Professeure de chaire supérieure au lycée Faidherbe (Lille) où elle enseigne la géopolitique en classes préparatoires économiques et commerciales. Membre du laboratoire HABITER (EA 2076) de l’Université Reims Champagne-Ardenne. Auteure de « Réussite aux concours 2018 ! La synthèse de l’actualité internationale 2017 », éd. Diploweb via Amazon, 2018. Elle est aussi co-auteure chez Ellipses de Les 50 cartes à connaître, Coll. Atout concours, Paris, 2016.
Voici une synthèse de l’actualité internationale de février 2018 qui sera fort utile à tous ceux qui veulent disposer d’un point de l’actualité géopolitique, voire préparent un concours. Pour ne rien manquer, et recevoir nos alertes sur des documents importants, le plus simple est de s’abonner gratuitement à notre Lettre d’information hebdomadaire ou au compte twitter de veille géopolitique @diploweb (bientôt 11 000 followers)
En Afrique du Sud, le très décrié Jacob Zuma a laissé courant février 2018 le fauteuil de président de la République d’Afrique du Sud à Cyril Ramaphosa, un proche de Nelson Mandela dont on fête justement le centenaire. Le nouveau président a annoncé une « aube nouvelle » alors que le ciel sud-africain est jusque là obscurci par une corruption structurelle qui discrédite le pouvoir politique. Les attentes sont fortes dans ce pays qui ne veut pas renoncer à ses rêves d’émergence contredits par la récession économique et les tensions sociales.
Au Brésil, l’ex-président Lula, condamné dans des affaires de corruption, s’est vu retirer en février 2018 son passeport pour éviter une sortie du Brésil. Michel Temer a décidé d’utiliser l’armée pour combattre le banditisme dans l’État de Rio.
La République populaire de Chine avait déjà inscrit la pensée de Xi Jinping dans la constitution. Elle va franchir une nouvelle étape en donnant au leader chinois un statut au moins équivalent à ceux de Mao et de Deng Xiapoping. Il devrait pouvoir exercer davantage que les deux mandats théoriquement possibles. Il s’agit d’une révolution institutionnelle pour ce pays qui accueillera les prochains Jeux olympiques d’hiver dans quatre ans, après ceux d’été en 2008.
En février 2018, la capitale afghane – Kaboul - a de nouveau été l’épicentre d’un tragique attentat, cette fois-ci avec une ambulance piégée qui a causé la mort d’au moins une centaine de personnes et blessé plus du double. Les talibans, divisés en factions rivales, prennent une fois de plus la population civile en otage pour prendre le leadership. Une autre attaque a visé une académie militaire à Kaboul. Les autorités afghanes affirment détenir des preuves que ces attentats ont été préparés depuis le sol pakistanais.
L’EI revendique un nouvel attentat à Aden qui a fait une dizaine de victimes.
Le Mali demeure en février 2018 une terre de violence. Les attentats sont réguliers visant les troupes maliennes, mais aussi les forces françaises engagées dans la mission Barkhane. Ainsi, deux soldats- du 1er régiment des Spahis de Valence - ont été tués par un engin explosif qui s’est déclenché au passage de leur véhicule blindé. Vingt soldats français sont morts au Sahel depuis août 2014.
En Colombie, les pourparlers de paix avec les guérilleros de l’ELN sont gelés. Cette dernière menace de paralyser le pays par une « grève armée ».
Caracas annonce en février 2018 que des élections présidentielles se tiendront le 22 avril 2018, mais les conditions sont telles au Venezuela que plusieurs États dont la Colombie ont déjà déclaré qu’ils ne tiendront pas compte des résultats. Les principaux opposants (Henrique Capriles et Leopoldo Lopez) sont privés de leurs droits civiques ce qui devrait permettre à Nicolas Maduro d’être réélu malgré une côte d’impopularité qui culmine à 70%... Il bénéficie d’un solide soutien de l’armée vénézuélienne.
Les Maldives, archipel au sud de l’Inde et au cœur de l’océan Indien, sombrent peu à peu dans le chaos politique. L’état d’urgence a été proclamé en février 2018 après que le gouvernement ait emprisonné neuf opposants et fait arrêter deux juges contre l’avis de la Cour suprême. L’opposition au président Abdullah Yameen appelle à une intervention internationale pour le destituer, l’accusant de complaisance envers Pékin dont l’implantation n’a jamais été aussi forte dans cette région, pourtant davantage sous influence indienne. Certains craignent que la Chine utilise l’archipel pour y créer une base militaire navale, comme ce qui a déjà été fait en mer de Chine méridionale. Cet archipel est au cœur d’un « grand jeu » entre les géants asiatiques.
Au Yémen, la guerre continue à déchirer le pays. Les séparatistes, soutenus par les Émirats arabes unis (EAU), ont pris le siège du gouvernement à Aden.
En Syrie, en février 2018, la guerre civile est loin d’être terminée. L’EI ne tient qu’une petite partie du territoire syrien, mais désormais les combats continuent dans la partie septentrionale du pays entre l’armée turque et les forces kurdes syriennes (YPG) qui ont été jusque là à la pointe de la lutte contre EI, et soutenues à ce titre par Washington, membre de l’OTAN comme la Turquie. D’un autre côté, Israël craint le renforcement de la présence iranienne en Syrie, qui appuie le régime de Bachar el-Assad comme le Hezbollah libanais. Tel Aviv a envoyé son aviation détruire un drone iranien lancé depuis la zone frontalière en Syrie, un avion de chasse a été abattu, une première depuis le début des années 1980 (et la guerre civile du Liban) pour Israël. Une guerre par procuration se joue en Syrie, pour le plus grand malheur des Syriens qui essuient de terribles bombardements à Ghouta, dans la périphérie de Damas. Aucun cessez-le-feu ne semble pouvoir s’y établir durablement.
A Gaza, la situation financière est très inquiétante. Cette bande dirigée par le Hamas est soumise à un blocus de la part d’Israël comme de l’Égypte et n’a aucune viabilité économique. Elle survit grâce aux aides internationales. L’Union européenne a annoncé débloquer une aide supplémentaire de plus de 42 millions d’euros, en plus de la centaine déjà versée à un organisme géré par l’ONU. La situation sanitaire et sociale est tellement tendue que même Tel Aviv s’inquiète d’une explosion de la situation.
L’heure de la reconstruction de l’Irak arrive, même si des régions comme Mossoul n’ont toujours pas terminé le déminage. Une vaste conférence pour mobiliser les donateurs s’est tenue en février 2018 au Koweït et a estimé à 100 milliards de dollars les besoins de l’Irak. Tout est à reconstruire, ou presque : hôpitaux, écoles, routes, ponts... et logements pour les civils. Le risque de gabegie est néanmoins important.
Après les annonces du président américain Donald Trump concernant l’ALENA, et les accords de libre-échange transocéaniques, l’Inde augmente ses tarifs douaniers. Ainsi, le premier ministre Narendra Modi annonce en février 2018 une nouvelle taxe de 20% sur les smartphones importés. Une cinquantaine de produits importés devrait connaitre le même sort. Comme pour Washington, il s’agit de réagir face à un déficit commercial.
Après avoir déjà signé des accords commerciaux bilatéraux avec le Mexique ou la Corée du Sud, et plus récemment avec le Canada, l’UE finalise en février 2018 un accord avec le Mercosur. Les négociations sont délicates sur le dossier agricole, en particulier pour la filière bovine pour laquelle le Mercosur est un gros exportateur. La question est surtout normative et non tarifaire, certains produits utilisés dans l’agriculture brésilienne sont interdits en Europe communautaire. Ainsi les bœufs nourris au soja OGM seront vendus bien moins cher sur le marché européen. La question est de savoir combien de temps nous pourrons continuer à consommer, si nous le souhaitons, des produits agricoles avec une traçabilité et une « juste rémunération » garanties. Faut-il y voir un combat d’arrière-garde ?
Les Jeux olympiques organisés en février 2018 à Pyeongchang sont l’occasion d’un rapprochement – durable ou temporaire, là est la question – entre les deux Corées. La Corée du Nord n’a finalement pas boycotté ces Jeux d’hiver, bénéficiant de la main tendue par le président sud-coréen Moon Jae-in et nous avons observé une désescalade des tensions avec Washington. Pyongyang a su jouer des symboles forts : défilé des athlètes coréens sous la même bannière, une équipe commune pour le hockey féminin, venue sur le sol sud-coréen de la sœur – Kim Yo-jong - du dirigeant nord-coréen et du chef d’État de la Corée du Nord (Kim Yong-nam). C’est le premier déplacement, depuis la fin de la guerre de Corée en 1953, d’aussi hauts dignitaires nord-coréens en Corée du Sud.
Kim Jong-un a su magnifiquement jouer à distance de la carte de ces jeux olympiques pour réussir un retournement diplomatique aux antipodes des solutions « musclées » envisagées par Washington. Il a « volé la vedette » à son homologue sud-coréen, pourtant hôte des Jeux. On peut pourtant s’interroger sur les changements de fond en Corée du Nord et sur l’évolution de ses relations avec le monde extérieur. Ces jeux sont une belle occasion de communication qu’a su saisir le leader nord-coréen, mais est-ce réellement autre chose ? Il faudra un peu de temps pour le savoir.
En Espagne, la fille de Felipe VI, Leonor a été honorée en février 2018 en tant qu’héritière du trône. C’est un moyen d’affirmer la continuité politique de la famille royale au moment où la Catalogne ne s’est toujours pas dotée d’un nouveau gouvernement. Leonor serait la première femme à monter sur le trône d’Espagne depuis la restauration monarchique de 1975.
Varsovie vient d’adopter en février 2018 une loi interdisant de faire le lien entre les camps de concentration et d’extermination et la Pologne, sur le territoire de qui ils étaient pourtant en grande partie implantés par les nazis du IIIe Reich lors de la Seconde Guerre mondiale. Il s’agit de pénaliser toute évocation d’une responsabilité polonaise dans la Shoah, une façon de se dédouaner en réécrivant l’Histoire ?
A l’heure où l’Allemagne peine à se doter d’un nouveau gouvernement, le parti AfD obtient trois présidences de commissions parlementaires dont celle des lois, et celle des finances. Ce parti d’extrême-droite a réussi à se positionner comme la principale formation d’opposition. Le secteur de la métallurgie vient d’accorder, sous certaines conditions, la semaine de 28 heures.
En février 2018, la Commission européenne remet sur la table le dossier de l’extension de l’Union européenne aux Balkans. Jean-Claude Juncker sait pourtant que les opinions publiques de l’UE n’y sont pas favorables. Ces pays sont pourtant aujourd’hui reconnus comme n’ayant pas une « économie de marché en état de fonctionner ». La date d’adhésion envisagée – elle n’est en rien définitive – pour la Serbie et le Montenegro serait 2025, des négociations pourraient être entamées pour une future adhésion de l’Albanie et de la république yougoslave de Macédoine, avant la Bosnie-Herzégovine. Rien n’est proposé pour l’instant au Kosovo qui vit entièrement grâce aux perfusions extérieures. Ces États sont gangrénés par la corruption, qui y atteint les niveaux les plus élevés en Europe, et les différentes formes mafieuses. Le Kosovo se désole de devoir toujours avoir recours à des visas pour circuler en Europe communautaire. Angela Merkel s’inquiète publiquement du poids des intérêts chinois dans les Balkans. Ils sont avant tout économiques, mais commencent aussi à peser sur la sphère politique et le risque n’est pas nul de voir les pays balkaniques devenir un « cheval de Troie » des intérêts de Pékin au sein de l’UE. Sans oublier les connexions russes.
José Manuel Barroso, ancien président de la Commission européenne, est accusé par l’ONG Alter-EU de faire du lobbying en faveur de son nouvel employeur, la banque d’affaire Goldman Sachs. Il s’était pourtant engagé, au vu du scandale de son départ de la Commission pour la banque américaine, de ne pas en faire... on peut se demander pourquoi elle l’aurait embauché si ce n’est pour son carnet d’adresses à Bruxelles.
En février 2018, l’Union européenne continue à négocier le Brexit engagé par le référendum de juin 2016. Le Brexit impose de redistribuer les dépenses du fait de la fin de la contribution britannique mais aussi des places laissées vacantes par le départ des 73 eurodéputés britanniques. La France récupère ainsi 5 sièges de député, et Emmanuel Macron a proposé de consacrer 27 autres sièges à des listes électorales transnationales. Les défenseurs de cette idée y voyaient la possibilité de faire triompher des intérêts européens et non nationaux. Ses détracteurs plus souverainistes craignaient un nouveau pas en avant vers davantage de fédéralisme. Si le Parlement n’a pas adopté ce projet, c’est peut-être aussi en raison du « Spitzenkandidaten » qui permet, depuis quatre années, de donner la présidence du Parlement européen au candidat du parti qui le domine, en l’occurrence le conservateur PPE actuellement. La création de listes transnationales et la distribution de sièges de députés attenants auraient rendu les choses moins claires....
Une nouvelle étude menée par Michel Godet et Jean-Michel Boussemart insiste sur un « suicide démographique » de l’Europe [1] dont la population devrait diminuer d’ici 2050 alors que le continent africain devrait augmenter –selon les projections de l’ONU – de 1,3 milliard pour atteindre près de 2,5 milliards d’habitants, l’Inde de 1,7 milliard. La population d’Amérique du Nord devrait elle aussi progresser. Ce rapport qui rappelle, que le différentiel de croissance économique entre Europe et États-Unis lors des années 1980 s’explique en partie par un meilleur dynamisme économique outre-Atlantique, souligne les principales conséquences démographiques : une pression migratoire qui ne peut que s’intensifier aux portes de l’Europe, et une la mise en place d’une nécessaire politique familiale en Union européenne pour enrayer le déclin démographique préjudiciable.
L’armée slovène n’a pas réussi en février 2018 ses tests d’aptitude organisés par l’OTAN. Elle n’est donc pas considérée comme une armée « apte au combat ».
Aux États-Unis, Janet Yellen quitte la FED en février 2018, elle est remplacée par Jerome Powell, nommé par Donald Trump. Elle y est restée quatre années, et a mis fin à la politique ultra accommodante de ses prédécesseurs qui ont abaissé régulièrement les taux directeurs – le loyer de l’argent – pour atteindre le seuil plancher de 0,25%. Elle quitte ses fonctions avec une économie américaine qui se porte plutôt bien. Les taux directeurs sont aujourd’hui à 1,5%, l’inflation est à 1,9%, le taux de chômage est inférieur à 5%.
Washington propose en février 2018 un budget reposant sur un plan de relance financé à la hauteur de 200 milliards de dollars par l’État fédéral sur dix années pour améliorer notamment les infrastructures, dont des trains à grande vitesse. Ce projet de budget mécontente les Républicains qui l’estiment trop dispendieux, et les Démocrates qui voient un effort insuffisant pour rénover les infrastructures de transport. Il prévoit d’augmenter le déficit alors que la récente fiscale diminue les recettes.
En février 2018, Elon Musk lance pour Space X, son Falcon Heavy haut de 70 mètres. Il révolutionne le secteur de l’aéronautique car elle est réutilisable et abaisse donc considérablement le coût de lancement. Il fait un coup de publicité en mettant en orbite une autre de ses créations, une voiture Tesla rouge...
Bonus vidéo. Xavier Pasco : Géopolitique du spatial, de la Guerre froide au « New Space », quoi de neuf ?
Airbus vient de livrer en février 2018 à la Qatar Airways son nouvel appareil, l’A350-1000. Il s’agit du nouveau long-courrier en version allongée, qui est avec l’A380, l’un des plus gros avions construit en Europe. Il peut transporter 400 passagers et rivalise avec le Boeing 777-300ER, mais consomme un quart de moins en carburant.
La croissance européenne se consolide, elle est évaluée à 2,4 % - comme pour la zone euro – en 2017 et devrait être sensiblement au même niveau pour 2018. Il s’agit de la croissance économique la plus robuste enregistrée depuis la crise née des subprimes (2007).
L’équipe de France a ramené 15 médailles des Jeux olympiques d’hiver, dont trois d’or pour Martin Fourcade.
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Plus pour réussir
Extraits du catalogue des livres géopolitiques publiés par Diploweb pour la réussite aux concours.
. A. Degans, "Réussite aux concours 2018 ! La synthèse de l’actualité internationale 2017"
. L. Chamontin, "Ukraine et Russie : pour comprendre"
. G-F Dumont, P. Verluise, "The Geopolitics of Europe : From the Atlantic to the Urals"
[1] Jean-Michel Boussemart et Michel Godet, « Europe 2050 : suicide démographique », Fondation Robert Schuman, Questions d’Europe, n°462, 12 février 2018. En téléchargement gratuit sur le site de la Fondation Robert Schuman.
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