposées aux produits chinois en bénéficiant des accords entre les PSEM et l’UE. La Chine en Méditerranée n’est plus un fantasme : ses travailleurs débarquent, comme en Algérie, ses capitaux prennent le contrôle d’un port aussi déterminant que celui du Pirée en Grèce et ses investissements, certes encore limités, se précisent, à l’instar de la mise en place d’une zone économique spéciale pour les entreprises chinoises en Egypte [10]. Bien que son poids commercial soit bien moindre que celui de l’UE [11], la tendance est à la hausse. Dans le domaine énergétique, Pékin, dont les besoins en approvisionnements sont considérables, cherche à mieux se positionner sur l’accès aux ressources naturelles de l’Algérie ou de la Libye. Sur le plan culturel aussi, la Chine déploie une stratégie dont il conviendra progressivement de prendre la mesure : depuis 2004, une cinquantaine d’instituts Confucius s’ouvrent annuellement dans le Monde et la zone méditerranéenne n’est pas délaissée, au contraire. Premier signal faible de cette lente politique culturelle, des demandes croissantes en matière d’apprentissage du mandarin dans certains pays arabes méditerranéens. Moins moralisatrice que l’Europe dans ses relations, il faut assurément compter sur la Chine désormais, et sur l’Inde à un degré moindre, quand il s’agit d’observer le jeu des nouveaux acteurs présents en Méditerranée [12].
L’émergence du Brésil s’affiche quant à elle de plus en plus clairement dans la zone méditerranéenne, dépassant le seul périmètre du commerce pour percer désormais sur le terrain politique et diplomatique. L’accord trilatéral sur le nucléaire iranien que Brasilia a négocié avec la Turquie et le régime de Téhéran, rendu public le 17 mai 2010, peut surprendre mais c’est le résultat d’une diplomatie qui s’exprime singulièrement sur la scène internationale grâce à la figure charismatique du président Lula da Silva. Cet exemple récent révèle, là encore, que les Américains et les Européens ne sont plus seuls à orienter la marche du Monde et à négocier sur les affaires stratégiques [13]. Si Brasilia n’entend sans doute pas jouer les gendarmes du Monde, d’ailleurs son potentiel militaire ne lui permet pas, elle s’affiche cependant comme un acteur global non négligeable sur le plan des relations internationales, endossant un rôle de médiateur et de porte-parole des pays du Sud, que la figure de Lula aura parfaitement incarné. Le Brésil peut donc aussi apparaître comme un pays influent sur le terrain diplomatique méditerranéen, fort désormais de relations économiques assez denses avec la région. Il faut ici souligner la multiplication par trois des échanges commerciaux avec la Turquie mais aussi avec les pays arabes méditerranéens entre 2000 et 2009, et insister sur la dimension agro-alimentaire de cette relation puisque sur ce secteur les ventes de produits brésiliens ont littéralement explosé au cours de la dernière décennie [14]. Il n’est pas inintéressant non plus de constater que certains pays, à l’instar de l’Egypte, mettent en place des accords de libre-échange avec le Mercosur où le Brésil est la pierre angulaire.
L’attitude de la Turquie, fidèle de feu Occident, qui développe ses relations avec les pays arabes et turcophones d’Asie centrale, bouleverse aussi la donne géopolitique méditerranéenne, sachant que de vives tensions animent aujourd’hui le dialogue entre Ankara et Tel-Aviv, alliés stratégiques pourtant jusqu’à une période récente. Au-delà d’une diplomatie turque soucieuse actuellement de soigner ses relations régionales extra-occidentales, c’est aussi l’économie du pays qui évolue, puisque Ankara commerce de plus en plus avec la Russie (son premier partenaire depuis 2007 devant l’Allemagne), la Chine ou l’Iran. En outre, la Turquie vient de conclure un accord de libre-échange en juin 2010 avec ses voisins de l’Est méditerranée (Syrie, Liban et Jordanie), garantissant notamment la libre circulation des personnes et des biens.
Multiplication et recomposition des alliances se combinent simultanément avec des tropismes géographiques tous azimuts : le Maroc, par exemple, qui dispose d’un accord de libre-échange avec les Etats-Unis depuis 2004, et que Washington protège soigneusement, bénéficie d’un statut avancé avec l’UE depuis 2008 et regarde de plus en plus vers l’Afrique de l’Ouest [15]. C’est ici qu’il faut sans doute évoquer la problématique migratoire méditerranéenne, sous un angle plus vaste, tant les pressions désormais viennent d’Afrique sub-saharienne pour placer les Etats maghrébins en position de nouvelles terres d’exil. Si cette situation nouvelle n’est pas sans soulever un certain nombre d’enjeux, les années à venir pourraient être caractérisées par davantage de rapports entre les pays du Nord de l’Afrique et ceux situés au Sud du Sahara.
Le Monde a changé, mais la Méditerranée, parfois, donne le sentiment de faire du surplace, sans doute parce que les grands problèmes de cette région s’y aggravent plus qu’ils ne s’y résolvent. La situation générale en Méditerranée ne progresse pas. La photographie en 2010 n’est pas fondamentalement différente de celle que l’on aurait pu faire en 1995 au moment du lancement du Partenariat euro-méditerranéen (PEM), ou en 2005 quand on en célébra en catimini le dixième anniversaire à Barcelone. Rigidité politique des régimes en place, enlisement du conflit proche-oriental, mal-développement économique, précarité de travail et chômage qui accentuent la pression migratoire [16], frustrations sociales, complexification des contraintes environnementales, urbanisation galopante et distorsions territoriales, insécurités humaines, entraves à la mobilité des individus, absence d’intégration Sud-Sud… A ces facteurs de blocage se sont ajoutées d’autres dynamiques modifiant la donne pour la coopération euro-méditerranéenne.
D’abord, la bilatéralisation des relations entre l’UE et les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée (PSEM). La mise en place de statuts avancés pour certains Etats illustre cette dynamique qui, par ricochet, va à l’encontre d’une intégration régionale euro-méditerranéenne. La tendance actuelle, c’est bel et bien l’atomisation régionale, chaque pays ayant un degré de partenariat distinct avec l’UE. La philosophie instaurée par la Politique européenne de voisinage (PEV) depuis 2004 est clairement la traduction d’une posture complémentaire qui se confirme : Bruxelles privilégie la différenciation, et les PSEM dont les divisions sont notoires et les intérêts très variables, préfèrent négocier séparément la teneur de leur partenariat avec l’Europe. Et ce n’est pas l’UpM, pourtant multilatéraliste dans sa philosophie d’action, qui infléchit cette dynamique.
Force est d’admettre aussi, que pour certains PSEM, où des leaders épuisés partiront prochainement sans pour autant laisser augurer des fins de régime, deux trajectoires distinctes de modèle politique sont sur la table : la démocratisation à l’européenne ou l’autoritarisme de marché à la chinoise. Sachant que, sur le temps court, mal-gouvernance peut rimer avec croissance économique [17], la voie sinisante est séduisante, et d’ailleurs c’est peut-être celle qui s’infuse peu à peu dans les PSEM, où l’autoritarisme de bazar a succédé à l’étatisme arabe. Mais il serait imprudent de ne pas envisager aussi une troisième trajectoire, à savoir l’islam politique, modéré ou radical.
Quoiqu’il en soit, c’est le débat démocratique en Méditerranée qui est menacé alors qu’il constituait l’un des objectifs implicites du PEM [18]. Il importe d’insister sur ce point car si, depuis quelques années, les systèmes politiques dans la région conservent les mêmes rigidités et les mêmes leaders, il convient d’insister sur les profondes mutations sociétales à l’œuvre dans les PSEM. De nombreux paramètres ont évolué, à commencer par les réalités sociodémographiques, l’attachement à certaines valeurs, et le regard porté sur les élites au niveau national et sur les pays développés au niveau international. Certes, les autorités au pouvoir ne changent pas, mais les sociétés méditerranéennes en 2010 ne sont sans doute plus tout à fait les mêmes que celles des années 1990. Les perceptions au sujet de l’espace méditerranéen ont également évolué [19]. Tout comme la supposée homogénéité des PSEM (alors qu’ils sont sans doute de plus en plus différents), le statu quo sociétal constitue une idée bien souvent reçue sur la Méditerranée.
Autre élément majeur, l’inefficace communication sur les exemples de réussite, car ils existent, ou les efforts financiers, car ils ne sont pas négligeables [20], de la coopération euro-méditerranéenne depuis quinze ans. Affirmer que rien ne fonctionne en matière partenariale dans la région serait une profonde erreur. Il faut souvent nuancer le bilan sévère porté à l’encontre des politiques euro-méditerranéennes et observer aussi ce qui a été fait [21]. Bien entendu, il est admis que l’aide économique (Programme MEDA puis IEVP) se disperse trop souvent, saupoudrant certains sujets et/ou secteurs sans priorisation efficace. Il faut par ailleurs sortir du discours d’une Méditerranée désertée : c’est le trop-plein d’initiatives et d’enceintes de coopérations, fussent-elles interétatiques, privées ou associatives, qui frappe une fois observée la profusion d’activités dans la région, qui malheureusement se conjuguent rarement et efficacement. Ainsi en est-il par exemple du financement du développement dans la région, assuré par une multitude d’opérateurs, sans que soit mutualisées les interventions afin de les rendre cohérentes et synergiques.
Ensuite, la conjoncture économique actuelle n’est pas du tout favorable. La crise financière internationale qui frappe le Monde depuis 2008 n’a pas épargné la région [22]. En Europe, les pays dont les budgets sont sous pression sont majoritairement ceux qui bordent la Méditerranée. Dans ce contexte, difficile pour les pays de la région de dégager des marges de manœuvre pour accroître leurs activités et financer des projets en Méditerranée. Cette grave crise économique qui traverse l’Europe, et dont les effets en cascade vont se faire durablement sentir, incommode terriblement la coopération euro-méditerranéenne. La prudence risque de s’amplifier alors que d’ores et déjà, une attitude frileuse gagne les décisions de Bruxelles pour tracer les perspectives politiques et financières de son voisinage méditerranéen d’ici 2020 [23].
Pour les PSEM, l’impact de la crise pourrait être plus fort à mesure que les effets des plans de rigueur européens se mettent en place, sachant que l’absence de croissance en Europe freine les économies sud-méditerranéennes, et notamment maghrébines, fortement connectées en matière commerciale avec l’Europe [24]. Par ailleurs, il va de soi que les réformes doivent se poursuivre pour s’adapter et tenter de répondre aux nouvelles problématiques que la crise économique internationale suscite, sachant que certains défis seront presque impossibles à relever : ainsi en-est-il du besoin de créer des dizaines de millions d’emplois dans ces pays [25]. En outre, les verrous politiques persistants pèsent sur la croissance, comme la non-intégration maghrébine qui coûterait 2% du produit intérieur brut de la zone.
Avec cette communication inefficace d’un côté sur les actions déployées, peut-être liée à cette incapacité manifeste à créer des synergies intelligentes entre elles, et de l’autre, les turbulences financières actuelles qui brident assurément les dynamiques de coopération, le projet euro-méditerranéen s’enfonce doucement dans un tunnel tumultueux. L’initiative de l’Union pour la Méditerranée (UpM), qui depuis 2008 cherche à galvaniser les politiques euro-méditerranéennes à travers le développement de projets concrets, ne progresse pas. Hormis quelques avancées sur certains secteurs, notamment l’énergie solaire, il convient malheureusement de s’interroger sur la valeur ajoutée depuis deux ans de l’UpM par rapport au PEM [26]. Et peut-être même de considérer les effets négatifs de l’UpM sur un PEM déjà bien fragile. Bien que le contexte général soit défavorable, entre crise économique, doutes européens et enlisement diplomatique au Proche-Orient, force est d’admettre que l’UpM a sans doute pour l’heure cherché à trop embrasser, tant thématiquement que politiquement. Chercher à relier la dynamique euro-méditerranéenne avec les négociations israélo-arabes, alors que jamais la paix n’a jamais semblé aussi lointaine au Proche-Orient, c’est assurément complexifier l’équation d’une initiative dont on pouvait dès le départ questionner la faisabilité géopolitique [27]. Inversement, et c’est bien là aussi la quadrature du cercle, il est aberrant de penser que cette région puisse s’intégrer sans résolution du conflit proche-oriental.
Ainsi, inévitablement, le sujet des contours géographiques de la coopération euro-méditerranéenne pourrait donc rapidement revenir au cœur des débats, à commencer par l’incontournable idée de prioriser d’abord les activités au sein du Bassin occidental compte tenu du degré d’interdépendance plus élevé entre l’UE et l’Afrique du Nord [28] (mais les pays maghrébins sont-ils disposés au dépassement collectif ?), ou de miser sur un cadre euro-arabe (mais les risques d’en exclure de facto Israël et la Turquie devraient être minutieusement évalués). Comme on le sait, « qui trop embrasse mal étreint ». Tout le problème de la coopération euro-méditerranéenne réside aussi dans ce périmètre volatil et incertain, ignorant des espaces comme les Balkans, la mer noire ou le Golfe persique, dont on ne sait s’il serait préférable de les articuler ou de les dissocier de la vision euro-méditerranéenne.
Dérapages et méfiances sont régulièrement relayés par les médias de la région et par de nombreux experts qui soulignent les risques d’une nouvelle panne euro-méditerranéenne, alors que l’UpM avait suscité de l’espérance. Actuellement, les inconnues planent massivement sur la coopération régionale, comme en atteste le report du second sommet de chefs d’Etat et de gouvernement de l’UpM, initialement prévu en juin 2010. Beaucoup de promesses et d’annonces, toutes plus ambitieuses que les autres, ont été faites, pour finalement trop souvent provoquer frustrations et déceptions dans les opinions publiques des pays méditerranéens. A force de vouloir revitaliser le projet euro-méditerranéen, sans y injecter une thérapie de choc, on finit par faire éclater un concept qui ne se concrétise pas dans les faits. L’Euro-Méditerranée a sans nul doute toujours été plus une idée qu’une vision géopolitique nourrie de moyens, de volontés et de démarches partagées. Doit-on ici détailler la cacophonie récurrente provoquée par les approches souvent concurrentielles, rarement convergentes, des pays latins (Espagne, France et Italie), que ce soit au niveau de leurs politiques extérieures publiques ou des activités de leurs entreprises privées ? Cela n’est pas nécessaire, la simple évocation de ce constat ajoute une couche supplémentaire au désordre euro-méditerranéen.
Après cette livraison de constats, qui sont surtout des interpellations sur les dynamiques géopolitiques à l’œuvre au sein de la région méditerranéenne, il faut avoir l’audace d’interroger le futur à moyen terme mais aussi à plus court terme, sachant que des tendances décrites par le passé [29] se sont confirmées au cours de la période récente. Ces réflexions prospectives, forcément schématiques et insuffisamment nuancées, visent essentiellement à stimuler le débat sur l’avenir de l’idée euro-méditerranéenne.
Pour commencer, il convient d’avoir à l’esprit que le « huis-clos » ou le « face-à-face » euro-méditerranéen parfois perceptible dans certaines discours et stratégies relève de la fantaisie oratoire. La Méditerranée n’est plus le cœur du Monde, mais cette Méditerranée consomme le Monde, et le Monde façonne la Méditerranée. Il importe, pour agir efficacement dans cette région, de bien vouloir accepter cette donne géopolitique et rompre ainsi avec l’image trompeuse d’une éventuelle exclusivité euro-méditerranéenne.
Sur la base de cette dialectique, et considérant l’ensemble des constats géopolitiques précédemment décrits, il faut poser des questions sur les motivations à vouloir faire l’Euro-Méditerranée. En effet, cette idée euro-méditerranéenne est-elle à concevoir dans la perspective d’une régionalisation de la mondialisation ou dans une stratégie de gestion commune des risques et des tensions régionales qui s’accentuent ? L’Euro-Méditerranée peut en effet être envisagée sous un angle volontariste, ambitieux et audacieux, qui consisterait à façonner un véritable pôle progressivement intégré, pour tenter de peser sur l’échiquier international et finalement exister sur la carte géoéconomique du Monde. Des régionalisations stratégiques se mettent en place sur la planète, mais dans le cadre de l’Europe et de son voisinage méditerranéen, il a été vu à quel point la cette vision peine à se concrétiser [30]. La proximité géographique et les liens historiques ne suffisent visiblement pas pour doper l’idée euro-méditerranéenne.
Par conséquent, penser l’Euro-Méditerranée au futur, avec le paramétrage géostratégique jusqu’ici exposé, devient un exercice très délicat. La prospective, certes, c’est préparer au présent un avenir pour lequel on souhaite être architecte. Mais, pour voir loin et pointer à l’horizon, il faut aussi avoir les pieds sur Terre et ne pas succomber aux charmes de l’analyse prospectiviste romantique. Alors, il faut sans doute s’y résoudre, le scénario tendanciel n’augure aucune intégration régionale euro-méditerranéenne capable de dessiner peu à peu un véritable pôle dynamique sur la scène internationale.
La coopération euro-méditerranéenne s’affiche avant tout comme une nécessité stratégique découlant du voisinage géographique, dont l’objectif premier est d’atténuer les tensions régionales, qui, déjà nombreuses, devraient continuer à s’accroître si l’on prend soin de regarder, les yeux ouverts, les défis lourds et émergents que cette Méditerranée concentre. Ainsi, sans doute, c’est surtout sous les deux angles « menaces » et « sécurité » qu’il convient de réfléchir au rôle structurant de la coopération euro-méditerranéenne. Celle-ci serait donc d’abord un amortisseur des chocs régionaux, un mécanisme de gestion commune des risques et tensions qui agitent le Bassin méditerranéen.
Malgré les ambitions affichées dans les discours, les politiques dites euro-méditerranéennes répondent essentiellement à des préoccupations d’ordre sécuritaire. A court terme, c’est cette ligne stratégique qui devrait dominer. La Méditerranée présente en effet un terrain régional tout à fait opportun pour illustrer l’évolution et l’extension thématique du terme sécurité dans les relations internationales, qui englobe de plus en plus des paramètres touchant au quotidien des individus et au développement des Etats.
Actuellement, une part non négligeable de la coopération euro-méditerranéenne prend un accent sécuritaire. Que ce soit sur le plan énergétique, alimentaire, environnemental, migratoire ou économique, ce sont bien des garanties, du contrôle, de la stabilité qui sont recherchés, car nul n’ignore la sismicité structurelle de la Méditerranée. On veut sécuriser les approvisionnements énergétiques. On désire améliorer la sécurité alimentaire. On vise à sécuriser l’accès aux ressources naturelles et à limiter les risques environnementaux. On réfléchit à comment contenir et maîtriser les flux migratoires [31]. On insiste sur la sécurité des investissements financiers. On redoute les turbulences potentielles qui pourraient naître d’un changement de tête au pouvoir dans les PSEM. On souligne la nécessité de sécuriser les transports maritimes. Et n’ayons pas peur de regarder en face : on sécurise en permanence la sémantique pour ne pas froisser les susceptibilités culturelles, religieuses ou communautaires dans une région où la diversité et le métissage doivent de plus en plus composer avec les amalgames et les murailles.
Si penser la Méditerranée sans l’Europe est évidemment un excès volontaire de l’analyse géostratégique cherchant à provoquer un débat sur les modalités de la coopération euro-méditerranéenne, car il faut considérer ce Monde en Méditerranée et cette mondialisation de la Méditerranée, il est tout à fait important de poser simultanément une question procédant de ce constat : l’Europe pourrait-elle complètement tourner le dos à la Méditerranée ? Assurément, il faudra veiller aux arbitrages financiers des nouvelles perspectives budgétaires 2013-2020 pour connaitre les intentions réelles de l’UE, car sans moyens et sans vision stratégique, face à l’accroissement des défis méditerranéens, on ne saurait pronostiquer un approfondissement des relations euro-méditerranéennes, qui rétropédaleraient sur l’intégration régionale pour progresser de façon bilatérale avec certains pays au cours de la décennie 2010-2020. Pire peut-être, le repli sur soi se préciserait dans un cadre politique européen dont la tonalité émotionnelle s’avère d’ores et déjà dominée par la peur [32]. A cela, s’ajouteraient des décompositions politiques et sociales graves dans les pays du Sud de l’Europe, qui n’auraient plus de tropisme vers cette Méditerranée voisine trop ressemblante en matière de mal-développement. C’est donc ici l’un des risques dans ce scénario tendanciel où les relations entre Europe et Méditerranée se distendent considérablement : celui d’une Europe forteresse, et donc, d’une Europe sans Méditerranée.
Mais inversement, un autre risque ne saurait être occulté dans ce scénario… Celui d’une Méditerranée sans Europe, où les influences des acteurs extrarégionaux s’amplifieront, pour confirmer les tendances à l’œuvre et mettre en lumière les faiblesses européennes, pour ne pas dire révéler la paralysie politique d’une Europe en perdition. Malgré l’adoption du traité de Lisbonne, et en dépit d’une reconfiguration de son paysage institutionnel et de sa représentation extérieure, l’UE peine à progresser en matière de politique étrangère commune. Tout se passe comme si son action envers l’espace méditerranéen, son voisinage géographique immédiat, se faisait plus par petites touches de réalisme politique à court terme que par vision géopolitique audacieuse pour construire le moyen-long terme. L’Europe-puissance est inexistante et l’Europe-politique balbutiante. Avec les effets notables de la crise économique mondiale sur le continent européen, rien ne dit que l’UE ne sera pas l’homme malade de la décennie 2010. Dans un tel scénario, avec une Europe pourquoi pas disloquée, comment ne pas envisager les effets immédiats sur l’espace méditerranéen ? D’ores et déjà, le Maghreb semble regarder davantage vers le Sud et l’Afrique pour faire face à la crise [33]. C’est aussi cela la question de la Méditerranée sans l’Europe, observer la présence d’acteurs extra-euro-méditerranéens dans la zone, mais aussi imaginer une panne européenne pour les PSEM. C’est le scénario d’une Europe faible. Et malheureusement sans Europe forte, comment envisager sérieusement que l’ambition euro-méditerranéenne puisse se concrétiser ?
On doit accepter de regarder en 2010 la question de la coopération euro-méditerranéenne comme une nécessité résolument pragmatique, visant à contenir les menaces, donc jouant un rôle d’amortisseur pour limiter les effets des chocs régionaux qui devraient s’amplifier. Cette situation remet en cause la pertinence de l’Euro-Méditerranée comme projet géopolitique ambitieux, car sa faisabilité paraît de plus en plus faible, eu égard aux divergences de visions politiques, aux multiplications des alliances entre acteurs et aux moyens financiers capables de doper une telle vision stratégique de la zone. Si l’UpM peut séduire dans le discours, elle reste un fantasme au regard des réalités. Les tendances actuelles n’augurent rien de meilleur à court terme.
Le multilatéralisme, en Méditerranée comme dans le Monde, est en panne. Et pourtant il n’a jamais été aussi nécessaire. Les relations internationales sont de moins en moins rythmées par les rapports Nord-Sud, dépassés et désorientés par la montée en puissance des coopérations Sud-Sud. Chaque Etat, dans ce moment global de crise économique, est tenté par la frilosité voire par le repli. Le patriotisme régional et transnational reste à inventer. La régionalisation du Monde est incertaine, car les alliances se multiplient et les moteurs de demain ne sont plus forcément là où on les attendait encore hier.
Avec cette coopération euro-méditerranéenne, on est donc désormais dans un scénario de l’embarras. Doit-on, par exemple, reconsidérer à nouveau l’idée d’une union entre les seuls pays riverains de la Méditerranée ? Si tel était le cas, force est de constater que l’on reviendrait alors très vite à l’unique scénario d’une coopération méditerranéenne basée sur la gestion des risques et l’atténuation des tensions. Il serait donc totalement illusoire de penser pouvoir bâtir une union dans l’adversité, sachant que les poudrières diplomatiques et géostratégiques dans la région ne manquent pas.
La désaffection entre l’Europe et les PSEM est grande, et la méfiance prime nettement sur la confiance. Devant ces réalités, qu’on le veuille ou non, rien ou presque ne permet en 2010 d’espérer voir cette vaste région solidaire et progressivement intégrée, l’Euro-Méditerranée, se construire à l’horizon. Il ne faudrait pas pour autant insulter l’avenir et donc ne pas enterrer cette idée. Mais accepter de réinterroger cette vision de l’Euro-Méditerranée, dans un contexte mondial reconfiguré, s’avère nécessaire. Si le divorce entre Europe et Méditerranée ne sera sans doute jamais prononcé, la géographie gardant tout son sens, en revanche, le risque existe de devoir parler de l’Euro-Méditerranée au passé.
Copyright Juillet 2010-Abis/Confluences Méditerranée
Sommaire
Confluences Méditerranée, n°74, été 2010, "La Méditerranée sans l’Europe", 204 p. ISSN : 1148-2664. ISBN : 9782296124134.
Vouloir s’interroger sur « la Méditerranée sans l’Europe », c’est chercher, par delà l’impertinence de la formule, à explorer les nouvelles réalités géopolitiques d’un espace trop souvent fermé sur lui-même au niveau de la réflexion stratégique, alors qu’il est par nature une interface dynamique entre plusieurs régions qui se jouxtent, et qu’il constitue assurément une zone d’intérêts et de convoitises au coeur d’un Monde multipolaire où des puissances s’affirment aux côtés de celles révisant ou aiguisant leurs actions. La crise économique et financière, qui éclata en 2008, ne fait que précipiter depuis ce rééquilibrage du Monde où le poids opérationnel de l’Europe, potentiellement très grand, s’affaiblit constamment.
Dans ce cadre global, l’Euro-Méditerranée semble malheureusement vouée à ne demeurer qu’une idée en perpétuelle gestation. Pire, elle peut même apparaître comme le reflet des illusions géopolitiques de cette séquence historique (1989-2009) ayant fait basculer par à-coups le Monde dans un début de XXIe siècle désaxé, car la teneur des rapports Nord-Sud s’est métamorphosée.
. Il était une fin… l’Euro-Méditerranée,
Sébastien Abis
. Les Etats-Unis : une puissance méditerranéenne, Jean François Coustillière.
. La Chine en Méditerranée, l’émergence d’une nouvelle puissance ? Lionel Vairon.
. Le Brésil en Méditerranée : une éclosion stratégique sur fond d’héritages socio-historiques, Elodie Brun.
. L’Iran et la Méditerranée, ou l’illusion de la puissance, Barah Mikaïl.
Pays du Golfe en Méditerranée : les registres de l’influence, Pierre Blanc.
. La Libye a-t-elle vraiment tourné le dos à la Méditerranée ? Dr. Zidan Mubarak Mohammed.
. La diplomatie tous azimuts de la Turquie : émergence d’une puissance moyenne en Méditerranée, Ali Kazancigil.
. Confrontation ou coopération dans le bassin de la mer noire ? Jean-François Drevet.
. Dynamiques migratoires sub-sahariennes vers l’Afrique du Nord, Catherine Withol de Wenden.
. Dynamiques de l’investissement en Méditerranée : vers un partenariat plus équilibré entre les deux rives ? Emmanuel Noutary, Zoé Luçon,
. Bénédict de Saint-Laurent, Jeanne Lapujade.
L’impératif de reconnexion économique de la Méditerranée à l’Europe,
. Mihoub Mezouaghi.
Penser l’Euro-Méditerranée autrement, Iván Martín.
ACTUEL
. Algérie, la tierce rive en Méditerranée, Rabeh Sebaa.
Se procurer un article ou l’intégralité du n° 74 Été 2010 : "La Méditerranée sans l’Europe", sur le site de Cairn.info Voir
[1] OECD, The 2010 Perspectives on Global Development : Shifting Wealth, OECD, June 2010. Selon ce rapport, la croissance rapide des économies émergentes a conduit à un recentrage du pouvoir économique. Le poids économique agrégé des pays en développement et des pays émergents serait sur le point de dépasser celui de l’ensemble des pays développés. Selon ce rapport, la crise financière et économique a accéléré cette transformation structurelle de l’économie mondiale. Les prévisions à plus long terme suggèrent que les pays en développement et les pays émergents sont susceptibles de représenter près de 60% du PIB mondial en 2030.
[2] Giovanni Grevi, « The interpolar World : a new scenario », EU-ISS, Occasional paper n°79, June 2009.
[3] UNCTAD, “South-South Cooperation : Africa and the New Forms of Development Partnership”, Economic Development in Africa Report 2010, Geneva, June 2010.
[4] Deborah Brautingam, The Dragon’s Gift : The Real Story of China in Africa, Oxford University Press, 2009 ; Lire également Serge Michel, Michel Beuret et Paolo Woods, La Chinafrique, Paris, Grasset, 2008.
[5] Pierre Jacquet, « Equilibre des puissances ou gouvernance mondiale ? », in Questions internationales n°43, La Documentation française, mai-juin 2010.
[6] André Bellon, « Le puzzle des alliances naissantes », in Le Monde Diplomatique n°675, juin 2010.
[7] En 2000, certains experts déjà s’interrogeait…Lire Robert Bistolfi, « L’Europe et la Méditerranée : une entreprise virtuelle ? », in Confluences Méditerranée n°35, Automne 2000.
[8] Margherita Paolini et Marco Caruso, “Il Mediterraneo nell’Oceano mondo” in Quaderni Speciali di Limes, n°03/2009, L’Espresso, Roma (Italy), 2009
[9] Lire Yves Ekoué Amaïzo, « Après la Chine, l’Inde et le Brésil, L’Afrique attire la Russie », in Afrology, 23 juillet 2010.
[10] Cette zone économique spéciale (ZES) pour les entreprises chinoises est située près d’Ayn Sukhna, sur la rive ouest de la Mer Rouge, et doit ouvrir d’ici 2011, en se positionnant sur les secteurs textile, automobile et informatique notamment. C’est l’une des cinq zones économiques spéciales initiées par le gouvernement chinois en Afrique (lire Nina Hubinet, « Chine-Afrique du Nord : made in Egypt », in Jeune Afrique, 18 janvier 2010). La Chine et l’Egypte ont établi un partenariat de coopération stratégique en 1999. Il n’est d’ailleurs pas surprenant que le dernier sommet Afrique-Chine, en novembre 2009, se soit tenu à Charm El Cheikh. Le volume du commerce bilatéral sino-égyptien a atteint 4,6 milliards d’euros en 2008, à comparer aux 20 milliards d’euros entre UE et Egypte.
[11] En 2008, selon les données statistiques européennes, le volume des échanges commerciaux (importations et exportations bilatérales) de la Chine avec les PSEM arabes (Maroc, Algérie, Tunisie, Liban, Egypte, Jordanie et Syrie) était de 14,5 milliards d’euros environ (Pékin compte en moyenne pour 7 à 10% des importations totales de ce pays). Ce montant est à mettre en parallèle avec celui de 24,4 milliards d’euros concernant le volume commercial bilatéral des PSEM arabes avec les Etats-Unis (essentiellement Algérie et Egypte), mais surtout de celui avec l’UE qui en 2008 atteignait 122 milliards d’euros. Pour plus de détails sur l’état du commerce extérieur des PSEM arabes, se reporter au site de la Commission européenne consacrée aux relations bilatérales (http://ec.europa.eu/trade/creating-opportunities/bilateral-relations/regions/euromed/)
[12] Françoise Nicolas, « La présence économique chinoise et indienne au Maghreb », Le Maghreb dans son environnement régional, Note de l’IFRI, Paris, juin 2010.
[13] « Nucléaire iranien : le Sud émergent veut sa place dans la négociation », Editorial, Le Monde, 19 mai 2010.
[14] Sébastien Abis et Jessica Nardone, « Brésil : future ferme du monde arabe ?”, in Futuribles, n°356, octobre 2009
[15] Samba Khassé Sylla, « La nouvelle politique africaine du Maroc », in Afkar-Ideas n°24, hiver 2009-2010. Lire également Nezha Alaloui, « La projection économique des pays du Maghreb sur l’Afrique Sub-saharienne », Le Maghreb dans son environnement régional, Note de l’IFRI, juin 2010.
[16] Lire European Commission, Directorate-General for Economic and Financial Affairs, “Labour Markets Performance and Migration Flows in Arab Mediterranean Countries : Determinants and Effects”, Occasional paper n°60, April 2010.
[17] Dani Rodrik, Nations et mondialisation. Les stratégies nationales de développement dans un monde globalisé, Paris, La Découverte, 2008. Egalement Nicolas Meisel et Jacques Ould Aoduia, « La bonne gouvernance est-elle une bonne stratégie de développement ? », Document de Travail n° 58, Agence Française de Développement, Paris, janvier 2008
[18] Dorothée Schmid, « Le partenariat, une méthode européenne de démocratisation en Méditerranée ? », in Politique étrangère n°03/2005, IFRI.
[19] Anna Lindh Foundation, “Tendances Interculturelles Euro-Med 2010”, Gallup Report, September 2010.
[20] A ce sujet, le Commissaire européen à l’élargissement et à la politique de voisinage, Stefan Füle, a rappelé à l’occasion du Forum financier sur l’Union pour la Méditerranée (For’UM), organisé à Marseille le 27 mai 2010, que la Commission européenne avait dépensé 1,66 milliards d’euros pour financer les programmes et les projets régionaux euro-méditerranéens entre 1995 et 2010. Ce montant ne prend pas compte les aides financières bilatérales octroyées par Bruxelles pour chaque pays partenaire méditerranéen.
[21] Pour une analyse synthétique concernant l’action et le bilan du Partenariat euro-méditerranéen, lire Erwan Lannon e Iván Martín,
« Report on the Euro-Mediterranean Partnership. Status and Progress 2009 », Documents IEMed n°3, IEMed, Barcelona, 2009.
[22] Lire World Bank, “Middle East and North Africa region - Recovering from the crisis, a regional economic update”, Washington (USA), April 2010. Les pays méditerranéens de la rive Sud ont en moyenne perdu deux points de croissance entre le déclenchement de la crise financière international fin 2008 et la période de reprise en 2010. Cette baisse s’explique principalement par une dégradation de leur solde extérieur (chute des exportations vers l’Europe, diminution importante des remises par les émigrés, réduction des arrivées touristiques, volatilité des investissements directs étrangers…).
[23] Ivan Martin, « Perspectives financières 2014-2020 : Quels instruments financiers pour la Méditerranée ? », in Europe-Méditerranée. Enjeux, Stratégies, Réformes, Monographies méditerranéennes nº 7, IEMed, 2009.
[24] Ainsi de la Tunisie, dont l’ancrage économique et commercial à l’Europe est particulièrement fort. Lire l’article « Tunisie : éviter le rhum européen » publié par Oxford Business Group, 30 juin 2010.
[25] Les estimations sont variables mais une fourchette très large a récemment été proposée, indiquant un besoin de créer entre 34 et 95 millions d’emplois d’ici 2030. Voir Bénédict de Saint-Laurent, « Impact of the crisis for the Mediterranean », IAI Seminar, Rome (Italy), 21 may 2010.
[26] Roberto Aliboni, « New as it is, the Mediterranean Union needs an overhaul”, in Europe’s World, Summer 2010.
[27] Deodato Cambarau, « Union pour la Méditerranée : rubicube diplomatique ou grand bluff ? », in Confluences Méditerranée n°67, automne 2008.
[28] Cercle des économistes, 5+5=32, Feuille de route pour une Union Méditerranéenne, Perrin, Paris, 2008
[29] Sébastien Abis, « 2007 : année zéro pour la Méditerranée ? », in Futuribles n°321, juillet-août 2006.
[30] Pierre Beckouche, Les régions Nord-Sud. Euromed face à l’intégration des Amériques et de l’Asie orientale, Paris, Belin, 2008.
[31] Bichara Khader et Catherine Withol de Wenden, « Les dynamiques de mouvement de personnes », EU-ISS/IEMed, Paper n°07 for Barcelona 2010, mai 2010.
[32] Dominique Moïsi, Géopolitique de l’émotion, Paris, Flammarion, 2008.
[33] Marie-Christine Corbier, « Face à la crise, le Maghreb se tourne vers le Sud », in Les Echos, 15 juin 2010.
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