Extrait du commentaire de la carte.

LA CHINE a conscience de sa grandeur sur plus de trois millénaires, sinon davantage. Elle a aussi un souvenir aigu du « siècle des humiliations » (1839-1949) lors duquel le pouvoir des Qing s’effondre progressivement avec les deux guerres de l’opium (1839-1842 et 1856-1860) puis avec l’intervention des puissances occidentales lors de la révolte des Boxers, au tournant des années 1900 (sac du Palais d’été), entraînant la signature des « traités inégaux ».

Il fut un temps où la Chine n’exerçait pas sa souveraineté sur ses ports les plus importants, régis par des étrangers. Puis le Japon de l’ère Meiji succéda à la domination européenne avec une brutalité sidérante (massacre de Nankin en 1937-1938, qui fit entre 100 000 et 200 000 victimes).

L’humiliation, un sentiment que les États-Unis ont eu la chance de ne pas connaître, fait partie de l’héritage historique récent de la Chine.

Mao Zedong (1893-1976) fut celui qui sut le mieux trouver la formule permettant de passer de la guérilla à la guerre révolutionnaire afin de s’emparer du pouvoir. Sa gestion politique fut erratique (Grand Bond en avant, 1958-1960) et eut des effets catastrophiques (révolution culturelle, 1966-1976). Son successeur, Deng Xiaoping, est l’exceptionnel architecte qui permit le redressement de la Chine à partir de 1978 grâce aux réformes structurelles concernant le marché, dont l’impact détermine les décennies suivantes : en 1978, la Chine représentait moins de 1 % du commerce international. Quarante ans plus tard, la Chine est devenue l’usine du monde.

Extrait de Gérard Chaliand, Roc Chaliand, Nicolas Rageau, « Atlas stratégique. De l’hégémonie au déclin de l’Occident », éd. Autrement, 2022.