L’absence de vision globale et de stratégie commune russo-occidentale en matière de renseignement dans le cadre de la lutte contre le terrorisme permettra-t-elle à l’EI, si rien n’est entrepris entre temps, de très prochainement donner vie à son troisième front en Afghanistan ? Illustré d’une carte de Margaux Schmit, sous deux formats, JPEG et PDF.
LA PRISE de Syrte, dernier bastion de l’Etat Islamique (EI) en Libye, et l’offensive de la coalition internationale et de la Russie en Irak et en Syrie portent à croire que la fin de l’EI est proche. L’ensemble des media occidentaux convergent dans cette pensée optimiste, même si tous s’accordent sur l’idée que des actes isolés de terrorisme, signés EI, auront encore lieu ici et là, commis par des kamikazes isolés de retour des fronts.
Cependant, les positions atlantistes occidentales combinées à la russophobie ambiante du moment conduisent services de renseignement, politiques et media américains et européens à minorer encore la montée d’un troisième front de l’EI. Ce troisième front a pour théâtre le territoire afghan, plus précisément le nord et l’ouest du pays, non pachtounophone, le long des frontières iranienne et centrasiatiques. Là, les populations locales turkménophones, ouzbékophones ou encore tadjikophones peuvent compter sur des relais parmi leurs co-locuteurs en Asie centrale post-soviétique.
Les Etats-Unis, qui disposent en vertu du Bilateral Security Agreement (BSA) signé en 2012, toujours d’un dispositif de près de 8 400 hommes en Afghanistan, essentiellement regroupés autour de 9 bases (Kaboul-Bagram, Kandahar, Mazar-i-Sharif…) [1], s’en tiennent encore à des objectifs traditionnels : protéger les Gouvernementaux en place, garantir une sécurité minimale dans les principales villes du pays, près desquelles ils disposent d’une base, continuer à former la nouvelle armée afghane… Ils ne saisissent pas encore bien la distinction de plus en plus prononcée entre les Taliban, l’ennemi traditionnel, et les partisans de l’EI, la nouvelle menace.
La Russie entend également préserver le Gouvernement en place à Kaboul, comme contribuer financièrement au renforcement de la nouvelle armée afghane. Mais, Moscou souhaite encore protéger les frontières méridionales de l’Asie centrale, redoutant davantage les actions de l’EI que celles des Taliban sur son flanc sud. Depuis septembre 2015, l’intervention russe en Syrie vise d’ailleurs, par l’élimination de cadres russophones de l’EI, à éviter que ces derniers, caucasiens ou centrasiatiques, puissent établir des contacts durables avec leurs représentants en Afghanistan, avant de finir par les rejoindre une fois le conflit syrien achevé.
La contre-offensive de Damas et de Bagdad contre l’EI entamée en 2015 a permis aux deux Etats de reprendre du terrain et d’éliminer quelques cadres russophones de l’EI, dont le premier desquels Omar al-Chichani [2]. Mais, d’autres auraient ensuite pris la fuite via l’Iran et le Pakistan et seraient entrés en contact avec le Mouvement Islamiste du Turkestan (MIT) et d’autres mouvements terroristes centrasiatiques dans les Zones Tribales Pakistanaises (ZTP), puis en Afghanistan. Le colonel Goulmourod Khalimov pourrait être prochainement de ceux-là [3].
Ceux déjà arrivés, ont pu restructurer à la fois les réseaux des mouvements terroristes centrasiatiques présents dans les ZTP et en Afghanistan et, phénomène nouveau, former des combattants islamistes afghans distincts des Taliban dans les provinces turcophones et tadjikophones d’Afghanistan, placés en lien avec les mouvements centrasiatiques. Restés fidèles à l’EI, ces combattants se sont rapidement trouvés face aux Gouvernementaux et aux Taliban, essentiellement pachtounophones.
Les concurrences entre les partisans de l’EI et les Taliban sur les objectifs à atteindre ont très vite dégénéré en tensions, puis en un conflit ouvert.
Ainsi, lors d’une interview donnée le 7 avril 2016 à La Pravda, le Vice-Ministre russe des Affaires étrangères, Grigoriï Karasin affirmait que les combattants de l’EI étaient autour de 6 000 hommes, répartis dans 25 des 34 provinces du pays. Karasin a également noté que parmi ces combattants, beaucoup provenaient d’Asie centrale et du Nord-Caucase. Ils sont particulièrement actifs dans l’Est du pays, notamment dans la Province de Naganrhar, où des anciens Taliban pakistanais [4] et afghans les ont rejoints et assoient davantage chaque jour leur présence dans les provinces méridionales de Ghazni, Zaboul et Kounar et surtout dans le Badakhchan tadjikophone. Le Général afghan (ret.) Jovid Kouhistoni signalait que la première partie des militants de l’EI avait déjà une expérience de combat en Afghanistan et pourrait de nouveau se réfugier dans ce pays, pour eux, familier.
Aujourd’hui encore, les Taliban ne sont pas intéressés de voir l’influence de l’EI s’étendre en Afghanistan. Ils voient dans le projet de l’EI un projet concurrent et contraire à leurs intérêts. Cependant, après la mort du fondateur du mouvement Mollah Omar en avril 2013, les Taliban se retrouvent confrontés à une crise leadership aiguë. Cette situation délétère a encouragé nombre d’entre eux à passer du côté de l’EI et à y rester durablement.
La brouille entre les Taliban et l’EI a rapidement dégénéré en un conflit ouvert. Des combattants taliban ont plusieurs fois engagé des opérations militaires contre l’EI à la fin de l’année 2015. La plus grave d’entre elles a eu lieu en novembre 2015 dans les Provinces de Nangarhar et de Zaboul, durant laquelle les combats ont fait des dizaines de victimes [5]. Ce fut également au cours de ces batailles intestines qu’Ousmon Ghazi, le chef du MIT, aurait été tué par les Taliban le même mois.
Bien que d’essence djihadiste, les deux mouvements présentent pour autant une différence de taille. Les Taliban inscrivent plutôt leur combat dans les limites de l’Etat-Nation afghan, dont la gestion doit être confiée aux Pachtouns. Nationalistes, ils vont même jusqu’à contester l’accord anglo-russe de 1885 établissant la frontière au nord-ouest du pays. Ils considèrent ainsi comme afghanes les Provinces turkmènes de Lebap et de Mary et ne reconnaissent pas la Ligne Durand, qui leur est totalement étrangère, récupérant en cela les vieilles revendications territoriales existant du temps de la monarchie afghane [6]. Les Taliban ne souhaitent pas pour autant étendre leurs actions en dehors des frontières de l’Afghanistan et des ZTP. Autre différence mineure, les Taliban « tolèrent » les Hazaras chiites, préservant leurs mosquées. La destruction en 2001 des Bouddhas de Bamyan ne répondait qu’à des préoccupations idéologiques religieuses peut-être dépassées aujourd’hui.
Les partisans de l’EI, bien qu’ethniquement et linguistiquement hétérogènes, présentent plutôt une vision unique et internationaliste de leur combat, dont l’Afghanistan actuel ne serait qu’une tête de pont provisoire. Les frontières ne sont à leurs yeux qu’illusoires. Cependant, le marqueur « national » reprend vite le dessus, lorsqu’il s’agit de définir les katiba (unités militaires islamistes) d’appartenance. Ainsi, en fonction de son ethnie ou de sa langue, chaque groupe agit en totale autonomie. C’est dans ce cadre-là que chacun entretient des rapports avec le MIT, Ansaroullah et d’autres mouvements djihadistes centrasiatiques. Enfin, pour les partisans de l’EI, le Hazara chiite, bien que musulman, constitue l’infidèle à abattre dans l’immédiat. Ses mosquées et sa population restent donc particulièrement visées.
Les partisans de l’EI ne s’en cachent pas. Ils veulent partir à l’assaut de l’Asie centrale post-soviétique, étape dans leur construction messianique du Califat universel.
Depuis plusieurs années, ils ont des contacts suivis avec la nébuleuse islamiste centrasiatique et peuvent en prime compter sur les réseaux locaux affiliés à al-Qaïda. Parmi les membres les plus actifs de cette nébuleuse, il faut citer :
. Le Mouvement Islamiste du Turkestan (ex-d’Ouzbékistan) (MIT) est le mouvement djihadiste le plus célèbre, actif et structuré d’Asie centrale. Fondé par Djouma Namangani et Tohir Iouldachev en 1998, le MIT s’est d’abord imposé par 3 incursions armées entre 1999 et 2001 dans la Vallée de Fergana (région de Batken), avant de continuer sa lutte contre l’armée américaine en Afghanistan. Ayant juré allégeance à l’EI en 2014, le mouvement lutte aujourd’hui pour l’établissement d’un Emirat dans la Vallée du Fergana, puis un Califat en Ouzbékistan, avant d’étendre ce dernier à toute l’Asie centrale.
. Ansaroullah (2010) est la branche tadjike de ce mouvement et priorise ses actions sur la partie tadjike de la Vallée du Fergana (région de Khodjent), avant d’étendre son action sur l’ensemble du Tadjikistan, puis de l’Asie centrale. Le mouvement est affilié à al-Qaïda.
. Le Djound al-Khalifat (2011) est une organisation djihadiste kazakhe, solidement implantée au sein de la Petite Horde, présente dans l’ouest du Kazakhstan. Elle a depuis commis divers attaques meurtrières à l’ouest et au sud du pays.
. Le Djaïch-oul-Mahdi (2012) est une organisation djihadiste kirghize, qui a commis plusieurs attentats à Bichkek.
. Le Djannat Ochiklari (2014) est une organisation djihadiste autonome ouzbékophone de la partie kirghize de la Vallée du Fergana (région d’Och). L’organisation a envoyé une katiba combattre aux côtés de Fatah al-Chams (ex-Front al-Nosra) en Syrie.
. Les Djamaat Imam al-Boukhari et Sabri (2014) sont des katiba ouzbékophones combattant auprès de l’EI en Syrie. Dès les hostilités terminées en Syrie, elles devraient logiquement retourner en Afghanistan ou dans les ZTP pour y fusionner avec le MIT.
. L’Union pour le Djihad International (2002) (affiliée à al-Qaïda) et Khorasan sont les plus mystérieuses d’entre elles, ayant déterritorialisé leur lutte pour directement viser le Califat mondial.
. Il faut encore ajouter à ces organisations, les organisations djihadistes ouighours, notamment, le Parti Islamiste du Turkestan (PIT) (2008), qui commettent régulièrement des attentats terroristes contre les intérêts chinois à Bichkek ou à Almaty [7].
Tous ces mouvements ont juré allégeance à al-Qaïda ou à l’EI. Leurs cadres sont dans les ZTP et y entrainent des katiba, dont certaines opèrent déjà aux côtés de l’EI en Afghanistan. Composés de quelques milliers de membres combattants actifs, ils disposent d’autre part de cellules dormantes importantes en Asie centrale, plus particulièrement dans la Vallée du Fergana et au Tadjikistan. Les combattants djihadistes tournaient au départ leurs actions contre l’Union soviétique (puis, la Russie), en raison du passé militaire de nombre d’entre eux en Afghanistan et des contacts établis avec les Moudjahidin afghans durant l’intervention soviétique. Retournés ensuite à la cause islamiste et aguerris, ces hommes ont ensuite redirigé leurs actions contre les Etats-Unis à la suite de l’intervention américaine en Afghanistan à partir de 2001.
Les Taliban ont toujours eu du mal à contrôler le nord de l’Afghanistan, mais l’EI comme le MIT pourraient les aider à atteindre cet objectif. Peu avant son assassinat en 2010, Mohammad Omar, le Gouverneur de la Province de Koundouz, frontalière avec le Tadjikistan, prévenait qu’ « al-Qaïda et les groupes terroristes de Tchétchénie, d’Ouzbékistan et du Tadjikistan souhaitaient créer une base dans la partie nord-est de l’Afghanistan, avant d’envisager d’autres mesures contre les Etats d’Asie centrale » [8]. Si les Taliban tiennent depuis à circonscrire leurs objectifs et leurs actions au seul Afghanistan, l’EI a, semble t’il, repris à son compte cette idée de la base de repli au nord de l’Afghanistan, prélude à de futures incursions/infiltrations déstabilisatrices envisagées en Asie centrale.
L’objectif immédiat de ces mouvements est de renverser les régimes jugés « impies et corrompus » des 5 Etats d’Asie centrale. Partageant le même objectif, le MIT et, probablement, le Djannat Ochiklari souhaiteraient préalablement fonder un Emirat islamiste ouzbékophone dans la Vallée de Fergana, comme une première étape [9].
Tous peuvent dans l’immédiat compter sur l’EI pour renforcer leurs positions au nord de l’Afghanistan, le long du Piandj, l’affluent naturel de l’Amou Daria qui fixe la frontière entre l’Afghanistan et le Tadjikistan. Bien que perméable, la frontière du Piandj semble pour le moment relativement protégée. La 201e Division de Fusiliers motorisés russe y stationne du côté tadjik et les Taliban, côté afghan, semblent encore pour le moment vouloir respecter la démarcation nationale. Le relief montagneux et fortement escarpé et des conditions climatiques extrêmes dissuadent enfin son franchissement en hiver, en dépit d’un trafic régulier de drogues (héroïne, opium…).
La situation sur la frontière turkmène est en revanche bien plus préoccupante de par sa facilité naturelle d’accès et sa grande perméabilité. Depuis 2012, les incursions y sont de plus en plus fréquentes et les groupes infiltrés en territoire turkmène semblent ensuite recruter localement des partisans, programmés à faciliter ensuite le transfert de djihadistes vers l’ouest du Kazakhstan ou à passer à l’action violente le moment choisi. La faible présence de garde-frontières et le statut de « neutralité éternelle » choisi par le Turkménistan, absent de toute organisation régionale de défense, aggravent encore davantage la déstabilisation de cet Eldorado pétrolier et gazier d’Asie centrale. Ainsi, plusieurs garde-frontières ont été abattus par des groupes se revendiquant de l’EI et venus d’Afghanistan. 12 d’entre eux ont notamment été abattus par l’EI en juin 2015 et 24 en juin 2016 selon des sources locales. Le choix du Turkménistan par les djihadistes n’est pas un hasard. A la facilité géographique (zone désertique et basse du Karakoum) s’ajoute la présence d’une armée turkmène peu nombreuse et peu préparée au combat d’escarmouches et de guérilla. Enfin, les Taliban et l’EI, qui se disputent le contrôle des Provinces afghanes frontalières de Faryab, Badghis et Jowzjan, rivalisent d’ingéniosité dans les coups portés à l’Etat voisin pour montrer leurs muscles et mieux s’imposer ensuite sur la scène de l’islamisme afghan [10].
Proches de la frontière afghane, le gisement gazier de Galkynych et les gazoducs alentour risquent également à tout moment d’être sabotés [11]. Au fur et à mesure que les incursions s’accroissent sur la frontière afghano-turkmène, les djihadistes renforcent leur présence dans l’ouest du Kazakhstan, le domaine de la Petite Horde, traditionnellement opposée au pouvoir central kazakh et socialement marginalisée. Là aussi, attentats et sabotages en lien avec la situation dans le nord de l’Afghanistan augmentent considérablement. L’instabilité caucasienne de l’autre côté de la Caspienne et la présence d’une forte minorité tchétchène dans les Provinces kazakhes d’Aktöbe, d’Aktaou et d’Atyraou accentuent encore davantage la radicalisation de l’ouest kazakh.
Enfin, des mouvements islamistes non-violents prospèrent partout sur le terreau de la misère en Asie centrale. La prédication de leaders efficaces, provenant de l’Association Djamaat-i-Tabligh ou de son corollaire, le Parti Hizb-out-Tahrir, agit tant au niveau des banlieues populeuses et délaissées des grandes villes que des villages de la ruralité profonde. Les leaders cachés de ces mouvements, parviennent encore à faire respecter au sein de leurs cellules respectives les principes de l’action par la non-violence. Cependant, un nombre toujours croissant de membres radicalisés, souhaitant ensuite passer à l’action immédiate, finissent par délaisser ces cellules afin d’intégrer les formations djihadistes violentes, qu’elles soient clandestines sur place ou sur les théâtres étrangers du djihadisme.
L’intervention russe en Syrie, parmi d’autres mobiles, répondait à l’endiguement de la progression de l’islamisme au Caucase et en Asie centrale. Or, l’absence de consensus entre Moscou et l’Occident sur le dossier syrien démontre l’inexistence criante de toute coopération en matière de renseignement dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Elle démontre également une absence totale de profondeur stratégique de la part de l’Occident, pour qui le danger de l’EI n’est réel que lorsque l’organisation terroriste agit dans sa zone d’influence [12]. C’est cette absence de vision globale et de stratégie commune russo-occidentale en matière de renseignement dans le cadre de la lutte contre le terrorisme qui permettra à l’EI, si rien n’est entrepris entre temps, de très prochainement donner vie à son troisième front en Afghanistan.
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Bruno Dupré est diplomate européen en poste à Bruxelles. Il s’exprime ici à titre personnel.
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[1] Cf. CAGNAT René, « Asie centrale, essai de prospective : « les jeux sont faits… ou presque ! » (1 et 2), Revue de Défense Nationale, N°789, Avril 2016, pp. 84-90 et N°790, Mai 2016, pp. 71-76
[2] Chef du Djaïch Moukhadjirin Wa al-Ansar, principal mouvement djihadiste russophone combattant aux côtés de l’EI en Syrie, et bras droit du Calife Abou Bakr al-Baghdadi (présenté comme le « Ministre de la Guerre » de l’EI), Omar al-Chichani (Omar le Tchétchène) a perdu la vie au combat en Irak en juillet 2016.
[3] Cet ancien chef des OMON, les Forces Spéciales du Tadjikistan, formé en Russie, puis aux Etats-Unis, avait discrètement rejoint l’EI en mai 2015, avant d’être nommé par al-Baghdadi « Ministre de la Guerre » de l’EI après la mort d’al-Chichani, http://www.nytimes.com/2016/11/11/world/asia/tajikistan-islamic-state-isis.html?_r=0 . S’il survivait à la chute de l’EI en Irak et en Syrie, il n’aurait alors sans doute aujourd’hui plus d’autre issue que de partir pour l’Afghanistan ou les ZTP.
[4] Y aurait-il une implication de l’Inter-Services Intelligence, les services de renseignement pakistanais ?
[5] Cf. les préoccupations de la presse régionale russophone, http://ren.tv/novosti/2015-12-29/boeviki-talibana-nachali-voynu-protiv-igil-v-afganistane , http://www.ca-portal.ru/article:29973 et http://rus.ozodi.org/a/27660910.html . Phénomène curieux dans la Province de Nangarhar, les troupes américaines se retrouvent depuis quelques mois à appuyer militairement et logistiquement (drones, missiles, bombardements…) une coalition Gouvernementaux-Taliban contre-nature face à des combattants infiltrés de l’EI venus du Pakistan pour les empêcher, semble-t-il, de progresser plus loin en Afghanistan, http://www.tolonews.com/en/afghanistan/23196-daesh-presence-widespread-in-nangarhar-province et http://www.military.com/daily-news/2016/07/28/five-us-troops-wounded-fighting-isis-in-afghanistan.html
[6] Etablie en 1893, la Ligne Durand fixait la frontière occidentale de l’Empire britannique des Indes et divisait arbitrairement en deux le « pays pachtoun ».
[9] Cf. pour le MIT, TOKTOSOUNOVA Adach, « Religioznaia Sitouatsiia v Kyrgyzskoï Respoublike (La situation religieuse dans la République kirghize) », Tsentral’naia Aziia i Koul’toura Mira (L’Asie centrale et la culture de la paix), 2001, UNESCO-Bichkek, p. 103
[10] http://www.nakanune.ru/news/2015/7/24/22409079 et https://cont.ws/post/101218 . La course aux subsides des pétromonarchies arabes wahhabites entre aussi en compte.
[11] « Selon Moscou, dès ce mois de janvier [2015], les Taliban et, surtout, les islamistes du MIO (Mouvement islamique d’Ouzbékistan) disposent de près de 1 000 guérilleros à la frontière tadjike, prêts à s’infiltrer vers le Ferghana, et de 2 500 sur les confins turkmènes menaçant le gisement de gaz de Galkynych », CAGNAT René, MASSAOULOV Serghieï, « Entre Etats-Unis, Chine et Russie, l’enjeu eurasien », Observatoire stratégique et économique de l’espace post-soviétique à l’IRIS, Mars 2015, p. 8, http://www.iris-france.org/wp-content/uploads/2015/03/Obs-Russie-CEI-EURASIE-Mars-2015.pdf . Depuis, en avril 2016, les deux auteurs, fins connaisseurs des questions de sécurité en Asie centrale, ont dressé un tableau aussi précis qu’inquiétant sur la massification en cours des effectifs des organisations djihadistes présentes au nord de l’Afghanistan (CAGNAT René, « Asie centrale, essai de prospective : « les jeux sont faits… ou presque ! » (1), Op. Cit., p. 86. Plus préoccupantes encore sont les informations dernièrement apportées en octobre 2016 par l’expert kirghiz Taalatbek Massadykov, qui a vécu 15 ans en Afghanistan et qui travaille sur les questions de sécurité régionale. Ces informations révèlent que la route, qui relie Koundouz à la frontière tadjike, a dernièrement été le théâtre de combats et que « Koundouz, soi-disant contrôlée par l’opposition armée, abrite des ressortissants des ex-pays de l’Union soviétique qui se réclament de l’EI ». L’auteur ajoute que « le plus inquiétant est l’ouverture de 7 centres d’entraînement aux frontières de l’Afghanistan, 2 étant destinés aux futures femmes terroristes ». Il poursuit : « Les autorités afghanes assurent que tout est sous contrôle et qu’il n’y a pas de menace sérieuse, mais la situation est, en réalité, très mauvaise et imprévisible. A mon sens, les forces qui stationnent le long des frontières des pays centrasiatiques, ne sont ni prêtes, ni même ne peuvent aller à un affrontement direct. Or, les infiltrations de groupes terroristes sont bien réelles et c’est, d’ailleurs, ce qui en train de se produire. D’après les informations des forces de sécurité ouzbèkes, durant l’année 2016, les terroristes ont tenté de gagner l’Ouzbékistan une soixantaine de fois en 6 mois. C’est la frontière la mieux gardée de l’espace centrasiatique - 20 personnes y ont perdu la vie, 30 ont été arrêtées et les autres ont été renvoyées en Afghanistan », http://zanoza.kg/doc/345858_taalatbek_masadykov._chto_znaet_kyrgyzstanec_15_let_jivshiy_v_afganistane.html
[12] Une certaine propagande politico-médiatique occidentale opposant la guerre sale des Russes à Alep à la guerre propre des Occidentaux à Mossoul et délégitimant l’intervention russe en Syrie, s’appuie sur l’idée que la lutte contre l’EI ne peut être qu’une affaire occidentale, où le dernier coup de grâce porté à l’organisation terroriste ne pourra que provenir du camp de l’Ouest. Tout acte isolé ou tout combat postérieur sur un autre front serait alors obligatoirement de nature différente et sans lien.
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