www.diploweb.com Géopolitique
de la Turquie La diplomatie culturelle à lère de lInterdépendance Globale. La Turquie à la recherche des éléments fédérateurs de lIdentité Panturque, par Pierre Cyril Cyrus Teymour Pahlavi, doctorant et assistant denseignement à luniversité McGill Bilan, conclusion et références bibliographiques |
Références
bibliographiques et sources en bas de cette page. Mots clés - Key words: pierre pahlavi, turkestan, impérialisme doux, pouvoir culturel, économie politique, intégration régionale, pipe-line, pétrole, gaz naturel, hydrocarbure, otan, sécurité, économie, globalisation. |
< Partie précédente Lheure du bilan Avant de conclure, il convient dessayer de déterminer dans quelle mesure les efforts considérables investis par la Turquie dans sa campagne culturelle ont pu contribuer à accroître son influence dans le monde turc. En dautres termes il convient dévaluer la validité de lhypothèse selon laquelle la projection et linstitutionnalisation des normes culturelles dun pays à létranger peuvent favoriser ses intérêts politiques et économiques. Lobjectif nétant pas ici détablir une quelconque corrélation, je me contenterais dobserver un certain nombre de convergences temporelles entre lintensification de la politique culturelle de la Turquie dans les années 1990 et laugmentation notable de ses avantages concrets dans la zone ciblée. a) Limpact culturel Lamplification de la diplomatie culturelle turque coïncide avec lapparition dun certain nombre de tendances indiquant une nette progression de linfluence culturelle de la Turquie dans les républiques turcophones. En premier lieu, on assiste à un phénomène général de returcification culturelle de ces républiques. Ce qui frappe dés le début des années 1990 cest qu"en dépit de l'héritage culturel mixte, les élites culturelles et politiques se considèrent à 100% turciques" (Kirimli 1997 57). La diplomatie culturelle turque a largement accéléré ce phénomène en encourageant systématiquement les peuples ex-soviétiques à redécouvrir et à revendiquer leur turcité. Aujourdhui il savère que le processus de construction identitaire de ces peuples repose essentiellement sur les valeurs diffusées par la politique turque et en particulier sur la référence au patrimoine turcique commun (Sarsembayet 1999 330). En second lieu, la nouvelle diplomatie saccompagne dun succès considérable du modèle socioculturel turc dans les nouvelles républiques turcophones. Au milieu de la dernière décennie, la Turquie devient en effet "l'objet d'un intérêt accru de la part des Turcs d'Asie et un modèle d'attraction culturelle" (Aydin 1996 167). On assiste dès lors à lémergence de ce que lon a qualifié de préférence forte pour la Turquie (Ahrari 1994 533) au sein des sociétés turco-asiatiques. Là encore, l'intense campagne de marketing de la Turquie na pu quinfluencer positivement le choix des gouvernements turcophones en faveur de la voie turque. Les observateurs saccordent effectivement pour dire que "la Turquie peut s'enorgueillir d'avoir joué un grand rôle dans la recherche d'un modèle approprié" (Akbarzadeh 1997 523). En troisième lieu, laccentuation de la campagne culturelle dAnkara dans la sphère turcophone coïncide avec un remarquable renouveau du panturquisme centrasiatique. Pour Jacob Landau ceci est plus quune simple coïncidence puisque la politique turque a, selon lui, "rouvert le débat idéologique du panturquisme et suscité son développement après une période de latence" (Landau 1996 220). Comme en témoigne la presse turcophone, la référence à un monde turc est aujourdhui un concept clef du débat politique dans les républiques caucasiennes et centrasiatiques (Sarsembayet 1999 339). Il sagit toutefois, faut-il le rappeler, dun panturquisme moderne et culturel essentiellement axée sur lidée dune coopération mutuelle entre les frères turcs. b) La politique cuturelle turque ferment de la renaissance de lidentité panturque Les mutations culturelles qui accompagnent laccélération de la diplomatie culturelle turque saccompagnent à leur tour par léclosion dune identité panturque supranationale. Il faut dire que celle-ci se développe avec dautant plus de facilité quen dépits de leurs efforts, les gouvernements des nouvelles républiques ont échoué jusquà présent dans leur tentative de créer et denraciner une identité nationale forte (Glenn 1999). Leur projet est mis à mal par la persistance de liens tribaux sub-ethniques mais aussi dans une large mesure par linfluence grandissante de cette conscience supranationale (Ezanova 1998 4443-462). Actuellement, les analystes saccordent pour dire que ce processus de construction identitaire procède dune logique régionale davantage que dune logique domestique (Miller 2001 125-136) - ou en dautres termes que "les États centrasiatiques ne peuvent plus éviter dêtre construits de lextérieur autant que de lintérieur" (Long 1999 1). Le développement de lidentité panturque est particulièrement observable au niveau des élites. Ainsi une large part de l'intelligentsia turcophone ne s'identifie plus par la dénomination nationale mais "préfère le terme de Turkestani ou simplement de Turcs" (Hyman 1997 340). Ce phénomène sexplique à cause de laccent mis sur la turcité et la turcophonie emphase à laquelle a fortement contribué la diplomatie turque. Comme laffirme un intellectuel ouzbek : "le concept de 'turcité' (être turc) a pris une telle place dans notre vocabulaire que le concept d''ouzbéquité' (être ouzbek) est en train de perdre progressivement sa signification et son âme". De même, "il est commun aujourd'hui pour les Azéris de se référer à eux-mêmes simplement comme Turcs, une ancienne pratique qui est de plus en plus ravivée". Dans toute laire turcophone, y compris dans les zones turcophones du Xinjiang chinois, on observe de plus en plus de signes d'identité panturque (Landau 1996 112). Ce bouleversement identitaire crée sans aucun doute un contexte favorable à la création d'une dynamique de coopération entre les États turcophones. c) Limpact politique Laccroissement de leffort investit dans la diplomatie correspond également à un réalignement idéologique et politique des républiques turciques sur la Turquie. Les dirigeants turcophones ont tout dabord été 'séduits' par le système turc, culturellement plus compatible avec leurs intérêts nationaux : "D'un point de vue politique, les dirigeants ont une affinité naturelle avec la forme kémaliste de la démocratie: Contrôlée et dirigée par le sommet, elle se combine parfaitement à la fois avec les coutumes traditionnelle de l'Asie centrale et avec les normes du système soviétique encore bien enracinées" (Lipovski 1996 212). A la fois turcique et pro-occidental, musulman et séculier, démocratique et centralisé, le modèle socioculturel turc est en effet taillé sur mesure pour les nouvelles républiques (Müftüler 1999 1-15). Si bien que dans la plupart dentre elles le système politique est calqué sur celui de la Turquie. Pour le président ouzbek, comme pour les autres dirigeants du monde turcophone, ce choix est "une référence culturelle et, au-delà, une adhésion à un modèle politique laïc et occidental" (Gangloff 1992 115). Il y a dans cet attachement au modèle turc (Landau 1996 217), une association étroite qui est faite par les dirigeants turcophones entre la Turquie culturelle et la Turquie politique. A bien des égards, le modèle turc est perçu par ces leaders comme le seul capable de rendre possible la transition de leurs républiques vers la démocratie et le capitalisme (Lipovski 1996 212). d) Limpact stratégique et militaire Laccroissement du prestige politique et culturel de la Turquie correspond avec le renforcement de sa position politique et stratégique dans le monde turc. En Asie centrale, il sest rapidement avéré que les gouvernements turcophones se sentaient "plus à l'aise de promouvoir des relations avec une Turquie laïque sur la base d'affinités non-islamiques et linguistiques qu'avec l'Iran" (Belokrenitsky 1994 1101). Au Caucase, il est également apparu que le devenir de l'influence turque ne dépendait pas seulement des initiatives politiques et stratégiques dAnkara mais aussi, pour une part appréciable, de son habilité à faire fructifier ses liens culturels avec les États de la région et en particulier avec l'Azerbaïdjan (Cornell 1998 67-68). Grâce à ces liens la Turquie est rapidement devenue le plus grand frère à défaut dêtre le grand frère (Swietochowski 1999 420) . Aujourdhui, il semble acquis que laccent mis par Ankara sur les affinités culturelles depuis plus de dix ans explique - en partie du moins - laccroissement remarquable de linfluence turque dans la région et lalignement des gouvernements sur la politique dAnkara (Alieva 2000). On peut également déceler une influence grandissante de la Turquie dans le domaine de la coopération stratégique et militaire. La Turquie sest avéré être un interlocuteur essentiel dans lélargissement du programme Partenariat for Peace de lOTAN aux républiques turcophones. Dès la fin des années 1990, le rôle culturel de la Turquie apparaît comme un aspect décisif de lintégration progressive de ces républiques au système de sécurité de lOTAN. Ces progrès de linfluence stratégique dAnkara dans la région sont couronnés par le choix de la Turquie pour diriger lInternational Security Assistance Force (ISAF) déployé en Afghanistan en 2002. Plus que jamais, Ankara devient lallié incontournable des États-Unis dans cette région du globe. Pour les dirigeants de Washington, la Turquie apparaît "au carrefour de quasiment toutes les questions importantes pour les États-Unis sur le Continent eurasiatique" (Sever 2001). La politique culturelle saffirme par conséquent comme un élément stratégique dans la perspective de lémergence dune identité de défense eurasiatique. e) Limpact économique Laccentuation de la politique culturelle s'est aussi accompagnée dun accroissement de linfluence économique de la Turquie dans le monde turc. Dans ce domaine, il est rapidement apparu aux analystes que "la Turquie a pris avantage de ses liens ethniques et linguistiques avec les républiques turcophones pour se présenter comme un modèle, affirmant avoir réussi avec succès le passage de l'économie centralisée à l'économie de marché que ces derniers tentent de réaliser" (Dorian 1997 472). A laide dune diplomatie de persuasion élaborée, Ankara a su convaincre les leaders turcophones daccepter lexpérience turque comme étant la plus adaptée à leur profil socioculturel et leurs besoins économiques. Exprimant lopinion de ses homologues turcophones, le président ouzbek I. Karimov déclare en 1996: "En évoluant vers l'économie de marché nous avons opté de façon concluante pour le processus suivi par la Turquie et nous avons l'intention de continuer dans cette voie" (Sowerwine 1995 10). Lexportation réussie du modèle de développement turc semble avoir à son tour facilité louverture des économies caucasiennes et centrasiatique à la Turquie. Parallèlement à laccentuation de sa diplomatie culturelle, Ankara a vu ces dernières années ses gains économiques dans le monde turc saccroître de façon remarquable. Depuis le milieu des années 1990, le commerce de la Turquie avec les pays eurasiens (plus de 10 % du volume total de son commerce extérieur) augmente en moyenne approximativement de 35 % par an (Tika 1997 i) passant de $145 millions en 1992 a $5.6 milliards en 1999 (mfa.gov.tr 1999). Dés la fin de la décennie, elle est la seule puissance économique moyenne à se hisser parmi les principaux partenaires du monde turc aux cotés de géants économiques tels que l'Europe, la Chine, la Russie ou les Etats-Unis (État du Monde 1998). En 2002, malgré labsence datouts économiques notables, la Turquie est devenue le 2e pays importateur en Azerbaidjan, le 2e au Turménistan, le 3e au Kazakhstan et le 5e en Ouzbékistan (CIA Factbook 2002). Au Caucase comme en Asie centrale, "la présence économique et culturelle de la Turquie est fortement encrée et continue de croître" (Swietochowski 1999 429). En outre, cette évolution sest accompagnée dun début dintégration économique au sein de lOrganisation de Coopération Économique avec ladoption dun protocole portant sur un Accord de Tarif Préférentiel de 10% et un projet à long terme délimination complète des barrières douanières entre les pays turcophones. Par ailleurs, la Turquie pourrait marquer des points supplémentaires dans léventualité de plus en plus envisagée ces dernières années dune adhésion des pays centrasiatiques à lOrganisation de Coopération de la Mer Noire (Müftüler 1999 11). Le miracle des hydrocarbures Depuis la mise en place de sa nouvelle diplomatie, les résultats économiques les plus extraordinaires obtenus par la Turquie lont été dans le domaine des hydrocarbures (Cohen 1996 2-15). Au Caucase, la Turquie a remporté des parts considérables dans lexploitation des gisements azéris bénéficiant dune évidente faveur au détriment de sa rivale iranienne (Tarock 1997 196) au cours de ce que l'on a appelé le 'marché du siècle'. Elle a également été largement favorisée dans le dossier du projet de pipeline destiné à exporter le pétrole de la zone turcophone vers le marché mondial. Le réseau oléoduc passant par la mer Caspienne, lAzerbaïdjan, la Georgie et aboutissant au port turc de Ceyhan sest rapidement imposé alors que sa rentabilité est de plus en plus questionnée et "alors que le coût des travaux, évalué à 231 millions de dollars, est nettement plus élevé que celui nécessaire à la modernisation de l'itinéraire russe, évalué à 56 millions de dollars" (Billion 1995 50). Certes, lappui de lallié américain est pour beaucoup dans le choix du trajet turc mais il nexplique pas tout. Il nexplique pas, par exemple, que les gouvernements centrasiatiques comme celui du Turkménistan aient fait du lobbying acharné pour que leur pétrole soit évacué vers la Turquie plutôt que vers la Russie, la Mer Noire ou lIran (Gleason 2001 176). En fait, même les analyses privilégiant le rôle des États-Unis reconnaissent limportance centrale de la diplomatie turque et des liens culturels entre Ankara et les pays turcophones (Burk 2000 7). Reste à savoir si, avec linstallation dun régime plutôt pro-occidental à Kaboul, le trajet turc ne sera pas déclassé au profit dun pipeline passant par lAfghanistan et le Pakistan. Ceci constituerait sans doute un test ultime pour la solidité du lien panturc. Dans l'ensemble, on peut s'interroger sur les causes de l'apparition ces dernières années d'un courant d'échanges privilégié entre les républiques turcophones de même que l'on peut se demander si cette 'connexion turcique' naissante a pu être encouragée par la campagne turque de maketing culturel. Il ne fait pas de doute que lappui de lallié américain a pesé de tout son poids pour avantager la Turquie. Mais le soutient occidental est-il suffisant pour fournir une réponse complète ? Il est en tout cas difficile d'expliquer les succès commerciaux enregistrés par la Turquie au sein du monde turc en ne tenant compte que des avantages économiques qu'elle est en mesure d'offrir. Quoiquil en soit, il semble quune analyse complète des échanges commerciaux entre les États turcophones et le début dintégration économique de la zone doive désormais tenir compte du facteur culturel et de la manière dont il est instrumentalisé par la nouvelle diplomatie turque. La question de la contribution réelle de la normpolitik turque Le problème demeure néanmoins de déterminer quelle a été la contribution réelle de la politique culturelle aux diverses tendances observées ci-dessus. Bien quil soit impossible de répondre de façon définitive à cette question dans le cadre limité de cette étude, un certain nombre déléments laissent supposer que la nouvelle diplomatie turque nest pas un facteur à négliger. Parmi ces éléments se trouvent les efforts, et la confiance sans cesse renouvelée, que les dirigeants turcs placent en elle. Pour eux il ne fait pas de doute que la TIKA et les autres organisations gouvernementales turques ont contribué de façon importante aux changements culturels, politiques et économiques survenus dans le monde turc et à lamélioration des relations inter-turciques. Pour son président, Türgay Özçeri, la TIKA a favorisé notamment l'éclosion d'une conscience supranationale qui fait que les individus ne sont plus intéressés seulement par leurs problèmes nationaux mais également par ceux des autres républiques turcophones (Tika 1997 i). Les responsables de la TURKSOY se félicitent quant à eux, d'observer "une avance et des progrès rapides en termes de promotion des relations culturelles entre les républiques turcophones" (Bülbüloglu 1998 45). Les analystes reconnaissent aujourdhui que ces institutions constituent en effet un puissant appareil diplomatique et que la politique culturelle quelles ont encadrée et coordonnée depuis 1991 a permis détablir un vaste réseau de coopération culturelle, politique et économique entre la Turquie et ses surs dAsie (Demir, Balci & Akkok 2000 141). Un certain nombre de résultats concrets peut être plus directement rattaché à la politique culturelle mise en place par la Turquie depuis dix ans. Au chapitre de la politique linguistique, Ankara se félicite de voir que "la langue turque est en passe de devenir une langue internationale et que, chaque année, des milliers d'étudiants étrangers se rendent en Turquie" (Tika 1997 i). En ce qui concerne la dimension religieuse, le modèle turc dislam séculaire continue comme il a été souligné plus haut de connaître un succès unanime auprès des républiques turciques (Akbarzadeh 2001 451). Mais les progrès les plus notables ont été obtenus dans le domaine de léducation. Ainsi que le notent des études récentes, la campagne éducationnelle de la TIKA, à savoir linstallation dun vaste réseau denseignement et lorganisation dun système de bourses et déchanges, aurait eu un impact particulièrement favorable sur linfluence turque. En permettant de former et de remodeler lidentité des futures élites celle-ci aurait notamment encouragé la restructuration culturelle et sociale de ces pays. Ce faisant, elle aurait également fortement influencé le développement des relations économiques et culturelles entre la Turquie et les Républiques dAsie centrale en aidant notamment à accroître le prestige du modèle turc et en éveillant une sympathie pro-turque chez les nouvelles classes dirigeantes (Engine 2000 151-154). Avec plus de recul, les observateurs extérieurs commencent à se rendre compte de limportance du volet éducationnel de la diplomatie turque et de sa capacité à fournir à la Turquie une plate-forme dexpansion culturelle (Mokeev & Dor 2000 449) mais aussi politique et économique. Une campagne communicationelle particulièrement performante Parmi les différents aspects de la diplomatie culturelle turque, le volet médiatique et télécommunicationel pourrait bien avoir eu l'impact le plus direct (Landau 1996 210). Il est en effet probable que les moyens de télécommunications de la campagne culturelle turque aient joué un rôle de premier plan dans la reconstruction dune l'identité régionale. On peut penser, à linstar de G. Winfrow, que grâce à des outils tels que Türksat et Avrazya, "le potentiel d'influencer le développement des républiques turcophones est réel" (Winfrow 1992 109). Pour les chercheurs de l'Association Turque de Recherche sur la Communication (ILAD), Avrazya joue certainement un rôle clef dans l'expansionnisme culturel transfrontalier de la Turquie en englobant dans la culture turque les téléspectateurs turcophones. Selon eux, la télévision a permis, dés le début des années 1990, de construire l'identité turcophone sur la base d'une allégeance ethno-culturelle reconstruite: "Dans ce nouveau paysage culturel un nouveau type d'identité, ce que l'on pourrait appeler une identité choisie, est conçu, où chaque identité particulière établit des liens qui transcendent les frontières territoriales en de nouvelles formes de communautés basées autour de valeurs partagées, (...) telles que la culture et l'ethnie" Sahin & Aksoy 1993 37). Après dix ans dactivité, il savère que, comme escompté, les médias et les télécommunications globales ont eut un impact profond sur lidentité et les habitudes de vie des jeunes turcophones. Les médias ont eu une influence importante sur la culture politique des sociétés turciques et en particulier sur lémergence dune société civile analogue à celle de la Turquie (Ruffin & Waugh 1999). Des nouvelles analyses montrent également "comment le capitalisme et la nouvelle télévision ont influencé les normes concernant les femmes" (Kuehnast 1998 645). Et même si, une nouvelle fois, la prudence simpose en ce qui concerne limpact sociologique concret de la politique télécommunicationelle dAnkara, la puissance et linfluence des télécoms turcs sont indiscutables et de moins en moins discutées (Noam 1997). La diplomatie culturelle : une stratégie à long terme Depuis plus de dix ans, la Turquie met en uvre dans le monde turc une politique culturelle novatrice, fondée sur l'exploitation de la force en douceur de ses normes culturelles, qui préfigure sans doute la diplomatie de persuasion du XXIe siècle. La Turquie est en effet rentrée de plein pied dans les relations internationales de demain en appliquant une stratégie ingénieuse qui a réussit à instrumentaliser le passé tout en sachant s'adapter à la réalité du nouveau contexte international et à la technologie de l'avenir. Au moment de sa mise en place au début des années 1990, la nouvelle diplomatie turque a été mal comprise. Les plus enthousiastes ont surévalué sa capacité parlant du nouvel empire ottoman et du siècle turc quelle permettrait de bâtir. A linverse les plus sceptiques se sont empressés dy voir une chimère et, négligeant de prendre le recul suffisant, ont hâtivement conclu à son inefficacité. Ce que ces analystes ont été incapables de comprendre cest que la politique culturelle est avant tout une stratégie pragmatique qui se situe dans le temps long. Rares ont été ceux qui ont vu que la diplomatie turque et lutilisation quelle faisait des liens culturels constituaient des garanties pour une meilleure coopération à long terme (Haktanir dans Aydin 1996 158). Dès 1993, ces observateurs lucides annoncent qu'"à long terme, la Turquie peut considérer l'Asie turcophone et ses ressources naturelles comme un marché qui lui est ouvert" (Abramowitz 1993 44). Ils saisissaient déjà le fait que la Turquie dispose des atouts culturels et technologiques les plus importants pour jouer la carte de la Turcophonie à condition quon lui laisse le temps de faire ses preuves (Tapia 1995 411). La même approche simpose dix ans plus tard : "Aujourd'hui, l'intérêt de la Turquie réside dans l'accroissement des relations culturelles, scientifiques et économiques avec les Républiques turcophones Dans cette perspective, la Turquie poursuit un certain nombre dinitiatives qui, même si elles sont discrètes et ne font pas la une des journaux, sont cruciales en ce qui concerne le rapprochement des peuples des Républiques turcophones et de Turquie et dont l'importance ne va apparaître que dans le long terme" (Cornell 1998 68). Mais quelle que soit la forme que revêtira cette solidarité régionale turcophone demain, il apparaît dès à présent qu'elle sera rendue possible par les avancées que la politique culturelle a permis de réaliser depuis la fin de la Guerre Froide. La perspective dun grand Turkestan culturel Tout porte à croire que la Turquie a eu raison de persévérer dans la voie du panturquisme culturel et quelle a tout à gagner en continuant à le faire dans le siècle à venir. Pour Stéphane de Tapia, "la turcophonie peut jouer un rôle de relais, de pont culturel, d'axe de développement économique d'importance mondiale ( )" (Tapia 1995 401). En permettant de renforcer la solidarité turcophone naissante, la stratégie culturelle peut en effet jouer un rôle central dans la constitution dune zone de coopération économique, politique et stratégique. Il est par exemple envisageable que grâce aux efforts investis dans cette diplomatie "la Turquie et les Républiques turcophones puissent dans le futur former un bloc de vote officiel ou officieux dans les organisations islamiques régionales ou aux Nations Unies" (Landau 1996 401). Après une décennie de politique culturelle, les observateurs sont on ne peut plus optimistes quant au rôle régional de la Turquie. Même si elle nest pas parvenue à bâtir, comme lespérait le président Demirel, un empire turcique sétirant de la Grande Muraille à lAdriatique, elle saffirme néanmoins comme un acteur clef de la nouvelle sphère eurasiatique (Economist juillet 1999 50). Lors de sa dernière visite officielle à Ankara, le président américain ne déclarait-il pas que la Turquie allait contribuer de façon cruciale à la fabrication du 21e siècle à cause de sa position vitale au carrefour politique et culturel de lEurope, du Moyen-Orient et de lAsie centrale. Cette dernière est surtout parvenue, en ravivant les liens ethno-culturels des républiques turciques, à donner corps à lidée de Monde Turc encore fantasque il y dix ans. Les observateurs estiment maintenant que le concept de Grande Asie centrale pour laquelle a uvré la diplomatie turque simpose désormais pour parler de cette une zone construite sur des liens culturellement forts et animée depuis quelques années par une dynamique propre: "Sous langle géopolitique, cet espace ( ) pourrait devenir pertinent dans lavenir. Les régions en question sinscrivent en effet dans des dynamiques distinctes de celles qui traversent le monde arabe" (Djalili & Kellner 2000 131). Il fait de moins en moins de doute que lassise culturelle est le socle sur lequel continue de se construire ce nouveau système. En somme, la construction dun Turkestan culturel est un phénomène d'importance majeur dont il convient de tenir compte pour comprendre les développements politiques futurs dans cette région qui occupe une place désormais cruciale dans les relations internationales. La diplomatie culturelle des États : élément central des relations internationales du XXIe siècle Létude du cas turc simpose également dans la mesure où le phénomène de la diplomatie culturelle des États est appelé à devenir une question de plus en plus centrale des relations internationales. A travers ce genre détude, il est en effet possible danticiper une évolution qui semble de plus en plus inévitable. Déjà aujourdhui, un nombre croissant dÉtats choisissent dutiliser les nouveaux instruments diplomatiques que sont les médias, Internet, la télévision et les satellites pour accroître leur influence internationale. Avec laccélération constante de linterdépendance globale et des progrès dans le domaine des technologies de communications, on peut sattendre, dans lavenir proche, à un développement généralisé de cette nouvelle forme de diplomatie. Il est donc urgent de tourner notre attention vers cette branche méconnue de la politique étrangère des États. Un autre intérêt de létude des politiques culturelles des États à létranger est de permettre de combler les lacunes de la théorie des relations internationales en ce qui a trait au rôle des normes culturelles comme source de pouvoir et dinfluence. Dans le nouveau contexte international, le pouvoir politique des États, loin dêtre exclusivement défini en termes de puissance brute, tend à reposer de plus en plus sur linfluence que procurent les normes culturelles. Ce sujet, abordé sous langle dun réalisme doux ou du moins adouci, aide à expliquer que les États peuvent promouvoir leurs intérêts et maximiser leur influence à laide de stratégies non-coercitives compatibles avec le développement de la coopération internationale. En adoptant cette optique le but est de donner limpulsion à une entreprise scientifique obstinément ignorée par les paradigmes dominants, létude du pouvoir culturel. Pierre Cyril Cyrus Teymour Pahlavi Joindre l'auteur pierre.pahlavi@mail.mcgill.ca Copyright 2002-Pahlavi/www.diploweb.com L'adresse url de cette page est http://www.diploweb.com/asie/pahlavi14.htm |
Date de la mise en ligne: janvier 2003 | ||
Références |
Aarde,
Jean. "La Turquie Entre Trois Monde". Afrique
et Asie Modernes. No62, aut. 1989.
pp.87-103. Abramowitz, Morton I. "La Turquie : La Puissance Montante". Problèmes politiques et Sociaux, n0718, December 1993, pp. 42-45. Alieva, Leila. "Reshaping Eurasia: foreign policy strategies and leadership assets in post-Soviet South Caucasus". Univ Cal Berkeley Program Soviet and Post-Soviet Studies, Winter 2000 28 p. Anciaux, Robert. "Turquie Puissance Régionale entre l'Europe et l'Orient", Civilisation 43(1) 1994, 93-121. Ahrari, M. E., "The dynamics of the new great game in muslim Central Asia". Central Asian Survey, vol. 13 (4), 1994, pp. 525-539. Akali, Pinar. "Islam as a Common Bond in Central Asia". Central Asian Survey, vol. 17(2), June 1998, pp. 254-67. Anciaux, Robert. "Turquie Puissance Régionale entre l'Europe et l'Orient", Civilisation 43 (1) 1994, pp. 93-121. Akbarzadeh, Shahram. "The political shape of Central Asia". Central Asian Survey, vol. 16 (4), décembre 1997, pp. 517-542. Akbarzadeh, Shahram. "Political Islam in Kyrgyzstan and Turkmenistan". Central Asian Survey, 2001, 20(4), 451-65. Aksoy, A. et Avci, N. "Spreading Turkish Culture". Intermedia, no 20, pp. 39-40. Alici, Didem Mersin. "The Role of Culture, History and Language in Turkish National Identity Building: An Overemphasis on Central Asian Roots". Central Asian Survey, vol. 15 (2), 1996, pp. 217-231. Aydin, Mustafa. "Turkey and Central Asia : Challenges of Changes". Central Asian Survey, 15(2), 1996, pp. 157-177. Belokrenitsky, Vyacheslav. "Russia and Central Asia". Asian Survey, vol. 34(12), déc.1994, pp. 1093-1108. Berton-Hogge, Roberte et Marie-Agnès Crosnier (dir.). Ex-URSS : Les États du Divorce. Paris, La Documentation Française, 1993. 198 pages. Bazin, Louis. "Les Peuples Turcophones d'Eurasie : Un Cas Majeur d'Expension Linguistique", Hérodote, numéro spéciale : Géopolitique des langues, n046 (1986), pp. 75-109. Billion, Didier dir. Le Rôle Géostratégique de la Turquie. Paris. Iris Presse, 1995. 144 pages. Burk, Adrian. "Pipline Politics: US Corporations Lead Foreign Economic Policy", Journal of South Asian and Middle Eastern Studies, 24(1), Fall 2000. Candar, Cengiz; Fuller, Graham E. "Grand geopolitics for a new Turkey". Mediterranean Quarterly, 12:22-38 no 1 Winter 2001. Clinton, William, Discours devant la Grande Assemblée Nationale Turque, le 15 novembre 1999, www.pub.whitehouse.gov. Constantinides, Stephanos. "Turkey: The Emergence of a New Foreign Policy. The Neo-Ottoman Imperial Model". Journal of Political & Military Sociology, 1996, 24, 2, winter, 323-334. Copeaux, Eric. Espace et Temps de la Nation Turque, Analyse d'une Historiographie Nationaliste 1932-1993. Paris, Editions CNRS, 1997, 369 pages. Cornell, Svante "Turkey and the Conflict in Nagorno Karabakh". Middle Eastern Studies, 34(1), jan. 1998. Cuthberson, Ian. "The New "Great Game"". World Policy Journal, 11 (4), Hiv. 94-95. pp. 31-43. Deutsch, Karl. The Analysis of International Relations, 3rd ed., Englewood Cliffs (NJ), Prentice Hall. 1988. Dorian, James P., Brett Wegdortz et Gladney Dru. "Central Asia and Xianjiang, China : emerging energy, economics and etnic relations". Central Asian Survey, vol. 16 (4), décembre 1997, pp. 461-486. Djalili, Mohammad-Reza et Thierry Kellner. "Moyen Orient Caucase et Asie Central: Des Concepts Géopolitiques à Construire et à Reconstruire". Central Asian Survey, 2000, 19(1), p. 117-140. L'État du Monde. Montréal, Éditions du Boréal, 1998. 800 pages. "The Front-Line Friend", The Economist, 12 September 1992, Vol.324, no 7776, p. 18. Ferro, Marc (dir.). L'État de toutes les Russies. Paris, La Découverte, IMESCO. 1997. 448 pages. Gangloff, Sylvie. "La Turquie vers de Nouveaux Horizons?", Défense Nationale, nov. 1992, pp. 110-129. Gleason, Gregory. "Foreign Policy and Domestic Reform in Central Asia". Central Asian Survey, 2001, 20(2), pp. 167-182. Glenn, John. The Social Legacy in Central Asia. New York, St Martins Press, 1999, 210 pages. Gökay, Bülent et Richard Langhorne. Turkey and the New States of the Caucasus and Central Asia. Londres, Wilton Park Paper 111, January 1996. Gumpel, Werner. "Determinanten der tuerkischen Aussenpolitik in der Schwarzmeerregion und in Mittelasien". Suedosteuropa Mitteilungen, 38:23-32 Heft 1 1998. Grunberg I. and Th. Risse-Kappen. "Theories of International Relations and the End of the Cold War", in Pierre Allan and K. Goodmann eds. The End of the Cold War: Evaluating Theories of International Relations. Dordrecht - London. Martinus Nijhof. 1992. Haghayeghi, Melhrdad. "Islamic revival in the Central Asian republics". Central Asian Survey, vol. 13, No2, 1994, pp. 249-266. Hoffmann, Stanley. "Perceptions, Reality and the Franco-American Conflict" in JU. Farrell and A. Smith eds., Image and Reality. New York, Columbia U.P. pp. 57-59. 1967. Holsti, K. J. International Politics, Englewood Cliffs (NJ), Prentice Hall. 1992. Hunter, Shireen T. "Forging chains across Eurasia". The World Today, 52 (12), Dec. 1996, pp. 313-316. Hyman, Anthony. "Turkestan and Panturkism Revisited". Central Asian Survey, 16(3), Sept.97, 339-351. Jepperson, R., A. Wendt and Peter Katzenstein. "Norms, Identity, and Culture in National Security," in Katzenstein, Peter ed. The Culture of National Security: Norms and Identity in World Politics. New York, Columbia University Press. 1996. Jervis, Robert. "Cooperation under Security Dilemma", World Politics, vol.30, no1, January 1978. Joffe, Josef. "Where Germany has Never Been Before". National Interest, no56, summer, pp. 45-53. 1999. Keohane, Robert and Joseph Nye. Power and Interdependence, Glenview, IL, Scott Forseman, 1989. Kirimli, Meryem. "Uzbekistan in the new World Order". Central Asian Survey, 16 (1), 1997, pp. 53-64. Kuehnast, Kathleen. "From Pioneer to Entrepreneurs: Young Women, Consumerism, and the World Picture in Kyrgystan". Central Asian Survey, 17(2), 1998. Landau, Jacob. Panturkism. From Irredentism to Cooperation. Bloomington and Indianapolis, Indiana University Press, 1995. 275 pages. Lipovsky, Igor P. "Central Asia : in Search of a New Political Identity". Middle East Journal, vol. 50 (2), printemps 1996, pp. 211-223. Long, Pauline J. "The Future of Central Asian Statehood". Central Asian Monitor, no1, 1999, p. 1. Merle, Marcel. Sociologie des Relations Internationales. Paris, Dalloz, 2e édition. 1976. Miller, Eric. "Post-Soviet Central Asia. Explorations in Identity Formation". International Politics, Mar. 2001, 38, pp. 125-136. Mufti, Malik. "Daring and caution in turkish foreign policy". Middle East Journal, 52(1), 1998, pp. 32-50. Monceau, Nicolas. Le Paysage Audiovisuel Turc. CEMOTI, no20, juil-déc. 1995, p. 381-398. Morgenthau, Hans. Politics Among Nations. The Struggle for Power and Peace, NY, A. Knopf. 1973. Müftüler, Meltem. "Turkey's new vocation". Journal of South Asian and Middle Eastern Studies, 22:1-15 no3 Spring 1999. Nazer, Hisham. Power of a Third Kind, Wesport-London, Praeger. 1999. Nye, Joseph S. Bound to Lead, New York, Basic Books, 1990. Nye, Joseph S. "Interdependence and Power", Understanding International Conflicts, Harper Collins, 1993, pp. 160-169. Nye, Joseph et Owens, William, "America's Information Edge". Foreign Affairs. Vol. 75, 1996, pp. 20-36. Ogutcu, Mehmet. "Eurasian Energy Prospects and Politics: Need for a Longer-Term Western Strategy". Futures, 1995, 27, 1, Jan-Feb, 37-63. Pahlavi, Pierre. La Politique Culturelle de la Turquie dans les pays Turcophones de Transcaucasie et dAsie Centrale depuis 1991, Mémoire de maîtrise, Sous la direction de B. Korany, Université de Montréal, 1999. 134 pages. Paul, T.V. "Power, Influence and Nuclear Weapons: A Reassessment" in Paul ed., The Absolute Weapon Revisited, University of Michigan Press, pp. 19-45. 1998. Paul, T.V. Power versus Prudence, Montreal, McGill-Queenss University Press. 2000. Rashid, Ahmed. The Resurgence of Central Asia. Islam or Nationalism. Karachii, Oxford University Press, coll. Z Books. 1994, 1994, p. 211. Robins, Philip, "Between sentiment and self-interest: Turkey's policy toward Azerbaijan and the Central Asian states". Middle East Journal 47 (4), aut. 1993. pp. 593-610. Romer, Jean-Christophe et al. La Fin d'un Empire : de l'URSS à la CEI - Observatoire de l'URSS et de la CEI. Paris, La Documentation Française, Fondation pour les Études de Défense nationale, 1992, 206 pages. Rouleau, Eric. "La Turquie et les Pays Turcophones". Défense Nationale, 48 n° 10, oct. 92, pp. 41-45. Rouleau, Éric. "The Challenges to Turkey". Foreign policy, nov.-déc. 1993, pp. 110-126. Roche, François et Bernard Piniau. Histoire de la diplomatie culturelle des origines à 1995. Paris, La Documentation française. 1995. Rosencrance, Richard. The Rise of the Trading State: Commerce and Conquest in the Modern World, New York, Basic Books. 1986. Roy, Olivier. "Le Rôle de l'Islam en Asie centrale et au Caucase", Nouveaux Mondes, No3, 1993, pp. 13-27. Sahin, Haluk et Asu Aksoy. "Global Media and Cultural Identity in Turkey". Journal of Communication. 43 (2), print. 93. pp. 31-41. Saulesh Ezenova. "Tribalism and Identity in Contemporary Circumstances". Central Asian Survey, 1998, 17(3), pp. 443-62. Sever, Aysegul. "Turkeys Stance on Dual Containment". Journal of South Asian and Middle Eastern Studies, 24(1), winter 2001. Sowerwine, James. "Nation-Building in Central Asia : The Turkish Connection". Journal of South Asian and Middle Eastern Studies, Vol. 18, No4, summer 1995. pp. 1-14. Spanier, J. and D. Wendzel. Game Nations Play, C. Q. Press. 1996. Stone, Leonard A. "Turkish foreign policy: four pillars of tradition". Perceptions, 6:14-27 no 2 Je/Ag 2001. Swietochowski, Tadeusz. "Azerbaidjan: Perspective from the Crossroads". Central Asian Survey, 1999, 18(4), 419-434. Tapia, Stéphane de. "Türksat et les Républiques turcophones de l'ex-URSS". CEMOTI, no20, juillet-décembre 1995, pp. 399-413. Tarock, Adam. "Iran's policy in Central Asia". Central Asian Survey, vol.16 (2), 1997, pp. 185-200. Tunander, Ola. "A New Ottoman Empire ? The Choice for Turkey : Euro-Asian Center vs National Fortress". Security Dialogue, 1996, 26 (4), pp. 413-426. H. Turgut, "Fetuhllah and his Schools", Yeni Yuzyil Newspaper, 15 janvier 1998. Winfrow, Gareth. "Turkey and Former Soviet Central Asia : National and Ethnic Identity". Central Asian Survey, 1992, Vol. 11, no3, pp. 101-111. Zarcone, Thierry. "Quand le Saint Légitime le Politique. Le Mosolé de Afaq Khuraja à Kashgar". Central Asian Survey, Jan. 1999, 18(2), 225-41. Sources et Documents Officiels du Ministère des Affaires Étrangères de la République de Turquie - Ankara (MAERT). MAERT, Buts et Principes de la Politique Extérieure de la Turquie, Ankara, Ministère des Affaires étrangères, avril 2000. Disponible sur le cite: http://www.mfa.gov.tr. MAERT - Ankara. Agence International de Coopération Turque (TIKA). Rapport Annuel 1997 de l'Agence International de Coopération Turque (TIKA). 22 pages. Ankara - MAERT - Eurasian File (TIKA) no 38 . August 1995/1; no 41 . September 1995/1; no 42 . October 1995/1; no 43 . October 1995/2; no 44 . November 1995/1; no45. November 1995/2; no47 December 1995/2; no49. January 1996/2; no50. February 1996/1; no51. February 1996/2; no83. September 1997/2; no84. October 1997/1; no85. October 1997/2; no88. December 1997/1; no90. January 1998/1; no92. February 1998/1; no93. February 1998/2; no94. March 1998/1; no95. March 1998/2; no96. April 1998/1; no97. April 1998/2. Ankara - MAERT - Eurasian Studies (TIKA) Eurasian Studies, n03, Aut. 1995, 128 pages. Suat Ilhan, "Geopolitics Developments and the Turkish World". pp. 23-37. Lorca, Alejandro, "Turkey : the Door to Central Asia". pp. 62-68. Cooper, Douglas W., "Turkey's Research Libraries & the Turkic Republics". pp. 105-112. Eurasian Studies, n04, Hiv. 1995/96. 128 pages. Warikoo, K. "Ethnic Resurgence in Xinjiang". pp. 30-42. Eurasian Studies, n01, Print. 1996, 128 pages. B. Zakir Avsar. "Communication between the Turkish Republics". pp. 101-113. Eurasian Studies, n03, Aut. 1996, 128 pages. Bübüloglu, Polad, "Cultural Cooperation in the Turkic World". pp. 45-47. Eurasian Studies, n013, Print. 1998, 128 pages. Gumpel, W., "Economic Devlopment and Integration in Central Asian Republics", p18-32. Otarbaeva, Bakhytnur, "Evolution of Ethnic Identity of Quazaq People". pp. 33-43. Kiliç Ayten, "Turkey and the Gagauz". pp. 44-52. Öner, Mustafa, "Notes on the Joint Turkish Alphabet", pp. 70-79. Ercilasun, Ahmet Bircan, "Wilhelm Radloff and Turkish Eternal Stones". pp. 93-103. Zefki Hafizogullari, "The Nature of Republic of Turkey", pp. 123-126. L'adresse url de cette page est http://www.diploweb.com/asie/pahlavi14.htm |
||||
Forum diplomatique |
Recherche par sujet | Ecrire :P. Verluise ISIT 12 rue Cassette 75006 Paris France | ||
Copyright 2002-Pahlavi /www.diploweb.com
La reproduction des documents mis en ligne sur le site www.diploweb.com est suspendue à deux conditions:
- un accord préalable écrit de l'auteur;
- la citation impérative de la date de la mise en ligne initiale, du nom de famille de l'auteur et du site www.diploweb.com .
Pour tous renseignements, écrire : P. Verluise ISIT 12 rue Cassette 75006 Paris France