Comment expliquer l’inclination à la dévolution familiale du pouvoir en Afrique subsaharienne dans des États constitutionnellement non monarchiques ? De quels mécanismes les régimes en place usent-ils pour réaliser cette transmission patrimoniale du pouvoir ? S. Loungou répond avec de nombreux exemples mis en perspective.
La longévité politique dont font montre bon nombre de chefs d’État dans la région procède fondamentalement du caractère clanique du pouvoir qu’ils incarnent, associé à des facteurs socio-psychologiques qui les dissuadent de consentir à une alternance démocratique. Désormais parvenus en fin de cycle, ces « gouvernements perpétuels » sont tentés de se régénérer à travers des nouvelles figures dirigeantes issues des familles régnantes, consacrant ainsi l’avènement des « Républiques héréditaires ».
Résumé : Le présent article s’intéresse à un phénomène politique majeur apparu il y a deux décennies en Afrique subsaharienne et particulièrement dans les États francophones d’Afrique centrale, à savoir la dévolution successorale de la fonction présidentielle de « père à fils ». Née en République démocratique du Congo, la vogue des « Républiques héréditaires » s’est propagée au Togo, au Gabon et, récemment, au Tchad. L’auteur considère que cette dérive dynastique, appelée aussi « syndrome togolais », procède d’une volonté des gouvernements perpétuels de se régénérer à travers de nouvelles figures dirigeantes issues des familles régnantes. À travers les perspectives de changement au sommet de l’État qui se profilent en Guinée Équatoriale et en Ouganda, États respectivement hispanophone et anglophone, il démontre que le spectre des successions politiques héréditaires tend désormais à gagner d’autres espaces géographiques et linguistiques sur le continent.
Summary : This article looks at a major political phenomenon that emerged two decades ago in sub-Saharan Africa, particularly in the French-speaking states of Central Africa : the devolution of the presidential office from father to son. Originating in the Democratic Republic of Congo, the vogue for "hereditary republics" has spread to Togo, Gabon and, recently, Chad. The author considers that this dynastic drift, also known as the "Togolese syndrome", stems from the desire of perpetual governments that have reached the end of their cycle to regenerate themselves through new leaders from the ruling families. By looking at the prospects for change at the top of the state in Equatorial Guinea and Uganda, Spanish-speaking and English-speaking states respectively, he shows that the spectre of hereditary political succession is now spreading to other geographical and linguistic areas of the continent.
Introduction
APRES une assez longue période de monolithisme politique vécue au lendemain des indépendances, acquises dans la majorité des cas au début des années 1960 (Georg et al., 2013), la plupart des États africains ont opéré une spectaculaire reconversion au multipartisme au début de la décennie 1990 (Guèye, 2009). Toutefois, très peu d’exemples d’alternance démocratique ont été enregistrés à ce jour en Afrique centrale ; seuls Sao Tomé et Principe et, pour ainsi dire l’espace d’un « printemps électoral » (Dupin, 2004), le Congo, la République Centrafricaine (RCA) et la République Démocratique du Congo (RDC) – sur un total de onze États que compte ce vaste ensemble géopolitique [1] – auront goûté, avec des fortunes diverses, l’expérience du changement démocratique au sommet de l’État. Au terme d’une trentaine d’années d’« apprentissage démocratique » plus ou moins chaotique (Guay, 2011 ; Marin, 2015), force est donc de constater que plusieurs régimes établis dans la région avant 1990 demeurent en place, nourrissant désormais des velléités dynastiques (Mataillet, 2018). Celles-ci ont mené dans certains cas à l’avènement de ce que l’on nomme les « Républiques héréditaires », entendu qu’elles sont nées des successions directes de « père à fils » (Monénembo, 2021).
En effet, après la RDC en 2001, le Togo en 2005, le Gabon en 2009 et le Tchad en 2021, et alors que l’évanouissement des rêves de présidence prêtés aux fils d’Hosni Moubarak en Egypte, d’Abdoulaye Wade au Sénégal et de Mouammar Khadafi en Libye semblait avoir signifié la « fin des successions dynastiques » (Dassié, 2011), les velléités de dévolution héréditaire du pouvoir persistent notamment en Guinée Équatoriale (Hart, 2011) et en Ouganda (Boisselet, 2013). Les pays africains n’ont certes pas l’apanage des « monarchies qui se prétendent républiques » (Khodar, 2011). On retrouve la même chose en Corée du Nord (Dayez-Burgeon, 2016) et en Syrie (Donati, 2009). Mais le fait est que « la succession dynastique au pouvoir, [qui] était une pratique inconnue en Afrique après les Indépendances » (Cessou, 2017), connaît une vogue depuis deux décennies, la palme d’or revenant aux pays d’Afrique centrale d’expression française, où les « pouvoirs perpétuels » en fin de cycle sont tentés de se régénérer à travers des nouvelles figures issues des familles régnantes (Loungou, 2022). Dans un contexte républicain et de pluralité politique, cette dérive dynastique, qualifiée de « syndrome togolais » (Ngonga Tchatchou, 2005), appelle des questions. Qu’est-ce qui explique l’inclination à la dévolution familiale du pouvoir dans des États constitutionnellement non monarchiques ? De quels mécanismes les régimes en place usent-ils pour réaliser cette transmission patrimoniale du pouvoir ?
L’examen de la temporalité des pouvoirs politiques à travers le continent fait apparaître la prégnance singulière du phénomène de longévité en Afrique centrale (Adou et Miayo, 2020). À l’exception notable de l’archipel lusophone de Sao Tome-et-Principe qui est « habitué aux alternances et considéré comme un modèle de démocratie parlementaire » (Le Monde, 2022), la plupart de ses voisins, francophones en majorité, connaissent un « déficit démocratique » (Kpatinde, 2016). Ce défaut est caractérisé par le phénomène des « gouvernements perpétuels » résultant de la rareté des dynamiques d’alternance au sommet des États (Owona Nguini, 2004), elle-même causée en partie par de fréquents amendements conjoncturels et personnalisés des Lois fondamentales combinés à des « tripatouillages » électoraux (Pourtier, 2012). En se basant sur la longévité au pouvoir des chefs d’État en exercice et en tenant compte des perspectives de maintien que leur offrent les dispositions constitutionnelles en vigueur dans leurs pays respectifs, on peut distinguer quatre types de gouvernements perpétuels : le « gouvernement perpétuel endurci » établi en Guinée Équatoriale, au Cameroun et au Congo ; le gouvernement perpétuel en voie d’endurcissement au Rwanda ; le gouvernement perpétuel restauré au Gabon [2] et en RCA ; le gouvernement perpétuel régénéré au Tchad (cf. tableau).
Tableau 1. Temporalité des pouvoirs politiques en Afrique centrale
Pays | Mode d’accession et de maitien au pouvoir du chef de l’État en fonction (année) | Nombre de mandats présidentiels | Types de pouvoirs (nombre d’années) |
---|---|---|---|
Cameroun | . Succession constitutionnelle (1982) . Réélections contestées |
Illimité | Gouvernement perpétuel endurci (41 ans) |
Congo | . Coup d’État militaire (1979) . Guerre civile (1997) . Réélections contestées |
Illimité | Gouvernement perpétuel endurci (39 ans de pouvoir cumulés) |
Guinée Équatoriale | . Coup d’État militaire (1979) . Réélections contestées |
Illimité | Gouvernement perpétuel endurci (44 ans) |
Tchad | Succession anticonstitutionnelle (2021) | Illimité | Gouvernement perpétuel régénéré (2 ans) |
Gabon | . Élection pluraliste contestée (2009) . Réélection contestée (2016) |
Illimité | Gouvernement perpétuel restauré (14 ans) |
RCA | . Élection pluraliste en temps de conflit (2015) . Réélection contestée (2020) . Abolition de la limitation du mandat présidentiel par voie référendaire (2023) et instauration du septennat |
Illimité | Gouvernement perpétuel restauré (8 ans) |
RDC | Élection pluraliste contestée (2018) | Limité | Gouvernement limité en voie de restauration (5 ans) |
Rwanda | . Élection pluraliste contestée (2000) . Réélections contestées |
Illimité jusqu’en 2032 | Gouvernement perpétuel en voie d’endurcissement (23 ans) |
Burundi | Élection pluraliste contestée (2020) | Limité | Gouvernement limité en voie de restauration (3 ans) |
Sao Tome et Principe | Élection pluraliste (2021) | Limité | Gouvernement limité (2 an) |
Angola | . Succession constitutionnelle (2018) . Élection pluraliste contestée |
Limité | Gouvernement limité en voie de restauration (5 ans) |
Sources : M.E. Owona Nguini (2004) ; Jeune Afrique n°2845, 19-25 juillet 2015, p.22-27 ; R. Marzin (2017) ; F. Mazet (2023).
En théorie, le phénomène des gouvernements perpétuels s’explique par l’absence de restriction constitutionnelle concernant la durée de l’exercice de la fonction de chef d’État. Dans bon nombre de pays africains et particulièrement ceux d’Afrique centrale, les Constitutions ont fait l’objet de tant de révisions et d’amendements qu’elles ont progressivement été débarrassées du verrou de la limitation du mandat présidentiel instauré au début des années 1990 (Siegle et Cook, 2020). En pratique, ces « présidences sans fin » procèdent d’ une tendance enracinée à la patrimonialisation ou confiscation du pouvoir politique en Afrique (Médard, 1991 ; Focksia Docksou, 2021). On peut dater les origines de leur « institutionnalisation » du temps des régimes à parti unique, instaurés à la charnière des années 1960 et 1970 (Keita, 2012). Dans ce carcan monolithique, les plébiscites présidentiels s’étant substitués aux élections libres et concurentielles, le coup d’État militaire était devenu le principal mode de succession ou d’alternance (Balandier, 1966 ; Foucher, 2009). Le retour à la démocratie électorale n’a pas changé fondamentalement la donne : non seulement le renversement illégal des dirigeants en place demeure une pratique assez courante sur le continent (Passot, 2023), mais l’« étouffement » de l’expression démocratique (Zounmenou et Adam, 2021) au moyen de sempiternelles et circonstancielles réformes constitutionnelles et électorales entretient le phénomène des gouvernements perpétuels dont, il est vrai, l’Afrique centrale ne possède pas l’apanage, ainsi que le montrent les exemples de l’Ouganda, de l’Erythrée et, récemment encore, du Zimbabwé (James, 2017), situés hors de cette région.
À la lancinante question de savoir pourquoi les chefs d’État africains s’accrochent au pouvoir (Berthemet, 2017), Pierre Buyoya, ancien président du Burundi [3], avait répondu en substance ceci [4] : « Quand vous accédez au pouvoir, vous n’êtes jamais seul ; vous êtes porté par un groupe, un parti politique, et dans certains cas par des communautés ethniques ou religieuses. Dans le cas des coups d’État, vous bénéficiez du soutien de l’armée et, parfois, d’autres forces politiques. Pour vous maintenir au pouvoir, c’est à peu près la même chose : le leader est soutenu par les mêmes forces qui œuvrent pour qu’il reste au pouvoir. Mais quand il faut le quitter, vous décidez seul contre les intérêts de tous ceux qui vous ont soutenu pendant des années. La difficulté réside là essentiellement ; les gens qui décident de demeurer au pouvoir le font sous la pression de leur entourage. Autour d’un chef se développe un système, et abandonner le pouvoir est difficile, car c’est une action qui va à l’encontre des intérêts de ceux qui ont été au pouvoir pendant des années. Et parfois, ceux-ci peuvent menacer la vie de celui qu’ils ont servi au cours de ces années. Une autre raison est que, dans beaucoup de pays africains, les Constitutions n’ont rien prévu pour les chefs d’État qui quittent le pouvoir. Ainsi la perte du pouvoir peut-elle signifier celle des privilèges et plonger les anciens présidents dans le besoin matériel, voire l’insécurité totale. Cette incertitude de l’après-pouvoir pousse fatalement à se maintenir coûte que coûte à la tête du pays » [5].
Le décryptage de ce discours inspire quelques remarques. L’ « endurance » politique dont font montre les chefs d’État africains procède avant tout du caractère clanique du pouvoir qu’ils incarnent : le président dispose d’un « entourage » qui veille et œuvre à le maintenir en place en échange de privilèges en tous genres, mais dont il finit par devenir le « prisonnier », toute idée de retrait du pouvoir devenant suicidaire. De fait, le « clan présidentiel », véritable clé de voûte de l’État patriarchique (Kirongozi, 1994), forme un système complexe d’alliances et de réseaux d’intérêts organisés à l’intérieur de cercles gravitant autour du patriarche ou chef de clan qu’est le chef de l’État. Le premier cercle rassemble des membres qui lui sont liés par le sang ou le mariage. Autour de ce noyau primatial, généralement placé sous la férule de la « première dame » (Hugeux, 2014), évoluent des groupes constitués sur la base d’affinités identitaires ou de rapports clientélistes (forces armées, partis politiques…). C’est donc le souci impérieux de préserver l’intégrité et les intérêts de ces clans composites qui pousse au maintien au pouvoir illimité de nombreux dirigeants africains. L’inclination à demeurer éternellement à la tête de l’État réside aussi dans l’incertitude de l’après-pouvoir. En effet, les Constitutions africaines ne prévoyant pas toujours le statut d’ancien chef d’État [6], ceux qui exercent le pouvoir appréhendent la perspective de le perdre (Kalawu Kalawu, 2019). Le souvenir de la déshérence vécue par d’ex-hommes forts ou d’anciennes familles régnantes (Cessou, 2017a) associé à la crainte des règlements de comptes politiques et judiciaires alimentent cette appréhension (Chindji Kouleu, 2008 ; Bayo, 2017), et seraient les ressorts psychologiques du désir de transmission du pouvoir de « père à fils ».
Le gouvernement perpétuel exclut l’alternance démocratique comme procédure d’accession à la tête de l’État ; son mode consubstantiel de dévolution du pouvoir est la succession. Celle-ci signifie le transfert du « patrimoine » politique d’une personne à ses « héritiers ». Quand on observe les conditions et les perspectives de passage de témoin au sommet de l’État dans nombre de pays en Afrique centrale, on est porté à considérer que la succession politique de type patrimonial tend à y devenir la règle. En l’occurrence, celle-ci sert de mécanisme « légalisé » de régénération des pouvoirs perpétuels à travers de nouvelles figures dirigeantes issues exclusivement des familles régnantes. La vogue de ce que l’on nomme les « Républiques héréditaires » a démarré en 2001 avec l’accession de Joseph Kabila à la tête de la RDC, à la suite du décès en fonction de son père, puis ont suivi celles de Faure Essozimna Gnassingbé au Togo (2005), d’Ali Bongo Ondimba au Gabon (2009), de Mahamat Idriss Deby au Tchad (2021). On peut distinguer plusieurs formes de succession politique de type patrimonial : la succession programmée, la succession inopinée et la succession anticipée.
1. La succession programmée
La succession programmée est orchestrée principalement par le dirigeant suprême en fonction, lequel s’emploie à ne point laisser deviner ses desseins, de façon à préserver l’héritier pressenti de la vindicte et/ou des sortilèges de ses éventuels rivaux. Le mode opératoire consiste à confier préalablement à cet héritier une position stratégique au sein de l’appareil étatique – singulièrement le dispositif sécuritaro-militaire – et/ou partisan, afin de lui permettre de neutraliser d’éventuels concurrents et, in fine, d’avoir le pied à l’étrier du pouvoir en cas de vacance au sommet de l’État. C’est dans ce registre qu’il convient de classer le cas d’Ali Bongo Ondimba, président du Gabon de 2009 à 2023 : nommé ministre de la défense en 1999, il devint aussi un des hiérarques les plus influents au sein du parti au pouvoir et anciennement unique – le Parti démocratique gabonais (PDG) –, dont il fut le candidat déclaré victorieux à l’élection présidentielle chahutée qui suivit le décès en 2009 de son père, Omar Bongo Ondimba, qui avait régné pendant quarante-deux ans (Debain, 2009 ; Ateranius-Owanga et Debain, 2016 ; Yates, 2019).
2. La succession inopinée
La succession inopinée est suscitée par une vacance de pouvoir inattendue. Dans ce cas, le successeur est imposé manu militari par les « sécurocrates » déterminés à conserver le pouvoir à tout prix. Cette forme de dévolution successorale du pouvoir est illustrée par les exemples de Joseph Kabila en RDC, de Faure Essozimna Gnassingbé au Togo et de Mahamat Idriss Déby au Tchad. En effet, tous les trois furent propulsés à la fonction de chef de l’État dans la foulée de la mort « accidentelle » de leurs pères respectifs, à chaque fois non sans simulacre de légitimation ou de légalisation. Ainsi Joseph Kabila, à l’époque tout juste âgé de 29 ans, se vit-il « parachuter » au plus haut sommet de la hiérarchie militaire comme pour légitimer son accession inopinée à la tête d’un État alors menacé de désintégration par de multiples factions rebelles (Faye, 2021). Faure Essozimna Gnassingbé fut consacré, lors d’une nocturne « séance extraodinaire » du Parlement encadrée par une clique d’officiers, président de l’Assemblée nationale, tout en bénéficiant d’une modification constitutionnelle abaissant l’âge minimum de 45 ans à 35 ans, afin de pouvoir succéder « légalement » à son géniteur (Aït-Hatrit, 2005). Mahamat Idriss Deby connut la même fortune en devenant le chef d’un Comité militaire de transition (CMT), après que le président de l’Assemblée nationale tchadienne eut renoncé, comme son homologue togolais, à exercer la fonction d’intérimaire constitutionnel (Blanchard, 2021).
3. La succession anticipée
La succession anticipée est un cas d’éviction du dirigeant en fonction par son propre clan, et pouvant impliquer son élimination physique. Elle est assimilable à un « complot de palais », l’objectif étant moins la remise en cause fondamentale du régime ou système politique que la disqualification du détenteur du pouvoir suprême pour le compte de la caste dirigeante. L’histoire politique du Congo en fournit une illustration avec l’assassinat en 1977 du commandant-président Marien Ngouabi. En effet, selon une thèse tenace, ce coup d’État sanglant aurait été ourdi par ses « frères » nordistes, membres de la junte politico-militaire établie en 1968, afin de conserver le pouvoir acquis au détriment des « sudistes », mais que le « camarade Marien » aurait songé à retrocéder aux civils et particulièrement à Alphonse Massamba Debat, l’ex-président renversé par lui une décennie plus tôt (Milandou, 2001). Dans le même ordre d’idée, une certaine opinion assimile le coup d’État militaire intervenu au Gabon, le 30 août 2023, à une « révolution de palais » (Bensimon, 2023) visant « à mettre Ali Bongo de côté pour poursuivre le système Bongo-PDG » [7]. Les partisans de cette thèse mettent en avant des liens de cousinage du « nouvel homme fort » du pays avec le président déchu (Badiane et Chibelushi, 2023).
Tableau 2. Formes de succession héréditaire expérimentées en Afrique depuis 2001
Pays | Forme de succession (année) | Réalité du pouvoir hérité |
---|---|---|
RDC | Succession inopinée (2001) | Exercice du pouvoir interrompu en 2018 – après un « glissement » de 2 ans – en raison d’une disposition constitutionnelle élaborée en 2011 et limitant à deux le nombre de mandats présidentiels |
Togo | Succession inopinée (2005) | Exercice du pouvoir en cours |
Gabon | Succession programmée (2009) | Exercice du pouvoir interrompu par un coup d’État militaire en 2023 |
Tchad | Succession inopinée (2021) | Pouvoir exercé dans le cadre d’un Conseil de Transition dont la Charte, élaborée en 2022, prévoit une durée de 18 mois renouvelable |
Sources : Journal Officiel de la RDC, 5 février 2011 ; Amnesty International (2022) ; Le Monde (2023).
Le Togo n’est pas le point de départ de la vogue des dévolutions successorales du pouvoir présidentiel enregistrées en Afrique subsaharienne depuis le début des années 2000, mais il est considéré comme l’exemple caricatural de cette dérive dynastique. Le « syndrome togolais » est une manière de désigner une succession héréditaire au sommet de l’État qui procède d’un mélange d’« habillage légal » et de « hold-up électoral » (Bangré, 2005) [8]. Couramment associé aux pays francophones d’Afrique centrale ayant vécu l’expérience de la succession directe de « père à fils », ce syndrome tend à gagner d’autres aires géographiques et linguistiques, laissant ainsi planer le spectre de nouvelles Républiques héréditaires notamment en Guinée Équatoriale hispanophone et en Ouganda anglophone.
1. En Guinée Équatoriale : chronique d’une succession héréditaire annoncée
Pays d’Afrique centrale situé entre le Cameroun au nord, le Gabon au sud et l’archipel de Sao Tomé et Principe à l’ouest, la Guinée Équatoriale est un riche État pétrolier d’à peine 1 500 000 habitants. Indépendante depuis 1968, elle n’a connu que deux chefs d’État : Francisco Macias Nguema Biyogo, de 1968 à 1979, et Teodoro Obiang Nguema Mbasogo depuis 1979. L’extrême longévité au pouvoir de ce dernier associée à son âge « canonique » (81 ans) font de de son régime l’archétype du gouvernement perpétuel endurci parvenu en fin de cycle. Mais contrairement au Cameroun et au Congo voisins, deux exemples de gouvernements perpétuels où la question de la transmission de témoin au sommet de l’État est sujette à spéculations (Asen, 2021 ; Sanso Barry, 2021), la Guinée Équatoriale semble s’acheminer irrémédiablement vers une succession dynastique constitutrice d’une République héréditaire.
En effet, après avoir succédé à son « oncle » Macias Nguema Biyogo à la faveur d’un coup d’État militaire (Arseneault, 1979), l’actuel président équato-guinéen envisage sérieusement de transmettre le pouvoir à son fils aîné, Teodorin Nguema Obiang Mangue. La preuve en est qu’il en a fait son Vice-président de la République, en charge de la Défense nationale et de la Sécurité de l’État, ainsi que son second au sein du Parti démocratique de Guinée Équatoriale (PDGE). Certes, la marche vers le pouvoir suprême de ce « fils prodigue » est loin de constituer un long fleuve tranquille, ce d’autant plus qu’il fait l’objet de poursuites judiciaires à l’extérieur du pays et est confronté sur place à la défiance d’autres membres du clan présidentiel opposés à son ascension (Boukhris, 2020). Pour autant, au regard de sa position au sein de l’appareil étatique et, surtout, du soutien que lui vouent les réseaux liés à la « première dame » dont il est issu (Jeune Afrique, 2020), les observateurs les plus avisés de la vie politique équato-guinéenne sont unanimes : « sauf révolution de palais, Teodoro Nguema Obiang Mangue (…) est assuré de prendre la succession » (Servant, 2021).
2. En Ouganda : vers une succession dynastique sur fond de « parricide »
L’Ouganda est une ancienne colonie britannique d’Afrique de l’Est, faisant partie de la région des Grands Lacs. Peuplé d’environ 46 000 000 d’habitants, il partage ses frontières avec la RDC à l’ouest, le Soudan du Sud au nord, le Kenya à l’est, la Tanzanie au sud et le Rwanda au sud-ouest. Depuis son accession à l’indépendance, en 1962, l’Ouganda a vu défiler à sa tête neuf personnalités dont Yoweri Museveni Kaguta, l’actuel président. Arrivé au pouvoir en 1986 à la tête d’une rébellion armée (Atuhaire, 2021), celui-ci aura régné plus longtemps que l’ensemble de ces huit prédécesseurs. Mais au terme de presque quatre décennies de pouvoir, le tabou de son départ est désormais levé en raison notamment de son âge avancé (78 ans), tandis qu’enflent les spéculations sur les possibles ambitions politiques de son fils Muhoozi Kainerugaba.
L’hypothèse d’une succession héréditaire fait apparaître l’Ouganda comme l’exception qui confirme la règle selon laquelle « dans aucun pays de tradition anglo-saxonne, les gens n’ont pensé aux fils pour remplacer leurs pères » (Sambe, 2021). En effet, non seulement les trois présidents anglophones récemment décédés en fonction sur le continent n’ont pas été remplacés par leur progéniture [9], mais les fils d’anciens chefs d’État anglophones, devenus à leur tour des présidents, n’ont accédé au pouvoir que plusieurs années après le départ de leurs pères respectifs (Cadio, 2023) [10]. Le cas de l’Ouganda est d’autant plus inédit qu’il révèle une sourde « guerre » de pouvoir entre le président Museveni Kaguta et « son propre fils (…) qui le défie, impatient de lui succéder au sommet de l’État » (Blanshe, 2022b).
Les premiers soupçons de velléités de succession héréditaire ont été révélés à l’opinion publique en 2013, lorsqu’un ancien directeur des renseignements ougandais évoqua l’existence d’un « projet Muhoozi » visant à « éliminer les plus hauts responsables de l’armée opposés à une telle transmission du pouvoir » (Mbanga, 2017). Ces soupçons se sont renforcés avec l’ascension fulgurante du fils du président au sein de la hiérarchie militaire. En effet, enrôlé à l’âge de 25 ans dans les forces armées en 1999, il est nommé à la tête des forces spéciales en 2008 puis se voit propulser au poste stratégique de Commandant des forces terrestres en 2021 – l’équivalent de « numéro 3 » dans l’organigramme de l’armée ougandaise – et accède au rang de général quatre étoiles en 2022 (Boisselet, 2013 ; Gras, 2022). Dans un pays où « l’armée constitue un des principaux soutien du régime » (Perrot, 1999), le fait pour le fils du président d’être transféré de poste en poste est forcément perçu comme un moyen de lui permettre de « gagner encore plus de l’expérience et de l’influence parmi les militaires » (Mouillaud, 2021). Du reste, bien qu’il n’en possède pas le titre, il se dit qu’il est « le vrai chef des forces de Défense [dont] les nouveaux responsables sont de [sa] génération et lui sont loyaux » (Mouillaud, 2022).
L’influence de Muhoozi Kainerugaba dépasse le cadre de l’armée. On lui prête notamment un rôle-clé dans le réchauffement des relations entre l’Ouganda et le Rwanda voisin dont il est par ailleurs le grand admirateur du président (Baguma, 2022), ainsi qu’une certaine audience auprès des chefs d’État kényan, égyptien et sud-africain (Blanshe, 2022a). Son limogeage du poste de chef de l’armée de Terre [11], survenu le 4 octobre 2022 sur décision du président, après qu’il a diffusé une série de messages polémiques sur les réseaux sociaux (Twitter, devenu « X ») [12], ne semble pas avoir douché son ambition présidentielle. C’est ainsi que le 26 avril 2022, à l’occasion de la célébration de son 48ème anniversaire, il a publié un tweet évoquant sans nuances son accession à la magistrature suprême : « Lorsque l’équipe Muhoozi prendra le pouvoir dans ce pays, ce qui est évident, le budget du secteur des sports sera revu à la hausse. Nous annoncerons bientôt notre programme politique » (Deutsch Welle, 2022). Bien que la loi ougandaise interdise aux militaires de participer à la vie politique, des personnalités proches du régime, regroupées sous la bannière « Mouvement MK [13] » , incitent désormais le fils du président à prendre sa place (Mouillaud, 2023). Au point que ses activités présentent désormais des airs de campagne pour les futures élections, dont les plus marquantes sont le lancement de ses propres médias (chaine de radio, télévision), la diffusion des t-shirts personnalisés avec sa photo et la mention « Muhoozi, président de l’Ouganda en 2026 », la célébration de son anniversaire par des tournées à travers le pays et l’organisation des rassemblements de soutien.
Or, dans le même temps, plusieurs personnalités de premier plan au sein du parti au pouvoir – le National Resistance Movement (NRM) [14] – appellent le président à se porter candidat afin de « barrer la route [à son] fils » (Blanshe, 2022c). Si certains observateurs de la vie politique ougandaise voient dans la posture « provoquante » de Muhoozi Kainerugaba une volonté de se positionner en « outsider » au moment où la côte de popularité et la santé de son président de père apparaissent de plus en plus déclinantes (Glez, 2023), d’autres analystes n’excluent pas que ce positionnement soit une stratégie orchestrée par « l’inusable » Yoweri Museveni, visant à tester la popularité de son fils (Wheeldon, 2023) dans la perspective de lui céder le pouvoir.
Conclusion
L’Afrique centrale apparaît comme une terre historique des « gouvernements perpétuels ». Ce phénomène de longévité au pouvoir s’explique, en théorie, par l’absence de restriction concernant la durée du mandat présidentiel et, en pratique, par la tendance enracinée à la patrimonialisation ou confiscation du pouvoir politique en Afrique subsaharienne. Plus concrètement, la longévité politique dont font montre bon nombre de chefs d’État dans la région procède fondamentalement du caractère clanique du pouvoir qu’ils incarnent, associé à des facteurs socio-psychologiques qui les dissuadent de consentir à une alternance démocratique. Désormais parvenus en fin de cycle, ces « gouvernements perpétuels » sont tentés de se régénérer à travers des nouvelles figures dirigeantes issues des familles régnantes, consacrant ainsi l’avènement des « Républiques héréditaires ».
La vogue de dévolution du pouvoir présidentiel de père à fils a démarré en RDC puis s’est répandue au Togo, au Gabon et au Tchad. Qualifiée de « syndrome togolais », cette dérive dynastique tend désormais à « s’exporter » vers d’autres aires géographiques et linguistiques, notamment en Guinée Équatoriale, ancienne colonie espagnole établie en Afrique centrale, et en Ouganda, pays anglophone situé en Afrique orientale. Si la perspective d’un passage de témoin entre l’actuel président équato-guinéen et son fils aîné est pressentie par la plupart des analystes comme une simple formalité, le cas ougandais paraît plus complexe en raison de son caractère inédit dans le monde anglophone africain, mais aussi, et surtout, à cause de la compléxité du schéma successoral qu’il laisse entrevoir entre, d’une part, l’hypothèse d’une succession programmée et, d’autre part, celle d’une succession anticipée.
La transmission héréditaire du pouvoir présidentiel constitue à la fois un paradoxe dans des contextes politiques africains devenus concurrentiels et une véritable « bombe à retardement » pour une partie du continent (Neretse, 2022). D’une part, parce qu’elle contredit le système démocratique qui est par essence fondé « sur la rencontre d’individus – votants et candidats – dont les familles sont renvoyées à la sphère privée » (Brossier et Dorronsoro, 2016). D’autre part, parce que la dévolution dynastique du pouvoir présidentiel est à l’origine des « guerres » de succession familiales susceptibles d’entrainer de nombreux États africains dans une vive instabilité (Loungou, 2022), et qu’elle suscite des velléités d’alternance radicale, notamment sous forme de coup d’État, que le rejet populaire de la confiscation du pouvoir au bénéficie des clans présidentiels rend légitimes. C’est ce risque probant du recours à la « putsch-thérapie » (Kitio, 2019) qui incite certains analystes à considérer que « le coup d’État militaire au Gabon [est] une alerte aux régimes de présidences à vie présents en Afrique centrale, dans des pays comme le Congo Brazzaville, le Cameroun ou encore la Guinée équatoriale » (Laloupo, 2023), où les familles régnantes nourrissent ostensiblement des ambitions de succession héréditaire.
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[1] Au sens maximaliste, l’Afrique centrale rassemble l’Angola, le Burundi, le Cameroun, le Congo-Brazzaville, le Gabon, la Guinée Équatoriale, la RCA, la RDC, le Rwanda, Sao Tomé-et-Principe et le Tchad.
[2] Cette caractérisation était valable pour le Gabon jusqu’au putsch militaire du 30 août 20223, qui a entrainé le renversement du régime d’Ali Bongo Ondimba, arrivé au pouvoir en 2009 à la suite de son père mort en fonction la même année.
[3] Pierre Buyoya (1949-2020) a dirigé deux fois le Burundi : de 1987 à 1993 puis de 1996 à 2003.
[4] Conférence animée à Paris le 25 janvier 2006 dans le cadre du Club Millenium. À consulter sur https://youtu.be/nbZ38opw9to
[5] Nous avons volontairement modifié par endroits la transcription des propos initiaux afin de leur donner un caractère soutenu.
[6] Cette occultation procède souvent de la superstition : évoquer la succession d’un leader en fonction, a fortiori en débattre publiquement, peut signifier préméditer la mort de celui-ci.
[7] Les propos de cette citation sont d’Albert Ondo Ossa, vainqueur « officieux » de l’élection présidentielle du 26 août 2023, dont les résultats officiels, jugés « tronqués », ont été annulés par les putschistes.
[8] Le « hold-up électoral » est illustré par une scène insolite qui a marqué la mémoire collective des Togolais : lors du scrutin présidentiel du 24 avril 2005, auquel prenait part pour la première fois Faure E. Gnassingbé, un militaire favorable au clan présidentiel s’était enfui d’un centre de vote de Lomé, la capitale, avec une urne contenant des bulletins de vote.
[9] Il s’agit respectivement du Nigérian Umaru Yar’Adua (2010), du Malawite Benjamin Mkapa (2020) et du Tanzanien John Magufuli (2021).
[10] Il s’agit du président ghanéen Nana Akufo-Addo, fils d’Edward Akufo-Addo (1966-1970) ; du président kényan Uhuru Kenyatta, fils de Jomo Kenyatta (1964-1978) ; du président botswanais Ian Seretse Khama, fils de Sir Seretse Khama (1966-1980) ; du premier ministre mauricien Navinchandra Ramgoolam, fils de Seewoosagur Ramgoolam (1968-1982).
[11] Dans le même temps, comme pour adoucir la punition, il a été promu général et conserve la fonction de conseiller du chef de l’État pour les opérations spéciales.
[12] Il s’agit notamment d’une menace d’invasion du Kenya, d’un reproche adressé à l’ancien président kényan Uhuru Kenyatta pour ne s’être pas porté candidat à un troisième mandat – alors que la Constitution ne le lui permettait pas – et des propos dithyrambiques tenus à l’égard des rebelles du Tigré en guerre contre le pouvoir central en Éthiopie.
[13] MK sont les initiales de Muhoozi Kainerugaba.
[14] En français, le Mouvement national de la Résistance (MNR).
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