L’ALGERIE est un régime présidentiel dirigé depuis 2019 par Abdelmadjid Tebboune. Peuplé par 45 millions d’habitants, le PIB de cet Etat équivaut à 210 milliards de dollars. Ses forces armées comptent 370 000 soldats pour un budget défense estimé à 18 milliards de dollars (8,6% du PIB de l’État, 1er budget de l’État). En termes de budget, l’Algérie dispose de la 4ème armée des pays de la zone ANMO. Elle collabore étroitement avec la Chine, la Russie et l’Allemagne, mais connaît de fortes tensions avec le Maroc, Israël et la France.

L’Algérie s’est fixé un objectif stratégique majeur : garantir l’indépendance et l’intégrité du pays, notamment la Kabylie, en s’assurant de la loyauté de l’armée et en luttant contre les groupes armés djihadistes qui ont menacé le pays dans la "décennie noire" des années 1990-2000. Elle veut aussi s’imposer comme le leader naturel du Maghreb face au Maroc. L’armée, acteur majeur de la survie du régime (dirigée par le Front de Libération Nationale, FLN), instrumentalise les tensions avec le Maroc, la France et Israël. Elle apporte un soutien idéologique et matériel au Front Polisario pour faire pression sur Rabat et trouver à terme un débouché vers l’océan Atlantique. Il lui faut aussi projeter son influence en direction du Sahel tout en contrôlant la partie désertique du territoire pour éviter qu’elle ne soit déstabilisée par les groupes armés djihadistes et l’irrédentisme des populations transfrontalières (Azawad) qui pourraient menacer les sites gaziers et pétroliers (95% des ressources en devises du pays). Elle doit ensuite renforcer la coopération énergétique et d’armement avec la Russie et la Chine sans tomber sous leur influence. Enfin, l’Algérie doit maintenir des liens forts avec la Tunisie et des liens importants avec l’Italie et l’Allemagne (ses deux principaux clients européens en termes d’hydrocarbures).

L’Armée nationale populaire (ANP) reste la mieux équipée d’Afrique du Nord. Politisée aux échelons supérieurs et peu motivée aux échelons inférieurs, elle reste d’abord et avant tout l’assurance-vie, voire l’incarnation d’un régime à bout de souffle. Bien que ses capacités offensives soient réelles, elle reste structurée pour la défensive selon une doctrine rigide d’emploi des forces calquée sur l’ancien modèle soviétique. Si le régime venait à s’effondrer, le risque serait de voir l’ANP reprendre les commandes du pays comme elle l’avait fait en 1992 en trouvant un compromis avec la mouvance islamiste. Le risque serait de voir l’armée se lancer dans une aventure militaire contre "l’ennemi héréditaire" marocain pour faire diversion des difficultés intérieures. Enfin, on craint de voir l’ANP se déliter au profit de groupes armés autonomes et d’unités militaires en rupture de ban susceptibles de puiser dans son arsenal d’armes ultramodernes, déstabilisant la Méditerranée occidentale et la région du Maghreb.

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