Les livres géopolitiques sont nécessaires à la compréhension du monde. Le Diploweb.com en présente ici une veille spécialisée, unique sur la Toile, vue chaque mois par plusieurs milliers de personnes qualifiées. Le Diploweb.com ne touche aucune commission des éditeurs ou libraires.
Les éditeurs qui souhaitent faire connaître leurs nouveautés doivent adresser un exemplaire à Diploweb.com, 1 avenue Lamartine, 94300, Vincennes, France. Pour communiquer leur programme, les éditeurs doivent adresser un courriel à l’adresse suivante redactiondiploweb [at] gmail.com . La rédaction reste juge seule de ses choix.
. Amy Greene, L’Amérique face à ses fractures : Que reste-t-il du rêve américain ?, Paris, Tallandier, septembre 2024.
Les États-Unis sont traversés par de profondes fractures sociales, économiques et politiques. Le leader mondial, garant du modèle occidental, vacille. Assistons-nous à la fin du rêve américain ?
Si les indicateurs économiques montrent que les États-Unis sont en croissance, si leur puissance militaire demeure inégalée, comment expliquer le pessimisme et les tensions extrêmes qui caractérisent la vie civique et citoyenne américaine ? Pourquoi le populisme surgit-t-il tandis que le projet national commun se détériore ? Comment voisins et adversaires se sont-ils transformés en véritables ennemis ?
Face à ses vieux démons, au racisme et à une violence endémique, face au complotisme et à la mise en doute du réel, le modèle d’outre-Atlantique est à bout de souffle, la démocratie elle-même est en danger.
Pour comprendre comment le pays est arrivé au bord de ce précipice, Amy Greene analyse le déchirement américain, ses origines et ses différentes manifestations. Elle nous permet de mieux cerner les enjeux contemporains, d’éclairer les colères, les déceptions mais aussi l’espoir que le peuple américain nourrit encore.
. Alessandro Stanziani, Les guerres du blé - Une éco-histoire écologique et géopolitique, Paris, La Découverte, septembre 2024.
Pour quelles raisons des émeutes, des luttes pour les terres, des rivalités économiques et géopolitiques exacerbées, ainsi qu’une guerre de conquête se déchaînent-elles encore autour du blé ?
Cette situation résulte d’une histoire dont l’issue n’était pas écrite depuis que notre espèce a domestiqué les céréales, ni déterminée par la pression démographique d’une humanité confrontée à l’épuisement inexorable de ses ressources, mais qui remonte au XVIIe siècle. Les guerres dont le blé apparaît à la fois comme l’enjeu et l’arme sont, d’une part, corrélatives de la naissance et de l’évolution de l’État moderne, notamment dans sa dimension impériale, d’autre part, tributaires du développement spéculatif du capitalisme. Il y a quatre siècles, les puissances qui allaient dominer le monde se sont bâties sur le blé ; en dépit de progrès économiques, sociaux, agronomiques et sanitaires majeurs, nous en dépendons toujours.
À travers le lien unissant l’expansion territoriale des États à l’approvisionnement en céréales, Alessandro Stanziani montre que le blé constitue un paramètre décisif pour rendre compte de l’extermination des nomades présumés aux Amériques, en Australie et dans les steppes eurasiatiques entre le XVIIe et le XIXe siècle, puis de l’issue des deux guerres mondiales, et des dynamiques à l’œuvre à l’époque de la guerre froide et de la décolonisation. Connectées à l’organisation des marchés céréaliers, à la modification des techniques de récolte, à l’industrialisation et à la dérégulation spéculative globale, ces tendances longues éclairent la spirale d’inégalités, de désastres écologiques et de tensions géopolitiques que nous connaissons aujourd’hui.
. Bertrand Badie, L’Art de la paix - Neuf vertus à honorer et autant de conditions à établir, Paris, Flammarion, octobre 2024.
Sun Tzu, général chinois du Vie siècle avant Jésus-Christ, a écrit un Art de la guerre qui aujourd’hui encore suscite l’intérêt de très nombreux lecteurs. Tandis que la guerre refait irruption en Europe et au Proche-Orient, si l’on étudiait comment faire la paix au XXIe siècle ? C’est à cette mission que Bertrand Badie, le plus philosophe des professeurs en relations internationales, s’est attelé dans cet ouvrage à la portée universelle. La paix a changé de nature. Longtemps cantonnée à l’état de non-guerre, associée à des périodes de trêve obtenues par transactions géographiques, économiques, dynastiques, elle ne peut désormais être établie qu’à la condition d’être redéfinie, pensée comme un tout, considérée à l’heure de la mondialisation et des nouvelles menaces, notamment climatiques, qui pèsent sur notre planète. S’appuyant sur quantité d’exemples historiques ou contemporains, Bertrand Badie dresse des perspectives : faire primer le social sur le rapport de force, chercher à comprendre l’Autre, trouver les justes normes, combler ce qui nous sépare... Revisitant des références essentielles d’Aristote à Kant, il propose neuf vertus à mettre en œuvre pour faire la paix.
. Dominique Trinquand, D’un monde à l’autre, Paris, Robert Laffont, octobre 2024.
Sur les routes stratégiques du monde d’aujourd’hui.
Les routes ont toujours été cruciales, qu’elles soient aériennes, maritimes, terrestres, voire spatiales. Les comprendre et maîtriser les enjeux stratégiques de chacune est incontournable pour décrypter le monde qui vient et d’envisager des nouveaux chemins de paix.
Le Général Trinquand identifie les axes et les lieux qui font la géopolitique de notre monde. Des frontières qui permettent - ou freinent - la liberté de circulation ; aux routes qui sont des lieux de conflits (route sahélo-saharienne qui permet tous les trafics, les routes migratoires dans les Amériques, la route de la soie qui cristallise les rivalités entre la Chine, le Japon et l’Inde) ; en passant par les nouvelles routes de la guerre telles que les pôles, le cyberespace et l’espace, le Général Trinquand nous donne à voir une cartographie ultra détaillée de la planète et des crises et enjeux que chaque pays va avoir à gérer dans les prochaines années.
. Enrico Letta, Des idées nouvelles pour l’Europe - Avec les femmes et les hommes qui la font, Paris, Odile Jacob, octobre 2024.
Qui se sent européen ? Quel avenir peut nous offrir l’Union européenne ? Enrico Letta a sillonné soixante-cinq villes dans les vingt-sept États membres, à la rencontre des femmes et des hommes qui vivent la dimension européenne au quotidien dans leur activité économique, politique, académique…
Les points de vue divergent pourtant un consensus émerge : « L’Europe est imparfaite, mais elle est irremplaçable. »
En hommage à Jacques Delors, ce carnet de bord d’un Européen passionné nous fait prendre conscience de l’ampleur des accomplissements et des possibles nés du marché unique depuis plus de trente ans. Le rêve de paix et de prospérité des fondateurs a profondément transformé notre continent.
Aujourd’hui, l’Union européenne se fraie un chemin dans un monde de conflits géopolitiques. L’objectif de ce livre est de réinventer le fonctionnement des institutions après les élargissements, d’approfondir le marché unique pour accélérer la transition énergétique, l’innovation et la réindustrialisation, de consolider le bloc européen face à l’impérialisme de Poutine. De nouvelles idées et des propositions concrètes pour donner un nouveau souffle au projet européen.
. Jean-Eric Branaa, Kamala Harris : L’Amérique du futur, Paris, Nouveau Monde, septembre 2024.
Kamala Harris est le phénomène qui bouscule les États-Unis : suite au retrait de Joe Biden, elle est devenue en quelques heures la candidate démocrate à la présidentielle américaine, chargée de faire barrage à D. Trump.
Comme Barack Obama, à qui elle est souvent comparée, elle n’a jamais voulu se contenter d’un second rôle. Mais elle a longtemps dû rester discrète.
D’origine indienne par sa mère et jamaïcaine par son père, bercée dans sa jeunesse californienne par le mouvement des droits civiques, la vice-présidente semble incarner l’Amérique du futur. Mais elle est aussi une politicienne à poigne, parfois difficile à situer. La gauche du parti démocrate lui reprochait d’être trop à droite ; Donald Trump la qualifiait de gauchiste radicale. Ses détracteurs concluaient qu’elle était opportuniste. Toutefois, tous s’accordent sur un point : elle ne flanche jamais – une réputation qu’elle a acquise durant ses années en tant que procureure en Californie.
Cette biographie mise à jour nous fait découvrir les racines et la vie privée de Kamala Harris. Une femme pour qui la famille a toujours été fondamentale et dont les valeurs reçues enfant ont guidé toute sa carrière. Quelle sera son action dans une Amérique post-Biden, post-MeToo, post-Trump ?
Spécialiste de la vie politique des États-Unis, Jean-Éric Branaa brosse un portrait fouillé et inédit de celle qui fut longtemps sous-estimée, avant d’arriver au seuil du pouvoir suprême de la première puissance mondiale.
. Emilie Aubry, Frank Tétart, Le dessous des cartes - La puissance et la mer, Paris, Tallandier, septembre 2024.
« C’est par la mer qu’il convient de commencer toute géographie », écrivait Michelet. La mer fascine les hommes qui cherchent à la maîtriser, car elle constitue un atout de puissance depuis des millénaires. Mais elle est aussi le théâtre des guerres du XXIe siècle : de la mer Noire, l’un des fronts de la guerre déclenchée par la Russie contre l’Ukraine, à la mer Rouge, où les Houthis du Yémen perturbent le commerce international, dans le contexte de la guerre Hamas-Israël. Il faut aussi plonger 20000 lieues sous les mers : là se joue la guerre invisible de l’information, puisque 98 % de nos échanges numériques passent par des câbles sous-marins, avec l’intérêt stratégique évident qui découle du contrôle de ces liaisons. Enfin, les océans du monde, où transitent 90 % du commerce mondial, sont devenus le cadre privilégié du duel sino-américain. En colonisant notamment des îlots en Asie Pacifique, la Chine réécrit le droit international à sa guise, afin de s’imposer en nouvelle impératrice des mers.
. François Heisbourg, Un monde sans l’Amérique, Paris, Odile Jacob, septembre 2024.
Les élections américaines de novembre 2024 conduiront en toute hypothèse à une Amérique diminuée, tant du fait de la polarisation extrême de la société que de la montée en puissance des autres grands acteurs sur la scène internationale comme de l’aggravation des défis planétaires. Il y aura moins d’Amérique dans les années qui viennent quel(le) que soit le(a) candidat(e) élu(e).
Dans un système mondial lui-même en voie de fracturation et de brutalisation, l’Europe et l’Asie-Pacifique confrontées aux entreprises hégémoniques des puissances autocratiques, l’Afrique et le Moyen-Orient balkanisés, seront profondément impactés par une Amérique rétrécie. Tout comme le sera la manière dont sont abordés les défis planétaires qui menacent l’avenir de l’humanité – changement climatique sans encadrement multilatéral, prolifération nucléaire relancée par l’affaiblissement des systèmes d’alliance américano-centrés, et désormais conséquences potentielles de l’intelligence artificielle sans gouvernance.
Les vieilles idées gaullo-mitterrandiennes sur un monde multipolaire et l’Europe puissance et leurs versions macronniennes – l’autonomie stratégique européenne ou la puissance d’équilibres (sic) – ne sont pas contredites par cette nouvelle donne. Mais elles risquent d’être "hors sujet" tant notre pays et notre continent paraissent peu à même de porter des projets qui satisfaisaient d’abord le principe de plaisir à l’ombre protectrice du bouclier Euro-Atlantique.
Dans ce monde sans l’Amérique, la capacité de peser passera par la redécouverte des vertus d’agilité et de fiabilité dont avaient su faire preuve certains de nos hommes d’Etat à des époques où le monde était aussi chaotique et impitoyablement concurrentiel que l’actuel. Faudra-t-il que la France et l’Europe redécouvrent François 1er ou Richelieu ?
. Ladji Karamoko Ouattara, Le Sahel : Enjeux géopolitiques et stratégiques au XXIème siècle, Paris, Karthala, octobre 2024.
En ce début de XXIè siècle, le Sahel est bouleversé par de nombreux enjeux socio-politiques, sécuritaires, économiques, écologiques, démographiques, migratoires, alimentaires, sanitaires, et énergétiques, accentués par la mondialisation et les tensions géopolitiques globales contemporaines, marquée par l’émergence de nouveaux acteurs. Rédigé par des spécialistes majeurs travaillant au plus près du terrain, ce livre offre des éclairages nouveaux, des données inédites et formule des recommandations concrètes pour analyser la situation et comprendre les perspectives futures pour les pays du Sahel.
. Nicolas Moinet, De la compétition à l’affrontement, Paris, VA Editions, novembre 2024.
Loin des projecteurs, une guerre sans merci se joue. Multinationales et États s’affrontent pour dominer, manipuler et imposer leurs règles. Espionnage, prédation économique, manœuvres d’influence… Ce livre vous plonge au cœur de ces luttes invisibles, où les enjeux sont colossaux et les perdants rarement visibles.
Ce n’est plus une simple compétition, mais un véritable champ de bataille où chaque décision compte, où les alliances se font et se défont dans l’ombre. À travers des analyses percutantes et des études de cas incisives, cet ouvrage expose les stratégies cachées et les batailles secrètes qui redéfinissent la souveraineté économique.
Nicolas Moinet, Professeur des Universités, est l’un des meilleurs experts français des questions de guerre économique. Il signe avec cet ouvrage de la série des « Sentiers de la guerre économique » un manifeste puissant qui nous invite à repenser la manière dont se livrent aujourd’hui les vrais combats, loin des guerres chaudes.
. Valérie Becquet, Paolo Stuppia, Géopolitique de la jeunesse : Engagement et (dé)mobilisations, Paris, Cavalier Bleu Editions, septembre 2024.
Si le « moment 68 » a constitué une grille de lecture à l’origine de l’image mythique du « jeune engagé », les mobilisations actuelles de la jeunesse revêtent des formes différentes, entre incertitudes futures et luttes au présent. Dans un contexte de mondialisation, les actions pour le climat, les mobilisations LGBTQI+, le mouve¬ment iranien « Femme Vie Liberté » ou ceux de défense des conditions d’étude, témoignent tous d’une dynamique plurielle. En parallèle, l’engagement des jeunes est devenu une préoccupation pour les pouvoirs publics entraînant la création d’une diversité de dispositifs censés le ¬favoriser. Au travers de nombreux exemples, Valérie Becquet et Paolo ¬Stuppia en analysent les ressorts et dressent ainsi une géopolitique de la jeunesse d’aujourd’hui.
. Benoît Durieux, Guillaume Lasconjarias, L’Année de la Défense Nationale 2025 - Ruptures stratégiques, quels enjeux pour la France et pour l’Europe ?, Paris, La documentation française, septembre 2024.
L’extension de la conflictualité en Europe et au Moyen-Orient, avec la guerre d’Ukraine et le conflit à Gaza, met en lumière les fragilités du système multilatéral hérité de la Deuxième Guerre mondiale. La hausse tendancielle des budgets de défense dans le monde, l’avènement de nouvelles technologies et les conséquences des conflits sur les sociétés et les citoyens renforcent la nécessité d’une approche lucide et transverse des questions de défense et de sécurité.
Pour sa deuxième édition, l’Année de la Défense Nationale donne à nouveau la parole à des experts, militaires et civils, qui éclairent d’une plume précise les grands enjeux géopolitiques sur une année calendaire.
. Clotilde Champeyrache, Géopolitique des mafias : Entre expansion économique et conquête territoriale, Paris, Cavalier Bleu, novembre 2024.
S’appuyant d’abord sur le contrôle d’un territoire puis sur une extension tentaculaire à l’échelle de la planète, les mafias dessinent une géographie singulière avec ses lieux et ses ancrages. Elles s’affranchissent des frontières réelles ou symboliques, entre légal et illégal, exploitent la mondialisation des trafics et la fragmentation des espaces politiques, et accroissent ainsi un rayonnement international dans lequel les diasporas jouent un rôle certain. Une géopolitique des mafias a donc tout son sens pour comprendre que les mécanismes de conquête des territoires et des populations vont bien au-delà de ceux d’une organisation criminelle « classique ». Ceci est d’autant plus crucial que l’enjeu des années à venir sera de lutter contre cette expansion territoriale, l’histoire ayant montré qu’aucun pays n’a su extirper la mafia une fois celle-ci implantée sur son territoire.
. Nicolas Mazzuchi, La confrontation en mer : L’avenir de la stratégie navale, Paris, Editions du Rocher, novembre 2024.
Sous nos yeux, l’échiquier mondial se fracture. Les bouleversements géopolitiques rendent de nouveau crédible l’hypothèse d’un conflit entre les principales puissances mondiales. Sur terre. Et sur les mers. Attaques de navires occidentaux par les missiles des Houthis le long des côtes de la mer Rouge, montée en puissance phénoménale de la Marine chinoise, présence accrue des sous-marins russes aux abords de l’Europe... Les espaces maritimes et océaniques, que l’on avait pris l’habitude de considérer comme des domaines internationaux relativement sanctuarisés depuis la fin de la Guerre froide, sont de nouveau des territoires de conflictualité potentielle. Dans le même temps, la crise du Covid a remis en lumière l’exposition de nos économies aux routes maritimes, que cela concerne le réseau mondial des câbles internet ou le transport des marchandises.
Satellites, aéronefs, navires de surface, sous-marins et drones : alors que se referme définitivement l’ère des dividendes de la paix, les principaux acteurs de l’échiquier international développent à marche forcée des outils navals puissants, et cherchent à maîtriser un panel de missions complexes, allant de la protection des ressources à la dissuasion nucléaire. Cet ouvrage, qui croise les évolutions stratégiques et doctrinales des trente dernières années avec le rôle que tiennent les nouvelles technologies, permet de comprendre ce qui se joue actuellement, de l’espace extra-atmosphérique jusqu’aux fonds marins, en passant par le retour potentiel du combat de surface.
. Remi Noyon, Marine Deguglielmo, Le grand retournement : Comment la géo-ingénierie s’infiltre dans les politiques climatiques, Paris, Les Liens qui Libèrent, octobre 2024.
Et si, après avoir déréglé le climat jusqu’à menacer l’habitabilité de notre planète, nous entreprenions d’en prendre le contrôle ? Et si, plutôt que de changer nos habitudes, de s’en prendre frontalement aux intérêts fossiles, nous poussions encore plus loin notre « aménagement » du système Terre ?
. Thomas Flichy De La Neuville, Atlas géopolitique de l’économie sous-terraine, Paris, Balland, novembre 2024.
Cet Atlas géopolitique de l’économie sous-terraine faite par Thomas Flichy comprend une introduction et 67 cartes en couleur un cartouche de commentaire lié à chaque carte. Derrière l’artifice des frontières étanches et du contrôle des marchands par le droit, l’économie souterraine représente une clef géopolitique de premier ordre. D’où l’intérêt d’en esquisser les contours, d’en définir les places fortes, les colonies et les flux invisibles. Qu’entend-on par économie souterraine ? Comment l’identifier ? Comment la quantifier ? Ce phénomène macroéconomique est invisible, agissant hors de toute comptabilité nationale. Même si l’économie souterraine prend la forme apparente de trafics locaux, ces derniers s’inscrivent le plus souvent dans une logique géopolitique continentale. L’exemple du trafic de stupéfiants est très parlant à cet égard. La mise à nu de certains trafics permet de modéliser une partie de l’économie souterraine. il y a bien longtemps que les Empires utilisent les mafias à des fins qui leurs sont propres. Il n’est donc pas rare que les trafics clandestins soient instrumentalisés à des fins géopolitiques particulières par les puissances qui en orientent les flux afin de déstabiliser l’adversaire.
. Yuval Noah Harari, Nexus, Paris, Albin Michel, septembre 2024.
Les histoires nous ont réunis. Les livres ont diffusé nos idées et nos mythologies. Internet nous a promis le savoir infini. Les algorithmes ont découvert nos secrets - et nous ont divisés. Quel monde nous promet l’IA ? Depuis cent mille ans, nous, les Sapiens, avons acquis un gigantesque pouvoir. Mais malgré nos découvertes, inventions et conquêtes, nous sommes aujourd’hui confrontés à une crise existentielle inédite. Le monde est au bord de l’effondrement écologique. Les tensions politiques se multiplient. La désinformation abonde. Et nous entrons de plain-pied dans l’ère de l’IA, un réseau d’information qui sera bientôt capable de nous dominer.
Avec ce nouvel ouvrage, Yuval Noah Harari, l’auteur du best-seller mondial Sapiens, revisite l’histoire de l’humanité pour comprendre comment les réseaux d’information ont fait et défait notre monde. Il aborde les choix cruciaux auxquels nous sommes - et serons - confrontés, au moment où l’IA révolutionne la médecine, la guerre, les démocraties, et menace notre existence même.
Nexus est un livre capital pour comprendre comment, en faisant des choix éclairés, il nous est encore possible d’empêcher le pire.
. Eric Storm, Nationalism : A World History, New Jersey, Princeton University Press, octobre 2024.
La recrudescence actuelle du nationalisme à travers le monde nous rappelle que nous ne vivons pas dans un monde sans frontières. Eric Storm éclaire les mouvements nationalistes contemporains en explorant l’évolution globale du nationalisme, depuis la naissance de l’État-nation au XVIIIe siècle jusqu’au renouveau des idées nationalistes à l’heure actuelle.
Il montre comment le nationalisme influence les arts et les sciences humaines, en cartographiant sa diffusion par le biais des journaux, de la télévision et des médias sociaux. Le sport et le tourisme ont également contribué à façonner un monde de nations distinctes, chacune ayant son propre caractère, ses propres héros et ses propres faits marquants. Le nationalisme sature l’environnement physique, non seulement sous la forme de musées nationaux et de statues patriotiques, mais aussi dans les efforts déployés pour préserver le patrimoine culturel, créer des parcs nationaux, inventer des plats et des boissons ethniques, promouvoir des pratiques de construction traditionnelles et cultiver des plantes indigènes. Le nationalisme a même été utilisé pour vendre des voitures, des meubles et des articles de mode.
En retraçant ces tendances d’un pays à l’autre, Eric Storm montre que les moments décisifs du nationalisme ont eu lieu à l’échelle mondiale. Il affirme que l’émergence de nouveaux États-nations a été largement déterminée par des changements dans le contexte international, que les relations entre les États-nations et leurs citoyens se sont largement développées selon des modèles mondiaux et que les tendances intellectuelles mondiales ont influencé la nationalisation de la culture et de l’environnement.
. Frédéric Lasserre, Géopolitique des pôles : Vers une appropriation des espaces polaires ?, Paris, Cavalier Bleu, novembre 2024.
Les régions polaires sont engagées dans un processus de changements climatiques majeurs qui font redouter une cristallisation des rivalités pour l’accès aux richesses minières et énergétiques, ainsi qu’aux nouvelles routes maritimes dégagées par la fonte de la banquise. Ainsi, serions-nous à l’aube d’une nouvelle guerre froide, voire d’un conflit armé. Or, une analyse précise de la situation et des acteurs en présence montre que ces scénarios-catastrophes sont grandement exagérés. Plutôt que l’affirmation de la souveraineté individuelle des États, on assiste en effet à la mise en place d’une coopération au travers de traités internationaux spécifiques et d’instances de dialogue. Car l’enjeu est avant tout de gérer les impacts dévastateurs des changements climatiques au regard desquels la question de savoir à qui appartiennent les pôles semble bien dérisoire...
. Jean-Sylvestre Mongrenier, Géopolitique de la Russie, Paris, Que sais-je ?, novembre 2024.
Parce qu’elle s’étend de l’Est européen à l’océan Pacifique, la Russie est à la croisée des grandes aires géopolitiques mondiales. Au sud, le Moyen-Orient est perçu comme un arc de crise en proie à l’islamisme, dont les contrecoups se répercutent dans le Caucase, en Asie centrale et dans les républiques musulmanes de la Volga. Au nord, l’océan Arctique semble retrouver la valeur géostratégique qui était la sienne pendant la guerre froide. À cette immensité répondent les ambitions du pouvoir russe. Son projet ? Redonner à la Russie un statut de puissance mondiale, en opposition à l’Occident. Expliquer la géopolitique vue de Moscou, montrer son enracinement dans l’histoire, éclairer les implications de ces conceptions et leurs modalités pratiques en analysant l’évolution des politiques russes, tel est l’objectif de cet ouvrage.
. Sébastien Lecornu, Vers la guerre ? Paris, Plon, octobre 2024.
Une analyse sans concession de la place de la France sur l’échiquier géopolitique mondial par le ministre des Armées, Sébastien Lecornu.
Terrorisme, prolifération nucléaire, compétition débridée entre les États, réémergence d’une logique de blocs, guerre aux portes de l’Europe, routes maritimes contestées, militarisation de l’espace, depuis quelques années, les crises régionales et internationales se cumulent à un rythme inquiétant.
Jamais, depuis la fin de la guerre froide, notre sécurité collective n’a été à ce point remise en question. Le moment que nous vivons, loin de constituer une simple parenthèse, est le signe d’une rupture stratégique profonde. Dans un monde complexe où nos repères géopolitiques ont brutalement évolué, nos concitoyens pressentent instinctivement le danger.
Sommes-nous préparés à l’affronter ? Quelles sont nos capacités militaires et industrielles ? À quoi sert l’argent public investi dans notre défense nationale ? Notre société est-elle prête à faire les sacrifices nécessaires pour assurer son réarmement ? Que pouvons-nous attendre de nos alliés ? Quels scénarios devons-nous redouter ? D’où viennent précisément les menaces ?
Des questions vitales auxquelles Sébastien Lecornu, nommé ministre des Armées en 2022 par Emmanuel Macron, apporte ici des réponses stratégiques, matérielles, morales et politiques, en se référant au modèle gaullien, magistralement mis en œuvre et incarné par Pierre Messmer, pour nous projeter dans l’avenir.
. Stéphane Taillat, De la cybersécurité en Amérique : Puissance et vulnérabilités à l’ère numérique, Paris, PUF, octobre 2024.
Les enjeux de cybersécurité aux États-Unis sont devenus une dimension centrale du contexte de la rivalité avec la Chine. La politique de l’administration Biden révèle ainsi le caractère paradoxal de la puissance étatsunienne dans le cyberespace : elle dispose d’atouts pour son déploiement à l’échelle globale, mais peine à organiser la sécurisation de son propre espace numérique. S’appuyant sur un vaste corpus empirique et mobilisant un champ interdisciplinaire, cet ouvrage souligne les tensions entre une culture stratégique de sécurité nationale valorisant la construction d’un vaste dispositif offensif, et des modalités complexes d’organisation de la puissance étatique expliquant les difficultés à structurer un volet défensif. Une synthèse inédite sur les enjeux numériques actuels aux États-Unis, qu’ils soient politiques, militaires, diplomatiques, et surtout économiques.
. Raoul Delcorde, La médiation diplomatique internationale, Coll. L’Académie en poche, Belgique, Bruxelles, Académie royale de Belgique, 2024.
La médiation diplomatique est la recherche active d’un règlement négocié d’un conflit international par une tierce partie impartiale. Il existe des médiateurs de toutes formes, seuls ou en groupe. Les attributs du médiateur idéal varient en fonction de la nature du conflit en question. On assiste aujourd’hui à une prolifération d’initiatives de médiation en lien avec les stratégies de sortie de crise ou de conflit. Quelles leçons tirer des médiations réussies ou de celles qui ont échoué ? Comment interagissent les différents acteurs de la médiation ? Dans ce livre, nous examinerons différentes stratégies et tentatives de médiation diplomatique dans les conflits internationaux. Et nous terminerons par le portrait de trois médiateurs de talent.
Raoul Delcorde est ambassadeur (honoraire) de Belgique et membre de l’Académie royale de Belgique. Titulaire d’un doctorat en sciences politiques, il est professeur invité à l’UCLouvain. Son dernier ouvrage portait sur la négociation diplomatique internationale. Il est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages dont Le métier de diplomate et Diplomatie et politique étrangère à l’heure de la mondialisation, parus dans "L’Académie en poche".
. Anne Doustaly, Dico-Atlas de Géopolitique. 100 notions pour comprendre les enjeux du monde contemporain, Belin éducation, 2024.
Le Dico-Atlas de géopolitique est un ouvrage de référence accessible et synthétique pour les lycéens ayant choisi la spécialité HGGSP (Histoire-Géographie Géopolitique Sciences politiques), les étudiants du supérieur (classes préparatoires, université, écoles de management…) et le grand public curieux. Construit autour des 100 notions essentielles de la géopolitique, il permet de décrypter efficacement les enjeux du monde contemporain.
L’ouvrage propose pour chaque notion : une définition suivie d’une analyse concise, deux ou trois dates clés, les principaux penseurs ou acteurs, une citation emblématique, un schéma facilitant la mémorisation et une mise en relation avec des enjeux du monde contemporain. Les notions fondamentales sont illustrées de cartes pleines pages en couleurs afin d’étudier ces phénomènes d’un point de vue géographique.
Le Dico-Atlas de géopolitique est un outil facile d’utilisation pour réviser les épreuves écrites de la spécialité HGGSP et préparer le Grand Oral. Riche et synthétique, il aidera également les étudiants du supérieur préparant des concours et des examens.
. Aude de Kerros, Art contemporain. Manipulation et géopolitique. Chronique d’une domination culturelle, éd. Eyrolle Poche
Le xxie siècle a fait de l’Art contemporain un acteur incontournable des relations internationales. Véhicule privilégié du soft power, il constitue un moyen d’influence au service du rayonnement des grandes puissances. Aude de Kerros analyse les liens entre création artistique et géopolitique, de 1945 à nos jours. Elle décrit notamment avec précision les événements marquants de la dernière décennie et leurs conséquences : la mondialisation des transactions, la transparence du marché de l’art - dévoilé par les nouvelles technologies de l’information -, l’entrée sur le marché du monde non occidental, toutes choses troublant l’ordre établi et défiant les prédictions d’une uniformisation pacifique et rentable de l’art par le monde occidental. Cet ouvrage très documenté produit une réflexion vivante : il souligne l’évolution des méthodes d’influence des différentes puissances tout en décrivant la construction du système international de l’art, parvenu au contrôle complet du marché, mais aussi le processus de son dépérissement, dû à l’enfermement.
C’est d’un nouveau monde de l’art dont il est question, aux contours inédits.
. Adeline Blaszkiewicz-Maison, Albert Thomas. Une histoire du réformisme social, Paris, PUF, octobre 2024.
Homme politique majeur de la IIIe République, Albert Thomas (1878 1932) est resté dans l’ombre de personnalités comme Jean Jaurès ou Léon Blum. Il faut dire que l’homme a des positions qui le placent en marge du mouvement socialiste, dont il se revendique pourtant jusqu’à son dernier souffle.
Ouvertement réformiste quand le marxisme révolutionnaire s’impose dans la gauche française, ministre de l’Armement pendant la Première Guerre mondiale au moment où la gauche européenne renoue avec le pacifisme, il devient aux yeux des socialistes et des communistes le « ministre des obus » et le fossoyeur de l’idéal de paix. Opposé à la Révolution russe de 1917, il défend un socialisme républicain, convaincu de l’importance de la voie législative et du dialogue social pour changer le monde. Premier directeur du Bureau international du travail, il est un ardent défenseur de la régulation du capitalisme par l’instauration d’un code du travail mondial.
Appuyé sur des archives inédites et variées, cet ouvrage retrace le parcours de ce précurseur de la social-démocratie à la française, et offre une plongée passionnante dans l’histoire de la IIIe République et dans celle des internationalismes du début du XXe siècle.
. Alain Ruscio, La première guerre d’Algérie. Une histoire de conquête et de résistance, 1830-1852, Paris, La Découverte, octobre 2024.
La « première guerre d’Algérie » commença le 14 juin 1830 à 4 heures du matin, lorsque le premier soldat français posa le pied à Sidi-Ferruch. Les conquérants furent d’emblée confrontés à une force de résistance qu’ils n’avaient pas imaginée, dont la figure emblématique reste l’émir Abd el-Kader. S’ensuivirent deux décennies d’affrontements d’une intensité et d’une violence extrêmes.
Le maréchal Bugeaud et bien d’autres officiers appliquèrent et souvent amplifièrent sur le terrain la politique répressive décidée à Paris par François Guizot, Adolphe Thiers, Jean-de-Dieu Soult, etc. Par milliers, les Algériennes et les Algériens furent humiliés, spoliés, déplacés, enfumés, massacrés, décapités… En 1852, Hugo décrivait cette armée française, « faite féroce par l’Algérie ». Pourtant, cette politique de terreur fut approuvée et même justifiée par de grands intellectuels de l’époque, comme Tocqueville et Lamartine. D’autres, très minoritaires, dénoncèrent la conquête, au nom de critères plus pragmatiques qu’éthiques ou politiques.
Prélude à cent trente-deux années de présence française, la conquête de l’Algérie constitue un moment décisif dans l’émergence de l’esprit colonial – et racial – qui marqua durablement la société hexagonale, et produit encore aujourd’hui ses effets délétères.
. Amélie Ferey, Les mots, armes d’une nouvelle guerre ?, Paris, Le Robert, octobre 2024.
Le décryptage du poids des discours dans les conflits contemporains, leurs enjeux, leurs impacts.La langue et les mots sont un enjeu clé des conflits contemporains. La communication et l’information sont en effet devenues des domaines d’opérations militaires à part entière.
À l’aide de nombreux exemples issus du conflit entre la Russie et l’Ukraine, Amélie Férey décrypte les différents discours qui s’affrontent, leurs enjeux et leurs impacts, et pose plusieurs questions décisives : quels discours sont utilisés pour légitimer une guerre ? Comment les relais d’influence (réseaux sociaux, médias, téléphones portables, satellites…) diffusent-ils ces discours ? Qui et que croire dans le contexte de désinformation qui est le nôtre ?
. Odd Arne Westad et Jian Chen, The Great Transformation. China’s Road from Revolution to Reform, New Haven, Yale UP, octobre 2024.
Odd Arne Westad et Chen Jian racontent comment une Chine appauvrie et terrorisée a connu des changements politiques radicaux au cours des longues années 1970 et comment les gens ordinaires se sont libérés des croyances qui avaient façonné leur vie pendant la révolution culturelle de Mao. Ces changements, ainsi que la croissance économique soutenue et sans précédent qui a suivi, ont transformé la Chine et le monde.
Ils dressent un panorama des catastrophes et des progrès en Chine et décrivent l’ouverture progressive du pays au monde, les jeux de pouvoir à une époque où les dirigeants étaient âgés et malades, la rébellion du peuple contre l’ancien système gouvernemental et le rôle de personnages improbables : les capitalistes chinois d’outre-mer, les ingénieurs américains, les professeurs japonais et les designers allemands. C’est l’histoire d’un changement révolutionnaire que ni les étrangers ni les Chinois eux-mêmes n’auraient pu prédire.
. Xosé Fortes, En la piel de los héroes. Una conspiración democrática en el ejército franquista, Barcelone, Tusquets, octobre 2024.
Au début des années 1970, l’armée espagnole était imperméable à l’aspiration à la liberté et à la démocratie qui s’exprimait déjà dans de larges pans de la société et apparaissait comme un bastion invincible de la dictature et de la répression. Malgré cela, une petite minorité d’officiers, dont le capitaine d’infanterie Xosé Fortes, ont défié leurs supérieurs en fondant l’Unión Militar Democrática (UMD) en septembre 1974.
Ce livre raconte comment ce groupe de soldats, encouragé par le triomphe, quelques mois plus tôt, de la révolution des œillets au Portugal, a risqué sa carrière et sa liberté pour introduire les idéaux démocratiques dans les forces armées et défendre les principes de la souveraineté populaire et les valeurs d’une société progressiste.
Dénoncés, arrêtés et condamnés à de lourdes peines pour incitation à la rébellion, les membres de l’UMD ont encore eu la force de dénoncer et de mettre en garde contre la menace grandissante d’un coup d’État militaire au début de la Transition. Ce n’est qu’avec le temps que ces véritables héros ont été un tant soit peu réhabilités et honorés à juste titre par la démocratie espagnole qu’ils ont tant contribué à consolider.
. Yves Bonati, Les Assassins d’Alamut - Les dessous d’une politique de la terreur, Paris, Armand Colin, septembre 2024.
En 1090, un jeune Iranien du nom de Hasan Sabbh trouve refuge dans la forteresse d’Alamût et y fonde l’un des Ordres les plus énigmatiques du Moyen Âge : les Assassins. Présentés par leurs ennemis comme de fanatiques meurtriers, ces derniers auraient fait régner la terreur au Moyen-Orient, aussi bien en Perse qu’en Syrie, durant près de deux siècles.
Pour lire la réalité derrière le mythe, Yves Bomati interroge les sources occidentales et iraniennes et révèle le fonctionnement de cet Ordre médiéval à la discipline implacable, lié par une culture du secret, une doctrine ésotérique aux hautes valeurs morales et une volonté farouche de défier ses contempteurs.
Dans un Moyen-Orient sous tensions, les Assassins se heurtèrent aux assauts répétés des empires concurrents – les Turcs seldjoukides ou encore les Mongols de Gengis Khan – ainsi qu’aux velléités des Croisés qui, dès 1095, poussèrent à la constitution des États latins d’Orient et au contrôle de la Terre sainte.
Portant un regard neuf tant sur les plans historique, politique que religieux, Yves Bomati éclaire les dessous trop méconnus de cet Ordre ismaélien qui, à partir de sa chute en 1256, a survécu dans la clandestinité et continue d’exister aujourd’hui dans les actions de ses héritiers spirituels directs, les Aga Khans.
. Régis Genté, Notre homme à Washington. Trump dans la main des Russes, éd. Grasset, 2024
Le 5 novembre 2024, Donald Trump sera de nouveau candidat à la présidence des Etats-Unis. Or il semblerait que l’homme soit depuis des décennies sous l’influence de Moscou. La première puissance occidentale sera-t-elle bientôt dirigée par un président « tenu » par une Russie en plein bras de fer avec l’Occident ?
Dans les années 1970, le KGB constate son retard dans le recrutement de sources. Aux Etats-Unis, il repère puis cultive un jeune développeur immobilier new yorkais ambitieux et sans scrupules : Donald Trump. Une cible toute désignée pour en faire un agent d’influence, objectif probablement atteint lors d’un premier voyage à Moscou, en 1987. A son retour, Trump prend des positions publiques critiquant l’OTAN, tout à fait dans la ligne du Kremlin.
Les services russes lui apportent des soutiens financiers discrets mais salutaires, par une ribambelle de mafieux soviétiques, d’espions et d’oligarques. Tous soutiennent Trump, souvent sans que l’intéressé comprenne les raisons de cette sollicitude. A chaque fois qu’il frôle la faillite, de généreux mafieux achètent des appartements dans ses Trump Towers ou investissent dans ses projets immobiliers. Ces sauvetages occultes laissent des traces d’argent russe, notamment à travers le rôle trouble de la Deutsche Bank.
L’incroyable campagne électorale de 2016 confirme les soupçons d’accointance du candidat avec le Kremlin : membres de son entourage en contact étroit avec les Russes, financements douteux, plus-value de 56 millions de dollars sur la vente de sa demeure à Palm Beach à l’oligarque Dmitry Rybolovlev, piratage de milliers d’emails de la candidate Hillary Clinton, etc. De fait, le président Trump se montre conciliant avec Moscou : il flatte Poutine, réitère sa volonté d’anéantir l’OTAN, prend des positions illibérales… La campagne actuelle va dans le même sens, Trump se déclarant prêt à cesser tout soutien à l’Ukraine.
A travers de solides recherches documentaires et des interviews sur le terrain, Régis Genté passe au crible les nombreux indices qui tendent à prouver que Trump est l’homme des Russes. Avec son élection, Poutine peut espérer l’arrêt du soutien américain à Kiev. Il en découlerait une victoire russe en Ukraine aux conséquences incalculables pour le monde libre. Si Trump est l’homme des Russes, il pourrait bien être le fossoyeur de l’Occident démocratique.
. Delphine Allès et Christophe Jaffrelot (dir.), L’Indo-Pacifique, Presses de SciencesPo, 2024
Cartes et données à l’appui, cet ouvrage propose, au fil des contributions, une synthèse inédite d’analyses sur une zone devenue un enjeu mondial : l’Indo-Pacifique.
Formulée pour la première fois en 2007 pour souligner la convergence des intérêts indiens et japonais en matière de sécurité maritime, la notion d’Indo-Pacifique s’est imposée en une petite décennie à l’agenda international. Elle structure les discours politiques et stratégiques de la plupart des États interagissant dans cette zone et, au-delà, fait l’objet de définitions concurrentes, de réinventions et de contestations. Elle agit comme un révélateur géopolitique : chaque acteur semble projeter à travers elle sa conception du monde.
Cartes et données à l’appui, cet ouvrage propose, au fil des contributions, une synthèse inédite d’analyses sur une zone devenue un enjeu mondial.
Coréalisée par le CERI et les Presses de Sciences Po, la collection « L’Enjeu mondial » propose les analyses de spécialistes illustrées de façon claire et pédagogique par des cartes et des graphiques en couleurs, et enrichies des données les plus récentes.
. Pierre-Antoine Donnet, Chine, l’empire des illusions, éd. Saint Simon, 2024.
Depuis son arrivée au pouvoir en 1949, le parti communiste chinois n’a cessé de se perfectionner dans les domaines du contrôle de sa population et de l’espionnage. Pékin entend surpasser la puissance américaine.
Son objectif secret est celui de son maître du moment, Xi Jinping. À l’esprit de discrétion voulu par Deng Xiaoping lorsqu’il avait lancé les réformes économiques en 1978 a succédé celui de la conquête et de l’arrogance.
L’Occident a longtemps fait preuve de naïveté. Il pensait qu’avec son ouverture au commerce international, la Chine finirait par se démocratiser. Mais elle a emprunté la voie inverse : l’absolutisme. Pour combien de temps ? La situation à l’intérieur du pays se dégrade. Le conflit avec Taïwan s’envenime. Sa jeunesse ne croit plus aux promesses du Parti et devient son principal ennemi.
Pierre-Antoine Donnet, ancien rédacteur en chef central de l’Agence France-Presse et correspondant à Pékin, Tokyo et New York, est un expert reconnu de la Chine.
. Jean Radvanyi et Marlène Laruelle, L’Arctique russe, un nouveau front stratégique, éd. L’inventaire, 2024.
En quelques années, réchauffement climatique aidant, l’Arctique est devenu un enjeu stratégique majeur convoité par de nombreux acteurs. Parallèlement à la guerre en Ukraine, les régions russes de l’Arctique, la « Route maritime du nord » font partie des priorités du pouvoir russe qui prétend contrôler son espace maritime jusqu’au Pôle.
. Michel Foucher, Conseiller le prince. A la lumière de la géographique politique, éd. L’aube, 2024.
« Alors qu’une histoire proche court vers nous à pas précipités, une histoire lointaine nous accompagne à pas lents », écrit Fernand Braudel dans sa Grammaire des civilisations (1987).
Depuis plusieurs décennies, il arrive à Michel Foucher de conseiller les princes… Avec cet ouvrage, il revient sur des textes qu’il a écrits depuis les années 1980, et en réinterroge le sens à la lumière de l’actualité la plus récente. Ainsi, par exemple, de ce dialogue avec Bronisław Geremek, en 1992, employant les mots « empire » et « colonial » à propos de la Russie… Le lecteur accède donc à cette sélection d’extraits et en suit le cheminement jusqu’à aujourd’hui, dans une lecture critique et diachronique, relevant de l’approche de géographie engagée et pionnière – parce qu’active et politique – de son auteur. Dans le contexte actuel, particulièrement passionnant.
. Vanessa Caru et Christophe Jaffrelot, Histoire de Bombay / Mumbay, éd. Fayard, 2024
Bombay, devenue Mumbai en 1995, est surtout connue en France pour ses conditions catastrophiques de logement et pour son industrie cinématographique florissante, Bollywood.
Au-delà de ces images attendues, Vanessa Caru et Christophe Jaffrelot ont voulu retracer l’histoire de cette cité devenue, depuis le XIXe siècle, la capitale économique de l’Inde ainsi que la ville la plus peuplée du pays, attirant migrants et migrantes à la recherche d’une vie meilleure.
De port inséré dans de multiples réseaux commerciaux, elle s’est mue en une métropole industrielle et s’est imposée comme un des hauts lieux de la lutte pour l’Indépendance, mais aussi de puissants mouvements sociaux qui visaient à remettre en cause les inégalités de classe et de caste.
Ressaisissant sa trajectoire historique, les auteurs éclairent les défis auxquels la ville est à présent confrontée : la montée de la xénophobie, notamment du nationalisme hindou, l’emprise du crime organisé, les effets de la désindustrialisation ainsi que des dégradations environnementales dont pâtissent au premier chef ses habitantes et habitants les plus précaires.
. Guy Pervillé, Atlas de la guerre d’Algérie. De la conquête à l’indépendance, cartographe : Fabrice Le Goff éd. Autrement, 4e édition, 2024.
Cet atlas, riche de plus de 70 cartes et graphiques, replace les événements dans leur contexte territorial et démographique et présente l’histoire de cette guerre âpre :
La conquête coloniale au XIXᵉ siècle par les Français.
La guerre d’indépendance elle-même (1954-1962).
Les déchirements de la décolonisation.
L’issue du conflit, avec la signature des accords d’Évian le 18 mars 1962.
Les mémoires de la guerre, toujours présentes en Algérie comme en France.
Un atlas indispensable pour qui veut comprendre de manière limpide et synthétique l’histoire de cette guerre et de ses enjeux.
. Hajer Ben Boubaker, Barbès blues. Une histoire populaire de l’immigration maghrébine, éd. Seuil, 2024
"L’histoire, si elle a été dure, n’a pas toujours été triste. Elle raconte des vies qui n’ont pas été cantonnées dans l’étroitesse d’une nation, ou pire encore d’une nationalité. Et alors que tant de choses étaient volontairement orientées vers la laideur, des hommes et des femmes les ont, plus d’une fois, dans un geste collectif, sublimées. J’en tiens toutes ces histoires pour preuve."
En déambulant dans Barbès, Hajer Ben Boubaker raconte les petits détails et les grands événements qui ont fait du quartier la "maison-mère des luttes de l’immigration" et l’une des places fortes de la musique maghrébine.
Dans les cartons d’archives sur le premier quartier algérien dans le 5e arrondissement, dans les voix de vieux messieurs qui racontent l’habitude d’une ville ou dans les souvenirs imprécis de luttes contre le racisme, Barbès Blues ressuscite des personnages, des épopées, des anecdotes et des tragédies. Autant de symboles d’une communauté de destin, l’immigration maghrébine, qui dans un dédale de rues minuscule, s’est construit un monde immense.
Hajer Ben Boubaker est née à Paris et a grandi dans le 18e arrondissement. Chercheuse indépendante et documentariste franco-tunisienne, elle est créatrice du podcast Vintage Arab et a réalisé la série radio « Une histoire du Mouvement des Travailleurs arabes », consacrée à l’organisation militante des années 70 (France Culture ; Prix découverte sonore SCAM 2022). Elle est lauréate du prix Unesco-Sharjah 2023 pour la culture arabe.
. Christelle Calmels, Léonard Colombas-Petteng, Emmanuel Dreyfus, Adrien Estève (dir.), Enquêter en terrain sensible, coll War Studies, éd. Presses Universitaires du Septentrion
La multiplication des entraves à la liberté académique met en exergue l’une des dimensions les plus préoccupantes de la recherche stratégique : les enquêtes sur des terrains « sensibles » peuvent exposer les universitaires à des risques considérables pour leur intégrité physique et morale ; au-delà des défis méthodologiques qu’elles soulèvent.
Cet ouvrage propose de documenter et d’éclairer ces enjeux sous un nouveau jour en rassemblant une vingtaine d’expériences d’enquêtes menées dans des zones de conflits armés, des états autoritaires, ou encore des institutions politico-militaires.
Dans une perspective résolument pluridisciplinaire et inclusive, les auteurs offrent ainsi une vision réflexive sur leurs objets et présentent leurs protocoles de recherche afin de fournir des clés de lecture actualisées de ces terrains « sensibles ».
Par la richesse des expériences qui y sont recensées et comparées, cet ouvrage constitue une contribution majeure et bienvenue au développement des études stratégiques francophones.
. Andreas Kappeler. Russes et Ukrainiens, les frères inégaux. Du Moyen-Âge à nos jours (édition augmentée), Paris, CNRS Éditions, octobre 2023.
27 février 2014 : des unités militaires russes annexent illégalement la Crimée, à la stupeur générale. Quelques jours plus tard, des milices occupent une partie du Donbass, et y proclament la souveraineté de « Républiques Populaires ». Depuis lors, cette confrontation russo-ukrainienne a pris la forme d’une guerre criminelle touchant, en 2022, des milliers de civils et obligeant des millions d’Ukrainiens à fuir les atrocités. Pourtant il y a 30 ans, rien ne pouvait présager d’un tel conflit : la proximité linguistique, religieuse et culturelle, les liens économiques et démographiques, mais aussi, la coexistence parfaitement pacifique entre les deux peuples étaient réels. Comment expliquer cette descente aux enfers ? Quels sont les ressorts historiques de la situation actuelle ?
L’Ukraine est souvent perçue comme un élément de la nation russe, sans langue, culture ou histoire propres. Pourtant ce pays n’est pas apparu soudainement en 1991, il a bien au contraire une longue histoire, qui s’est écrite en partie indépendamment de celle de la Russie. Si l’histoire des deux frères commence au Moyen-Âge dans le « berceau commun » de la Rous’ de Kyiv, héritage que les deux peuples se disputent encore aujourd’hui, elle diffère à partir du XIIIe siècle qui ouvre une longue phase de développement séparé, l’Ukraine étant alors en partie absorbée par le royaume de Pologne-Lituanie. Lui succède l’intégration de la majorité des populations ukrainiennes à l’Empire russe, puis les questions controversées de la politique d’ukraïnisation des années 1920, et de la famine de 1932-33. La volonté d’émancipation du peuple ukrainien de la tutelle russe prend probablement sa source dans ces événements. Revenir sur les interactions, les transferts, et les rencontres entre ces frères inégaux, mais aussi sur les processus de séparation et de distanciation des trajectoires, ainsi que sur les cultures mémorielles et usages politiques différenciés de l’histoire : tel est l’objet de cet ouvrage.
. Auriane Guilbaud, Franck Petiteville, Frédéric Ramel, Crisis of Multilateralism ? Challenges and Resilience. Cham, Palgrave Macmillan, octobre 2023.
This book explores the challenges that multilateralism faces today and questions the idea of a ‘crisis’ of multilateral cooperation and international organizations. It accounts for the pressures on and power shifts in multilateralism in recent years - such as the war in Syria, the Covid-19 pandemic, challenges for NATO, the erosion of multilateral norms, the transition from Trump to Biden, the rise of China, the post-Brexit European Union, and the mobilization of countries from the South. The authors illustrate the resilience of multilateralism and lessons learned from the WTO, UN Women, International Organizations’ Secretariats and global environmental governance. Written in part by members of the Research Group on Multilateral Action (GRAM), this volume argues that ‘crisis’ should not be considered a pathology but the ‘matrix’ of multilateralism, which is more resilient than commonly thought. This book will be of interest to students and scholars of International Relations, global governance, and international organizations.
. Didier Billion, Christophe Ventura, Désoccidentalisation. Repenser l’ordre du monde, Marseille, Éditions Agone, octobre 2023.
L’année 2022 aura ouvert une nouvelle situation internationale, caractérisée par la dimension géopolitique, sanitaire et écologique d’une crise systémique du système-monde, où la guerre d’Ukraine constitue une nouvelle étape.
Les auteurs fondent leur diagnostic sur un rappel des grands conflits et affrontements du siècle dernier, pour comprendre comment on en est arrivés à la situation actuelle : entre nouvelle guerre froide et nouveaux enjeux impérialistes, affirmation des États dits du Sud, restauration de la puissance russe et positionnement central de la Chine face à la fragilisation du modèle démocratique. Leur méthode : analyser l’organisation des relations entre les pouvoirs économiques, financiers, politiques, militaires et technologiques, leurs évolutions au sein de chaque État et société, et entre eux dans le système international.
Le monde serait entré dans une phase de désoccidentalisation, c’est-à-dire d’érosion irréversible des valeurs, de la puissance et de l’influence des pays occidentaux. Certes, mais cela ne suffit pas pour saisir les contradictions à l’œuvre : partout agit une société vivante dont les évolutions sont forgées par des rapports de classe et des luttes internes, en régime démocratique ou autoritaire, au sein des sociétés occidentales comme dans celles du Sud.
L’analyse de ces processus permet de faire émerger des solutions pour une transformation progressiste et coopérative du monde, pour sortir des crises qui caractérisent notre époque.
Dans quelle mesure les peuples pèseront-ils dans ces évolutions en cours ? Une partie de la réponse se trouvera dans leur capacité d’action et de mobilisation à venir.
. Jean-Loup Samaan, New Military Strategies in the Gulf. The Mirage of Autonomy in Saudi Arabia, the UAE and Qatar), Londres, Bloomsbury Publishing, août 2023.
In the last decade, rulers in Gulf regimes have aspired to greater strategic autonomy and distance from the West. Coined the "Gulf moment" by local commentators, this regional trend reflects a redistribution of power in the Arab world. This is the first book to examine the military dimensions of these shifts. Gulf military strategy has prioritised the improvement of local armed forces and the diversification of defence partnerships towards countries such as Russia, Turkey or China. However, this book shows how this has led to the militarisation of Gulf societies, the further erosion of multilateral initiatives - including the Gulf Cooperation Council - and the Gulf’s perilous involvement in the war in Yemen. The book also highlights enduring reliance on the West. Each chapter covers a key aspect of defence policy from governance of armed forces, military education and power projection capabilities to regional security cooperation and lessons from warfighting experiences. Close attention is paid to Saudi Arabia, the United Arab Emirates and Qatar, countries that have enjoyed prominent roles in the region’s security affairs during the last ten years. The research is based on extensive fieldwork and interviews with major decision-makers, officials, and diplomatic and military representatives. It is also uses recently declassified official documents to gain rare insight into what Gulf countries intend for their defence policies.
. Jean-Luc Domenach, Regard sur les mutations du goulag chinois (1949-2022). Paris, Éditions Fayard, octobre 2023.
Trente ans après L’archipel oublié, qui faisait l’histoire du goulag chinois dans ses décennies les plus meurtrières (1949-1971), Jean-Luc Domenach porte son regard d’historien sur les mutations d’un système ayant survécu à l’ouverture économique.
À la différence du goulag soviétique, sur le modèle duquel il fut pensé, le laogai ne s’est pas effondré. Il a suivi les mues du communisme chinois, après les millions de morts durant le Grand Bond en Avant (1958-1961) puis la Révolution culturelle (1966-1971), et abrite désormais davantage de délinquants et moins de détenus politiques. Le laogai est ainsi partie prenante de l’économie nationale. Il continue néanmoins à choquer l’Occident par son entreprise d’écrasement de l’Islam et de la population ouïghoure dans le Xinjiang.
Cet essai indispensable fait entendre des voix qui dessinent moins « la fin de l’homme rouge » que les mutations du communisme chinois et la survie de son archipel du goulag.
. Pierre Bourgeois, Le néoconservatisme américain. La démocratie pour étendard, Paris, PUF, octobre 2023.
Le néoconservatisme américain a été l’objet de nombreuses critiques ces dernières années. On associe à ce courant de pensée la politique étrangère menée par l’administration de George W. Bush au début des années 2000. Ainsi, les néoconservateurs sont le plus souvent considérés comme les responsables du « fiasco » irakien et plus largement, de l’instabilité au Moyen-Orient. En réalité, le néoconservatisme représente un ensemble intellectuel complexe qui, loin de se résumer aux questions internationales et à la période post-11 septembre 2001, occupe une place importante dans le paysage politico-intellectuel états-unien depuis la fin des années 1960. Pour le dire autrement, les idées néoconservatrices comptent et méritent d’être analysées dans leur complexité. C’est l’objectif de cet ouvrage, qui se propose de mettre en lumière la substance idéologique du néoconservatisme, en politique intérieure comme en politique étrangère.
. Baptist Cornabas, Décrypter les grands enjeux géopolitiques du XXIème siècle, Paris, Larousse, octobre 2024.
Pourquoi le conflit israélo-palestinien est-il particulièrement complexe, voire insoluble ? Pourquoi le Moyen-Orient concentre-t-il les guerres et les crises ? En quoi l’Union européenne est-elle aujourd’hui menacée ?
Autant de questions auxquelles il semble difficile de répondre simplement et sans simplifier !
Mais parce que le monde n’a jamais été aussi compliqué, que les frontières d’hier causent les guerres d’aujourd’hui, que des systèmes politiques entiers vacillent, que de petites régions de la planète menacent de faire basculer l’ordre mondial, Baptist Cornabas, créateur de la chaîne Youtube Parlons Ystoire, se frotte à l’exercice… et propose un panorama clair et accessible des grandes questions qui se posent à nous tous les jours.
. Didier Chaudet, Géopolitique de l’Afghanistan des Talibans, Versailles, VA Press, novembre 2024.
Plus encore parce que l’Afghanistan est redevenu un « Émirat », tenu par des Talibans mal connus, et, à bien des égards, inquiétants, il s’agit d’un État-pivot. C’est-à-dire un pays dont les évolutions internes peuvent avoir des conséquences très importantes bien au-delà de ses frontières. Ici, plus précisément, sur trois zones géographiques différentes (Asie du Sud, Asie centrale, Moyen-Orient). Et, de là, sur les intérêts des puissances de ce début de 21e siècle (Chine, Russie, États-Unis, Inde, et, dans une certaine mesure, pays européens). L’Afghanistan restera donc plus importante qu’on ne le pense, même si elle n’est plus que sporadiquement dans nos médias. On ne peut pas se permettre de ne pas la comprendre, ou d’en rester à une approche des Talibans comme irrationnels, mystérieux, incompréhensibles. Et il serait peu judicieux d’attendre qu’à nouveau, l’Afghanistan des Talibans fasse la « une » des journaux, très probablement pour de mauvaises raisons, pour offrir aux lecteurs francophones toutes les clés pour comprendre l’Afghanistan des Talibans. L’inquiétude que suscite le nouveau régime fait déjà émerger une demande pour un ouvrage capable d’expliquer cette région du monde. C’est l’ambition de l’auteur de cet ouvrage, après avoir expliqué le phénomène Taliban, et les évolutions politiques/géopolitiques afghanes, dans ses papiers et dans les médias, depuis 2008.
. Dimitri Uzunidis, Vanessa Casadella, Géopolitique des crises économiques : Mondes et merveilles, Paris, Le Manuscrit Eds, septembre 2024.
Les temps sont incertains, et l’incertitude, amorcée par la généralisation et l’approfondissement des crises particulières (sanitaire, alimentaire, énergétique, environnementale, politique, militaire) et de la crise capitalisme dans son ensemble, ne font qu’aggraver les tensions géopolitiques constatées dans le monde. L’état de la géopolitique actuelle est loin de stabiliser le système : les relations - politiques et économiques - internationales se crispent, le protectionnisme et les nationalismes génèrent de nom-breux conflits, les inégalités et dissociations sociales s’aggravent, l’accès à des ressources vitales devient problématique, le double problème de l’environnement et du climat semble insoluble. Ceci malgré les innovations technologiques et sociales coûteuses, mais souvent merveilleuses, initiées et diffusées. Dans une perspective de sortie de crise, la réponse se trouve dans le changement des modes et des modèles d’éducation, de production, de consommation et d’échanges.
. Jean-Baptiste, Jeangène Vilmer, Le Réveil stratégique - Essai sur la guerre permanente, Paris, Seuil, septembre 2024.
À la fin du XXe siècle, nous pensions en avoir terminé avec la guerre. Non seulement elle est toujours là mais, de l’Ukraine au Moyen-Orient en passant par la péninsule coréenne et le détroit de Taïwan, le risque de guerre majeure – potentiellement nucléaire – n’a jamais été aussi grand. Ingérences, subversions, cyberattaques, terrorisme : prenant des formes de plus en plus variables, souvent ambiguës, la guerre est devenue permanente. Elle est présente partout, tout le temps et peut frapper tout le monde. L’information, le droit, l’énergie, la santé, les réfugiés, comptent parmi ses nouveaux leviers.
C’est la fin de la naïveté et des illusions. De ce constat lucide et informé émerge la nécessité d’anticiper la guerre pour ne pas la subir. « Si tu veux la paix, prépare la guerre » : telle est la maxime qui appelle aujourd’hui un véritable réveil stratégique selon Jean-Baptiste Jeangène Vilmer.
Anatomie de la guerre contemporaine, cet essai est discuté et prolongé par une contribution inédite du chef d’état-major des armées, le général Thierry Burkhard, et par les regards de quelques-uns des meilleurs spécialistes du sujet (Michel Goya, Beatrice Heuser, Olivier Schmitt et Alexandre Jubelin).
. Jérôme Gautheret et Thomas Wieder, Faire la paix. De Waterloo à la Bosnie, six façons de mettre fin à une guerre, Paris, Novice, avril 2024.
Lorsque les dernières voies diplomatiques sont rompues, que la violence est exacerbée par la haine, que les combats font rage, il est difficile d’imaginer que cette mécanique guerrière puisse s’arrêter. Pourtant, un jour, les armes se taisent. Reste alors le plus complexe : bâtir la paix, ou du moins, surmonter, un temps, les rivalités et les ressentiments.
Tandis que les conflits oubliés se ravivent et que partout dans le monde les tensions se multiplient, Jérôme Gautheret et Thomas Wieder se penchent dans cet essai historique sur la manière dont les grands affrontements ont pris fin.
À travers six exemples qui ont marqué la mémoire européenne, de la plaine de Waterloo aux montagnes du Haut-Adige, du chaos des champs de bataille au calme feutré des chancelleries, les auteurs dévoilent les ressorts fragiles et précieux qui ont permis aux hommes, après l’horreur, de faire la paix.
. Valentine Zuber, Blandine Chelini-Pont, Géopolitique des droits humains : L’universalisme mis au défi, Paris, Cavalier Bleu, octobre 2024.
Pensés comme référence universelle par les organisations internationales, les droits humains s’expriment dans les rapports de force entre États et au sein des sociétés civiles, en faisant une composante majeure de la géopolitique contemporaine. Héritage des Lumières, ils sont de plus en plus perçus comme une volonté d’imposition du libéralisme occidental, de ses valeurs décadentes et de la perpétuation d’une forme de néo-colonialisme. De la Chine à la Russie, en passant par de nombreux pays d’Afrique, mais également les mouvements conservateurs au sein des démocraties, la contestation est profonde et interroge sur la survie même de cet ordre des libertés fondé sur les équilibres de 1945. Alors que, dans le même temps, la revendication des droits humains est plus actuelle et vivace que jamais, ces derniers peuvent-ils retrouver une forme d’universalité ou vont-ils se diluer dans le relativisme ?
. Anne-Cécile Robert, Le défi de la paix : Remodeler les organisations internationales, Paris, Armand Colin, octobre 2024.
La multiplication des crises et des conflits bouleverse le cadre général des relations internationales. Non seulement les rapports entre États sont modifiés et tendus, mais ces derniers contestent de plus en plus les règles, les valeurs et les principes pacifiques et humanistes qui fondent l’ordre mondial depuis 1945.
Ce livre a pour vocation d’analyser ce dangereux déséquilibre, de faire (re)découvrir les organisations internationales et leur matrice, l’ONU, et de rappeler leur raison d’être, leur naissance exceptionnelle et leur utilité. Car loin des projecteurs, elles sont aussi le théâtre de batailles d’influence où se jouent les grands défis globaux : sécurité, droits fondamentaux, environnement, santé… Comprendre l’enjeu de leur renouvellement est fondamental pour maintenir un dialogue entre États et espérer préserver la paix mondiale.
Éclairé par des observations de terrain, et fondé sur des années de réflexions universitaires, cet ouvrage fournit des clés pour comprendre la crise actuelle de l’ordre international, et permet d’en percevoir le sens profond.
. Benjamin Jung, Le grand Marché : Enquête sur le business mondial de la guerre, Paris, Cerf, septembre 2024.
Révélations sidérantes, témoignages inédits, documents exclusifs : pour bombarder Kiev, Moscou continue de se fournir en Occident en contournant l’embargo. Au terme d’une enquête planétaire, le journaliste d’investigation Benjamin Jung dévoile la face cachée du grand marché de la guerre. Chaque jour, on retrouve des composants européens et américains dans le déluge d’acier que la Russie déverse sur l’Ukraine. Pourquoi et comment le Kremlin réussit-il à s’équiper des technologies les plus destructrices du monde occidental ? Comment parvient-il à échapper aux sanctions ? Menant l’enquête de Kiev au Donbass, Benjamin Jung a remonté la piste de l’argent. Traquant les indices laissés dans les drones et les bombes. Explorant les comptes des plus grands industriels internationaux de l’armement et de l’énergie. Plongeant dans les réseaux des banques d’affaires mais aussi des groupes mafieux. Déchiffrant les registres des douanes et décryptant les montages de cascades de sociétés. Il révèle quels en sont les circuits secrets, qui sont les intermédiaires occultes, qui sont les bénéficiaires indirects. Un essai fulgurant pour enfin comprendre la réalité noire de la mondialisation. Journaliste, auteur d’essais et réalisateur de documentaires, Benjamin Jung publie ses enquêtes dans Mediapart et Le Point.
. Eugenie Merieau, Géopolitique de l’état d’exception : Les mondialisations de l’état d’urgence, Paris, Cavalier Bleu Eds, septembre 2024.
À la faveur de l’épidémie de Covid, un grand nombre d’États dans le monde ont déclaré l’état d’urgence « sanitaire ». Deux décennies auparavant, au lendemain du 11 septembre, les Nations unies participaient par leurs résolutions anti-terroristes à la normalisation globale de ce mécanisme. L’état d’exception semble désormais s’imposer comme la réponse « technique » à tous les défis du XXIe siècle : pandémies, terrorisme, crises de la démocratie représentative... jusqu’à un état d’urgence environnemental qui ne manquera pas d’arriver. Or, l’histoire enseigne que l’état d’exception est un sas privilégié du passage entre démocratie et dictature. Au travers d’une analyse historique, juridique et géopolitique, Eugénie Mérieau dessine les contours des mondialisations successives d’un État d’urgence d’abord pensé comme outil libéral de gouvernance coloniale, et explore la manière avec laquelle le « droit global » et ses acteurs s’appuient sur cette notion et sa pratique pour imposer une approche libérale-autoritaire de régulation des rapports de force aux échelles nationale, régionale et mondiale.
. François Heisbourg, Un monde sans l’Amérique, Paris, Odile Jacob, septembre 2024.
Les élections américaines de novembre 2024 conduiront en toute hypothèse à une Amérique diminuée, tant du fait de la polarisation extrême de la société que de la montée en puissance des autres grands acteurs sur la scène internationale comme de l’aggravation des défis planétaires. Il y aura moins d’Amérique dans les années qui viennent quel(le) que soit le(a) candidat(e) élu(e).
Dans un système mondial lui-même en voie de fracturation et de brutalisation, l’Europe et l’Asie-Pacifique confrontées aux entreprises hégémoniques des puissances autocratiques, l’Afrique et le Moyen-Orient balkanisés, seront profondément impactés par une Amérique rétrécie. Tout comme le sera la manière dont sont abordés les défis planétaires qui menacent l’avenir de l’humanité – changement climatique sans encadrement multilatéral, prolifération nucléaire relancée par l’affaiblissement des systèmes d’alliance américano-centrés, et désormais conséquences potentielles de l’intelligence artificielle sans gouvernance.
Les vieilles idées gaullo-mitterrandiennes sur un monde multipolaire et l’Europe puissance et leurs versions macronniennes – l’autonomie stratégique européenne ou la puissance d’équilibres (sic) – ne sont pas contredites par cette nouvelle donne. Mais elles risquent d’être "hors sujet" tant notre pays et notre continent paraissent peu à même de porter des projets qui satisfaisaient d’abord le principe de plaisir à l’ombre protectrice du bouclier Euro-Atlantique.
Dans ce monde sans l’Amérique, la capacité de peser passera par la redécouverte des vertus d’agilité et de fiabilité dont avaient su faire preuve certains de nos hommes d’Etat à des époques où le monde était aussi chaotique et impitoyablement concurrentiel que l’actuel. Faudra-t-il que la France et l’Europe redécouvrent François 1er ou Richelieu ?
. Hervé Théry, Amazone - Un monde en partage, Paris, CNRS Éditions, octobre 2024.
Au cœur de l’Amazonie et de son immense forêt, précieuse par sa biodiversité mais menacée par un déboisement massif, on oublierait presque que coule le plus grand fleuve au monde. Or, comme l’a écrit le romancier brésilien Leandro Tocantins, en Amazonie, « le fleuve commande la vie ». C’est à la découverte de l’Amazone, de ses habitants, mais aussi de son histoire heurtée que nous invite Hervé Théry, à la rencontre de ce monde en partage.
Car l’immense bassin du fleuve a été et est encore beaucoup convoité. Par les empires coloniaux de l’Espagne et du Portugal d’abord, qui se sont chacun approprié une part de cet espace, souvent au mépris des peuples autochtones. Par neuf États-nations aujourd’hui, très attachés à leur emprise territoriale, dont le Brésil qui en possède les deux tiers, et la France, qui y est présente grâce à la Guyane. Les conflits n’y ont pas disparu, notamment entre les populations locales et les colons venus des métropoles voisines (voire d’autres continents) pour extraire du pétrole, élever des bovins ou planter du soja.
Si l’Amazone a été au cœur de toutes les activités régionales pendant plus de cinq siècles, la brusque irruption des routes et l’urbanisation massive à partir des années 1960 ont complètement changé la donne. Quels nouveaux partages s’y font aujourd’hui ? Comment préserver ce fleuve des excès de l’humanité ?
. Camille Mahé, La Seconde Guerre mondiale des enfants. France, Allemagne, Italie, 1943-1949, Paris, Puf, septembre 2024.
Pour Germaine M., née en 1937, les années 1939-1945 ont été « ludiques », tandis que pour Karl-Hans W., jeune Allemand né en 1930, la période fut insouciante et heureuse. Si ces témoignages surprennent — durant la Seconde Guerre mondiale, jamais les enfants européens n’avaient autant été la cible de violences de guerre et souffert de ses conséquences (séparations familiales, déplacement, faim, froid, etc.) —, ils sont loin d’être des cas isolés.
Comment l’expliquer ? Quelles furent les expériences des enfants et de quelle manière le conflit les a-t-il affectés ? C’est à ces questions que l’auteure propose de répondre, en donnant voix à la fois aux enfants et aux adultes qui les encadrent, grâce à un corpus archivistique riche et varié (dessins, journaux intimes, enquêtes scientifiques, rapports institutionnels et humanitaires, etc.). À partir d’une étude comparant trois pays du front occidental — la France, l’Allemagne et l’Italie — et en se concentrant sur la période de sortie de guerre, c’est-à-dire lorsque les armes se taisent mais que les traces du conflit sont encore visibles et que s’élabore un premier bilan, l’historienne dévoile non seulement de nombreuses expériences juvéniles inédites, mais aussi les facteurs qui ont contribué à l’élaboration de la figure contemporaine de l’enfance victime de guerre et dont la décennie 1940 constitue un moment clef.
. Damien Simonneau, Pourquoi s’emmurer : Essai sur une frénésie planétaire, Paris, Stock, septembre 2024.
Apeurés par des ennemis multiformes, les États construisent de plus en plus de murs : 74 dans le monde en 2022 contre une douzaine au sortir de la Guerre froide.
Certains sont situés en zone de guerre, d’autres entre États en paix. Certains se limitent à des grillages barbelés, d’autres sont des déploiements de technologies de pointe ou d’importantes patrouilles maritimes. On peut aisément les répertorier selon leurs finalités : ici délimiter une ligne de cessez-le-feu, là empêcher l’intrusion de potentiels combattants, ou encore lutter contre l’immigration dite clandestine et la contrebande.
Mais le mur est aussi dans les têtes. Il contribue à mettre en scène une vision fantasmée de l’identité de nos sociétés, de notre rapport au territoire, à la migration et à l’altérité. Pourquoi s’emmurer ? prend à bras le corps l’idée que nos frontières seraient des passoires à colmater, et entend rappeler que la construction de murs est avant tout le résultat de calculs politiques.
. Gérard Araud, Nous étions seuls : Une histoire diplomatique de la France 1919-1939, Paris, Tallandier, septembre 2024.
« Quand on a de tels alliés, on n’a pas besoin d’ennemis ! » constate Gérard Araud dans cette relecture de l’entre-deux-guerres. Un regard percutant sur cette période cruciale où la France tentait, lucide et terriblement seule, de sauver la paix.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, les principaux acteurs restent divisés. Les Français sortent du conflit victorieux mais exsangues, les Allemands se sentent humiliés par le traité de Versailles et les Anglais, épargnés sur leur territoire, trouvent la France trop plaintive. Quant aux Américains, obsédés par l’argent prêté, ils refusent de ratifier le traité et rendent ainsi caduque la sécurité de notre frontière. C’est en diplomate que Gérard Araud raconte, avec de savoureux portraits, les avancées, les faux espoirs et les trahisons jusqu’aux accords de Munich. Alors que la guerre est de retour en Europe, voici une nécessaire leçon d’Histoire.
. Gisèle Sapiro, Qu’est-ce qu’un auteur mondial ? Le champ littéraire transnational, Gallimard-EHESS, Paris, Le Seuil, septembre 2024.
Longtemps, la notion de classique universel fut admise comme une évidence. Ce canon de la littérature mondiale est désormais contesté, en raison de la prédominance en son sein d’hommes blancs occidentaux. Mais par quels mécanismes s’est formée la « littérature mondiale » ? Comment se fabrique la gloire internationale ?
À partir d’archives, d’entretiens, d’observations et d’études quantitatives, ce livre analyse les conditions d’accès à la consécration littéraire par-delà les frontières nationales : les facteurs qui la favorisent ou l’entravent, et les acteurs et autrices qui y contribuent. Trois moments socio-historiques sont abordés : l’entre-deux-guerres, marqué par une internationalisation des échanges, d’abord en Europe puis avec les États-Unis ; l’ouverture géoculturelle après 1945, sur fond de guerre froide, avec une lente progression de la diversité linguistique, parallèlement à la féminisation ; et enfin leur intensification à l’heure de la mondialisation. Foires et festivals de livres se multiplient, mais la domination accrue de l’anglais et les concentrations éditoriales suscitent des résistances.
Gisèle Sapiro renouvelle les récits habituels de la fabrication des notoriétés littéraires et dévoile les coulisses d’un monde fait d’intermédiaires, éditeurs, médiateurs, traducteurs ou institutions de consécration (UNESCO, Nobel).
. Hugues Eudeline, Géopolitique de la Chine - Une nouvelle thalassocratie, Paris, Puf, septembre 2024.
Au début du XIXe siècle, la Chine est le pays le plus riche au monde. Incapable de se moderniser, l’empire puis la république vont connaître une longue phase de déclin jusqu’à la mort de Mao Zedong. Pour redevenir la puissance de premier rang qu’elle était avant le « siècle d’humiliation » et assurer la croissance économique nécessaire à son développement, l’État, pour la première fois de son histoire, privilégie la mer. En 1978, le président Deng Xiaoping, qui sera imité par ses successeurs, ouvre le pays au commerce mondial par ses ports, lui permettant un succès économique fantastique. En 2013, Xi Jinping a annoncé « l’initiative de la ceinture et de la route ? », dont la principale composante est la « route maritime de la soie du XXIe siècle ? », créant des partenariats inédits à travers le monde. Mais cette expansion commerciale s’accompagne d’ambitions géostratégiques qui rebattent les cartes en mer de Chine et mettent à mal l’équilibre mondial. Pour protéger ses intérêts, la Chine se dote ainsi d’une flotte puissante et diversifiée, capable d’intervenir partout dans le monde. Depuis 2016, elle a dépassé l’US Navy en nombre d’unités. La Chine est la nouvelle puissance maritime mondiale : faut-il s’en inquiéter ?
. Xavier Aurégan, Chine, puissance africaine – Géopolitique des relations sino-africaines, Paris, Armand Colin, août 2024.
C’est dans un contexte géopolitique post-Guerre froide que la Chine émerge à l’échelle internationale.
Pourtant, ce sont dès les années 1950, au lendemain de la proclamation de la République populaire de Chine, que les présences chinoises débutent sur le continent africain. Initialement limitées aux acteurs techniques, politiques et militaires chinois, elles se diversifient progressivement depuis une dizaine d’années, jusqu’à intégrer des migrants ou des entreprises à capitaux publics comme privés.
Par le biais d’études de cas territorialisées qui touchent différents domaines d’intervention (agriculture, infrastructures, santé, etc.), une multitude d’acteurs et plusieurs temporalités, cet ouvrage décompose ces relations sino-africaines, miroir des relations internationales de ces huit dernières décennies.
Un livre pour comprendre comment les relations sino-africaines ont évolué, au point de faire de la Chine une puissance africaine.
. Nicolas Lebourg, Olivier Schmitt, Paris-Moscou. Un siècle d’extrême droite, Paris, Le Seuil, septembre 2024.
Les liens entre l’extrême droite française et la Russie font désormais souvent la Une, mais cet ouvrage est le premier à les mettre en perspective sur un siècle. Entre 1917 et 1945, la France a été une base arrière essentielle des Russes antisoviétiques, qui se sont greffés aux soubresauts de l’extrême droite hexagonale. Relier Paris, Berlin et Moscou est devenu une utopie mais aussi une pratique. Avec la Guerre froide, l’anticommunisme a redéfini les positionnements, mais certaines extrêmes droites ont vu Moscou comme un rempart contre Washington et sa société du melting-pot. La chute de l’Union soviétique et l’ère Poutine ont dessiné un nouvel arc : la Russie devient un modèle politique, et exerce une influence directe sur les formations françaises. Toutes les dynamiques mises en place pendant un siècle convergent lors de l’invasion de l’Ukraine. L’enjeu dépasse ainsi la question des forces partisanes : il s’agit de définir les zones entre guerre et paix. Observer les relations nationalistes entre France et Russie, c’est comprendre comment la diffusion patiente de discours permet de façonner les politiques étrangères et les rivalités géopolitiques.
. Aaron Reeves et Sam Friedman, Born to Rule ; The Making and Remaking of the British Elite, Cambridge, Harvard University Press, septembre 2024.
Quand on pense à l’élite britannique, des caricatures familières viennent à l’esprit. Aaron Reeves et Sam Friedman ont passé au peigne fin une multitude de données en examinant minutieusement les profils, les intérêts et les carrières de plus de 125 000 membres de l’élite britannique, de la fin des années 1890 à aujourd’hui. La base de données historique du Who’s Who est au cœur de cette étude méticuleuse, mais Reeves et Friedman ont également exploité des registres généalogiques, examiné des données d’homologation et interrogé plus de 200 personnalités issues d’un large éventail de milieux et de professions afin de découvrir qui dirige la Grande-Bretagne, comment ils pensent et ce qu’ils veulent. Ce qu’ils ont découvert, c’est qu’il y a moins de mouvement au sommet qu’on ne le pense. Certes, des progrès ont été accomplis en ce qui concerne l’intégration des femmes et des Britanniques noirs et asiatiques, mais les personnes nées dans le 1 % supérieur ont autant de chances d’accéder à l’élite aujourd’hui qu’il y a 125 ans. Ce qui a changé, c’est la manière dont les élites se présentent. Les élites d’aujourd’hui travaillent dur pour nous convaincre qu’elles sont parfaitement ordinaires.
. Reyes Mate, Tierra de Babel. Más allá del nacionalismo, Madrid, Trotta, septembre 2024.
Le nationalisme a fait couler beaucoup d’encre : favorablement de la part de ceux qui aspirent à avoir leur propre État, défavorablement à l’encontre de ceux qui en ont déjà un. Ce livre traite du nationalisme, mais dans un sens différent, car il remet en question toutes les formes d’appartenance, qu’il s’agisse de l’État, de la patrie ou de la nation.
Il commence par une étude de la Tour de Babel. Ces gens voulaient construire une ville monolithique, mais ils ont échoué parce qu’ils ne pouvaient pas empêcher les gens de parler et de penser par eux-mêmes. Deux modèles de coexistence sont évoqués : celui de la ville fermée, attachée à la terre, ou celui de la dispersion qui a suivi l’expérience ratée.
L’humanité n’a pas retenu la leçon. Elle a pensé, avec Aristote, que seuls ceux qui appartiennent à une polis sont humains et que les apatrides sont inhumains. Tierra de Babel démonte ce malentendu originel en suivant la trace de la minorité qui a su lire ce qui s’est passé, faisant de la diaspora une forme d’existence. À une époque comme la nôtre, où l’État montre des signes d’épuisement, parce qu’il y a l’émigration et parce qu’il y a eu Auschwitz, la diaspora est présentée comme l’alternative post-nationale au nationalisme.
. Thierry de Montbrial, Dominique David, RAMSES 2025 - Entre puissances et impuissance, Paris, Dunod, septembre 2024.
RAMSES, l’ouvrage prospectif de référence, propose chaque année à un large public (étudiant, enseignant, manager, journaliste, diplomate...) les clés et repères indispensables pour décrypter les évolutions du monde, selon un credo simple : "Éclairer, ne rien imposer".
RAMSES 2025 interroge le monde d’après autour de 3 thématiques :
Moyen-Orient : la recomposition sans fin
Les acteurs directs du conflit semblent incapables d’en revenir à un dialogue politique. Les acteurs voisins manœuvrent au fil de leurs intérêts d’État, à la recherche d’une introuvable recomposition régionale. Les puissances extérieures pèsent-elles vraiment ?
États-Unis : l’empire inquiète…
La puissance américaine reste dominante. Mais ses échecs extérieurs et l’effervescence des crises la brident dans les redéploiements stratégiques annoncés. Plus grave : les divisions minent la société américaine : extrémismes, inégalités, drogues, guerres culturelles…
Union européenne : un destin contrarié ?
Confrontée à un mur de défis – élargissements, dynamisation de ses économies, budgets, course technologique, transition climatique, sécurité… –, l’Union européenne semble aujourd’hui plus subir l’avancée du monde que la penser ou la gouverner. Pour quel avenir ?
Assorti d’un riche appareil documentaire (annexes statistiques, chronologie, cartographie originale) et de vidéos des auteurs venant compléter et approfondir les analyses de l’ouvrage.
. Timothy Snyder, On Freedom, New York, Crown, septembre 2024.
La liberté est le grand engagement américain mais, affirme Timothy Snyder, nous avons perdu de vue ce qu’elle signifie. Nous sommes trop nombreux à considérer la liberté comme l’absence de pouvoir de l’État. Nous pensons que nous sommes libres si nous pouvons faire et dire ce que nous voulons et nous protéger contre les excès du gouvernement. Mais la véritable liberté n’est pas tant la liberté de ne pas faire que la liberté de faire — la liberté de s’épanouir, de prendre des risques pour un avenir que nous choisissons en travaillant ensemble. La liberté est la valeur qui rend toutes les autres valeurs possibles.
S’appuyant sur les travaux de philosophes et de dissidents politiques, sur des conversations avec des penseurs contemporains et sur sa propre expérience de jeune adulte à l’époque de l’exceptionnalisme américain, Timothy Snyder identifie les pratiques et les attitudes qui nous permettront de concevoir un gouvernement dans lequel nous et les générations futures pourront nous épanouir. Il nous invite à apprécier l’importance des traditions (défendues par la droite), mais aussi le rôle des institutions (du ressort de la gauche).
. Violaine Sebillote-Cuchet, Histoire de l’Europe. Volume 1 : Origines et héritages (de la préhistoire au Ve siècle), Paris, Passés composés, septembre 2024.
« Quand naît l’idée d’Europe ? À quelle période apparaissent les valeurs et les structures considérées aujourd’hui comme ses fondements politiques, économiques, culturels et religieux ? L’Antiquité, le Moyen Âge ou l’époque moderne nous ont-ils légué le libéralisme, la démocratie, l’égalité entre les peuples et les individus ? Pour répondre à ces questions, cette série d’ouvrages se penche sur l’émergence, la construction et l’évolution de l’Europe vue aujourd’hui comme un ensemble homogène, voire intangible et uniforme. Elle offre une lecture originale et pertinente de la manière dont cet espace a été perçu par les peuples qui l’ont occupé au travers des âges et sur lequel ils ont projeté progressivement un substrat religieux, politique, et parfois civilisationnel.
Ce premier volume s’ouvre sur la préhistoire pour se conclure à la fin de la période antique, au Ve siècle. L’Europe des institutions étatiques et du droit, de la science et des techniques, de l’alphabet et du plurilinguisme, de la psychanalyse et de la philosophie, des fêtes et des plaisirs, et de tant d’autres choses encore, doit en effet beaucoup à l’Antiquité. Les parois peintes de Lascaux, les mégalithes de Stonehenge, l’Acropole d’Athènes et le Colisée de Rome, Spartacus et Astérix font bien partie intégrante de l’imaginaire des Européens du XXIe siècle, et plus encore, de tous ceux qui s’affirment comme des Occidentaux. C’est pourquoi les auteurs, à travers un récit d’une richesse exceptionnelle, interrogent la géographie même de l’Europe, racontent les grandes évolutions humaines et politiques depuis les temps les plus anciens et explorent la richesse culturelle et sociale du legs antique. »
. Allen James Fromherz, The Center of the World : A Global History of the Persian Gulf from the Stone Age to the Present, Oakland, University of California Press, septembre 2024.
L’histoire du monde a commencé dans le golfe Persique. Les anciennes villes portuaires qui jalonnaient ses côtes ont créé la première façade maritime mondiale, un lieu à partir duquel les religions et les cultures venues de larges horizons ont pris la mer et sont entrées en contact. Pendant plus de quatre mille ans, le Golfe — parfois qualifié de Persique, parfois d’Arabe — a été un carrefour mondial tout en réussissant à éviter de tomber sous la coupe des plus grands empires du monde. L’histoire du Golfe est celle d’un univers en mutation rapide, de centres commerciaux fluctuants, d’une dépendance à l’égard de marchés mondiaux incertains et de rencontres interculturelles intenses qui sont le reflet du monde contemporain. En consacrant chaque chapitre à un port différent du Golfe, The Center of the World montre comment les habitants du Golfe se sont adaptés aux grands changements de l’histoire mondiale, en créant un système de libre-échange, de domination marchande et de commerce qui continue à définir la région aujourd’hui.
. Amin Maalouf, Le Labyrinthe des égarés : L’Occident et ses adversaires, Paris, LGF, octobre 2024.
Une guerre dévastatrice vient d’éclater au cœur de l’Europe, un bras de fer opposant l’Occident à la Chine et à la Russie. Un bouleversement majeur est en train de se produire, qui remet en cause les fondements mêmes de notre civilisation. Chacun en a conscience, mais nul n’a encore donné à cette crise la profondeur de champ qu’elle mérite. Amin Maalouf retrace ici l’itinéraire de quatre grandes nations : le Japon de l’ère Meiji, premier pays d’Asie à défier la suprématie des nations « blanches », et dont la modernisation accélérée fascina l’humanité entière ; la Russie soviétique, formidable menace pour l’Occident pendant trois quarts de siècle, avant de s’effondrer ; la Chine, principal défi à l’hégémonie de l’Occident en ce vingt et unième siècle ; enfin les États-Unis, devenus, au fil des guerres, la première superpuissance planétaire. Une boussole indispensable à qui veut comprendre les grands enjeux du monde contemporain et les étranges paradoxes de notre temps.
. Cécile Marin, Frank Tétart, Grand Atlas 2025, Paris, Autrement, août 2024.
L’ouvrage indispensable pour comprendre le monde. - Plus de 100 cartes inédites et mises à jour et 50 infographies et documents. Un tour d’horizon complet des grands enjeux internationaux - En partenariat avec franceinfo.
. Laurence Nardon, Géopolitique de la puissance américaine, Paris, PUF, août 2024.
Entrés en géopolitique à la fin du XIXe siècle, leaders du monde libre dans l’après-guerre, vainqueurs du communisme dans les années 1990, les États-Unis sont confrontés à une triple contestation en ce premier quart de XXIe siècle : la montée en puissance de la Chine, les frappes du terrorisme islamiste et le retour d’une Russie belliqueuse se conjuguent pour défier Washington.
Les États-Unis disposent pourtant d’atouts décisifs : leur puissance économique, monétaire, militaire et technologique, leur force d’influence (soft power), auxquelles s’ajoute l’arme juridique, c’est-à-dire la capacité de sanctionner les acteurs étrangers. Dans chacun de ces domaines, malgré leurs faiblesses intérieures et les avancées chinoises, les États-Unis conservent la première place. La présence américaine dans le monde dépendra pour finir d’un choix éminemment politique entre les différents courants de pensée de politique étrangère présents à Washington. Dénués de prise sur ces débats, les Européens doivent tracer leur propre chemin.
Qu’est devenue la puissance américaine ? Si les États-Unis veulent encore diriger le monde, en sont-ils toujours capables ? Cet ouvrage apporte un éclairage décisif sur l’avenir de cette grande puissance.
. Pierre Charbonnier, Vers l’écologie de guerre. Une histoire environnementale de la paix, Paris, La Découverte, août 2024.
L’étrange hypothèse qui structure ce livre est que la seule chose plus dangereuse que la guerre pour la nature et le climat, c’est la paix. Nous sommes en effet les héritiers d’une histoire intellectuelle et politique qui a constamment répété l’axiome selon lequel créer les conditions de la paix entre les hommes nécessitait d’exploiter la nature, d’échanger des ressources et de fournir à tous et toutes la prospérité suffisante. Dans cette logique, pour que jalousie, conflit et désir de guerre s’effacent, il fallait d’abord lutter contre la rareté des ressources naturelles. Il fallait aussi un langage universel à l’humanité, qui sera celui des sciences, des techniques, du développement.
Ces idées, que l’on peut faire remonter au XVIIIe siècle, ont trouvé au milieu du XXe une concrétisation tout à fait frappante. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le développement des infrastructures fossiles a été jumelé à un discours pacifiste et universaliste qui entendait saper les causes de la guerre en libérant la productivité. Ainsi, la paix, ou l’équilibre des grandes puissances mis en place par les États-Unis, est en large partie un don des fossiles, notamment du pétrole.
Au XXIe siècle, ce paradigme est devenu obsolète puisque nous devons à la fois garantir la paix et la sécurité et intégrer les limites planétaires : soit apprendre à faire la paix sans détruire la planète. C’est dans ce contexte qu’émerge la possibilité de l’écologie de guerre, selon laquelle soutenabilité et sécurité doivent désormais s’aligner pour aiguiller vers une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ce livre est un appel lancé aux écologistes pour qu’ils apprennent à parler le langage de la géopolitique.
. Alain Damasio, Vallée du silicium,Paris, Seuil, avril 2024.
« Ce qui manque furieusement à notre époque, c’est un art de vivre avec les technologies. Une faculté d’accueil et de filtre, d’empuissantement choisi et de déconnexion assumée. Des pratiques qui nous ouvrent le monde chaque fois que l’addiction rôde, un rythme d’utilisation qui ne soit pas algorithmé, une écologie de l’attention qui nous décadre et une relation aux IA qui ne soit ni brute ni soumise. »
À San Francisco, au coeur de la Silicon Valley, Alain Damasio met à l’épreuve sa pensée technocritique, dans l’idée de changer d’axe et de regard. Il arpente « le centre du monde » et se laisse traverser par un réel qui le bouleverse.
Composé de sept chroniques littéraires et d’une nouvelle de science-fiction inédite, Vallée du silicium déploie un essai technopoétique troué par des visions qui entrelacent fascination, nostalgie et espoir. Du siège d’Apple aux quartiers dévastés par la drogue, de rencontres en portraits, l’auteur interroge tour à tour la prolifération des IA, l’art de coder et les métavers, les voitures autonomes ou l’avenir de nos corps, pour en dégager une lecture politique de l’époque et nous faire pressentir ces vies étranges qui nous attendent.
. Daniel Mainguy, Droit de la « guerre atypique » - Réflexions sur les conflits non armés et non militaires (lawfare, guerre économique et informationnelle), Paris, LGDJ, novembre 2023.
Les logiques de conflictualité ont changé de forme depuis une vingtaine d’années. À des conflits majoritairement armés se surajoutent ou se substituent parfois des formes d’agressions non armées et non militaires, souvent ressenties comme de véritables actes de « guerre ». Ces actes sont par ailleurs généralement situés en deçà du « seuil » du droit des conflits armés. Or, précisément, il n’existe pas, de manière explicite en tout cas, de règles conventionnelles internationales permettant de contrôler ces nouvelles formes d’agressions.
Cet essai propose une réflexion générale sur ces nouvelles formes de guerre « atypique », d’abord pour identifier ses formes et ses acteurs, et surtout pour formuler une proposition, celle de l’hypothèse de l’existence d’un ensemble de règles internationales, issues de coutumes internationales, de jus cogens, susceptibles d’être mobilisées pour former un embryon de droit international des conflits non armés, le tout à l’origine de l’institution moderne de l’arbitrage international. Elles peuvent conduire à un contrôle des décisions prises et des actes de guerre atypique par des juridictions internes, internationales ou des arbitres internationaux. C’est déjà d’ailleurs le cas dans quelques situations spécifiques. Elles permettent de proposer un panorama de l’essentiel de ces actes de guerre atypique et d’en définir les termes : lawfare, guerre économique, guerre informationnelle, les règles applicables existantes ou à créer et un certain nombre de cas concrets, sans prétendre bien entendu à l’exhaustivité.
. Eduardo Manzano, España diversa - Claves de una historia plural, Madrid, Crítica, avril 2024.
L’histoire de l’Espagne est l’histoire d’un passé changeant, paradoxal qui ne peut pas tomber dans la simplification. La richesse et la complexité de cette histoire retrouvent leur centralité dans ce livre. Face aux lectures essentialistes intéressées et aux batailles idéologiques pour le récit qui abondent aujourd’hui, Eduardo Manzano propose un voyage passionnant pour redécouvrir cet héritage sous la forme d’une mosaïque d’identités, de cultures, de territoires, de langues et de civilisations — qui n’est pas sans faire penser à l’histoire de l’Europe en général. De l’Hispanie romaine à la course aux Indes, de l’Al-Andalus musulman à la Transition et de la Sépharade juive à l’unification bourbonienne, on y trouve les clés d’une histoire plurielle, provocante, documentée et ironique.
Avec un récit puissant, loin du langage académique et non dépourvu d’ironie, España diversa ne se contente pas de débarrasser l’histoire espagnole de ses clichés, mais nous apprend que c’est le changement, et non le maintien des essences, qui nous caractérise.
. Jean-Christophe Rufin, D’or et de jungle, Paris, Calmann-Lévy Littérature, février 2024.
« Aveuglés par le grand soleil, les rescapés se répandirent dans le parc en s’éloignant le plus possible du palais. Flora dévisageait avec angoisse les personnes qui sortaient. Enfin, elle aperçut Jo, apparemment indemne. »
Sur les rivages de la mer de Chine méridionale, le sultanat de Brunei, petit pays d’or (noir) et de jungle, mène, dans un décor des Mille et Une Nuits, une existence prospère et en apparence paisible. Pourtant, un coup d’État d’un nouveau type va s’y dérouler et le livrer « clefs en main » à une grande entreprise californienne du numérique.
Flora est la petite-fille d’un célèbre mercenaire qui a passé sa vie à renverser des pouvoirs établis. Fascinée par son exemple, elle s’engage dans le milieu dangereux des agences de sécurité privées. Elle se retrouve plongée au cœur de cette opération de subversion sans précédent.
Ce grand roman d’aventures contemporain met en scène à la fois le basculement d’un pays et le parcours d’une femme, habitée par un irrépressible goût de l’action, de l’interdit et du danger.
Jean-Christophe Rufin déploie dans ce nouvel ouvrage toute la puissance narrative qui a fait son succès (Rouge Brésil, Le Parfum d’Adam, Check-Point…). Mais aussi son expérience internationale et sa capacité à saisir les enjeux de demain.
Dans un monde où l’inimaginable devient réalité, le destin de Brunei pourrait bien être un jour le nôtre…
. Naomi Alderman, Le futur, Paris, Gallimard, mars 2024.
La fin des années 2020 approche et, entre cyberscience décadente, intelligence artificielle omniprésente et crise climatique plus qu’alarmante, la Terre continue de dérailler. Seuls les trois plus grands milliardaires du monde restent sereins. Lenk, Zimri et Ellen ont fait fortune dans la Silicon Valley et, bien que rivaux, ils ont tout prévu ensemble pour survivre si un jour l’humanité venait à s’effondrer.
Or ce jour semble être arrivé. Mais c’est compter sans une jeune influenceuse, Lai Zhen, ancienne réfugiée hongkongaise, qui mène l’enquête sur les plans secrets des ultrariches. Alliée à un groupe d’idéalistes aussi exubérants que remontés, elle se met à rêver à un avenir où les technologies serviraient des causes plus nobles que celles de nous isoler, lobotomiser et forcer à consommer toujours plus. Mais comment reprendre le contrôle du futur ?
Entre références bibliques et indigènes, poursuites infernales et course contre la montre, Le Futur se lit comme un jeu de survie palpitant où la trahison plane à chaque instant. Avec son style dynamique, Naomi Alderman signe une allégorie explosive des dérives technologiques et nous balade aux quatre coins du monde pour mieux saisir l’état de nos sociétés qui se déshumanisent à toute allure.
. Patrick Artus, Marie-Paule Virard, Quelle France en 2050 ? - Face aux grands défis en Europe et dans le monde, Paris, Odile Jacob, mai 2024.
À quoi ressembleront la France et l’Europe en 2050 ? Confrontées à la menace du déclassement, auront-elles la capacité de rester dans la course face aux économies américaine, chinoise ou indienne ?
Au moment où le monde vit une série de ruptures (énergétique, climatique, géopolitique, démographique, industrielle…), il s’agit, pour nous, Français, de relever six défis majeurs : le vieillissement démographique, la fragmentation du monde, la transition énergétique, le réarmement industriel, la bataille de l’épargne, sans oublier les bouleversements associés au passage d’une économie d’abondance à une économie de rareté.
Avec ce livre, Patrick Artus et Marie-Paule Virard proposent des solutions autour de deux priorités absolues : d’abord, sortir du piège à croissance faible en corrigeant nos handicaps structurels, en particulier la défaillance de la productivité ; ensuite, modifier en profondeur la politique économique menée par Bruxelles. Deux boulets aux pieds qui tuent la croissance et nous empêchent de relever les nombreux défis qui s’annoncent.
. Barthélémy Courmont, Natalia Guilluy-Sulikashvili, Jérôme Roudier. De la chute du mur de Berlin au conflit ukrainien. Trajectoires politiques, stratégiques et économiques en Europe de l’Est. Paris, Editions L’Harmattan, mai 2024.
Depuis la chute du mur de Berlin, deux générations de leaders politiques et économiques se sont succédées en Europe Centrale et Occidentale. Au terme de trente années d’évolution, apparaît une nouvelle génération de leaders qui n’ont pas connu les régimes antérieurs et héritent d’une transition problématique. Se pose ainsi la question de l’homogénéité de sociétés qui ont parfois pris des trajectoires très différentes, mais n’en sont pas moins encore souvent assimilées de façon réductrice à des « pays de l’Est ». De même, tandis que la guerre marque son retour sur le sol européen avec l’offensive russe en Ukraine, l’importance accordée à la trajectoire de ces pays semble plus que jamais déterminante.
Les cas explorés dans cet ouvrage collectif rassemblant des experts du monde francophone et d’Europe centrale et orientale explorent le phénomène du changement de génération et questionnent son impact réel sur l’évolution politique et économique, impactant la prise de décision en Europe de l’Est.
. Ben Gitai. Cartographies du pouvoir. Histoire du paysage de la vallée du Jourdain. Paris, Metis Presses, juin 2024.
Cartographies du pouvoir décrit l’histoire saisissante de la vallée du Jourdain à travers l’étude du site de Naharayim/Al-Baqoura, terrain de luttes de pouvoir pour la terre et pour l’eau depuis des siècles. Il nous immerge dans des dynamiques politiques et culturelles complexes et nous révèle les aspirations concurrentes liées aux ressources vitales contestées.
Présentant de nombreuses cartes inédites et spectaculaires et les comparant à l’échelle du temps, Ben Gitai montre à quel point ces documents ont été instrumentalisés par les régimes successifs – ottoman, britannique et israélo-jordanien – qui ont transformé le site et son paysage au cours des cent-cinquante dernières années. Ce corpus cartographique dialogue avec des photographies d’époque et des visualisations par nuages de points qui permettent d’actualiser la compréhension du site et de ses strates.
. Hugues Eudeline. Géopolitique de la Chine. Une nouvelle thalassocratie. Paris, PUF, septembre 2024.
Au début du XIXe siècle, la Chine est le pays le plus riche au monde. Incapable de se moderniser, l’empire puis la république vont connaître une longue phase de déclin jusqu’à la mort de Mao Zedong. Pour redevenir la puissance de premier rang qu’elle était avant le « siècle d’humiliation » et assurer la croissance économique nécessaire à son développement, l’État, pour la première fois de son histoire, privilégie la mer. En 1978, le président Deng Xiaoping, qui sera imité par ses successeurs, ouvre le pays au commerce mondial par ses ports, lui permettant un succès économique fantastique. En 2013, Xi Jinping a annoncé « l’initiative de la ceinture et de la route », dont la principale composante est la « route maritime de la soie du XXIe siècle », créant des partenariats inédits à travers le monde. Mais cette expansion commerciale s’accompagne d’ambitions géostratégiques qui rebattent les cartes en mer de Chine et mettent à mal l’équilibre mondial. Pour protéger ses intérêts, la Chine se dote ainsi d’une flotte puissante et diversifiée, capable d’intervenir partout dans le monde. Depuis 2016, elle a dépassé l’US Navy en nombre d’unités. La Chine est la nouvelle puissance maritime mondiale : faut-il s’en inquiéter ?
. Nathalie Duclos, Ex-Combatants and International Statebuilding. Veterans as Peace Brokers in Kosovo. Londres, Routledge, juin 2024.
This book examines the international efforts to regulate violence in Kosovo since 1999 through the United Nations Mission in Kosovo (UNMIK) and covers 15 years of international presence.
The book analyses the process of implementing international policies from a sociological perspective, and looks at the adaptations and arrangements of public policies achieved through the transactions of international actors with local actors, who are at the heart of policy implementation. In particular, it analyses the disarmament, demobilisation, and reintegration of combatants (DDR) programme and shows the extent to which it was co-produced with Kosovo Liberation Army (KLA) leaders co-opted by international administrators. These analyses take the opposite view to the work that considers ex-combatants as spoilers. In Kosovo, the combatant leaders acted as peace brokers, facilitating demobilisation and exercising disciplinary control over rank-and-file combatants. Their position as brokers helped them to take control of the new state being built under international administration. This book shows the importance of the relationship between ex-combatants and the state and illustrates the multiplicity of their possible trajectories, including political ones. To elucidate the dynamics of co-production in shaping DDR policies and hybridising international policies as well as in state formation, the book relies on around a hundred interviews with ex-combatants of the KLA and with international personnel, as well as on the archives of international organisations and observations in the field.
This book will be of much interest to students of international statebuilding, peace and conflict studies, Balkan politics and international relations.
. Romain Sèze. Se sacrifier pour la cause. Trajectoires des femmes djihadistes. Paris, CNRS Editions, septembre 2024.
En France, un quart des personnes incarcérées pour des faits de terrorisme jihadiste sont des femmes. Presque absentes dans les années 1990, en arrière-plan dans la décennie suivante, elles sont devenues des protagonistes à part entière de l’islamisme radical au cours des années 2010, marquées par de multiples attentats sur le sol français et par l’essor de l’État islamique en Syrie. Qui sont ces femmes ? De quels milieux, de quels genres de famille viennent-elles ? De quelles manières se sont-elles engagées pour la cause, jusqu’au sacrifice et à l’action violente ? Aujourd’hui, quels regards portent-elles sur leur parcours ? Et qu’est-ce que ces derniers nous disent de la société française du début du XXIe siècle ?
À distance des polémiques ou des préjugés, cette enquête exceptionnelle qui retrace les différentes étapes et la diversité des trajectoires d’engagement de ces militantes a été menée au sein même des prisons françaises, auprès de l’ensemble des détenues concernées.
. Yoletty Bracho, Fabrice Andréani, Thomas Posado, Lucie Laplace (dirs.). Alternances critiques et dominations ordinaires en Amérique latine. Crises, résistances et continuités. Rennes, PUR Editions, juin 2024.
Neuf enquêtes de jeunes chercheurs en sciences sociales examinent de façon transversale le politique au sein des sociétés latino- américaines : politiques sociales au Brésil et du logement au Venezuela ; extractivisme et anti-extractivisme au Mexique et en Équateur ; travail et action syndicale au Chili ; participation des populations indigènes et des femmes au Guatemala et au Mexique ; régulation de la violence et de la contestation en Colombie.
Conjuguant les approches « macro » ou « par le haut » du monde social (institutions, régimes, crises, élites), et celles dites « micro » ou « par le bas » (marginalisation, subalternité, mobilisations protestataires), le livre saisit les modalités de reproduction de l’ordre social dans des contextes régulièrement marqués par des alternances gouvernementales placées sous le signe de la « rupture ». À rebours des catégorisations partisanes et des démarches classificatoires, il identifie ainsi quelques-unes des logiques clé par lesquelles les alternances critiques s’accommodent, se nourrissent, invisibilisent ou redéployent les structures fondamentales des dominations ordinaires.
. François Cailleteau, La direction de la guerre. Stratégies et pratiques. XVIIème – XXIème siècles. Paris, Editions Economica, mai 2024.
Après une dizaine de livres consacrés, au long d’une quinzaine d’années, à différents aspects de la conduite des guerres et de la constitution des armées, l’auteur se consacre cette fois à une étude systématique de la direction de la guerre du XVIIe siècle à nos jours dans toutes ses phases, préparation, décision, conduite, conclusion, et tous ses aspects, militaires mais aussi politiques et économiques.
L’ouvrage s’étend des guerres de Louis XIV et Louis XV au conflit en cours entre la Russie et l’Ukraine, en passant par les guerres napoléoniennes, le long affrontement franco-allemand ou les guerres dans la péninsule indochinoise.
Des conclusions en sont tirées pour l’avenir de nos forces armées dans le contexte d’une révolution des affaires militaires dont la guerre en cours en Europe a fait apparaître la réalité restée jusque-là inaperçue.
. Gwenaëlle Lenoir. Camera obscura. Paris, Editions Julliard, janvier 2024.
Un matin, un photographe militaire voit arriver, à l’hôpital où il travaille, quatre corps torturés. Puis d’autres, et d’autres encore. Au fil des clichés réglementaires qu’il est chargé de prendre, il observe, caché derrière son appareil photo, son pays s’abîmer dans la terreur. Peu à peu, lui qui n’a jamais remis en cause l’ordre établi se pose des questions. Mais se poser des questions, ce n’est pas prudent.
Avec une justesse troublante, ce roman raconte le cheminement saisissant d’un homme qui ose tourner le dos à son éducation et au régime qui a façonné sa vie. De sa discrétion, presque lâche, à sa colère et à son courage insensé, il dit comment il parvient à vaincre la folie qui le menace et à se dresser contre la barbarie.
Bonus cartographique Diploweb
. Laurence Nardon. Géopolitique de la puissance américaine. Paris, PUF, août 2024.
Qu’est devenue la puissance américaine ? L’Europe peut-elle encore compter sur la protection des États-Unis ? Et s’ils veulent encore diriger le monde, en sont-ils toujours capables ?
Entrés en géopolitique à la fin du XIXe siècle, leaders du monde libre dans l’après-guerre, vainqueurs du communisme dans les années 1990, les États-Unis sont confrontés à une triple contestation en ce premier quart du XXIe siècle : la montée en puissance de la Chine, les frappes du terrorisme islamiste et le retour d’une Russie belliqueuse se conjuguent pour défier Washington.
Les États-Unis disposent pourtant d’atouts décisifs : leur puissance économique, monétaire, militaire et technologique, leur force d’influence (soft power), auxquelles s’ajoute l’arme juridique, c’est-à-dire la capacité de sanctionner les acteurs étrangers. Dans chacun de ces domaines, malgré leurs faiblesses intérieures et les avancées chinoises, les États-Unis conservent la première place.
La présence américaine dans le monde dépendra pour finir d’un choix éminemment politique entre les différents courants de pensée de politique étrangère présents à Washington. Dénués de prise sur ces débats, les Européens doivent tracer leur propre chemin.
. Marie Chominot, Sébastien Ledoux, Algérie. La guerre, prises de vues. Paris, CNRS Editions, septembre 2024.
Ce livre rassemble une vingtaine de chercheurs et chercheuses de plusieurs générations, spécialistes de la guerre d’indépendance algérienne, à qui l’on a demandé de choisir une photographie d’archive. Provenant de fonds familiaux, de la justice ou de l’armée, ces sources visuelles sont présentées et questionnées. Le regard que ces chercheurs posent sur ces images offre des mises en perspective originales de la guerre, au plus près de ses acteurs, saisis par l’objectif ou saisissant eux-mêmes des situations qu’ils ont souhaité immortaliser. Au fur et à mesure de l’analyse, les mots des auteurs viennent animer ces photographies en les projetant dans une histoire collective qu’ils documentent par les travaux les plus récents : l’engagement des indépendantistes, les disparus de la bataille d’Alger, la torture, le discours du général de Gaulle à Alger en mai 1958, le sort des harkis, l’exil des rapatriés, la lutte fratricide entre le FLN et le MNA, les camps de regroupement, la guerre psychologique menée par l’armée française, l’année 1962 …
Cet ouvrage ne se situe pas dans une visée réconciliatrice des mémoires algériennes. Il propose de croiser des regards, des points de vue, des lieux – en Algérie et en métropole – qui nous permettent de visualiser une pluralité d’expériences de cette guerre coloniale. Les auteurs déplient les images dans toute leur rugosité, donnant à voir autant d’écarts irréductibles que de correspondances.
. Patrice Obert, Gérard Vernier. L’Europe et ses défis. L’émergence d’une puissance continentale. Paris, L’Harmattan, avril 2024.
Les élections européennes sont l’occasion de relire l’histoire de l’Europe et de réfléchir aux défis que l’Union européenne doit aujourd’hui relever. Une fois de plus, l’Europe est confrontée à des choix vitaux, à un moment où son modèle de civilisation est remis en question dans sa profondeur et son identité.
Les auteurs ont à cœur, avec cet ouvrage, de rendre plus lisible une Union souvent perçue comme complexe.
. Thibault Fouillet, Géopolitique des petites puissances. Paris, Editions La Découverte, mai 2024.
Comment comprendre la résistance inattendue à l’agression russe en Ukraine ? Pourquoi un micro-État comme Singapour est-il devenu une superpuissance financière ? Qu’est-ce qui permet aux monarchies du Golfe d’exercer autant d’influence ? Cette logique de David contre Goliath n’est pas nouvelle, elle est même une constante dans l’histoire des petites puissances. Celles-ci jouent un rôle souvent sous-estimé, que ce soit du point de vue militaire (Vietnam, Afghanistan, Ukraine), économique (Singapour, pays du Golfe) ou encore diplomatique (Forum des petits États de l’ONU).
L’intérêt de cet ouvrage est de se pencher sur ces acteurs, oubliés de l’analyse des relations internationales, alors que leur rôle géopolitique est plus important qu’on ne le soupçonne. Il porte sur cette réalité un regard d’autant plus actuel que ces pays sont au cœur des crises d’aujourd’hui et de demain (Ukraine, Taïwan, Haut-Karabagh, Yémen...).
. Jean-Vincent Holeindre, Julian Fernandez, Annuaire français de relations internationales, Paris, Éditions Panthéon-Assas, juin 2024.
L’Annuaire français de relations internationales (AFRI), à vocation généraliste, s’intéresse aux relations internationales dans toutes leurs dimensions – politiques, stratégiques, économiques, culturelles, technologiques... Il rassemble les spécialistes, universitaires et chercheurs, diplomates, français ou étrangers.
En bilan de l’année 2023, il privilégie trois thématiques de recherche, appelées Études : les évolutions de la guerre en Ukraine ; les liens entre sport et relations internationales ; les pays du Sud global.
L’annuaire comprend également cinq autres parties : un essai, la chronologie de l’année 2023, les rubriques régionales, les rubriques thématiques et les recensions.
. Julien Dupont, Imaginer demain - Chroniques cartographiques d’un monde à venir, Paris, Armand Colin, mars 2024.
Comment s’imaginer le monde de demain ? Comment le représenter ? Quels vont être les impacts sur notre vie des changements climatiques, des crises migratoires, des inégalités qui se creusent, des guerres à venir ?
Raconter demain, réfléchir aux possibles, c’est mieux se préparer aux grands défis qui nous attendent. Maniant une imagination réaliste, Julien Dupont, professeur d’histoire-géographie au collège, propose dans ce livre une vision scénarisée de notre avenir par les cartes. S’appuyant sur des données scientifiques (les rapports du GIEC, les données de l’Office mondial des migrations, l’INSEE, des travaux universitaires) enrichies de ce que nous propose la fiction (littérature, cinéma, séries), il cartographie les espaces et met en avant, parfois de manière étonnante voire troublante, la manière dont notre environnement va changer dans les années à venir. Écosystèmes, habitat, ressources, frontières, migrations, technologies, etc., sont déclinés au fil de ces chroniques cartographiques, qui vont de la prospective réaliste à court terme à la dystopie la plus poussée.
Une lecture subjective et sensible de l’auteur, qui encourage le lecteur à s’interroger à son tour et à construire sa vision personnelle des futurs de notre monde.
. Laurence Badel, Écrire l’histoire des relations internationales - Genèses, concepts, perspectives - XVIIIe - XXIe siècle, Paris, Armand Colin, mars 2024.
Comment les relations internationales sont-elles devenues une discipline académique et quelles orientations ont-elles pris au fil du temps ? Quels sont les outils aujourd’hui disponibles pour comprendre les événements politiques et diplomatiques, du XIXe siècle à nos jours ?
Cet ouvrage innovant établit l’idée que l’histoire des relations internationales ne doit pas être exclusivement centrée sur l’Etat, comme c’est encore souvent le cas. Pour en saisir toute la complexité, il est nécessaire d’adopter une lecture décentrée et désoccidentalisée, de mettre l’accent sur les acteurs de terrain (soldats, juristes, scientifiques, migrants…) et sur les « lieux » des relations internationales (institutions, infrastructures et espaces physiques et immatériels).
En donnant à voir la diversification actuelle des approches de la scène internationale (histoire internationale, histoire transnationale, global history, etc.) et en proposant des clés méthodologiques originales (grands concepts de la discipline, objets classiques, renouvelés et nouveaux de la recherche), cet ouvrage permettra aux étudiants, chercheurs et acteurs de réfléchir à l’écriture de l’histoire des relations internationales dans une perspective globalisée.
. Martin Untersinger, Espionner, mentir, détruire : Comment le cyberespace est devenu un champ de bataille, Paris, Éditions Grasset, mars 2024.
Berkeley, 1987, Clifford Stoll découvre une incroyable toile de hackers qui ont pénétré les systèmes informatiques de l’armée américaine. Iran, 2010, un ordinateur s’éteint, et le virus Stuxnet prend le contrôle à distance de dizaines de centrifugeuses et... les détruit. France, 2012, une campagne de cyber espionnage chinois contamine les plus hauts lieux du pouvoir grâce à l’envoi de courriels presque parfaits. Quelques années plus tard, le logiciel Pegasus est découvert sur les portables sécurisés de nos plus grands dirigeants. La sécurité informatique était une arrière-pensée, ou un sujet de série d’anticipation : elle est aujourd’hui au cœur de notre réflexion politique, stratégique et militaire.
Dans ce récit brillant élaboré au plus près du terrain, Martin Untersinger nous révèle la grande histoire du cyber et ses petits secrets, et nous donne les clés pour comprendre les frontières du cyberespace, aussi floues que son cadre légal. Derrière les noms étonnants ou poétiques (NotPetya Turla, Wannacry, Medoc, FireEye, APT29, Dalia), des êtres d’exception, des légendes, des secrets… On croise ainsi un expert de parkour urbain et de pirates informatiques chinois ; une dame discrète arborant un collier de perles, cheffe du temple le mieux gardé de la NSA ; un général d’armée anciennement pilote d’hélicoptère et espion, et plusieurs membres de la DGSE ; des pirates américains, turcs, russes, israéliens et bien sûr français... On voit les plus grandes agences de renseignement et les meilleurs informaticiens se mobiliser. Car le cyberespace est un monde différent, où les alliés qui se comptent sur les doigts d’une main peuvent, en quelques frappes sur un clavier, se transformer en redoutables adversaires.
Une plongée inédite dans les entrailles d’une guerre mondiale, silencieuse, dangereuse, évidemment mortelle.
. Michaël Levystone, Asie centrale - Le réveil, Paris, Dunod, mars 2024.
L’Asie centrale, berceau de civilisations et terre de passage entre l’Asie et l’Europe dans le contexte des mythiques routes de la soie, a connu de profonds bouleversements. Un remodelage administratif sous l’ère soviétique crée les républiques du Kazakhstan, du Kirghizstan, de l’Ouzbékistan, du Tadjikistan et du Turkménistan qui proclament leur indépendance en 1991. Chacune des républiques d’Asie centrale emprunte alors une trajectoire spécifique. Le Kazakhstan, géant de la région, se rapproche des grandes puissances (notamment occidentales). Le Kirghizstan et le Tadjikistan se retrouvent confrontés à de fortes instabilités intérieures. L’Ouzbékistan et le Turkménistan s’enfoncent dans les régimes les plus autocratiques et autarciques de la région.
Depuis plusieurs années, des évolutions notables se font sentir dans chacun de ces pays. Exposés aux conséquences induites par le retour des Talibans au pouvoir en Afghanistan en 2021 et par l’invasion russe de l’Ukraine en 2022, les pays d’Asie centrale démontrent une volonté accrue de renforcer leur dialogue et de tisser de nouveaux partenariats, créant un effet d’aubaine pour les puissances rivales de la Russie.
Frappée par la malédiction de l’enclavement, l’Asie centrale se voit ainsi offrir, par cette triste actualité, de nouvelles opportunités pour mettre en valeur ses richesses naturelles et son emplacement stratégique aux confins des puissances russe, chinoise, indienne, iranienne et turque. Un livre incontournable pour mieux comprendre le monde multipolaire en train de s’édifier.
. Raphaël Gaillard, L’homme augmenté - Futurs de nos cerveaux, Paris, Éditions Grasset, janvier 2024.
Hier, l’intelligence artificielle était un fantasme de science-fiction. La voilà sur le point de nous remplacer dans bien des fonctions. Faut-il anticiper un affrontement entre la machine et l’homo sapiens ?
Avec une hauteur de vue inédite sur une question brûlante, le psychiatre et chercheur en neurosciences Raphaël Gaillard montre que cette nouvelle intelligence, née en imitant notre cerveau, a toutes les raisons de s’hybrider avec notre propre intelligence. Le défi ne sera pas de rivaliser avec l’IA mais de réussir cette hybridation. D’ores et déjà, les interfaces cerveau-machine permettent à un homme paralysé de marcher ou de transmettre ses pensées. Demain nous utiliserons l’IA comme nous utilisons nos smartphones, partout et tout le temps, comme un appendice de nous-même, voire en l’incorporant. Faut-il en avoir peur ? Comment nous préparer à cette nouvelle ère ?
Nous avons déjà connu une grande hybridation avec l’avènement de l’écriture et de la lecture, signant notre passage de la Préhistoire à l’Histoire. Déposer hors de soi notre savoir par l’écriture, et se le réapproprier par la lecture, n’était pas si différent de ce que la technologie nous promet. Puisque cette aventure fut une réussite pour l’humanité, nous ferions bien de nous en inspirer.
. Asma Mhalla, Technopolitique - Comment la technologie fait de nous des soldats, Paris, Seuil, février 2024.
Intelligence artificielle, réseaux sociaux, implants cérébraux, satellites, métavers… Le choc technologique sera l’un des enjeux clés du XXIe siècle et les géants américains, les « BigTech », sont à l’avant-garde. Entités hybrides, ils remodèlent la morphologie des États, redéfinissent les jeux de pouvoir et de puissance entre nations, interviennent dans la guerre, tracent les nouvelles frontières de la souveraineté. S’ils sont au cœur de la fabrique de la puissance étatsunienne face à la Chine, ils sont également des agents perturbateurs de la démocratie. De ces liens ambivalents entre BigTech et « BigState » est né un nouveau Léviathan à deux têtes, animé par un désir de puissance hors limites. Mais qui gouverne ces nouveaux acteurs privés de la prolifération technologique ? A cette vertigineuse question, nous n’avons d’autre choix que d’opposer l’innovation politique !
S’attaquant à tous les faux débats qui nous font manquer l’essentiel, Asma Mhalla ose ainsi une thèse forte et perturbante : les technologies de l’hypervitesse, à la fois civiles et militaires, font de chacun d’entre nous, qu’on le veuille ou non, des soldats. Nos cerveaux sont devenus l’ultime champ de bataille. Il est urgent de le penser car ce n’est rien de moins que le nouvel ordre mondial qui est en jeu, mais aussi la démocratie.
Docteure en études politiques, Asma Mhalla est chercheure au Laboratoire d’Anthropologie Politique de l’Ehess. Politologue spécialiste des enjeux politiques et géopolitiques de la Tech et de l’IA, elle conseille gouvernements et institutions dans leur politique publique technologique. Elle a produit et animé, à l’été 2023, l’émission « CyberPouvoirs » sur France Inter qui a été très remarquée.
. Béatrice Giblin, Les grands conflits contemporains - Une approche géopolitique, Paris, Armand Colin, mai 2024.
Conquête pour les ressources naturelles, guerre en Ukraine, conflit des Bassines, question Kurde... Le monde contemporain est traversé de crises et de conflits. Ces situations conflictuelles relèvent de l’enchevêtrement et de la multiplicité de facteurs qui les constituent tant d’un point de vue spatial que temporel ; ce qui en fait des situations dynamiques qui évoluent plus ou moins rapidement et qui peuvent brusquement basculer dans le drame.
Pour mieux comprendre ce qui se joue dans chacune de ces grandes crises contemporaines cet ouvrage analyse, de façon scientifique, les représentations que les différents protagonistes se sont forgés de leur territoire au cours de l’histoire, les rivalités de pouvoir et la façon dont s’exprime chacune des forces en présence.
Un outil indispensable pour conserver un esprit de nuance au milieu des urgences qui nous entourent.
. Chris Miller, La Guerre des semi-conducteurs, l’enjeu stratégique mondial, Paris, Editions de l’artilleur, mai 2024.
Plus que sur le pétrole, le pouvoir – militaire, économique, géopolitique – dans le monde moderne repose désormais sur les puces électroniques, appelées semi-conducteurs. Voitures, téléphones, avions, bourse et même le réseau électrique, plus rien ne pourrait fonctionner sans les puces.
Si l’Amérique est restée une superpuissance, c’est parce qu’elle a dominé les progrès réalisés dans ce domaine et qu’elle en a maîtrisé la conception. Mais cet avantage risque de disparaître car il est de plus en plus menacé. La Chine dépense aujourd’hui plus d’argent pour importer des puces que pour acheter du pétrole ou du gaz et elle a lancé un programme d’investissements gigantesque pour rattraper les États-Unis.
Chris Miller raconte la fascinante histoire des semi-conducteurs, comment des puces plus rapides et plus petites ont contribué à la défaite de l’Union soviétique et pourquoi la bataille pour le contrôle de cette industrie est un enjeu qui surpasse tous les autres.
Chris Miller enseigne l’histoire internationale dans plusieurs universités américaines. Il collabore régulièrement au New York Times et au Wall Street Journal.
. Dominique Moïsi, Le triomphe des émotions – La géopolitique entre peur, colère et espoir, Paris, Robert Laffont, février 2024.
Le nouvel essai d’un de nos plus grands spécialistes de géopolitique, analyste incontournable de ce qui passe dans le monde auprès des médias.
Entre la guerre en Ukraine et la guerre à Gaza, nous vivons dans un monde dominé par les émotions. La montée des nationalismes et des populismes, la remise en cause de la mondialisation, l’accélération du changement climatique et l’inquiétude face aux révolutions technologiques telles que l’intelligence artificielle multiplient les peurs, attisent les colères et laissent peu de place à l’espoir.
Sur fond de rivalité Chine/États-Unis, un nouvel ordre émotionnel du monde est en train d’émerger autour d’un Sud global dominé par un mélange de ressentiment et d’espoir, un Orient global fait d’humiliation et de colère, et un Occident global oscillant entre peur et résilience.
Avec Le Triomphe des émotions, Dominique Moïsi, l’un des experts en géopolitique les plus reconnus internationalement, poursuit la démarche qui avait été la sienne dans La Géopolitique de l’émotion, publié il y a quinze ans et traduit en plus de vingt-cinq langues.
Une lecture passionnante, un regard vivant et original pour comprendre le monde dans lequel nous vivons.
. Florence Chaltiel, Yves Doutriaux, Maxime Lefebvre, Propos sur la souveraineté européenne - Défis sanitaires, sécuritaires, démocratiques, Paris, Dalloz, février 2024.
À la veille d’élections décisives, l’Union européenne apparaît comme une puissance en devenir. L’affirmation progressive de sa souveraineté ne saurait faire abstraction ni des souverainetés nationales ni des défis qu’elle doit encore relever. Face aux crises nombreuses de ces dix dernières années, sanitaire, géopolitique, financière, les Etats-membres et les institutions européennes ont chaque fois tenté de réagir avec unité et fermeté. Cependant les divergences d’intérêts et de vue sont autant d’obstacles sur le chemin de l’Union politique européenne. Cet essai propose une réflexion sur le chemin parcouru et dessine des perspectives pour l’Europe du XXIe siècle.
. Gerard Toal, Oceans Rise Empires Fall. Why Geopolitics Hastens Climate Catastrophe, Oxford, Oxford University Press, juin 2024.
« Il est devenu tout à fait clair que les effets de l’accélération du changement climatique seront catastrophiques, qu’il s’agisse de la montée des eaux, des tempêtes plus violentes ou de la désertification. Dès lors, pourquoi les États-nations éprouvent-ils tant de difficultés à mettre en œuvre des politiques transnationales susceptibles de réduire la production de carbone et de ralentir le réchauffement de la planète ? Dans Oceans Rise, Empires Fall, Gerard Toal désigne la géopolitique comme coupable. Les États préféreraient réduire les émissions dans l’abstrait, mais dans la grande compétition mondiale pour le pouvoir géopolitique, ils donnent toujours la priorité à l’accès aux combustibles à base de carbone, nécessaires pour générer le type de croissance économique qui les aide à rivaliser avec les concurrents. Malgré ce que nous savons aujourd’hui des effets à long terme du changement climatique, les luttes géopolitiques continuent donc de mettre à l’écart les tentatives d’arrêter ou de ralentir le processus.
Le conflit ukrainien, en particulier, met en lumière nos priorités. Pour éviter de dépendre des vastes réserves de pétrole et de gaz de la Russie, les États ont augmenté la production de combustibles fossiles, ce qui accroît nécessairement la quantité de carbone dans l’atmosphère. Les impératifs de contrôle territorial des grandes puissances empêchent toute collaboration pour relever les défis communs. Les drames territoriaux, technologiques et de ressources qui se jouent sur l’échiquier géopolitique masquent actuellement la détérioration des systèmes de survie de la planète. Dans la compétition entre la géopolitique et les politiques climatiques durables, la première a la priorité, en particulier lorsque la concurrence se transforme en conflit ouvert. »
. Valérie Niquet, Marianne Péron-Doise. L’Indo-Pacifique. Nouveau centre du monde. Paris, Éditions Tallandier, mai 2024.
En une décennie, le concept d’Indo-Pacifique s’est imposé comme le lieu d’échanges incontournable pour la Chine, les États-Unis, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie, les pays d’Asie du Sud-Est, sans oublier la France, deuxième puissance maritime mondiale par ses Outre-mer.
L’Indo-Pacifique reflète le basculement de ce début du XXIe siècle. Autrefois voie de passage et point de contact entre les civilisations, il désigne aujourd’hui – de la Corne de l’Afrique à la côte ouest-américaine – un enjeu géostratégique majeur. Moteur économique tiré par les ambitions de la Chine et la maritimisation du monde, cette zone concentre 90 % du transport par conteneurs avec ses ressources, ses opportunités, mais aussi de grandes rivalités. Ces tensions sont fortement liées à la compétition entre puissances, aux revendications territoriales de Xi Jinping, notamment sur Taïwan et en mer de Chine, au dérèglement climatique mais aussi à la pêche illégale, à la piraterie et aux nombreux trafics qui s’y développent.
Cet ouvrage nous aide à comprendre cette large zone et ses multiples défis économiques, culturels, diplomatiques et stratégiques car les conflits territoriaux qui s’y jouent pourraient entraîner le monde dans une crise aux conséquences imprévisibles. Également laboratoire de la biodiversité, de la gouvernance des océans et de coopérations inédites, l’Indo-Pacifique incarne la nouvelle dynamique du monde où la France entend jouer un rôle.
. Dorian Malovic, Requiem pour Hong Kong, Paris, Bayard, avril 2024.
Je suis tombé fou amoureux de Hong Kong il y a quarante ans. Pendant toutes ces années, j’ai été témoin de son histoire : sa qualité de colonie britannique à mon arrivée, sa rétrocession à la Chine en 1997, l’ouverture et l’essor économique de la Chine, et puis la main de fer chinoise qui s’est resserrée, lentement mais sûrement, sur cette région autonome. Le mouvement des parapluies, en 2014, puis les manifestations de 2019 m’ont fait prendre conscience d’un basculement. Et le Covid a définitivement fait exploser ma colère contre la Chine, qui menace nos valeurs humanistes et démocratiques.
. Fawaz A. Gerges, What Really Went Wrong. The West and the Failure of Democracy in the Middle East. New Haven, Yale University Press, mai 2024.
What Really Went Wrong offers a fresh and incisive assessment of American foreign policy’s impact on the history and politics of the modern Middle East. Looking at flashpoints in Iranian, Egyptian, Syrian, and Lebanese history, Fawaz A. Gerges shows how postwar U.S. leaders made a devil’s pact with potentates, autocrats, and strongmen around the world. Washington sought to tame assertive nationalists and to protect repressive Middle Eastern regimes in return for compliance with American hegemonic designs and uninterrupted flows of cheap oil.
The book takes a counterfactual approach, asking readers to consider how the political trajectories of these countries and, by extension, the entire region may have differed had U.S. foreign policy privileged the nationalist aspirations of patriotic and independent Middle Eastern leaders and people. Gerges argues that rather than focusing on rolling back communism, extracting oil, and pursuing interventionist and imperial policies in Iran, Egypt, and beyond, postwar U.S. leaders should have allowed the Middle East greater autonomy in charting its own political and economic development. In so doing, the contemporary Middle East may have had better prospects for stability, prosperity, peace, and democracy.
. François Lecointre, Entre guerres. Paris, Editions Gallimard, avril 2024.
Le combat ne m’a pas forgé le coeur et l’âme, il m’a simplement rendu lucide. J’en sais désormais suffisamment pour ne pas me croire préservé, par ma simple qualité d’homme, du surgissement de l’animal qui gît en moi." Dans ce récit à la première personne, le général Lecointre évoque son parcours de jeune officier - de la naissance d’une vocation jusqu’aux terrains de guerre au Rwanda, à Sarajevo ou en Irak - et donne à voir l’expérience d’homme de guerre dans ce qu’elle a de plus concret, unique, et parfois indicible. Jamais un grand chef militaire n’avait évoqué avec autant d’acuité et de lucidité les doutes et les réalités auxquels se confrontent les soldats : le sentiment de vivre des événements qui ne peuvent être compris que d’eux, la peur paralysante qui surgit à tout moment et, surtout, l’interrogation fondamentale sur le sens de l’action. Comment garder son humanité quand, au coeur du combat, la violence gagne de plus en plus les esprits ? On croyait la guerre réservée aux livres d’histoire, et la voici de nouveau. Cet Entre guerres l’appréhende de manière saisissante et profonde, tout comme il évoque avec pudeur la singulière fraternité unissant les hommes qui dédient leur vie au service de la France.
. Sébastien Ledoux, Paul Max Morin. L’Algérie de Macron. Paris, PUF, mai 2024.
Le premier mandat présidentiel d’Emmanuel Macron a été marqué par une politique particulièrement active sur la guerre d’Algérie. Jamais un chef d’État n’aura personnellement autant agi sur une période historique en cinq ans. L’ouvrage décrypte cet investissement en analysant la façon dont l’objet « guerre d’Algérie » a été mobilisé depuis la campagne présidentielle de 2017 pour être alors intégré dans son positionnement politique « ni droite-ni gauche » et son storytelling d’une figure incarnant le nouveau monde. La guerre d’Algérie s’est trouvée ensuite reconfigurée par des événements (Gilets jaunes, mobilisations antiracistes de la jeunesse, attentats) et par des dynamiques politiques (loi sur le séparatisme, campagne présidentielle de 2022) que le livre retrace avec précision en enquêtant au plus près des acteurs impliqués. Les auteurs pointent enfin ce qui, derrière le symbolique convoqué, produit de l’inaction publique en soulevant les impasses de cette politique mémorielle présidentielle malgré - et peut-être en raison - de l’investissement personnel du Président. Héraut du nouveau monde, le chef de l’État a finalement réduit son action à une politique catégorielle très traditionnelle envers les « groupes mémoriels » concernés, tandis que sa droitisation l’a amené à d’importants renoncements dans le traitement de cet héritage colonial de la société française dont le racisme demeure l’un des aspects les plus structurants.
. Thierry Tardy. The Nations of NATO. Shaping the Alliance’s Relevance and Cohesion. Oxford, Oxford University Press, novembre 2023.
War has returned to Europe, and NATO stands at the forefront of the response to Russia’s aggression in Ukraine. But how does NATO function ? How do NATO member states perceive and act through the Atlantic Alliance ? And ultimately how do states shape NATO’s cohesion and relevance in the face of threats ?
The Nations of NATO explores national policies within the Atlantic Alliance. It examines the foreign policies of 16 allies, focusing on issues such as their strategic cultures, relationship with the United States, contributions to NATO operations, levels of defence spending, domestic challenges, and decision-making processes. The recent crisis in Ukraine has without doubt reinvigorated NATO as a military alliance, but over the last decade it has also been affected by a number of challenges, both endogenous and exogenous. Whether the Alliance is threatened from the outside (Russia, terrorism, China) or is being undermined from within (intra-Alliance politics, diverging threat perceptions) has become an increasingly debated issue. The degree to which the Alliance can adapt to evolving threats has also been at stake. At the heart of these debates are NATO allies’ policies, preferences, threat perceptions, and level of commitment to the shared enterprise.
By analysing the drivers, constraints, and specificities of relevant national policies, the volume offers an overview of NATO’s contemporary functions and challenges, and constitutes an important source of data for future research and comparative analysis.
. Christian Lequesne. Le diplomate et les Français de l’étranger. Paris, Presses de Sciences Po, mai 2024.
Un livre recommandé par le Diploweb
Binationaux, expatriés, actifs internationalisés, retraités, étudiants et, de plus en plus, e-travailleurs, les quelque 2,5 millions de citoyens français vivant à l’étranger sont loin de constituer une communauté homogène. Par le biais de son réseau diplomatique et consulaire, l’État cherche à construire une relation avec cette diaspora en mettant à sa disposition des services et des institutions (lycée français, système de protection sociale, chambre de commerce, mais aussi élus consulaires et parlementaires) qui lui permettent de ne pas renoncer au lien avec le territoire d’origine.
Enquête inédite de science politique menée sur trois continents, l’ouvrage met au jour une pratique diplomatique de la France qui reste largement régalienne : l’État continue de considérer ses ressortissants à l’étranger comme ses protégés, mais peine davantage à faire d’eux une ressource productive au service d’une véritable stratégie d’influence.
. Anahy Gajardo. Autochtonies en terrain miné. Formation et fragmentation des Diaguita dans le Chili néolibéralisé. Paris, Métis Presses, mai 2024.
Nord du Chili, région d’Atacama, début des années 2000 : l’ethnicité diaguita, considérée comme éteinte depuis le XVIIe siècle, renaît de ses cendres. Ses membres viennent d’entrer en lutte contre un projet extractif gigantesque — la mine Pascua Lama — qui menace leur territoire et ses ressources. Parallèlement, ils entreprennent les démarches qui mèneront en 2006 à leur reconnaissance par l’État en tant que peuple autochtone. Moins de vingt ans après, les Diaguita sont devenus le troisième peuple autochtone le plus important du pays. Comment interpréter un tel processus de réémergence ?
Ce livre, résultat de quinze années d’enquête de terrain, éclaire la question complexe de la (trans)formation de l’autochtonie dans un monde néolibéralisé, l’impact des conflits socio-environnementaux sur le tissu social et politique des communautés et le rôle ambigu de l’industrie extractive.
Il montre, entre autres, comment les États et les entreprises maintiennent leur domination sur les peuples autochtones par la reproduction de stéréotypes et de rapports coloniaux.
. Bruno Karsenti, Bruno Latour. Nous autres Européens. Paris, PUF, mai 2024.
À l’été 2022, Bruno Karsenti et Bruno Latour s’entretiennent au sujet de l’Europe. Le texte qui en ressort est l’un des derniers chantiers auquel Latour eut le temps de s’atteler, avant sa disparition à l’automne suivant. Plus qu’un dialogue, c’est un véritable essai de philosophie politique que nous livrent les deux hommes. De la crise actuelle de l’Europe depuis les années 1990, autour des trois grands enjeux que sont la crise climatique, la question musulmane et la divergence de conception entre Est et Ouest de l’État-nation, naît le péril de la montée des nationalismes – enjeu majeur du prochain scrutin de juin 2024.
Loin de n’être qu’observateurs du présent, Latour et Karsenti proposent un autre regard, une « sociohistoire », pour sortir de cette crise : l’Europe ne peut se décrire correctement sans rappeler le sens exact des concepts modernes « d’individu », de « peuple », de « démocratie », et de « souveraineté ». Il s’agit en fin de compte d’appliquer à l’Europe la question posée par Bruno Latour dans l’un de ses derniers livres (« où atterrir ? »), et d’aménager le retour à soi comme à un lieu consistant où s’éprouvent et se forgent nos attachements réels. Ainsi seulement pourra-t-on délivrer de l’Europe un portrait qui corresponde à l’expérience européenne en train de faire, par-delà la crise.
. Cyclope, Les marchés mondiaux 2024. Paris, Editions Economica, mai 2024.
Guerres en Ukraine et à Gaza, incidents autour de la Mer Rouge, mais aussi en mer de Chine sans oublier le Haut Karabakh ni surtout le Soudan, le monde a été encore marqué en 2023-2024 de tensions dont on peine à imaginer l’issue.
Il reste, comme l’exprimait Edmond Dantes, le comte de Monte Cristo, « à attendre et espérer », en analysant l’évolution des grands marchés de la planète.
C’est ce que propose le trente-huitième rapport Cyclope à l’image du voyageur de Caspar David Friedrich contemplant nuages et brume. Achevé au printemps 2024, Cyclope 2024 présente un panorama complet de la situation et des tensions géopolitiques et économiques de la planète ainsi que l’analyse des marchés mondiaux de l’art au zirconium.
. François-Michel Le Tourneau, Chercheurs d’or. L’orpaillage clandestin en Amazonie. Paris, CNRS Editions, juin 2024.
Depuis le début des années 2000, l’orpaillage illégal est massivement présent en Guyane et se montre, malgré un impressionnant dispositif de lutte, remarquablement résilient. Pour tenter de juguler le phénomène et ses désastreuses conséquences environnementales, un partenariat original a été noué entre le géographe François-Michel Le Tourneau, spécialiste de l’Amazonie, et les Forces armées de Guyane, dans le but d’étudier le monde parallèle des garimpeiros, ces chercheurs d’or. Mais comment gagner leur confiance ? Comment s’enquérir de leurs pratiques illégales ? Il faut faire preuve d’une honnêteté et d’une transparence sans failles, afficher immédiatement l’objectif, prouver que l’on connaît le terrain, et y revenir sans cesse.
Voici, quatre ans plus tard, le résultat de cette enquête inédite. Après avoir brossé un panorama de l’histoire et de la géographie de l’or en Amazonie, et fait un tour d’horizon des techniques d’extraction et des voies de commercialisation, l’auteur dresse le portrait de ces chercheurs d’or : qui sont-ils ? d’où viennent-ils ? Quels sont les principes qui régissent leur société parallèle et comment se déroule leur vie dans la forêt ? Ce livre nous entraîne au coeur de la Guyane, peuplé non pas seulement de jaguars ou de tapirs, mais aussi de garimpeiros, patrons de chantiers ou simples ouvriers, de colporteurs et colporteuses, d’épiciers, de cantinières, de logisticiens, de bistrotiers, de prostituées ou encore de missionnaires évangéliques….
. Jean-Eudes Beuret, Anne Cadoret, Les Aires Marines Protégées, vaines promesses et vrais enjeux. Acceptations, conflits, ruptures. Rennes, Presses Universitaires de Rennes, avril 2024.
Promesse de conservation des océans, objet d’une véritable surenchère quantitative, les Aires marines protégées (AMP) sont au cœur des politiques de conservation de la biodiversité marine. À partir de l’étude de 13 AMP sur 5 continents, il s’agit ici de démêler le vrai du faux : que vaut le classement en aire protégée ? Faut-il plus de règlementations, comment sont-elles utilisées ? Comment stimuler des politiques efficaces ? Sur le terrain, la vie des AMP est jalonnée de conflits riches d’enseignements : ils éclairent des insatisfactions, inefficacités, points de vue à concilier, possibles compromis. Leur analyse révèle l’existence d’un modèle générique appliqué partout, souvent incompris, moteur de conflits possibles. Associant la géographie des conflits, l’économie des institutions et la political ecology, cet ouvrage permet de tracer des pistes opérationnelles pour des aires marines protégées mieux acceptées et plus efficaces. Il s’adresse aux chercheurs, décideurs, gestionnaires d’aires protégées, mais aussi à tous ceux qui sont interpellés par l’érosion de la biodiversité et l’urgence d’une action de conservation efficace.
. Younes Ahouga. Gouverner les migrations pour perpétuer la mondialisation : gestion migratoire et OIM. Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, mai 2024.
La gestion migratoire est un imaginaire qui préconise l’ouverture régulée face aux migrations internationales. Il réduit leur complexité pour les rendre intelligibles, les gouverner d’une manière dépolitisée et technocratique, et pour perpétuer les flux de la mondialisation. Mais en l’absence d’un régime international de la migration, la gestion migratoire est concurrencée par les imaginaires de la sécurisation et de la libéralisation des migrations. Sa sédimentation durable dépend alors de la construction matérielle de ses interprétations à travers des institutions. Pour comprendre cette évolution de la gestion migratoire de l’interprétation à la construction, cet ouvrage retrace les trois moments de son émergence, de sa sélection et de son maintien au sein de l’Organisation internationale pour la migration (OIM). Cette institution clé de la gouvernance migratoire a été marquée du début des années 2000 à 2018 par l’extension de son rôle et de ses activités à l’aune de la gestion migratoire. Cet ouvrage mobilise une approche qui mêle économie politique culturelle et analyse critique du discours pour examiner l’évolution d’un imaginaire à partir de l’interaction entre production de sens, capacité d’action des acteurs sociaux, structuration du contexte institutionnel, et technologies gouvernementales. Fort de l’analyse de réunions et documents de l’OIM, l’ouvrage révèle comment divers fonctionnaires internationaux, diplomates et experts ont formulé, diffusé, matérialisé ou encore contesté la gestion migratoire. L’étude de cet imaginaire permet de comprendre la transformation de l’OIM et son rôle dans la constitution d’une nouvelle gouvernance migratoire suite à l’adoption en 2018 du Pacte mondial pour les migrations.
. Constanze Letsch. Territorial stigmatisation. Urban renewal and displacement in a central Istanbul neighbourhood. Columbia, Columbia University Press, août 2023.
In Tarlabasi, an Istanbul neighbourhood facing massive redevelopment and displacement, marginalised residents speak about belonging, stigma, and what their community means to them. Based on a long-term ethnographic study that includes interviews, photographs, and archival research, Constanze Letsch examines how territorial stigmatisation is weaponised by the state and how differently stigmatised groups try to fight against the vilification of their neighbourhood. The contested plans of urban renewal threaten not only their homes and workplaces but a rapidly vanishing Istanbul : socio-demographic interdependencies and networks that have developed over decades.
. François Chaubet, Charlotte Faucher, Laurent Martin, Nicolas Peyre (dirs.), Histoire(s) de la diplomatie culturelle française – Du rayonnement à l’influence. Paris, Editions de l’Attribut, mai 2024.
Issu d’un colloque organisé par Laurent Martin et Charlotte Faucher en mai 2022, avec le soutien de l’Université Sorbonne Nouvelle, de la MSH Paris Nord et du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, le contenu de ce livre dépasse le simple cadre d’actes en raison de l’enrichissement apporté par chaque auteur et autrice dans le but de mettre en perspective l’histoire de la diplomatie culturelle française.
La trentaine d’articles rédigés par des spécialistes français ou étrangers nous éclairent sur l’histoire et l’actualité de l’« exception culturelle française », un aspect essentiel de l’action politique extérieure que la France a inventé à l’ère contemporaine et qui utilise la culture comme levier de puissance. Les instituts culturels, les alliances françaises, les services culturels des ambassades ont permis à la France de mettre en œuvre une diplomatie culturelle pionnière et originale.
L’ouvrage s’adresse aussi bien à celles et ceux qui ont vécu cette riche histoire de l’intérieur qu’aux acteurs et actrices de la culture, de la science et de l’éducation qui cherchent à mieux comprendre les leviers de la politique culturelle française à l’étranger, souvent mal connue et parfois fantasmée.
. Guillaume Sacriste, Le Parlement européen contre la démocratie ? Repenser le parlementarisme transnational. Paris, Presses de Sciences Po, mai 2024.
Ce livre invite à un autre fédéralisme européen, celui d’un parlementarisme transnational. Il argumente en faveur de la création d’une seconde assemblée aux côtés du Parlement européen constituée de représentants des 27 parlements nationaux – les citoyens des États membres.
Le continent européen fait face à une série de crises sans précédent dont la guerre en Ukraine, la crise climatique et la montée du populisme sont les plus saillantes à ce jour. Sous-équipée par rapport à la Chine et aux États-Unis pour y répondre et incapable d’investir massivement au même titre que ses concurrents, l’Europe décroche.
Cette faiblesse de l’Union trouve son origine dans l’illégitimité congénitale du Parlement européen. Les nombreuses tentatives des parlementaires fédéralistes pour l’imposer comme le garant de la démocratie européenne ont échoué : impuissante à mobiliser les ressources collectives des sociétés, l’institution semble jouer contre elle-même. D’autres voies sont pourtant possibles pour permettre à l’Union d’agir démocratiquement, comme la création, à côté du Parlement européen, d’une seconde chambre constituée de représentants des parlements des États membres, dont la légitimité, notamment en matière fiscale, ne fait pas question.
. Léo Péria-Peigné. Géopolitique de l’armement. Instrument et reflet des relations internationales. Paris, Editions Le Cavalier Bleu, juin 2024.
« La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens », et le premier de ces moyens est l’armement. En permettant aux États d’imposer leurs objectifs politiques à d’autres, ou de s’en prémunir, l’armement est donc un objet géopolitique majeur.
Partant d’une analyse sur la nature politique, technologique et commerciale de l’armement depuis l’âge du bronze jusqu’à l’âge du drone, Léo Péria-Peigné propose un état des lieux des acteurs présents et à venir, miroir de la complexité et des évolutions des relations internationales contemporaines.
L’étude spécifique du cas français, trente ans après la fin de la guerre froide, souligne les spécificités et vulnérabilités attachées à l’armement tricolore. Les enjeux liés aux nouvelles technologies, comme le quantique ou l’hypersonique, permettent enfin d’évoquer les nouveaux milieux dans lesquels évoluent les armements modernes, des grands fonds à l’espace.
. Omar A. Loera-González, Role Theory and Mexico’s Foreign Policy. Making Sense of Mexico’s Place in World Politics. Londres, Routledge, mai 2024.
Role Theory and Mexico’s Foreign Policy examines why Mexico has an unusual foreign policy for a middle-power country.
Using a series of case studies to show how role conflict has operated in Mexico’s foreign policy, Omar Loera-González studies three specific settings where Mexico could have displayed middle-power behaviour. First, he analyses Mexico’s controversial membership and performance in the Iraq crisis within the Security Council of the United Nations from 2002 to 2003. The second case study examines Mexico’s ambition to display a regional leadership role in regional multilateral bodies like the Community of Latin American and Caribbean States (CELAC) and the Pacific Alliance (PA). In the third and final case study, Loera-González focuses on Mexico’s engagement in human rights and democracy promotion. Conflicting expectations from several actors – domestic and external – have led to a foreign policy contradictory to what is expected for a country with Mexico’s material capabilities and its foreign policy objectives.
This book will be of interest to graduate students and researchers who work on and with foreign policy analysis and role theory, or to those with a research interest on Mexico.
Bonus conférence Diploweb. Proche-Orient : la paix a-t-elle encore un avenir ? Amb. E. Danon
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. Pierre Haroche. Dans la forge du Monde. Comment le choc des puissances façonne l’Europe. Paris, Éditions Fayard, mai 2024.
Les Européens ont été les premiers à faire le tour du globe, en 1522. Ils ont donné à la mondialisation son impulsion par les voyages, le commerce et la colonisation, unifiant le monde comme leur vaste empire. Ils n’étaient pas une civilisation, ils étaient la civilisation.
Aujourd’hui, ils assistent au retour du balancier : désormais, l’histoire, c’est les autres. La rivalité entre les États-Unis et la Chine relègue au second plan un Vieux Continent confronté à nouveau à la guerre contre la Russie. Voilà le phénomène que Pierre Haroche met en lumière : le rôle de plus en plus crucial de la nouvelle compétition mondiale entre puissances dans le destin européen. Sous l’effet des dernières crises, dont l’électrochoc ukrainien, les Européens sont contraints d’innover, de se repenser, pour surmonter leurs faiblesses. Une nouvelle Europe est en train de sortir de la forge du monde.
Explorer cette boucle inattendue, cette valse séculaire entre deux entités titanesques – l’Europe et le monde –, tel est le projet de ce livre. Car nous sommes à la croisée des chemins.
. Aaron Bateman, Weapons in Space. Technology, Politics, and the Rise and Fall of the Strategic Defense Initiative. Cambridge, MIT Press, mai 2024.
A new and provocative take on the formerly classified history of accelerating superpower military competition in space in the late Cold War and beyond.
In March 1983, President Ronald Reagan shocked the world when he established the Strategic Defense Initiative (SDI), derisively known as “Star Wars,” a space-based missile defense program that aimed to protect the US from nuclear attack. In Weapons in Space, Aaron Bateman draws from recently declassified American, European, and Soviet documents to give an insightful account of SDI, situating it within a new phase in the militarization of space after the superpower détente fell apart in the 1970s. In doing so, Bateman reveals the largely secret role of military space technologies in late–Cold War US defense strategy and foreign relations.
In contrast to existing narratives, Weapons in Space shows how tension over the role of military space technologies in American statecraft was a central source of SDI’s controversy, even more so than questions of technical feasibility. By detailing the participation of Western European countries in SDI research and development, Bateman reframes space militarization in the 1970s and 1980s as an international phenomenon. He further reveals that even though SDI did not come to fruition, it obstructed diplomatic efforts to create new arms control limits in space. Consequently, Weapons in Space carries the legacy of SDI into the post–Cold War era and shows how this controversial program continues to shape the global discourse about instability in space—and the growing anxieties about a twenty-first-century space arms race..
. Christian Destremau. Ibn Saoud : Seigneur du désert, roi d’Arabie. Paris, Perrin, mai 2024.
La biographie d’un géant de l’Histoire, conquérant et fondateur de l’Arabie saoudite.
Ibn Saoud est le fondateur, en 1932, du royaume d’Arabie saoudite et le grand-père de l’homme fort actuel, Mohammed ben Salman. Jacques Benoist-Méchin en avait donné une biographie, il y a soixante-dix ans, qui connut un succès considérable, à une époque où le royaume commençait tout juste à faire parler de lui en raison des découvertes pétrolières. Les temps ont changé et, sous l’impulsion de " MBS ", l’Arabie saoudite est devenue un acteur parfois controversé mais incontournable des affaires internationales. Mais si le pays semble, dans une certaine mesure, s’ouvrir à la modernité – toujours grâce au pétrole mais aussi, désormais, grâce au tourisme et au football... –, il demeure une énigme.
C’est en se replongeant dans le passé, dans la vie aventureuse du jeune Ibn Saoud, au début du XXe siècle, que l’on peut mieux comprendre le royaume tel qu’il est aujourd’hui. Christian Destremau brosse avec brio le portrait d’un " renard du désert " devenu homme d’État ; d’un conquérant bâtisseur et mû par de solides convictions – notamment au sujet de la Palestine et de la naissance d’Israël. Pendant les trente-deux années que dura la conquête de la péninsule Arabique, Ibn Saoud fit preuve d’une maîtrise parfaite dans l’art de la guerre du désert et, plus encore, d’une habileté consommée face à ses adversaires comme avec ses alliés. Ainsi fit-il allégeance à la Grande-Bretagne durant la Première Guerre mondiale et sollicita-t-il l’aide financière de Moscou, cette métropole satanique, pour renflouer ses caisses à l’aube des années 1930. En 1932, le royaume d’Arabie saoudite était fondé et, après une dernière expédition guerrière contre l’imam du Yémen (1934), ses frontières stabilisées : celui qui n’avait pas une pierre où poser la tête au début de son entreprise régnait désormais sur un territoire grand comme trois fois et demie la France.
Cet homme d’État incontournable et madré – qui choisit de maintenir son pays dans une neutralité favorable aux Alliés durant la Seconde Guerre mondiale – a conclu en 1945 avec le président américain Roosevelt un accord stratégique motivé par la géopolitique du pétrole, plaçant l’Arabie saoudite dans l’orbite économique et sous la protection militaire américaine. À sa mort en 1953, il laisse derrière lui l’un des pays les plus puissants et influents du monde musulman, membre de l’ONU et de la Ligue arabe. En lisant la magistrale biographie que lui consacre aujourd’hui Christian Destremau, à partir, notamment, de nombreux documents d’archives, on découvre notamment un fait essentiel : pour Ibn Saoud, comme pour ses successeurs, la religion islamique, sous sa forme " wahhabite " – à laquelle ils adhèrent pleinement – n’a pas pour mission de convertir le monde, mais doit aider la dynastie des Saoud à se maintenir au pouvoir, pour les siècles qui viennent.
Le récit d’une vie hors normes qui se lit comme un roman d’aventures.
. Dylan M.H Loh, China’s Rising Foreign Ministry. Practices and Representations of Assertive Diplomacy. Stanford, Stanford University Press, avril 2024.
China’s rise and its importance to international relations as a discipline-defining phenomenon is well recognized. Yet when scholars analyze China’s foreign relations, they typically focus on Beijing’s military power, economic might, or political leaders. As a result, most traditional assessments miss a crucial factor : China’s Ministry of Foreign Affairs (MOFA). In China’s Rising Foreign Ministry, Dylan M.H Loh upends conventional understandings of Chinese diplomacy by underlining the importance of the ministry and its diplomats in contemporary Chinese foreign policy. Loh explains how MOFA gradually became the main interface of China’s foreign policy and the primary vehicle through which the idea of ’China’ is produced, articulated, and represented on the world stage. This theoretically innovative and ambitious book offers an original reading of Chinese foreign policy, with wide-ranging implications for international relations. By shedding light on the dynamics of Chinese diplomacy and how assertiveness is constructed, Loh provides readers with a comprehensive re-appraisal of China’s foreign ministry and the role it performs in China’s re-emergence.
. Jean-François Colosimo, Occident, ennemi mondial n°1. Paris, Editions Albin Michel, avril 2024.
Avec l’érudition et le style qu’on lui connaît, Jean-François Colosimo raconte la mutation de ces anciens empires : leur européanisation inaboutie à partir du XVIIIe siècle, leur occidentalisation artificielle au XIXe siècle, leur folle modernisation totalitaire ou nationaliste au XXe siècle. Pour finir par leur autodestruction culturelle. Ce livre montre en quoi les leaders du « grand réarmement » de ces cinq empires - le Russe Poutine, le Chinois Xi, l’Iranien Khamenei, le Turc Erdogan, l’Indien Modi - renouent avec les anciennes croyances religieuses pour redynamiser leurs systèmes oppressifs et bellicistes.
Aveuglé par son arrogance, l’Occident pensait que « le commerce était là, nouvel opium des peuples, pour tout apaiser ». Il ignorait que la première guerre mondialisée avait déjà commencé, et qu’il était devenu l’ennemi mondial n°1.
. Marieke Louis. Lucile Maertens. La dépolitisation du monde. Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, mai 2024.
Les débats sur l’utilité des organisations internationales pendant la pandémie de COVID-19 ou la guerre en Ukraine illustrent le poids des attentes qui reposent sur ces institutions, malgré leur affirmation de ne pas intervenir dans le champ politique. Cet ouvrage prend cette revendication au sérieux et étudie la manière dont ces organisations s’efforcent de « dépolitiser le monde ». S’appuyant sur divers cas d’étude, de la gestion de la crise environnementale à la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU, les autrices analysent de façon précise les pratiques d’expertise, les prétentions à la neutralité et le jeu sur la temporalité des négociations qui mènent à la dépolitisation. Elles mettent au jour trois grandes logiques qui la sous-tendent : le pragmatisme, les stratégies de légitimation et les tactiques d’évitement de la responsabilité. Tout en éclairant la complexité et la crise de légitimité du multilatéralisme contemporain, elles montrent en définitive qu’il est impossible de réduire ces organisations à de simples mécanismes apolitiques établis uniquement pour faciliter la coopération internationale.
. Olivier Hanne. Histoire du djihad. Des origines de l’islam à Daech. Paris, Éditions Tallandier, mai 2024.
Les attentats répétés en Europe et l’instabilité au Moyen- Orient relancent régulièrement la question du djihad. Mais si l’on utilise souvent cette notion, on en explique rarement l’histoire et les fondements. Sur quels textes s’appuient les terroristes pour justifier leurs actes ? Que dit le Coran sur la guerre ? Comment le djihad est-il devenu la forme légale de la guerre dans l’histoire de l’islam ?
Retraçant l’histoire du djihad depuis les origines de l’islam jusqu’à Daech, Olivier Hanne propose une lecture critique des principales sources historiques. Il montre que le djihad fut interprété de manière souvent contradictoire dans le monde musulman, et dévoile comment il fit l’objet de multiples réécritures et manipulations de la part des autorités politiques, jusqu’à devenir une idéologie contemporaine meurtrière à travers le djihadisme.
Alors que les études sur le sujet sont généralement fragmentées, se focalisant sur l’islam médiéval ou sur le terrorisme contemporain, Olivier Hanne éclaire les violences de notre temps grâce à une fresque de quatorze siècles.
. Adam Baczko. La guerre par le droit. Les tribunaux Taliban en Afghanistan. Paris, CNRS Editions, mai 2024.
Et si les Taliban, aux capacités militaires et technologiques bien inférieures à celles des armées occidentales, avaient gagné la guerre par le droit ? Tandis que la coalition internationale a mis sur pied un système juridique inadapté et miné par la corruption, les Taliban ont installé des centaines de tribunaux dans les campagnes. En insistant sur le respect des procédures, l’impartialité des juges et l’application des verdicts, ce système s’est imposé comme une des rares sources de prévisibilité dans le quotidien des Afghans.
« Le tribunal des Taliban est pour tous, mais le tribunal du gouvernement est seulement pour les gens riches », confie un habitant de la province du Wardak. De quelles manières les Taliban ont-ils gagné la confiance de la population avant 2021 ? Comment sont-ils parvenus à se mettre en position de réguler les rapports sociaux ? Et avec quelles conséquences pour la société afghane ?
. Lukas Aubin, Jean-Baptiste Guégan, La guerre du sport. Une nouvelle géopolitique. Paris, Éditions Tallandier, avril 2024.
Les grands événements sportifs rassemblent la moitié de l’humanité. Ils sont devenus des armes de séduction massive, vecteurs de la guerre des récits. En 2014, la Russie a utilisé les Jeux de Sotchi pour signifier son retour sur la scène internationale ; la même année, elle annexait la Crimée. Les États-Unis y ont répondu en dénonçant le dopage des athlètes russes. En 2022, Xi Jinping et Vladimir Poutine ont déclaré leur « amitié éternelle » lors des Jeux d’hiver avant l’invasion de l’Ukraine. Le Qatar, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite – qui a réussi à attirer Cristiano Ronaldo – utilisent à coups de milliards le sport comme levier d’influence. L’Afrique ou l’Inde de Narendra Modi ne sont pas en reste. À l’image de notre monde divisé, la désoccidentalisation du sport est en marche. L’Europe n’y échappe pas. La France en a fait un élément de sa diplomatie et se rêve en puissance sportive. À l’heure où la planète a les yeux rivés sur les Jeux de Paris, ce livre fait un état des lieux nécessaire. Le sport est partout, son instrumentalisation aussi.
. Martin Baloge, La politique en Allemagne. Paris, Editions La Découverte, mai 2024.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et la reconstruction, l’Allemagne s’est beaucoup transformée, en particulier du fait de la réunification. Sur le plan politique, on a assisté à l’affaiblissement des partis traditionnels, au changement des électorats, à l’émergence d’une extrême droite parlementaire... Cette évolution fragilise-t-elle la démocratie allemande et ses principes : consensus politique, démocratie de partis, négociation syndicale, participation des citoyens ?
Pour répondre à cette question, ce livre analyse la persistance du clivage politique Est/Ouest, les succès de l’AfD au sein des nouveaux Länder de l’ex-RDA, ou les effets durables de la religion et de la classe sur le vote. Sont également étudiées les évolutions du recrutement politique au Bundestag et la gouvernementalisation de l’action publique au sein de grandes coalitions. L’examen du système partisan, passé de trois partis dans les années 1960 au multipartisme, permet de comprendre les conséquences de l’émergence de nouveaux acteurs politiques. Il en ressort que le jeu politique allemand est bouleversé.
. Oksana Mitrofanova. France-Ukraine. Une histoire des relations diplomatiques et militaires. 1991-2023. Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, février 2024.
En décembre 1991, suite à la dissolution de l’URSS, l’Ukraine retrouve son indépendance. Elle devient alors le deuxième pays d’Europe par sa superficie et dispose du troisième arsenal nucléaire mondial jusqu’en 1994 et la signature du mémorandum de Budapest. La création d’une telle puissance en Europe de l’Est a reçu une réponse immédiate de la diplomatie militaire française : le poste d’attaché militaire français à Kiev est créé dès 1992 et la première visite officielle du ministre des Affaires étrangères français a lieu en janvier de la même année.
De présidents en ambassadeurs, entre coopération et méconnaissance, Oksana Mitrofanova dessine l’histoire des relations diplomatiques et militaires franco-ukrainiennes sur plus de trente années. Abordant les problématiques de l’intégration européenne, de l’influence russe en France et du rapport à l’OTAN, et s’appuyant sur des entretiens avec d’anciens ambassadeurs ou militaires, des hommes politiques et des universitaires, elle montre comment la France est devenue un partenaire privilégié de l’Ukraine en Europe.
. Pierre Vermeren (dir.). Économie politique de la Tunisie et du Maghreb. Les défis de la mondialisation (années 1980-années 2000). Paris, Hémisphères éditions, mai 2024.
Ce livre à plusieurs voix revient sur les défis économiques posés aux économies du Maghreb après quarante ans d’ouverture, de libéralisation des flux, de démantèlement des services publics et sociaux, dans la droite ligne des injonctions venues de Washington et de l’Union européenne. La Tunisie, présentée jusqu’aux Printemps arabes comme le pays modèle de la région par ses partenaires du Nord, y est plus particulièrement étudiée. Son échec n’est-il pas celui de toute une région qui n’a pas réussi à s’industrialiser depuis soixante ans, qui ne parvient pas à nourrir sa population par ses productions, encore moins à employer sa jeunesse, et dont le décollage est toujours remis à des lendemains meilleurs ?
Comment analyser l’échec de l’insertion des économies du Maghreb dans la mondialisation, en dépit de tous les efforts fournis et consentis depuis des décennies par les peuples de la région, suivant un agenda économique et réformiste désormais coécrit par les institutions financières internationales, les instances européennes et les gouvernements nationaux ? Et quels seraient les moyens de sortir de cette spirale qui maintient les pays du Maghreb et la grande majorité de leurs peuples aux portes d’un niveau de développement décent ?
. Xavier Aurégan, Thierry Pairault (dir.), L’Afrique et ses présences chinoises. Paris, L’Harmattan, mai 2024.
Cet ouvrage concilie deux approches. Dans une première partie, Stratégies géopolitiques chinoises, il étudie les stratégies globales définies par la Chine et la place qu’elles réservent à l’Afrique. Dans une seconde partie, Approches socio-politiques africaines, il examine la réception africaine de ces présences chinoises et les réponses diverses qu’elles suscitent dans quatre pays – Algérie, Cameroun, Côte d’Ivoire et Ghana. L’ouvrage se conclut sur une annexe statistique.
L’ensemble des contributions diversifie les éclairages sur des relations plus subtiles qu’elles ne sont généralement dépeintes. Contrairement à un cliché, les présences chinoises en Afrique sont le fruit d’une pluralité de facteurs qui altèrent parfois leur nature première ainsi que nos représentations, quand ce ne sont pas les acteurs africains eux-mêmes qui, en se les réappropriant, les réinventent.
. Giuliano da Empoli (dir), Le Grand Continent. Portrait d’un monde cassé : l’Europe dans l’année des grandes élections. Paris, Gallimard, avril 2024.
Par un curieux hasard de calendrier, les citoyens de soixante-seize pays sont appelés aux urnes en 2024. Quatre milliards de personnes, plus de la moitié de l’humanité, seront affectées par les résultats de ces élections. À y regarder de plus près, ce qui frappe n’est pas tant le caractère exceptionnel du climat électoral qui s’est installé sur la planète que sa banalité. Nous sommes entrés en campagne permanente, dans un univers où il n’existe plus aucune différence entre l’agitation et la conflictualité qui caractérisaient autrefois les campagnes électorales et le débat démocratique ordinaire.
Nos sociétés sont prises dans une spirale centrifuge, frénétique, où les périodes électorales se confondent avec la normalité du monde cassé que nous habitons - et dont, avec le Grand Continent, nous décryptons les lignes de faille.
. Hélène Combes, De la rue à la présidence. Foyers contestataires à Mexico (2006-2018). Paris, CNRS Éditions, mai 2024.
De Maïdan à Nuit debout en passant par la place Tahrir au Caire, les années 2010 ont été secouées par les mouvements d’occupation de l’espace public. Tous ont suscité une même question sur leurs débouchés politiques concrets. À cet égard, le cas du Mexique apporte un décalage éclairant. La contestation du résultat des élections présidentielles de 2006 donne en effet lieu à un vaste campement contestataire installé au coeur de Mexico durant 48 jours, initiant une dynamique qui débouche, douze ans plus tard, sur l’accession au pouvoir d’Andrés Manuel López Obrador (AMLO, pour ses partisans) et de son nouveau parti, Morena.
Année après année, Hélène Combes a suivi nombre de protagonistes, majeurs ou mineurs, de cette évolution. Son enquête revient sur les principales étapes de structuration de cette opposition – du tour de chacune des municipalités mexicaines entrepris par Obrador à la création du parti, en passant par la constitution de brigades de militantes ou la mise sur pied d’un quotidien – et interroge les modalités de mobilisation en croisant classes sociales, territoires et trajectoires individuelles.
. Manuel Alcántara Sáez, Mercedes García Montero y Asbel Bohigues, Elecciones en América Latina : de pandemia y de derrotas (2020-2023). Madrid, Centro de Estudios Políticos y Constitucionales, avril 2024.
Diecisiete países de América Latina han celebrado procesos electorales desde mediados del año 2020 hasta finales de 2023. En esta obra colectiva se abordan dichos comicios con un capítulo por país más una introducción y unas conclusiones con perspectiva comparada. En este intenso ciclo electoral hay dos elementos de carácter global que incidieron sobremanera como son la pandemia de la COVID-19 y, posteriormente, la guerra en Ucrania. Estos dos explosivos acontecimientos se sumaron a una serie de fenómenos que ya estaban marcando el panorama sociopolítico de la región como la emigración, el cambio climático, las redes sociales, la equidad de género o el auge de noticias falsas en escenarios políticos cada vez más polarizados y con algunas democracias en pleno proceso de erosión. La otra gran tendencia latinoamericana de los últimos años, muy presente en la obra, es la alternancia electoral presidencial, una suerte de giro a la oposición. Así, la exitosa superación de la COVID-19, la centralidad de las elecciones como principal mecanismo para canalizar el conflicto en la gran mayoría de países, la recurrente polarización en torno a ejes de confrontación nuevos y el giro a la oposición constituyen un hilo conductor de la presente obra.
. Michel Duclos, Diplomatie française. Paris, Alpha/Humensis, avril 2024.
Dans ce nouvel essai, Michel Duclos nous alerte sur le risque de voir la France perdre pied dans les mutations rapides qui affectent les équilibres internationaux. La crise du coronavirus est venue détraquer toutes les données de la politique mondiale. Par ailleurs, très engagé en faveur d’une Europe forte, Emmanuel Macron a pratiqué sur la scène internationale une politique brillante, émaillée de coups d’éclat, mais avec peu de résultats substantiels... Dans le grand bouleversement du monde, le moment est venu pour les Français de mesurer avec lucidité le poids réel de leur pays et l’ampleur des défis qu’ils doivent affronter. En des pages empreintes d’expérience et de sagacité, le grand spécialiste de géopolitique leur propose les clefs d’une réflexion en profondeur, car c’est à eux qu’il appartient de choisir les priorités de l’action internationale de la France pour les années 2020, sur de multiples fronts : la construction européenne, le positionnement de l’Europe face au duo sino-américain, les théâtres de crise qui continuent d’affecter leur sécurité, au Moyen-Orient ou ailleurs, ou les grands enjeux liés au changement climatique et aux transformations technologiques. Il serait donc essentiel, vital même, que les élections présidentielles de 2022 soient l’occasion d’un débat de fond sur ces sujets. Ce livre nous y prépare.
. Ugo Palheta. Découvrir la révolution des œillets. Portugal (1974-1975). Paris, Editions sociales, avril 2024.
La révolution des Œillets semble faire l’objet d’un consensus : le 25 avril 1974, jour où tomba enfin au Portugal la plus vieille dictature fasciste du monde, est une date qu’on célèbre. 48 ans d’oppression balayés en 24 heures, quasiment sans coups de feu. Le mythe est beau – celui de ces soldats communiant avec un peuple avide de changement – mais l’histoire est plus tortueuse et plus riche. Car le 25 avril resté dans les mémoires ouvre sur un épisode historique en partie oublié : une séquence de 19 mois d’effervescence populaire où tout semble possible. « Découvrir la révolution des Œillets » permettra d’apporter quelques clés de compréhension de ce qui demeure la dernière révolution sociale sur le continent européen.
. Abel Dembele, La politique africaine des Etats-Unis de Clinton à Obama. Paris, Éditions L’Harmattan, mars 2024.
Cet ouvrage aborde un sujet souvent délaissé par les experts en relations internationales. Il propose une synthèse, jusque-là inédite, des relations entre les États-Unis et l’Afrique.
L’effondrement de l’URSS et le choc consécutif aux attentats du 11 septembre 2001 ont été, sans nul doute, la base de la nouvelle conception de la politique africaine des États-Unis. En raison de ces deux événements majeurs, l’Afrique, longtemps marginalisée dans la politique étrangère de Washington, a vu son intérêt se révéler auprès des acteurs politiques américains.
Ce travail constitue une grille de lecture pluridisciplinaire des enjeux économiques et sécuritaires, sanitaires et éducatifs, institutionnels et humanitaires qui tissent les relations entre les États-Unis et l’Afrique durant les administrations américaines menées par les présidents Bill Clinton, George W. Bush et Barack Obama.
. Benjamin Burbaumer. Chine/Etats-Unis, le capitalisme contre la mondialisation. Paris, Éditions La Découverte, avril 2024.
Tensions géopolitiques, guerre commerciale, Nouvelles Routes de la soie, course à l’armement dans l’Indopacifique, bataille des semi-conducteurs... La montée en puissance de la Chine inquiète, et sa rivalité avec les États-Unis atteint un point de bascule qui bouleverse les équilibres mondiaux.
Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi ? Si le constat est clair, l’analyse fait cruellement défaut. Tels des somnambules, nous avançons sans vraiment comprendre la déstabilisation du monde qui se joue pourtant sous nos yeux.
Dans cette tempête, il est nécessaire de retrouver une boussole. Par l’analyse économicopolitique, ce livre élucide les ressorts profonds et les enjeux existentiels de l’affrontement entre les deux superpuissances : c’est le capitalisme lui-même qui mine la mondialisation et entraîne la fragmentation actuelle. En devenant capitaliste, la Chine s’est vue contrainte de défier ce qui a permis son essor, à savoir une mondialisation pensée, organisée, contrôlée par et pour les États-Unis.
Cette contradiction l’a amenée à tailler des croupières aux multinationales américaines via une réorganisation sino-centrée du marché mondial, en créant de nouvelles infrastructures technologiques, monétaires et physiques qui court-circuitent la supervision américaine. Cette démarche place Pékin sur les rails d’une confrontation directe avec les États-Unis qui va redessiner notre monde. Ce livre, grâce aux clés de compréhension inédites qu’il propose, nous aide à en prendre toute la mesure.
. Julien Jeanneney, Une fièvre américaine. La Cour suprême (XVIIIème – XXIème siècles). Paris, CNRS Éditions, mai 2024.
C’est désormais l’un des événements les plus scrutés de la vie politique américaine : le choix d’un nouveau membre de la Cour suprême. Des Présidents s’attellent à modeler le pays par de telles nominations. En réaction, des millions de dollars sont dépensés, des espaces publicitaires sont achetés, des clips sont diffusés, des manifestations sont organisées, des scandales sont provoqués. Le destin de l’Amérique s’y joue en large part. Elle est traversée de passions fébriles, à l’écho souvent mondial.
Puisant notamment dans les comptes rendus d’auditions sénatoriales des candidats à la Cour suprême, Julien Jeanneney ne restitue pas seulement une profusion d’événements, souvent riches en rebondissements. Il décèle des mouvements de fond qui touchent les équilibres institutionnels, les usages démocratiques et les émotions politiques. Son récit éclaire, dans la longue durée, la civilisation américaine dans son ensemble.
. Mehdi Labzaé, Partisans, fonctionnaires et paysans. Une enquête sur l’État-parti en Éthiopie. Aubervilliers, Éditions de l’EHESS, avril 2024.
Comment se déploie le pouvoir dans un État autoritaire ? C’est ce que cherche à comprendre Mehdi Labzaé en poussant les portes de l’administration foncière éthiopienne et en suivant ses agents chargés de la régulation des terres – ressource essentielle dans la survie des habitants des zones rurales. Son travail nous plonge ainsi dans l’Éthiopie du Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE), parti qui a dominé le pays de 1991 à 2018.
Fort d’une enquête de terrain fouillée au sein de l’administration foncière de deux régions des basses terres éthiopiennes, Mehdi Labzaé décrypte les relations entre agents et administrés, les dynamiques de contrôle internes à la fonction publique, et notamment le rôle du parti du gouvernement. Par des réunions lénifiantes, des évaluations humiliantes et la présence quotidienne d’agents du parti, des fonctionnaires aux conditions souvent précaires sont contrôlés tout autant qu’ils contrôlent les paysans et les terres. La « participation » vantée par les bailleurs internationaux, tout comme la lutte contre la corruption, deviennent des ressources dans les rapports de pouvoir entre les fonctionnaires, partisans et paysans, montrant comment les mécanismes de domination s’inscrivent dans des cadres idéologiques mouvants.
Cette analyse originale et ancrée porte une attention particulière aux pratiques concrètes qui fondent la domination du régime autoritaire, à rebours des approches strictement typologiques opposant l’autoritarisme à la démocratie ou au totalitarisme. À travers ce portrait précis et empathique de la bureaucratie éthiopienne, le livre permet de comprendre comment le régime du FDRPE a tenu pendant vingt-sept ans et offre des clés pour appréhender la guerre civile qui déchire actuellement l’Éthiopie.
. Olivier Ferrando. La question minoritaire en Asie centrale. Construction nationale, mobilisations ethniques et stratégies identitaires dans la vallée du Ferghana (1989-2010). Paris, Éditions Petra, avril 2024.
Face aux questionnements épistémologiques en cours dans l’espace postsoviétique et au besoin de comprendre les dynamiques socio politiques à l’œuvre dans la région, cet ouvrage propose d’explorer précisément de l’intérieur le fonctionnement des sociétés multiculturelles d’Asie centrale.
Fondé sur une approche pluridisciplinaire au long cours, il contribue à la production de connaissances empiriques sur la construction des États-nations et des identités nationales dans l’aire centrasiatique, en procédant à un double ciblage méthodologique sur l’objet de recherche - une catégorie particulière de la population (les minorités ethniques transfrontalières) - et sur le périmètre géographique - la vallée du Ferghana, microrégion représentative de la diversité culturelle de l’Asie centrale.
. Sébastien-Yves Laurent. Le renseignement. Paris, PUF, avril 2024.
Face à l’augmentation des cyberattaques, de l’interconnexion croissante du monde et de la multiplication des conflits entre les États, quelles réponses apporter ? C’est là tout l’enjeu du renseignement, qui regroupe une grande diversité d’activités et de services dont le rôle est de rechercher et d’analyser des informations pour mieux prévenir les conflits et se protéger des puissances malveillantes. En se penchant aussi bien sur le cas français que sur les situations à l’étranger, cet ouvrage dresse un état des lieux du renseignement : il parcourt son histoire, marquée par le rôle majeur des technologies de l’information, balaie les modalités – et les obstacles – de ce circuit et analyse l’usage qui est fait des connaissances recueillies jusqu’à s’interroger sur leur utilisation, parfois, à des fins politiques. À l’heure où la cyberdéfense est notamment au coeur de l’augmentation considérable des crédits alloués en 2023 à la défense nationale française, Sébastien-Yves Laurent décrypte les rouages d’un réseau qui navigue entre information et surveillance.
. Le Rubicon, Indo-Pacifique. Région stratégique. Paris, Éditions Les Équateurs, mars 2024.
Nous avons actuellement les yeux rivés sur les guerres en Europe et au Moyen-Orient. Mais une autre poudrière est à l’œuvre en Indo-Pacifique. Cette méta-région concentre tous les superlatifs : elle recouvre près de la moitié de la surface du globe, héberge les trois quarts de la population mondiale, génère près de 40 % du PIB global, abrite l’écrasante majorité des matières premières critiques. L’Indo-Pacifique est à l’évidence éminemment stratégique.
Au moins trois crises potentiellement nucléaires y couvent : Chine contre Taïwan, Corée du Nord contre Corée du Sud et Inde contre Pakistan. Dans cet espace, également, la pression chinoise sur l’ordre international et la contestation de ses normes s’avèrent très fortes. Ce volume réunit des contributions des meilleurs chercheurs sur ce sujet, des analyses inédites, captivantes, qui témoignent de la diversité et de l’importance des enjeux stratégiques en Indo-Pacifique où la France possède des intérêts majeurs pour sa souveraineté.
. Gilles Favarel-Garrigues, Laurent Gayer, Proud to punish. The global landscapes of rough justice, Stanford, Stanford University Press, janvier 2024.
A magisterial comparative study, Proud to Punish recenters our understanding of modern punishment through a sweeping analysis of the global phenomenon of "rough justice" : the use of force to settle accounts and enforce legal and moral norms outside the formal framework of the law. While taking many forms, including vigilantism, lynch mobs, people’s courts, and death squads, all seekers of rough justice thrive on the deliberate blurring of lines between law enforcers and troublemakers. Digital networks have provided a profitable arena for vigilantes, who use social media to build a following and publicize their work, as they debase the bodies of the accused for purposes of edification and entertainment. It is this unabashed pride to punish, and the new punitive celebrations that actualize, publicize, and commercialize it, that this book brings into focus. Recounted in lively prose, Proud to Punish is both a global map of rough justice today and an insight into the deeper nature of punishment as a social and political phenomenon.
. Imène Zaâfrane Zhioua. Pour une végétalisation de la ville dense. Désir de nature dans le grand Tunis. Genève, Metis Presses, avril 2024.
La renaturation devient l’une des plus importantes préoccupations contemporaines quand il s’agit de penser les grandes métropoles et de rendre le quotidien de leurs habitants plus vivable. C’est le cas notamment à Tunis, où la présence de la nature reste discrète et parfois même ignorée par les planifications urbaines.
Cet ouvrage, résultat de plus de vingt années de recherche et d’enquêtes de terrain, nous plonge dans l’histoire des transformations spatiales et végétales de la capitale tunisienne. Influencé tant par un contexte géopolitique fluctuant que par les courants urbanistiques occidentaux, le paysage de la métropole qui en résulte est ici éprouvé et analysé. L’auteure dresse un inventaire des formes environnementales qui le composent et étudie de près le rapport qu’entretiennent les habitants de la ville aux espaces verts afin de porter un regard critique sur les régulations planificatrices actuelles.
En s’inspirant d’expériences urbaines internationales et en recourant à l’urbanisme tactique comme levier d’action, l’auteure projette ainsi un filament vert, une traversée urbaine de l’hypercentre tunisois et montre par là qu’il est possible de réintroduire la nature au cœur de la ville dense pour répondre à l’urgence climatique et améliorer la qualité des cadres de vie.
. Liêm Hoang-Ngoc. L’Europe, ennemie de la République ? Paris, PUF, avril 2024.
Cet ouvrage analyse les causes concrètes de la construction européenne. Amorcée pendant la guerre froide pour des raisons géopolitiques, celle-ci a débouché sur la création d’un marché intérieur où l’intervention publique est encadrée par des institutions intergouvernementales et supranationales. Loin de former une nation, l’Union européenne s’apparente plutôt à une fédération d’États-nations. Elle est impopulaire auprès des classes laborieuses qui, sans vouloir la quitter, considèrent plus que jamais leur nation comme le principal rempart face à la mondialisation. Elle a créé un environnement économique favorable à la valorisation des capitaux, mais chaque bourgeoisie nationale mobilise systématiquement son propre État pour défendre ses intérêts particuliers. Partant du constat que ni le fédéralisme ni la sortie de l’Union n’épousent la préférence collective de nos concitoyens, l’auteur explore les pistes susceptibles de transformer l’Europe réellement existante en une Union octroyant la dose de souveraineté nécessaire à ses États membres pour affronter les défis économique, climatique et géopolitique du XXIe siècle.
. Michael Pouzenc, Colette Grandmontagne (dir.), Cartographier le commerce. Rennes, Presses Universitaires de Rennes, mars 2024.
Faire une carte n’a jamais été aussi facile. De très nombreuses données numériques en libre accès peuvent se représenter par des logiciels simples d’utilisation. Mais quels sont les phénomènes à faire ressortir ? Quels sont les choix cartographiques les plus adaptés ? L’abondance des informations et des outils a redonné une place centrale aux capacités de mise en contexte, d’analyse et de conception de documents synthétiques. Ainsi, au-delà des compétences techniques, la culture et la créativité du cartographe sont essentielles.
Par ses spécificités, le domaine du commerce donne un bon exemple. Pour le cartographier, des maillages particuliers sont souvent nécessaires. Les données quantitatives sont rarement utilisées seules. Les variables visuelles sont combinées de diverses manières avec plus ou moins de bonheur. Le recours aux cartes et à leur puissance de communication se généralise, mais trop d’entre elles produites par ou pour un acteur du commerce – une chambre consulaire, une association, une collectivité territoriale ou un service de l’État – sont au final difficiles à lire, voire erronées.
Trente auteurs membres de la Commission Géographie du commerce du Comité national français de géographie (ou sollicités par cette commission) ont donc relevé le défi de produire un livre d’inspiration pour celles et ceux qui veulent cartographier le commerce et la consommation. L’ouvrage s’adresse aux professionnels du secteur mais aussi aux chercheurs et aux étudiants. Il constitue une base de réflexion épistémologique sur l’objet et les méthodes de la géographie du commerce.
. Philippe Crignon. Le moment européen. Approches philosophiques de l’Union européenne. Paris, Hermann Philosophie, avril 2024.
La série de crises multiformes que connaît l’Union européenne depuis plusieurs années révèle une situation d’entre-deux intenable. Le processus supposé in(dé)fini d’intégration s’est à la fois trop et trop peu engagé, et l’Europe découvre aujourd’hui sa propre finitude (géographique, politique, historique). Il faut désormais terminer l’Europe, mais en quel sens ? Les différentes contributions de cet ouvrage dégagent les voies d’analyse et de réflexion philosophique qui permettent de comprendre si et comment l’Union européenne peut devenir enfin une forme politique, démocratique et juste.
. Claude Senik. Un monde en guerre. Paris, Éditions La Découverte, mars 2024.
Malgré les espoirs nourris par les démocraties après la Seconde Guerre mondiale, malgré la tentative de construire un ordre international fondé sur le multilatéralisme et malgré la dissuasion nucléaire, la guerre ne cesse de se rallumer en de multiples points du monde, y compris aux portes de l’Europe. Depuis 2022, la guerre en Ukraine a réactivé d’anciens débats : rationalité et justification morale de la guerre, nature des interactions stratégiques entre acteurs du conflit, mobilisation de la population civile, légitimité et efficacité des sanctions contre l’agresseur. Elle soulève également de nouvelles questions. Du côté de la Russie, la guerre fait-elle l’objet d’un consensus au sein des élites ? Pour l’Union européenne, est-elle l’occasion d’une cohésion approfondie, à l’image de l’accueil coordonné des réfugiés ukrainiens ? Ce conflit illustre également l’étendue des armes et des cibles de guerre, des plus traditionnelles telles que l’eau aux outils de communication les plus modernes.
Les douze contributions réunies dans ce volume abordent ces questionnements à l’aide des outils propres à différentes disciplines des sciences sociales et humaines. La plupart se rapportent à la guerre en Ukraine, mais certaines ramènent le lecteur au Moyen Âge ou à l’Antiquité, tandis que d’autres appréhendent la manière d’écrire l’histoire de la guerre ou de la représenter dans une œuvre picturale.
. Damien Calais, La sécurité alimentaire aux Émirats Arabes Unis. Nourrir une pétromonarchie à l’ère globale. Paris, Éditions L’Harmattan, février 2024.
Depuis leur accession à l’indépendance et leur constitution en État fédéral en 1971, les Émirats arabes unis ont connu un développement économique et humain très rapide, mais qui reste fragile. La sécurité alimentaire est une question fondamentale pour la stabilité sociale, économique et politique des Émirats, et pour le développement durable de ce pays. Or les Émirats dépendent largement des importations, y compris pour les denrées de base, tandis que l’agriculture dans le pays connaît des bouleversements et peine à trouver son marché. La réallocation des ressources en eau, dans un territoire marqué par l’aridité et qui connaît une forte croissance urbaine, pousse des entreprises émiraties à investir dans du foncier agricole à l’étranger.
Le but de cet ouvrage, issu d’une thèse de doctorat en géographie, est d’expliquer les stratégies des différents acteurs qui prennent part au système alimentaire des Émirats et cherchent à mieux le maîtriser, dans un contexte de diversification de l’économie émiratie et de réorganisation continue des territoires productifs et des réseaux globaux.
. François Gipouloux, La Méditerranée asiatique. XVI-XXème siècle. Paris, CNRS Éditions, avril 2024.
Peut-on comparer les routes maritimes des Ryûkyû ou du Galion de Manille avec celles des réseaux vénitiens ou de la Hanse ? Depuis soixante ans, nombre de géographes et d’historiens ont repris le modèle braudélien pour analyser l’espace maritime de l’Asie orientale, entre Chine et Japon. L’objectif : comparer les sociétés et les économies pour traquer les systèmes économiques, les frontières invisibles et identifier le rôle des acteurs étrangers ou locaux. Parmi ces tentatives, celle de François Gipouloux reste l’une des plus réussies et convaincantes.
S’appuyant sur les travaux de recherche produits en Chine, au Japon et ailleurs, peu accessibles au lecteur francophone, l’auteur établit des comparaisons aux deux extrémités de l’Eurasie. Il réussit à dégager, dans le temps long et l’espace profond, du XVIe siècle à nos jours sur la façade Pacifique de l’Asie, des permanences, des systèmes, et met en relief le rôle particulier de grandes organisations transnationales qui ont perduré pendant plusieurs siècles, articulées autour de hubs, de grands ports, de centres boursiers et de métropoles. Un système sur lequel reposent aujourd’hui encore les économies triomphantes de l’Asie orientale.
Cet essai majeur, qui présente et synthétise des données historiques souvent méconnues, a suscité et suscite encore de nombreuses réflexions sur la part de l’économique et du politique dans le développement des sociétés mondialisées.
. Marc-Antoine Pérouse de Montclos. Géopolitique du Nigeria. Paris, PUF, avril 2024.
Pays le plus peuplé d’Afrique, bientôt le troisième du monde d’ici 2050, le Nigeria anglophone est souvent présenté comme un géant aux pieds d’argile. Son potentiel de croissance autant que sa capacité de nuisance intriguent et effraient tout à la fois. À n’en pas douter, le Nigeria fait partie des puissances émergentes du XXIe siècle, mais il compte aussi le plus grand nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté, davantage qu’en Inde. L’État, qui plus est, y est très faible. Les services publics sont défaillants et la population doit compter sur elle-même pour survivre, notamment en milieu rural. Quant à la classe dirigeante, elle a la réputation d’être particulièrement affairiste, corrompue, prédatrice et mafieuse.
Des voleurs de bétail à l’insurrection de Boko Haram dans le nord en passant par les groupes autonomistes ou séparatistes de l’ex-Biafra ou des zones pétrolifères du delta du Niger, le Nigeria a décidément plus d’une raison d’inquiéter la communauté internationale, ceci tout en disposant de ressources humaines et naturelles que bien des pays africains pourraient lui envier.
. Marie Mendras, La guerre permanente. Ultime stratégie du Kremlin, Paris, Calmann-Levy, février 2024.
Vladimir Poutine livre en Ukraine une cinquième guerre depuis 1999, après la Tchétchénie, la Géorgie, le Donbass et la Syrie. Jamais la Russie n’a réellement été menacée par ceux qu’elle attaquait, il lui a fallu trouver des prétextes : protéger des « russophones en danger », lutter contre le terrorisme, « dénazifier l’Ukraine ».
Ce que craint Poutine plus que tout, c’est la démocratisation des anciennes républiques soviétiques et leur émancipation de la tutelle d’un État russe prédateur. Pour assurer la survie de son pouvoir, il mène une guerre de destruction et sacrifie les soldats russes en grand nombre. Mais il n’avait anticipé ni la résistance des Ukrainiens ni le soutien des pays occidentaux.
La guerre permanente n’a fait qu’accentuer la répression à l’intérieur et fragiliser la Russie à l’extérieur. En livrant à l’Ukraine une guerre ingagnable, Poutine enferme les Russes dans une confrontation majeure avec l’Europe, l’Amérique du Nord et le Japon, et entraîne son pays vers l’abîme.
. Mélanie Rosselet (dir.). Démocratie(s) et dissuasion. Paris, Éditions Odile Jacob, mars 2024.
Dans un contexte où les menaces stratégiques pesant sur les démocraties s’accroissent gravement, comment nourrir un débat constructif autour des tensions qui peuvent s’exercer entre, d’une part, les idéaux et les procédures démocratiques et, d’autre part, l’exercice de la dissuasion nucléaire ?
Cet ouvrage examine les problèmes que pose la dissuasion nucléaire sous l’angle de l’éthique, de la rationalité et de la légitimité, et analyse son utilité et son efficacité en tant que défense ultime des démocraties.
Il s’efforce de répondre à quelques questions clés pour l’avenir des régimes démocratiques.
Quelles menaces stratégiques pèsent sur les démocraties ? La dissuasion nucléaire restera-t-elle une réponse acceptable ? Est-elle une réponse adaptée de la part des régimes démocratiques ? Quels sont les enjeux et les limites du débat démocratique sur la dissuasion ?
Des spécialistes français et étrangers de haut niveau apportent ici des informations et des arguments pour nourrir le débat public sur un sujet aussi fondamental. Plusieurs contributions rendent spécifiquement hommage à la philosophe Thérèse Delpech, dont les travaux ont été une référence et une source d’inspiration pour la plupart des auteurs rassemblés ici.
Un livre indispensable pour penser l’avenir dans un contexte géopolitique incertain.
. Anne-Laure Amilhat, Qu’est-ce qu’une frontière aujourd’hui… et demain ?. Paris, PUF, mars 2024.
Les frontières constituent aujourd’hui plus qu’un enjeu théorique dans la vie des personnes. Elles relient et divisent, elles se font mobiles, elles s’individualisent aussi, laissant circuler librement certains et en retenant d’autres. Elles sont un lieu d’exacerbation, une sorte de laboratoire de notre époque. Ainsi, qu’elle s’ouvre ou se ferme, la frontière est devenue un objet de politique publique mais aussi, du transfrontalier au complexe sécuritaro-industriel, une importante ressource pour les intérêts privés et un levier privilégié du capitalisme marchand.
Pour l’heure, les frontières internationales restent les supports d’une citoyenneté qui elle-même fonde la démocratie… Mais la façon dont nos limites vacillent met en évidence le devenir incertain de nos systèmes politiques. Comprendre ce qu’est une frontière aujourd’hui, c’est donc poser des questions fondamentales pour envisager l’avenir de nos sociétés, mais aussi pour reformuler les bases de notre relation au monde.
. Fabrice Balanche, Les leçons de la crise irakienne, Paris, Odile Jacob, mars 2024.
En 2011, en Syrie, dans le sillage des Printemps arabes, un mouvement de contestation contre le régime de Bachar al-Assad, férocement réprimé, se transforme en guerre civile. L’Occident encourage la rébellion et prend position contre le dictateur, mis au ban de la communauté internationale.
Pourtant, le 19 mai 2023, Bachar al-Assad est l’invité d’honneur du sommet de la Ligue arabe à Djeddah. C’est un camouflet pour les pays occidentaux, tandis que la Russie et l’Iran triomphent en Syrie.
Comment un tel dénouement a-t-il été possible ? Comment la France et, un temps, le camp occidental tout entier ont-ils pu s’aveugler sur les causes de la crise, sur la véritable nature des forces d’opposition à Bachar al-Assad et sur le rôle qu’y tenaient les islamistes ?
Dans ce livre, Fabrice Balanche, sur la base de sa connaissance de la Syrie et de sa région, analyse les causes intérieures de la crise, détaille le déroulement du conflit et le replace dans le jeu des puissances extérieures qui s’y sont impliquées.
Les erreurs de l’Occident sont-elles le symptôme d’une perte d’influence, face à la montée d’un axe eurasiatique et de pouvoirs dictatoriaux dont pétromonarchies et théocraties deviennent des alliées de fait ?
Un livre clé pour comprendre ce que signifie vraiment la crise syrienne.
. Olivier Esteves, Alice Picard, Julien Talpin. La France, tu l’aimes mais tu la quittes. Enquête sur la diaspora française musulmane. Paris, Éditions Seuil, avril 2024.
Ils s’appellent Mourad, Samira, Karim, ou bien Sandrine et Vincent. Ils sont nés et ont grandi partout en France, la plupart sont diplômés de l’enseignement supérieur, mais ils ont décidé de s’installer à Londres, Dubaï, New York, Casablanca, Montréal ou Bruxelles… Discriminés sur le marché de l’emploi et stigmatisés pour leur religion, leurs noms ou leurs origines, ces Français de culture ou de confession musulmane trouvent à l’étranger l’ascension sociale qui leur était refusée en France. Ils y trouvent aussi le « droit à l’indifférence » qui leur permet de se sentir simplement français.
Appuyée sur un échantillon quantitatif de plus de 1000 personnes et sur 140 entretiens approfondis, cette enquête sociologique sans précédent met au jour pour la première fois un phénomène qui travaille la société française à bas bruit. En interrogeant ces élites minoritaires, elle détaille leur formation, comment elles se sentent et sont perçues comme musulmanes, les raisons de leur départ, le choix des destinations, l’expérience de l’installation et de la vie à l’étranger, le regard qu’elles portent sur la France, leurs perspectives de retour… Ce n’est pas seulement une fuite des cerveaux que l’ouvrage documente : se révèlent en creux les effets délétères de l’islamophobie qui, vus d’ailleurs, semblent bel et bien constituer une exception française.
. Pascal Blanchard (dir.). Olympisme. Une histoire du monde. Des premiers jeux olympiques d’Athènes 1896 aux jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Paris, Éditions de la Martinière, mars 2024.
Cet ouvrage de référence sur les 30 Jeux Olympiques d’été, de 1896 à 2024, rend hommage aux athlètes à travers plus de mille images. Une soixantaine de spécialistes, français et internationaux, offrent en parallèle un panorama complet de chacune des olympiades et proposent une « histoire monde » résolument transnationale de l’Olympisme moderne. Au cours des 130 années de Jeux Olympiques se dessinent les grandes mutations de nos sociétés et leurs enjeux politiques, économiques et culturels.
Ce catalogue de l’exposition présentée au Palais de la Porte Dorée d’avril à septembre 2024 retrace la construction des Etats-nations, l’émergence de la culture de masse, l’entre-deux-guerres marqué par l’opposition entre totalitarisme et démocratie, la Guerre froide, les vagues de décolonisation ou encore les revendications des minorités et des pays émergents. Il évoque aussi la mondialisation économique et le gigantisme des Jeux Olympiques d’aujourd’hui, la reconnaissance du paralympisme, sans oublier d’aborder les questions éthiques et sociétales qui traversent le mouvement olympique en ce XXIème siècle.
. Sadek Boussena, Catherine Locatelli. Le gaz et la guerre en Ukraine. Où va le marché international ? Paris, L’Harmattan, février 2024.
2022 aura été l’année la plus perturbée de l’histoire du gaz naturel. Alors que son marché international tardait à se globaliser à l’instar de celui du pétrole, un évènement géopolitique majeur — la guerre en Ukraine — est venu ébranler les équilibres au point de faire émerger de nouvelles dynamiques. Quelles formes prendront-elles dans un environnent international lui-même en pleine ébullition dans ses dimensions énergétiques, géopolitiques et climatiques ?
Ce livre traite des principales caractéristiques de ce « nouveau monde » avec leurs répercussions sur les marchés, les transactions, les prix internationaux ainsi que sur le « Grand jeu gazier » auquel vont probablement se livrer ses principaux acteurs : États-Unis, Russie, Union européenne, Chine, Inde et les pays exportateurs de gaz.
. Sophie Baby, Juger Franco ? Impunité, réconciliation, mémoire, Paris, La Découverte, mars 2024.
Le général Franco, décédé le 20 novembre 1975 après avoir présidé pendant près de quarante ans au destin de l’Espagne, n’a pas été jugé et ne le sera jamais. Mais le legs du dictateur parvenu au pouvoir en 1939 à l’aide des avions de Hitler et des troupes de Mussolini, après trois ans de guerre civile, le sera-t-il un jour ? Comment peut-on refuser encore de condamner le franquisme dans un pays devenu depuis les années 1980 une démocratie consolidée, pleinement intégrée à l’Union européenne ?
Sophie Baby observe les impulsions et les obstacles à l’insertion de l’Espagne dans l’âge global de la mémoire, qui s’est emparé du monde occidental face aux traces irréductibles des violences de masse qui l’ont endeuillé. Elle remonte aux années d’après-guerre pour suivre la généalogie mondialisée du trouble des responsabilités criminelles franquistes, qui conduisit à brouiller les positions de victime et de perpétrateur. Elle resitue la péninsule au cœur d’un espace euro-américain de circulation des dispositifs de mémoire et de justice, tour à tour mauvaise conscience du monde libre, modèle de réconciliation démocratique, championne de la justice universelle ou modèle d’impunité. Par l’exploration de sources inédites, l’enquête exhume les projets alternatifs et marginalisés et s’ancre dans l’expérience vécue – un tribunal international, une ville emblématique, un prisonnier, une veuve de déporté incarnent le récit.
Au lectorat curieux de comprendre l’acuité contemporaine des enjeux de sortie de conflit et de mémoire, ce livre offrira des perspectives inédites et fécondes.
. Badalassi Nicolas, La France, la guerre froide et la Méditerranée. Des accords d’Évian à la Perestroïka. Rennes, PUR, mars 2024.
Dans une historiographie de la guerre froide largement consacrée aux rapports entre les États-Unis et l’URSS, la France a longtemps fait figure de parent pauvre. Pourtant, elle a bel et bien vécu « sa » guerre froide et ne s’est pas contentée de jouer les seconds couteaux. Mieux, sur l’un des principaux théâtres de l’opposition Est-Ouest que fut la Méditerranée, elle est devenue un acteur incontournable du jeu bipolaire entre les années 1960 et la décennie 1980. Seul État riverain de cette mer à disposer de l’arme nucléaire, à être membre permanente du Conseil de sécurité des Nations unies et à bénéficier d’une forte influence en Europe méridionale comme dans le monde arabe, la France de la Ve Republique a cherché à s’imposer comme un trait d’union entre l’Orient et l’Occident, entre l’Est et l’Ouest, entre le Nord et Sud ; elle s’est également efforcée de lutter contre la pénétration de l’URSS dans un espace considéré comme vital pour la sécurité de l’Europe occidentale.
En proposant une analyse décloisonnée des politiques soviétique, transatlantique, arabe et européenne de la France et en portant une attention aux évolutions sociétales du bassin méditerranéen (questions identitaires, religieuses, environnementales) et à leur impact sur l’évolution des rapports de force internationaux, cet ouvrage montre combien la compétition entre les blocs a permis l’émergence d’une véritable doctrine française pour la Méditerranée.
. Karl Schlögel. L’avenir se joue à Kyiv. Leçons ukrainiennes. Paris, Éditions Gallimard, mars 2024.
Qu’est-ce qui rend l’Ukraine si spéciale ? Ce n’est qu’avec l’annexion de la Crimée par la Russie que s’est développée la prise de conscience de l’indépendance de ce pays, que ses agresseurs veulent désormais faire disparaître de la carte.
C’est en parcourant les paysages urbains de l’Ukraine que Karl Schlögel, historien allemand de l’Europe orientale, mesure ce qui se joue à nos portes. Ses nombreux voyages de Lviv à Donetsk en passant par Odessa, Kyiv ou Kharkiv nous font comprendre la profondeur de la culture liée à chacune de ces villes, cités autrefois florissantes. Mais c’est faute de s’y être intéressé, d’après l’auteur, que l’Occident a finalement encouragé Poutine à poursuivre sa politique expansionniste, nous laissant spectateurs du désastre renouvelé de villes européennes menacées de disparition, presque quatre-vingts ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale.
La guerre ne fait qu’accentuer la controverse sur l’indépendance politique et culturelle du pays. À travers le récit de ses voyages réguliers, Karl Schlögel nous montre que, si nous voulons vraiment savoir ce qui se passe actuellement en Europe, nous devons regarder les villes d’Ukraine. C’est là-bas que se joue l’avenir de notre continent.
. Nadji Rahmania, La Roumanie dans l’espace Schengen : réalité ou utopie ?, Paris, L’Harmattan, février 2024.
Transition climatique, numérisation, résilience et sécurité territoriale… Plus de quinze années après son intégration à l’Europe, la Roumanie peut certes s’enorgueillir de sa contribution à la construction européenne mais il convient de s’interroger sur les évolutions majeures d’un pays dont les points faibles restent nombreux.
Sous la plume d’enseignants-chercheurs, familiers de ce pays dont ils ont fait un objet de recherche, les sept études réunies dans cet ouvrage, appuyées sur une documentation sans faille, dressent le tableau d’une société roumaine dont l’avenir est lié à l’Union européenne mais qui paie démographiquement cher la liberté de circulation.
Alors que la Commission européenne clôture pour la Roumanie le mécanisme de coopération et de vérification et que le Parlement européen appelle les États membres à ouvrir à celle-ci l’espace Schengen, cet ouvrage donne des clés pour comprendre les défis du moment.
. Olivier Schmitt. Préparer la guerre. Stratégie, innovation et puissance militaire à l’époque contemporaine. Paris, PUF, mars 2024.
Les forces armées sont parfois perçues comme des institutions conservatrices, obsédées par les traditions et ayant souvent une guerre de retard. Pourtant, ce sont des institutions en changement permanent, devant sans cesse s’adapter à l’évolution du contexte sécuritaire international, aux nouveautés technologiques, ou aux instructions qui leur sont données par les responsables politiques. La résolution de cette tension entre la recherche de la stabilité (qui permet la cohésion) et le changement (qui assure l’adaptation aux défis sécuritaires), est au coeur de l’efficacité des forces armées, et donc de la puissance internationale d’un État.
Cet ouvrage étudie ainsi de manière systématique un aspect fondamental, mais jusque-là trop méconnu, de la stratégie de défense : le changement militaire.
Allant au-delà des phénomènes de mode sur la « transformation » ou l’ « innovation », il analyse en détails les facteurs politiques, organisationnels et stratégiques permettant aux organisations militaires de s’adapter à leur environnement sécuritaire. Il livre ainsi des clefs précieuses pour les citoyens, décideurs et chercheurs soucieux de comprendre la dynamique des rapports de force internationaux.
. Valérie Masson-Delmotte. Face au changement climatique. Paris, CNRS Éditions, mars 2024.
Quantifier les variations climatiques passées, en comprendre les mécanismes et utiliser ces informations pour évaluer les modèles de climat et la confiance dans les projections d’évolutions futures : tels sont les grandes lignes des travaux de recherche de Valérie Masson-Delmotte.
Dans cet ouvrage, elle retrace sa participation à deux programmes internationaux qui ont permis de caractériser la variabilité du climat du Groenland au cours des 130 000 dernières années, et de mesurer la contribution de la calotte au haut niveau marin de la dernière période interglaciaire. Elle nous restitue également son expérience au sein du GIEC à partir de 2015, en tant que coprésidente du groupe 1 chargé de décrire et de quantifier le réchauffement climatique, tout en évoquant la nécessité pour un chercheur travaillant sur ces questions, de s’engager - la forme que peut prendre cet engagement étant évidemment sujet de réflexion.
Un livre qui nous fait mesurer l’importance de la climatologie, pour mieux appréhender les changements abrupts, et anticiper leurs implications pour l’évolution future du climat et de notre planète.
. Christophe Ayad, Géopolitique du Hezbollah. Paris, PUF, mars 2024.
À la fois, parti politique, milice armée et mouvement terroriste, le Hezbollah libanais est un objet géopolitique insaisissable. Il n’a cessé de gagner en pouvoir et en influence depuis sa naissance officielle au milieu des années 1980. Au Liban, il n’est plus seulement « un Etat dans l’Etat », il est devenu « un Etat au-dessus de l’Etat », une organisation qui domine le jeu politique local, l’armée nationale et les services de renseignement. À l’échelle régionale, le Hezbollah est devenu le meilleur allié de la République islamique iranienne, son bras armé tant en Syrie, qu’en Irak ou au Yémen, mais surtout face à Israël. Le Hezbollah fait peser une menace permanente et quasi-existentielle sur l’Etat hébreu, malgré les différentes tentatives pour l’écraser comme en 2006. Cette puissance du Hezbollah s’appuie sur une capacité de nuisance mondiale et des relais sur les cinq continents. De Berlin à Kinshasa, de Bangkok à Buenos Aires en passant par New York, le Hezbollah n’a cessé d’étendre son empire de l’ombre.
. Guillaume Blanc. La nature des hommes. Une mission écologique pour « sauver » l’Afrique. Paris, Éditions Fayard, mars 2024.
Pendant la colonisation, pour sauver en Afrique la nature déjà disparue en Europe, les colons créent des parcs en expulsant brutalement ceux qui cultivent la terre. Et au lendemain des indépendances, avec l’Unesco ou le WWF, les dirigeants africains " protègent " la même nature, une nature que le monde entier veut vierge, sauvage, sans hommes.
Les suites de cette histoire sont connues : des millions de paysans africains expulsés et violentés, aujourd’hui encore. Mais comment a-t-elle pu advenir ? Qui a bien pu organiser cette continuité entre le temps des colonies et le temps des indépendances ? Guillaume Blanc répond à ces questions en plongeant le lecteur au cœur d’une étrange mission écologique mondiale, lancée en 1961 : le " Projet spécial africain ".
L’auteur raconte l’histoire de ce Projet, mais, plutôt que de suivre un seul fil narratif, il redonne vie à quatre mondes, que l’on découvre l’un après l’autre : le monde des experts-gentlemen qui pensent l’Afrique comme le dernier refuge naturel du monde ; celui des colons d’Afrique de l’Est qui se reconvertissent en experts internationaux ; celui des dirigeants africains qui entendent contrôler leurs peuples tout en satisfaisant les exigences de leurs partenaires occidentaux ; celui, enfin, de paysans auxquels il est demandé de s’adapter ou de disparaître. Ces hommes ne parlent pas de la même nature, mais, pas à pas, leurs mondes se rapprochent, et ils se rencontrent, pour de bon. Ici naît la violence. Car c’est la nature des hommes que d’échanger, pour le meilleur et pour le pire.
. Martin Untersinger, Espionner, mentir, détruire. Comment le cyberespace est devenu un champ de bataille. Paris, Éditions Grasset, mars 2024.
Berkeley, 1987, Clifford Stoll découvre une incroyable toile de hackers qui ont pénétré les systèmes informatiques de l’armée américaine. Iran, 2010, un ordinateur s’éteint, et le virus Stuxnet prend le contrôle à distance de dizaines de centrifugeuses et les détruit. France, 2012, une campagne de cyber espionnage chinois contamine les plus hauts lieux du pouvoir grâce à l’envoi de courriels presque parfaits. Quelques années plus tard, le logiciel Pegasus est découvert sur les portables sécurisés de nos plus grands dirigeants. La sécurité informatique était une arrière-pensée, ou un sujet de série d’anticipation : elle est aujourd’hui au cœur de notre réflexion politique, stratégique et militaire.
Dans ce récit brillant élaboré au plus près du terrain, Martin Untersinger nous révèle la grande histoire du cyber et ses petits secrets, et nous donne les clés pour comprendre les frontières du cyberespace, aussi floues que son cadre légal. Derrière les noms étonnants ou poétiques (NotPetya Turla, WannaCry, Medoc, FireEye, APT29, Dalia), des êtres d’exception, des légendes, des secrets… On croise ainsi un expert de parkour urbain et de pirates informatiques chinois ; une dame discrète arborant un collier de perles, cheffe du temple le mieux gardé de la NSA ; un général d’armée anciennement pilote d’hélicoptère et espion, et plusieurs membres de la DGSE ; des pirates américains, turcs, russes, israéliens et bien sûr français... On voit les plus grandes agences de renseignement et les meilleurs informaticiens se mobiliser. Car le cyberespace est un monde différent, où les alliés qui se comptent sur les doigts d’une main peuvent, en quelques frappes sur un clavier, se transformer en redoutables adversaires.
Une plongée inédite dans les entrailles d’une guerre mondiale, silencieuse, dangereuse, évidemment mortelle.
. Mohammad-Reza Djalili, Thierry Kellner, Histoire de l’Iran contemporain (3ème édition). Paris, La Découverte, mars 2024.
Étrange pays que cet État chiite qui n’a jamais rompu avec son passé préislamique et qui, malgré son particularisme, a toujours exercé un rayonnement culturel bien au-delà de ses frontières. Curieux destin que celui de ce vieil empire aujourd’hui entouré de jeunes États, objet, pendant le XIXe siècle et le début du XXe, de rivalités entre puissances russe et britannique, et qui est aussi la première nation du Moyen-Orient à s’être dotée d’une Constitution moderne à la suite d’une révolution dès 1906.
Précurseur dans la nationalisation de ses ressources pétrolières, l’Iran est également le premier pays à avoir connu une révolution islamique qui a provoqué un séisme politique à travers le monde musulman et au-delà. Aujourd’hui, les Iraniens et les Iraniennes cherchent la voie pour sortir d’un régime despotique et misogyne qui refuse d’entendre leurs revendications. L’histoire contemporaine de l’Iran, laboratoire politique et nation à part, du point de vue identitaire et historique, vaut d’être connue. Le présent ouvrage a pour ambition d’initier le lecteur à cette histoire foisonnante de l’Iran des deux derniers siècles (1796-2023).
. Patrick Clervoy. Frères d’armes. Médecin militaire en opérations extérieures. Paris, Éditions Odile Jacob, février 2024.
Patrick Clervoy a participé, en tant que médecin militaire, sur une trentaine d’années, aux principales « opérations extérieures » de l’armée française : Afghanistan, Mali, Centrafrique, ex-Yougoslavie.
Son récit est un témoignage saisissant du rôle du médecin chargé d’intervenir, en temps de guerre, auprès des soldats et des populations locales.
Empreint de retenue mais ne cachant rien des blessures et des traumatismes, ce texte raconte la réalité de la guerre sur le théâtre des opérations. Il donne à comprendre les notions de devoir, d’engagement et de dévouement qui font des soldats des hommes à part, animés par des valeurs puissantes.
Une croyance indéfectible en l’humain, un hommage unique à la fraternité des soldats.
. Violaine Baraduc. Tout les oblige à mourir. L’infanticide génocidaire. Rwanda, 1994. Paris, CNRS Éditions, mars 2024.
Avril 1994. En quelques semaines, le génocide des Tutsis au Rwanda fait plusieurs centaines de milliers de victimes. Le bon voisin de la veille peut appartenir au groupe des assassins le lendemain. Les tueries organisées bouleversent radicalement les liens sociaux et les familles. Au point que certaines mères Hutu en viennent à tuer leurs propres enfants, identifiés comme Tutsi.
C’est au prisme de ce crime inouï que sont envisagés ici les massacres. Partant des aveux de deux femmes condamnées pour infanticide, cette enquête remonte le temps pour rendre compte des logiques à l’oeuvre. Pourquoi Patricie a-t-elle empoisonné deux de ses enfants ? Comment comprendre que Béata ait jeté certains des siens dans un fleuve ? Croisant témoignages de rescapés, archives judiciaires et entretiens avec les criminelles emprisonnées, ce travail interroge la place et le rôle des femmes dans le génocide et en dévoile ainsi certains rouages essentiels.
. Ghassan Salamé. La tentation de Mars. Guerre et paix au 21ème siècle. Paris, Éditions Fayard, mars 2024.
Nous sommes entrés dans l’âge de la dérégulation de la force. À la fin de la guerre froide, les raisons de croire à l’effacement de Mars, sinon au triomphe de Vénus, s’accumulaient pourtant : La dissuasion nucléaire n’avait-elle pas apaisé les ardeurs des bellicistes ? Les idéologies ne s’étaient-elles pas effondrées ? Le « doux commerce » international ne devait-il pas garantir la paix ?
Après leur floraison simultanée, les fondements d’une telle promesse se sont toutefois érodés les uns après les autres : la vague de démocratisation a atteint un plateau, la mondialisation a décéléré, la révolution technologique a brimé la liberté après l’avoir servie, la culture a été sollicitée pour fracturer plutôt que pour rapprocher, la question nucléaire a été rouverte et le multilatéralisme n’a cessé de s’étioler. Une occasion sans doute historique pour bâtir un système global équilibré et pacifié a été manquée. À présent, il s’agit de comprendre la « tentation de Mars » qui caractérise notre temps et l’urgence de la contrecarrer.
Avec érudition et lucidité, Ghassan Salamé présente un tableau inédit de l’échiquier mondial. À partir de sa vaste expérience, il revisite le tiers de siècle écoulé depuis 1990 et tente d’imaginer le monde tel qu’il éclot devant nos yeux.
. Annie Jacobsen, Nuclear war. A scenario. New York, Dutton, mars 2024.
There is only one scenario other than an asteroid strike that could end the world as we know it in a matter of hours : nuclear war. And one of the triggers for that war would be a nuclear missile inbound toward the United States.
Every generation, a journalist has looked deep into the heart of the nuclear military establishment : the technologies, the safeguards, the plans, and the risks. These investigations are vital to how we understand the world we really live in—where one nuclear missile will beget one in return, and where the choreography of the world’s end requires massive decisions made on seconds’ notice with information that is only as good as the intelligence we have.
. Jérôme Doyon, Chloé Froissart, The Chinese Communist Party. A 100-Year Trajectory. Canberra, Australian Nation University, janvier 2024.
This volume brings together an international team of prominent scholars from a range of disciplines, with the aim of investigating the many facets of the Chinese Communist Party’s 100-year trajectory. It combines a level of historical depth mostly found in single-authored monographs with the thematic and disciplinary breadth of an edited volume. This work stands out for its long-term and multiscale approach, offering complex and nuanced insights, eschewing any Party grand narrative, and unravelling underlying trends and logics, composed of adaption but also contradictions, resistance and sometimes setbacks, that may be overlooked when focusing on the short term.
Rather than putting forward an overall argument about the nature of the Party, the many perspectives presented in this volume highlight the complex internal dynamics of the Party, the diversity of its roles in relation to the state, as well as in its interaction with society beyond the state. Our historical approach stresses impermanence beyond the apparent permanence of the Party’s organisation and ideology while also bringing to light the recycling of past practices and strategies. Looking at the Party’s evolution over time shows how its founding structures and objectives have had a long-lasting impact as well as how they have been tweaked and rearranged to adapt to the new economic and social environment the Party contributed to creating.
. Lennart Maschemeyer, Subversion. From Covert Operations to Cyber Conflict. Oxford, Oxford Universty Press, mars 2024.
In Subversion, Lennart Maschmeyer provides a powerful new theory and analysis of an age-old concept. While a strategy of subversion offers great strategic promise in theory, it faces an underappreciated set of challenges that limit its strategic value in practice. Drawing from two major cases—the KGB’s use of traditional subversion methods to crush the Prague Spring in 1968 and Russia’s less successful use of cyberwarfare against Ukraine since 2014—Maschmeyer demonstrates both the benefits and weaknesses of the approach. While many believe that today’s cyber-based subversion campaigns offer new strategic opportunities, they also come with their own challenges. Because of these disadvantages, cyber operations continue to fall short of expectations—most recently in the Russo-Ukrainian war. By showing that traditional subversion methods remain the more potent threat, Subversion forces us to reconsider our fears of the subversive potential of cyberwar.
. Olivier Dabène, Laurie Servières (dir.). Atlas. Amérique latine & Caraïbes. 17 initiatives de développement durable. Paris, AFD, février 2024.
Condensé de diversités culturelles, de bouleversements historiques, de luttes sociales et de paysages envoûtants, la région d’Amérique latine et des Caraïbes trace un chemin vers un modèle de développement soutenable.
L’Atlas Amérique latine et Caraïbes, 17 initiatives de développement durable » met en lumière 17 contributions uniques de la région au grand débat international sur le développement durable ; une pour chacun des Objectifs de développement durable (ODD).
Avec cet ouvrage, l’AFD vous invite à découvrir des initiatives qui ont été portées par des acteurs gouvernementaux, de la société civile, du système financier, du secteur privé et des citoyens de la région.
Grâce à un travail précis de cartographie et d’analyse de données, cet atlas, réalisé en collaboration avec l’Observatoire politique de l’Amérique latine et des Caraïbes de Sciences Po Paris (OPALC), illustre des dynamiques positives implantées dans les pays latino-américains et caribéens, avec la plus grande diversité possible en termes de projets, d’acteurs et de domaines couverts.
. Sonia Le Gouriellec. Géopolitique de l’Afrique. Paris, PUF, mars 2024.
Constituée de cinquante-quatre États, berceau de nombreuses civilisations, l’Afrique représente à elle seule un continent-monde de plus d’un milliard d’habitants. Trop souvent considérée comme un tout homogène, elle devrait plutôt être pensée dans sa diversité et sa profondeur.
Sur le plan géopolitique, on la croit marginalisée. Ses acteurs sont souvent perçus comme passifs et dépendants du reste de la communauté internationale. Or, c’est une tout autre représentation que propose Sonia Le Gouriellec dans cet ouvrage. Celle, au contraire, d’un continent ouvert sur le monde, ayant depuis toujours participé aux échanges et aux équilibres politiques, commerciaux et intellectuels, et qui est aujourd’hui intégré à la mondialisation et aux dynamiques contemporaines, au point d’apparaître comme un nouveau centre névralgique des défis de notre époque.
S’appuyant sur de nombreuses études de cas, Sonia Le Gouriellec n’écrit rien de moins qu’une géopolitique des Afriques.
. Chloé Maurel, Les grands discours à l’ONU. De 1945 à nos jours. Vulaines sur Seine, Éditions du Croquant, février 2024.
Ce livre réunit pour la première fois les discours les plus marquants prononcés dans l’enceinte de l’ONU. Fruit d’un minutieux travail de recherche dans les archives numériques de l’organisation internationale, il constitue la première anthologie historique des prises de paroles les plus significatives, prononcées par des hommes et des femmes remarquables, issus du monde entier, dans cette enceinte internationale créée en 1945. Taxée souvent d’inefficacité voire d’inutilité, l’ONU a pour qualité de permettre à des leaders politiques, économiques, culturels et environnementaux de se rencontrer, à son siège à New York, ou lors de ses congrès ou forums dans le monde entier, afin de dialoguer, dans l’esprit du multilatéralisme et de la négociation collective.
Ces près de 50 discours retracent, d’Eleanor Roosevelt à Nehru, de Fidel Castro à Kofi Annan, de Nelson Mandela au Pape François, d’Indira Gandhi à Lula, toute l’histoire des relations internationales depuis 1945, et illustrent la diversité des acteurs et des grandes personnalités qui ont marqué l’histoire du XXe et du XXIe siècle. Leurs paroles, souvent éloquentes, reflètent de manière humaine, incarnée, les grands enjeux et les grandes luttes politiques internationales de l’histoire mondiale et globale.
. Christophe Jaffrelot, Gujarat Under Modi. Laboratory of Today’s India. Londres, Hurst Publishers, mars 2024.
In 2012 Narendra Modi became the first Hindu nationalist politician thrice elected to lead a state of the Indian Union, his stewardship as Chief Minister of Gujarat being the longest in that state’s history. Modi and his BJP supporters explained his achievement by pointing to economic growth under his leadership, yet detractors point out that Modi has been more business-friendly than market-friendly—to the benefit of large industrial corporations, and at the cost of great social polarisation.
In 2002, an anti-Muslim pogrom of unparalleled ferocity occurred in Gujarat, leading to the biggest number of Muslim deaths since Partition. The state’s Hindu majority immediately rallied around Modi. No serious riot has occurred in Gujarat since, but polarisation was key to Modi’s strategy there, and he has deployed that strategy again and again since he became Prime Minister of India in 2014. For Modi has cultivated a communal image. A marketing genius, his messaging combines the politics of Hindutva with economic modernisation, to the clear appreciation of Gujarat’s middle class.
Christophe Jaffrelot’s revealing book shows how Modi’s Gujarat served as the laboratory of Modi’s India, not only in terms of Hindu majoritarianism and national populism, but also of caste and class politics.
. Herman Tutehau Salton. L’artisan de la paix ? L’ONU dans les relations internationales. Paris, Éditions Harmattan, janvier 2024.
De la guerre russo-ukrainienne à la crise israélo-palestinienne ; des pandémies à l’émergence climatique ; des tensions nucléaires à la confrontation entre Chine et États-Unis : l’ONU est en difficulté sur la plupart des dossiers internationaux.
Pourtant, elle reste dépositaire des espoirs plus nobles de l’humanité et son but demeure presque alchimique : apporter la paix à des relations internationales qui sont souvent turbulentes. À la fois inefficace et indispensable, l’ONU cumule donc les problèmes, mais offre aussi une multitude de solutions possibles.
Quelles sont les origines historiques de cette organisation si particulière ? D’où viennent ses faiblesses structurelles ? Et y a-t-il une alternative crédible à l’ONU ? Ce livre anatomise une organisation qui semble tant décevante qu’incontournable.
. Jean-Pierre Filiu, Comment la Palestine fut perdue. Et pourquoi Israël n’a pas gagné. Histoire d’un conflit (XIXe-XXIe siècle). Paris, Éditions du Seuil, février 2024.
Si vous estimez connaître assez du conflit israélo-palestinien pour en nourrir des opinions définitives, mieux vaut ne pas ouvrir ce livre. Vous risqueriez d’y apprendre que le sionisme fut très longtemps chrétien avant que d’être juif. Et que l’évangélisme anglo-saxon explique beaucoup plus qu’un fantasmatique « lobby juif » le soutien déterminant de la Grande-Bretagne, puis des États-Unis à la colonisation de la Palestine. Vous pourriez aussi découvrir que la soi-disant « solidarité arabe » avec la Palestine a justifié les rivalités entre régimes pour accaparer cette cause symbolique, quitte à massacrer les Palestiniens qui résistaient à de telles manœuvres. Ou que la dynamique factionnelle a, dès l’origine, miné et affaibli le nationalisme palestinien, culminant avec la polarisation actuelle entre le Fatah de Ramallah et le Hamas de Gaza.
La persistance de l’injustice faite au peuple palestinien n’a pas peu contribué à l’ensauvagement du monde actuel, à la militarisation des relations internationales et au naufrage de l’ONU, paralysée par Washington au profit d’Israël durant des décennies, bien avant de l’être par Moscou sur la Syrie, puis sur l’Ukraine. L’illusion qu’un tel déni pouvait perdurer indéfiniment a volé en éclat dans l’horreur de la confrontation actuelle, d’autant plus tragique qu’aucune solution militaire ne peut être apportée au défi de deux peuples vivant ensemble sur la même terre. Comprendre comment la Palestine fut perdue, et pourquoi Israël n’a pourtant pas gagné, participe dès lors d’une réflexion ouverte sur l’impératif d’une paix enfin durable au Moyen-Orient et, donc, sur le devenir de ce nouveau millénaire.
. Sébastien Abis (dir.). Le Déméter 2024. Mondes agricoles : cultiver la paix en temps de guerre. Paris, IRIS Éditions, février 2024.
Une double ébullition, politique et environnementale, frappe la planète. La marche de ce monde en pleine transformation s’avère complexe à décrypter. De nouveaux jeux de pouvoir déstructurent le multilatéralisme et redessinent la carte des relations internationales. L’emballement climatique questionne les trajectoires du développement social et économique. Face à ces mutations profondes et aux risques qui pèsent sur la sécurité humaine, l’égoïsme stratégique et la défense des intérêts nationaux semblent dominer les réponses géopolitiques déployées. Souveraineté, économie de guerre, confrontations prennent-elles définitivement le pas sur l’interdépendance, la compétitivité et la coopération ?
Les mondes agricoles, alimentaires et halieutiques sont traversés par ces dynamiques. États comme entreprises aiguisent leurs forces et se préparent à de nouvelles batailles productives, météorologiques, énergétiques ou sanitaires. Alors que des guerres éclatent ou se réveillent, comment faire perdurer la paix à travers l’agriculture ou vouloir qu’elle constitue toujours demain ce facteur de stabilité ? Ce secteur, fournisseur indispensable de nourriture, contribue aussi à l’essor de la bioéconomie et de solutions pour répondre aux défis de la durabilité. S’agit-il d’horizons universels ou de l’affaire d’une minorité d’acteurs ?
À partir d’analyses prospectives et transversales, cette 30e édition du Déméter s’attache à comprendre les enjeux posés par les conflictualités contemporaines pour les mondes agricoles, agro-industriels, alimentaires et de la mer. Entre multiples réflexions et futurs possibles pour le monde, l’Europe et la France, l’ouvrage propose de semer des graines d’optimisme pour mener cette aventure collective.
. Vincent Pouliot, Jean-Philippe Thérien. Comment s’élabore une politique mondiale ? Dans les coulisses de l’ONU. Paris, Presses de Sciences Po, février 2024.
L’ouvrage montre que l’élaboration des politiques mondiales s’apparente à la confection d’une mosaïque, entre improvisation et conflits sociaux, et qu’elle exprime une vision particulière du bien commun, souvent aux dépens d’autres perspectives.
Dysfonctionnements organisationnels, manque d’expertise, absence de volonté politique sont souvent invoqués pour expliquer l’incapacité des institutions internationales à gérer les défis planétaires. Vincent Pouliot et Jean-Philippe Thérien battent en brèche ces idées reçues. Selon eux, la gouvernance mondiale est foncièrement politique car elle procède toujours d’un choix de pratiques et de l’affirmation de certaines valeurs en opposition à d’autres.
Pour le démontrer, ils se sont penchés sur la fabrique de trois initiatives onusiennes contemporaines : l’adoption des Objectifs de développement durable en 2015, l’institutionnalisation du Conseil des droits de l’homme à partir de 2005 et la promotion continue de la protection des civils dans les opérations de paix. En observant au plus près les dynamiques de pouvoir mais aussi le bricolage qui ont présidé à leur naissance, ils montrent que l’élaboration des politiques mondiales s’apparente à la confection d’une mosaïque, entre improvisation et conflits sociaux, et qu’elle exprime une vision particulière du bien commun, souvent aux dépens d’autres perspectives.
. André Simonyi, Frédérick Côté, Le Canada à l’aune de la guerre en Ukraine. Québec, Presses de l’Université Laval, février 2024.
Comment penser la sécurité et la défense du Canada contemporain ? Trois décennies après la fin de la guerre froide, l’assaut russe sur l’Ukraine marque le retour des grandes guerres sur le continent européen. Défi à l’ordre international, nouvelle guerre froide, affrontement par procuration, les étiquettes ne manquent pas pour caractériser le conflit et ses conséquences. Même si le soutien du Canada à l’Ukraine semble aller de soi, la guerre soulève néanmoins plusieurs questions. Quels sacrifices les Canadiens sont-ils prêts à faire pour la victoire des Ukrainiens ? Comment équilibrer dépenses militaires, alliances, protection de l’environnement, défense de la souveraineté nordique, commerce international, droits de la personne, sanctions économiques et politiques dans un monde interconnecté et complexe ? En quête de réponses, ce livre propose des pistes de réflexion pour comprendre la guerre en Ukraine et sa signification pour le Canada et le monde.
. Jacques Degeye. Le Temps de la guerre. Ukraine-Russie. Louvain-la-Neuve, Éditions Academia, septembre 2023.
La paix n’est pas acquise une fois pour toutes. Elle se conquiert, entre autres, en se préparant à la guerre. Il a fallu que la Russie de M. Poutine envahisse l’Ukraine, le 24 février 2022, pour nous le rappeler. Habitués à la paix depuis 1945, nous, Européens, nous sommes trouvés fort dépourvus lorsque le Président Volodymyr Zelensky nous a appelés à l’aide. Pourtant, cette guerre était aussi la nôtre depuis que l’Ukraine, en butte à l’opposition obstinée de M. Poutine, a exprimé son souhait de rejoindre l’Union européenne.
Quels sont les rétroactes et les causes de cette guerre ? Existe-t-il des « lois de la guerre » ? Quand y a-t-il crime de guerre ou contre l’humanité, crime d’agression, génocide ? Quant au crime contre la nature, il est rarement mis en cause, voire à peine évoqué.
Certaines voix plaident pour mettre un terme à ce conflit sanglant. Négocier certes, mais pour quelle paix ?
. Jean-Arnault Dérens, Benoît Goffin, Balkans. Lyon, ENS Éditions, février 2024.
Un parcours, depuis Vienne, haut lieu des diasporas balkaniques, jusqu’à Bihać, à la porte de l’Union européenne et de l’espace Schengen, que tentent de franchir les exilés qui traversent les Balkans… Entre les deux, une longue route, marquée par des étapes dans des villes chargées d’histoire, à travers les montagnes et vallées... Alors que les pays de la région attendent toujours une intégration européenne promise depuis 2003, des nuages s’amoncellent à nouveau : conflits non réglés en Bosnie-Herzégovine comme au Kosovo, corruption et clientélisme, dérive autoritaire des dirigeants.
. Jose Pirjevec, Tito. Une vie. Paris, CNRS Éditions, mars 2024.
Fondée sur une quantité impressionnante d’archives inédites – découvertes à Belgrade mais aussi aux États-Unis, en Russie, en Grande-Bretagne, en Allemagne –, l’étude de Pirjevec explore les zones d’ombre, fait revivre les paradoxes et les ambiguïtés d’un Tito que rien ne semblait destiné à se hisser au rang des chefs d’État les plus influents du XXe siècle. Comment ce fils d’apprenti, ancien ouvrier d’usine, est-il parvenu à s’emparer du Parti communiste yougoslave ? Quelle fut la nature de son engagement dans les Brigades internationales du temps de la guerre d’Espagne ?
Comment comprendre son rôle de partisan, passé maître dans l’art de la guérilla, durant l’occupation de son pays par les nazis ? Quelle fut sa responsabilité dans le massacre des Croates oustachis en 1945 ? Staline a-t-il vraiment cherché à l’empoisonner ? Comment, dans l’après-guerre, Tito s’est-il imposé comme l’une des principales figures des non-alignés ?
Pirjevec n’élude aucune de ces questions, poussant son enquête dans les replis les plus intimes de ce grand amateur de femmes et de luxe, fasciné par le pouvoir qu’il exerça d’une main de fer malgré quelques timides concessions à la démocratie.
. Paul Charon, Jean-Baptiste Jeangène Vilmer (dir.). Les mondes du renseignement. Approches, acteurs, enjeux. Paris, PUF, mars 2024.
Le renseignement n’a jamais été aussi ouvert sur l’extérieur et il semble néanmoins toujours aussi inintelligible et incertain. C’est à la fois parce que le monde est plus complexe, que les enjeux et les menaces sont plus nombreux, et parce que le monde du renseignement fait lui-même l’objet de mutations et de dynamiques internes.
Qu’est-ce que le renseignement ? Comment l’étudier ? Comment fonctionnent les services français, américains, russes, chinois, iraniens, nord-coréens et autres ? Quels sont les problèmes qui se posent pour le recueil, l’analyse, la police ? Comment faire face aux menaces cyber, au terrorisme, au contre-espionnage ? Ces questions et bien d’autres sont traitées en détail dans ce livre. Véritable encyclopédie du renseignement en 32 chapitres, écrits par 29 des meilleurs auteurs français et étrangers, théoriciens et praticiens du renseignement, il constitue une somme unique en français.
. Sarah Ben Néfissa, Pierre Vermeren (dir.). Les Frères musulmans à l’épreuve du pouvoir. Égypte, Tunisie (2011-2021). Paris, Éditions Odile Jacob, janvier 2024.
En Égypte et en Tunisie, les Frères musulmans ont été les grands gagnants des « printemps arabes » de 2011. Quelques mois après ces soulèvements qu’ils n’avaient pourtant pas anticipés, les élections les portaient au pouvoir.
Alors que s’est-il passé entre leur arrivée inattendue à la tête des deux États et leur brutale éviction, soutenue par les peuples, en 2013 en Égypte et en 2021 en Tunisie ? Comment expliquer leur ascension fulgurante suivie de leur surprenante chute, certes plus lente pour la Tunisie ?
Riches de leur connaissance du terrain et de la littérature des Frères musulmans, les auteurs révèlent le divorce entre leur projet d’un État islamique mondial et des sociétés caractérisées par leur attachement à l’État-nation. Ils montrent que leur incapacité à s’adapter aux mutations sociales est caractéristique de la confrérie : une organisation sectaire, puissante et disciplinée mais sans élites, compétences ni imagination. En analysant leur échec, ce livre nourrit le débat interne à l’islam et à l’islamisme, et suggère qu’une révolution culturelle des sociétés musulmanes est possible.
. Maxime Audinet. Un média d’influence d’Etat. Le cas Russia Today. Paris, INA, mars 2024.
Le réseau d’information RT (Russia Today) s’est imposé depuis la crise ukrainienne comme l’instrument le plus emblématique de l’influence de la Russie à l’ère post-soviétique. Média multilingue et transnational, RT est un cas d’étude privilégié pour saisir les évolutions récentes de sa politique étrangère et, plus largement, des pratiques de la diplomatie publique en contexte autoritaire. Lancé en 2005 à l’initiative du Kremlin, la chaîne Russia Today visait alors à redorer le blason de Moscou sur la scène internationale. La guerre russo-géorgienne de 2008 a mis un terme à cette approche. Abondamment subventionné par le gouvernement, RT n’est plus aujourd’hui une source d’information centrée sur la Russie. Il tente plutôt d’imposer sa signature « alternative » et anticonformiste – incarnées dans sa devise Question More – avec pour objectif de « briser le monopole des médias anglosaxons », pour reprendre une expression de Vladimir Poutine, et les concurrencer dans l’espace informationnel global. Bien que compatible avec le discours officiel russe, cette ligne relativiste n’en est pas moins adaptée en fonction des audiences ciblées : tonalité souverainiste et eurosceptique sur ses canaux européens (dont RT France), prisme anti-impérialiste de gauche sur RT en Español, discours anti-interventionniste et complotiste sur RT America, etc. En 2016 et 2017, RT a participé aux campagnes ciblées menées par la Russie pour influencer les résultats des élections présidentielles américaines et françaises. Malgré des effets négligeables, cette action lui a valu d’être inscrit sur la liste des agents de l’étranger (FARA) aux États-Unis et d’être qualifié par le président Emmanuel Macron « d’organe de propagande mensongère ». Fruit d’une thèse achevée en 2020 et alimenté par plusieurs enquêtes de terrain en Russie, cette monographie explore le fonctionnement interne et l’implantation internationale du réseau RT. Elle affiche le profil de ses équipes, à Moscou et dans ses rédactions délocalisées, et dissèque sa communication sarcastique et sa ligne éditoriale hétéroclite. Le livre dresse en somme une anatomie inédite et méticuleuse de ce média d’influence russe, devenu un acteur incontournable des guerres de l’information contemporaines. Il s’adresse autant à des chercheurs en sociologie des médias et en relations internationales qu’à un public plus large, intéressé par les mutations de l’influence au XXIe siècle.
. Aleksandar Matovski, Popular Dictatorships. Crises, Mass Opinion, and the Rise of Electoral Authoritarianism. Cambridge, Cambridge University Press, février 2024.
Electoral autocracies – regimes that adopt democratic institutions but subvert them to rule as dictatorships – have become the most widespread, resilient and malignant non-democracies today. They have consistently ruled over a third of the countries in the world, including geopolitically significant states like Russia, Turkey, Venezuela, Egypt, Indonesia, Nigeria and Pakistan. Challenging conventional wisdom, Popular Dictators shows that the success of electoral authoritarianism is not due to these regimes’ superior capacity to repress, bribe, brainwash and manipulate their societies into submission, but is actually a product of their genuine popular appeal in countries experiencing deep political, economic and security crises. Promising efficient, strong-armed rule tempered by popular accountability, elected strongmen attract mass support in societies traumatized by turmoil, dysfunction and injustice, allowing them to rule through the ballot box. Popular Dictators argues that this crisis legitimation strategy makes electoral authoritarianism the most significant threat to global peace and democracy.
. Frédéric Laugrand, Paul Servais, Françoise Mirguet, Méconnaissance, connaissance, reconnaissance. Les relations de la Chine et de l’Occident (16e-21e siècle). Bruxelles, Éditions Academia, novembre 2023.
Au cours de huit siècles de relations, d’abord intermittentes, puis de plus en plus intenses, entre le monde chinois et l’Occident, trois caractéristiques impriment leur marque sur cette rencontre aux multiples facettes. La première est sans aucun doute la méconnaissance et son cortège de malentendus, d’incompréhension, voire d’affrontement. La seconde est la connaissance, assurée par une accumulation de plus en plus impressionnante d’informations sur l’Autre dans tous les domaines du savoir. La troisième, perçue parfois comme un objectif à remettre constamment sur le métier, est simplement la reconnaissance de l’Autre dans toutes ses dimensions.
. Gérard Araud. Israël : le piège de l’histoire. Paris, Éditions Tallandier, mars 2024.
Ancien ambassadeur en Israël, le diplomate raconte son expérience au cours de ses six années passées à Tel Aviv, relatant ses souvenirs et ses rencontres marquantes, tout en décryptant l’histoire du conflit israélo-palestinien jusqu’à ses plus récents développements, notamment les accords d’Abraham, la radicalisation du gouvernement israélien et l’expansion des colonies en Cisjordanie.
. Marine Dhermy-Mairal, Sandrine Kott, Isabelle Lespinet-Moret, Marieke Louis, Mondialisation et justice sociale : Un siècle d’action de l’Organisation internationale du travail, Paris, Éditions de la Sorbonne, mars 2024.
L’Organisation internationale du travail est née du traité de Versailles en 1919, a survécu à la Société des nations et a trouvé sa place au sein de l’Organisation des Nations unies, où elle a apporté l’héritage et le savoir-faire du premier internationalisme, et la spécificité du tripartisme. L’OIT a formulé et poursuivi des idéaux de réforme sociale, fondés notamment sur la production de savoirs et d’expertise, dans un siècle traversé par des conflits majeurs, les décolonisations et l’évolution des rapports de force, entre les mondes capitalistes et communistes, entre les États et entreprises du Nord et du Sud.
Cet ouvrage fait suite à un colloque qui a rassemblé acteurs sociaux et chercheurs pour célébrer les cent ans de l’Organisation internationale du travail et interroger son rôle face à la mondialisation des économies et du travail. Il éclaire de manière pluridisciplinaire la fécondité et le renouvellement de la recherche sur la plus ancienne organisation du système onusien. Les contributions se penchent sur la nature et les principales missions de l’Organisation à travers les nouvelles approches des sciences sociales suscitées par les interrogations de notre époque. L’efficacité des normes internationales du travail dans un marché mondial, l’importance du tripartisme et du dialogue social face au retrait de l’État comme les limites de l’universalité dans un monde inégal sont ainsi discutées dans une perspective renouvelée et résolument internationale. À travers l’OIT et sa promesse de justice sociale, ce volume propose plus largement une autre façon de penser la mondialisation.
. Nicolas Tenzer. Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique. Paris, Éditions de l’Observatoire, janvier 2024.
Alors que les certitudes d’hier occultent les risques de demain, Nicolas Tenzer propose une stratégie indispensable pour avancer dans un monde qui est, de fait, en guerre. Notre guerre n’est pas simplement un livre sur la géopolitique ? ; c’est un appel à la lucidité, une cartographie des illusions lourdes de notre vulnérabilité. Ainsi, Nicolas Tenzer ne se borne pas à diagnostiquer les maux de notre époque : il propose une feuille de route rigoureuse et pragmatique pour naviguer dans un monde où la guerre est devenue notre présent. L’auteur s’immerge dans l’urgence d’une époque où le droit international est de plus en plus détruit et où les démocraties, affaiblies, perdent pied devant des régimes qui ne reculent pas devant le crime de masse. Dès lors, la guerre russe contre l’Ukraine n’est pas une anomalie, mais le reflet d’un monde en proie à un révisionnisme systématique et insidieux. Tenzer dévoile la supercherie des politiques lénifiantes, révélant une réalité affolante mais indispensable à saisir. Tirant les leçons de l’histoire et des errements stratégiques passés, il offre un plan d’action pour une nouvelle diplomatie de guerre, étayée.
. Elsa Vidal, La fascination russe - Politique française : trente ans de complaisance vis-à-vis de la Russie. Paris, Éditions Robert Laffont, février 2024.
Comment trente années d’erreurs de jugement, d’indulgence et de complaisance vis-à-vis de la Russie ont abouti à la guerre en Europe.
Vladimir Poutine a déclenché plus de cinq guerres. Quelle faiblesse nourrit cette volonté française de " ne pas humilier la Russie " ?
Qui est l’homme à l’origine de la politique de relance des relations entre la France et la Russie ?
Que cachent les termes, souvent invoqués par nos dirigeants, de " réalisme ", de " souveraineté ", ou " d’intérêts supérieurs de la France " ? Une véritable idéologie, qui nourrit et structure notre attitude plus que complaisante envers la Russie.
Elsa Vidal, dans son analyse étayée et passionnante, met en lumière les erreurs de jugement des dirigeants français ; elle fournit également des solutions pour que cesse enfin notre grand aveuglement.
. Elisabeth Sieca-Kozlowski, Poutine dans le texte, CNRS éditions, 2024.
Textes choisis de Vladimir Poutine, de dignitaires et d’intellectuels russes. 2001-2023
L’invasion de l’Ukraine, au motif du danger mortel que représenterait le pouvoir « néonazi » de Kiev, tête de pont d’un « Occident collectif » corrupteur des sociétés et des mœurs, a posé avec une urgence nouvelle la nécessité de comprendre l’imaginaire du pouvoir russe. Et ce d’autant que la politique d’annexion en cours reflète toute une conception de l’ordre international, dont ont déjà témoigné ces dernières années les interventions armées en Géorgie et en Syrie.
Les discours et interventions de Vladimir Poutine, de proches collaborateurs (Dmitri Medvedev) ou d’idéologues (Timofeï Sergueïtsev) réunis ici donnent à voir, depuis le début des années 2000, la construction de cette vision du monde, hétéroclite et d’abord très hésitante, dans laquelle la reconnaissance due à la grandeur de la Russie passe par la reconstitution de son empire et de son influence.
Ils mettent en évidence une dynamique de radicalisation, sensible dès 2014 et encore accentuée depuis le début du conflit.
Le régime russe a longtemps tenu un double discours et brouillé les pistes. Il est temps aujourd’hui de mettre à la disposition d’un public non russophone ces textes fondamentaux.
. Stéphane Lacroix, Le crépuscule des saints. Histoire et politique du salafisme en Egyptre, CNRS éditions, 2024.
Qu’est-ce que le salafisme ? Et comment ce mouvement ultraconservateur a-t-il gagné en influence pour se placer au cœur de la normativité islamique sunnite ? Quel rapport entretient-il avec le politique ? Et pourquoi est-il important, pour en déchiffrer les évolutions, de le distinguer des Frères musulmans ? Stéphane Lacroix nous invite à démêler ces questions dans cette socio-histoire du salafisme égyptien.
Issu d’une enquête menée en Égypte à partir de 2010, avant, pendant et après la révolution ayant mené à la chute de Moubarak et l’arrivée au pouvoir de l’islam politique, cet ouvrage retrace l’histoire de ce mouvement et de ses acteurs. Il nous introduit à la grammaire d’action des salafistes et analyse les mutations qu’a connues l’islam égyptien tout au long du XXe siècle, et jusqu’à très récemment. Loin de constituer une idéologie immuable, le salafisme est lui-même sorti transformé de ce processus, au point de devenir un acteur central de la transition démocratique avortée de 2011.
Une contribution majeure à l’étude des transformations de l’islam et de son rapport au politique à l’époque contemporaine.
Mathieu Lours, Les cathédrales dans le monde. Entre religion, nation et pouvoir, éd. Folio, 2024
Que représentent les cathédrales dans le monde d’aujourd’hui ? Quel est le rôle de ces édifices dans une Europe occidentale où la pratique religieuse s’amenuise ? Que penser de l’intense activité de construction de cathédrales dans le monde orthodoxe, en particulier en Russie ? Des monuments oecuméniques, comme il s’en érige aujourd’hui sur le continent africain, peuvent-ils aider à bâtir des identités nationales ? Impossible de répondre à ces questions sans recourir à une histoire mondiale et au long cours des cathédrales. Une histoire religieuse, mais aussi géopolitique.
Fondées entre le IVe et le Ve siècle dans des diocèses catholiques hérités des cités antiques, les cathédrales ont été convoitées par des pouvoirs nationaux. Si elles restent la manifestation de l’influence d’une Église sur un territoire, avec la mondialisation, elles ont prouvé leur caractère universel.
Amorcée au XIXe siècle, une révolution patrimoniale s’opère, mise en évidence par le terrible incendie de Notre-Dame de Paris en 2019 et l’importance des dons récoltés pour sa reconstruction : la cathédrale s’impose alors comme un objet culturel mondial, une icône touristique et médiatique.
. Anna Schwenck, Flexible Authoritarianism. Cultivating Ambition and Loyalty in Russia. Oxford, Oxford University Press, février 2024.
Flexible Authoritarianism challenges the notion that authoritarianism’s transnational rise constitutes a backlash against economic globalization. Describing a governmental approach that simultaneously incentivizes a can-do spirit and suppresses dissent, the book points out resonances between authoritarian and neoliberal ideologies in today’s comeback of strongman rule. Drawing on field observations, in-depth interviews, and analyses of video clips, it conveys the look and feel of flexible authoritarianism in Russia through the eyes of up-and-coming youth. The author analyses ways in which the insignia of cool start-up capitalism and familiar cultural forms such as the summer camp help stabilize the regime, while also showing how up-and-coming youth both embrace and contest loyalty to the government.
. Jean-Baptiste Jeangène Vilmer et Paul Charon. Les opérations d’influence chinoises. Un moment machiavélien. Paris, Éditions des Équateurs, janvier 2023.
Une entreprise tentaculaire, massive, cohérente, globale, tous azimuts, mondialisée : les mots manquent pour décrire la protéiforme guerre d’influence engagée par la Chine pour démontrer sa puissance. Elle se révèle, d’une façon impressionnante, dans une étude exhaustive (2 ans de travail) : synthèse de sources internationales, de la diplomatie au cinéma, des universités aux entreprises, des médias aux partis politiques.
« Le Parti communiste chinois [PCC] semble désormais convaincu qu’il est plus sûr d’être craint que d’être aimé. »
La Chine est passée d’une stratégie de séduction et de soft power à une stratégie de l’infiltration et de la contrainte : « la diplomatie du loup guerrier ». On peut parler d’une « russianisation » des opérations d’influences chinoises.
Pourquoi un tel tournant ? 2 accélérateurs : la crise hongkongaise de 2019 et la pandémie de 2020-2021.
. Juliette Morillot, Dorian Malovic, La Corée du Nord en 100 questions, Paris, Éditions Tallandier, février 2024.
Les missiles nord-coréens peuvent-ils atteindre les États-Unis ? Qui est Choe Son Hui, l’une des femmes les plus puissantes de Corée du Nord ? Smartphones et Internet font-ils partie du quotidien des Nord-Coréens ? Comment les trafics illicites alimentent-ils les caisses de Pyongyang ? Pourquoi la Russie se rapproche-t-elle du régime nord-coréen ? Qui succédera à Kim Jong Un ?
En 2018, la Corée du Nord avait donné l’illusion d’un partenaire plus fréquentable, renouant le dialogue avec les États-Unis de Donald Trump et la Corée du Sud. Mais l’embellie fut de courte durée. Quant au rêve de réunification de la péninsule coréenne, il est désormais exclu.
Depuis la pandémie de covid, le pays a refermé ses frontières et se protège des influences extérieures. Plus que jamais, sur fond de guerre en Ukraine, la nouvelle alliance Chine-Russie-Corée du Nord consolide les ambitions de Kim Jong Un. Celui-ci accélère son programme et ses tirs de missiles, imposant son pays comme la neuvième puissance nucléaire et une menace pour le monde. Avertissements et condamnations de l’ONU depuis des décennies restent sans effet sur une nation qui maîtrise l’art de contourner les sanctions pour perfectionner son arsenal nucléaire, au risque de faire peser sur son peuple une nouvelle crise alimentaire. L’Asie du Nord est devenue une véritable poudrière prête à exploser.
En 100 clés très éclairantes, Juliette Morillot et Dorian Malovic dressent un tableau complet de ce pays qui n’a pas fini de nous surprendre.
. Sébastien Gobert. L’Ukraine, la République et les oligarques. Comprendre le système ukrainien. Paris, Éditions Tallandier, février 2024.
Depuis 2022, l’Ukraine nous fascine par la résistance de sa population face à la guerre. Mais qui connaît l’importance particulière des oligarques dans l’histoire de son système républicain ?
Cette histoire est peuplée de bandits, d’opportunistes ou de fonctionnaires corrompus qui ont survécu aux troubles des années 1990 avant de tenter de légaliser leurs fortunes colossales à travers des investissements dans la politique et les médias. Un récit à faire pâlir les oligarques russes, stoppés nets par l’autoritarisme poutinien. En Ukraine au contraire, ce système est resté mouvant, complexe et dynamique malgré trois crises financières, deux révolutions, une guerre et des réformes tous azimuts !
De la chute de l’URSS jusqu’à l’invasion par la Russie et l’ouverture des négociations d’adhésion à l’Union européenne, Sébastien Gobert retrace le parcours des différents groupes oligarchiques étroitement mêlés à l’histoire politique et ses six présidents, leurs alliances, l’évolution de leurs relations avec les institutions d’État et leurs ramifications jusqu’en Europe et la Côte d’Azur. En dressant différents scénarios sur l’avenir de cette République oligarchique désormais à la croisée des chemins, l’auteur réalise un tableau passionnant d’une nation aux multiples facettes, que la société civile et sa population tentent, malgré des défis existentiels, de transformer, de moderniser et de retourner à la famille européenne.
. Agence française de développement, L’économie africaine 2024. Paris, Éditions La Découverte, janvier 2024.
L’AFD propose chaque année dans la collection " Repères " des analyses inédites sur les principaux enjeux économiques et sociaux en Afrique.
Face aux pénuries de financement, quelles sont les perspectives macroéconomiques du continent ? Si l’Afrique abrite une importante biodiversité, comment, grâce à une comptabilité innovante, en mesurer les pertes afin de mieux la préserver ? Quelles sont les interactions entre changements climatique et environnementaux et mobilités humaines en Afrique ? Est-il possible de développer le secteur minier en Afrique de façon juste et responsable tout en contribuant à la transition énergétique mondiale ? Afin de lutter contre le changement climatique et tenter parallèlement de combler le déficit de financements, quelles sont les actions des acteurs financiers ? À travers l’exemple du football, sport populaire par excellence, quels peuvent être les impacts sociaux, économiques et politiques du sport sur le continent ?
. Chloé Nicolas-Artero, S’approprier l’eau. Droits, espaces et pouvoirs au Chili. Rennes, Presses universitaires de Rennes, janvier 2024.
Le Chili constitue un laboratoire de la néo-libéralisation des ressources en eau depuis l’application du Code de l’eau de 1981 et de la Constitution de 1980 aujourd’hui contestés. Cet ouvrage reconstitue les transformations des pratiques d’accès à l’eau dans la vallée semi-aride d’Elqui située au nord du pays, aux abords du désert d’Atacama, depuis la seconde moitié du XXe siècle. Il révèle les stratégies déployées par les entreprises agricoles, minières et immobilières pour s’approprier l’eau. À partir d’une enquête empirique, il présente le rôle des organisations chargées du partage quotidien de l’eau dans ces stratégies et dans la construction de résistances à celle-ci. Au sein du cadre de la géographie juridique, il revient sur les conditions d’expansion de l’extractivisme, sur la construction sociale de la pénurie d’eau et sur la complexité des processus de libéralisation des ressources. Dans le contexte actuel du changement constitutionnel et de sécheresse que traverse le Chili, il propose une lecture critique du droit de l’eau, du droit à l’eau.
. François-Xavier Nerard, Marie-Pierre Rey. Atlas historique de la Russie. D’Ivan III à Vladimir Poutine. Paris, Éditions Autrement, février 2024.
Plus de 90 cartes et infographies présentent l’histoire de la Russie, mettant l’accent sur les différentes régions d’un territoire immense et sur les modalités de son contrôle par l’État.
La Russie impériale, puissance en expansion depuis le XVᵉ siècle, est fragilisée par une modernisation tardive et la guerre ; elle est mise à terre par la Révolution de février 1917.
La Russie soviétique se forge dans une immense violence politique et sociale tout en donnant naissance à un monde nouveau, urbain et industriel.
La période postsoviétique voit la Russie, après un temps de repli et d’incertitudes, tenter de renouer avec sa grandeur passée.
D’Ivan III, « grand-prince de Moscou et de toute la Russie » au XVᵉ siècle, à Vladimir Poutine, président d’un pouvoir central qui ébranle la scène internationale, cette nouvelle édition dresse le bilan actualisé des transformations que continue de connaître la Russie.
. Jean-Arnault Dérens. Monténégro. La mer de pierres. Bruxelles, Nevicata, octobre 2023.
Il était une fois une forteresse juchée au-dessus de l’Adriatique. Une vigie. Une sentinelle posée sur les rochers, verrou balkanique résolu à toujours rester arrimé au continent européen. Le Monténégro résonne comme une danse austère. Ses syllabes se découpent comme les fissures des montagnes qui l’entourent.
Ce petit pays est à l’image de ses lacs, devenus villégiatures d’une clientèle fortunée à la recherche d’un sanctuaire : tranquilles en surface, mais profonds et ténébreux.
Le Monténégro est une fresque que seul un amoureux de cette région comme Jean-Arnault Dérens pouvait nous raconter sans jamais oublier les convulsions de l’actualité et le souvenir de l’ex-Yougoslavie.
Ce petit livre nous transporte le long des sentiers des vallées et dans les venelles de Setinje, l’ancienne capitale royale. Ce Monténégro ne demande qu’à être aimé. Cela tombe bien, les pages qui suivent n’ont pas d’autre but.
Un grand récit suivi d’entretiens avec Nikola Petrovic-Njegos (héritier du trône du Monténégro), Serbo Rastoder (historien) et Milka Tadic Mijovic (journaliste).
. Pierre Haski, Une terre doublement promise. Israël-Palestine : un siècle de conflit, Paris, Éditions Stock, janvier 2024.
Le massacre du 7 octobre dans le sud d’Israël, commis par des terroristes venus de la bande de Gaza, a ouvert une crise majeure, historique, aux répercussions mondiales. La guerre israélienne contre le Hamas n’en est qu’un des aspects. Mais l’histoire n’a pas commencé le 7 octobre. Cet événement tragique s’inscrit dans un contexte et une histoire qui se brouillent dans le flot d’informations et d’émotions générées par la guerre.
Ce livre se propose de revenir sur le temps long de l’histoire, en se basant sur une expérience de quatre décennies. J’ai fait mon premier reportage dans cette région en 1982, à Gaza justement, où j’ai suivi les funérailles du président égyptien assassiné Sadate à la télévision égyptienne, dans la maison du représentant officieux de Yasser Arafat… J’ai été correspondant de Libération à Jérusalem au moment de la seule tentative de paix israélo-palestinienne du dernier siècle, les accords d’Oslo de 1993, symbolisés par la poignée de mains Rabin-Arafat. J’ai suivi et documenté chaque étape de cette histoire chaotique, jalonnée de moments dramatiques – le massacre d’Hébron, l’assassinat de Rabin, etc – et d’autres périodes d’espoirs vite déçus.
Le livre puisera à la fois dans ces quatre décennies d’archives qui sont autant de témoignages sur le vif, dans un retour sur le terrain à Hebron avec un texte inédit, et dans une analyse détaillée et fouillée de la crise ouverte le 7 octobre, un tournant dans cette histoire pourtant chargée, dont on ressent les impacts jusqu’au cœur de la société française. Les photos du photographe libanais Fouad Elkhoury, qui m’a accompagné à des moments importants dans les territoires palestiniens, enrichiront cet ouvrage.
. Sébastien Abis. Veut-on nourrir le monde ? Franchir l’Everest alimentaire en 2050. Paris, Armand Colin, février 2024.
Le 21e siècle est inédit pour l’agriculture. La Terre va connaître un pic démographique historique autour de 2050 et la Nature doit être protégée. Les besoins alimentaires s’amplifient, y compris sur le terrain de la qualité et de la santé, mais décarboner les économies et les modes de vie s’avère indispensable. Nourrir et réparer la planète : telle est la double mission, immense et exigeante comme l’Everest, assignée aux mondes agricoles. Ce seront eux les sherpas qui nous emmèneront vers davantage de sécurité humaine et de soutenabilité demain.
Comment les citoyens-consommateurs peuvent-ils s’associer à cette grande aventure collective ? Pourquoi la constance, la cohérence et la confiance sont-elles déterminantes pour relever ces défis ? Réussir les transitions sans efforts et sans innovations est-il envisageable ? Peut-on rêver de stabilité et de puissance sans agricultures ? Comment cultiver la souveraineté alimentaire sans tomber dans l’égoïsme stratégique ?
Ces questions résonnent dans une actualité marquée par des dérèglements climatiques et géopolitiques en cascade. Cet ouvrage nous parle du temps long pour nous aider à cheminer sur les pentes et les versants de cet Everest alimentaire. Spécialiste incontesté, Sébastien Abis propose un essai documenté pour comprendre sur quoi se joue une partie de l’avenir du monde.
. Arnaud Coustillière, Aude Leroy, Soldat de la cyberguerre. Paris, Éditions Tallandier, février 2024.
Le cyberespace est devenu un lieu d’affrontement majeur. Pour la première fois, voici racontée la création de la cyberdéfense française par son principal fondateur, le vice-amiral d’escadre Arnaud Coustillière.
En moins de dix ans, les terrains de guerre se sont multipliés sur le Net : virus informatiques, menaces terroristes, ingérences dans des élections, fake news, blocage d’hôpitaux… Les agresseurs cyber déstabilisent nos démocraties avec puissance et créativité. En une poignée d’années, un petit groupe de femmes et d’hommes a mis en place une organisation et déployé des moyens pour inventer les ripostes dans ce nouveau « Far West ».
Dans ce précieux témoignage, Arnaud Coustillière raconte la construction à marche forcée de la cyberdéfense française. On découvre de l’intérieur la « cellule » créée en 2009 en toute discrétion, les échanges avec les partenaires américains et estoniens, le recrutement des talents, les premières opérations en Afghanistan, la coopération avec les Forces spéciales, la confrontation avec Daech et l’émergence des ingérences russes. Ce livre nous aide à mieux comprendre les défi s d’ampleur que vit notre pays à l’heure où la guerre de haute intensité est de retour, amplifiée par le caractère toujours plus hybride des conflits. Les chocs sont devant nous, il est urgent d’en prendre conscience.
. Bernard Mommer. Ressources naturelles et mondialisation : le pétrole et le Venezuela. Paris, L’Harmattan, décembre 2023.
Dans cet ouvrage, Bernard Mommer concentre son analyse sur le processus de mondialisation du capitalisme dans sa relation historique avec les ressources naturelles ; sur le refus d’accorder aux pays exportateurs le droit à une rente foncière internationale jusqu’à la volonté de faire supporter aux consommateurs les coûts de la politique – désormais inévitable – de protection de l’environnement à l’échelle mondiale. Aujourd’hui, le capital international s’impose sur les droits souverains nationaux par le biais d’une structure d’arbitrages internationaux. L’auteur prend l’exemple du pétrole, compte tenu de son importance extraordinaire, et du Venezuela, pays exportateur de pétrole par excellence, pour illustrer ce processus. Les exemples de l’Union européenne et du traité sur la Charte de l’énergie, de la Russie, de l’Allemagne et des négociations en cours entre le Canada et l’Union européenne sont également présentés.
. Bruno Tertrais, Pax atomica ? Théorie, pratique et limites de la dissuasion. Paris, Odile Jacob, janvier 2024.
Sommes-nous au bord d’une guerre nucléaire ?
La dissuasion est-elle un facteur modérateur dans les relations internationales ? Quel rôle joue exactement l’arme atomique dans un paysage où les formes de guerre se sont diversifiées ?
Ces questions sont aujourd’hui cruciales face aux menaces proférées par la Russie et alors que les dangers nucléaires se sont multipliés en Asie. Qui a vraiment le pouvoir de déclencher l’Apocalypse ? Comment élabore-t-on les plans d’emploi de l’arme atomique ? Quelles leçons peut-on tirer des crises qui ont parfois amené le monde au bord du gouffre depuis 1945 ? La Bombe maintient-elle la paix entre grandes puissances et continuera-t-elle de le faire ?
Au moment où le sort de la planète pourrait basculer, Bruno Tertrais, dans cet ouvrage fondateur, fruit de trente ans d’expérience au plus près des réalités nucléaires, répond à cette question par l’affirmative, sans masquer les limites du concept de dissuasion.
. Fanny Pigeaud, Ndongo Samba Sylla. De la démocratie en Françafrique. Une histoire de l’impérialisme électoral. Paris, Éditions La Découverte, janvier 2024.
Démocratie en deçà de la Méditerranée, dictature au-delà. Tel est le regard que le monde occidental pose ordinairement sur l’Afrique. Cette perception demande à être fortement nuancée. D’abord parce qu’elle suppose des trajectoires séparées là où il faut voir une histoire commune. Ensuite parce qu’elle reste tributaire d’une conception simpliste de la démocratie, réduite au régime représentatif et aux seules élections.
En Occident, les élites n’ont cessé de se méfier de leurs peuples et se sont ingéniées à limiter la portée du suffrage universel qu’elles ont dû concéder au cours des XIXe et XXe siècles. Cette attitude s’est directement répercutée sur l’empire français, où le suffrage universel ne fut accordé qu’à la fin des années 1950. Les scrutins, largement truqués par les administrations coloniales, permirent l’accession à la tête des nouveaux États africains de dirigeants fidèles à l’ex-métropole et décidés à sauvegarder ses intérêts. Ces hommes à poigne s’empressèrent d’instaurer des partis uniques, de museler la contestation et de supprimer toute possibilité d’alternance pacifique.
Soixante ans après les indépendances, ce schéma prévaut encore. L’expression populaire reste sévèrement encadrée, avec l’assentiment – et parfois l’assistance active – de Paris. Marquées par cette longue histoire de répression, les élections en Afrique francophone, qui ont longtemps servi l’ordre colonial puis néocolonial, perpétuent désormais un agenda néolibéral. Au moment où plusieurs coups d’État ont secoué cette zone, ce livre propose une analyse inédite et une réflexion indispensable pour comprendre la révolte actuelle des peuples africains, et notamment de la jeunesse, qui réclament une authentique démocratie.
. Jacques Gravereau. Taïwan, une obsession chinoise. Paris, Hémisphères Éditions, décembre 2023.
Les menaces de la Chine sur Taïwan ont pris une nouvelle dimension. Depuis que la Russie a envahi l’Ukraine, ce qu’un régime autoritaire fait en Europe, un autre peut le faire en Asie. L’extraordinaire montée en puissance historique de la Chine rend cette perspective d’autant plus impressionnante.
Les intimidations militaires chinoises tonitruantes contre Taïwan se sont intensifiées depuis trois ans, comme si la prise de la « province rebelle » était une question existentielle pour le régime de Xi Jinping.
La désinformation, les attaques en « zones grises », sont déjà le quotidien inconfortable qu’affrontent les vingt-quatre millions de Taïwanais. L’objectif affiché par Pékin ? Faire « craquer » cette démocratie qu’elle considère comme une épine dans son pied et l’acculer à une « réunification ».
L’invasion brutale de Taïwan est-elle programmée ? Le crescendo d’une escalade des opérations chinoises jusqu’à une guerre de haute intensité fait l’objet de ce livre. Les scénarios du pire vont-ils se réaliser ? Le coût en serait exorbitant pour toutes les parties. Mais la raison et la politique font souvent mauvais ménage.
Les États-Unis ne pourraient pas rester spectateurs. La rivalité systémique entre la Chine et l’Amérique domine déjà la géopolitique mondiale. La mondialisation nous a tous rendus interdépendants. Pour nous aussi en Europe, ce qui se passe en Asie nous concerne directement.
. Vincent Duclert, La France face au génocide des Tutsi. Le grand scandale de la Ve République, Paris, Éditions Tallandier, janvier 2024.
Entre le 7 avril et le 4 juillet 1994, en moins de cent jours, plus d’un million de Tutsi, ainsi que des opposants politiques, sont exterminés à l’instigation du régime extrémiste hutu. La France est alors un soutien majeur du gouvernement rwandais. Malgré les alertes sur l’ampleur des persécutions et massacres de Tutsi, les autorités françaises interviennent tardivement, avec l’opération militaro-humanitaire Turquoise. Le rôle de la présidence de François Mitterrand est pointé du doigt mais sa reconnaissance se heurte à un déni indépassable durant près de trente ans. En 2021, les « responsabilités lourdes et accablantes » de la France dans le génocide des Tutsi sont établies par une commission de chercheurs présidée par Vincent Duclert.
Dans cet ouvrage, Vincent Duclert amplifie le constat et affirme qu’il s’agit du plus grand scandale de la Ve République. Il reprend la longue histoire des relations franco-rwandaises, revisite l’intégralité des archives et les complète de documents et témoignages inédits. Il démontre la profondeur des liens entre le sommet de l’État et le régime d’Habyarimana. Il décrit des systèmes de commandement militaire et politique parallèles, leurs dérives, les tensions avec les hommes de terrain. Il souligne enfin que tous les éléments étaient à la disposition de la présidence française pour que le génocide soit anticipé, compris et arrêté. Pourtant, l’impensable s’est déroulé sous nos yeux incrédules.
. Sylvain Kahn, L’Europe face à l’Ukraine, Paris, PUF, février 2024.
Le 24 février 2022, les Européens font face à un choc : le retour de la guerre. Ce choc succède à celui du Covid et au Brexit. Ce livre raconte la métamorphose de l’Europe causée par ces cinq années qui l’ont changée en profondeur. À moins qu’elle n’ait révélé l’UE à elle-même, avec ses robustesses et ses vulnérabilités, son étaticité et sa solitude. Dans l’épreuve, l’Europe est à la croisée des chemins. Du choc de la guerre russe découle deux scénarios pour 2050 : devenir un Etat d’un nouveau type, une néo-puissance démocratique et attractive ; ou devenir une province vieillie d’un néo-empire.
. Anne Cheng, Henry Laurens (dir.), La violence politique vue par les historiens du Moyen à l’Extrême-Orient. Paris, Hémisphère Éditions, décembre 2023.
Dans l’imaginaire européen subsiste une dichotomie implicite entre, d’un côté, un « Moyen-Orient » volontiers perçu comme le terrain par excellence de la violence politique – voire comme le foyer de fanatismes congénitalement dressés contre toutes les valeurs les plus chères à l’Occident – et, de l’autre, un « Extrême-Orient » où tout ne serait qu’ordre, calme et prospérité. Deux représentations opposées qui relèvent pourtant du même type de fantasmagorie et dont cet ouvrage, fruit d’un colloque qui s’est tenu en 2022 au Collège de France, se propose de montrer le caractère anhistorique et idéologique.
Un premier colloque (juin 2019) avait déjà tenté de montrer les préconceptions orientalistes qui font encore croire à une Chine « harmonieuse », à un Japon « esthétique » ou à une Inde « non violente ». À l’inverse, l’Orient arabe apparaît aujourd’hui comme une « terre de sang » – réputation certes pas usurpée, les événements récents en témoignent. Cependant, la violence n’est pas innée dans cette région mais le produit d’une série de facteurs dont la convergence aboutit à la constitution de systèmes autoritaires de plus en plus conservateurs et kleptocratiques, jouant sur l’antiterrorisme pour justifier la répression des oppositions.
Le diagnostic porté sur l’Orient « moyen » n’épargne pas totalement l’Orient « extrême ». À quel prix certains poids lourds de la région, à commencer par la Chine, maintiennent-ils sur leur population, notamment leurs minorités, un semblant d’ordre et de stabilité ?
. Jean-Dominique Merchet. Sommes-nous prêts pour la guerre ? L’illusion de la puissance française. Paris, Robert Laffont, janvier 2024.
Ukraine, Gaza...
Stupéfaits, nous assistons au retour de la guerre de haute intensité et nous nous interrogeons : et si cela nous arrivait, à nous aussi ?
Nous, qui n’avons plus connu de guerre sur notre territoire depuis 1945, à l’abri de notre dissuasion nucléaire, de nos alliances, de notre armée professionnelle. Nous, dont l’armée n’a pas gagné une guerre depuis 1918. Nous, qui avons fait le choix de supprimer le service militaire.
Serions-nous prêts à affronter une nouvelle guerre ?
Pas de politique-fiction, mais l’examen du présent et la fin de nos illusions.
. Jérôme Tournadre. Politique du proche. Sur les bords de la protestation sociale sud-africaine. Paris, CNRS Éditions, février 2023.
Trente ans après la fin de l’apartheid, la « nation arc-en-ciel » demeure régulièrement agitée par des émeutes. Celles-ci prennent pour cibles des étrangers accusés des pires turpitudes et d’accaparement des richesses, ou viennent en contrecoup du désenchantement politique vis-à-vis de l’ANC et de ses dirigeants. Les raisons objectives de cette colère qui gronde dans les townships sont assez simples : manque de logements, accès défaillant aux services fondamentaux (eau, électricité, santé), incapacité économique des plus jeunes à s’émanciper de leurs familles, chômage, criminalité… Autant de manquements aux promesses de la « vie meilleure pour tous » qui avaient accompagné la mise en place de la démocratie dans les années 1990. En accompagnant et en restituant le quotidien des habitantes et des habitants de Grahamtown engagés dans un mouvement social de pauvres, l’Unemployed People’s Movement, cette enquête s’attache à réencastrer la protestation dans la vie sociale ordinaire et à redonner une épaisseur à des notions centrales dans les débats intellectuels et politiques, mais trop souvent désincarnées : la souffrance sociale, la quête de reconnaissance, la dignité.
. Maryse Saint-Pierre Cyprien, Hugo Chávez et Petro Caribe. Le pétrole arme d’État et de coopération Sud-Sud. Paris, L’Harmattan, décembre 2023.
L’approche de la coopération Sud-Sud provoque un changement de paradigme dans les relations internationales. Elle promeut une forme alternative de coopération beaucoup plus en phase avec les besoins réels des pays partenaires. Cette approche de coopération n’est pas seulement l’expression d’une politique étrangère, elle est surtout une forme de solidarité entre États, partageant une histoire et des intérêts communs.
Ce livre explore en toute rationalité les facteurs qui font la force et la faiblesse des systèmes d’intégration économique, politique et sociale dans les Caraïbes. La force de l’argumentaire permet d’entrevoir les défis auxquels l’intégration est exposée à l’intérieur de la région. Avant 2005, le Venezuela avait peu d’influence dans la région caribéenne. L’arrivée de Chávez au pouvoir avec ce challenge de créer un bouclier contre la misère au-delà des différences idéologiques a provoqué un bouleversement doctrinal et sociétal au Venezuela, dans la région de l’Amérique latine et des Caraïbes.
. Philippe Bouquillion, Christine Ithurbide, Tristan Mattelart, Digital platforms and the Global South. Londres, Routledge, janvier 2024.
This book addresses the issues raised by digital platforms in the Global South, with an emphasis on the cultural stakes involved. It brings together an interdisciplinary team of researchers – including political economists, socio-economists, geographers, media sociologists or anthropologists – who each explore these issues through an insightful case study at a local, national, regional or international scale. While studying the strategies of some of the main US-based Big Tech platforms or video streaming platforms towards the Global South, the chapters also consider the often-neglected active role local or regional actors play in the expansion of those Western digital players, and highlight the existence of a constellation of local or regional platforms that have emerged in Africa, Asia, Latin America or the Middle East. In addition to analysing the complex relationships of competition, collaboration or dependence between these diverse actors, this volume examines the ways in which the rise of these digital platforms has generated new forms of cultural entrepreneurship and participated in the reconfiguring of the conditions in which cultural contents are produced and circulated in the Global South.
. Stéphane Lacroix, Le crépuscule des saints. Histoire et politique du salafisme en Égypte, Paris, CNRS Éditions, janvier 2023.
Qu’est-ce que le salafisme ? La mouvance musulmane la plus orthodoxe ? Une forme religieuse visant un idéal de pureté, l’équivalent égyptien du wahhabisme saoudien ? Ou au contraire une force politique réformiste majeure ? Un courant de modernisation de l’islam ? C’est bien à démêler ces contradictions apparentes que nous invite Stéphane Lacroix dans cette socio-histoire du salafisme.
Issu d’une enquête menée en Égypte à partir de 2010, avant, pendant et après le déclenchement de la révolution ayant mené à la chute de Moubarak et l’arrivée au pouvoir de l’islam politique, cet ouvrage retrace l’histoire de ce mouvement et de ses acteurs. Il nous introduit à la grammaire salafiste, à la manière dont cette norme religieuse traditionnelle a évolué en fonction des individus et des contextes politiques et sociaux égyptiens tout au long du XXe siècle, et jusqu’à très récemment. Visant moins à restituer une idéologie salafiste soi-disant immuable, Stéphane Lacroix décrit l’histoire des mouvements et figures qui se réclament de cet islam-là, montrant ainsi sa transformation jusqu’à devenir la deuxième puissance politique du pays, derrière les Frères musulmans.
Une contribution majeure à l’étude des liens entre religion et politique, et plus particulièrement entre islam et modernité politique.
. Didier Bigo, Emma Mc Cluskey, Félix Tréguer, Intelligence Oversight in Times of Transnational Impunity. Who Will Watch the Watchers ?. Londres, Routledge, novembre 2023.
This book adopts a critical lens to look at the workings of Western intelligence and intelligence oversight over time and space.
Largely confined to the sub-field of intelligence studies, scholarly engagements with intelligence oversight have typically downplayed the violence carried out by secretive agencies. These studies have often served to justify weak oversight structures and promoted only marginal adaptations of policy frameworks in the wake of intelligence scandals. The essays gathered in this volume challenge the prevailing doxa in the academic field, adopting a critical lens to look at the workings of intelligence oversight in Europe and North America. Through chapters spanning across multiple disciplines – political sociology, history, and law – the book aims to recast intelligence oversight as acting in symbiosis with the legitimisation of the state’s secret violence and the enactment of impunity, showing how intelligence actors practically navigate the legal and political constraints created by oversight frameworks and practices, for instance by developing transnational networks of interdependence. The book also explores inventive legal steps and human rights mechanisms aimed at bridging some of the most serious gaps in existing frameworks, drawing inspiration from recent policy developments in the international struggle against torture.
. Guillaume Ancel. Saint-Cyr, à l’école de la Grande Muette. Paris, Flammarion, janvier 2024.
Guillaume Ancel intègre à 19 ans la prestigieuse École spéciale militaire de Saint-Cyr qui, à Coëtquidan, forme les chefs de l’armée française. Il fait ici le récit des trois années d’apprentissage de son futur métier et du rôle crucial des officiers, en vue des opérations qu’ils auront à mener. Ce sera pour lui, entre autres, le Cambodge en 1992, le Rwanda en 1994 et Sarajevo en 1995.
Alors que la guerre en Ukraine ou entre Israël et le Hamas nous interpellent sur l’importance de la défense et le rôle de l’armée en France, ce témoignage inédit montre comment les chefs militaires français sont formés pour « vaincre », certes, mais aussi pour « se taire » – quand, nous dit l’auteur, ils devraient apprendre à débattre au sein d’une société qu’ils entendent protéger. Cette « culture du silence » est-elle encore compatible avec une démocratie moderne, interroge l’ancien saint-cyrien ? Telle est l’une des questions centrales de ce livre, que la préface de l’historien Stéphane Audoin-Rouzeau permet de recontextualiser dans une histoire plus longue.
. Laurent Bonnefoy, Myriam Catusse (dir.). Arab Youths. Leisure, Culture and Politics from Morocco to Yemen. Manchester, Manchester University Press, octobre 2023.
Young Arabs are too often reduced to the figures of the potential terrorist, the migrant or the exotic icon of the revolution. But the reality is much richer.
Coming from both sides of the Mediterranean, the researchers in this book travel off the beaten track by exploring how young Arabs spend their free time. The case studies take in a wide range of countries, including Morocco, Egypt, Syria, Iraq and Saudi Arabia, and all manner of activities, from football to rap music, café culture to sex work. Drawn with sensitivity and humour, Arab youths presents an exceptional portrait of a generation that is much talked about but rarely listened to.
This book gives a voice to young men and women who, as heirs of plural traditions, animated by new ideas and influenced by various cultural movements, are inventing the future of their societies in the midst of radical change.
. Lola Avril, Samuel B.H. Faure, Vincent Lebrou. « C’est la crise ». Contribution à une sociologie politique de l’action publique européenne, Bruxelles, Peter Lang, décembre 2023.
Cet ouvrage, qui rassemble onze contributions, analyse la « polycrise » qui traverse l’Union européenne au XXIe siècle. Fruit du travail réalisé au sein du Groupe de recherche sur l’Union européenne (GrUE), il déploie une approche de sociologie politique reposant sur des enquêtes de terrain de Bruxelles à Paris en passant par Berlin et Londres.
Au fil des chapitres, les contributions analysent différentes crises (Grande Récession, attaques terroristes, Brexit, Covid-19) afin d’initier une réflexion transversale sur l’élaboration, la mise en œuvre et la légitimation de l’action publique européenne et ses transformations.
Plutôt que d’interroger ce que les crises font à l’Europe, cet ouvrage questionne ce que les acteurs font et défont « au nom de la crise ». Par ce déplacement du regard, la crise n’est plus perçue comme une succession de chocs exogènes qui produiraient « plus ou moins d’Europe » mais comme un registre d’action, une ressource politique et un objet de mobilisation démocratique.
. Romain Huët, La guerre en tête. Sur le front, de la Syrie à l’Ukraine. Paris, PUF, janvier 2024.
Comment un homme accepte-t-il de tuer ou de mourir pour des raisons politiques, « simplement » pour ses idées ? Au milieu de sinistres explosions, de destructions, dans un contexte d’effondrement du monde, ce livre décrit la guerre à hauteur d’individus ordinaires. On y découvre qu’elle ne fait pas que traumatiser les hommes : elle les enchante, captive leurs sens et leurs espoirs, mais, au fil du temps, les enferme dans un monde clos rempli de désespoir et de haine.
Témoin embarqué sur deux théâtres d’opération contemporains, en Syrie au sein de l’armée syrienne libre puis du Front Islamique (2012-2018) et en Ukraine à Kharkiv et dans le Donbass (2022-2023), l’auteur décrit la quotidienneté de ces combattants volontaires avec qui il partage la vie quotidienne sur le front et dans leurs quartiers généraux. Il tente de comprendre comment un individu ordinaire, c’est-à-dire non préparé à la guerre, décide de prendre les armes et accepte de tuer et ou de mourir que ce soit au nom d’espérances révolutionnaires ou pour défendre un territoire. L’auteur nous plonge dans ces brigades. Il décrit de nombreuses scènes de la vie ordinaire pour évoquer ce qu’est « vivre » au milieu du chaos de la guerre. Loin des descriptions caricaturales de la guerre, ce livre évoque l’ambiguïté de la guerre : un monde où se côtoient humanité et haine, espoirs et enfermements, rêves d’avenir et obsession mortifère. S’il est une chose que la guerre ravage, ce sont les subjectivités.
En creux, ce livre réfléchit pourquoi la guerre attire tant, encore aujourd’hui. L’auteur propose une réflexion inédite sur la façon dont la guerre transforme ceux qui la vivent et sur ce que cet enfermement dans la violence dit des troubles de notre époque.
. Camille Escudé. Géopolitique de l’Arctique. Mondialisation d’une région périphérique. Paris, PUF, janvier 2024.
Depuis une quarantaine d’années, l’Arctique a connu de grands bouleversements, à l’origine d’un certain nombre de fantasmes. Ces derniers sont géostratégiques tout d’abord, avec la remilitarisation des territoires arctiques ; économiques ensuite, du fait de la fonte accélérée des glaces qui entraîne de possibles opportunités économiques et commerciales. Enfin, ces fantasmes sont entretenus par des représentations populaires, littéraires, iconographiques mais aussi médiatiques de l’Arctique qu’ils contribuent à leur tour à renforcer.
Malgré sa dimension stratégique incontestable et son fort potentiel économique, l’Arctique est resté pendant longtemps une zone de relatives basses tensions. Pourtant, l’intrusion progressive de nouveaux acteurs extérieurs à la région dans les sphères économiques et politiques et le gel des instances de coopération arctique au printemps 2022 à la suite de la guerre entre la Russie et l’Ukraine ont freiné la dynamique de coopération arctique à l’oeuvre depuis la fin de la Guerre froide. Il semble désormais que les tremblements de la géopolitique mondiale, de l’Ukraine à Taïwan, débordent en Arctique et remettent en cause l’équilibre de la région.
. Adérito Vicente, Polina Sinovets, Julien Theron. Russia’s war on Ukraine. The implications for the global nuclear order., Cham, Springer, septembre 2023.
This book explores how Russia’s War on Ukraine has changed the global nuclear order. The Russian aggression against Ukraine questioned the values of the liberal regimes and systems upon which the global nuclear order is built. At the heart of this nuclear order lies the 1968 Treaty on the Non-Proliferation of Nuclear Weapons (NPT), which remains until today the cornerstone of the global nuclear disarmament and nonproliferation regime.
In this context, the book examines new challenges and threats to the global nuclear order. It discusses the deterioration of nuclear norms, as well as the increasing number of the states further challenging the NPT regime by attempts to develop nuclear weapons. The book further sheds light on a growing number of states trying to resolve their territorial claims using the nuclear coercion and the umbrella function of their nuclear arsenals. The authors present the loopholes in the existing arms control system and the arms trade, which became obvious in the course of the war, and analyze the further split between the supporters of the NPT and the Treaty on the Prohibition of Nuclear Weapons (TPNW). Srutinizing the deepening polarization of the supporters and the opponents of nuclear weapons, the book includes a new debate about the competing narratives on nuclear deterrence and disarmament. Finally, the volume discusses the development and the increase of new missiles and disruptive technologies such as hypersonic missiles, drones, and artificial intelligence.
This book will appeal to students and scholars of international relations and political science in general, and security studies, military and defense studies, peace and conflict studies, and foreign policy in particular, as well as policy-makers interested in a better understanding of nuclear deterrence, the global nuclear order, and the impact of Russia’s war on Ukraine.
. Christian Grataloup, Géohistoire. Une autre histoire des humains sur la Terre. Paris, Éditions Les Arènes, octobre 2023.
Et si la meilleure façon de raconter l’histoire du monde, c’était de commencer par sa géographie ?
En mobilisant la géologie, l’anthropologie, la climatologie, la démographie, la génétique ou encore l’économie, Christian Grataloup dessine dans ce livre lumineux et pionnier une autre histoire des sociétés humaines.
En confrontant toutes ces disciplines à nos connaissances historiques, il raconte pourquoi et comment les civilisations sont apparues sur la Terre, se sont développées ou ont parfois disparu. Une histoire qui est aussi humaine qu’environnementale. Une histoire globale. Une géohistoire.
. Erin Pobjie, Prohibited force : the meaning of use of force in international law. Cambridge, Cambridge University Press, février 2024.
Prohibited ’use of force’ under article 2(4) of the UN Charter and customary international law has until now not been clearly defined, despite its central importance in the international legal order and for international peace and security. This book accordingly offers an original framework to identify prohibited uses of force in areas that are usually less studied, such as those that use emerging technology or take place in newer military domains like outer space. In doing so, Erin Pobjie explains the emergence of the customary prohibition and its relationship with article 2(4) and identifies the elements of a prohibited ’use of force’. In a major contribution to the scholarship, the book proposes a framework that defines a ’use of force’ in international law and applies this framework to illustrative case studies to demonstrate its usefulness as a tool for students, legal scholars, and practitioners.
. Seth Holmes, Fruits frais, corps brisés. Travailleurs agricoles migrants aux Etats-Unis, Paris, CNRS Éditions, janvier 2024.
Suivre les travailleurs qui s’expatrient loin de leur famille, traverser illégalement la très dangereuse frontière américano-mexicaine avec eux, circuler entre plusieurs régions pour récolter des fruits dans des conditions extrêmes : afin de rendre compte de l’expérience des ouvriers agricoles mexicains, Seth M. Holmes s’est attaché à partager et éprouver leur quotidien. Cela lui permet de restituer, dans une enquête portée par un souffle narratif rare, leurs joies et leurs souffrances, les épreuves physiques d’un travail itinérant autant que le sort qui leur est réservé dans des fermes où ils occupent la position la plus basse.
Mais l’analyse offre bien davantage. Elle met à nu les structures économiques et sociales de l’exploitation des corps des migrants, sa violence symbolique et politique, ainsi que le poids des hiérarchies raciales dans ce qui n’est autre chose qu’une forme de ségrégation donc s’accommodent les économies modernes.
. Timothy Snyder. La route pour la servitude. Russie-Europe-Amérique. Paris, Gallimard, octobre 2023.
Avec la fin de la guerre froide, la victoire de la démocratie libérale semblait définitive. Les observateurs se précipitèrent pour proclamer la fin de l’histoire, confiants dans un avenir pacifique et mondialisé. Cette foi était malvenue car l’autoritarisme était déjà de retour en Russie, à travers les idées fascistes que Vladimir Poutine s’employait à utiliser pour justifier le règne du plus fort.
Au cours des années 2010, le phénomène s’est propagé d’est en ouest, de la guerre russe en Ukraine à la cyberguerre contre l’Europe et les États-Unis. La Russie s’est partout fait des alliés parmi les nationalistes et les radicaux, et sa volonté de dissoudre les institutions, les États et les valeurs occidentales a trouvé un écho au sein même de l’Occident. La montée du populisme, le Brexit et l’élection de Donald Trump étaient tous des objectifs russes, et leur réalisation a révélé la vulnérabilité des sociétés occidentales.
Timothy Snyder réussit ici non seulement à exposer la véritable nature de la menace faite à la démocratie et au droit, mais également à en faire comprendre l’enjeu, pour nous enjoindre de voir, et peut-être de renouveler, les vertus politiques fondamentales offertes par la tradition et exigées par l’avenir. En révélant les choix difficiles qui s’offrent à nous – entre égalité et oligarchie, individualité et totalité, vérité et mensonge –, l’auteur restaure notre compréhension de la base de notre mode de vie, offrant en éclaireur une voie à suivre en cette période de terrible incertitude.
. Alice Ekman. Chine-Russie. Le grand rapprochement. Paris, Gallimard, novembre 2023.
Le rapprochement sino-russe a résisté au test de la guerre en Ukraine et continue à se consolider après l’attaque du Hamas contre Israël. Chine et Russie sont désormais en mesure de repousser conjointement la présence et l’influence des États occidentaux dans certaines parties du monde, de freiner ou bloquer plusieurs de leurs initiatives diplomatiques. La convergence des propagandes encourage l’émergence dans certains pays du « Sud » de positions anti-occidentales de plus en plus complotistes et violentes.
Leur détestation commune des États-Unis et de leurs alliés, leur volonté de les affaiblir et de les marginaliser – seule façon, estiment les deux partenaires, de pouvoir garantir leur propre stabilité politique – les rapprochent naturellement et les soudent aujourd’hui plus que jamais. Car aux yeux de Vladimir Poutine et Xi Jinping, c’est l’avènement d’un monde post-occidental qui se joue en ce moment, et ils espèrent y parvenir ensemble.
. Carlo Santulli et Pascale Martin-Bidou. Le droit international pour un monde nouveau. Paris, Éditions Pedone, octobre 2023.
Façonné par l’opposition entre les deux Blocs à l’issue du second conflit, « l’ordre mondial » a été profondément transformé par la « dislocation » de l’Union soviétique, voici un peu plus de trente ans. L’âge de la maturité, ou du déclin, du monde unipolaire hégémonique qui a suivi, coïncidait avec le centenaire de l’Institut des Hautes Études Internationales (I.H.E .I.) de Paris, établi sur les cendres de la première guerre. C’était l’occasion de repenser le droit international, et d’imaginer son avenir, dans l’incertitude face aux équilibres géopolitiques nouveaux qui se mettent en place.
Les sources du droit international, ses acteurs, ses techniques contentieuses et ses nouveaux défis sont passés en revue par un panel d’observateurs internationaux de haut niveau, universitaires et praticiens, pour placer le regard aussi haut et aussi loin que possible, afin de mieux comprendre le présent et l’avenir qui se construit. C’est l’indispensable fonction du droit international qui en ressort, et la permanence, la résistance, de ses techniques propres.
. Frédéric Lemaître, Cinq ans dans la Chine de Xi Jinping. Paris, Éditions Tallandier, janvier 2024.
Pendant cinq années, Frédéric Lemaître a assisté aux transformations profondes de l’Empire du Milieu. Ce livre est une invitation à décaler notre regard et à plonger au cœur des multiples facettes de ce pays-continent.
En Chine, tout est politique. Plus autoritaire, on sous-estime à quel point la « nouvelle ère » de Xi Jinping est différente des décennies précédentes. Certes, la croissance ralentit, le chômage augmente et l’hypothèse d’une guerre autour de Taïwan inquiète. Pourtant, la majorité des Chinois a le sentiment d’habiter un pays moderne où il fait bon vivre. Le modèle occidental ne les fait d’ailleurs plus rêver. Dans ce voyage à travers le pays, le journaliste croise aussi bien des artistes qui naviguent à l’intérieur du système que des membres du Parti qui n’en peuvent plus ; des bourgeois qui rêvent d’envoyer leur enfant à l’étranger et leurs enfants qui n’ont aucune envie de partir ou des jeunes, fatigués de la pression, qui décident de « rester allongés ». Avec un œil aiguisé, Frédéric Lemaître nous éclaire au fil des événements et de ses rencontres sur cette société chinoise, paradoxale et résolument moderne.
. Giovanni Zanoletti, Le djihad de la vache. Pastoralisme et formation de l’Etat au Mali, Paris, Karthala, novembre 2023.
Fort de son travail de terrain au Mali, notamment auprès des réseaux vétérinaires, l’auteur jette une lumière très originale sur le conflit armé qui déchire le pays et, au-delà, le Sahel. Ce dernier participe d’une crise agraire que mettent en forme les logiques intrinsèques de la religion, mais aussi les alliances historiques entre lignages, notamment à travers l’institution sociale de « confiage » des troupeaux aux bergers.
Les lignes historiques du pouvoir, de l’inégalité et de la mémoire s’entremêlent avec les enjeux contemporains de la propriété et de l’usage de la terre, de l’agriculture et de l’élevage industriels, de la compétition électorale, de l’environnement régional et international. Le djihadisme est le nom immédiat de cette complexité que ne parviennent ni à comprendre ni à endiguer les catégories communes du débat public et des interventions militaires étrangères. Ce faisant, l’ouvrage éclaire d’un jour neuf la société politique malienne, en particulier la question touarègue que la revendication sécessionniste de l’Azawad est loin d’épuiser. En définitive, il montre que la vache, dans son économie politique, morale, esthétique, urbaine autant que rurale, est la traduction abrégée de son historicité irréductible aux seules problématiques de l’islam ou de l’ethnicité. La violence religieuse au Sahel est d’ordre social et politique.
. Héloïse Dross. Les talibans face à l’opium , Paris, L’Harmattan, décembre 2023.
En 1996, lorsque les talibans fondent pour la première fois un Émirat islamique en Afghanistan, leur entreprise moralisatrice se heurte à une difficulté : la narcoéconomie florissante du pays, premier producteur d’opium au monde. Depuis les madrassas déobandies, les jeunes « étudiants en religion » - ou talibans –l’ont appris : toute drogue doit être proscrite. L’histoire aurait pu s’arrêter là ; mais les nouveaux maîtres de Kaboul n’interdisent pas immédiatement l’opium et ses dérivés, et prendront quelques années avant de véritablement s’y attaquer. Peu à peu, une appréhension de l’opium qui n’est pas que religieuse se fait jour. Après leur chute en 2001, la narcoéconomie devient un moyen pour financer leur guerre d’insurrection et gagner une assise rurale. Lorsqu’ils se retrouvent pour la seconde fois à la tête de l’Afghanistan, en août 2021, les talibans ont conservé le même projet de purification de la société. Mais la narcoéconomie a infiltré toute la société afghane, et eux-mêmes n’y sont plus étrangers. Loin de se limiter à un pan économique, l’instrumentalisation que le groupe islamiste fait de l’opium est aussi diplomatique, politique et géostratégique.
. Thomas Juneau, Justin Massie, Marco Munier, Intelligence Cooperation under Multipolarity : Non-American Perspectives, Toronto, University of Toronto Press, décembre 2023.
While counterterrorism has been the primary focus of the defence and security policies of major Western countries in the last two decades, recent years have seen the re-emergence of states as the major threat. Intelligence Cooperation under Multipolarity offers a timely analysis of the challenges and opportunities for intelligence cooperation, characterized by the re-emergence of great power competition, particularly between the United States, China, and Russia.
This collection explores foreign policy and national security tools and partnerships that have emerged as the United States, typically an international leader, experiences internal and external shocks that have rendered its role on the international stage more uncertain. The book focuses on non-American perspectives in order to understand how America’s allies and partners have adjusted to global power transitions. Drawing on contributions from leading intelligence and strategic studies scholars and professionals, Intelligence Cooperation under Multipolarity aims to broaden and deepen our understanding of the consequences of the power transition on national security policies.
. William D. James. British Grand Strategy in the Age of American Hegemony. Oxford, Oxford University Press, janvier 2024.
Is the United Kingdom capable of grand strategy ? Common wisdom suggests otherwise. Some think it implausible amid the maelstrom of domestic politics, while others believe the UK lacks the necessary autonomy, as a cog in the US-led order.
British Grand Strategy in the Age of American Hegemony challenges these claims. William D. James contends that grand strategy is an unavoidable part of governing. Grand strategy is the highest level of national security decision-making, encompassing judgements over a state’s overarching objectives and interests, as well as its security environment and resource base. Getting these decisions ’right’ is vital in moments of geopolitical flux.
Employing several historical case studies between 1940-2003 and marshalling a host of primary sources, James argues that British politicians and officials have thought in grand strategic terms under American hegemony - even if they do not realise or admit to this. He also demonstrates that the role of allies in shaping British grand strategy has been overstated. Finally, James highlights the conditions under which domestic political actors can influence grand strategic decision-making. Written for practitioners as well as scholars, the book concludes with several policy recommendations at this inflection point in British history.
. Benoît Pelopidas. Nuclear France. New Questions, New Sources, New Findings. Londres, Routledge, décembre 2023.
This book offers the first non-official history of French nuclear policies which goes beyond the divide between nuclear weapons and nuclear energy policies. It addresses the sizing of France’s nuclear forces, technological assistance to countries with nuclear weapons programs, uranium prospection, nuclear testing, its health effects and protests against it, as well as plans to prevent and manage accidents in nuclear power plants. It is based on new questions and new sources from France and abroad.
The chapters in this volume show how independent and interdisciplinary scholarship free from conflicts of interests can uniquely advance our understanding of nuclear history and politics. This is the case because it does not treat the categories and judgments of official discourse as neutral starting points of the analysis. This volume is based on untapped primary sources from France, the UK, the US, India, South Africa and Iran, on a new assessment of the health consequences of French nuclear testing in Polynesia thanks to a modern atmospheric particle transport code coupled with historical weather data, open-source information about radioactive debris (“mushroom”) clouds, as well as data on the composition and particle sizes of the fallout ; and on new survey data about French knowledge of and attitudes towards nuclear weapons and nuclear energy. They show notably that the first generation of French nuclear forces lacked technical credibility despite reliance on outside help. Several French officials knew this, as did France’s allies and adversaries. Moreover, French strategic collaborations associated to nuclear programs extended to India and South Africa ; nuclear safety regulations changed fundamentally after the Cold War, and approximately 110,000 people, i.e. 90% of the French Polynesian population in the 1970s, could have received doses that would qualify them for compensation according to French law.
. Eline van Ommen, Nicaragua Must Survive. Sandinista Revolutionary Diplomacy in the Global Cold War. Berkeley, University of California Press, décembre 2023.
Nicaragua Must Survive tells the story of the Sandinistas’ innovative diplomatic campaign, which captured the imaginations of people around the globe and transformed Nicaraguan history at the tail end of the Cold War. The Sandinistas’ diplomacy went far beyond elite politics, as thousands of musicians, politicians, teachers, activists, priests, feminists, and journalists flocked to the country to experience the revolution firsthand. Drawing on extensive archival research and interviews, Eline van Ommen reveals the role that Western Europe played in Nicaragua’s revolutionary diplomacy. Blending grassroots organizing and formal foreign policy, pragmatic guerrillas, creative diplomats, and ambitious activists from Europe and the Americas were able to create an international environment in which the Sandinista Revolution could survive despite the odds. Nicaragua Must Survive argues that this diplomacy was remarkably effective, propelling Nicaragua into the global limelight and allowing the revolutionaries to successfully challenge the United States’ role in Central America.
. Frédéric Merand, Jennifer Welsh, Le monde d’après. Les conséquences de la COVID-19 sur les relations internationales. Montréal, PUM, octobre 2023.
La COVID-19 a provoqué la crise mondiale la plus importante du 21e siècle naissant. Pour certains, les répercussions ont été rapides et dramatiques, la pandémie poussant des dizaines de millions de personnes dans la pauvreté et générant une insécurité alimentaire extrême. Pour d’autres, les transformations bouillonnent encore sous la surface et des questions demeurent quant à savoir si les changements de société qu’elle a induits perdureront.
Dans ce livre, une cinquantaine de professeurs des quatre universités montréalaises, parmi les meilleurs experts de leur domaine, braquent le projecteur sur l’état post-COVID des relations internationales, dont Jennifer Welsh. Ils proposent des idées progressistes, pragmatiques et fondées sur les sciences sociales qui pourraient améliorer la coopération internationale, la sécurité et la prospérité durable après la fin de la pandémie.
. Mikhail Zygar. War and Punishment : The Story of Russian Oppression and Ukrainian Resistance. Orion, Orion Publishing Co, juillet 2023.
’History is made up of myths,’ writes the renowned Russian dissident journalist Mikhail Zygar. ’Alas, our myths led us to the fascism of 2022. It is time to expose them.’ Drawing from his perilous career investigating the frontiers of the Russian empire, Zygar reveals how 350 years of propaganda, bad historical scholarship, folk tales and fantasy spurred his nation into war with Ukraine.
How did a German monk’s fear of the Ottoman Empire drive him to invent the fiction of a united Russian world ? How did corny spy novels about a ’Soviet James Bond’ inspire Vladimir Putin to join the KGB ? How did Alexander Pushkin’s admiration for a poem by Lord Byron end with him slandering the legendary chief of the Cossacks ? And how did Putin underestimate a rising TV comic named Volodymyr Zelensky, failing to see that his satire had become deadly serious, and that his country would be a joke no longer ?
A noted expert on the Kremlin with unparalleled access to hundreds of players in the current conflict - from politicians to oligarchs, gangsters to comedians (not least Zelensky himself) - Zygar chronicles the power struggles from which today’s politics grew, and digs out the essential truths from behind layers of seductive legend. By surveying the strange, complex record of Russo-Ukrainian relations, War and Punishment reveals exactly how the largest nation on Earth lost its senses. A work of history can’t undo the past or transform the present, but sometimes it can shape the future. In fact, that’s how the story begins.
. Rogier Creemers, Straton Papagianneas, Adam Knight, The Emergence of China’s Smart State, Lanham, Rowman & Littlefield Publishers, octobre 2023.
China’s emergence as a technology leader has become a major factor in geopolitics, transforming global political and economic relationships. In its bid to achieve digital great power status, China’s government has reformed laws and policies, drastically increased investment, and become more assertive internationally. Chinese companies have expanded at home and abroad, but relationships between government and the private sector have sometimes been fractious.
The Emergence of China’s Smart State assesses the extent to which the Chinese government has been able to achieve its ambitious digital goals, and more broadly, how this reflects rapidly changing domestic and international political and economic dynamics surrounding China’s rise as a major technology player. This is the first book of its kind, interrogating the complex, dynamic interactions between political, market, and technological factors that structure China’s digital development. It will provide information and intellectual frameworks for scholars, policymakers, and professionals to appreciate the complexity of China’s digital policy landscape, the process of learning and iteration the Party continues to experience as external events impact the policy process, and the impact China’s innovation policies, regulations, and achievements have had, or may have, in the future.
. Frédéric Lasserre, Éric Mottet, Barthélémy Courmont. Le soft power en Asie. Nouvelles formes de pouvoir et d’influence ?, Canada, Québec, Presses de l’Université du Québec, novembre 2023.
Le soft power se définit par la capacité d’un État à influencer et à orienter les relations internationales en sa faveur par un ensemble de moyens autres que coercitifs. Depuis la fin de la guerre froide, le concept de soft power a beaucoup été utilisé pour caractériser la puissance de la Chine. Dans ce contexte de communication proactive de la Chine, les autres États asiatiques ne sont pas en reste. Mais comment mobilisent-ils l’outil du soft power ?
Le soft power en Asie : nouvelles formes de pouvoir et d’influence ? explore, à travers les contributions de plusieurs auteurs et autrices, l’identité politique de la Chine et ses stratégies ; la façon dont le Japon tente de faire valoir son respect de la différence et sa politique de soft power ; le profit que tire Taïwan de son efficacité mariée à une démocratie robuste ; l’effort de l’Inde de se poser en alternative aux nouvelles routes de la soie et à l’influence grandissante de la Chine, etc.
. Marco Siddi. European Energy Politics. The Green Transition and EU–Russia Energy Relations. Cheltenham, Edward Elgar Publishing, novembre 2023.
In this timely book, Marco Siddi expertly navigates topics of European energy politics drawing on pressing issues from times of unprecedented crisis. From the war in Ukraine to worsening climate change, he illustrates the intense pressure the EU is under to accelerate its green transition, and explores the potential obstacles that may arise on the road to energy security.
Siddi provides a wealth of critical analysis on the rise and decline of EU-Russia energy relations ; the nature of the EU’s actorness in both domestic and external energy policy ; and the opportunities and challenges of the energy transition for the European continent. The geopolitical consequences of the energy transition are adeptly examined, and the book highlights the critical need for the EU to adopt well-calibrated policies and develop multidimensional international partnerships to obtain access to key supply chains and promote a just global energy transition.
With a comprehensive and thorough analysis of contemporary EU energy policy, this book will prove essential to academics and students interested in international relations, energy policy, regulation and governance, European politics and public policy. It will also be a vital resource to practitioners and diplomats working on energy and climate issues in national ministries, European union institutions, and diverse international organisations.
. Maria Montt Strabucchi, Representations of China in Latin American Literature (1987-2016), Liverpool, Liverpool University Press, décembre 2023.
Representations of China in Latin American Literature (1987-2016) analyses contemporary Latin American novels in which China is the main theme. Using ‘China’ as a multidimensional term, it explores how the novels both highlight and undermine assumptions about China that have shaped Latin America’s understanding of ‘China’ and shows ‘China’ to be a kind of literary/imaginary ‘third’ term which reframes Latin American discourses of alterity. On one level, it argues that these texts play with the way that ‘China’ stands in as a wandering signifier and as a metonym for Asia, a gesture that essentialises it as an unchanging other. On another level, it argues that the novels’ employment of ‘China’ resists essentialist constructions of identity. ‘China’ is thus shown to be serving as a concept which allows for criticism of the construction of fetishized otherness and of the exclusion inherent in essentialist discourses of identity.
The book presents and analyses the depiction of an imaginary of China which is arguably performative, but which discloses the tropes and themes which may be both established and subverted, in the novels. Chapter One examines the way in which ‘China’ is represented and constructed in Latin American novels where this country is a setting for their stories. The novels studied in Chapter Two are linked to the presence of Chinese communities in Latin America. The final chapter examines novels whose main theme is travel to contemporary China. Ultimately, in the novels studied in this book ‘China’ serves as a concept through which essentialist notions of identity are critiqued.
. Clément Launay. En votre nom. Paris, Éditions de l’Ecole de guerre, avril 2023.
Au-delà du témoignage, l’auteur invite à une réflexion inattendue sur la notion de fait guerrier. Son expérience du combat le pousse à invoquer une certaine prudence quant aux conséquences liberticides de l’appropriation du champ lexical de la guerre par la société civile.
. Davide Vittori, Southern European Challenger Parties against the Mainstream. Podemos, SYRIZA, and MoVimento 5 Stelle in Comparative Perspective. Londres, Routledge, juillet 2023.
This book focuses on the rise of new challenger parties and the magnitude of their impact on political systems and the existing political order in Southern Europe in the aftermath of the Great Recession.
Examining Podemos (Spain), SYRIZA (Greece), and M5S (Italy), it highlights the differences and commonalities between them and their voters.
The book reveals whether these parties were effectively able to change the status quo represented by mainstream parties and, secondly, whether they created novel organizational structures capable of “bring the people in”, that is, of re-mobilizing disenfranchised voters and of re-inventing the concept of participation within the political party.
. Shlomo Sand, Deux peuples pour un État ? Relire l’histoire du sionisme. Paris, Seuil, janvier 2024.
La création d’un État binational où Israéliens et Palestiniens seraient citoyens du même État a jadis été l’aspiration de nombreux intellectuels juifs critiques, de gauche comme de droite. Les prises de position en faveur du binationalisme, d’Ahad Haam dès la fin du XIXème siècle à Léon Magnes en passant par Hannah Arendt et beaucoup d’autres, pour qui le désir de créer un État juif exclusif sur une terre peuplée en majorité par des Arabes entraînerait un conflit violent et insoluble, se sont révélées tout à fait exactes.
. Sarah Barrières, Abir Kréfa et Saba Le Renard (dir.), Le genre en révolution. Maghreb et Moyen-Orient. 2010-2020, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, novembre 2023.
Au-delà de la contestation des régimes politiques, les révolutions du Maghreb et du Moyen-Orient se sont traduites depuis 2010 par un foisonnement de luttes : ouvrières et syndicales, féministes, antiracistes, pour les droits des minorités sexuelles et de genre... Elles ont favorisé la remise en question de multiples hiérarchies sociales. Rompant avec l’image dominante d’un acteur protestataire homme affrontant les autorités sur les places publiques, cet ouvrage démontre que le genre est une catégorie nécessaire pour expliquer le déclenchement, les dynamiques et les issues de ces conjonctures. Les cas des révolutions tunisienne, égyptienne, yéménite, syrienne, bahreïnie et soudanaise, ainsi que du hirak algérien et du soulèvement libanais, révèlent les recompositions des rapports entre les hommes et les femmes, ainsi que des masculinités et des féminités dans différents milieux sociaux. En dépit de la violence des restaurations autoritaires et des guerres, l’analyse au prisme du genre permet ainsi d’envisager les révolutions comme des processus aux effets durables.
. Adam Baczko, The Taliban Courts in Afghanistan. Waging War by Law. Oxford, Oxford University Press, novembre 2023.
How did the Taliban gain the trust of the Afghan population through decades of conflict ? How did they put themselves in a position to regulate social relations ? And with what consequences for Afghan society ? The Taliban Courts in Afghanistan : Waging War by Law explores how the Taliban used the law as a resource in its conflict with militarily and technologically superior Western armies. While the international coalition set up an inadequate and corrupt legal system, the Taliban set up hundreds of courts in the countryside. By insisting on due process, impartiality of judges, and the enforcement of verdicts, this system of justice established itself as one of the few sources of predictability in the daily lives of Afghans.
The armed movement used law to substantiate their claim to embody the state, disseminate their vision of society, and establish local legitimacy. Their courts attempted to balance the political agenda of the movement, the demands of Islamic law, the needs of the population, and the expectations of international legal actors whose implicit recognition they desired. In contemporary civil wars, where dispensing justice is at once a juridical activity, a political weapon, and a stake in the war, this book thus accounts for why the West lost the war and how the Taliban took over the country.
Based on the author’s extensive fieldwork in various provinces in Afghanistan and unique access to Taliban judges and court users, this socio-legal investigation offers new perspectives on a country that was at war for over four decades. Baczko proposes an innovative reflection on the place of law and courts in civil wars as well as a stark reminder of the dangers of foreign intervention. Timely and thought-provoking, this book appeals to a multi-disciplinary audience including legal scholars, political scientists, sociologists, diplomats, policy-makers, and anyone interested in the Afghan conflict.
. Alvaro Oleart. Democracy Without Politics in EU Citizen Participation. From European Demoi to Decolonial Multitude. Cham, Palgrave Macmillan, octobre 2023.
How does the dominant understanding(s) of the demo(i)cratic subject in the EU, and of democracy more broadly, shape the EU’s democratic innovations on ‘citizen participation’ ? What are the politically and normatively preferable alternatives, both in terms of the conceptualisation of the democratic subject in the EU and in the ensuing political practices ? The book addresses these questions combining a political theory with a political sociology perspective, contrasting the ‘democracy without politics’ approach of the EU in the context of the Conference on the Future of Europe with that of ongoing transnational activist processes. In doing so, it develops an agonistic alternative to ‘the people(s)’ as the political imaginary of democracy in the EU, which is based on the idea of the ‘decolonial multitude’. Thus, the book puts forward a diagnosis of current debates on EU democratic legitimacy as well as proposing an alternative.
. Bernard Richard. La Marseillaise dans le monde. De 1792 à nos jours. Paris, CNRS Éditions, novembre 2023.
Composée en 1792, La Marseillaise est devenue l’hymne national en 1879, après diverses périodes d’interdiction au gré des régimes politiques qui se sont succédé de la Révolution à la IIIe République. C’est une histoire de ce chant en France et surtout hors de France que nous propose Bernard Richard. Car, parallèlement, cet hymne de guerre et de liberté s’est répandu en Europe et au-delà. Le souvenir, souvent idéalisé, de ce qu’on a longtemps présenté comme la « Grande Révolution » a favorisé cette ample diffusion de La Marseillaise, non sans être aussi source de tensions, provoquant en retour la création de contre-Marseillaises. La chanter a pu être considéré comme un acte séditieux ou une trahison. D’autant que cet hymne a souvent été admiré et réputé pour son entrain et sa capacité à galvaniser les populations. L’insurrection belge de 1830 fut lancée au son de La Marseillaise. Les Polonais la chantèrent lors de nombre de leurs révoltes contre les partages successifs du pays. Il existe une douzaine d’adaptations en russe de ce chant. La Marseillaise fut aussi entonnée place Tiananmen à Pékin en 1989 par les étudiants chinois opposants au régime. En Espagne, elle a été le chant de l’opposition républicaine, démocratique et révolutionnaire, et elle dispose en Amérique latine d’une place de choix. Cet hymne a bien une portée internationale, en étant reconnu par beaucoup comme un chant à l’usage de tout peuple souhaitant se libérer d’un régime autoritaire et résister à l’oppression et à l’injustice sociale. Bernard Richard nous convie à un tour du monde de La Marseillaise, dont l’histoire restait à écrire.
. Christophe Réveillard, Matthieu Grandpierron, La frontière. Espace et limite. Paris, L’Harmattan, novembre 2023.
Quelles que soient les réalités qu’elles recouvrent, les frontières occupent une place centrale dans les dispositifs géographiques et excitent l’analyse géopolitique en raison de leur importance stratégique. Cette discontinuité, qui nous est familière notamment par l’usage des cartes, est une des principales caractéristiques de la géographie politique mondiale.
Bénéficiant du renouvellement récent de la recherche sur la géographie des frontières, cet ouvrage aborde notamment l’étude de son lent processus de linéarisation et la thématique du contrôle du territoire, l’analyse du rapport de force qu’elle exprime comme espace de conquête ainsi que la marge pionnière qu’elle peut représenter pour certains acteurs politiques.
. Hubert Peres. La politique en Espagne. Paris, Éditions La Découverte, novembre 2023.
L’Espagne a longtemps fait figure d’exception malheureuse en Europe de l’Ouest. Les fractures d’une construction stato-nationale adossée à la suprématie de l’Église catholique ont débouché, en plein XXe siècle, sur une dictature anachronique dans le contexte européen. C’est pourquoi la métamorphose démocratique de l’Espagne après la mort de Franco a beaucoup étonné en son temps. Sa rapidité masque cependant un horizon temporel bien plus étendu.
La courte transition démocratique concrétise des changements déjà à l’œuvre sous le franquisme tout en mettant en place des règles du jeu politique solides mais aujourd’hui contestées. L’ingénieux compromis territorial du système des autonomies, qui a engendré un processus de fédéralisation de l’État espagnol, attise la frustration des nationalismes exclusifs. Et la stabilité gouvernementale, longuement facilitée par un quasi-bipartisme, est précarisée par le fractionnement de la scène partisane. Il en résulte un mélange d’enjeux inédits et de clivages anciens polarisant à nouveau son espace idéologique.
. Joseph Silk, Retour sur la Lune. Le prochain grand pas de l’Humanité. Paris, CNRS Éditions, octobre 2023.
Plus d’un demi-siècle après les premiers pas de Neil Armstrong, et alors que depuis 1972, aucun être humain n’y a posé le pied, une nouvelle course vers la Lune a débuté, à laquelle participent de nombreux acteurs.
Aiguillonnés par l’ambitieux programme spatial chinois, les projets de retour se multiplient : la Nasa envisage de construire une station habitée en orbite pour coordonner le développement et l’exploration de la Lune, l’agence spatiale européenne prépare un village lunaire, et l’Inde rejoint le cercle très fermé des nations parvenues à y déposer une sonde…
Si de puissants intérêts géopolitiques et commerciaux, notamment en ce qui concerne l’extraction minière, sont à l’origine de cette nouvelle compétition, les infrastructures lunaires ouvriront également des perspectives scientifiques époustouflantes. Parce qu’elle est dénuée d’atmosphère, et que sa face cachée est préservée des ondes radio terrestres, la Lune est un lieu idéal pour implanter des télescopes, qui nous renseigneront sur les premières années de l’Univers, sur les événements les plus énergétiques qui s’y produisent, et, pourquoi pas, sur une éventuelle vie ailleurs…
L’ouvrage révèle les défis redoutables et les promesses immenses de cette exploration lunaire, qui devra être soigneusement réglementée pour ne pas devenir un nouveau Far West.
. Michael Reid. Spain : The Trials and Triumphs of a Modern European Country, Yale, Yale University Press, mars 2023.
Spain’s transition to democracy after Franco’s long dictatorship was widely hailed as a success, ushering in three decades of unprecedented progress and prosperity. Yet over the past decade its political consensus has been under severe strain. A stable two-party system has splintered, with disruptive new parties on the far left and far right. No government has had a majority since 2015.
Michael Reid overturns the stereotypical view of Spain as a country haunted by its Francoist past. From Catalan separatism and the indignados movement to the Spanish economy’s overdependence on tourism and small business, Spain’s challenges can often seem unique. But Reid is careful to emphasize the many pressures it faces in common with its European neighbors―such as austerity, populism, and increasing polarization. The result is a penetrating yet rounded portrait of a vibrant country―one that is more often visited than understood.
. Pascal Delwit, Caroline Close, Introduction à la science politique (4ème édition), Bruxelles, Editions de l’Université de Bruxelles, septembre 2023.
La science politique est une discipline scientifique en constante évolution et en débats multiples. Dans cet ouvrage, la lectrice et le lecteur découvriront ce que recouvre la science politique, les débats qui l’animent, les objets dont elle traite et les méthodes mobilisées pour tenter de saisir les faits politiques.
Dans cet ouvrage, la lectrice et le lecteur découvriront ce que recouvre la science politique, les débats qui l’animent, les objets dont elle traite et les méthodes mobilisées pour tenter de saisir les faits politiques.
À des fins didactiques, l’ouvrage est décomposé en huit chapitres. Le premier porte sur l’histoire de la discipline, sur la définition de son champ d’investigation et sur les règles de base à respecter. Le deuxième présente le cœur de la science politique : le pouvoir politique et son évolution. Le troisième se fixe sur l’étude des régimes politiques : les régimes autoritaires, hybrides, totalitaires et démocratiques. Les chapitres suivants sont une plongée dans le fonctionnement de la démocratie représentative. Le quatrième porte sur les règles qui entourent le vote et l’élection, en particulier les modes de scrutin. Le cinquième traite de l’acte principal qui légitime la démocratie représentative, l’élection au suffrage universel. Qui vote, pour quoi et pourquoi ? Mais aussi, qui ne vote pas et pour quelles raisons ? Le sixième a trait à ces acteurs majeurs de la démocratie représentative que sont les partis politiques. Comment les définir ? Comment évoluent-ils ? Quelles sont leurs trajectoires ? Le septième aborde les grandes idéologies qui fondent l’action des acteurs politiques et sociaux. Enfin, le dernier chapitre aborde la très grande diversité, au fond et dans leur expression, des formes de participation dans les sociétés.
. Pierre Royer. Géopolitique des puissances maritimes. Paris, Editions La Découverte, novembre 2023.
La géopolitique des puissances maritimes montre l’apport essentiel de la dimension maritime dans la construction des grandes puissances du monde contemporain. Dans le monde antique déjà, le contrôle des routes maritimes était un facteur décisif de la puissance, avec l’émergence des premières thalassocraties. Mais c’est dans l’Angleterre de l’époque moderne que l’affirmation de la puissance et la construction d’une flotte, de guerre comme de commerce, sont menées en parallèle ; n’est-ce pas un navigateur anglais, sir William Raleigh, qui résume le lien entre les deux par la formule : " Qui tient la mer tient le monde " ?
À l’heure de la mondialisation se dessine une nouvelle géographie productive dont l’Océan est le centre et non plus la périphérie. La puissance navale est indispensable à tout État qui veut peser sur les affaires du monde. Les défis environnementaux et alimentaires confortent la place déterminante que les espaces océaniques tiendront à l’avenir, par leurs ressources méconnues comme par leurs échanges avec l’atmosphère.
. Silvia D’Amato, Matteo Dian, Alessandra Russo (dir.). International Relations and Area Studies. Debates, Methodologies and Insights from Different World Regions. Cham, Springer, novembre 2023.
Discover the intricate tapestry of international politics and governance with this book. The book delves into the diverse nature of globally significant actors and systems across multiple regions. From Africa to Asia, Europe to the Middle East, this collection of thought-provoking case studies explores the role of regional actors in the international system.
Combining theoretical innovation with empirical analysis, this volume expands the boundaries of International Relations (IR) and Area Studies (AS), showcasing their interconnections throughout history and in contemporary contexts. Through illuminating case studies drawn from the fields of "Comparative Regionalism" and "Non-Western IR Theory," the book sheds light on pressing international events. Unpacking complex questions, the contributors examine the application of IR scholarship to global events and provide fresh insights into political dynamics, conflicts, and state instability across various regions. By offering a comparative perspective on threats, political contestation, and security policies, this book challenges existing perspectives and enriches the debate.
With its methodological and epistemological explorations, this book is an indispensable resource for scholars and students of international relations and security studies, as well as researchers focusing on specific world areas. Embark on a captivating journey through the multifaceted landscape of global affairs.
. Simeng Wang (dir.), Chinese in France amid the Covid-19 Pandemic. Boston, Brill, octobre 2023.
The day after the epidemic broke out in Wuhan, Chinese people in France are already busy sending masks across borders and sharing media information ; at the same time, a significant number of Chinese people are victims of racist attacks, insults and discrimination in France. Based on both quantitative and qualitative empirical data, this book reveals the new dynamics and interactions generated by the Covid-19 pandemic not only between different sub-groups of Chinese in France, but also between ethnic Chinese and their both countries : China and France. Mutual aid, local or transnational solidarity, inclusion initiatives, like any act of exclusion and hostility, invite you to question the essence of humanity in transnational settings, beyond the racialization of the Covid-19 virus.
. Elisabeth Sieca-Kozlowski. Poutine dans le texte. Paris, CNRS Éditions, novembre 2023.
L’invasion de l’Ukraine, au motif du danger que représenterait le pouvoir « néonazi » de Kiev, a posé avec une urgence nouvelle la question de la nature du régime russe et a souligné la nécessité de comprendre son imaginaire aux effets au combien dramatiques. La politique d’annexion en cours reflète en effet une conception renouvelée de l’ordre international, dont ont déjà témoigné ces dernières années les interventions armées en Géorgie, en Moldavie, puis en Syrie, au Sahel ou en Centrafrique.
Les discours et interventions de Vladimir Poutine et de ses plus proches collaborateurs (Dmitri Medvedev, Timofeï Sergueïstev notamment) réunis ici donnent à voir, depuis le début des années 2000, la construction de cette idéologie, dans laquelle la « renaissance » de la société russe passe par la reconstitution de l’empire et où l’ancien espace soviétique occupe un rôle central. Ils mettent en évidence une dynamique de radicalisation, sensible dès 2014 et encore accentuée depuis le début du conflit.
Si le régime russe a longtemps tenu un double discours et brouillé les pistes, il est temps aujourd’hui de mettre à la disposition d’un public non russophone les textes fondamentaux qui reflètent l’idéologie au pouvoir en Russie.
. Dmitry Adamsky. The Russian Way of Deterrence. Strategic Culture, Coercion, and War, Palo Alto, Stanford University Press, octobre 2023.
From a globally renowned expert on Russian military strategy and national security, The Russian Way of Deterrence investigates Russia’s approach to coercion (both deterrence and compellence), comparing and contrasting it with the Western conceptualization of this strategy. Strategic deterrence, or what Dmitry (Dima) Adamsky calls deterrence à la Russe, is one of the main tools of Russian statecraft. Adamsky deftly describes the genealogy of the Russian approach to coercion and highlights the cultural, ideational, and historical factors that have shaped it in the nuclear, conventional, and informational domains. Drawing on extensive research on Russian strategic culture, Adamsky highlights several empirical and theoretical peculiarities of the Russian coercion strategy, including how this strategy relates to the war in Ukraine. Exploring the evolution of strategic deterrence, along with its sources and prospective avenues of development, Adamsky provides a comprehensive intellectual history that makes it possible to understand the deep mechanics of this Russian stratagem, the current and prospective patterns of the Kremlin’s coercive conduct, and the implications for policymakers on both sides of the Atlantic.
. Gino Vlavonou. Belonging, Identity, and Conflict in the Central African Republic, Madison, University of Wisconsin Press, décembre 2023.
Political conflict in many parts of the world has been shaped by notions of who rightfully belongs to a place. The concept of autochthony—that a true, original people are born of a land and belong to it above all others—has animated struggles across postcolonial Africa. But is this sense of rootedness from time immemorial necessary to assertions of original being and thus political supremacy ? Belonging, Identity, and Conflict in the Central African Republic examines how political conflict unfolds when the language of autochthony is detached from historical land claims.
Focusing on violent struggles in the Central African Republic between 2012 and 2019, Gino Vlavonou explores the social practices, discursive strategies, and government policies that emerged in the relentless project of African state building. Conflict pitted Christian-animist communities, loosely organized as vigilante groups under the name anti-Balaka, against Muslim rebels known as the Séléka. Fighters of the anti-Balaka claimed that they were autochthonous, the “true Central Africans,” reframing their Muslim neighbors as foreigners to be expelled. While the country had previously witnessed episodes of violence, both peoples had lived together relatively peacefully and intermarried. The speed and ferocity with which identity was weaponized puzzled many observers. To understand this phenomenon, Vlavonou probes autochthony as a category of identity that differs from ethnicity in important ways. He argues that elites and ordinary citizens alike mobilize the language of original belonging as “identity capital,” a resource to be deployed. The value of that capital is lodged in what people say and do every day to give meaning to their identity, and its content changes across time and space.
. Jenny Raflik, Terrorismes en France, Paris, Éditions du Cerf, septembre 2023.
Anarchiste, régionaliste, d’extrême gauche ou d’extrême droite, d’importation ou islamiste, la France est le seul pays à avoir connu, depuis la fin du XIXème siècle, tous les types de terrorismes.
Existe-t-il une convergence dans les revendications des indépendantistes corses, bretons et basques ? Pourquoi les attaques au couteau de « loups solitaires » radicalisés ont-elles supplanté dans la méthode les détournements aériens du terrorisme palestinien ? Comment l’État et la société ont-ils appris à réagir face à cette menace protéiforme ? Autant de questions au cœur de la présente étude. Les terrorismes suscitant la peur, on est tenté de les percevoir comme des phénomènes irrationnels, ce qui empêche de les comprendre. Jenny Raflik, à l’inverse, entend les décrypter et restituer leur rationalité. Elle s’appuie sur l’histoire, la psychologie et la sociologie, sur la statistique à partir d’une base de données personnelle unique et sur une analyse de terrain pour en dresser un panorama complet, chiffres à l’appui. Organisations et stratégies, profils des cibles et des commanditaires, répressions policières et réponses politiques et juridiques, c’est tout le paysage français des dernières décennies meurtri par les actions terroristes qui est ici remis en perspective et décrypté.
Une synthèse unique en son genre.
. Pierre-Alain Clément, L’État anxieux. L’arsenal légal antiterroriste des Etats-Unis de Bush à Obama, Paris, PUF, septembre 2023.
Dans les études de sécurité, la formulation de la politique antiterroriste, une question centrale, reste étonnamment peu traitée et mal expliquée.
Avec le concept de culture stratégique, cet ouvrage examine l’influence des normes et institutions dans les débats du Congrès américain sur la législation antiterroriste depuis le 11-Septembre. Entre la 107e (2001) et la 114e législature (2016), l’examen qualitatif de presque 400 pages de débats explique le durcissement constant depuis le Patriot Act, sauf dans le cas ambivalent du Freedom Act.
L’ouvrage montre le rôle déterminant de déclencheurs extérieurs dans l’action du Congrès, qui créent une motivation à agir, action qui remplit une double fonction complémentaire de contrôle et de légitimation de l’action politique. Ainsi, la législation antiterroriste n’est pas le résultat de la pression d’une opinion apeurée et son résultat est moins la sécurité que l’illusion de la sécurité par l’application de pouvoirs d’exception.
. Philippe Sierra (dir.), La géographie : concepts, savoirs et enseignements. Paris, Armand Colin, octobre 2023.
Frontières, crise migratoire, tensions liées aux ressources, inégalités de développement, mondialisation et développement durable… Plus que jamais, l’appréhension de l’actualité repose sur l’analyse des phénomènes spatiaux et de la relation de l’homme à son environnement. Dans ce contexte, l’enseignement de la géographie joue un rôle essentiel pour comprendre une « globalisation » toujours plus prégnante.
Ce manuel repose donc sur une conviction : la nécessité de construire et transmettre une « culture géographique ». Après un rappel des fondements et contours de la discipline, les thèmes essentiels pour comprendre et enseigner la géographie sont présentés (habiter, urbanisation, étude des territoires, mondialisation, etc.), ainsi que les méthodes et pratiques.
En s’adressant tout particulièrement aux enseignants actuels et futurs, cette nouvelle édition propose une vue d’ensemble de la discipline. Elle tient compte des nouvelles épreuves du Capes et du renouvellement des programmes.
. Adrien Estève, Géopolitique de l’environnement. Paris, PUF, octobre 2023.
Notre entrée dans l’Anthropocène – cette nouvelle ère géologique caractérisée par l’influence inédite des sociétés humaines sur les cycles naturels de la planète – a de profondes répercussions dans les relations internationales. Changement climatique, perte de la biodiversité, pénurie des ressources : les effets de la crise écologique se multiplient et provoquent des bouleversements dans l’espace mondial. L’environnement devient dès lors source d’enjeux et de crises.
Qui sont les acteurs impliqués dans les conflits environnementaux ? Comment cherchent-ils à influencer les décisions politiques pour protéger leurs intérêts ? À l’heure où l’ONU peine à mettre en œuvre les accords sur le climat et où la guerre en Ukraine met en lumière les liens ténus entre sécurité et énergie, Adrien Estève propose une approche globale de la géopolitique de l’environnement et expose les interactions complexes entre les facteurs environnementaux, économiques et sociaux.
. Cyrille P. Coutansais, Guillemette Crozet, La mer. Une infographie, Paris, CNRS Éditions, novembre 2023.
Saviez-vous qu’à peine 20 % des fonds marins sont connus ? Que les navires de guerre jouissent d’une liberté totale de navigation, y compris dans la mer territoriale d’un autre État ? Que 95,5% des échanges mondiaux se font par voie maritime ? Que l’on consomme désormais plus de poissons issus de l’aquaculture qu’issus de la pêche ? Que la majorité de l’eau potable en Israël vient du dessalement de l’eau de mer ? Que l’on extrait du gaz à plus de 3 000 m de profondeur au large de l’Inde ? Que la totalité des terres émergées de Polynésie ne couvre pas plus que la superficie de la Corse ? Que le monstre du Loch Ness écossais a son équivalent péruvien, Yacumama ?
Voilà, entre autres, ce que vous découvrirez en vous plongeant dans cette magnifique et foisonnante infographie. En une centaine de pages, cet ouvrage propose une nouvelle écriture graphique, aussi riche que ludique. Grâce à la datavisualisation, le lecteur sera immergé dans l’univers de la mer, à la rencontre de ses acteurs, de ses ressources, de son imaginaire, de son histoire, et de ses merveilles.
De la cartographie des terres émergées lors de la dernière glaciation aux aires marines protégées, de la route de la soie maritime aux 15 principaux ports mondiaux de containers, de la migration illégale par voie de mer à la consommation mondiale de produits halieutiques, des innovations médicales issues d’organismes marins à l’immersion dans l’univers de One Piece, cet ouvrage propose une approche originale, décentrée et décalée de l’histoire et des enjeux contemporains liés au monde marin. Grâce à la collaboration d’un spécialiste du maritime et d’une graphiste hors pair, La mer. Une infographie rend compte, par l’infographie, des enjeux de cet univers majeur.
. Estelle Delaine. À l’extrême droite de l’hémicycle. Le RN au cœur de la démocratie européenne. Paris, Éditions Raisons d’agir, novembre 2023.
À les entendre, les eurodéputés d’extrême droite combattent l’Union européenne de l’intérieur. Une telle participation « contre » l’institution, mais en son sein, semble pourtant bien improbable.
À partir d’archives parlementaires et partisanes, d’entretiens et d’observations, ce livre révèle comment les élus RN bénéficient en réalité des ressources et des réseaux de la démocratie européenne. Ils sont en effet liés quotidiennement à tous ceux qui s’engagent dans le travail parlementaire : lobbyistes, élu.es d’autres groupes, fonctionnaires, journalistes, etc.
Technique, multiculturelle et élitaire, la politique européenne n’exclut pas d’emblée les militantes et militants nationalistes, à condition qu’ils en respectent les principes. Les parlementaires RN trouvent alors dans les procédures de proportionnalité ou dans la politique consensuelle de l’Europe des moyens de s’insérer dans les négociations politiques. Ce faisant, ils activent des pratiques qui n’avaient pas été imaginées par l’institution, mais qui ne sont pas fondamentalement incompatibles avec les usages et règlements.
Ce militantisme en col blanc combine normalisation et subversion des règles du jeu parlementaire : c’est moins le moment d’une transformation du parti par l’Europe que celui de la formation de ses cadres aux activités de délibérations. L’étude des carrières, du travail et des représentations de membres d’équipes parlementaires RN montre ainsi la présence paradoxale de l’extrême droite au sein d’une institution démocratique.
. Guillaume Frantzwa. L’image de la puissance. La diplomatie culturelle de la France au XXe siècle, Paris, Perrin, novembre 2023.
Comment le Quai d’Orsay déploie l’aura du pays des Lumières à l’étranger. Le phare de notre politique culturelle.
Le prestige et la richesse de la culture française sont indéniables. Mais au début du XXe siècle, cet acquis est remis en question par plusieurs événements – notamment par la Première Guerre mondiale, qui va de pair avec les affrontements de propagande des divers ennemis en présence. Dès lors, élaborer une stratégie pour soutenir et renforcer le rayonnement culturel de la France sur l’échiquier international semble plus que jamais indispensable.
Se reposant sur des structures naissantes à la Belle Époque, les pouvoirs publics et les acteurs privés se lancent alors dans une vaste entreprise : construire, à l’étranger, des réseaux et techniques valorisant la civilisation et les valeurs du pays des Lumières. Cela passe par la création d’instituts français (Institut de Florence) et de centres de recherche (la Maison franco-japonaise), ou encore par la délocalisation de musées (le Louvre d’Abu Dhabi) et l’organisation de tournées d’institutions (Opéra de Paris, Comédie-Française, etc.). Ces actions permettent la circulation et la diffusion hors de nos frontières d’œuvres dans des domaines variés tels que la musique, le cinéma, le spectacle vivant, le livre, la mode, le design, ou encore le jeu vidéo. Tout au long du XXe siècle, et encore aujourd’hui, le ministère des Affaires étrangères coordonne une grande partie de ces efforts et, partant, renforce l’attractivité de la France.
Richement illustré grâce aux archives du Quai d’Orsay, cet ouvrage revient sur un siècle de soft power à la française en retraçant les grandes étapes qui ont permis l’émergence puis l’enracinement d’une diplomatie culturelle devenue le joyau de la politique extérieure de notre pays.
. Jean-Pierre Filiu, The Middle East : A Political History from 395 to the Present, Cambridge, Polity, octobre 2023.
The Middle East, often referred to as the cradle of the three monotheisms, is saturated with symbolism. Situated at the crossroads of Asia, Africa, and Europe, it is a land marked by the rich confluence of religions and peoples. It has also been the focal point of endemic tensions and conflicts, many of which stretch back into the mists of time. In this new history of the Middle East, Jean-Pierre Filiu looks beyond religion and focuses his attention on the processes by which powers and their areas of domination were established over time. His starting point is 395, the year when the Roman Empire was divided into eastern and western halves : at that point, the Middle East emerged as a specific entity, freed from external domination, and a Christianity of the East asserted itself, turned towards Byzantium rather than towards Rome. From this point on, Filiu follows a strictly Middle Eastern dynamic, tracing the rise and fall of powers linked to the three principal centres of Egypt, Syria, and Iraq and recounting the procession of empires, invasions, and assertions of imperialist ambition that have characterized the region since then. The book closes in 2022, when the men and women of the Middle East were still struggling for the right to define their destiny by telling their stories in their own voices. This magisterial and up-to-date history of the Middle East will be essential reading for students and scholars and for anyone interested in the history and politics of one of the most important and contested regions of the modern world.
. Vincent Duclert, Arménie. Un génocide sans fin et le monde qui s’éteint. Paris, Les belles lettres, octobre 2023.
Qui se souviendra des Arméniens ?
Aux confins du Caucase, 120 000 Arméniens sont affamés dans leur enclave indépendante du Haut-Karabagh qu’aucun pays ne reconnaît sinon la République d’Arménie, abandonnée de presque toute la communauté internationale et elle-même menacée.
Le génocide des Arméniens est sur le point de connaître sa dernière phase et les génocidaires de gagner leur guerre d’extermination — une guerre de plus de cent ans — anéantissant tout ce que le monde a pu préserver de lois d’humanité et de conscience publique.
Est-ce ce monde des génocides sans fin que nous voulons ?
. Andreas Kappeler. Russes et Ukrainiens, les frères inégaux. Du Moyen-Âge à nos jours (édition augmentée), Paris, CNRS Éditions, octobre 2023.
27 février 2014 : des unités militaires russes annexent illégalement la Crimée, à la stupeur générale. Quelques jours plus tard, des milices occupent une partie du Donbass, et y proclament la souveraineté de « Républiques Populaires ». Depuis lors, cette confrontation russo-ukrainienne a pris la forme d’une guerre criminelle touchant, en 2022, des milliers de civils et obligeant des millions d’Ukrainiens à fuir les atrocités. Pourtant il y a 30 ans, rien ne pouvait présager d’un tel conflit : la proximité linguistique, religieuse et culturelle, les liens économiques et démographiques, mais aussi, la coexistence parfaitement pacifique entre les deux peuples étaient réels. Comment expliquer cette descente aux enfers ? Quels sont les ressorts historiques de la situation actuelle ?
L’Ukraine est souvent perçue comme un élément de la nation russe, sans langue, culture ou histoire propres. Pourtant ce pays n’est pas apparu soudainement en 1991, il a bien au contraire une longue histoire, qui s’est écrite en partie indépendamment de celle de la Russie. Si l’histoire des deux frères commence au Moyen-Âge dans le « berceau commun » de la Rous’ de Kyiv, héritage que les deux peuples se disputent encore aujourd’hui, elle diffère à partir du XIIIe siècle qui ouvre une longue phase de développement séparé, l’Ukraine étant alors en partie absorbée par le royaume de Pologne-Lituanie. Lui succède l’intégration de la majorité des populations ukrainiennes à l’Empire russe, puis les questions controversées de la politique d’ukraïnisation des années 1920, et de la famine de 1932-33. La volonté d’émancipation du peuple ukrainien de la tutelle russe prend probablement sa source dans ces événements. Revenir sur les interactions, les transferts, et les rencontres entre ces frères inégaux, mais aussi sur les processus de séparation et de distanciation des trajectoires, ainsi que sur les cultures mémorielles et usages politiques différenciés de l’histoire : tel est l’objet de cet ouvrage.
. Auriane Guilbaud, Franck Petiteville, Frédéric Ramel, Crisis of Multilateralism ? Challenges and Resilience. Cham, Palgrave Macmillan, octobre 2023.
This book explores the challenges that multilateralism faces today and questions the idea of a ‘crisis’ of multilateral cooperation and international organizations. It accounts for the pressures on and power shifts in multilateralism in recent years - such as the war in Syria, the Covid-19 pandemic, challenges for NATO, the erosion of multilateral norms, the transition from Trump to Biden, the rise of China, the post-Brexit European Union, and the mobilization of countries from the South. The authors illustrate the resilience of multilateralism and lessons learned from the WTO, UN Women, International Organizations’ Secretariats and global environmental governance. Written in part by members of the Research Group on Multilateral Action (GRAM), this volume argues that ‘crisis’ should not be considered a pathology but the ‘matrix’ of multilateralism, which is more resilient than commonly thought. This book will be of interest to students and scholars of International Relations, global governance, and international organizations.
. Didier Billion, Christophe Ventura, Désoccidentalisation. Repenser l’ordre du monde, Marseille, Éditions Agone, octobre 2023.
L’année 2022 aura ouvert une nouvelle situation internationale, caractérisée par la dimension géopolitique, sanitaire et écologique d’une crise systémique du système-monde, où la guerre d’Ukraine constitue une nouvelle étape.
Les auteurs fondent leur diagnostic sur un rappel des grands conflits et affrontements du siècle dernier, pour comprendre comment on en est arrivés à la situation actuelle : entre nouvelle guerre froide et nouveaux enjeux impérialistes, affirmation des États dits du Sud, restauration de la puissance russe et positionnement central de la Chine face à la fragilisation du modèle démocratique. Leur méthode : analyser l’organisation des relations entre les pouvoirs économiques, financiers, politiques, militaires et technologiques, leurs évolutions au sein de chaque État et société, et entre eux dans le système international.
Le monde serait entré dans une phase de désoccidentalisation, c’est-à-dire d’érosion irréversible des valeurs, de la puissance et de l’influence des pays occidentaux. Certes, mais cela ne suffit pas pour saisir les contradictions à l’œuvre : partout agit une société vivante dont les évolutions sont forgées par des rapports de classe et des luttes internes, en régime démocratique ou autoritaire, au sein des sociétés occidentales comme dans celles du Sud.
L’analyse de ces processus permet de faire émerger des solutions pour une transformation progressiste et coopérative du monde, pour sortir des crises qui caractérisent notre époque.
Dans quelle mesure les peuples pèseront-ils dans ces évolutions en cours ? Une partie de la réponse se trouvera dans leur capacité d’action et de mobilisation à venir.
. Jean-Loup Samaan, New Military Strategies in the Gulf. The Mirage of Autonomy in Saudi Arabia, the UAE and Qatar), Londres, Bloomsbury Publishing, août 2023.
In the last decade, rulers in Gulf regimes have aspired to greater strategic autonomy and distance from the West. Coined the "Gulf moment" by local commentators, this regional trend reflects a redistribution of power in the Arab world. This is the first book to examine the military dimensions of these shifts. Gulf military strategy has prioritised the improvement of local armed forces and the diversification of defence partnerships towards countries such as Russia, Turkey or China. However, this book shows how this has led to the militarisation of Gulf societies, the further erosion of multilateral initiatives - including the Gulf Cooperation Council - and the Gulf’s perilous involvement in the war in Yemen. The book also highlights enduring reliance on the West. Each chapter covers a key aspect of defence policy from governance of armed forces, military education and power projection capabilities to regional security cooperation and lessons from warfighting experiences. Close attention is paid to Saudi Arabia, the United Arab Emirates and Qatar, countries that have enjoyed prominent roles in the region’s security affairs during the last ten years. The research is based on extensive fieldwork and interviews with major decision-makers, officials, and diplomatic and military representatives. It is also uses recently declassified official documents to gain rare insight into what Gulf countries intend for their defence policies.
. Jean-Luc Domenach, Regard sur les mutations du goulag chinois (1949-2022). Paris, Éditions Fayard, octobre 2023.
Trente ans après L’archipel oublié, qui faisait l’histoire du goulag chinois dans ses décennies les plus meurtrières (1949-1971), Jean-Luc Domenach porte son regard d’historien sur les mutations d’un système ayant survécu à l’ouverture économique.
À la différence du goulag soviétique, sur le modèle duquel il fut pensé, le laogai ne s’est pas effondré. Il a suivi les mues du communisme chinois, après les millions de morts durant le Grand Bond en Avant (1958-1961) puis la Révolution culturelle (1966-1971), et abrite désormais davantage de délinquants et moins de détenus politiques. Le laogai est ainsi partie prenante de l’économie nationale. Il continue néanmoins à choquer l’Occident par son entreprise d’écrasement de l’Islam et de la population ouïghoure dans le Xinjiang.
Cet essai indispensable fait entendre des voix qui dessinent moins « la fin de l’homme rouge » que les mutations du communisme chinois et la survie de son archipel du goulag.
. Pierre Bourgeois, Le néoconservatisme américain. La démocratie pour étendard, Paris, PUF, octobre 2023.
Le néoconservatisme américain a été l’objet de nombreuses critiques ces dernières années. On associe à ce courant de pensée la politique étrangère menée par l’administration de George W. Bush au début des années 2000. Ainsi, les néoconservateurs sont le plus souvent considérés comme les responsables du « fiasco » irakien et plus largement, de l’instabilité au Moyen-Orient. En réalité, le néoconservatisme représente un ensemble intellectuel complexe qui, loin de se résumer aux questions internationales et à la période post-11 septembre 2001, occupe une place importante dans le paysage politico-intellectuel états-unien depuis la fin des années 1960. Pour le dire autrement, les idées néoconservatrices comptent et méritent d’être analysées dans leur complexité. C’est l’objectif de cet ouvrage, qui se propose de mettre en lumière la substance idéologique du néoconservatisme, en politique intérieure comme en politique étrangère.
. Boris James, Les Kurdes, Paris, PUF, août 2023.
Les Kurdes sont un peuple iranien, essentiellement musulman, composé de 30 à 40 millions de personnes réparties surtout entre la Turquie, l’Iran, l’Irak et la Syrie. Ce peuple est un peuple sans pays, issu du démembrement de l’Empire ottoman au début du XXe siècle. Aujourd’hui, on ne peut ignorer la « question kurde », l’omniprésence des revendications culturelles et politiques et la prégnance des conflits qui lui sont liés.
Pourtant, la longue histoire du fait kurde dépasse cette actualité et témoigne d’une formidable diversité culturelle, sociale et politique. Nombre d’émirs et de tribus kurdes ont joué un rôle majeur dans le Moyen-Orient prémoderne.
Boris James raconte l’histoire mouvementée de ce peuple, les enjeux auxquels il a dû et doit encore faire face et la façon dont il s’enracine dans une région géopolitiquement complexe. Et de s’interroger à son tour : comment se fait-il que ce peuple n’ait pas encore son territoire ?
. Hugo Micheron. La colère et l’oubli. Les démocraties face au djihadisme européen.Paris, Gallimard, avril 2023.
D’où vient le jihadisme ? Où va-t-il ? Depuis l’effondrement de Daech en Syrie, ces interrogations semblent avoir disparu du débat public. Certes, les affaires qui émaillent tragiquement l’actualité rappellent que le sujet du terrorisme islamiste est loin d’être réglé. Mais en dehors des attentats, il est urgent de comprendre ce qui a permis au jihadisme de devenir, en l’espace d’une génération, un enjeu politique, sociétal et démocratique de premier plan. Hugo Micheron retrace avec précision ce qu’est le jihadisme depuis 1989, au-delà de la simple menace sécuritaire et du seul cas de la France. Il propose la première histoire du djihadisme européen, un phénomène d’abord ignoré, dont les transformations sont passées inaperçues et dont les implications sont considérables pour les équilibres actuels et futurs des démocraties européennes. C’est un récit à hauteur d’hommes et de femmes, sur plusieurs continents, qui permet de comprendre pourquoi l’Europe a été autant frappée par les attentats, de Stockholm à Madrid en passant par Nice, Paris, Londres et Berlin. Il éclaire la nature du jihadisme en Occident, ses métamorphoses passées et présentes, et nous fait prendre conscience des enjeux de la décennie à venir, car c’est quand on s’y attend le moins que les attentats nous frappent.
. Julian Fernandez, Relations internationales (4ème édition), Paris, Dalloz Éditions, septembre 2023.
Les relations internationales connaissent aujourd’hui une accumulation sans précédent de crises et de transitions. Le terrorisme, le réchauffement climatique ou les pandémies bousculent nos repères traditionnels et les distinctions habituelles entre paix et guerre, sécurité nationale et internationale, intérêts propres à chacun et communauté de destin. Mais l’époque est aussi au renouveau du cycle de compétition-contestation-affrontement entre grands, au retour des guerres dites de « haute intensité » comme en atteste l’offensive russe contre l’Ukraine, à l’affaiblissement conséquent de l’ordre dit « libéral » du siècle dernier, à l’exploitation politique et économique de nouveaux espaces.
Ce précis aide le lecteur à mieux apprécier le monde de fractures dans lequel nous vivons. Les grands acteurs de la scène internationale sont d’abord identifiés et distingués. Leurs moyens d’action sont ensuite discutés, en mettant l’accent sur la dialectique entre le droit et la puissance. Enfin, les grandes tendances de l’histoire récente des relations internationales sont présentées (occidentalisation, américanisation, et restructuration progressive autour de l’opposition entre les États-Unis et la Chine).
. Max-Erwann Gastineau, L’ère de l’affirmation. Paris, Les éditions du cerf, octobre 2023.
Sur la scène internationale, il est un constat implacable : l’Occident n’est plus le référent ultime, le modèle à imiter.
Si cette désoccidentalisation apparaît, à bien des égards, déconcertante, c’est qu’à l’inverse du monde non occidental, sûr de son identité et de ses intérêts, nous autres Européens ne connaissons plus les raisons qui ont fait notre force dans l’histoire et appréhendons la diversité du monde comme le signe d’une vaste remise en cause de nos principes universels.
Or, dans un monde désoccidentalisé, multipolaire, l’urgence n’est pas à l’uniformisation mais à l’introspection. Elle est, pour les nations européennes, de penser à neuf et avec humilité les conditions de la cohabitation, de s’affirmer pour former ensemble leur propre pôle. Un apprentissage qui passera par un réarmement moral et intellectuel, une confrontation argumentée avec le modèle chinois et les « valeurs nationales » revendiquées par l’ancien tiers-monde.
Un essai détonnant, croisant les références historiques Nord-Sud, mêlant l’analyse des plus influents géostratèges américains aux grands penseurs de l’impossible occidentalisation du monde, tels Montesquieu, Aron et Lévi-Strauss.
Et si la désoccidentalisation du monde était, plus que le nom de nos illusions perdues, une chance pour l’Occident et notamment pour l’Europe ?
. Nicolas Quénel, Allô, Paris ? Ici Moscou. Plongée au coeur de la guerre de l’information, Paris, Denoël, novembre 2023.
Le journaliste d’investigation a enquêté sur la guerre de l’information qui fait rage entre Paris et Moscou. Il met en lumière les opérations d’influence russes, facilitées depuis quelques années par l’émergence des réseaux sociaux, ainsi que la réponse française et européenne, qu’il juge très insuffisante.
. Pascal Marchand, Volga, Le fleuve de la démesure. Paris, CNRS Éditions, septembre 2023.
Les villes de la Volga ne connurent jamais de grand développement commercial. En cela, la Volga ne fut jamais le Rhin. L’impressionnante crue naturelle de la Volga au printemps ne laissait pas le temps d’une mise en valeur agricole avant les gelées du début de septembre. En cela, la vallée de la Volga ne fut jamais la vallée du Nil. Mais que peut-on dire alors de ce fleuve ? Volga Matouchka, la « Petite Mère Volga », comme la désignent poèmes et chansons populaires, tient une place toute particulière dans le cœur des Russes. Les énormes débordements, étiages prononcés, transformation du fleuve en route après la prise en glace ont toujours frappé les imaginaires russes. La manne de poissons, dont l’esturgeon, que la crue annuelle lui laissait à partir de l’été semblait quant à elle magique. Arrivés au pouvoir en 1917, les bolcheviks entreprirent de dompter le grand fleuve. Les choses paraissaient d’une grandiose simplicité : il suffisait de retenir l’eau de la crue de printemps puis de la relâcher en fonction des besoins. Pourtant, elles se révélèrent d’une complexité extraordinaire.
Conçu à partir de 1932, engagé en 1937, l’aménagement fut immédiatement confronté à la sensibilité des équilibres naturels. En quelques décennies, les dizaines d’instituts de recherche créés par le régime soviétique accumulèrent une somme gigantesque de travaux, aux conclusions souvent divergentes, ouvrant des polémiques sur plusieurs points. Si bien qu’en 1990, lorsque le régime qui conduisait les travaux s’effondra, l’aménagement de la Volga n’était toujours pas terminé. La polémique fait toujours rage sur la façon de terminer les trois derniers ouvrages, alors que la guerre modifie les orientations nationales et le réchauffement climatique vient bouleverser davantage les plans établis.
. Bruno Tertrais, La Guerre des mondes. Le retour de la géopolitique et le choc des empires, Paris, Éditions de l’Observatoire, octobre 2023.
Nous entrons dans une nouvelle ère : la tectonique des plaques géopolitiques s’est remise en mouvement. Les néo-empires sont sortis de leur sommeil et contestent l’ordre international. La Chine et la Russie veulent leur revanche contre l’Occident, et refaire le monde à leur image. La guerre des mondes a commencé. Cette guerre se jouera de l’Ukraine à Taiwan, des fonds marins à l’espace extra-atmosphérique, dans les mines de lithium et dans le cyberespace.
Elle sera longue et opposera non pas deux blocs, mais une famille occidentale, plutôt libérale, à une famille eurasiatique autoritaire. Ce sera une lutte d’influence à l’échelle planétaire, émaillée de crises et de conflits régionaux. Sommes-nous comme dans les années 1910, à la veille du grand choc des empires ? Comme dans les années 1930, face à la montée de totalitarismes agressifs ? Ou comme dans les années 1950, au début d’une nouvelle forme de guerre froide ? Et si l’Occident n’était pas si mal placé pour remporter cette nouvelle guerre des mondes ? Et si ses faiblesses étaient moins importantes que celles de ses adversaires ?.
. Florian Opillard, Thibaut Sardier (dirs.), Il y a urgence ! Les géographes s’engagent, Paris, CNRS Éditions, septembre 2023.
Retour de la guerre aux frontières de l’Europe, événements météo-climatiques extrêmes, précarité sociale, pénurie énergétique, inflation : il y a urgence à rendre ces crises intelligibles. Et les géographes peuvent y contribuer !
Sur leurs terrains, à l’écoute de celles et ceux qui y vivent en interaction avec leur environnement, les géographes sont témoins de la rapidité des bouleversements, et rendent compte de l’importance de la dimension spatiale de ces problématiques. Les bouleversements à l’œuvre ont en effet malheureusement le pouvoir de transformer radicalement l’habitabilité de nos lieux de vie, et plus généralement celle de notre planète.
S’il faut se méfier des discours sur “l’urgence” ou “l’alerte”, qui peuvent conduire à faire des choix précipités (et pas toujours pertinents), à céder à la panique, ou à renoncer à des biens communs précieux, l’époque n’est plus à l’attentisme. De nombreux géographes ne se satisfont plus d’être des témoins passifs des crises qui se succèdent et s’intensifient, et souhaitent s’engager : c’est tout le sens de ce manifeste collectif. Car non seulement il y urgence à agir, mais il est aussi nécessaire de se préparer à une multitude d’urgences à venir qui bientôt feront système, créant une situation inédite.
. Ludivine Bantigny, Quentin Deluermoz, Boris Gobille, Laurent Jeanpierre, Eugénia Palieraki. Une histoire globale des révolutions, Paris, Éditions La Découverte, septembre 2023.
" La révolution est terminée. " À la fin du siècle dernier, la formule a fait date. Mais rien n’était plus faux. Il suffit, pour s’en convaincre, de déplacer le regard hors des régions occidentales, à Tunis, Alger, Hong Kong ou Téhéran. Étendre dans l’espace mais aussi dans le temps, bien avant le XVIIIe siècle, l’enquête sur les révolutions, en montrer les dynamiques transnationales, les échos, les reprises, les " modèles " comme les singularités, telle est l’ambition de cette histoire globale.
Rédigés par des spécialistes du monde entier, ses chapitres explorent la richesse de l’histoire révolutionnaire, mettent en lumière des révolutions moins connues et arpentent des géographies inédites traversant tous les continents. La Révolution française, les révolutions atlantiques et le Printemps des peuples côtoient les révoltes anticoloniales indiennes, les mouvements populaires de Corée ou du Japon et les grands soulèvements latino-américains ; les Révolutions russe et chinoise ne font pas oublier les révolutions d’indépendance, notamment africaines, ni les rébellions multiples qui émaillent un monde en perpétuelle effervescence.
Affranchie de ses bornes classiques, l’archive révolutionnaire livre des interrogations neuves et des recherches fructueuses. Le rôle de la spiritualité et de la religion, des empires et des nationalismes, de l’économie et de l’État, de l’environnement et du climat, est ainsi exposé à des lumières plus vives, tout comme les protagonistes, notamment les femmes, la paysannerie, le monde ouvrier... Et dès lors, comment passe-t-on à l’acte ? Comment vivent, dans l’extraordinaire des jours de soulèvement, celles et ceux qui y participent ?
Au terme du parcours, les jugements péremptoires et polarisés sur les vertus et les vices de la révolution ressortent fragilisés ; le bilan des révolutions acquiert des contours plus nets – et leur avenir même peut être mieux apprécié.
. Philippe Pelletier, Géopolitique du Japon. Paris, PUF, septembre 2023.
À la question d’un journaliste américain sur la politique étrangère du Japon, un ancien ambassadeur japonais répondit : « nos histoires sont différentes, votre pays est construit sur des principes, le Japon est construit sur un archipel ». Selon cette assertion, récurrente, la réalité géographique s’imposerait au Japon tandis que l’idéalisme caractériserait l’Occident. Mais davantage que l’insularité en soi, c’est la situation à l’extrémité de l’Eurasie, au large de la grande Chine qui ne l’a jamais conquis mais dont la civilisation l’a imprégné, qui a encadré sa géohistoire. La richesse biogéographique de ses milieux combinant terre et mer ont été de puissants atouts.
Longtemps déchiré par des guerres intestines, unifié face à la menace coloniale européenne au XVIe siècle et au XIXe siècle, le Japon articule sa politique sur une dyarchie originale, composée d’un empereur, au pouvoir religieux mais également temporel, et d’un gouvernement central, civil : shôgun, militaires puis, de nos jours, institutions démocratiques. La politique de défense, l’identité nationale et les litiges frontaliers toujours existants avec les pays voisins (Chine, Corée, Russie) et le soft power de la J-Pop accompagnent sa puissance économique et technologique. Le Japon se retrouve dans une situation inconfortable puisque le pays qui est devenu son premier client et son premier fournisseur est la Chine, rivale de son allié militaire et diplomatique, les États-Unis.
. Pierre Grosser, Histoire mondiale des relations internationales, Paris, Bouquins, octobre 2023.
Depuis le milieu des années 2010, les dirigeants du monde constatent publiquement que la scène internationale est de plus en plus dure, voire que l’ordre international se délite. Les États-Unis affirment qu’il y a un " retour au jeu des grandes puissances ". La guerre russe en Ukraine et les tensions sino-américaines font resurgir nombre d’analogies historiques. D’une manière générale, le temps n’est plus à juger que la mondialisation cosmopolite a tourné la page de la diplomatie et de la guerre. Connaître et comprendre l’histoire des relations internationales est devenu essentiel. Les manuels traditionnels sont désormais périmés. Les prétendues " histoires mondiales " ou " globales " sont la plupart du temps rédigées par des non-internationalistes. La recherche historique tend à se fragmenter et à se détourner de l’histoire " par en haut ", notamment des décisions politico-stratégiques. Les médias laissent parler nombre de " géopolitologues " aux connaissances historiques fragiles.
Cet ouvrage comble un manque sans être pour autant un manuel déroulant la chronique des événements passés. Chacun de ses douze chapitres a pour ambition d’interpréter une décennie, de 1900 à aujourd’hui – un treizième, plus court, traite des années 2020-2022 –, en montrant ses dynamiques, ses évolutions, ses tournants et ses spécificités propres. Des bibliographies ordonnées et commentées (entre cinquante et cent titres par chapitre) sont jointes en fin de chapitre. L’ouvrage est donc chronologique, mais aussi interprétatif. Il s’appuie sur les travaux les plus récents d’enseignants ayant déjà une riche carrière, dont la réflexion ne cède pas aux dernières modes, mais résulte de longues accumulations de savoirs bibliographiques. L’horizon est mondial : non pas que chaque continent soit représenté à parts égales, mais grâce au souci constant de penser les interactions transnationales, les stratégies mondiales des acteurs principaux, les spécificités régionales et les dimensions centrales ou périphériques de phénomènes internationaux.
. Sylvie Kauffmann, Les aveuglés. Comment Paris et Berlin ont laissé la voie libre à la Russie, Stock, 2023
La fin de la guerre froide devait ouvrir une ère nouvelle, marquée par le triomphe de la démocratie libérale qui ne pouvait désormais que s’étendre. Aucun pays n’en a été plus convaincu que l’Allemagne réunifiée.
Trois décennies plus tard, à l’est, la Russie de Vladimir Poutine est devenue de plus en plus agressive. En Europe centrale, les jeunes démocraties sont tombées dans le piège du populisme. Et tandis qu’à l’ouest, la France tentait en vain de surmonter les failles d’un modèle politique dépassé, plus à l’ouest encore Donald Trump malmenait la démocratie américaine et menaçait l’ordre international. Mais comme les trois singes, la chancelière et ses partenaires de coalition sociaux-démocrates fermaient les yeux, les oreilles et la bouche. Jusqu’au 24 février 2022.
Ce jour-là, leur monde s’est écroulé. Poutine a envahi l’Ukraine et pulvérisé l’ordre européen. Puis est venu le temps des questions : pourquoi nous sommes-nous si lourdement trompés ? Quels signaux avons-nous ignorés ?
Ce livre raconte, à travers les témoignages des protagonistes des épisodes clés de ces vingt années, ce qui nous a empêchés d’assumer la réalité de la Russie de Poutine : le repli américain, l’aveuglement de l’Allemagne, prisonnière de son histoire, de sa réussite économique, le mépris pour les nouvelles démocraties de l’est, la russophilie obsolète de certaines élites françaises, la mauvaise stratégie du cavalier seul de Sarkozy et Macron et leur rêve irréaliste d’une grande architecture de sécurité européenne avec Moscou.
À quel moment aurions-nous dû prendre une autre voie ? Et d’ailleurs, y avait-il une autre voie ? L’Europe sortira-t-elle affaiblie ou renforcée de cette guerre qui lui a ouvert les yeux ?
. David Colon, La Guerre de l’information. Les États à la conquête de nos esprits. Paris, Éditions Tallandier, septembre 2023.
Présenté en conférence le 12 octobre, inscription jusqu’au 8/10
Depuis la fin de la guerre froide et l’essor d’Internet et de médias planétaires, la militarisation de l’information par les États bouleverse l’ordre géopolitique. La guerre de l’information, qui oppose les États autoritaires aux régimes démocratiques, démultiplie les champs de bataille et fait de chaque citoyen un potentiel soldat. Plus que jamais, la puissance des États –qu’il s’agisse de leur hard power, leur soft power ou leur sharp power– dépend de leur capacité à mettre leurs moyens de communication au service de leur influence, en recourant à la cyberguerre, à la désinformation ou à l’instrumentalisation de théories du complot. À l’ère de l’intelligence artificielle et de la guerre cognitive, les médias sociaux sont le théâtre d’une « guerre du Net » sans merci, sans fin, dont nos esprits sont l’enjeu.
Dans cet ouvrage, David Colon, spécialiste de l’histoire de la propagande et de la manipulation de masse, décrit les mécanismes de cette guerre longtemps restée secrète en dévoilant les stratégies de ses commanditaires et en décrivant les tactiques et le parcours de ses acteurs, qu’ils soient agents secrets, diplomates, journalistes ou hackers.
. Adrien Nonjon, Le régiment Azov. Un nationalisme ukrainien en guerre, Paris, Éditions du Cerf, septembre 2023.
24 février 2022. Poutine envahit l’Ukraine. Son prétexte ? « Dénazifier » le pays. Et dans la ligne de mire du Kremlin : le régiment Azov et ses racines idéologiques. Contre toutes les propagandes, voici l’indispensable étude critique du bataillon controversé et de son histoire.
Initialement désignée par la Russie comme une organisation terroriste néo-nazie devant être éradiquée, l’unité est devenue le symbole de la résistance farouche des Ukrainiens en défendant pendant plus de trois mois la ville de Marioupol et son usine Azovstal. En dépit d’une réputation de bravoure sur le champ de bataille, le régiment Azov demeure pourtant une entité complexe. Et la politique n’est pas loin.
Par-delà les polémiques, Adrien Nonjon explore l’itinéraire du régiment depuis sa fondation au lendemain de la révolution de Maïdan, en 2014, et jusqu’à nos jours. Son implication dans les tranchées du Donbass répond-elle à une logique idéologique ? Au désir partagé de défendre le sol ukrainien ? Et quel sera le rôle d’Azov dans la reconstruction à venir ?
Adrien Nonjon enquête et fait la lumière sur un dossier sensible au coeur de la guerre qui aura déchiré l’Europe.
. Delphine O, La diplomatie féministe est un sport de combat, Paris, Éditions Tallandier, octobre 2023.
Pourquoi un livre sur la géopolitique des droits des femmes ? Les femmes sont les plus impactées lors des conflits, des crises climatiques ou sanitaires et pourtant, elles sont toujours minoritaires dans les lieux de pouvoir.
Alors que les idées féministes infusent nos sociétés, un phénomène de régression est à l’oeuvre sur tous les continents : en Afghanistan, en Iran mais aussi en Pologne et récemment aux États-Unis. Dans un monde où une femme sur trois est victime de violences et où elles comptent pour moins de 15 % des chefs d’État, il est urgent de faire de l’égalité de genre une priorité stratégique des politiques étrangères.
Ce livre dévoile les coulisses de la lutte diplomatique de haute intensité qui se joue sur la scène internationale autour de la liberté des femmes. Quelles sont les stratégies et les alliances déployées par des États comme le Canada, le Mexique, la Suède ou la France ? Comment les militantes féministes se battent-elles pour défendre leurs droits et conquérir l’égalité réelle sur le terrain, au Salvador, en Libye, en Corée du Sud et ailleurs ?
Au rythme actuel, il faudrait attendre encore un siècle et demi pour résorber toutes les inégalités entre les femmes et les hommes ! Innovante, inclusive, engagée, au Nord et au Sud, la diplomatie féministe est un sport de combat qui nous concerne toutes et tous.
. Doris Buu-Sao, Le capitalisme au village. Pétrole, État et luttes environnementales en Amazonie. Paris, CNRS Éditions, octobre 2023.
Le 5 juin 2009, après plusieurs mois de contestation d’une loi favorisant l’extraction de ressources naturelles, des affrontements éclatent entre policiers et manifestants indiens dans le nord du Pérou. Plusieurs dizaines de personnes y trouvent la mort. Dans l’après-coup de cet épisode de violence, cette enquête novatrice sur l’exploitation de la nature en Amazonie explore les rapports entre l’industrie pétrolière, les communautés indigènes et le pouvoir péruvien.
Elle invite à rompre tant avec les lectures romantiques célébrant l’héroïsme de la résistance indienne qu’avec le regard désabusé de celles et ceux qui déplorent l’incapacité d’un peuple à reprendre en main son destin. Car celui qui défile pour la Fédération quechua, sous l’œil des caméras, armé d’une lance et le visage couvert de peintures de guerre, peut bien réapparaître quelques jours plus tard comme travailleur du site pétrolier, vêtu d’un uniforme semblable à celui des ouvriers venus de Lima.
Pour restituer cette complexité, l’ouvrage met en lumière le déploiement de l’État et du capitalisme « par le bas ». Le temps long de l’observation révèle la variété des interactions entre les villages autochtones et l’industrie pétrolière, et permet d’éclairer la manière dont l’ordre politique et économique est produit mais aussi contesté au quotidien.
. Florian Louis. De la géopolitique en Amérique. Paris, PUF, septembre 2023.
L’ouvrage revient sur la façon dont la géopolitique, discipline apparue dans l’Allemagne de l’entre-deux-guerres mondiales, a été reçue et finalement adoptée aux États-Unis. C’est durant la Seconde Guerre mondiale que les Américains découvrent l’existence de la géopolitique. Convaincu que cette science nouvelle est à l’origine des fulgurants succès nazis, ils s’interrogent sur l’opportunité de s’en inspirer : peut-on utiliser les armes de l’ennemi pour les retourner contre lui ? Mais ne risque-t-on pas de perdre son âme en le faisant ?
En dépit de nombreuses récriminations, une géopolitique américaine se développe durant les années 1940 qui joue un rôle important dans les origines de la guerre froide. Ce sont en effet des modèles issus de ce paradigme géopolitique qui sont mobilisés pour élaborer la stratégie d’endiguement de l’Union soviétique.
C’est donc l’histoire de l’américanisation de la discipline, qui est aussi celle de sa normalisation qui passe par l’effacement de ses origines nazies, que retrace cet ouvrage.
. OFCE, L’économie européenne 2023-2024. Paris, Éditions La Découverte, septembre 2023.
L’OFCE propose un bilan annuel de l’économie européenne. L’édition 2023-2024 se concentre sur les enjeux multiples résultant du retour de l’inflation en Europe. L’hétérogénéité des sources et des niveaux d’inflation selon les pays a conduit à des réactions différentes des gouvernements tandis que la politique monétaire uniforme devenait restrictive. Les conséquences sur le pouvoir d’achat, sur la précarité énergétique et sur la sécurité alimentaire des ménages ont pu diverger d’un pays à un autre et renforcer les inégalités sociales. L’ouvrage analyse également les conséquences de l’invasion russe en Ukraine sur les systèmes agricoles, ainsi que les sanctions européennes. Il aborde enfin trois autres thématiques d’actualité européenne : les débats relatifs au cadre budgétaire européen ; l’état des lieux de l’union bancaire ; l’emploi des séniors.
. Thibault Fouillet (dir.), La guerre au 21ème siècle. Le retour de la bataille. Paris, Éditions du Rocher, octobre 2023.
Alors que le conflit en Ukraine a ramené de manière brutale le « phénomène guerre » en Europe, selon des modalités qui n’avaient plus été vues depuis 1945, il replace aux côtés des dimensions stratégiques et géopolitiques la bataille dans toute sa complexité et sa diversité. Il reste cependant difficile d’y voir clair entre les armements, les mouvements de troupes, les divers théâtres d’opérations, l’évolution des doctrines etc. Aussi, il peut être malaisé de comprendre pourquoi le succès d’un jour peut être l’échec du lendemain.
Dans ce contexte, il semble indispensable de revenir à l’étude de la tactique, la science du combat, qui explique les dynamiques de la bataille et les problématiques des opérations modernes.
Mobilisant pour la première fois dans le même ouvrage des auteurs parmi les plus grands experts français de la pensée tactique contemporaine, ce livre offre un éclairage théorique sur les évolutions de la bataille et les problématiques contemporaines de la tactique, pour caractériser son anatomie contemporaine, et exploiter les leçons des engagements des vingt dernières années. Il permet ainsi de combler en partie un vide dans la littérature stratégique focalisée avant tout sur le spectre haut de la conflictualité (géopolitique, stratégie), tout en offrant des clés de compréhension pour l’étude des conflits actuels et futurs.
Mieux comprendre la bataille d’aujourd’hui, c’est anticiper celle de demain, et par ce biais appréhender la guerre au XXIe siècle.
. CEPII, L’économie mondiale 2024, Paris, Éditions La Découverte, août 2023.
Chaque année, le CEPII publie dans la collection "Repères" des analyses inédites des grandes questions économiques mondiales.
L’économie mondiale est en phase de reconfigurations, au pluriel. D’abord celle de la mondialisation : non pas qu’une démondialisation soit à l’œuvre, mais un changement de paradigme s’observe avec le retour des politiques industrielles. Le monde énergétique participe aussi de cette recomposition, avec des relations commerciales qui s’établissent désormais entre partenaires de confiance. Quant aux politiques commerciales, leurs nouveaux objectifs, en matière d’environnement et de sécurité économique, prennent le pas sur celui de l’efficacité économique. C’est aussi au sein du système monétaire international que les mutations s’opèrent : par leurs interventions, banques centrales et États influencent de plus en plus les mouvements de capitaux et de change. Si les préoccupations environnementales irriguent ces recompositions, le financement de la transition écologique n’est pourtant pas encore assuré.
. Guillaume Pitron, La guerre des métaux rares, Paris, Les liens qui libèrent, septembre 2023.
En nous émancipant des énergies fossiles, nous sombrons en réalité dans une nouvelle dépendance : celle aux métaux rares. Graphite, cobalt, indium, platinoïdes, tungstène, terres rares… ces ressources sont devenues indispensables à notre nouvelle société écologique (voitures électriques, éoliennes, panneaux solaires) et numérique (elles se nichent dans nos smartphones, nos ordinateurs, tablettes et autre objets connectés de notre quotidien). Or les coûts environnementaux, économiques et géopolitiques de cette dépendance pourraient se révéler encore plus dramatiques que ceux qui nous lient au pétrole.
Dès lors, c’est une contre-histoire de la transition énergétique que ce livre raconte – le récit clandestin d’une odyssée technologique qui a tant promis, et les coulisses d’une quête généreuse, ambitieuse, qui a jusqu’à maintenant charrié des périls aussi colossaux que ceux qu’elle s’était donné pour mission de résoudre.
. Mélanie Manion. Political Selection in China. Rethinking Foundations and Findings. Cambridge, Cambridge University Press, septembre 2023.
Political selection is about how individuals are selected to political office – and this substantially determines the quality of governance. The evidence favors democratic elections as the selection institution that produces high governance quality. Yet authoritarian China, where a communist party monopolizes the selection of all officials of importance, presents a sophisticated and, by some measures, successful contrast to liberal democratic versions of political selection. Understanding how and how much the preferences of the few at the political center in Beijing systematically shape the composition and actions of the tens of thousands of leaders who manage politics, society, and the economy across China is foundational to understanding China. This Element critically reviews the literature on political selection in China to better structure our knowledge on this important question. It clarifies sources of greatly disparate findings in statistical studies and identifies major descriptive challenges to these studies in rich qualitative and quantitative evidence.
. Pierre Andrieu, Géopolitique des relations Chine-Russie. Paris, PUF, septembre 2023.
Les relations bilatérales sino-russes ont été marquées jusqu’au début du XXe siècle par une ignorance réciproque suivie d’une franche hostilité.
La révolution bolchevique a inauguré une période de rapprochement, même si l’URSS n’a pas rendu les territoires spoliés par l’Empire russe. Durant la guerre civile en Chine, Moscou a joué l’équilibre entre le Guomindang et le PCC au nom du front uni contre le Japon. La proclamation de la RPC en 1949 a permis à l’URSS d’étendre le « camp socialiste » sans renoncer à certains avantages de type colonial en Chine.
Après une période faste au cours des trois décennies suivantes, les rivalités ont amené les deux pays au bord de la guerre nucléaire. Puis, des dirigeants plus pragmatiques leur ont permis de normaliser leurs relations. Mais l’éclatement de l’URSS et l’affaiblissement de la Russie ont renversé les rapports de puissance entre les deux pays.
À l’heure actuelle, Moscou et Pékin affichent leur « nouveau type de relations interétatiques » et leur « amitié qui ne connaît aucune limite ». Pourtant, à part une hostilité commune envers l’Occident et leur volonté de pérenniser leurs régimes respectifs, rien ne conforte véritablement cette alliance de circonstance. Leurs relations sont empruntes des mêmes ambivalence et défiance historiques. Le fort déséquilibre, faisant de la Russie un « junior partner » de la Chine, apparaît évident. Même en Asie centrale, la Russie perd pied face à la Chine. L’agression russe contre l’Ukraine, sans que les Chinois en aient vraiment été informés, ne fait qu’approfondir ces déséquilibres et pourrait être préjudiciable à leurs intérêts.
. Sundeep Waslekar, Un monde sans guerre. Histoire, politique et résolution des conflits. Paris, CNRS Éditions, septembre 2023.
Notre monde n’a jamais été aussi dangereux. Alors que nous pensions être sortis de la guerre froide par le haut, et imaginions ne plus avoir à craindre de nouveaux conflits armés, force est de constater que la guerre n’est ni un objet lointain, ni un objet du passé. Si l’on en croit « l’horloge de la fin du monde », mise à jour chaque année depuis qu’Einstein et quelques collègues physiciens atomiques l’ont mise en place, nous serions désormais, et pour la première fois, à 100 secondes seulement de minuit, l’heure de l’apocalypse…
La course effrénée aux armements, la hausse généralisée des budgets militaires, le non-respect des traités de non-prolifération, l’invention de nouvelles armes (dont les armes biologiques, ou les missiles nucléaires supersoniques), la diffusion de robots tueurs ainsi que la montée du nationalisme rendent l’humanité plus fragile aujourd’hui que jamais. Or, si nous pouvons probablement survivre aux attaques terroristes, au changement climatique et aux pandémies, nous serons particulièrement vulnérables face à une guerre mondiale utilisant des armes nucléaires. La menace d’une telle guerre peut sembler lointaine à beaucoup, mais elle est pourtant réelle : dans de nombreux pays, un seul dirigeant ou un petit groupe de dirigeants a le pouvoir de déclencher une attaque nucléaire.
Après avoir dressé le portrait de notre monde chaotique, Sundeep Waslekar propose de mettre en oeuvre un contrat social mondial qui peut aider à instaurer la paix. Car la guerre est un choix : nous pouvons nous engager collectivement pour qu’elle n’ait pas lieu, et le monde sans guerre vaincra.
. Philippe Boulanger, Introduction à la géostratégie. Paris, Éditions La Découverte, août 2023.
L’approche géographique est étroitement liée à l’activité militaire depuis les origines des guerres. Ses composants, qu’ils soient physiques ou humains, influencent d’une manière ou d’une autre la conception de la stratégie. La géographie stratégique, qu’on appelle géostratégie à partir du XIXe siècle, devient alors une spécialité de la science militaire pour l’aide à la décision.
À partir d’exemples passés et actuels, cet ouvrage apporte des clefs d’analyse de l’approche géostratégique. Il s’articule en trois chapitres : l’invention de la géostratégie de l’Antiquité au XXe siècle ; la spécificité de la géostratégie contemporaine, en particulier à l’ère des guerres asymétriques ; la géostratégie au service de l’art militaire, dans un contexte de diversité des concepts et des représentations.
. Antoine Pécoud, Hélène Thiollet, Research Handbook on the Institutions of Global Migration Governance. Cheltenham, Edward Elgar Publishing, septembre 2023.
Drawing together the work of leading researchers from various disciplines and backgrounds, this illuminating Research Handbook contributes to a revitalised understanding of migration governance. It introduces novel debates regarding how actors and institutions shape significant migration dynamics.
This erudite Research Handbook features a systematic review of the analytical framework of global migration governance. Chapters identify and explain key institutions involved in global migration, focusing on changes in patterns and actor behaviours. Key actors explored in the Research Handbook include international organisations, migrant networks, civil society groups, smuggling cartels, religious transnational organisations, security firms and trade unions. Ultimately, it aims to contribute to a renewed understanding of migration drivers and proceedings.
Students and advanced scholars of international relations and politics studying topics such as migration policy will find this thorough Research Handbook to be incredibly valuable. Experts and agents of international and non-government organisations will additionally find it to be beneficial.
. Coline Rondeau, Réfugiés kurdes de Turquie en France et en Belgique de 1977 à nos jours. Ouest de la France et Wallonie, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, août 2023.
Au carrefour de l’histoire et de la sociologie des migrations, il s’agit ici de comprendre les « carrières migratoires » des Kurdes, de leur départ de Turquie à leur arrivée en France et en Belgique. Ces hommes et ces femmes ont emprunté des routes migratoires et intégré des réseaux variés afin de traverser des frontières terrestres, maritimes, aériennes mais également administratives et linguistiques. Leurs circulations migratoires se sont formées à partir de filières régionales qui se sont stabilisées dans les territoires d’accueil grâce à des solidarités multiples révélant des interactions entre les Kurdes et ceux qui les entourent. Ces recompositions territoriales entre les différentes générations de Kurdes ont favorisé la création d’associations qui maintiennent des repères collectifs en situation d’exil et rendent visible le conflit turco-kurde.
À partir de sources écrites inédites, d’enquêtes de terrain et de témoignages de Kurdes, cette recherche analyse les parcours administratifs de l’asile, des mariages, des regroupements familiaux, des naturalisations et des invitations à quitter le territoire en France et en Belgique. Ces parcours ont soulevé des questions sur l’évolution du statut juridique, des identités et des subjectivités entre celui ou celle qui « peut devenir un ou une réfugiée », qui « peut se marier », qui « peut être naturalisé ».
Les Kurdes ont été identifiés différemment selon les catégories construites par les États d’accueil. Ces catégories qui ne sont jamais stables ni très claires et où chaque document apporté (chaque histoire révélée) est sujet à suspicion et à vérification.
. Eberhard Kienle, Carola Klöck, Adrien Estève, Alain Dieckhoff, Un monde en crises.Paris, Presses de Sciences Po, septembre 2023.
La marche du monde s’enraye sous l’effet d’une accumulation de crises graves. Dernière en date après la pandémie de Covid-19 et promettant d’être longue, la guerre en Ukraine menace la paix et la sécurité alimentaire à l’échelle mondiale. Elle vient s’ajouter à une fragilisation de la démocratie, notamment en Europe, à l’érosion des normes humanitaires, au creusement des inégalités, à la dislocation de nombreux États, au déclin du multilatéralisme, aux tensions liées à l’approvisionnement énergétique et, surtout, au dérèglement climatique. La singularité de cette constellation de crises réside dans leur intensité exponentielle, dans l’enchevêtrement des défis qu’elles posent et dans l’incapacité des gouvernants et des institutions à les traiter de front.
Les chercheurs et chercheuses du Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po réunis dans cet ouvrage tentent de décrypter les mutations profondes qui se produisent sous nos yeux.
Coréalisée par le CERI et les Presses de Sciences Po, la collection « L’Enjeu mondial » propose les analyses de spécialistes, illustrées de façon claire et pédagogique par des cartes et des graphiques en couleurs, et enrichies des données les plus récentes.
. Grégory Daho, Yann Richard, War, State and Sovereignty. Interdisciplinary challenges and perspectives for the social sciences, Paris, Dunod, mars 2023.
This book addresses the links between war, state and sovereignty using an interdisciplinary approach. The authors and editors investigate the transformation of the state through the practices of security governance - an effective way to question the evolution of authority and legitimacy of state violence, and the organisation of human societies. This work contributes to the understanding of the transformation of state through the prism of security challenges and provides the means to identify the evolution of their regalian contours, the legal and technical forms of regulating violence, and the legitimisation of public power. This volume shows that the contribution of the social sciences is decisive for understanding the changes of the role and insertion of armed forces in their political, social and professional environment.
. Lucie Bargel, Dans l’écheveau de la frontière. Alignements et réalignements des attachements politiques dans la Roya (XIXe – XXIe siècles), Paris, Karthala, juillet 2023.
Cette ethnographie historique de la vallée de la Roya, à la frontière entre l’Italie et la France, offre un point d’entrée dans l’écheveau de la frontière : il s’agit de déplier les différentes lignes qui composent une frontière étatique, presque parfaitement superposées à tel point que leur pluralité devient invisible « vue du ciel », mais aussi de suivre les processus au cours desquels ces limites de différents ordres d’activités (échanges commerciaux, usages linguistiques, etc.) viennent s’aligner sur la frontière. Cette zone frontalière constitue ainsi un terrain pour saisir la consistance locale d’une appartenance étatique.
Par son histoire singulière, la Roya constitue un laboratoire à ciel ouvert des effets de réalignements que produit un déplacement de frontière (ici en 1947) sur un territoire et des populations. Elle révèle aussi le travail spécifique de l’État à ses frontières – d’autant plus intense quand il s’agit de revendiquer un nouveau territoire à la fin de la Seconde guerre mondiale, et plus récemment de recommencer à filtrer les mobilités humaines au sein de l’espace Schengen ou de réaffirmer sa présence après la tempête de 2020 – et ses articulations avec l’ensemble des mobilisations politiques dont la Roya a été l’objet au cours de son histoire.
. Texte présenté et traduit du latin par Thomas Tanase, Hayton de Korikos, La Fleur des histoires de la terre d’Orient, Toulouse, Éditions Anacharsis, 2023.
En 1307, le moine et prince arménien Hayton, ou Hétoum, faisait don de La Fleur des histoires au pape Clément V. L’ouvrage appelait la chrétienté occidentale à s’allier avec les Mongols contre les Mamelouks maîtres de la Terre sainte.
L’affaire, fantasmatique, ne fut guère suivie d’effets.
Mais le livre offrait un complément au célèbre Devisement du Monde de Marco Polo et, surtout, constituait la première histoire de l’Asie en Occident. Moment fondateur, il mettait en scène un univers à la fois mystérieux et secoué de convulsions, d’où il émergera une durable fascination pour les contrées étranges et le goût de l’exotisme.
. Sébastien Albertelli, Le colonel Passy. Le maître espion du Général de Gaulle. Paris, Tallandier, septembre 2023.
L’histoire du colonel Passy (1911-1998) est d’abord celle d’une extraordinaire destinée. Le capitaine de 29 ans qui rallie la France libre dès 1940 fait partie de la poignée de volontaires sans lesquels le général de Gaulle n’aurait pu espérer réussir son pari fou : asseoir la France à la table des vainqueurs en 1945.
Sans aucune expérience, le colonel Passy crée le BCRA - les services secrets de la France libre - qui assure la liaison avec la Résistance, organise des réseaux de renseignement et met sur pied une armée secrète. En 1945-1946, il bâtit le SDECE, qui deviendra l’actuelle DGSE en 1982. Sûr de lui, admiré, craint ou détesté, nimbé d’une réputation sulfureuse, il entretient des relations complexes avec nombre d’acteurs de premier plan, à commencer par le général de Gaulle.
Son brillant parcours prend brutalement fin en 1946. Il est alors mis aux arrêts de forteresse sur décision du gouvernement, accusé d’avoir dissimulé des fonds importants à son successeur et de s’être personnellement enrichi. Malgré ses demandes, il ne sera jamais jugé. Cette « affaire Passy » brise sa carrière. Est-il la victime d’une cabale politique ou s’en tire-t-il à bon compte ? Pour la première fois, un historien rouvre le dossier en s’appuyant sur des archives longtemps restées inaccessibles.
. Gilles Ivaldi, Emilia Zankina, The Impacts of the Russian Invasion of Ukraine on Right-Wing Populism in Europe, Bruxelles, European Center for Populism Studies (ECPS), mars 2023.
This report has examined the impact of the Russian invasion of Ukraine on the state of the pan-European populist Radical Right. Such parties are generally considered admirers of Russia and Vladimir Putin’s regime, and ties between the Kremlin and the European populist Radical Right parties have grown stronger over the last decade. Because of such ties, the Russian invasion of Ukraine has presented new challenges for radical right-wing populist parties, putting many of them under strain and forcing them to adapt to the new context produced by the war.
In this report, we have asked how such parties have navigated the new context and the impact it may have had on them. Special attention has been paid to the reactions of right-wing populist parties to this war and the political and electoral consequences of the conflict for such parties. The analysis in this report includes a total of 37 populist Radical Right parties across 12 West European and 10 East European countries, plus Turkey.
. Ketian Zhang, China’s gambit. The calculus of coercion, Cambridge, Cambridge University Press, octobre 2023.
Emerging from an award-winning article in International Security, China’s Gambit examines when, why, and how China attempts to coerce states over perceived threats to its national security. Since 1990, China has used coercion for territorial disputes and issues related to Taiwan and Tibet, yet China is curiously selective in the timing, target, and tools of coercion. This book offers a new and generalizable cost-balancing theory to explain states’ coercion decisions. It demonstrates that China does not coerce frequently and uses military coercion less when it becomes stronger, resorting primarily to non-militarized tools. Leveraging rich empirical evidence, including primary Chinese documents and interviews with Chinese and foreign officials, this book explains how contemporary rising powers translate their power into influence and offers a new framework for explaining states’ coercion decisions in an era of economic interdependence, particularly how contemporary global economic interdependence affects rising powers’ foreign security policies.
. Maxime Brischoux. Géopolitique des mers, Paris, PUF, août 2023.
L’être humain, animal terrestre, a progressivement maîtrisé les mers pour en faire le canal d’échange des marchandises. Les mers sont aussi le théâtre de la rivalité des grandes puissances, en particulier dans l’espace indopacifique. Enfin, elles concentrent les enjeux écologiques au coeur du XXIe siècle, entre surexploitation des pêches et dérèglement des écosystèmes.
Cependant, malgré cette tendance à l’appropriation et à l’exploitation par les êtres humains, les mers demeurent un territoire exceptionnel du point de vue politique, du fait qu’elles n’appartiennent pas aux États. Les mers échappent pour une large part à l’application des concepts de souveraineté et de propriété. En conséquence, le gouvernement des mers pose des questions politiques fondamentales. Si les mers constituent un patrimoine commun de l’humanité, peut-être que cette dernière doit inventer de nouvelles formes de gouvernement pour protéger cette « autre partie du monde ».
. Pierre Blanc, Géopolitique et climat. Paris, Presses de Sciences Po, mai 2023.
En s’appuyant sur des comparaisons mondiales et des exemples historiques, l’ouvrage porte un regard géopolitique sur le climat.
Comment le changement climatique rebat-il les cartes de la puissance ?
En s’appuyant sur des comparaisons mondiales et des exemples historiques, Pierre Blanc porte un regard géopolitique sur le climat. Il analyse les réponses des différents régimes politiques à cette crise inédite, évalue les risques de guerre climatique et la montée des insécurités. Il repère les territoires les plus exposés aux modifications du climat, qu’elles soient favorables ou défavorables. Il examine enfin les nouveaux rapports de pouvoir qui se font jour dans un monde en voie de décarbonation et insiste sur la nécessité pour l’Europe de mettre sa puissance normative au service du climat.
. Sarah Guillou, La souveraineté économique à l’épreuve de la mondialisation, Paris, Dunod, mars 2023.
Trouvant son origine dans l’intensification de l’interdépendance productive entre les nations ainsi que dans l’accroissement du pouvoir économique des firmes multinationales, la souveraineté économique est devenue une préoccupation majeure des gouvernements et des citoyens. Si cette préoccupation est depuis toujours au cœur du positionnement politique vis-à-vis de la mondialisation, elle est désormais un élément central dans le choix des politiques industrielles et de concurrence, clés de voûte de la santé économique des États.
Pourtant, la souveraineté économique est un objectif aussi facile à défendre qu’il est difficile à définir. Cette difficulté vient de la complexité du réseau d’interdépendances entre les économies et les entreprises autant que de l’ambivalence des politiques et des acteurs qui sont censés l’atteindre.
Faisant appel à l’histoire et aux théories économiques, à l’actualité ainsi qu’à l’analyse de toutes les facettes qui constituent l’économie des États, cet ouvrage éclaire et explicite cette complexité et cette ambivalence afin de rendre au concept de souveraineté économique une dimension qui dépasse les seuls patriotisme économique et slogans politiques.
. Damien Carrière, Garder la ville, les territoires de la sécurité privée à Delhi, Montpellier, Presses Universitaires de la Méditerranée, juin 2023.
Les gardes sont présents en grand nombre dans les quartiers des classes dominantes de Delhi, comme dans les centres commerciaux. Ils marquent le territoire qu’ils surveillent comme étant celui des classes moyennes et supérieures. Les gardes sont avant tout des travailleurs pauvres, présents dans les quartiers riches grâce à l’uniforme qu’ils portent et qui les distinguent des autres pauvres, qu’ils tiennent à distance.
Non seulement les lois et règlements qui encadrent la sécurité privée à Delhi sont empreints de contradictions internes, mais ils sont surtout ignorés. Il ne s’agit pas d’un affaiblissement de l’État, mais d’un renforcement de la position des classes moyennes et supérieures dans le contrôle de la ville. Il n’y a pas de privatisation nouvelle d’un service qui aurait été public, mais une gestion via le marché des sociétés de sécurité qui remplace l’emploi individuel de gardes en tant que chowkidars.
L’économie politique de Delhi dépend du travail déqualifié des gardes de plusieurs manières. Le secteur de la sécurité absorbe une partie de la main d’œuvre surnuméraire tout en limitant les frictions entre les classes dominantes et les autres.
. Colin Alexander, The Frontiers of Public Diplomacy. Hegemony, Morality and Power in the International Sphere. Londres, Routledge, mai 2023.
This edited volume provides one of the most formidable critical inquiries into public diplomacy’s relationship with hegemony, morality and power. Wherein, the examination of public diplomacy’s ‘frontiers’ will aid scholars and students alike in their acquiring of greater critical understanding around the values and intentions that are at the crux of this area of statecraft.
For the contributing authors to this edited volume, public diplomacy is not just a political communications term, it is also a moral term within which actors attempt to convey a sense of their own virtuosity and ‘goodness’ to international audiences. The book thereby provides fascinating insight into public diplomacy from the under-researched angle of moral philosophy and ethics, arguing that public diplomacy is one of the primary vehicles through which international actors engage in moral rhetoric to meet their power goals.
The Frontiers of Public Diplomacy is a landmark book for scholars, students and practitioners of the subject. At a practical level, it provides a series of interesting case studies of public diplomacy in peripheral settings. However, at a conceptual level, it challenges the reader to consider more fully the assumptions that they may make about public diplomacy and its role within the international system.
. Ève Chiapello, Anita Engels, Eduardo Gonçalves Gresse (dir), Financializations of Development. Global Games and Local Experiments. Londres, Routledge, avril 2023.
Financializations of Development brings together cutting-edge perspectives on socio-political, socio-historical and institutional analyses of the evolving multiple and intertwined financialization processes of developmental institutions, programs and policies.
In recent years, the development landscape has seen a radical transformation in the partaking actors, which have moved beyond just multilateral or bilateral public development banks and aid agencies. The issue of financing for sustainable development is now at the top of the agenda for multilateral development actors. Increasingly, development institutions aim to include private actors and to lever in private money to support development projects. Drawing on case studies conducted in Africa, Asia, Europe and Latin America, this book examines the ways in which these private finance actors are enrolled and associated with the conception and implementation of development policies. Beginning with a focus on global actors and private foundations, this book considers the ways in which development funding is raised, managed and distributed, as well as debates at the center of global forums where financialized policies and solutions for development are conceived or discussed. The book assembles empirical research on development programs and demonstrates the social consequences of the financializations of development to the people on the ground.
Highlighting the plurality of processes and outcomes of modern-day relations, tools, actors and practices in financing development around the world, this book is key reading for advanced students, researchers and practitioners in all areas of finance, development and sustainability.
. Jerónimo Ríos Sierra, Historia de los procesos de paz en Colombia (1982-2002), Albolote, Comares, juin 2023.
El siguiente libro es resultado de casi una década de trabajo de campo en Colombia y exhibe, como rasgo particular, una muy alta proximidad con los actores más relevantes del conflicto armado más longevo, violento y complejo de todo el continente latinoamericano. A través de una prolija revisión bibliográfica y de documentos y fuentes institucionales, sumado a relatos y testimonios de medio centenar de sus figuras protagónicas -entre dirigentes políticos, altos mandos militares y comandantes de grupos guerrilleros y paramilitares-, se indaga en las diferentes formas de búsqueda de la paz que, desde comienzos de los ochenta y hasta la actualidad, han tenido lugar en el país. De este modo, se problematiza el aspecto de la paz irresoluta colombiana analizando el papel que, como señala el título, han desempeñado las elites partidistas, las Fuerzas Militares y los diferentes grupos armados. Aspectos tales como la debilidad del Estado, la complejidad geográfica, las ingentes fuentes de financiación ilícita o la voluntad política y el firme compromiso por la paz son variables que, desde una perspectiva histórica en continuo dinamismo, son abordadas para explicar los éxitos y fracasos, y las tensiones y contradicciones, de los diferentes procesos de paz acontecidos en Colombia. El resultado es un trabajo que permitirá entender a su lector tanto su virulencia, traducida en más de 450.000 muertes violentas y 9.000.000 de desplazamientos forzados, pero igualmente en la senda de la paz que, desde 2012, y no sin dificultades, viene teniendo lugar con el firme propósito de transformar y superar definitivamente más de medio siglo de confrontación armada.
. Julio Sevares. Choque de gigantes - EE.UU. Vs. China y la reglobalización,Buenos Aires, Corregidor, juin 2023.
El enfrentamiento económico y estratégico entre Estados Unidos y China pone en crisis el entramado de relaciones comerciales, productivas y financieras tejido en las décadas de acelerada globalización. El choque se debe a la colusión entre el vertiginoso ascenso chino y el cambio de política de Estados Unidos, desde una tolerancia interesada en el desarrollo del país asiático, hasta considerarlo como una amenaza existencial a su competitividad y su hegemonía. El cuadro se agravó a partir de la invasión rusa a Ucrania y su secuela de sanciones económicas y la difusión de incertidumbre económica y política. Dada la interrelación e interdependencia económica exacerbadas por la globalización, la crisis provoca daños en todos los países, incluidos los más poderosos, atrapados en una situación de vulnerabilidad mutua asegurada. La agresiva competencia tecnológica entre las potencias pone en peligro a las economías y sociedades que se retrasan en esa carrera.
. Musée historique de Lausanne, Frontières. Le Traité de Lausanne, Lausanne, Antipodes, juillet 2023.
Après la Première Guerre mondiale et l’effondrement de quatre empires, la violence et l’instabilité minent l’Europe. Signé le 24 juillet 1923, le Traité de Lausanne est le seul parmi les accords passés au lendemain du conflit à toujours déployer ses effets. D’une importance considérable pour l’histoire européenne et du Proche-Orient, il consacre la naissance de la Turquie moderne mais passe sous silence les aspirations des minorités.
L’exposition propose au visiteur·teuse de revenir sur les temps forts et les lieux de cette conférence qui dura près de neuf mois. Des institutions lausannoises comme le Beau-Rivage Palace ou l’actuelle Clinique Cecil constituent des points centraux de ce qui se trame cette année-là dans la capitale vaudoise, hôte de nombreuses délégations internationales. L’ambition du projet est de tisser des liens entre les périodes et de donner une place à l’expression artistique contemporaine. C’est pourquoi, à l’invitation du MHL, la plasticienne Mîrkan Deniz s’approprie des espaces de l’exposition pour y déployer des installations. Enfin, l’exposition réserve une place de choix aux questions mémorielles, toujours extrêmement vives. Douze témoignages vidéo de personnes dont l’histoire familiale est impactée de près ou de loin par les effets du Traité de Lausanne sont présentés.
. Centre Thucydide, Annuaire français de relations internationales 2023, Paris, Éditions Panthéon-Assas, juin 2023.
L’AFRI a une vocation généraliste. Il s’intéresse aux relations internationales dans toutes leurs dimensions : politiques, stratégiques, économiques, culturelles, technologiques, etc. Il rassemble dans un esprit pluridisciplinaire les spécialistes, universitaires et chercheurs, diplomates, experts, français ou étrangers.
L’AFRI comprend deux parties. Les Études portent en 2023 sur la guerre en Ukraine et ses questions, la guerre en Iraq et ses leçons (20 ans après), 50 ans de gouvernance mondiale de l’environnement. Les Rubriques régulières comprennent actuellement seize entrées, chacune sous la direction de deux responsables, comportant deux ou trois articles. L’AFRI comprend également une chronologie de l’année écoulée, coordonnée par Manon Laroche et Christophe Richer, et une rubrique recensions, coordonnée par Anne Dulphy, Adrien Schu et Charles-Emmanuel Detry.
. David Diallo, Éric Rouby, Adrien Schu (dir.), Trump ou l’érosion de la démocratie américaine, Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, juin 2023.
La présidence Trump s’est conclue aux États-Unis par une série d’événements inédits : contestation de la légitimité des résultats de l’élection par le président sortant, occupation du Capitole à Washington par une foule de ses soutiens, crainte d’une mobilisation de l’armée pour empêcher la passation du pouvoir, refus de Donald Trump d’assister à la cérémonie d’investiture de son successeur, Joe Biden. Ces faits attestent, si l’on en doutait encore, la mauvaise santé de la démocratie américaine.
La responsabilité de Donald Trump dans l’affaiblissement d’un certain nombre de principes essentiels de la vie démocratique – tel que la transition pacifique du pouvoir – ne saurait être négligée. Néanmoins, il serait erroné de penser que sa présidence signale une rupture : elle s’inscrit au contraire dans la continuité d’une tendance à l’effritement des normes démocratiques aux États-Unis, engagée bien avant son entrée en politique.
Cet ouvrage entend ainsi replacer la présidence Trump dans son contexte plus large : celui d’une fragilisation des acquis démocratiques aux États-Unis, portée entre autres par un parti républicain succombant de plus en plus à des tentations illibérales.
. David Smilde, Verónica Zubillaga, Rebecca Hanson (dir), The Paradox of Violence in Venezuela. Revolution, Crime, and Policing During Chavismo. Thomas, University of Pittsburgh Press, mai 2023.
Crime and violence soared in twenty-first-century Venezuela even as poverty and inequality decreased, contradicting the conventional wisdom that these are the underlying causes of violence. The Paradox of Violence in Venezuela explains the rise of violence under both Hugo Chávez and Nicolás Maduro—leftist presidents who made considerable investment in social programs and political inclusion. Contributors argue that violence arose not from the frustration of inequality, or the needs created by poverty, but rather from the interrelated factors of a particular type of revolutionary governance, extraordinary oil revenues, a reliance on militarized policing, and the persistence of concentrated disadvantage. These factors led to dramatic but unequal economic growth, massive institutional and social change, and dysfunctional criminal justice policies that destabilized illicit markets and social networks, leading to an increase in violent conflict resolution. The Paradox of Violence in Venezuela reorients thinking about violence and its relationship to poverty, inequality, and the state.
. Régis Koetschet, Diplomate dans l’Orient en crise. Jérusalem et Kaboul (édition 2023) suivie de Le diplomate et les anachronismes, Paris, Éditions Hémisphères, juin 2023.
« Dans la tête d’un diplomate », tel aurait pu être le sous- titre de Diplomate dans l’Orient en crise, dont cette nouvelle édition (la première date de 2021) comprend un développement consacré aux récents bouleversements politiques du Moyen-Orient, particulièrement l’accession au pouvoir à Kaboul des talibans, à l’été 2021.
Dans son récit, Régis Kœtschet s’attache à faire toucher du doigt le travail diplomatique, dans sa diversité politique et culturelle, au cœur d’un Orient en crise où il a représenté la France, successivement comme consul général à Jérusalem de 2002 à 2005 puis ambassadeur à Kaboul de 2005 à 2008, avant de rejoindre à Paris la Direction générale de la Mondialisation du Quai d’Orsay.
De Jérusalem à Kaboul, de Gaza à Bâmiyân, de Ramallah à Hérat, l’auteur revendique « une diplomatie par la peau », à la croisée de multiples cheminements : de brillantes civilisations et des spiritualités ardentes dans l’écrin de leurs paysages, au regard d’une histoire qui s’écrit au jour le jour, entre guerre et paix, droit international et faits accomplis, violences et nouvelles technologies.
. Smail Oulebsir, Internet ou les autoroutes de la géopolitique. Paris, Éditions l’Harmattan, juin 2023.
Les travaux menés dans cet ouvrage sont constitués d’unités d’analyse basées sur une approche méthodologique qualitative et interprétative, pour interroger la possibilité d’une « gouvernance internationale de l’internet, multipartite, ouverte à la société civile », et confirmer les perspectives de gouvernances territorialisées du réseau internet. Sous l’effet de ses externalités politiques et économiques, engendrées par la généralisation des usages du web, la régulation de l’internet est devenue un enjeu des relations internationales. Le rôle des États est incontournable pour la gouvernance internationale de l’internet, et il est aussi source de gouvernances territorialisées. Cette gouvernance demeure un terrain de recherche insuffisamment exploré. L’étude de Smail Oulebsir propose une approche holistique de l’architecture de l’écosystème internet et une analyse de différentes couches chronologiques liées à son origine, son organisation et son fonctionnement. Il englobe les différentes dimensions des sphères d’enjeu de l’internet (technologique, économique et politique) où s’exercent des rapports de pouvoir.
. Steffen Mau. La réinvention de la frontière au XXIe siècle. Paris, Éditions de la MSH, mai 2023.
La mondialisation est souvent associée à l’effacement des frontières entre les États et à la liberté de circuler. En étudiant les évolutions récentes des frontières, Steffen Mau montre que loin de disparaître, elles se sont transformées au XXIe siècle en machines à trier.
Avec l’aide de la numérisation et des nouvelles technologies de contrôle, elles se muent en smart borders, chargées de distinguer les voyageurs souhaités de ceux qui sont jugés indésirables. Ainsi, seuls quelques privilégiés bénéficient d’une liberté de circulation mondiale, tandis que pour le reste de la population, les frontières restent fermées.
En s’appuyant sur des exemples précis, le sociologue analyse ici les formes, les fonctions et les symboliques de ces nouvelles frontières. À rebours de l’image répandue d’un monde contemporain entièrement ouvert, il met en évidence la façon dont elles établissent des inégalités face à la mobilité.
Cet ouvrage propose une approche critique, rigoureuse et inédite du rôle des frontières dans le monde d’aujourd’hui. Steffen Mau y déploie sa réflexion dans une langue claire et accessible, et invite les lecteurs à se pencher sur les frontières modernes en remettant en question certains à priori.
. Cécile Rapoport, Hervé Alan (dir.), L’Union européenne et l’extraterritorialité. Acteurs, fonctions, réactions, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, juin 2023.
Phénomène classique du droit et des relations internationales, l’extraterritorialité a incontestablement gagné en importance ces dernières années. Afin de répondre à des problématiques transnationales (environnement, numérique, questions migratoires…), et dans un contexte d’affaiblissement de l’ordre juridique international, les États n’hésitent plus à recourir à des instruments juridiques unilatéraux dont la portée dépasse le cadre de leurs frontières traditionnelles.
Cet ouvrage questionne la spécificité du rapport de l’Union européenne à l’extraterritorialité. Il analyse la diversité des expressions de l’extraterritorialité dans le droit de l’Union, sa profondeur historique et son actualité. Il révèle ainsi l’ambivalence que cet acteur original entretient avec ce phénomène.
Dans une société globalisée où la capacité à écrire et imposer ses règles par-delà les frontières traditionnelles participe à une logique de puissance, le droit de l’Union européenne s’avère, tantôt un vecteur d’extraterritorialité, tantôt un rempart contre celle-ci.
. Ariel González Levaggi, Great Power Competition in the Southern Oceans. From the Indo-Pacific to the South Atlantic, Cham, Palgrave Macmillan, août 2023.
Great power competition is the watermark of the current global scenario. In this regard, the maritime and naval dimension have a particular relevance on the struggle for regional and global hegemony. This book has the potential to engage with multiple audiences, since develops an analytic approach to understand naval great power competition in the maritime spaces of the Global South. It is set within a neoclassical realism approach, while engaging literature from international relations, international security, and studies on the Indo-Pacific and the South Atlantic security dynamics. The book offers a unique conceptual framework to understand how great powers select their maritime strategies, presents a series of regional and global maritime strategies by the United States, China, Russia and India, while assess their impact in the Southern Oceans, focusing in the Indo-Pacific realm and the South Atlantic.
. Fabio Cristiano, Dennis Broeders, François Delerue, Frédérick Douzet, Aude Géry (dir), Artificial Intelligence and International Conflict in Cyberspace. Londres, Routledge, mai 2023.
This edited volume explores how artificial intelligence (AI) is transforming international conflict in cyberspace.
Over the past three decades, cyberspace developed into a crucial frontier and issue of international conflict. However, scholarly work on the relationship between AI and conflict in cyberspace has been produced along somewhat rigid disciplinary boundaries and an even more rigid sociotechnical divide – wherein technical and social scholarship are seldomly brought into a conversation. This is the first volume to address these themes through a comprehensive and cross-disciplinary approach. With the intent of exploring the question ‘what is at stake with the use of automation in international conflict in cyberspace through AI ?’, the chapters in the volume focus on three broad themes, namely : (1) technical and operational, (2) strategic and geopolitical and (3) normative and legal. These also constitute the three parts in which the chapters of this volume are organised, although these thematic sections should not be considered as an analytical or a disciplinary demarcation.
. Le Rubicon, Les défis sécuritaires en Afrique, Paris, Éditions Équateurs, juillet 2023.
L’Afrique est bien "entrée dans l’Histoire" mais sans nous ! Pendant des décennies, elle a été considérée comme une région éloignée et passive. Désormais, elle concentre tous les regards et toutes les ambitions. Elle constitue la plus grande réserve de ressources naturelles et, dans trente ans, elle abritera un quart de la population mondiale. Reflet d’un univers fracturé, le continent concentre aujourd’hui nombre des enjeux politiques et stratégiques qu’affronte la "communauté internationale dans son ensemble" : compétition entre grandes puissances, mercenariat, fragilité des transitions démocratiques, relativité de la paix. À partir d’exemples récents et particulièrement brûlants, ce volume déconstruit certains discours convenus et saisit les transformations en cours, en faisant la part belle aux enjeux stratégiques et aux terrains les plus sensibles (Sahel, Mali, Tchad, Éthiopie). Notre avenir immédiat se joue aussi en Afrique.
. Mahjoob Zweiri, Arab-Iranian relations countries since the Arab uprisings. Londres, Routledge, septembre 2023.
Unlike most writing on Arab-Iran relations, which looks at specific episodes and specific countries, this book, taking a long-term view, assesses the overall dynamics of the relationship, discussing in particular how far religion or politics drives the relationship. It argues that although Iran asserts that religion is a key factor underpinning a coherent approach to international relations, in fact what turns out to be the key factor is the politics of particular circumstances and Iran’s specific interests. The book considers Iran’s differing reactions to the Arab uprisings of 2011 onwards, showing that while Iran supported the uprisings in some countries it sided with repressive governments in other countries. The book also examines Iran’s reaction to its own outbreak of popular discontent in 2009 which was controlled by what has been considered as severe repression and explores how Iran is viewed by ordinary people in different Arab countries.
. Mariana Llanos, Leiv Marsteintredet (dir.). Latin America in Times of Turbulence , Londres, Routledge, juin 2023.
This book accounts for and analyses the latest developments in Latin American presidential democracies, with a special focus on political institutions.
The stellar line-up of renowned scholars of Latin American politics and institutions from Latin America, Europe, and the United States offer new insights into how democratic institutions have operated within the critical context that marked the political and social life of the region in the last few years : the eruption of popular protest and discontent, the widespread distrust of political institutions, and, of course, the COVID-19 pandemic. Combining different methodological approaches, including cross-national studies, small-N studies, case studies, and quantitative and qualitative data, the contributions cluster around three themes : the problem with fixed terms and other features of presidentialism, inter-institutional relations and executive accountability, and old and new threats to democracy in these times of turmoil. The volume concludes with an assessment of the political consequences of the COVID-19 pandemic in Latin America.
. Général Lucien Poirier, Éléments de stratégique, Paris, Éditions Economica, mai 2023. Voir la présentation de François Géré sur Diploweb
À l’heure de l’intelligence artificielle et de la guerre cognitive, cet ouvrage d’épistémologie stratégique introduit le lecteur à la compréhension des mécanismes fondamentaux de l’intelligence naturelle dont tout procède.
Terminée en 2010, aboutissement d’un demi-siècle d’études théoriques sur la pensée et la pratique de la violence armée organisée depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, cette somme encyclopédique, unique en son genre, vaudra à son auteur d’être reconnu comme le Clausewitz français. Théoricien rigoureux, logicien implacable, écrivain exigeant, le général Poirier démontre que la stratégie est la politique en acte, tout comme, selon la formule célèbre du stratégiste prussien, la guerre est la continuation de la politique.
Ainsi la stratégie, domaine de la raison et du calcul, s’impose-t-elle, en tension permanente, contre la guerre, domaine des passions, de la chance et du hasard.
. Bayram Balci, Nicolas Monceau, Turkey, a century of change in state and society, Cham, Palgrave Macmillan, juin 2023.
The Republic of Turkey celebrates the centenary of its proclamation in 2023. This collective work aims to take stock of the great achievements of the Turkish republican project. It attempts to draw a general presentation of the evolution of contemporary Turkey in six main areas which constitute six major issues for the country : the general political evolution of Turkey focusing on the issue of citizenship ; the transformations in the Turkish economy through a political economy analysis ; the evolution of the relationship between religion, state and society ; Turkey’s nation-building and the Kurdish question, which still seeks a solution ; the changes in Turkish foreign policy focusing on the relationship between Turkey and the West ; the relationship between Turkey and Europe, caught between the model of civilization for the republican regime and the prospects of accession to the European Union. Several “focus points” also concentrate on specific subjects such as the Alevi issue, the Cyprus issue or the Turkish soft power with an accent on Africa.
. Emmanuelle Perez Tisserant, Nuestra California. Une histoire politique de la Californie mexicaine. De Zorro à la ruée vers l’or, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, juin 2023.
De 1821 à 1848, la Haute-Californie fut un territoire du Mexique nouvellement indépendant avant d’être annexée par les États-Unis à la suite d’une guerre entre les deux pays. La période est certes brève, et souvent considérée comme un échec ou un simple prélude au « rêve californien » étatsunien. Elle tombe dans un angle mort des deux histoires nationales. Mais ce qui se passe en Haute-Californie permet de penser plus avant ce moment clé de réinvention des imaginaires et des pratiques politiques suite aux révolutions et indépendances du tournant du XVIIIe et du XIXe siècles : issu d’une colonisation récente (1769), ce territoire croise en effet des logiques impériales, coloniales, fédérales et nationales, dans un contexte de rivalités sur le continent nord-américain comme dans le Pacifique. On y lit un processus de politisation spécifique dans cette situation coloniale fait d’adaptation et d’invention et pas seulement de réception des idées et pratiques nouvelles.
Ce livre s’appuie sur des sources en espagnol et dans une moindre mesure en anglais, localisées dans des fonds en Californie et à Mexico. Il s’inscrit au croisement de l’historiographie mexicaine et étatsunienne, en particulier celle des Borderlands (zone frontière États-Unis Mexique et ses populations amérindiennes, hispanophones, francophones et anglophones) et de l’histoire sociale du politique.
. Françoise Daucé, Benjamin Loveluck et Francesca Musiani (dir), Genèse d’un autoritarisme numérique. Répression et résistance sur Internet en Russie, 2012-2022. Paris, Presse des Mines, avril 2023.
Dans le sillage de la fin de l’URSS, l’Internet russe s’est d’abord développé librement, laissant l’initiative à de nombreux acteurs inventant des outils numériques ajustés à leurs usages. Cependant, depuis le début des années 2010, le tournant autoritaire au sommet de l’État russe a entraîné le déploiement d’un maillage d’emprises et de contraintes qui s’est resserré tant sur les acteurs que sur les infrastructures numériques du pays.
Alors que le réseau a longtemps porté les espoirs de démocratisation de la sphère publique russe, son encadrement s’est constitué progressivement, au fil de controverses et d’épreuves. Malgré les critiques et les contournements militants et citoyens, l’oppression numérique a participé de la souverainisation politique et de la dynamique belliciste dont le moment culminant a été l’invasion de l’Ukraine en février 2022.
Le livre, nourri par les enquêtes de terrain réalisées dans le cadre du projet ANR ResisTIC, dessine un panorama de la gouvernance coercitive et des usages numériques émancipateurs en Russie, de la paix à la guerre. Il met l’accent sur les multiples acteurs et objets numériques au cœur des controverses politiques et des tensions d’usage dans l’espace numérique russe dans les années 2010. Il montre les processus de construction de l’oppression numérique, au fil des critiques, conflits et contournements qui mettent aux prises tant les acteurs publics que privés, tant les partisans de l’ordre du net que les défenseurs de ses libertés. Au prisme du cas russe, ce sont les reconfigurations numériques contemporaines, de la surveillance à la souveraineté, que ce livre interroge.
. Guerric Poncet, La Mort fantôme, l’assassinat ciblé comme arme de guerre, Paris, Éditions du Rocher, mai 2023.
Depuis que la guerre existe, les assassinats ciblés en font partie. L’objectif ? Supprimer un personnage jugé stratégique chez l’ennemi. De l’espion isolé aux commandos lourdement armés, de la fiole de poison au missile de croisière, tous les moyens sont bons. Les Américains tirent à vue. Les Israéliens s’infiltrent des années dans un réseau avant de frapper sa tête. Les Russes, eux, sont adeptes des substances radioactives qui tuent lentement mais sûrement.
À l’aube du XXIe siècle, la donne a été bouleversée : les drones dotés d’intelligence artificielle sont devenus opérationnels. Utilisés dans des conflits militaires conventionnels, notamment par l’Ukraine face à l’invasion russe début 2022, ils sont aussi d’une extrême efficacité dans l’art de tuer avec précision.
Tout en nous plongeant dans l’Histoire au long cours, de l’assassinat du roi d’Aragon à celui d’Oussama Ben Laden, La Mort fantôme fait également un inventaire de ces armes d’un genre nouveau, qui préfigurent les guerres hybrides de demain, en esquissant cinq scénarios d’éliminations ciblées dans le futur.
. Jean-Baptiste Guégan, Alexandre Buzenet, Mourad El Bouanani. Qatar, dominer par le sport. Géopolitique d’une ambition. Paris, Bréal, juin 2023.
L’objectif de cet essai est de montrer, qu’au-delà de la Coupe du monde de football, le Qatar se sert du sport pour asseoir ses ambitions géopolitiques.
Après une présentation rapide du Qatar, l’ambition de cet essai est d’analyser ce qu’est l’Émirat aujourd’hui, ce qu’il espère faire et ce qu’il représente dans les relations internationales contemporaines et les conflictualités qui le traversent. Face aux ambitions géopolitiques qatariennes grandissantes, les auteurs, spécialistes du sport et des EAU, démontrent comment le sport et en particulier le foot, est devenu un enjeu stratégique majeur.
. Jorge A. Schiavon, Rafael Fernández de Castro (dir.), The International Relations of California and Texas with Mexico and the World. Cali-Tex-Mex. Londres, Routledge, mai 2023.
This book analyzes the international relations of Mexico and the two most important sub-state governments of the United States, California and Texas. It explains why and how these two states conduct their international relations (IR) with Mexico and the world, and how national authorities and local governments coordinate in the definition and implementation of their international policies. Expert contributors from across the Americas offer a historical and current analysis, exploring which areas of cooperation—trade, investment, border cooperation, energy, migration—matter most. They also consider the institutional and legal bases of Mexican and U.S. states’ international relations, the changing nature of the U.S. federal system, the impact on international partners, the role of Latinos and the future of paradiplomacy in the region. The book will be of interest to scholars and students of International Relations, comparative politics, diplomacy, foreign policy, governance, and federalism, as well as business people, social leaders, and practitioners of diplomacy and paradiplomacy around the world.
. Benjamin Douteau, Anatomie du courage. Le courage dans les forces armées, Paris, Éditions de l’École de guerre, février 2023.
« Avoir du courage est une chose, ne pas le perdre en est une autre. »
À l’heure du retour au combat de haute intensité, cette assertion de Vladimir Jankélévitch doit être au cœur de nos préoccupations : où en sommes-nous réellement du courage ?
La technologie vide le champ de bataille et ouvre la voie aux domaines de lutte sans homme. Ainsi tenue à distance, notre génération, fille de la Fin de l’Histoire, pourrait être tentée de faire passer la force morale au second plan. Pourtant, la France ne cesse d’être au combat et le durcissement du monde dont nous sommes témoins nous fait percevoir très nettement le fracas des armes…
Dans cette situation paradoxale et incertaine, entrevoir ce que doit être le courage demain est une gageure.
C’est pourtant l’ambition que se fixent ces lignes en tentant d’en comprendre les mécanismes par la philosophie, l’histoire, la littérature, les témoignages… autant de matériaux nobles pour un plaidoyer nécessaire.
. Fanny Badache, Leah R. Kimber, Lucile Maertens (eds.), International Organizations and Research Methods, Ann Arbor, University of Michigan Press, juin 2023.
Scholars have studied international organizations (IOs) in many disciplines, thus generating important theoretical developments. Yet a proper assessment and a broad discussion of the methods used to research these organizations are lacking. Which methods are being used to study IOs and in what ways ? Do we need a specific methodology applied to the case of IOs ? What are the concrete methodological challenges when doing research on IOs ? International Organizations and Research Methods : An Introduction compiles an inventory of the methods developed in the study of IOs under the five headings of Observing, Interviewing, Documenting, Measuring, and Combining. It does not reconcile diverging views on the purpose and meaning of IO scholarship, but creates a space for scholars and students embedded in different academic traditions to reflect on methodological choices and the way they impact knowledge production on IOs.
. Julie Ferrero, Kiara Neri (dir.), Les juges européens à la croisée des défis découlant de la problématique migratoire. Limal, Anthemis, janvier 2023.
Les vagues successives de migrations vers l’Europe ont, au-delà des passions qu’elles suscitent, généré de nombreux défis pour le droit. La problématique migratoire se situe au carrefour d’enjeux majeurs et parfois contradictoires renvoyant dos à dos le respect dû à la souveraineté de l’État et la nécessité de protéger les droits humains. Protection des frontières étatiques, règles relatives à l’attribution de la nationalité ou encore invocation de l’intégrité territoriale vont se heurter à l’exigence de respect des engagements internationaux et aux garanties accordées à la personne humaine par le droit de la mer, le droit des réfugiés ou le droit international des droits de l’homme.
Face à de tels enjeux, les juges se trouvent propulsés à la croisée des défis évoqués.
Le présent ouvrage a pour objectif de mettre en lumière les modalités d’exercice de l’office des juges européens lato sensu en matière migratoire pour comprendre comment, dans cet enchevêtrement de textes, de contraintes et parfois de contradictions, le juge détermine, organise et articule le droit applicable, voire construit des politiques jurisprudentielles qui complètent ou concurrencent les politiques nationales et/ou européennes. L’ouvrage s’articule autour de trois thématiques essentielles : la compétence des juges européens (partie 1), leurs méthodes (partie 2) et leur jurisprudence (partie 3).
. Manzoor Hasan, Syed Mansoob Murshed, Priya Pillai. The Rohingya Crisis. Humanitarian and Legal Approaches. Cham, Routledge, mai 2023.
This edited volume addresses the broader aspects of the political and social landscape, human rights violations, accountability and advocacy efforts, and humanitarian challenges faced by the Rohingya from Myanmar.
The work brings together different voices of legal, policy, and international affairs experts to construct a framework which addresses the complex and nuanced issues comprising the Rohingya crisis. Although there is recognition that international legal mechanisms are moving forward more quickly than anticipated, these processes do not constitute standalone sustainable solutions. Myanmar’s myriad political, social cohesion, development and security challenges are likely to persist even as justice and accountability processes move forward. Thus, this book project is premised on the consensus that the international community should complement international justice mechanisms by looking toward creative and multi-faceted approaches in addition to justice and accountability.
This timely contribution will be of interest to academics, researchers, development practitioners, and human rights organizations.
. Teva Meyer, Géopolitique du nucléaire. Pouvoir et puissance d’une industrie duale, Paris, Éditions Le Cavalier Bleu, février 2023.
Le nucléaire, avec ses images choc liées à la bombe, est géopolitique par essence. Mais, jusqu’à récemment, le périmètre se limitait au nucléaire militaire, aux risques de sa prolifération et à son contrôle. Or, on découvre depuis peu la portée géopolitique du nucléaire civil et surtout, son étroite imbrication avec le militaire.
De la sécurisation des ressources à la diplomatie des centrales, chaque étape du système nucléaire a ses jeux d’acteurs propres et s’appuie sur des territoires précis qui sont autant de lieux de pouvoir que l’on cherche à contrôler politiquement, économiquement et militairement.
Dans une approche originale, mêlant civil et militaire, Teva Meyer montre l’importance croissante du nucléaire dans les relations internationales.
. Will Freeman. Ending Impunity : The Prosecution of Grand Corruption in Latin America, Princeton, Princeton University, mars 2023.
Under what conditions do democracies end impunity for grand corruption ? Existing research argues anti-corruption efforts succeed or fail due to a single set of causal factors at one moment in time. My dissertation challenges this assumption. Criminal law reform and turnover in prosecutorial leadership can create opportunities for prosecutors to launch investigations into grand corruption. However, to sustain anti-corruption efforts, prosecutors must keep their opponents divided and preempt the formation of a backlash coalition. I seek to establish the internal validity of my argument through a controlled comparison of Peru and Guatemala : two countries with long histories of impunity for corruption. Beginning in 2015, however, both countries’ prosecutors made rapid advances investigating and dismantling corruption networks involving presidents, congress, and the private sector. Relying on over 120 interviews and fieldwork in both countries, I show that reforms achieved in the context of two earlier windows of opportunity created conditions for these investigations : first, crime surges in the 2000s-early 2010s created electoral incentives for lawmakers to modernize criminal codes and update prosecutors’ investigative toolkits ; second, judicial corruption scandals occasioned turnover inside the prosecutor’s office to attorneys general who developed skilled investigative teams. I then show that two factors combined to keep opponents of anti-corruption divided in Peru while in Guatemala they united : 1) inter-branch crises and 2) prosecutors’ strategic use of leniency and timing. In Peru, conflict between the executive branch and opposition-controlled congress escalated into crisis, with each branch struggling to disband the other. This imminent threat to political survival created incentives for presidents and congress to prioritize attacking one another over prosecutors. Peruvian prosecutors applied leniency to business leaders accused of corruption and refrained from investigating incumbent presidents until late in their terms, dissuading and delaying resistance from these two sets of actors, respectively. In Guatemala no inter-branch crisis occurred, making it easier for the president and congress to join forces. Guatemalan prosecutors and their advisors from the International Commission against Impunity in Guatemala (CICIG) did not strategically apply leniency or timing, inciting the opposition of the president and private sector.
. Judith Nora Hardt, Cameron Harrington, Franziskus von Lucke, Adrien Estève, Nicholas P. Simpson (eds.), Climate Security in the Anthropocene. Exploring the Approaches of United Nations Security Council Member-States, Cham, Springer, mai 2023.
The speed and scale of climate change presents unique and potentially monumental security implications for individuals, future generations, international institutions and states. Long-dominant security paradigms and policies may no longer be appropriate for dealing with these new security risks of the Anthropocene. In response to this phenomenon, this book investigates how states have reacted to these new challenges and how their different understandings of the climate-security nexus might shape global actions on climate change. It focuses on the perceptions, framings, and policies of climate security by members of the United Nations Security Council (UNSC), the world’s highest ranking multilateral security forum.
Empirically, the book presents detailed, bottom-up case studies from local authors of every UNSC member state in 2020. It combines this with an innovative theoretical approach spanning national, human and ecological security that helps to capture the complex dynamics of state-led approaches to dealing with security in the Anthropocene. This book therefore offers readers a compelling picture of climate-security politics in the UNSC, beyond Council debates and resolutions. By comparing and contrasting how different framings of climate security impact various policy sectors of members states, the authors are able to assess the barriers and opportunities for addressing climate security locally and globally.
. Le Grand Continent, Fractures de la guerre étendue : de l’Ukraine au métavers. Paris, Éditions Gallimard, mai 2023.
Que se passe-t-il au coeur de l’interrègne ? Dans l’explosion des rivalités géopolitiques, la guerre est là. Du Donbass au métavers, des fronts se sont ouverts. L’invasion de l’Ukraine par la Russie nous a sidérés, mais comprendre cet affrontement crucial ne suffit pas. Comment, dès lors, organiser le continent ? Notre ère est en effet traversée par un phénomène occulte et structurant que nous proposons d’appeler la guerre étendue. De la technocratie aux nouvelles technologies, ses ramifications sont devenues planétaires : un monde irrigué d’infrastructures qui recèlent un empire de données et articulent un nouvel ordre dont on ne peut déterminer encore la forme. Le champ de bataille de la guerre hors limites a évolué. Le sol européen est-il en train de changer sous nos pieds ? La question de la postface signée Bruno Latour indique un cap pour ce volume où treize contributions stimulantes renouvellent nos catégories d’analyse.
. Michel Goya, Jean Lopez. L’ours et le renard. Histoire immédiate de la guerre en Ukraine, Paris, Perrin, mai 2023.
Depuis février 2022, chacun d’entre nous est bombardé d’informations sur la guerre en Ukraine. Des informations hachées, parcellaires, souvent contradictoires, dans lesquelles on ne sait comment démêler le vrai du faux. Depuis son début, Michel Goya et Jean Lopez se concentrent sur ce conflit, le premier en tant que chroniqueur militaire pour une chaîne d’information continue, le second comme spécialiste de l’histoire militaire russe et soviétique. Tous deux ont décidé d’entamer un dialogue de plusieurs mois, en échangeant informations et analyses. L’ours et le renard est le résultat de ce long et passionnant échange au jour le jour. Précédés d’une indispensable introduction sur l’histoire longue de la relation russo-ukrainienne, cinq chapitres nous font pénétrer au cœur des combats, relevant les surprises (et elles n’ont pas manqué !), les forces les faiblesses, les bévues, les révélations et les nouveautés apportées par ce conflit qui a déjà fait plus de 350 000 victimes et mis le monde, et singulièrement l’Europe, sens dessus dessous. C’est littéralement les clés d’une Histoire qui se fait sous nos yeux que livrent Michel Goya et Jean Lopez, forts de leurs expériences complémentaires. Cet ouvrage est indispensable non seulement aux amateurs d’histoire militaire mais à tout citoyen désireux de comprendre l’énorme embrasement qui se produit à l’est et dont chacun craint que des flammèches viennent jusqu’à nous.
. Samuel B.H. Faure, Christian Lequesne, The Elgar Companion to the European Union, Northampton, Edwar Elgar Publishing, mai 2023.
Constituting a major contribution to literature on the European Union, this comprehensive Companion analyses the structure and value of the EU, capturing the normality of its politics alongside crises and political breakdown.
Examining the EU through the lenses of political science, history, law, sociology and international political economy, the Companion provides a holistic outline of the methodological controversies and core theoretical approaches in European studies. Taking a closer look into the governance of and regulation within the EU, chapters consider its range of actors and decision-making processes before exploring the regulation and redistributive policies of the internal market. Forward-thinking, the Companion concludes with a discussion of the EU’s strategies in responding to issues of increasingly global significance, including climate change, migration and war. Reflecting on the evolution of politics beyond the nation-state, it predicts a shift in the EU’s raison d’être from inward narratives of internal prosperity to outward narratives of increasingly competitive international power.
International and interdisciplinary in scope, the contributions will be invaluable to students and scholars of international and EU politics, policy and relations. Tracing the potential future directions of the EU, it will also be a vital resource to policymakers working in EU regulation and governance.
. Souleymane Doumbia. Le Sahel, de l’indépendantisme au terrorisme islamiste. Paris, L’Harmattan, mai 2023.
Ce livre a pour objectif de comprendre la guerre contre le terrorisme dans le Sahel. Il montre comment une connexion a pu s’établir entre les indépendantistes touareg et les organisations terroristes. D’un point de vue historique, un tel sujet amène l’auteur à analyser la légitimité des arrangements entre les communautés et les interactions entre les peuples du Nord et du Sud dans les États du Sahel. L’auteur propose un nouveau type de partenariat économique basé sur la gestion des relations entre les pays riverains du Sahara qui permettrait de faire les compromis nécessaires entre les intérêts des parties, sans déroger à leurs engagements internationaux. À défaut d’’une telle solution, il décrit une fiction catastrophe non pas pour le Sahel seulement, mais pour toute l’Afrique et même l’Europe.
. Raoul Delcorde, Manuel de la négociation diplomatique internationale, éd. Bruylant, 2023.
Dans un monde en mutation et troublé, la négociation diplomatique est un facteur de stabilité. Elle est le métier de base du diplomate. S’il est vrai qu’elle est fondée sur des principes hérités du droit, elle est aussi un art fait d’observation, de déduction, de synthèse, dans lequel l’expérience personnelle joue un rôle important. C’est la négociation internationale qui a permis, depuis des siècles, que les nations entretiennent des relations pacifiques.
Il est utile d’expliquer ce qu’est la négociation, comment elle se prépare, contourne les obstacles, et trace son chemin jusqu’au compromis final.
Cet ouvrage, qui mêle l’analyse à des exemples tirés de la pratique diplomatique, intéressera aussi bien les futurs diplomates que celles et ceux qui veulent comprendre les rouages de la négociation diplomatique, dont on sait combien elle est devenue nécessaire pour résoudre pacifiquement les conflits qui déchirent notre monde. Plus que jamais il convient de former des négociateurs. Ce livre est une invitation à découvrir ce beau métier, si indispensable.
Ce livre est préfacé par Jean De Ruyt ancien ambassadeur de Belgique à l’ONU, à l’OTAN et à l’UE. Il écrit ceci : "Après avoir lu cet ouvrage, on ne peut que méditer la première phrase de l’introduction : "maintenant, on se parle". Quand entendra-t-on enfin ces mots magiques à Moscou et à Kiev ? A ce moment, le monde entier aura les yeux fixés sur le processus enclenché ; de nombreux acteurs, étatiques et autres, seront concernés - et il leur sera bien utile de s’inspirer de ce manuel".
. Barthelemy Desprairies, Les drones aériens dans la guerre russo-ukrainienne. Missions, limites et enseignements (février-juillet 2022), Paris, L’Harmattan, avril 2023.
Cet ouvrage analyse l’utilisation des drones aériens dans la guerre entre l’Ukraine et la Russie, sur la période comprise entre février et juillet 2022, et se base sur des informations collectées pendant six mois, du début de l’invasion russe (février 2022) à août 2022 puis actualisées jusqu’à février 2023. Il propose des éléments de réponse à des questions que nous nous posons : à quoi servent les drones aériens dans la guerre en Ukraine ? Ces drones sont-ils invulnérables ? Représentent-ils une sorte d’arme magique sur le champ de bataille ? Qui des Russes ou des Ukrainiens utilise le mieux ses drones ? Pourquoi ? La possession de drones permet-elle à un pays plus faible militairement de compenser son désavantage par rapport à un pays plus avancé ? Une étude d’une grande actualité sur une question stratégique fondamentale.
. Olivier Forcade (dir.), La France et l’OTAN depuis 1989. Paris, Sorbonne Université Presses, mai 2023.
Plus vieille alliée des États-Unis depuis la guerre d’indépendance américaine au XVIIIe siècle, la France n’a cessé d’interroger l’avenir de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), bien qu’ayant quitté son commandement intégré en 1966. Depuis la fin de la guerre froide, l’enjeu de la sécurité en Europe irrigue le dialogue stratégique et diplomatique sur le futur de l’Alliance atlantique entre les Européens et les Américains, non sans divergences.
À l’heure du conflit russo-ukrainien initié en 2014, ouvert depuis 2022, la défense de l’Europe se fait dans l’OTAN. Pendant que ses voisins plébiscitent majoritairement la dynamique atlantique, la France a fait de l’européanisation de celle-ci l’un des fils conducteurs de sa politique étrangère depuis 1991. En Bosnie-Herzégovine de 1995 à 2004, au Kosovo en 1999, en Afghanistan de 2001 à 2014 notamment, la France a pourtant pris part à des missions de l’OTAN, jusqu’à son retour dans le commandement intégré en 2009.
L’étude des années 1989-2022 permet d’éclairer les étapes et les interrogations de la voie française dans l’Alliance atlantique, dont débattent ici des diplomates, des militaires, des historiens et des juristes.
. Pôle d’excellence cyber, Lutte contre les manipulations de l’information. Regards crousés de spécialistes et d’acteurs du domaine, Rennes, mai 2023.
Réseaux sociaux, fake news, deep fakes… les fausses nouvelles et les tentatives de désinformation prolifèrent, année après année. Le phénomène est tel, qu’aujourd’hui, ces opérations menacent très sérieusement nos sociétés démocratiques.
Face à ce constat, il est indispensable de chercher à y voir plus clair et de contribuer à un plan d’action ambitieux national et européen. C’est l’objectif que s’est fixé le Pôle d’excellence cyber (PEC), qui a animé un groupe de travail « Lutte contre les manipulations de l’information », dans lequel ses membres ont pu se concerter, partager leurs visions de la situation et rédiger collectivement un ouvrage.
Ce sont au total une trentaine de contributeurs qui ont, durant six mois, fait face à la complexité et aux enjeux que représente le sujet des manipulations de l’information, et c’est au travers de différents prismes, tel que le contexte de défense et géopolitique, les aspects opérationnels et techniques ainsi que l’environnement juridique, qu’ils vous proposent un livre blanc interdisciplinaire.
La préface est signée par Jean-Yves le Drian, ancien ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, et de la Défense.
Coordonné par Jean-Luc Gibernon, vice-président développement industriel du Pôle, cet ouvrage invite à une prise de conscience et la bonne compréhension des mécanismes de la désinformation, mais propose également des pistes pour lancer des actions concrètes et construire ainsi une réponse aux enjeux de la lutte.
Le Pôle d’excellence cyber estime qu’il est essentiel de lancer immédiatement ces actions, de façon à se donner les capacités de mener cette lutte contre les manipulations de l’information. Il est important de garder en objectif une perspective européenne, parce que c’est à cette échelle que les actions seront réellement efficaces.
La France peut devenir le moteur d’une dynamique européenne. La lutte sera de longue haleine, il est donc important de la démarrer rapidement.
. Sten Hagberg, Ludovic O. Kibora, Sidi Barry, Yacouba Cissao, Siaka Gnessi, Amado Kaboré, Bintou Koné, Mariatou Zongo. Security from below in Burkina Faso. Citizen perceptions and perspectives, Uppsala, Uppsala University, mai 2023.
This joint anthropological study is about security and safety challenges seen and experienced from below, notably the perceptions and perspectives of Burkinabe citizens. Eight researchers document and make a qualitative analysis of security at the local level, in 13 municipalities across the country. Two points of departure guided this work : firstly, the importance of integrating citizens’ perceptions of security and insecurity in a global analysis of security and safety challenges ; and secondly, the security from below approach conceives of military and police security as one perspective among several others.
The study forms part of a series of anthropological team research publications that seek to describe, analyse and put into perspective how daily realities are “seen and lived” by local actors and the general public, or simply “ordinary citizens”, as well as relevant social and political actors on the local level. A large part of this English version is a translation of the French version published in 2019, with some important exceptions : the concluding chapter integrates the more recent developments in terms of insecurity and political turbulence of Burkina Faso ; and an epilogue co-authored by Sten Hagberg and Ludovic Kibora sheds further light on security from below in 2023.
. Šumit Ganguly, Manjeet S. Pardesi, William R. Thompson (dirs.), The Sino-Indian Rivalry. Implications for Global Order, Cambridge, Cambridge University Press, juin 2023.
Drawing on a wide body of literature on international rivalries, this comprehensive and theoretically grounded work explains the origins and evolution of the Sino-Indian rivalry. Contrary to popular belief, the authors argue that the Sino-Indian rivalry started almost immediately after the emergence of the two countries in the global arena. They demonstrate how the rivalry has systemic implications for both Asia and the global order, intertwining the positional and spatial dimensions that lie at the heart of the Sino-Indian relationship. Showing how this rivalry has evolved from the late 1940s to the present day, the essays in this collection underscore its significance for global politics and highlight how the asymmetries between India and China have the potential to escalate conflict in the future.
. Yves Schemeil, The Making of the World. How International Organizations Shape Our Future, Leverkusen, Verlag Barbara Budrich, avril 2023.
International Organizations (IOs) were designed to provide global public goods, among which security for all, trade for the richest, and development for the poorest. Their very existence is now a promise of success for the cooperative turn in international relations. Although the IO network was once created by established powers, rising states can hardly resist the massive production of norms that their governments can be reluctant to respect without being able to discard them. IOs are omnipresent, and exert great influence on the world as we know it. However, rulers and ruled are hardly aware of such compelling and snowballing processes. Yves Schemeil uses his in-depth knowledge of IOs to analyze their current impact on international relations, on world politics, and their potential of shaping the global future.
This book fills the gap between actual influence and extant knowledge of IOs ; it also assesses the likeliness of an even more intertwined world, in which IOs’ network cannot be disentangled – at least, not as easily as assessed by authoritarian leaders and authoritative authors. The book is based on a sound knowledge of dozens of organizations directly or indirectly observed, either personally or through teams of students in several countries, which made it possible for the author to select the hardest cases to test his hypotheses, and assess the option that we may ever have a world government.
. Ira Lymperopoulou, L’européanisation du secteur de l’énergie dans le contexte de crise de la dette, Paris, L’Harmattan, avril 2023.
Un nouveau market design a été conçu pour le marché énergétique grec durant la crise économique qui a touché le pays. La Grèce a signé avec la Troïka des memoranda d’accord conditionnant l’octroi de prêts d’argent à la mise en œuvre de réformes majeures de son secteur énergétique. Il en est résulté, d’une part, une restructuration du marché énergétique grec à travers la mise en œuvre de divers instruments afin d’y consolider la concurrence (volume I) et, d’autre part, une métamorphose du rôle de l’État grec sur ce marché (volume II). La présente étude analyse dans quelle mesure les réformes ainsi adoptées, en application des memoranda et des règles européennes, ont permis la transition d’un marché fortement concentré, à un marché concurrentiel européanisé, faisant partie intégrante du marché intérieur de l’énergie. Il s’agit des réflexions applicables aux marchés énergétiques de tous les États européens dès lors qu’ils connaissent une crise de la dette…
. Julian Fernandez, Ceren Zeynep Pirim (dirs.), Ukraine un an de guerre. Regards croisés et premières leçons, Paris, Editions Pedone, avril 2023.
La situation en Ukraine et la perspective d’une déflagration totale sur le continent européen ont sans doute signé la fin de l’innocence de ceux pensant la guerre définitivement marginalisée par la culture et disqualifiée par le droit.
Le « choc de la guerre » souligne à quel point le temps des conflits majeurs n’est pas révolu. Il fait aussi écho au cycle de compétitions, de contestations et d’affrontements qui envahit la plupart des relations interétatiques, qu’elles soient politiques, juridiques, économiques, industrielles ou culturelles. Au regard de ses incidences sur la sécurité régionale et l’ordre dit libéral, la guerre en Ukraine mérite une analyse distanciée et nourrie de regards croisés entre différentes disciplines et approches. C’est l’objet de cet ouvrage que de revenir, un an après le renouveau de l’agression russe, sur les premières leçons à tirer de la situation, tant sur le plan du warfare que du lawfare.
. Khatharya Um, Hélène Le Bail, Générations post-réfugiées. Les descendants de réfugiés d’Asie du Sud-Est en France. Tours, Presses Universitaires François-Rabelais, mars 2023.
Depuis la réinstallation massive de réfugiés du Vietnam, du Laos et du Cambodge, principalement aux États-Unis, mais aussi en France, les communautés d’Asiatiques du Sud-Est ont connu un tournant avec les générations nées dans la diaspora : les générations post-réfugiées. Ces descendants de réfugiés ont, inévitablement, une expérience différente de la France par rapport à leurs parents et les liens qu’ils construisent avec le pays de leurs ancêtres le sont tout autant.
Privilégiant la parole et les points de vue des générations post-réfugiées, ce livre engage un dialogue autour des questions d’identité, de représentation, de citoyenneté, d’appartenance et de mobilisation des Asiatiques du Sud-Est en France, tout en les replaçant dans le contexte plus large des effets à long terme du traumatisme historique, du déplacement forcé, des politiques d’asile et des relations ethnoraciales en France.
Faisant dialoguer les perspectives scientifiques, littéraires et artistiques, cet ouvrage permet de développer une approche sensible, propice à la prise en compte de voix minoritaires, et de mettre en lumière, non pas une identité ou une culture spécifique, mais un concentré d’expériences individuelles et collectives, à partager.
. May Maalouf Monneau. Jérusalem. Idées reçues sur une ville frontière, Paris, Le Cavalier Bleu, mai 2023.
Jérusalem est l’une des rares villes à combiner autant de contrastes, l’un de ces endroits où le passé « a du mal à passer », où l’antique n’est pas simplement mémoriel mais aussi revendicatif. Et c’est la Vieille Ville, gardienne des Lieux Saints où les temporalités s’entremêlent, qui cristallise les passions.
Au cœur d’un conflit presque centenaire, convoitée par les Israéliens et les Palestiniens dans un rapport de force déséquilibré, Jérusalem est une ville divisée et revendiquée à la fois par les nationalismes et les monothéismes.
Archétype de la ville frontière, Jérusalem ne serait-elle pas condamnée à rester hors du temps ?
. Myriam Benraad, L’Etat Islamique est-il défait ?, Paris, CNRS Éditions, juin 2023.
La défaite de l’État islamique, organisation créée en Irak en 2006, ne fait aucun doute : après, entre autres, les pertes de Raqqa et Mossoul, le groupe terroriste n’administre plus aucun territoire ni aucune population. Ses ressources ont été détruites. Son commandement a été laminé au fil des frappes ciblées. Des milliers de combattants ont été tués ou mis hors d’état de nuire. Enfin, il est aujourd’hui impossible pour les jihadistes de remettre sur pied leur « État ». Parallèlement, la montée en puissance du renseignement et du contre-terrorisme depuis les attentats majeurs qui ont frappé plusieurs pays, dont la France au premier plan, fait de la « globalisation » du jihad un but hors d’atteinte. Au Moyen-Orient, les acteurs qui ont permis la libération des régions occupées par les jihadistes restent en position dominante et poursuivent la contre-insurrection. L’État islamique se voit donc de facto privé de toute capacité réelle d’agir.
Pourtant, cette organisation continue d’inquiéter, et pourrait renaître de ses cendres : la reprise des attentats dans ses anciens bastions et l’extension transnationale de son combat sont manifestes. Partout, l’État islamique cherche encore à séduire une jeunesse désoeuvrée et désireuse d’en découdre et des milliers de combattants seraient toujours actifs, beaucoup s’étant transportés de l’Irak et de la Syrie vers d’autres terrains. Enfin, l’idéologie de l’État islamique n’est pas tout à fait défaite non plus : elle continue de produire et de diffuser sa propagande, en langue arabe et au moyen de supports multilingues.
L’État islamique ne se résume pas à des modes opératoires terroristes. Il a été et est toujours un soulèvement, une politique, une révolte, que l’on serait sans doute bien imprudents d’ignorer.
. Zeno Leoni. Grand Strategy and the Rise of China. Columbia, Columbia University Press, juin 2023.
During four decades of fast-paced economic growth, China’s ascent has reverberated across the full social spectrum, from international relations to technology, from trade to global health, from academia to climate change. Despite disrupting the long-established cultural and political constructs of the postwar liberal international order, Beijing’s power remains uneven and limited internationally, whereas the rise of China has been the object of much frenzied reaction within Western civil society. The hostility and new cold war with the United States is a major factor in fuelling debate and speculation.
This book explores the uncertainties and dilemmas China’s rise has fuelled for both the US-sponsored liberal order and the Chinese communist elites that are responsible. It provides the tools to understand the contemporary political and media turmoil about China, its causes and its trajectories. It interprets the rise of China through the lenses of global politics and the uneven and combined development of capitalism and its encounter with the authoritarian, one-party system of the Chinese polity.
. Amélie Zima, L’OTAN. 2ème édition, Paris, PUF, avril 2023.
Obsolète pour Trump, en état de mort cérébrale pour Macron, l’OTAN, traité d’alliance entre les pays du bloc de l’Ouest, aurait pu disparaître en même temps que le pacte de Varsovie, son homologue de l’Est. Comment expliquer l’exceptionnelle longévité de cette organisation, qui a fêté ses 70 ans en décembre 2019 ? Ne toucherait-elle pas plutôt à sa fin ?
De fait, les tensions suscitées par les agissements de la Turquie ou les dérives autoritaires de certains membres plaident contre elle. Force est toutefois de reconnaître que, depuis sa création, elle a fait preuve d’une grande plasticité, tant dans son fonctionnement que dans ses structures et modes de décision.
L’auteure montre ici comment l’extension du champ d’action de l’OTAN – ses élargissements après 1989 ou encore la mise en place de politiques de partenariat et de coopération – concourt à sa propre pérennité. En étudiant ainsi l’atlantisme, elle met au jour la spécificité de l’Alliance face aux autres formes de coopération militaire : sa dimension démocratique et libérale.
Bonus. Vidéo. La Victoire de 1945 et le patriotisme soviétique et post-soviétique. Pr. J-R Raviot
Nous vous invitons à découvrir l’ensemble de cette Masterclass en cliquant sur ce lien.
. Federico M. Rossi, The Oxford Handbook of Latin American Social Movements, Oxford, Oxford University Press, juin 2023.
Since the re-democratization of much of Latin America in the 1980s and a regional wave of anti-austerity protests in the 1990s, social movement studies has become an important part of sociological, political, and anthropological scholarship on the region. The subdiscipline has framed debates about formal and informal politics, spatial and relational processes, as well as economic changes in Latin America. While there is an abundant literature on particular movements in different countries across the region, there is limited coverage of the approaches, debates, and theoretical understandings of social movement studies applied to Latin America.
In The Oxford Handbook of Latin American Social Movements, Federico M. Rossi presents a survey of the broad range of theoretical perspectives on social movements in Latin America. Bringing together a wide variety of viewpoints, the Handbook includes five sections : theoretical approaches to social movements, as applied to Latin America ; processes and dynamics of social movements ; major social movements in the region ; ideational and strategic dimensions of social movements ; and the relationship between political institutions and social movements. Covering key social movements and social dynamics in Latin America from the late nineteenth century to the twenty-first century, The Oxford Handbook of Latin American Social Movements is an indispensable reference for any scholar interested in social movements, protest, contentious politics, and Latin American studies.
. Guadalupe González González, Juan C. Olmeda y Jean-Franҫois Prud’homme (eds.). Gobernanza democrática y regionalismo en América Latina, México, Colegio de México, février 2023.
Este libro aborda dos temas estrechamente relacionados : los retos de la gobernanza democrática en varios países de América Latina y las dificultades de encontrar soluciones regionales a los conflictos nacionales de mayor trascendencia.
La coyuntura política ha puesto a prueba la fortaleza de las instituciones democráticas en muchos países latinoamericanos. En 2019 y 2020, en Chile, Ecuador y Colombia se dieron vigorosas protestas que mostraban un malestar profundo con respecto a los arreglos institucionales establecidos, la clase política y los efectos del modelo de desarrollo vigente, y que evidenciaron un proceso continuo de deterioro y transformación de los acuerdos que habían regido los procesos de democratización en la región a finales del siglo XX.
. Jelena Džankić, Simonida Kacarska, Soeren Keil, A Year Later : War in Ukraine and Western Balkan (Geo)Politics, San Domenico di Fiesole, European University Institute, mai 2023.
Russian aggression on Ukraine, started on 24 February 2022, has caused a major swing in global geopolitics. Its symbolic, political, and economic impacts on the Western Balkan states, most of which experienced wars throughout the 1990s, cannot be understated. These impacts are not linear, and political responses to them are at best contradictory. Major political changes are happening across the region, with authoritarian political actors drawing strength or impetus from their association with Russia, or other external actors. The European Union has ostensibly revived its enlargement agenda, but its transformative power has shown significant shortcomings compared to the previous enlargement rounds. The result of this incongruence is little clarity as to how to move ahead, often coupled with mixed messages from the EU to the Western Balkan leaders. This edited collection prizes open the box of these contradictions. One year after the invasion, in this symposium, we reflect on these challenges by gathering insight from 25 scholars, policy makers and civil society representatives from different countries and different subject backgrounds. They all addressed the same question : Has the war in Ukraine profoundly reshaped Western Balkan (geo)politics ? In so doing, they provided a multidimensional assessment of the impact of the war in Ukraine as a critical juncture for a European perspective for the Western Balkans.
. Pierre-Alain Clément, L’Etat anxieux. La législation anti-terroriste des Etats-Unis depuis le 11 septembre. Paris, PUF, mai 2023.
À quoi servent réellement les lois antiterroristes ?
Dans les études de sécurité, la formulation de la politique antiterroriste, une question centrale, reste étonnamment peu traitée et mal expliquée.
Avec le concept de culture stratégique, cet ouvrage examine l’influence des normes et institutions dans les débats du Congrès américain sur la législation antiterroriste depuis le 11-Septembre. Entre la 107e (2001) et la 114e législature (2016), l’examen qualitatif de presque 400 pages de débats explique le durcissement constant depuis le Patriot Act, sauf dans le cas ambivalent du Freedom Act.
L’ouvrage montre le rôle déterminant de déclencheurs extérieurs dans l’action du Congrès, qui créent une motivation à agir, action qui remplit une double fonction complémentaire de contrôle et de légitimation de l’action politique. Ainsi, la législation antiterroriste n’est pas le résultat de la pression d’une opinion apeurée et son résultat est moins la sécurité que l’illusion de la sécurité par l’application de pouvoirs d’exception.
. Ronan Hervouet. La révolution suspendue. Les Bélarusses contre l’État autoritaire. Paris, Plein jour, Proche Europe, avril 2023.
Alors que le Bélarus est comme figé depuis vingt-cinq ans sous l’emprise d’un régime autoritaire dirigé d’une main de fer par Alexandre Loukachenko, naît un espoir de changement à l’approche de l’élection présidentielle de 2020. En août et pendant les mois qui suivent, les citoyens se soulèvent en masse. Ils dénoncent des fraudes électorales de grande ampleur et réclament le départ du dictateur. La lutte est intense, la période, révolutionnaire. L’ensemble de l’édifice étatique et policier tremble. Mais une féroce répression à grande échelle vient à bout du mouvement. Des centaines de milliers de personnes fuient à l’étranger.
En sociologue, Ronan Hervouet documente la contestation, la répression et l’exil. Il est parti à la rencontre de Bélarusses qui ont trouvé refuge en Lituanie, en Pologne et en République tchèque. Des hommes et des femmes de toutes générations lui ont raconté leurs engagements, leurs combats, leurs espoirs, leurs désillusions, leurs souffrances. Il en tire le portrait saisissant, dans un climat de roman d’espionnage, d’un peuple méconnu, dont le rôle est pourtant devenu capital pour le destin de l’Europe.
. Etienne Augris, Philippe Rondot, maître espion, Paris, Editions Nouveau Monde, février 2023.
C’est l’affaire Clearstream, un des plus grands scandales politico-financiers de ces dernières décennies, qui releva, au début des années 2000, le nom de Philippe Rondot aux Français. Il y apparaît alors comme un de ses protagonistes clés et le public ignore tout de sa carrière exceptionnelle. Cette biographie inédite retrace le parcours de ce maître espion.
Pendant 40 ans, Philippe Rondot a été de tous les coups. Sans relâche, il a traqué le terroriste Carlos et les criminels de guerre d’ex-Yougoslavie. Il a négocié avec Abou-Nidal pour faire libérer des otages, il a organisé l’exfiltration du général Aoun bloqué au Liban et celle d’agents de la DSGE arrêtés en Espagne. Par tous les moyens, Rondot a essayé de sauver les moines de Tibhirines, retenus aux mains du GIA… Toute sa vie, l’homme de l’ombre a tâché de faire oublier une malheureuse aventure qui, dans les années 60 à Bucarest, a largement terni sa réputation. Prêt à tout pour redorer son image, il a tenté l’impossible et c’est donc à une autre affaire, et non des moindres, que son nom restera associé.
Etienne Augris livre ici la première biographie du maître espion qu’était Philippe Rondot. En s’appuyant sur des témoignages de premier plan et des documents inédits, il retrace ce parcours unique qui bien souvent s’est mêlé à l’histoire secrète du pays.
. Alan D. Bersin, Tom Long, North America 2.0. Forging a Continental Future, Washington, Wilson Center, avril 2023.
North America has survived a tumultuous three decades since the implementation of the North American Free Trade Agreement. What characterizes our shared region today ? What sort of region can advance our shared interests and well-being over the next generation ? This volume offers an agenda for how the region’s leaders can forge inclusive and effective strategies that ensure North America’s next decades build upon past successes—while addressing serious shortcomings.
. Claire Demesmay, Stéphan Martens. La France, l’Allemagne et l’Europe face aux migrations, défi majeur du XXIe siècle. Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, mars 2023.
L’année 2015 a marqué une césure en Europe. Les guerres en Syrie et en Irak ont entraîné une forte augmentation de l’immigration vers certains États européens – durant une courte période, l’Allemagne, à elle seule, a accueilli plus d’un million de demandeurs d’asile. Au-delà de l’accueil humanitaire immédiat, ces mouvements migratoires ont provoqué des débats virulents dans tous les États membres de l’Union européenne (UE), tout en contribuant à l’essor des populismes et à la montée des extrêmes. En même temps, ils ont entraîné des élans de solidarité inédits ; dans de nombreux pays, la société civile s’est investie auprès des réfugiés pour leur garantir les moyens de vivre dignement, mais aussi d’accéder à l’éducation et à l’emploi.
Le constat s’impose : plus que jamais, l’Europe doit apprendre à vivre avec l’immigration, qu’elle concerne des réfugiés fuyant des conflits au Proche-Orient, en Afrique et aujourd’hui dans le cadre de la guerre en Ukraine, ou des migrants cherchant à échapper à la misère ou à la famine. Face à un phénomène durable, l’Europe doit (re)trouver un esprit de cohésion et élaborer une politique migratoire commune. Le défi est historique. Dans un tel contexte, cet ouvrage analyse la politique d’immigration et d’intégration de la France et de l’Allemagne, dans la mesure où ces deux pays sont au cœur de la construction européenne. Il étudie également les réactions à la crise migratoire dans d’autres États de l’UE et, pour finir, la coopération franco-allemande et européenne sur les enjeux migratoires.
. Jacques Goyens, Une Europe, des régions. Richesses et singularités, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, avril 2023.
Son nom est vieux de plusieurs millénaires, mais sa construction n’a débuté qu’au vingtième siècle. La gestation est d’autant plus laborieuse que l’ensemencement fut multiple. Chacun y va de sa contribution personnelle. Quot capita, tot sensus, disaient les Anciens. Faut-il privilégier l’économie, le politique, la culture ? Et pourtant cette Europe qui fait couler beaucoup d’encre, qui suscite tant de discussions, qui déchaîne les passions, elle existe. Peut-être faudrait-il inventer une méthode nouvelle pour l’appréhender. Oublions les Vingt-sept, le Parlement européen, la Commission et le Conseil des ministres. Abordons l’Europe telle qu’elle est depuis des siècles dans ce foisonnement d’échanges multiples.
Inspirons-nous de cette grande Histoire qui ne demande qu’à vivre, de Barcelone à Saint-Pétersbourg et de Manchester à Athènes. Le sang d’Europe coule dans nos veines depuis ces temps lointains où elle n’était qu’une mosaïque de régions.
. Jean-Sylvestre Mongrenier, Le monde vu d’Istanbul. Géopolitique de la Turquie et du monde altaïque, Paris, PUF, mai 2023.
De la Méditerranée au Caucase, les conceptions géopolitiques turques, avec leurs prolongements stratégiques et militaires, ébranlent l’OTAN et interpellent l’Occident. Au Karabakh comme en Libye ou dans le Nord syrien, Recep Tayyip Erdogan cherche un terrain d’entente avec Vladimir Poutine. Certes, l’agression russe sur l’Ukraine, liée à la Turquie par un « partenariat de défense », semble avoir enrayé ce mouvement. Pourtant, l’Occident ne pourra faire l’impasse sur l’acteur géostratégique « Turquie » et ses ambitions, au coeur d’un vaste monde turc et musulman dont il importe de prendre la juste mesure. En multipliant les points d’entrée et les angles d’approche de la Turquie, des représentations géopolitiques d’Erdogan et de son cercle rapproché, cet ouvrage vise à comprendre le monde tel qu’il est vu depuis Istanbul. Les apports de l’histoire, la connaissance de la géographie et le recours à la géopolitique permettent de dresser la carte mentale des dirigeants turcs, de comprendre leurs objectifs politico-stratégiques et de dessiner les contours de ce qu’ils nomment le « Siècle turc ».
. Michel Agier, Les migrants et nous. Comprendre Babel. Paris, CNRS Editions, mai 2023.
Depuis 2010 et les nombreux migrants venus d’Irak, de Syrie, du Soudan du Sud, de Libye, et aujourd’hui d’Ukraine qui se sont massés aux portes de l’Europe, les questions portant sur l’accueil ou le rejet de ces déplacés se sont posées avec beaucoup d’acuité. Entre la peur et la compassion, y a-t-il place pour un principe partagé, universel, qui ferait des migrants, plutôt qu’un problème, une cause essentielle ? Au nom de quoi devrait-on s’engager pour des personnes qui ne sont pas ou pas seulement des « travailleurs immigrés » ou des « réfugiés politiques », mais des migrants, c’est-à-dire des personnes en mouvement ?
Enquêtant depuis plus de vingt ans auprès des personnes déplacées, allant voir comment elles vivent dans les lieux qu’elles traversent ou qu’elles finissent par habiter, Michel Agier a acquis une vision dépassionnée des multiples formes de la migration populaire. Dans cet ouvrage, il décrit des cosmopolites à la place des « migrants », et nous aide à mieux comprendre les mondes de Babel nouvellement créés.
Changer notre façon de voir les migrants pour changer notre relation à eux, reconnaître l’existence aux frontières d’une scène politique qui demande de la négociation, et enfin voir la beauté profonde de ces « mondes de Babel » : voici ce à quoi Michel Agier nous invite, dans cet essai personnel et engagé.
. Frédéric Louault, Kévin Parthenay. Politique de l’Amérique latine, Bruxelles, Bruylant, juin 2023.
L’Amérique latine est une région en pleine effervescence et un formidable laboratoire pour la science politique. Cet ouvrage évalue la façon dont la science politique a été mobilisée pour étudier et comprendre l’Amérique latine, tout en identifiant de nouvelles perceptions d’analyse. Les contributions réunies dans cet ouvrage présentent les clés pour comprendre les relations de pouvoir dans cette région, tant au niveau de la politique interne des États que de de la politique régionale et internationale. Elles faciliteront également la circulation d’idées et de débats encore trop peu présents dans l’espace francophone.
Pour produire cette synthèse approfondie sur la politique latino-américaine contemporaine, vingt-cinq spécialiste des études latino-américaines se sont réunis, provenant de différents pays et horizons universitaires (Europe, Amérique latine, Amérique du Nord).
Politique de l’Amérique latine s’adressera en premier lieu à des étudiants et chercheurs en sciences humaines et sociales, mais il sera également utile à des diplomates, des décideurs et des organismes qui s’intéressent à la région et souhaitent mieux en connaître les ressorts politiques et sociaux dans une perspective comparative.
. Jean-Arnault Dérens, Laurent Geslin, Les Balkans en 100 questions. Carrefour sous influences, Paris, Éditions Tallandier, mai 2023.
L’éclatement de la Yougoslavie était-il inéluctable ? Les guerres yougoslaves ont-elles été des guerres de religion ? Les Balkans ont-ils raté leur transition économique ? La Serbie est-elle le cheval de Troie de la Russie dans la région ? La Chine est-elle en train d’acheter les Balkans ?
Alors que l’actualité de l’Europe se déplace vers l’Est, les regards se tournent à nouveau vers les Balkans : la guerre en Ukraine peut-elle s’étendre à cette région fragile ? De nouvelles violences vont-elles éclater au Kosovo ou en Bosnie-Herzégovine ? Trente ans après la dislocation de la Yougoslavie socialiste de Tito, tous les pays des Balkans occidentaux ont théoriquement « vocation » à rejoindre l’Union européenne, mais le processus d’élargissement est bloqué. Ces pays sont dominés par des élites corrompues et autoritaires, leur économie stagne, l’État de droit dérape, poussant ainsi les citoyens à l’exode.
Les Balkans redeviennent une périphérie marginalisée, « garde-frontières » de l’Europe, soumise aux jeux d’influences contradictoires de Bruxelles, des États-Unis, de la Russie, de la Chine ou de la Turquie. Ces 100 clés passionnantes nous font comprendre la complexité de cette région voisine méconnue, carrefour composite, véritable miroir grossissant de toutes les tensions géopolitiques de notre époque.
. Jean-Luc Mastin, Béatrice Touchelay, Des banques sous surveillance ? Pour une histoire du contrôle bancaire depuis le XIXe siècle, Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, mai 2023.
Alors que la crise financière de 2008 et les multiples scandales financiers ont ébranlé les systèmes bancaires et encore dégradé la confiance dans les banques, on connait mal les modes de contrôle externe et interne, qui sont pourtant un instrument essentiel de la régulation bancaire. Cet ouvrage – le premier en langue française sur ce sujet – entend replacer la supervision prudentielle dans la perspective d’une histoire longue et comparative.
Après un bilan historiographique, il présente des travaux récents sur les acteurs et les institutions, les pratiques et les outils du contrôle bancaire depuis le XIXe siècle, en France, en Suisse et dans l’espace colonial français. Il analyse ensuite l’internationalisation de la supervision et des normes comptables du contrôle des risques, fin XXe – début XXIe s. Enfin, les contributions d’archivistes de banques et des autorités de régulation constituent un appel à de nouvelles recherches pour combler le retard historiographique français.
. Olivier Dabène, Latin America’s Pendular Politics. Electoral Cycles and Alternations. Cham, Palgrave Macmillan, avril 2023.
This book explores pendular politics in Latin America, focusing on electoral cycles with a pattern of similar results. Latin America has been neoliberal in the 1990s, leftist during the 2000s, then conservative in 2016-2018 and progressist again since 2018.
The reference to a right/left/right/left sequence over a period of thirty years undoubtedly accounts for a singular pendulum pattern yet proves to be excessively simplistic. The right/left dichotomy hides fractures and nuances that characterize each political camp.
This book seeks to explain why some elections result in alternations and others do not. Based on an innovative theoretical framework and a unique collection of case studies, the book offers a rich understanding of Latin America’s contemporary political evolutions.
Voters are getting accustomed to punishing incumbents for not delivering in time of crises, resulting in frequent alternations. It might be good for democracy, not so much for governability.
. Ray Freddy Lara Pacheco, Daniel Añorve Añorve, Guillermo Zamora y Martínez. La paradiplomacia en México. Casos de éxito. Guadalajara, Editorial Universidad de Guadalajara, décembre 2022.
La acción exterior de los gobiernos y actores locales en México es una realidad tangible en el Siglo XXI en este libro se hace la compilación de diez casos concretos de éxito o con potencial a lograrlo de paradiplomacia mexicana. Sirva pues como una hoja de ruta que incentiven y motiven a las demás entidades federativas, gobiernos y actores locales a que trasciendan sus límites, territorios y fronteras con la intención de posicionarse y se den a conocer a nivel internacional para que otros actores no estatales y territorializados logren traer consigo beneficios para sus ciudadanos. La presente obra es resultado de la colaboración entre los Cuerpos Académicos (CA-UDG-951 “Relaciones Internacionales y las Nuevas Diplomacias” | CA-UGTO-170 “Gobierno, Instituciones y Organizaciones en el Contexto de la Globalización”), la Asociación Mexicana de Oficinas de Asuntos Internacionales, el Comité Académico de Internacionalización de Gobiernos y Actores Locales de la Asociación Mexicana de Estudios Internacionales y el Programa en Atractividad Territorial y Marca Ciudad.
. Stephen G. F. Hall, The Authoritarian International. Tracing How Authoritarian Regimes Learn in the Post-Soviet Space, Cambridge, Cambridge University Press, mai 2023.
Stephen Hall argues that democracies can preserve their norms and values from increasing attacks and backsliding by better understanding how authoritarian regimes learn. He focuses on the post-Soviet region, investigating two established authoritarian regimes, Belarus and Russia, and two hybrid-regimes, Moldova and Ukraine, with the aim of explaining the concept of authoritarian learning and revealing the practices that are developed and the sources of that learning. Hall finds clear signs of collaboration between countries in developing best survival practices between authoritarian-minded elites, and demonstrates that learning does not just occur between states, rather it can happen at the intra-state level, with elites learning lessons from previous regimes in their own countries. He highlights the horizontal nature of this learning, with authoritarian-minded elites developing methods from a range of sources to ascertain the best practices for survival. Post-Soviet regional organisations are crucial for the development and sharing of these survival practices as they provide ’learning rooms’ and training exercises.
. Bruno Tertrais (dir.) Atlas militaire et stratégique, préface de Bruno Racine, cartographe : Hugues Piolet, éd. Autrement, 19 avril 2023
Avec la guerre en Ukraine et les déclarations menaçantes de Vladimir Poutine, la menace nucléaire se retrouve au cœur des enjeux internationaux. France, États-Unis, Russie, Chine… Les grandes puissances redéfinissent sans cesse leurs stratégies pour défendre leurs intérêts. Comment organisent-elles leurs forces ? Que dire de l’état des relations militaires et diplomatiques mondiales ?
Cet atlas présente les théories militaires mais s’appuie aussi sur de nombreux exemples régionaux :
. La stratégie : principes, espaces et moyens de combat.
. Les acteurs : États, organisations internationales, pirates, terroristes…
. Les crises et tensions actuelles : Europe, Asie, Moyen-Orient, Afrique, Arctique.
. L’avenir de la guerre : guerres du futur, nouvelles technologies, enjeux climatiques.
Grâce à plus de 80 cartes et documents, l’atlas analyse ainsi un monde sous tension et l’éclaire sous l’angle des enjeux militaires et stratégiques.
. Alya Aglan, Yann Richard, Pierre Vermeren (dirs), La guerre de près et de loin, XXe-XXIe siècles, Paris, Éditions de la Sorbonne, mars 2023.
Comme toute réalité sociale, la guerre – telle qu’elle se déroule de nos jours – n’est pas seulement un fait en soi, mais surtout un événement vécu et rapporté par des témoins, des victimes et des acteurs, situés à la fois près et loin du terrain du conflit. La guerre est donc un objet de constructions individuelles ou collectives. Comment la guerre peut-elle être étudiée dans toute sa complexité ? Comment les acteurs et les observateurs de la guerre construisent-ils des points de vue souvent irréconciliables ? Comment se fixe la figure de l’ennemi et celle de ses représentations pour susciter l’adhésion et pour mobiliser, pour fabriquer du rejet ou du consentement, pour instituer la norme du juste et de l’injuste ? Ces questions structurent l’ouvrage pour répondre à un double défi. Il s’agit d’appréhender la représentation de la guerre à la fois comme une perception consensuelle et comme une projection manipulée, tout en établissant une féconde discussion entre des spécialistes de plusieurs disciplines (la géographie, l’histoire, l’histoire de l’art et l’archéologie, la sociologie) et de différentes aires géographiques. L’objectif est de mettre au jour et de décrypter, derrière les images et la communication contrainte, en allant parfois au plus près de l’expérience du combat, les différents points de vue sur des conflits violents contemporains proches ou lointains.
. Claire Flécher. À bord des géants des mers. Ethnographie embarquée de la logistique globalisée, Paris, Editions La Découverte, avril 2023.
Alors que plus de 90 % du volume de marchandises produites dans le monde transitent chaque année par la mer, le transport maritime demeure un univers largement méconnu. Comment s’organisent ces flux de marchandises ? Que se passe-t-il sur ces géants de la mondialisation que sont les navires de commerce ? Qui y travaille, comment, et à quel prix ?
À partir d’une enquête ethnographique, cet ouvrage propose de découvrir l’envers de l’acheminement des biens que nous consommons et de saisir le travail mondialisé " par le bas ". Tandis que les profondes transformations qui ont affecté le secteur ces dernières années ont instauré une rationalisation extrême, commandée par la logique marchande, ce qui faisait le sel de la vie de marin semble s’être réduit comme peau de chagrin. Dans ce huis clos de la mondialisation, le collectif de travail doit répondre à des injonctions contradictoires : assurer la sécurité de tous tout en transportant davantage et en flux continu, garantir des formes de solidarité malgré les inégalités de statut et de rémunération. Selon les situations, les identités de classe, de race et de genre se font et se défont, sans pour autant donner lieu à une remise en cause des hiérarchies sociales – il en va de la paix sociale à bord.
. Dimitri Minc, Pensée et culture stratégiques russes. Du contournement de la lutte armée à la guerre en Ukraine, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, avril 2023.
Depuis la chute de l’URSS, la pensée stratégique russe post-soviétique a connu une profonde mutation, dont le cœur fut la théorisation du contournement de la lutte armée.
Si d’importantes recherches ont été menées sur l’application des stratégies indirectes russes (ou « guerre hybride ») dans l’espace post-soviétique, en Occident et en Afrique, l’analyse de leurs racines conceptuelles et des écrits des stratèges militaires qui les produisent fait encore défaut, freinant ainsi la compréhension des logiques profondes qui structurent la pensée stratégique russe post-soviétique.
Fondé sur l’examen de la littérature militaire russe, encore peu explorée par la recherche, des documents de doctrine et des discours d’officiels militaires et politiques russes, cet ouvrage d’histoire et de stratégie analyse les concepts, notions et débats à travers lesquels les théoriciens militaires russes ont tenté de comprendre les caractéristiques d’une guerre moderne de moins en moins centrée sur la lutte armée. Ce travail explore en outre les cadres cognitifs de ces stratégistes, faits de croyances, de perceptions et d’une culture stratégique qui, bien que souvent négligées dans le contexte militaire russe post-soviétique, sont une clé de compréhension essentielle de la théorisation du contournement et des changements doctrinaux et institutionnels qu’elle a engendrés.
La guerre en Ukraine ne pourrait être pleinement comprise sans la connaissance de cette histoire de la pensée et de la culture stratégiques russes post-soviétiques. Plus qu’une doctrine, le contournement de la lutte armée est devenu un tropisme stratégique. S’il a pu mener la Russie à de relatifs succès en Ukraine, dans l’espace post-soviétique, en Europe et en Afrique, ce tropisme a été décisif dans l’échec retentissant de « l’opération militaire spéciale » déclenchée par Vladimir Poutine le 24 février 2022.
. Harun Arıkan, Zeynep Alemdar. Turkey’s Challenges and Transformation, Cham, Palgrave Macmillan, avril 2023.
This book analyzes the transformation of Turkey’s international and domestic politics in the past two decades through a comprehensive domestic- international nexus. It examines the domestic system and the main historical challenges without neglecting their international drivers and looks into main foreign policy areas and issues by accounting for the domestic developments that affected them. Looking inside Turkey’s transformation on the basis of an interplay of external and internal factors, through the prism of critical scholars who all agree on the interdependency of national and international politics, it is designed to provide a thoughtful look into the future of Turkey through themes and regions.
. Leigh A. Payne, Julia Zulver, Simón Escoffier (dirs), The Right against Rights in Latin America, Oxford, Oxford University Press, mars 2023.
From President Bolsonaro’s openly racist, misogynist, and homophobic rhetoric in Brazil, to the politicisation of gender ideology leading to the rejection of a peace deal in Colombia and beyond, Latin America is home to right-against-rights movements that have grown in numbers, strength, and influence in recent years. New anti-rights groups are intent on blocking, rolling back, and reversing social movements’ legislative advances by obstructing justice and accountability processes and influencing politicians across the region.
The Right against Rights in Latin America contains chapters that empirically explore the breadth, depth, and diversity of a new wave of anti-rights movements in Latin America. It details why they are fundamentally different from previous movements in the region, and — perhaps more importantly — why it is of vital importance that we study, analyse, and understand them in a global context.
. Paul Magnette, Le régime politique de l’Union européenne. 5e éd. revue et augmentée. Paris, Presses de Sciences Po, avril 2023.
Paul Magnette montre que, tout en évoluant vers plus de parlementarisme, le régime politique de l’UE a conservé toute sa cohérence, raconte comment il a transformé la vie politique en Europe et s’interroge sur la manière dont il pourrait devenir pleinement démocratique.
« L’Europe n’est pas le dépassement des nations, mais le dépassement d’un ordre international qui n’avait d’ordre que le nom. Créer des interdépendances économiques, placer l’État dans un écheveau de contraintes institutionnelles et désenclaver les citoyennetés nationales pour clore le cycle de la "guerre civile européenne”, voilà le grand œuvre européen. »
Un régime politique d’une grande originalité est né en Europe au sortir de la guerre. Paul Magnette en décrit les mécanismes institutionnels qui, sans abolir les souverainetés, ont astreint les États membres de l’Union européenne à adopter la coopération et le compromis plutôt que l’agressivité et l’arrogance comme mode de décision. Il montre que, tout en évoluant vers plus de parlementarisme, ce régime a conservé toute sa cohérence, raconte comment il a transformé la vie politique en Europe et s’interroge sur la manière dont il pourrait devenir pleinement démocratique.
. Benoist Bihan, Jean Lopez, Conduire la guerre. Entretiens sur l’art opératif,Paris, Editions Perrin, janvier 2023.
Une réflexion à deux voix sur la guerre et la stratégie comme la France n’en a pas connue depuis longtemps.
Pourquoi, tout au long des siècles, les généraux ont-ils remporté tant de victoires qui n’amenaient pas la fin du conflit ? Pourquoi le sang versé servait-il si peu les objectifs assignés par le pouvoir à ses armées ? Pourquoi, pour prendre un exemple entre mille, les meilleures armées du monde ont-elles été réduites, entre 1914 et 1918, à un face-à-face aussi désespérant que stérile dans la boue des tranchées ? Conduire la guerre livre les clés de cette impasse et montre qu’un grand penseur soviétique oublié, Alexandre Svetchine, a montré la voie pour en sortir.
Jean Lopez amène Benoist Bihan à exposer sa pensée sur ce digne héritier de Clausewitz, sa vie, sa pensée et son œuvre, réflexion mûrie depuis quinze ans et nourrie d’une formidable érudition. Chemin faisant, les deux complices nous offrent une promenade à travers vingt-cinq siècles de conflits. Ils revisitent les batailles dites décisives et l’action de ceux qu’on a présentés comme de grands capitaines. L’ouvrage ne se contente pas d’être historique et critique. En décortiquant l’œuvre de Svetchine, il expose la solution – l’art opératif – pour que les combats deviennent pleinement utiles à la stratégie et s’harmonisent avec la tactique. Original dans son approche, puissant par ses arguments, plaisant à lire de par sa forme dialoguée, cet ouvrage est totalement original et devrait marquer la pensée militaire d’une pierre blanche.
L’objectif ? Rien moins que le renouvellement de la pensée stratégique, un domaine apprécié du grand public mais qu’il fallait dépoussiérer et mettre à la portée de tous en trouvant le bon équilibre entre théorie et Histoire.
. Alan Chong, Nicole Jenne, Asian Military Evolutions. Civil–Military Relations in Asia, Bristol, Bristol University Press, mars 2023.
This book explores civil–military relations in Asia. With chapters on individual countries in the region, it provides a comprehensive account of the range of contemporary Asian practices under conditions of abridged democracy, soft authoritarianism or complete totalitarianism.
Through its analysis, the book argues that civil–military relations in Asia ought to be examined under the concept of ‘Asian military evolutions’. It demonstrates that while Asian militaries have tried to incorporate standard, Western-derived frameworks of civil–military relations, it has been necessary to adapt such frameworks to suit local circumstances. The book reveals how this has in turn led to creative fusions and novel changes in making civil–military relations an asset to furthering national security objectives.
. Javier Corrales, Autocracy Rising. How Venezuela Transitioned to Authoritarianism, Washington, Brookings Institution Press, février 2023.
How Nicolás Maduro reinvented authoritarianism for the twenty-first century.
Venezuela, which once enjoyed periods of democratically elected governments in the latter half of the twentieth century, has descended into autocratic rule, coupled with economic collapse. In his new book, Autocracy Rising, veteran scholar of Latin American politics Javier Corrales explores how and why this happened.
Corrales focuses on two themes : party systems and institutional capacity. He argues that Venezuela’s democratic backsliding advanced when the ruling party obtained far too much electoral clout while the opposition fragmented. The state then took control of formerly independent agencies of the state. This allowed the ruling party to use and abuse of the law to favor the president—which in turn generated a permanent economic crisis.
After succeeding Hugo Chávez in 2013, Nicolás Maduro confronted, unexpectedly, another change in the party system : a rising opposition. This triggered deeper autocratization. To survive, the state was compelled to modernize autocratic practices and seek alliances with sinister partners. In short, Maduro concentrated power, paradoxically, by sharing power.
Autocracy Rising compares what occurred in Venezuela to twenty other cases throughout Latin America where presidents were forced out of office. Corrales illuminates the depressing cycle in which semi-authoritarian regimes become increasingly autocratic in response to crisis, only to cause new crises that lead to even greater authoritarianism
. Jean Comte. Au cœur du lobbying européen,Liège, Presses Universitaires de Liège, mars 2023.
S’il est fréquent de dénoncer le travail des lobbyistes à Bruxelles, peu de travaux tentent de comprendre les raisons de leur influence. Jean Comte renverse ici la perspective, et s’interroge sur l’utilité qu’ont les représentants d’intérêts pour ceux qui font les lois. Il met ainsi en lumière la fonction peu connue mais essentielle des lobbys comme passeur d’information et d’expertise, depuis les secteurs qu’ils défendent vers les institutions européennes. Ce faisant s’explique la position incontournable qu’ils ont acquise dans la machine institutionnelle européenne.
. Mélany Barragán, Salvador Marti Puig, América Latina. Democracias Frágiles y Conflictividad. Valencia, Tirant, mars 2023.
La tercera ola de democratización reconfiguró los sistemas políticos de América Latina, poniendo fin a décadas de dictaduras militares. Como excepción se mantuvo Cuba, como régimen soviético congelado en el Caribe. Con la llegada de la democracia se abrió un nuevo horizonte poliárquico en la región : nuevos entramados institucionales, grandes avances para garantizar el derecho universal al voto, el acceso al poder en condiciones de competencia o la celebración de elecciones libres y vigiladas son algunos de los principales hitos en este sentido. Sin embargo, las democracias latinoamericanas han experimentado en los últimos años un constante proceso de erosión : las instituciones se muestran ineficientes para canalizar las demandas ciudadanas, el bajo crecimiento económico ha empeorado los desequilibrios sociales y nuevos liderazgos autoritarios han ganado terreno. Para entender mejor los cambios que se han ido produciendo en la región en las últimas décadas, este libro ofrece al lector una aproximación multidisciplinar a la realidad latinoamericana, poniendo el foco en actores e instituciones, contexto socioeconómico, dinámicas y procesos, y relaciones internacionales.
. Thibaut Lavernhe, François-Olivier Corman. Vaincre en mer au XXIe siècle, Paris, Editions des Equateurs, février 2023.
À l’heure où le combat naval entre marines de guerre redevient une « hypothèse de travail » plausible, force est de constater qu’il n’existe aucun ouvrage récent pour en cerner les enjeux tactiques, alors même que le besoin d’investissement intellectuel dans ce domaine n’a jamais été aussi pressant. C’est à cette tâche, à la fois théorique et pratique, que deux officiers de marine s’attèlent. Théoriciens, ils identifient un cinquième âge de la conflictualité navale qui succède, sans les effacer totalement, aux âges de la voile, du canon, de l’avion et du missile. Cet âge, c’est celui de la robotique, irrigué par le numérique, où les machines remplacent toujours plus les hommes. Praticiens du combat naval, ils démêlent les invariants et les inflexions de la guerre sur mer, en puisant largement dans l’histoire navale universelle et en rappelant nombre d’épisodes parfois oubliés. Les deux auteurs délivrent ainsi un traité de tactique navale générale, nourri par l’histoire, adapté au présent des flottes de guerre modernes et résolument tourné vers l’avenir de la conflictualité en mer. Un ouvrage terriblement d’actualité, aussi bien pour les passionnés de géopolitique que pour les lecteurs curieux de comprendre comment les enjeux navals et maritimes d’aujourd’hui sont au centre des enjeux militaires de demain.
. Camille Morel, Les câbles sous-marins, Paris, CNRS Editions, février 2023.
Aujourd’hui, plus de 98 % des flux d’informations mondiaux passent par la mer. Répartis sur l’ensemble du globe de manière hétérogène, 450 câbles sous-marins de fibres optiques, permettant le transport de données à la vitesse de la lumière, forment une immense toile. Outils au service du développement économique et social, infrastructure essentielle au quotidien, instruments aux mains des États, ces câbles sont pourtant largement méconnus.
À l’heure d’une augmentation exponentielle de notre consommation de données, cet ouvrage s’intéresse aux grands enjeux soulevés par cette infrastructure : fonctionnement et marché de la technologie, rôle politique joué par ces lignes de communications, encadrement juridique international, défi environnemental.
Un tour d’horizon complet sur le sujet.
. Gilles Favarel-Garrigues. La verticale de la peur. Ordre et allégeance en Russie poutinienne.Paris, PUF, janvier 2023.
L’invasion de l’Ukraine rappelle que la peur est un pilier de la géopolitique poutinienne. Mais son emprise s’exerce aussi à l’intérieur de la société russe, où elle assure l’allégeance au régime de la classe dirigeante et d’une partie de la population.
Cet ouvrage met à nu la spirale d’autoritarisme qui, bien au-delà des murs du Kremlin, se déploie à tous les niveaux de la structure sociale. Il montre comment le maintien des élites dans une insécurité permanente cimente l’ordre politique autour d’une improbable « dictature de la loi », appliquée par des maîtres chanteurs, des professionnels du scandale, des hérauts médiatiques et des juges obéissants. Il analyse la manière dont, au cœur de la société, une incessante demande d’intransigeance à l’égard de menaces agitées en tous sens légitime la surenchère punitive et les initiatives justicières. Il donne enfin à voir le repli sur soi du pays, encouragé par le façonnement aussi politique que médiatique de figures de traîtres et d’ennemis, accusés de saper la puissance russe, voire de subvertir l’ordre moral.
Nourri par vingt ans d’enquête, ce livre explore l’ancrage politique et social du poutinisme et offre des clés inédites pour comprendre comment un pouvoir aussi délétère perdure et, peut-être aussi, pourquoi il nous sidère.
. François Bafoil, Psychologie politique du populisme. Trump, Poutine et les ressorts de l’humiliation, Paris, Editions Hermann, février 2023.
L’assaut du Capitole à Washington le 6 janvier 2021 et la guerre lancée par la Russie contre l’Ukraine en février 2022 révèlent une dérive inquiétante vers une forme nouvelle de populisme. C’est cette pathologie sociale que François Bafoil interroge ici, en analysant les dynamiques qui sous-tendent les orientations politiques de Trump et de Poutine. À la lumière des perspectives théoriques de Freud et d’Elias sur les ressorts pulsionnels de la masse et sur les traumatismes sociaux causés par la recherche d’une souche originaire manquante, les politiques populistes de Trump et de Poutine s’éclairent à nouveaux frais : façonnées par l’amour et par la haine, elles se nourrissent des frustrations et du ressentiment des masses, et poussent à la violence. L’exacerbation de cette violence constitue même, pour ces chefs, une forme de promesse de renouvellement de la démocratie. Une démocratie du peuple et pour le peuple, une démocratie mise au service des masses, qui se fonde sur une conception de la vérité une et pure, source d’apaisement et de bien-être, et qui exclut tout étranger.
. Olivier Alexandre, La Tech. Quand la Silicon Valley refait le monde, Paris, Seuil, mars 2023.
La Silicon Valley, cœur battant des nouvelles technologies, rythme le quotidien de milliards d’individus. Elle a transformé les façons de communiquer, de s’informer, de travailler, de se divertir et de s’aimer. Percées technologiques, marchés financiers, cours de justice, ses entreprises occupent le devant de la scène médiatique. De la conquête spatiale à l’informatique quantique, ses ingénieurs repoussent les frontières de l’infiniment grand et de l’infiniment petit. Ses scientifiques projettent la fin de la mort et travaillent au dépassement de l’humain par la machine.
Ce livre propose une immersion dans un univers qui inspire jusqu’à Hollywood, mais qui reste paradoxalement méconnu. Loin de s’arrêter à ses grands noms, il dépeint le parcours, la mentalité et les façons de faire de ceux qui bataillent quotidiennement dans un système hypersélectif pour séduire les investisseurs, embaucher les meilleurs développeurs et trouver la solution qui changera le monde.
Du Burning Man aux mobilisations anti-Tech, il offre une plongée dans un monde en perpétuelle révolution, riche de promesses et d’inquiétudes pour l’avenir.
. Pierre Vermeren. Le choc des décolonisations. De la guerre d’Algérie aux printemps arabes, Paris, Editions Odile Jacob, mars 2023.
Le temps semble loin où notre pays était un empire. Les territoires autrefois colonisés ont été rendus à eux-mêmes et sont désormais maîtres de leur histoire. C’est contre cette vision simpliste et historiquement fausse que s’insurge Pierre Vermeren : les révolutions arabes de 2011 et 2012 sont la conséquence directe, le dernier chapitre de l’histoire de la décolonisation. De guerre lasse, dans un mélange de bonne conscience et de culpabilité, l’État et les élites de France ont laissé leurs successeurs à la tête du Maroc, de l’Algérie, de la Tunisie et des pays d’Afrique agir en toute impunité. Le silence et l’aveuglement de la France, mais aussi de l’Europe tout entière, ont permis dans ces anciennes colonies l’accaparement des richesses, la confiscation des libertés et la soumission des peuples.
. Saïkou Oumar Baldé, Mathieu Mérino (dirs.), Quelles perspectives pour les processus électoraux en République de Guinée ?. Paris, Editions du Panthéon, février 2023.
Expression démocratique par excellence, l’élection est aussi un moment de grande fébrilité politique. De plus en plus malmené ou contesté, le vote ne semble plus suffire pour garantir la légitimité des autorités alors élues et le temps pour exercer sa citoyenneté devient ainsi un véritable défi pour ceux qui l’organisent. À l’image de nombreux pays sur le continent africain, la République de Guinée n’échappe pas à cette dynamique et aux tensions électorales qu’elle induit. Saïkou Oumar Baldé et Mathieu Mérino exposent les principales questions inhérentes à l’organisation des prochaines élections de sortie de Transition en Guinée et mettent en perspective différents travaux relatifs aux processus électoraux.
. Benoît Martin. Chiffrer le crime. Enquête sur la production de statistiques internationales. Première édition, Paris, Presses de SciencesPo, mars 2023.
Une enquête au cœur de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC) pour comprendre comment ses experts chiffrent les phénomènes de trafic de drogue, de traite des personnes, d’homicides, de trafic d’espèces sauvages, etc. Lire la suite
Aucun criminel n’envoie sa comptabilité à l’administration publique. Comment dès lors quantifier le crime si l’on entend lutter contre lui de manière efficace ? Cet exemple illustre à l’envi la complexité du travail de production de statistiques, a fortiori lorsqu’il est réalisé à l’échelle internationale.
Benoît Martin mène l’enquête au cœur de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC) pour comprendre comment ses experts chiffrent les phénomènes de trafic de drogue, de traite des personnes, d’homicides, de trafic d’espèces sauvages, etc. Plus largement, l’auteur dévoile les rouages de la fabrication des données publiées par l’ONU dans ses rapports mondiaux ainsi que les multiples facteurs qui les influencent : défis technologiques, compromis politiques, sensibilités diplomatiques, logiques administratives, ambitions individuelles.
Alors que les statistiques ont pris une importance considérable dans les décisions, ce travail minutieux mêlant entretiens, observations de terrain et analyses de documents internes montre qu’elles sont des objets éminemment politiques et qu’elles doivent être considérées avec une distance critique.
. Catherine Gousseff. L’exil russe. La fabrique du réfugié apatride.Paris, CNRS Editions, avril 2023.
France terre d’asile ? Dans les années 1920, la France accueille près de 80 000 Russes ayant quitté leur pays à la suite de la révolution, plus que la plupart des pays européens.
Comment répondre à cet afflux de population ? Comment les accueillir, où les installer ? Quel statut leur accorder ? Ces questions ne relèvent pas de la seule politique intérieure française : elles acquièrent avec la création du Haut-Commissariat aux Réfugiés une dimension internationale.
Au croisement du droit, de la diplomatie et de la sociologie, Catherine Gousseff nous relate l’élaboration du statut de réfugié.
Elle met particulièrement en avant l’assistance des associations caritatives et le rôle politique des élites russes auprès de la Société des nations.
Une question politique et humaine qui est encore la nôtre.
. Chloé Delaporte, Géopolitique du cinéma. De la mondialisation à la plateformisation, Paris, Le Cavalier Bleu, mars 2023.
Le boycott récent de certains films et acteurs russes lors des derniers festivals rappelle combien le cinéma se trouve au cœur d’enjeux géopolitiques, à la fois parce qu’il est utilisé comme arme de soft power, voire de propagande, et peut être censuré, mais aussi parce qu’il représente une activité très lucrative pour certains États. À la croisée de nombreuses disciplines – économie, sociologie, sciences politiques, histoire, etc. –, et d’échelles géographiques multiples, du local à l’international, la géopolitique du cinéma convoque également une grande variété d’acteurs tant publics que privés. Et, au-delà des enjeux « historiques » de puissance économique et culturelle, de nouveaux défis se font jour : diversité et inclusion, mais aussi lutte contre le changement climatique que cette industrie au lourd bilan carbone peine à engager. La réponse proposée par Netflix en est l’ironique illustration : Don’t look up !
. Claudio Ingerflom, Le domaine du maître : l’Etat russe et sa mission mondiale, Paris, PUF, mars 2023.
Poutine a fabriqué une fausse histoire russe, définie par une essence métaphysique qui justifierait sa prétention à un leadership mondial, en imposant à la planète entière ses valeurs profondément réactionnaires, qui gouvernent sa politique intérieure. La réactivation de la vieille dynamique impériale va bien au-delà de l’espace entourant le territoire russe : cela est la nouveauté. Le livre analyse le rapport entre répétabilité de structures anciennes et événements singuliers actuels. La dimension impériale, le patrimonialisme, la personnification du pouvoir et sa légitimité transcendée, le refus des éléments émancipateurs dans le libéralisme politique… autant de strates érodées, mais encore actives de l’histoire russe. L’auteur les expose et les met en rapport avec les propos officiels sur l’Ukraine, la guerre et l’Occident. C’est un livre d’histoire qui éclaire la densité de l’actualité et dévoile les ambitions en jeu dans cette croisade messianique.
. Eugénia Palieraki, Clément Thibaud, L’Amérique latine embrasée. Deux siècles de révolutions et de contre-révolutions. Paris, Armand Colin, mars 2023.
Depuis la Révolution cubaine ou encore les dictatures des années 1960-1980, et jusqu’à nos jours, les pays de l’Amérique latine n’ont cessé d’être au centre de l’actualité et du débat politique. Cet ouvrage ambitieux et synthétique offre les clés historiques pour comprendre l’actualité convulsée du sous-continent en identifiant les jalons les plus importants de son histoire contemporaine et en mettant en lumière les expériences politiques et les mouvements sociaux qui l’agitent depuis deux siècles.
La dimension essentielle des révolutions et des contre-révolutions permet d’explorer une histoire passionnante et complexe, en s’attachant aux acteurs individuels et collectifs, à leurs motivations et à leurs idées, mais aussi à l’imprévisibilité de leurs actions. En parallèle, on inscrit les événements dans une plus longue durée, en interrogeant les réactions qu’ils ont suscitées, mais aussi leur mémoire. Cette réflexion, en outre, joue sur plusieurs échelles d’analyse : locale, nationale, régionale et même, globale, comme pour la révolution cubaine.
. Jean-François Kerléo et Sophie Lamouroux (dir), L’Elysée. De l’ombre à la lumière, Paris, Editions IFJD, mars 2023.
L’Élysée demeure un lieu méconnu sur lequel ne cesse de planer l’ombre de celui qui l’incarne. Le Président de la République, dont la personne frappe d’invisibilité les coulisses du pouvoir, nous a fait oublier qu’il s’agit aussi du siège d’une autorité politique et administrative qui dispose d’un budget, s’organise en différents services, se compose d’un personnel très varié... En dépassant la seule approche constitutionnelle, il s’agit de mettre en lumière cette organisation peu évoquée en interrogeant les aspects régaliens, administratifs ou encore financiers.
Pour autant, en raison de son indépendance institutionnelle, l’Élysée a sécrété son propre régime juridique et reste très largement une institution « hors-normes » qui fonctionne sur la base de pratiques et de conventions difficiles à mettre au clair pour le juriste. Il faut donc croiser les regards pour approcher cette organisation si particulière, dans sa formation historique, ses rapports de force politiques, ses contrôles budgétaires..., ou encore dans ses règles de sécurité et ses formes de communication.
Tout dans l’Élysée respire la souveraineté de l’État. Pourtant, l’institution élyséenne est-elle organisée de manière à assurer si efficacement l’autorité politique du Président ? Quels sont les hommes qui contribuent à façonner chaque jour le mythe présidentiel ? Dans quelle instance élyséenne se prépare la décision publique et avec qui ? La lumière ici projetée sur l’Élysée apporte quelques éléments de compréhension sur le pouvoir politique en examinant le rôle d’acteurs mésestimés, la place de services oubliés et l’exercice de fonctions méconnues.
. Jean-Baptiste Jeangène Vilmer. Pour une éthique du renseignement. Paris, PUF, mars 2023.
L’objectif de cet ouvrage est double : d’une part, présenter ce domaine de recherche peu connu, en espérant contribuer à son intégration dans les études sur le renseignement et plus généralement les études stratégiques et les études sur la guerre ; et, d’autre part, défendre une certaine approche, la théorie du renseignement juste. Pour ce faire, nous procédons en trois parties : de quoi parle-t-on ? quels sont les problèmes qui se posent ? et comment les approcher ?
La première partie, intitulée « De l’éthique au renseignement », définit l’éthique, puis le renseignement, pour expliquer ce qu’est l’éthique du renseignement (sa possibilité, sa nature et son étude). La deuxième partie, intitulée « Problèmes », passe en revue les problèmes éthiques posés par les activités de renseignement, d’abord la collecte (le recueil technique et le recueil humain : manipulation, tromperie, corruption, compromission, chantage, violence ou menaces physiques) ; puis l’analyse, les opérations clandestines, la coopération entre services et la reconversion des officiers de renseignement. La troisième partie, intitulée « Approches », expose les différentes manières d’approcher l’éthique du renseignement (réalisme, pacifisme, déontologisme, utilitarisme et éthique vertu) avant d’en défendre une autre, la théorie du renseignement juste, inspirée de la théorie de la guerre juste.
. Louis-Samuel Pilcer, Souveraineté économique - Analyse et stratégies, Paris, Editions Economica, mars 2023.
50 ans de désindustrialisation ont rendu la France dépendante aux importations de nombreux produits essentiels. Après des années de déni, la rupture des chaînes d’approvisionnement pendant la crise du covid-19 a révélé l’ampleur du problème et les conséquences concrètes de la perte de notre souveraineté industrielle : ruptures de stock de masques, de médicaments essentiels et de produits de première nécessité.
L’idéologie qui affirmait que le libre-échange est la meilleure garantie de la prospérité des nations a montré ses limites. Chaque pays doit désormais reconstruire une capacité de production nationale pour l’ensemble des produits stratégiques, et pour les nombreuses activités sur lesquelles les enjeux d’écologie, d’emploi, de lutte contre les inégalités justifient une production locale.
Des politiques ont été menées pour permettre à la France de conserver des capacités de production sur les activités les plus stratégiques pour la souveraineté nationale.
Cet ouvrage analyse leurs succès et échecs afin de mettre en évidence les arbitrages qu’impliquent les stratégies de souveraineté industrielle.
. Lucile Maertens, Stefan Aykut, The Climatization of Global Politics, Cham, Palgrave Macmillan, mars 2023.
This volume examines the process through which climate change is transforming global governance, as both an increasingly central issue on the international stage and an increasingly structured policy domain with its specific modes of governing, networks of actors, discourses, and knowledge practices. Collectively, the contributions aim to assess how and why climate change is becoming a dominant frame in international politics. In doing so, they also contribute to understanding the dynamics and drivers of climatization.
As global warming progresses and efforts to mitigate and adapt intensify, living under a changing climate—or in a ‘new climate regime’ (Latour 2015)—increasingly appears as a central feature of ‘our’ new, and highly unequal, human condition in the Anthropocene. In other words, we firmly believe that climatization is here to stay. It is thus crucial to better understand this process, recognizing its problems and ambiguities, but also examining its transformative potential and identifying the conditions under which such potentials can be harnessed with a view to building a more effective and equitable climate politics. We think that the chapters in this book contribute to this endeavour.
. Matthieu Noucher, Le blanc des cartes Paris, CNRS Editions, mars 2023.
Chaque carte présente ses propres blancs, inconscients ou volontaires. Ces lacunes ou ses oublis, d’aucuns l’ont bien montré, ont joué un rôle déterminant dans l’histoire, en particulier coloniale.
Hier privilège des États, ce pouvoir de blanchir ou de noircir la carte est aujourd’hui celui des données numériques. Car le déluge d’informations géographiques, produit par une multitude d’acteurs, n’est pas uniformément réparti sur l’ensemble des territoires, laissant des zones entières vides.
S’inscrivant dans le champ émergent des critical data studies, cette recherche innovante et singulière, abondamment illustrée, revient sur les enjeux politiques des cartes et nous invite à explorer les rouages les plus profonds de la cartographie. En s’attachant à l’Amazonie, Matthieu Noucher déconstruit les vides pour interroger le sens de la géonumérisation du monde. Pour mener son enquête, il s’intéresse à trois dispositifs en particulier : la détection de l’orpaillage illégal, la mesure de la biodiversité et la cartographie des habitats informels.
Ce livre débouche sur les deux modalités de résistance au comblement des blancs des cartes : la contre-cartographie (une géographie des ignorances géonumériques qui révèle des savoirs oubliés, masqués ou détruits) et la fugue cartographique (géographie des résistances géonumériques qui rend visible des alternatives aux représentations spatiales dominantes). Deux logiques d’indiscipline cartographique pour appréhender les blancs des cartes comme une opportunité de diversifier nos manières de voir le monde.
. Olivier Provini, États et politiques publiques. Analyse comparée des réformes universitaires en Afrique de l’Est, Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, mars 2023.
Étudier les réformes de l’enseignement supérieur en Afrique de l’Est depuis la fin des années 1980 invite à une analyse de la mise en marché de ces systèmes universitaires. À partir d’une étude empirique comparée (Ouganda, Kenya, Tanzanie et Burundi), l’ouvrage s’intéresse aux processus de politiques publiques dans des États et des régimes aux trajectoires historiques singulières, et encore peu travaillés par l’analyse de l’action publique. L’auteur participe ainsi aux débats et aux controverses propres au champ scientifique, mais il réfléchit également à des préoccupations fondamentales des acteurs du développement sur la transformation de l’intervention de l’État, sur la formation des élites nationales et sur la mise en marché des secteurs éducatifs, notamment par la question très sensible des frais de scolarité.
. Zhang Zhulin. La société de surveillance made in China, Paris, Editions L’Aube, février 2023.
Ce livre est une enquête inédite sur la vie chinoise sous censure généralisée, écrite par un journaliste français né dans l’empire du Milieu. L’intérêt essentiel de cette investigation repose sur les nombreux témoignages (sans langue de bois) de Chinois de Chine, continentale comme d’outre-mer. L’auteur laisse ses interlocuteurs raconter leur histoire et exprimer leurs sentiments complexes face à un régime de plus en plus dictatorial, interrogeant les différentes sphères de la société chinoise pour mieux la comprendre : pourquoi Pékin prétend-il que la Chine est le pays le plus sûr au monde ? D’où provient la peur d’un simple citoyen ? Comment le Parti communiste chinois, avec ses chercheurs officiels, essaie-t-il d’imposer son langage et ses codes, en Chine comme dans le reste du monde ? Un voyage effroyable dans un certain futur.
. Alain Quinet, Economie de la guerre, Paris, Editions Economica, février 2023.
Y a-t-il une rationalité économique à ce que des entités politiques puissent choisir la voie de conflits destructeurs plutôt que celle de l’échange mutuellement profitable et de la coopération ? L’économie de la défense s’est constituée pour répondre à cette question fondamentale, restée longtemps dans l’ombre des travaux des « pères fondateurs » de l’économie. À ce titre, elle met en évidence la « part rationnelle » des conflits, même si ceux-ci peuvent engendrer des coûts humains, économiques et écologiques considérables. Elle montre aussi que les compromis se concluent très généralement « à l’ombre des armes ».
Les affrontements modernes ont plusieurs visages : celui des crises « au bord du gouffre », telle la crise des missiles de Cuba, celui des guerres de haute intensité, celui des « petites guerres » et des guérillas, auxquels il faut ajouter toute la gamme des stratégies hybrides, combinant actions militaires et non militaires. Aujourd’hui, c’est l’ensemble des interdépendances commerciales, financières, technologiques, humaines qui peuvent être manipulées à des fins géopolitiques. Face à ce spectre large de menaces, l’économie de la défense et de la guerre propose toute une gamme de raisonnements, d’outils d’évaluation et d’analyse pour aider les pouvoirs publics à bien dimensionner l’effort de défense, pour inciter les forces armées et les industriels de l’armement à la performance, pour élargir la base d’innovation et se préparer si nécessaire à une économie de guerre.
. Colectivo, La violencia que no cesa. Huellas y persistencias del conflicto armado en el Perú contemporáneo, Paris, Editions de l’IHEAL, février 2023.
La violencia que no cesa busca romper estereotipos y comprender las huellas y persistencias del conflicto armado peruano en la actualidad. A veinte años de la creación de la Comisión de la Verdad y Reconciliación, ¿cuáles fueron los usos del metarrelato de su Informe final en las reparaciones a las víctimas ? ¿Cómo se manifiesta el “continuum de violencia” en los conflictos sociales actuales, las migraciones o las violencias de género ? ¿En qué medida las producciones culturales interrogan la herencia de la violencia política ? Abordamos estas preguntas desde una perspectiva multidisciplinaria que articula ciencias sociales, humanidades y artes.
. Georges Bensoussan. Les origines du conflit israélo-arabe (1870-1950). Paris, PUF, janvier 2023.
Le conflit israélo-arabe, dont l’actualité est surabondamment couverte par les médias, demeure paradoxalement mal connu dans sa genèse, recouverte par des strates d’une histoire mythifiée, légende dorée des uns, légende noire des autres.
C’est au sortir de la Première Guerre mondiale que se cristallise ce qui n’est pas seulement le choc de deux nationalismes, mais un affrontement culturel recouvert par un « conflit religieux » et d’innombrables polémiques sur la nature du projet sioniste. Mais c’est en étudiant la façon dont, bien avant 1914, le conflit prend forme au sein des élites arabes, dans la vieille communauté juive séfarade et parmi les sionistes d’Europe orientale, que se dessinent les enjeux et les discours du XXe siècle.
Ces discours, dominés par la propagande, Georges Bensoussan montre qu’ils sont à mille lieues d’une véritable connaissance historique enracinée dans la longue mémoire des peuples. Ce faisant, il met en lumière l’importance de l’histoire culturelle et de l’anthropologie dans la connaissance d’un conflit vieux de cent quarante ans, dont aucun des schémas explicatifs classiques (du « nationalisme » au « colonialisme » et à l’« impérialisme ») n’est véritablement parvenu à rendre compte.
. Guillaume Devin, Marieke Louis, Sociologie des relations internationales, Paris, Editions La Découverte, février 2023.
Différente d’une approche exclusivement théorique ou d’une lecture purement historique, la sociologie des relations internationales appréhende les faits « internationaux » comme des faits sociaux. Face à une incroyable accumulation d’événements et d’informations, il s’agit d’organiser la diversité des variables et des techniques internationales autour de quelques rubriques fondamentales : les acteurs, leur puissance, leurs objectifs, leurs instruments. La sociologie des relations internationales propose un cadre d’analyse suffisamment étendu pour saisir les permanences et les discontinuités des modes d’action internationaux dans la durée, mais aussi suffisamment précis pour définir ce qui fait leur spécificité aujourd’hui. Dans cette perspective, ce livre ne sépare pas l’empirie et la théorie, le passé et le présent, l’analyse des continuités et une réflexion plus globale sur le changement. Il ouvre des pistes fécondes aux études politiques internationales.
. Nicolas Badaoui, La diplomatie économique et les affaires internationales au Moyen-Orient. Paris, L’Harmattan, février 2023.
La diplomatie économique est l’une des plus importantes diplomaties au monde, particulièrement au Moyen-Orient. Les pays du Golfe possèdent une diplomatie économique exceptionnelle. La diplomatie économique européenne joue également un rôle important pour les échanges entre les deux rives de la Méditerranée.
Ce livre vise à couvrir les différents aspects de la diplomatie économique, avec des auteurs experts issus de diverses cultures et communautés.
. Pierre Grosser. Vers une guerre Etats-Unis/Chine, Paris, CNRS Editions, mars 2023.
Depuis près d’un quart de siècle, une guerre entre les États-Unis et la Chine est annoncée et redoutée. Si une guerre conventionnelle apparaît comme de plus en plus probable, il se pourrait aussi que celle-ci n’arrive jamais, et que l’on s’en tienne à des contraintes de nature économique.
Historien des relations internationales, Pierre Grosser revient sur l’histoire longue de cette rivalité. En retraçant l’évolution des relations sino-américaines pendant la guerre froide (qui fut une guerre chaude en Asie, notamment autour de Taiwan et de la Corée), il plante le décor de cette relation contrariée. Il montre que les années 1990/2000, celles de l’évolution de la Chine vers une économie capitaliste de marché, n’ont constitué qu’une courte parenthèse enchantée dans une longue histoire conflictuelle.
Enfin, en s’intéressant aux déclenchements des grandes guerres du XXe siècle, il liste les éléments qui pourraient mener les deux pays à se faire la guerre (revenant notamment longuement sur la notion de piège de Thucydide, régulièrement mobilisée pour souligner le caractère inévitable d’un affrontement entre les deux puissances), mais aussi ce qui pourrait empêcher qu’elle ait lieu.
. François Heisbourg, Les leçons d’une guerre, Paris, Editions Odile Jacob, février 2023.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie, le 24 février 2022, a déclenché la guerre la plus importante en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Par l’ampleur des moyens employés et du soutien apporté à l’Ukraine par les forces occidentales, elle constitue un moment pivot pour l’histoire de l’Europe et peut-être du monde.
Quelles leçons pouvons-nous en tirer aujourd’hui ? Comment cette guerre transforme-t-elle l’art militaire mais aussi nos sociétés ? En quoi l’ordre de sécurité européen et mondial s’en trouvera-t-il bouleversé ? Que nous enseigne-t-elle sur la dissuasion ? L’Ukraine est-elle un laboratoire pour Taïwan ?
Toutes ces questions et bien d’autres sont abordées ici par François Heisbourg, qui joint à son expertise internationale une connaissance inégalée du terrain et des différents acteurs, qu’il a personnellement rencontrés et dont il nous dresse un portrait souvent inattendu.
. Grégory Daho, Luc Klein. Les armes cèdent-elles toujours à la toge ? Regards interdisciplinaires sur les relations civilo-militaires en démocratie. Paris, Mare & Martin, mars 2023.
Depuis les attentats 2015 et 2016 en France, l’impression, diffuse mais tenace, d’une militarisation des démocraties libérales, fait l’objet d’une importante couverture médiatique. A la faveur d’un cadrage anti-terroriste aux effets politiques et sociaux puissants, l’emploi de la force armée s’est considérablement élargi. Qu’il faille juguler une menace à l’extérieur et désormais un risque à l’intérieur des frontières, s’acquitter des missions de supplétif des forces de police dans le cadre des manifestations de Gilets Jaunes, réinvestir un rôle intégrateur par le biais du Service National Universel ou soutenir la cohésion nationale dans le cadre d’une pandémie, le retour des militaires dans l’espace public est manifeste.
Si les relations civilo-militaires en France sont marquées par l’héritage d’une profonde défiance entre autorités politiques et chefs militaires dès l’origine même de la République, la place nouvelle des armées dans la plupart des démocraties interroge tant les observateurs que les praticiens. Initié dans le cadre du programme de recherche Sorbonne War Studies, cet ouvrage collectif, inédit en langue française, réunit une dizaine d’universitaires autour de la question de l’évolution de l’usage et des rôles des forces armées dans un cadre anti-terroriste caractérisé par un brouillage des repères traditionnels que sont la guerre et la paix, la défense extérieure et la sécurité intérieure, l’endiguement des menaces et la gestion des risques. À travers cette question, ce sont les notions canoniques d’autorité, de légitimité et de continuité de l’État qui sont traitées.
L’ouvrage contribue à renouveler la teneur des débats sur le contrôle démocratique des forces armées en promouvant un cadre analytique interdisciplinaire (Droit, Histoire, Science Politique et Sociologie), une démarche comparative (France, Allemagne, États-Unis, Royaume-Uni) et en insistant sur la dimension méthodologique et empirique du travail d’enquête sur les politiques de défense et de sécurité.
. Hamit Bozarslan, Ukraine. Le double aveuglement, Paris, CNRS Editions, février 2023.
En lançant son « Opération spéciale » le 24 février 2022, Vladimir Poutine, qui la veille ou presque jurait sur l’honneur n’avoir aucune intention belliqueuse, espérait voir l’Ukraine capituler en quelques jours, les démocraties occidentales reculer une nouvelle fois et son projet d’une nouvelle « Grande Russie » prendre corps. Quelques semaines ont suffi à mettre en lumière ses multiples erreurs.
Passée la sidération entretenue par un flot continu d’informations, cette guerre entre démocratie et anti-démocratie permet de tirer des enseignements sur l’une comme sur l’autre. Elle vient clore l’ère ouverte avec la chute du mur de Berlin et l’effondrement de l’Union soviétique, marquée par l’aveuglement et les errements de démocraties libérales qui se sont crues d’abord triomphantes, puis fragiles et fatiguées – au point de capituler devant l’affirmation d’un pouvoir hostile suscitant en leur sein quelque fascination. Elle vient tout autant révéler les insuffisances et la perte de prise avec la réalité du pouvoir poutinien marqué par l’hubris d’un homme en décalage avec son ex-Empire, voire avec sa propre société.
Les démocraties des années 2020 n’auront d’autre choix que de s’armer face aux anti-démocraties, la chose est désormais entendue. Mais leur véritable puissance ne peut venir que d’une confiance renouvelée en leur propre modèle politique, susceptible d’ouvrir une voie d’avenir aux populations qui se débattent aujourd’hui sous la tyrannie.
. Jean Radvanyi. Russie, un vertige de puissance. 1986-2023. Une analyse critique et cartographique, Paris, Editions La Découverte, février 2023.
On a souvent qualifié la disparition de l’URSS de divorce à l’amiable, étonnamment pacifique. L’agression décidée par Vladimir Poutine en Ukraine en février 2022 vient contredire cet optimisme. En réalité, dès 1988, une série de conflits ont surgi autour de la Russie, avant même que l’URSS n’éclate, en 1991. D’abord au Caucase, puis en Asie centrale et en Moldavie, ces tensions reflètent l’acuité des questions que le régime soviétique avait mises sous le boisseau en interdisant toute réflexion ouverte sur des enjeux brûlants qui couvaient à petit feu.
La fin de l’URSS a consacré la naissance de quinze États indépendants qui ont aussitôt suscité interrogations et convoitises. Ils devaient non seulement définir de nouveaux rapports entre eux et en premier lieu avec l’ancienne puissance tutélaire, la Russie, mais aussi établir des relations avec des voisins devenus de potentiels partenaires. Très tôt, la Russie a perdu le monopole d’influence qu’elle exerçait sur tout cet espace depuis plus d’un siècle alors que des acteurs extérieurs (États-Unis, Union européenne, Turquie, Chine) profitaient de son affaiblissement. L’arrivée en 2000 à la tête de l’État russe de Vladimir Poutine marque un tournant majeur, ce dernier s’étant fixé pour objectif de redonner à son pays sa puissance d’antan.
En partant de la situation actuelle, l’agression de la Russie en Ukraine, ce livre se propose de revenir aux sources des enchaînements qui ont conduit à cette série de conflits tragiques. Il repose sur la juxtaposition de textes synthétiques exposant les positions des différents acteurs et de documents cartographiques qui permettent, souvent plus clairement que de longs développements, de comprendre les enjeux réels et leur évolution.
. Luis Martinez. L’Afrique, le prochain califat ? La spectaculaire expansion du djihadisme, Paris, Editions Tallandier, février 2023.
La sharia bientôt à Bamako ou à Ouagadougou ? Pas si incroyable. En vingt ans, l’Afrique est devenue le terreau fertile de l’idéologie islamiste. Cet essai inédit explique les facteurs de l’expansion réussie des groupes djihadistes et ses conséquences dramatiques pour les populations.
Après avoir prospéré au Moyen-Orient et dix ans après Serval – l’intervention militaire française au Mali –, les groupes djihadistes ont désormais étendu dangereusement leur influence sur le continent africain. L’implosion de la Libye, le renversement du régime de Ben Ali en Tunisie, la chute de Blaise Compaoré au Burkina Faso et le retrait français après l’arrivée des milices russes Wagner leur ont offert des opportunités inespérées. Ces groupes occupent désormais des zones entières au Mali, au Tchad, au Burkina Faso, au Niger, jusqu’au golfe de Guinée. Fort de son expérience sur le terrain, Luis Martinez nous explique comment l’une des régions les plus peuplées et les plus jeunes de la planète est devenue la proie de l’islam radical. Profitant des nombreuses failles intérieures économiques, démographiques et politiques, les djihadistes offrent des solutions aux communautés locales, pauvres à l’extrême, en capitalisant sur un profond ressentiment post-colonial et l’abandon de la part d’élites corrompues et indifférentes à leur sort. Il y a urgence à restaurer des États capables de sécurité et de stabilité. Cet immense défi nous concerne tous.
. Antoine Rivière, Manon Pignot, Laura Hobson-Faure, Enfants en guerre. Etre sans famille dans les conflits du 20ème siècle, Paris, CNRS Editions, février 2023.
Des millions d’enfants orphelins, abandonnés, déplacés, réfugiés peuvent être dénombrés en Europe après la Seconde Guerre mondiale. Perdus pendant une évacuation ou un exode, restés seuls après la mort d’un parent, ayant survécu à un génocide, ils sont livrés à eux-mêmes avant d’être pris en charge. Enfants de la République espagnole ou jeunes eurasiens envoyés en France pendant la guerre d’Indochine, beaucoup expérimentent une coupure familiale brutale et surtout définitive. D’autres sont la cible privilégiée de violences paroxystiques et des pouvoirs génocidaires, et, lorsqu’ils en échappent, sont forcés à rejeter leur identité. Pour eux tous, bien souvent, la guerre se poursuit après la guerre, et ces enfants, d’abord enjeu des affrontements, deviennent ensuite celui des négociations d’après-guerre.
Ce livre collectif propose de penser ces expériences traumatiques de l’enfant, depuis le temps de la séparation, provisoire ou définitive, puis de leur prise en charge, jusqu’aux traces laissées par les événements, à travers les souvenirs et récits. Il montre aussi que « sans famille » ne signifie pas nécessairement « sans personne », et interroge le rôle des fratries, des parents de substitution, des services sociaux ou des groupes de pairs, qui, à des degrés divers, peuvent prétendre faire famille. Enfin, s’appuyant sur des témoignages directs, il permet de mieux comprendre comment l’enfant subit et vit sur le temps long ces expériences traumatiques.
. Claudio Ingerflom, Le domaine du Maître : l’État russe et sa mission mondiale, Paris, PUF, février 2023.
Poutine a fabriqué une fausse histoire russe, définie par une essence métaphysique qui justifierait sa prétention à un leadership mondial, en imposant à la planète entière ses valeurs profondément réactionnaires, qui gouvernent sa politique intérieure. La réactivation de la vieille dynamique impériale va bien au-delà de l’espace entourant le territoire russe : cela est la nouveauté. Le livre analyse le rapport entre répétabilité de structures anciennes et événements singuliers actuels. La dimension impériale, le patrimonialisme, la personnification du pouvoir et sa légitimité transcendée, le refus des éléments émancipateurs dans le libéralisme politique… autant de strates érodées, mais encore actives de l’histoire russe. L’auteur les expose et les met en rapport avec les propos officiels sur l’Ukraine, la guerre et l’Occident. C’est un livre d’histoire qui éclaire la densité de l’actualité et dévoile les ambitions en jeu dans cette croisade messianique.
. Manon-Nour Tannous (dir.), Fréquenter les infréquentables. Le choix des interlocuteurs en diplomatie, Paris, CNRS Editions, février 2023.
Faut-il discuter avec Poutine ? Négocier avec Bachar al-Assad ? Transiger avec Kim Jong-Un ? En relations internationales, certains acteurs sont considérés comme fréquentables, d’autres non. Mais qui en décide ?
Cet ouvrage nous fait entrer dans la fabrique de la politique étrangère. À travers de nombreux exemples, il nous introduit aux critères de la fréquentabilité : l’incarnation de l’État, la représentation du peuple, le respect des droits humains, etc. Ce faisant, il nous sensibilise à des questions majeures : doit-on parler à ceux qui exercent le pouvoir ou à ceux qui bénéficient de la légitimité du fait de leur insertion dans la société ? Et si l’on ne peut discuter avec ceux qui pratiquent une violence inacceptable, comment améliorer la condition des victimes ?
Un ouvrage qui revient sur les dilemmes de la diplomatie et le rapport à l’Autre, dans un ordre international en bouleversement.
. Marina Glamotchak, L’insécurité énergétique européenne. Enjeu stratégique dans les Balkans, Paris, Editions Technip, février 2023.
L’union européenne dispose d’instruments politiques et financiers pour influencer les stratégies énergétiques des pays des Balkans occidentaux, et se confronte aux intérêts d’états opérants dans la région (Chine, Russie, Turquie …). Cet ouvrage traite de l’ambitieuse stratégie européenne d’inclure les pays des Balkans occidentaux dans ses réseaux électriques et gaziers, via le Corridor électrique transbalkanique et le Corridor gazier du Sud.
Parallèlement, plusieurs impacts géopolitiques ont plongé l’UE dans l’insécurité énergétique, mettant en cause sa volonté d’imposer ses règles autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières.
Riche d’informations précises et factuelles permettant une lecture nouvelle de l’actualité, ce livre trace à la fois le glissement de la sécurité énergétique européenne vers l’insécurité énergétique et l’évolution de la géopolitique énergétique européenne.
. Pierre Ménat. L’Union européenne et la guerre. Paris, L’Harmattan, février 2023.
Avec le conflit ukrainien, l’Union européenne (UE) fait face à la guerre, antithèse existentielle de sa vocation. L’Union est impliquée par son soutien militaire à l’Ukraine, par les conséquences du conflit sur ses valeurs, son économie, ses communications, son exposition aux mouvements migratoires et par le retour de la menace nucléaire. L’UE doit trouver sa place dans le nouvel ordre international en affirmant son attachement à la démocratie, au respect du droit et des frontières, mais aussi son rôle médiateur peu compatible avec un alignement inconditionnel sur les États-Unis. L’effet des sanctions et le rôle de l’énergie, passeport écologique et ressource de guerre à la fois, doivent aussi être bien mesurés. L’avenir de l’Union dépend de sa capacité à dessiner enfin une défense commune. Dès à présent, une réflexion doit s’engager sur les relations futures avec la Russie, qu’elle soit dirigée ou non par Vladimir Poutine, et sur l’incarnation d’une souveraineté européenne, laquelle pourrait prendre la forme, pour les affaires étrangères et la défense, d’une Union politique et de sécurité inspirée du plan Fouchet présenté par le général de Gaulle en 1961.
. Sébastien Boussois, Noé Morin. La guerre sainte de Poutine, Paris, Passés Composés, mars 2023.
Alors que la « question russe » semblait enterrée depuis la fin de la Guerre Froide, voici qu’elle revient au-devant de la scène. La guerre récente échappe à l’analyse : ni la realpolitik, ni l’idéalisme géopolitique ne donnent d’explication satisfaisante. Il faut investir d’autres champs, d’autres disciplines, pour comprendre les événements en cours. Car comment expliquer le choix de sacrifier l’économie russe sur l’autel de la conquête territoriale ? Comment expliquer le tournant du poutinisme vers un régime de mobilisation générale contre l’Occident ? Comment expliquer que ce même Poutine, qui multipliait les références à Emmanuel Kant, auteur du traité Vers la Paix Perpétuelle, se soit détourné de ses instincts premiers pour poursuivre une politique slavophile ? Au-delà de l’analyse géopolitique, il faut plonger dans les ressorts intellectuels et spirituels du poutinisme. Il y a des ressorts cachés, de l’ordre du spirituel et du religieux, qui nous fournissent des explications tangibles là où la géopolitique ordinaire se heurte à l’inexplicable. Dès lors quelles sont ces forces qui ont joué un rôle déterminant dans la décision de Poutine d’entrer en guerre ? Sa déconnexion manifeste de la réalité du terrain, persuadé de venir à bout de l’Ukraine et quelques semaines, n’est-elle pas en partie due à un profond regain millénariste du président ? C’est-à-dire au sentiment qu’au-delà d’une victoire géopolitique, c’est le destin de la Russie qui est en jeu.
. Amélie Chekroun, La conquête de l’Ethiopie. Histoire d’un djihad au XVIème siècle, Paris, CNRS Editions, février 2023.
L’histoire de l’Éthiopie médiévale et moderne a été écrite en prenant pour principale source la tradition scripturaire des moines orthodoxes : c’est celle d’un royaume chrétien dont les origines légendaires remonteraient au roi Salomon et à la reine de Saba. En plaçant au coeur de l’analyse un manuscrit arabe du XVIe siècle, le Futuh al-Habaša, cet ouvrage propose un profond changement de perspective qui revient à rendre sa pleine place à l’islam éthiopien. Ce texte est en effet le récit de différentes guerres menées entre les années 1520 et 1535/1537 par l’imam Ahmad depuis le sultanat du Barr Sad ad-Din, dans la région de Harar, contre le royaume chrétien d’Éthiopie. Il relate notamment comment l’essentiel des territoires chrétiens est passé provisoirement sous domination islamique au cours de la « conquête de al-Habaša » (1531-1543), qui donne corps au projet d’une « grande Éthiopie musulmane ». Plus largement, il permet d’interroger, dans la longue durée, les interactions religieuses, commerciales, politiques et sociales dans la Corne de l’Afrique et de part et d’autre de la mer Rouge.
. Etienne Dignat, La rançon de la terreur. Gouverner le marché des otages, Paris, PUF, février 2023.
Payer ou ne pas payer ? Céder, quitte à récompenser et renforcer un ennemi, ou rester ferme, quitte à laisser mourir l’un des siens ? Plébiscités par les organisations terroristes, les enlèvements avec rançon imposent un dilemme radical aux États de droit.
Ce livre dresse le panorama de l’un des phénomènes les plus emblématiques des relations internationales. S’appuyant sur des entretiens réalisés dans sept pays auprès de services de renseignements, de négociateurs, de diplomates, de représentants politiques et d’ex-otages, il interroge le prix que nos sociétés attribuent à la vie humaine. Distinguant les gouvernements qui privilégient la solidarité ou le sacrifice, la liberté ou la sécurité, il pointe les impasses des approches en vigueur.
Et si la question n’était pas comment agir mais qui doit agir ? Et si l’enjeu ne relevait pas de la souveraineté mais de la responsabilité ? Et si la réponse ne venait pas d’un État omnipotent mais des individus et des acteurs privés ? Une réflexion originale et sans tabou sur un monde méconnu.
. Michel Duclos, Guerre en Ukraine et nouvel ordre du monde, Paris, Editions L’Observatoire, février 2023.
Quel nouvel ordre du monde cette guerre en Ukraine va-t-elle engendrer ? Sonne-t-elle le glas de l’hégémonie occidentale ou, au contraire, son raffermissement ? Quelle place pourront occuper, demain, les puissances émergentes ? Pour comprendre les événements tels qu’ils se sont déroulés depuis le 24 février 2022, comme pour préparer l’avenir, la seule lecture occidentale ne saurait suffire. La déflagration de la guerre a produit des secousses d’ampleurs différentes dans le monde. Conflit « entre Européens » pour certains, « choc civilisationnel total » pour d’autres, les perceptions sont partout différentes. C’est en les mettant côte à côte que nous obtiendrons la vision la plus nette des grands bouleversements en cours. C’est en les rassemblant que nous identifierons les nouveaux fondements qui émergent.
Les 22 experts en géopolitique qui ont été sollicités pour ce livre sont issus d’horizons variés et de régions du monde très différentes. De la Chine à l’Afrique, en passant par les pays du Golfe, l’Europe, les États-Unis et la Russie, leurs voix sont parfois opposées ou complémentaires, tantôt sévères ou encourageantes, mais toujours déterminées. Chacune ébauche de premières hypothèses. Toutes nous donnent à voir l’extraordinaire diversité des points de vue qui coexistent dans le monde d’aujourd’hui. Et la pluralité des possibles pour le monde de demain. La paix reste le plus partagé des horizons, mais à quel prix, et sous quelle forme ?
. Sébastien Abis, Géopolitique du blé. Un produit vital pour la sécurité mondiale, Paris, Armand Colin, février 2023.
Produit vital pour l’humanité, le blé s’invite chaque jour à la table de milliards d’individus. Alors que sa consommation se mondialise, sa production s’avère très inégalement répartie sur la planète. Les changements climatiques et géostratégiques rappellent également la fragilité d’une denrée agricole dont la récolte n’a lieu qu’une fois par an. Quand ce blé vient à manquer et que son prix se met à flamber, c’est l’agitation et la peur.
Nourrir une population en croissance, dans un contexte de raréfaction des ressources et de transformation des rapports de force, constitue l’un des enjeux les plus complexes de ce siècle. Face à ces dynamiques sociodémographiques et à ces disparités territoriales, le rôle du commerce s’amplifie et les stratégies des acteurs s’affirment à propos du blé. Aux défis de sa production durable s’ajoutent ceux du transport et des investissements nécessaires pour que les récoltes en blé puissent être suffisamment mobiles et accessibles afin de suivre la progression de la demande.
Cet ouvrage révèle la permanence du pouvoir du blé dans la stabilité des pays et des relations internationales. Il rappelle avec force le rôle de l’Europe et de la France pour continuer à en faire l’un des produits ambassadeur de la paix à l’heure où certains États tentent de faire du blé une arme de guerre.
Un livre pour comprendre sur quoi se joue une partie de l’avenir du monde ; à consommer sans modération.
. Olivier Bomsel. Les damnés de la paix, Paris, PUF, février 2023.
La violence est le problème majeur auquel est confrontée toute société. La « théorie des ordres sociaux » (2009) en fait un décodeur des institutions et des règles qui encadrent la politique et l’économie. Ce schéma de lecture de l’histoire contemporaine oppose deux idéaux-types, celui des États naturels où l’accès aux ressources ou aux privilèges est conditionné à l’allégeance au pouvoir, et les ordres d’accès ouvert, où économie de marché et démocratie représentative se coordonnent sous couvert de l’État de droit. La mondialisation a plongé ces deux idéaux-types dans une arène unique. Mais les ordres d’accès ouvert progressent et embarrassent les États naturels. Cet essai soutient que « les ordres d’accès ouvert ont atteint la masse critique », c’est-à-dire qu’ils sont assez nombreux et influents désormais pour contenir la violence planétaire. Après cinquante ans de domination américaine, c’est à eux conjointement que revient d’endiguer les pandémies, l’impérialisme russe, le réchauffement climatique, en bref, d’assurer l’ordre mondial.
. Xavier Cauquil. La nécessité européenne. Paris, Editions L’Harmattan, janvier 2023.
Par une analyse minutieuse des traités depuis celui de Rome jusqu’aux dispositions contemporaines issues des versions consolidées du couple TUE/TFUE, l’auteur s’attache à restituer de manière vive et méthodique les mécanismes qui ont conduit au déploiement de l’Union européenne. En révélant la rationalité et la nécessité du développement de l’institution européenne, il s’emploie à traquer le fil conducteur qui permet de comprendre jusque dans l’actualité la plus récente l’occurrence simultanée de postures apparemment contradictoires : la promotion des lois du marché, de la concurrence libre et non faussée, et la multiplication de normes comme de règlements ; un élargissement envisagé jusqu’au cœur du Caucase, et une évidente réticence à l’intégration de la Turquie ; un champion de la paix couronné d’un Prix Nobel en 2012, et un soutien financier majeur de l’arsenal militaire ukrainien dans le conflit engagé par le voisin russe, etc. Il s’interroge quant à la validité future des ressorts qui ont joué jusqu’ici. Peut-on se projeter dans l’avenir européen en dépassant les formes de confrontation et les risques existentiels qui se font jour à la fois au contact de la sphère d’influence russe comme à l’articulation avec le monde musulman ?
. Cyrielle Guilbaud, La Lituanie et l’OSCE. Garantir la sécurité régionale et s’adapter aux menaces, Paris, L’Harmattan, janvier 2023.
Puissance balte, la Lituanie tente d’inscrire sa politique étrangère dans un contexte international nouveau, marqué par la fin de la Guerre froide et, in fine, par la disparition de la configuration d’un monde bipolaire. Cet ouvrage apporte un éclairage nouveau sur la politique extérieure adoptée par Vilnius. Il retrace la diplomatie de la Lituanie à l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), première organisation internationale anciennement nommée CSCE, que le pays a intégrée en 1991, en recouvrant sa souveraineté. L’analyse s’appuie sur une évaluation des menaces conventionnelles et hybrides que font peser Russie et Biélorussie sur la sécurité régionale, conditionnant choix et décisions d’un « petit État » qui entend faire de l’OSCE sa vitrine diplomatique. Elle met en exergue les logiques de compétition et de complémentarité entre les différentes structures sécuritaires internationales (OTAN, UE, OSCE) auxquelles appartient la Lituanie.
. Danny Trom, Israël en manque d’Etat. La Constitution impossible, Paris, PUF, février 2023.
Qu’est-ce que l’État d’Israël ? Cette question, depuis la naissance de cet État, est demeurée sans réponse, comme l’atteste l’échec répété de promulguer une Constitution. Si elle reste en suspens, c’est que l’idée même d’État entre en collision avec la condition juive exilique. Le livre montre que l’État d’Israël est le produit de cette contradiction et non pas sa solution. Il s’ensuit que cet État n’est pas l’État-nation des juifs mais un État « pour les juifs », une forme ajustée à la condition exilique dans le monde politique moderne. Produit d’une conjoncture fortuite, cet État fut improvisé, bricolé à la hâte. Procédant de la critique de l’État en Europe, édifié comme un État-refuge, il est l’État de l’exil. À ce titre, il ne s’oppose pas au paradigme stato-national européen mais s’offre comme une alternative apte à insérer les États-nations dans une cosmopolitique dont nous avons urgemment besoin.
. Delphine Allès, Sonia Le Gouriellec, Mélissa Levaillant, Paix et sécurité. Une anthologie décentrée, Paris, CNRS Editions, février 2023.
Les relations internationales ont connu un tournant ces deux dernières décennies : celui d’un décentrement, et de la fin d’une lecture strictement transatlantique de l’ordre mondial. Cette anthologie de textes entend poursuivre cet effort de décentrement, en s’intéressant à deux notions centrales en relations internationales : la paix et la sécurité. Montrer la diversité des textes et des sources sur ces deux concepts, et non plus seulement envisager l’altérité, mais penser avec elle : tel est objet de cet ouvrage.
Les 24 textes choisis pour cette anthologie nous viennent de Mongolie, du Japon, de Chine, d’Inde, du Burkina-Faso, du Sénégal, de Perse, de Russie, de Madagascar, mais aussi des Juifs, des peuples mayas, des Seldjoukides, des berbères, des Malaisiens, etc. Ils sont, pour certains, traduits pour la première fois en français.
Chaque texte est chapeauté par une brève présentation sur la nature de l’extrait. Les contextes historiques et socio-politiques dans lesquels ces sources ont été élaborées sont mis en évidence, ainsi que les éventuelles controverses suscitées par leur authenticité, les enjeux de traduction ou encore les usages politiques dont elles ont pu faire l’objet au cours des siècles. Ces commentaires introductifs sont suivis d’une analyse de l’importance de ces références à travers leurs mobilisations contemporaines, et d’une mise en dialogue avec les approches conventionnelles de la paix et de la sécurité en relations internationales.
. Frédéric Gros, Pourquoi la guerre ?, Paris, Albin Michel, janvier 2023.
La guerre, pour reprendre l’expression du général Le Borgne, serait « morte à Hiroshima » il y a plus d’un demi-siècle. Et pourtant elle n’a jamais cessé.
Actes terroristes, conflits israélo-palestiniens et moyen-orientaux, implosion de la Yougoslavie, pays déchirés par les factions, sans même parler des autres guerres : économiques, psychologiques, informatiques, guerres des sexes ou des générations… L’invasion de l’Ukraine par la Russie a pourtant rebattu les cartes. Cette fois, dit-on, c’est le retour de la vraie guerre, avec ses exactions, ses horreurs, sa violence. Mais qu’est-ce qu’une vraie guerre ?
En convoquant de grands philosophes politiques, de Platon à Marx, en passant par Machiavel et Hobbes, ce livre tente de répondre à cette question, qu’elle accompagne d’une série d’autres : qu’est-ce qu’une guerre juste ? Quelles sont les forces morales engagées dans un conflit ? Est-ce l’État qui fait la guerre ou la guerre qui fait l’État ? Enfin, après avoir exploré les significations et les enjeux du spectre de la guerre « totale », il affronte l’ultime question : pourquoi la guerre ?.
. Giulia Scalettaris. Le HCR et la crise afghane. Paris, Karthala, février 2023.
Cet ouvrage propose une anthropologie politique du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR). Agence onusienne ayant pour mission de veiller sur la prise en charge des réfugiés, le HCR est présent dans plus de 130 pays et s’occupe de quelque 80 millions de personnes. En emmenant le lecteur à travers les bureaux chargés du dossier afghan, au cours des années 2000, à Genève comme à Kaboul, l’auteure donne à voir le fonctionnement interne de cette organisation internationale : comment se déploie-t-elle à travers le monde ? Qui sont ses agents ? Comment le HCR exerce-t-il son pouvoir ?
Ce livre montre également que la vision du monde nationale et étatocentrée de l’organisation l’amène en pratique à participer à des mécanismes de sédentarisation et d’illégalisation des personnes déplacées. Il met ainsi en lumière une impasse majeure de l’action contemporaine du HCR : l’agence s’efforce d’établir un type d’ordre – sédentaire et centré sur l’État-nation – qui est en fait à l’origine du « problème » qu’elle a pour mission de résoudre.
En étudiant la prise en charge d’une population de réfugiés emblématique à partir d’un positionnement original, l’auteure, à la fois fonctionnaire de l’agence et anthropologue, mène un travail fin et ambitieux, qui articule plusieurs niveaux d’analyse : la micropolitique des pratiques, l’institution HCR et les rapports de pouvoir multi-scalaires qui façonnent son environnement.
. Jérôme Doyon. Rejuvenating Communism. Youth Organizations and Elite Renewal in Post-Mao China, Ann Arbor, University of Michigan Press, janvier 2023.
Working for the administration remains one of the most coveted career paths for young Chinese. Rejuvenating Communism : Youth Organizations and Elite Renewal in Post-Mao China seeks to understand what motivates young and educated Chinese to commit to a long-term career in the party-state and how this question is central to the Chinese regime’s ability to maintain its cohesion and survive. Jérôme Doyon draws upon extensive fieldwork and statistical analysis in order to illuminate the undogmatic commitment recruitment techniques and other methods the state has taken to develop a diffuse allegiance to the party-state in the post-Mao era. He then analyzes recruitment and political professionalization in the Communist Party’s youth organizations and shows how experiences in the Chinese Communist Youth League transform recruits and feed their political commitment as they are gradually inducted into the world of officials. As the first in-depth study of the Communist Youth League’s role in recruitment, this book challenges the assumption that merit is the main criteria for advancement within the party-state, an argument with deep implications for understanding Chinese politics today.
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. Béatrice Von Hirschhausen, Frontières fantômes et expériences de l’histoire, Paris, CNRS Editions, février 2023.
Lorsque l’on regarde les cartes électorales ukrainiennes de ces 25 dernières années, on constate que la géographie des résultats épouse strictement les frontières des territoires des empires passés qui divisaient alors l’espace en deux. Les frontières fantômes, ce sont ces traces laissées par des entités politiques défuntes dans les pratiques sociales contemporaines. Comment et pourquoi de telles délimitations territoriales, qui n’ont plus aucune réalité politique, perdurent-elles sur plusieurs générations ? Pourquoi de telles discontinuités culturelles semblent s’imprimer dans l’esprit des gens ?
C’est à partir d’un terrain mené en Europe de l’Est, et notamment en Roumanie, que Béatrice Von Hirschhausen tente de comprendre ce phénomène fascinant, que l’on pourrait presque qualifier de surnaturel. Cette région, sillonnée d’anciennes frontières d’empires, est particulièrement intéressante et pertinente pour observer de près les effets de ces frontières fantômes : elle constitue un véritable laboratoire entre espace, histoire et culture.
Cette analyse géographique de l’action individuelle, mais aussi des attitudes ou des comportements collectifs, permet ainsi de souligner qu’une communauté peut se penser aussi à partir de l’espace, qui ferait dire aux individus non pas « nous, on fait comme ça » mais « ici, on fait comme ça ».
Une réflexion neuve sur les identités culturelles.
. Cécile Regourd, Christine Rimbault, Michel Verpeaux, Institutions et droit de l’environnement, Paris, La Documentation française, décembre 2022.
Réchauffement climatique, transition énergétique… : nombreux sont les défis auxquels les pouvoirs publics, les entreprises et les citoyens doivent faire face en matière environnementale.
Cet ouvrage apporte un regard neuf visant à la protection et l’instauration d’une meilleure gestion de l’environnement. Il explique comment s’est forgé un droit de l’environnement en France et à l’international ainsi que son application au travers de politiques publiques dans des institutions dédiées.
Il présente par ailleurs le cadre juridique de l’environnement, la place des acteurs institutionnels, les modalités de participation des citoyens ou encore la protection de la biodiversité.
Si les Etats font la guerre et si la guerre fait les Etats, alors cette guerre en Ukraine et pour l’Ukraine aura forgé un nouvel ordre mondial, dont cet ouvrage décrit les prémisses, les fondements et les évolutions à venir.
. Claire Brisset, Emmanuel Decaux, Bernard Miyet, Jean-Maurice Ripert, Livre bleu. La France et les Nations Unies, Paris, Association française pour les Nations Unies, décembre 2022.
L’Association française pour les Nations Unies (AFNU) s’est donné pour but, en ces moments de conflits et d’incertitudes sur l’avenir de la planète, d’éclairer l’opinion publique sur la réalité et les composantes de ces enjeux majeurs auxquels notre pays fait face, comme tous les Européens et comme tous les peuples du monde, pour tenter de faire renaître ce sentiment de solidarité et cette volonté d’œuvrer pour le bien commun qui a marqué le début du système international de l’après-guerre. Tel est l’objectif, ambitieux, de ce « Livre bleu » sur la France et les Nations unies.
De nombreux spécialistes reconnus de l’ensemble des sujets et des dossiers traités au sein de l’ONU, de ses Fonds et Programmes et des institutions spécialisées du système des Nations Unies se penchent dans ce livre sur l’état de la planète multilatérale, à travers un rappel des fondements des Nations Unies. A travers également un état des lieux sans concessions des problématiques et des perspectives de leur action au sein des piliers fondamentaux de l’Organisation : « paix et sécurité », « développement durable » et « droits de l’homme ».
D’autres auteurs présentent le bilan de la participation de la France au système et jetant un regard critique sur l’évolution des positions françaises ces dernières années et la montée de nouveaux acteurs non-étatiques sur la scène internationale. Des Français ayant occupé ou occupant des positions de haute responsabilité au sein du système des Nations Unies apportent pour leur part un témoignage personnel de leur parcours et leur action.
Enfin, l’AFNU propose en guise de conclusion une série de recommandations visant à contribuer à une nouvelle réflexion sur l’avenir de l’ONU dans un monde en plein bouleversement.
. Constantin Sigov, Philosopher sous les bombes. Penser l’Ukraine en résistance, Paris, PUF, février 2023.
Constantin Sigov est un philosophe ukrainien de tout premier plan, une personnalité intellectuelle, spécialiste de philosophie française. Resté à Kiev, il met aujourd’hui la philosophie à l’épreuve de la réalité : celle de la guerre, du combat, de la liberté, de la peur, de la vérité et de la résistance. L’ouvrage mêlera récit d’un quotidien sous la menace et réflexions philosophiques, dans un souci constant de s’adresser à un large public, de créer un lien avec le public. Il ne s’agit pas seulement de raconter une expérience mais de nous engager, nous aussi, en France, à penser ce qui se passe.
Cette philosophie sous les bombes, témoignage et réflexions, que propose Constantin Sigov est aussi une manière de repenser, de refonder peut-être, l’éthique – à l’épreuve des faits. Que devient l’homme en guerre ? Qui est cet homme qui en moi peut résister, survivre, croire ? Il n’est pas seulement question de soldat contre soldat, de char contre char : la résistance passe aussi par la résistance de l’esprit. Qu’est-ce qui nous unit dans cet acte de résistance ? Car on ne résiste pas seul, l’Ukraine ne résiste pas seule, elle en appelle à cette « société des ébranlés », dont parlait le philosophe Patočka.
Il faut penser l’Ukraine en résistance : en Ukraine, mais en France aussi. Il faut penser ce que cette résistance signifie. Et c’est cet acte de penser ensemble qui crée la solidarité. C’est un défi lancé à tous.
. Philippe Marchesin, Diana Bangoura. Afrique-Russie. Les raisons d’une comparaison, Paris, Editions L’Harmattan, janvier 2023.
Ce livre consiste à comparer deux ensembles, l’Afrique et le monde russe, avec le choix de ne pas envisager les différences, notamment historiques ou culturelles, que chacun connaît. L’objectif est de montrer les points communs des deux aires. De fait, des domaines aussi fondamentaux que l’État, l’économie, la société, le système familial, les régimes politiques, les valeurs ou les croyances présentent de fortes ressemblances, exposées et illustrées dans cet ouvrage. Le constat est d’autant plus frappant que ces similitudes sont presque toutes en porte-à-faux par rapport à l’Occident. Fruit d’une observation attentive de la part de deux spécialistes qui ont arpenté de nombreux pays des deux zones, ce travail inédit s’adresse à tout lecteur curieux, à l’heure d’un possible rapprochement entre certains États africains et une Russie devenue à bien des égards infréquentable.
. Rachael Squire. Undersea Geopolitics. Sealab, Science, and the Cold War. Lanham, Rowman & Littlefield, mars 2023.
This book furthers academic scholarship in cutting-edge areas of geographical and geopolitical writing by drawing on a series of little-studied undersea living projects conducted by the US Navy during the Cold War (Project Genesis, Sealab I, II and III). Supported by an engaging and novel empirical setting, the central themes of the book revolve around the practice and construct of ‘territory’, ‘terrain’, the ‘elemental’ and the interrelationships between these material phenomena and both human and non-human bodies. Furthermore, the book will point to future research trajectories in the form of ‘extreme geographies’ to better understand living practices in a world that is increasingly submerged and extreme.
. Agence française de développement, L’économie africaine 2023, Paris, Editions La Découverte, janvier 2023.
L’AFD propose chaque année dans la collection « Repères » des analyses inédites sur les principaux enjeux économiques et sociaux en Afrique. Le conflit en Ukraine a des répercussions économiques mondiales : qu’en est-il sur le continent africain et quelles sont les perspectives macroéconomiques pour 2023 ? Si elle contribue peu au réchauffement climatique, l’Afrique est pourtant très affectée : comment cela se manifeste- t-il d’un point de vue physique mais aussi socioéconomique ? Comment la pression démographique et les perturbations sur les marchés internationaux remettent-elles au centre du débat la question de la sécurité alimentaire ? Alors que l’état de santé des populations s’est amélioré ces dernières années, de fortes inégalités d’accès aux soins persistent : quels sont les défis contemporains de la santé en Afrique ? Confrontés à des besoins de financement massifs, les gouvernements africains prélèvent en moyenne moins d’impôts que d’autres pays du monde : comment peuvent-ils mobiliser plus de ressources publiques pour financer leur développement ? Quels sont les impacts sociaux et économiques du secteur numérique et des technologies financières en Afrique ?
. Christian Faure, La guerre contre l’Ukraine ou la fin du « monde russe », Paris, L’Harmattan, janvier 2023.
Le déclenchement de la guerre contre l’Ukraine a surpris un peu partout. Pourtant, elle participe d’un continuum historique où s’inscrit la gouvernance selon Vladimir Poutine. On voit dans cette agression se manifester des traits anciens relevant du despotisme en Russie. En lançant cette guerre sur la base d’un mensonge – le régime en Ukraine serait « nazi » ! –, le président russe a remis en cause le système de sécurité en Europe ainsi que les rapports de force géopolitiques. Les crimes de guerre commis depuis le 24 février 2022 peuvent aussi être considérés sous un angle eschatologique. En somme, les forces du mal à l’œuvre dans cette agression accélèrent la marche vers la fin des temps.
. Etienne Gérard (dir.), Universités privées : la fabrique des inégalités. Leçons d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie, Paris, Karthala, janvier 2023.
La marchandisation et la privatisation de l’éducation constituent, depuis plusieurs décennies, des processus en forte expansion. Les pays émergents et en développement sont particulièrement sujets à cette évolution, notamment dans l’enseignement supérieur. Dans ces pays, la création des universités privées est liée à des déterminants économiques, politiques et sociologiques, tout autant qu’historiques. Ces universités, dont la croissance ressortit principalement à l’adoption des politiques néolibérales qui ont investi le champ éducatif, sont désormais de plus en plus hétérogènes et différenciées par des modes complexes de fonctionnement et de régulation. Cette hétérogénéité des universités privées, qui se double d’une forte hiérarchie sociale, économique et politique entre elles, concerne tout autant leur offre éducative que leurs modes de financement, leurs fondateurs et dirigeants, leurs personnels académiques, enfin leurs populations étudiantes.
Impliquées dans une forte concurrence – entre elles et avec leurs homologues publiques –, ces universités multiplient des stratégies offensives d’attraction et de captation des clientèles étudiantes, au rang desquelles comptent en premier lieu la sélection, le soutien ou l’accompagnement de ces étudiants. Elles favorisent certes l’élargissement de l’accès à l’enseignement supérieur, mais elles participent aussi et surtout à l’accroissement et à la diversification des inégalités sociales, spatiales ou économiques à ce niveau.
Sur la base d’enquêtes conduites auprès des différentes catégories d’acteurs de très nombreuses universités privées, cet ouvrage analyse la fabrique et la reproduction de ces inégalités, dans des pays aussi divers que l’Argentine, le Mexique, le Pérou, la République Démocratique du Congo, le Sénégal et le Vietnam.
. Eugène Berg, Ukraine février 2023 - Les racines du conflit. Son impact sur les démocraties. Un nouvel ordre mondial ?, Paris, Hémisphère Editions, février 2023.
Un conflit, le plus grand sur le sol européen depuis 1945, impacte notre vie quotidienne et marquera notre futur. Il aurait dû pourtant demeurer purement local ; le Kremlin ne le présentait-il pas comme la restauration des liens de fraternité entre les peuples russe et ukrainien – comprendre : la sauvegarde de son statut de grande puissance dotée d’un droit de regard sur sa sphère d’influence –, liens qui auraient été rompus par la clique des nazis au pouvoir à la solde des Etats-Unis ? Mais la simple " opération spéciale " annoncée par le Kremlin s’est très vite commuée en affrontement stratégique majeur.
Voici la Russie durement secouée, incapable d’atteindre l’un des objectifs de la bataille : la suppression de l’Ukraine comme Etat indépendant. Voici l’Ukraine qui, montrant toute sa vaillance, mène un combat pour la liberté, sa souveraineté, la démocratie. Or, les répercussions de cette guerre sont globales et profondes. Elles annoncent une scission du monde en plusieurs blocs qui vont chacun s’efforcer d’accroître leur domination.
La Russie, pays européen par son histoire et sa culture se détourne du sous-continent pour se rapprocher de l’Asie et du reste du monde ; et la Chine place ses pions sur l’échiquier européen. Les Etats font la guerre et la guerre fait les Etats. Celle qui se déroule en Ukraine et pour l’Ukraine aura forgé un nouvel ordre planétaire dont cet ouvrage décrit les prémices, les fondements et les évolutions à venir.
Si les Etats font la guerre et si la guerre fait les Etats, alors cette guerre en Ukraine et pour l’Ukraine aura forgé un nouvel ordre mondial, dont cet ouvrage décrit les prémisses, les fondements et les évolutions à venir.
. René-Paul Desse, Nicolas Bernard, Yvanne Bouvet. L’Argentine : Géographie d’un espace latino-américain, Rennes, Presses universitaires de Rennes, janvier 2023.
Au-delà de quelques clichés largement répandus, l’Argentine reste un pays relativement méconnu en dehors de la sphère latino-américaine. Proposant une lecture géographique de ce vaste territoire, ce livre a pour ambition de mieux le faire connaître. Les analyses spatiales conduites à différentes échelles apportent des clés de compréhension du pays dans ses composantes économiques, démographiques, sociales et environnementales. L’ouvrage s’adresse à un large public d’enseignants, d’étudiants et à toute personne désirant mieux connaître l’Argentine contemporaine, son organisation spatiale et ses enjeux territoriaux.
. Zahra Ali. Femmes et genre en Irak. Paris, Editions Syllepse, octobre 2022.
Les nombreuses questions sociologiques soulevées par Zahra Ali sur les femmes, le genre et le féminisme en Irak ont trouvé des réponses à travers son expérience quotidienne dans le pays, de 2010 à 2019, ce dont elle rend compte avec virtuosité et profondeur dans son livre.
Virtuosité, car pour une journée de travail de terrain à Bagdad, il lui fallait passer une douzaine de checkpoints pour aller de la maison familiale au centre-ville.
Profondeur, car ses observations ethnographiques nous permettent de comprendre comment un des pays les plus avancés de la région en termes d’éducation, de santé, d’emploi et de droits juridiques des femmes a pu devenir ce territoire militarisé contrôlé par des hommes armés, fragmenté, si difficilement vivable pour ses habitants, et encore plus pour les femmes.
Son étude, mêlant ethnographie et histoire sociale, politique et orale, nous offre une compréhension des expériences sociales, économiques, politiques et féministes des femmes irakiennes.
Le regard de Zahra Ali postule que les femmes, les questions de genre et les luttes féministes en Irak doivent être analysées au moyen d’un prisme complexe, relationnel et historique, sans avoir recours à l’argument d’une « culture » ou d’un « islam » indifférenciés afin d’expliquer des réalités sociales, économiques et politiques.
Cet ouvrage traite autant des femmes, du genre et du féminisme en Irak qu’il est un ouvrage féministe sur l’Irak.
Il contribue aux débats féministes et propose une analyse féministe postcoloniale et transnationale de l’histoire socio-politique contemporaine de l’Irak.
. Christoph Knill, Yves Steinebach, International Public Administrations in Global Public Policy. Sources and Effects of Bureaucratic Influence, Cham, Routledge, novembre 2022.
This book examines the rise and agency of International Organizations (IOs) and their bureaucratic bodies— the International Public Administrations (IPAs)— as a reflection of an ongoing transfer of political authority and power from the domestic to the international level.
It shows that IPAs represent actors per se, with autonomy and resources that allow them to exert an independent influence on global policy-making processes and outputs. Providing a combination of novel conceptual lenses and research design to capture IPAs as an empirical phenomenon, the book takes an open, theoretically and methodologically diverse approach to show that IPAs are far from being negligible actors in global public policy and must be taken seriously as actors in policy-making beyond the nation-state.
This book will be of key interest to students, scholars, and practitioners in Public Policy and Public Administration, International Relations, International Political Economy, as well as Organizational Studies.
. Laurent Gayer, Le capitalisme à main armée. Caïd et patrons à Karachi, Paris, CNRS Editions, février 2023.
Le 11 septembre 2012, 255 ouvriers et ouvrières des Ali Enterprises, fabriquant des jeans pour le compte du groupe allemand KiK, périssent dans l’incendie de leur usine à Karachi. Accident ou attentat ? La tragédie suscite des interprétations contradictoires. Faut-il incriminer les logiques prédatrices de la fast-fashion ou les méthodes mafieuses des partis politiques qui ont mis la ville en coupe réglée ?
Partant de la controverse née de la catastrophe, cette enquête nous plonge dans les zones d’ombre de la mondialisation. Explorant les méandres de la capitale industrielle pakistanaise, elle montre comment l’économie manufacturière fait de l’ordre avec du désordre, du profit avec des conflits – au détriment des travailleurs.
À Karachi comme ailleurs, voyous, miliciens ou ex-militaires s’avèrent de redoutables relais de la domination patronale. La comparaison avec l’Europe, les États-Unis et l’Amérique latine confirme la place centrale de ces marchands de force dans la dynamique du capitalisme. Troupes de choc des luttes antisyndicales, ils participent désormais à la casse de l’État social.
Un ouvrage qui lève le voile sur l’envers de la production de nos biens de consommation quotidienne.
. Nicolas Escach, Camille Escudé, Benoît Goffin (eds.), Arctique. Qassiarsuk, Nuuk, Reykjavík, Féroé, Copenhague, Tromsø, Longyearbyen, Mourmansk, Kirkenes, Rovaniemi, Lyon, ENS Editions, janvier 2023.
Un parcours de Qassiarsuk à Rovaniemi autour de l’Arctique, dans des espaces incarnant les conséquences du changement climatique, les tensions géopolitiques mondiales, les défis à relever en matière de transitions. Après avoir quitté le Groenland, puis longé les volcans islandais, nous gagnerons le Nord de la Scandinavie pour finir notre parcours entre Union européenne et Russie. Entre appétit des grandes puissances et tentatives de coopération, découvrez des territoires hétérogènes où s’inventent des formes d’adaptation, d’innovation et de résilience, où les sociétés humaines se questionnent sans doute plus qu’ailleurs sur leur avenir et où les rennes sont parfois plus nombreux que les habitants, le tout avec les meilleurs guides qui ont vécu durablement sur place.
. Stéphanie Rivoal, Ambassadrice par effraction, Paris, Editions L’Harmattan, décembre 2022.
Comment peut-on devenir ambassadrice quand on ne vient pas du sérail ? Quel accueil réserve-t-on à quelqu’un « de l’extérieur » ? Propulsée ambassadrice de France en Ouganda en 2016, Stéphanie Rivoal apprend sur le tas un métier exigeant et passionnant. Elle s’étonne du fonctionnement d’un autre siècle d’un ministère millénaire. Entre matches de rugby, concert d’afrotrap et rencontres géopolitiques, l’ambassadrice nouvelle formule innove, casse les codes et projette une image moderne de la France vers la jeunesse africaine. Son amour pour le continent africain grandit encore à la découverte de la patrie d’Idi Amin Dada et des gorilles des montagnes. L’histoire déchirée et déchirante de ce pays s’égrène au travers de rencontres humaines, d’évènements tragiques que la diplomate iconoclaste relate avec simplicité et pédagogie.
. Thomas Gomart. Les ambitions inavouées. Ce que préparent les grandes puissances, Paris, Editions Tallandier, janvier 2023.
Que savons-nous des plans échafaudés par nos partenaires et adversaires ? La guerre en Ukraine nous a brutalement rappelé qu’une décision prise par un chef d’État a un impact sur le sort de millions de personnes. Pour rompre avec une vision du monde souvent nombriliste, la France doit mieux comprendre les ambitions des autres grandes puissances. C’est l’objectif de cet essai inédit et stimulant.
Quelle importance accorder à la foi religieuse dans les stratégies conduites par la Turquie d’Erdogan, l’Iran de Khamenei et l’Arabie saoudite de MBS ? De quelle manière les orientations prises par l’Allemagne de Scholz, la Russie de Poutine et la Chine de Xi Jinping reconfigurent-elles l’Eurasie ? Le Royaume-Uni et les États-Unis se définissent désormais comme des « démocraties maritimes ». Qu’en est-il de l’Inde ?
Combinant temps long et ruptures récentes, Thomas Gomart nous invite à regarder « d’en haut » neuf grandes stratégies. Pour concevoir sa propre vision, Paris doit intégrer celle des pays avec lesquels elle entretient des relations cruciales tout en considérant le contexte global : réchauffement climatique, crise énergétique, conflits, innovations technologiques ou encore flux économiques et numériques. Au regard des transformations à l’oeuvre, il y a urgence pour la France à repenser sa stratégie pour les décennies à venir si elle veut encore compter dans le monde.
. Vincent Minguet. Sur le sentier des guerres : Récit d’un chasseur alpin (2006-2022).Craponne, Editions Les passionnés de bouquins, juin 2022.
Après avoir été aide de camp du Président de la République, le Colonel Vincent Minguet a pris en 2021 le commandement du 27ème bataillon de chasseurs alpin basé à Annecy.
Mais auparavant, des années durant, il a participé à différents conflits. En Afghanistan, en Afrique, au Liban, puis très récemment en Roumanie près de la frontière ukrainienne... A travers des souvenirs et des moments vécus, Vincent Minguet a souhaité prendre du recul, se questionner et identifier une quête de sens sur ce parcours de combattant. Comme tous les militaires déployés sur des théâtres d’opérations, participant de près ou de loin au destin de la France, les soldats acceptent la dure mission qu’est la guerre. Fort de son expérience, Vincent Minguet s’interroge et implique le lecteur sur cette mission, sur le rôle et le quotidien de tous ceux qui comme lui cheminent sur le sentier des guerres.
. Fabien Lemaire (dir.), Barkhane. Une épreuve humaine : H14. Un convoi logistique au Mali, Paris, L’Harmattan, janvier 2023.
Le 4 novembre 2016, lors d’un convoi reliant Kidal à Adeïbara, une double attaque IED provoque la perte des véhicules du chef d’escorte et de son adjoint. Le chef de convoi se retrouve seul à devoir gérer l’incident. Il y a 7 blessés, dont un très grave et un grave. Au centre opération à Gao, c’est l’effervescence. Le chef de corps et le chef opérations suivent cette attaque de près. Dans la soirée, une fois que tout le monde a été mis en sécurité le verdict tombe. Le sous-officier adjoint, Fabien, n’a pas survécu à ses blessures. Toute la chaîne de commandement doit donc gérer l’annonce du décès et la poursuite des opérations. Pour le chef de convoi, il va falloir gérer cette annonce sur le terrain, poursuivre le convoi, gérer les blessés légers, et surtout, éviter un ennemi qui fort de son succès cherche à lui causer davantage de pertes. Ce projet de livre, c’est cette histoire, à travers 13 témoignages différents allant du REPCOMANFOR à celui du chef de patrouille de tête.
. Henri Hude. Philosophie de la guerre. Paris, Editions Economica, novembre 2022.
Ce livre n’est rien moins qu’une philosophie de la guerre dans la lignée de Sun Tsu et de Clausewitz.
Écrit pour les décideurs, qui dans le tragique de l’Histoire ont impérativement besoin de s’élever à l’universel pour apprécier objectivement les situations et les maîtriser efficacement.
Une œuvre où se résument quinze ans de réflexion et d’enseignement, de voyages au cœur des armées de la planète, inscrite dans une tradition humaniste de haute culture.
. Jean-Emmanuel Medina, Après les Choc des civilisations, la convergence "pan-anthropique" - Réflexions sur la formation d’une civilisation universelle, Strasbourg, Editions Kapaz, septembre 2022.
L’affrontement entre les civilisations, annoncé par Samuel Huntington comme le fléau planétaire au XXIe siècle, puis régulièrement commenté, n’a pas encore eu lieu. Pour autant, les conflits n’ont pas disparu des relations internationales ; bien au contraire, ils émergent sporadiquement dans un mode instable porté par une constellation d’incertitudes.
Pour Jean-Emmanuel Medina, la confrontation civilisationnelle n’est pas le paradigme qui déterminerait les relations internationales à la suite de la chute de l’URSS, les États ayant des intérêts stratégiques supérieurs qui dépassent souvent les considérations identitaires, ethniques, religieuses ou culturelles. Au contraire, à bien observer l’évolution des civilisations, tout porte à croire que l’humanité se dirigerait vers ce qu’il nomme la civilisation pan-anthropique, c’est-à-dire une civilisation commune planétaire partagée entre toutes les civilisations après une longue sédimentation des savoirs acquis.
Docteur en droit international et relations internationales, Jean-Emmanuel Medina est avocat au barreau de Strasbourg. Il s’intéresse aux phénomènes sociaux, à la géopolitique et aux relations internationales.
. Megan Brown, The Seventh Member State. Algeria, France and the European Community, Harvard, Harvard University Press, avril 2022.
The surprising story of how Algeria joined and then left the postwar European Economic Community and what its past inclusion means for extracontinental membership in today’s European Union.
On their face, the mid-1950s negotiations over European integration were aimed at securing unity in order to prevent violent conflict and boost economies emerging from the disaster of World War II. But French diplomats had other motives, too. From Africa to Southeast Asia, France’s empire was unravelling. France insisted that Algeria—the crown jewel of the empire and home to a nationalist movement then pleading its case to the United Nations—be included in the Treaty of Rome, which established the European Economic Community. The French hoped that Algeria’s involvement in the EEC would quell colonial unrest and confirm international agreement that Algeria was indeed French.
French authorities harnessed Algeria’s legal status as an official département within the empire to claim that European trade regulations and labor rights should traverse the Mediterranean. Belgium, Italy, Luxembourg, the Netherlands, and West Germany conceded in order to move forward with the treaty, and Algeria entered a rights regime that allowed free movement of labor and guaranteed security for the families of migrant workers. Even after independence in 1962, Algeria remained part of the community, although its ongoing inclusion was a matter of debate. Still, Algeria’s membership continued until 1976, when a formal treaty removed it from the European community.
The Seventh Member State combats understandings of Europe’s “natural” borders by emphasizing the extracontinental contours of the early union. The unification vision was never spatially limited, suggesting that contemporary arguments for geographic boundaries excluding Turkey and areas of Eastern Europe from the European Union must be seen as ahistorical.
. Rémi Carayol. Le mirage sahélien. La France en guerre en Afrique. Serval, Barkhane et après ?, Paris, Editions La Découverte, janvier 2023.
L’intervention militaire engagée par la France au Sahel tourne au fiasco. Lancée en janvier 2013, l’opération Serval ressemblait au départ à une success story. Les quelques centaines de djihadistes qui avaient pris le contrôle des principales villes du Nord-Mali furent mis en déroute. Des foules en liesse, brandissant ensemble les drapeaux français et malien, firent un triomphe à François Hollande lorsqu’il se rendit à Bamako.
Tout cela n’était pourtant qu’un mirage. En quelques mois, l’opération Barkhane, qui prend le relais de Serval en juillet 2014, s’enlise. Les djihadistes regagnent du terrain au Mali et essaiment dans tout le Sahel : des groupes locaux, liés à Al-Qaïda ou à l’État islamique, se constituent et recrutent largement, profitant des injustices et de la misère pour se poser comme une alternative aux États déliquescents. Au fil des ans, la région s’enfonce dans un chaos sécuritaire et politique : les civils meurent par milliers et les coups d’État militaires se multiplient. Impuissante, la France est de plus en plus critiquée dans son « pré carré ».
L’armée française, imprégnée d’idéologie coloniale et engluée dans les schémas obsolètes de la « guerre contre le terrorisme », se montre incapable d’analyser correctement la situation. Prise en étau entre des décideurs français qui ne veulent pas perdre la face et des dirigeants africains qui fuient leurs responsabilités, elle multiplie les erreurs et les exactions. Des civils sont tués. Des informateurs sont abandonnés à la vengeance des djihadistes. Des manifestations « antifrançaises » sont violemment réprimées.
Sous couvert de la lutte contre la « barbarie », la France a renié les principes qu’elle prétend défendre sur la scène internationale. Le redéploiement du dispositif militaire français au Sahel, annoncé par Emmanuel Macron, n’y change rien : la France poursuit en Afrique de l’Ouest une guerre qui ne dit pas son nom, et sur laquelle les Français n’ont jamais eu leur mot à dire.
. Stéfanie von Hlatky, Deploying Feminism. The Role of Gender in NATO Military Operations, Oxford, Oxford University Press, décembre 2022.
A detailed account, based on fieldwork and interviews, of how Women, Peace and Security norms are militarized and put at the service of operational effectiveness.
International organizations and governments want to increase women’s participation in military operations and peacebuilding. Gender equality is increasingly seen as the antidote to conflict, a key factor in achieving stability. While feminist activism inspired the emergence of these norms on gender and conflict, they were institutionalized through the Women, Peace and Security (WPS) agenda, with the military at the forefront of those changes.
In Deploying Feminism, Stéfanie von Hlatky tells the story of how the military has been delegated authority to advance gender equality as part of their activities, while simultaneously tackling increasingly complex threats. Drawing upon fieldwork and interviews, she illustrates how NATO, the world’s foremost alliance, has even embedded these ideas in the planning and execution of its missions. For troops deployed on NATO missions, this often means seeking out women in their operating area to improve intelligence gathering activities. While this helps the mission, does it help women and conflict-affected communities ? Because of the military’s focus on operational effectiveness above all else, von Hlatky argues that there is a distortion of WPS norms, as gender equality concerns fade into the background.
Looking at NATO’s ongoing operations in Iraq, Kosovo, and the Baltics, Deploying Feminism details the process by which Women, Peace and Security norms are militarized and put at the service of operational effectiveness. Further, it shows why an adjustment is necessary for gender equality to become a true planning priority.
. Chris Alden, Alvaro Mendez, China and Latin America. Development, Agency and Geopolitics, Londres, Bloomsbury, mars 2023.
Since the turn of the century bilateral trade between China and Latin America has increased by more than a factor of ten. In 2000, two-way trade stood at £12.17 billion ; by 2019, it had reached $307.94 billion. Coupled with this commercial element of China-Latin America relations is a growing assertiveness in diplomatic and military affairs. Yet Beijing is showing caution in its diplomatic engagement, especially with the more left leaning countries of Venezuela and Ecuador. However, Latin America’s enthusiasm in this regard has taken even the Chinese by surprise.
What are we to make of these shifting dynamics ? In this detailed and up-to-the-minute investigation, Chris Alden, author of the critically acclaimed China in Africa, and Alvaro Mendez, leading expert in the international relations of Latin America, look at the interests, strategies and practices of China’s incoming power. What can be learned by comparing Latin America with other developing regions in which China has had significant economic ties and a growing diplomatic stake ? Does Beijing’s approach to Latin America really differ, as is often claimed by Chinese leaders, from its approach to Africa ? And more broadly, how should we read the curious and uneven decline of both the US and Europe as actors in the region ?
. Collectif. Les défis stratégiques de la France, Paris, Editions des Equateurs, décembre 2022.
Quels sont les défis stratégiques qui attendent le prochain président français (ou le second mandat du président actuel) ? Guerre en Europe, reconfiguration au Sahel, préparation aux conflits de haute intensité, risque terroriste, montée en puissance de la Chine, ruptures technologiques, autonomie stratégique, influence de la France dans le monde… les défis ne manquent pas.
Ce volume dresse un panorama des principaux défis de la politique étrangère et de la politique de défense de la France des cinq prochaines années.
. Dominique Colas, Poutine, l’Ukraine et les statues de Lénine, Paris, Presses de SciencesPo, janvier 2023.
Détruites en Ukraine, protégées et restaurées en Russie, les statues de Lénine révèlent la coupure radicale entre un pays sur le chemin de la démocratie et la dictature guerrière qui a décidé de l’envahir. De nombreuses photos à l’appui, Dominique Colas raconte ce conflit mémoriel.
Des milliers de statues de Lénine érigées en Ukraine, il n’en reste plus une, sauf dans les régions annexées par la Russie. Ces symboles communistes ont été systématiquement mis à bas depuis 2014. Les Ukrainiens ont même donné un nom à ce geste libératoire : le leninopad.
Pendant ce temps, en Russie, Vladimir Poutine réécrit l’histoire, allant jusqu’à réhabiliter l’expansionnisme tsariste et soviétique par une statuaire ethno-nationaliste, militaire et religieuse ostentatoire.
. Jean-Pierre Filiu, Stupéfiant Moyen-Orient : une histoire de drogue, de pouvoir et de société, Paris, Editions du Seuil, janvier 2023.
La révélation de scandales liés aux stupéfiants alimente régulièrement l’actualité moyen-orientale. Mais sait-on que l’addiction de masse qui frappe l’Iran moderne trouve sa source dans une dépendance à l’opium diffusée depuis un demi-millénaire au sein de la société persane ? Que la position hégémonique sur le marché de l’héroïne qu’occupe aujourd’hui l’Afghanistan se fonde sur le choix d’un souverain modernisateur de développer, au début du siècle dernier, la culture du pavot ? Que le régime Assad, bien avant de devenir le principal producteur mondial de captagon, a longtemps joué un rôle névralgique dans les réseaux mondiaux d’héroïne, à partir des raffineries installées sous son contrôle au Liban ?
Au-delà de la mise en perspective d’une actualité brûlante, et loin des clichés culturalistes, l’ambition de ce livre est de remonter la trame historique du Moyen-Orient sous l’angle de la production et de la consommation des stupéfiants. Un fascinant voyage à travers les siècles, de l’Antiquité jusqu’à l’époque contemporaine, en passant par les Abbassides et les Mamelouks, l’empire ottoman, ou encore l’expédition d’Egypte, avec pour guide l’un des meilleurs spécialistes de la région.
Une histoire de pouvoir et de société qui confirme, sur la longue durée, que « plus la répression est dure et plus les drogues le sont ». Une leçon à méditer.
. Stéphane Taillat, Amaël Cattaruzza, Didier Danet, La Cyberdéfense, Paris, Armand Colin, février 2023.
Rapports de forces, cyberattaques sur les infrastructures, hacking, espionnage, fake news, le cyberespace est devenu en quelques décennies un champ privilégié des relations internationales, où coopèrent et s’affrontent anciens et nouveaux acteurs de la conflictualité, étatiques et non étatiques, publics et privés, civils et militaires.
Dans un monde où les réseaux numériques entraînent une interconnexion des systèmes de traitement de l’information, les menaces associées à la digitalisation ont totalement transformé la manière de concevoir les conflits contemporains. Les États, et les principaux acteurs de la sécurité, sont donc amenés à repenser leurs politiques, leurs architectures et leurs stratégies de défense sur la scène internationale.
Le domaine de la cyberdéfense doit être appréhendé de manière globale et pluridisciplinaire, au croisement des approches politiques et géopolitiques, stratégiques et juridiques, économiques, techniques et sociotechniques. Cet ouvrage, rédigé par de nombreux spécialistes, offre de manière concise et accessible une vision large des connaissances disponibles sur la gestion de crise dans l’espace numérique et les enjeux de la conflictualité.
Cette deuxième édition, entièrement revue et actualisée, prend en compte les changements opérés dans le domaine de la cyberdéfense ces dernières années. Elle présente les dernières avancées technologiques et les transformations des enjeux liés à la conflictualité numérique, dans un monde cyber en perpétuel mouvement et étroitement lié à l’actualité mondiale, en témoignent les évolutions provoquées ou accélérées par la crise de la Covid-19 et la guerre en Ukraine.
. Thierry Balzacq, Elyamine Settoul (eds.). Radicalization in Theory and Practice : Understanding Religious Violence in Western Europe, Michigan, University of Michigan Press, novembre 2022.
Radicalization is a major challenge of contemporary global security. It conjures up images of violent ideologies, "homegrown" terrorists and jihad in both the academic sphere and among security and defense experts. While the first instances of religious radicalization were initially limited to second-generation Muslim immigrants, significant changes are currently impacting this phenomenon. Technology is said to amplify the dissemination of radicalism, though there remains uncertainty as to the exact weight of technology on radical behaviours. Moreover, far from being restricted to young men of Muslim heritage suffering from a feeling of social relegation, radicalism concerns a significant number of converted Muslims, women and more heterogeneous profiles (social, academic and geographic), as well as individuals that give the appearance of being fully integrated in the host society. These new and striking dynamics require innovative conceptual lenses.
Radicalization in Theory and Practice identifies the mechanisms that explicitly link radical religious beliefs and radical actions. It describes its nature, singles out the mechanisms that enable radicalism to produce its effects, and develops a conceptual architecture to help scholars and policy-makers to address and evaluate radicalism—or what often passes as such. A variety of empirical chapters fed by first-hand data probe the relevance of theoretical perspectives that shape radicalization studies. By giving a prominent role to first-hand empirical investigations, the authors create a new framework of analysis from the ground up. This book enhances the quality of theorizing in this area, consolidates the quality of methodological enquiries, and articulates security studies insights with broader theoretical debates in different fields including sociology, social psychology, economics, and religious studies.
. Ivan Sand, « Géopolitique de la projection aérienne française. De 1945 à nos jours », Paris, La Documentation française, 2022, 510 p.
Cet ouvrage s’appuie sur le recensement d’une centaine d’opérations qui brosse une période de près de 80 ans d’engagement de l’armée française. Sur le plan géopolitique l’analyse fait ressortir les interactions réciproques entre le rang de la France à l’échelle mondiale et ses capacités de projection aérienne. La première partie s’articule en trois chapitres qui ont pour objectif de cerner précisément les différentes conceptions de la projection aérienne, puis de formuler des critères propres à l’étude. La deuxième partie reprend le découpage chronologique habituel de l’histoire militaire française depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La troisième partie s’attache à trois aspects précis de cette question, qui correspondent à des exemples très différents de projection à plusieurs milliers de kilomètres de la métropole. La guerre d’Indochine (1945-1954) constitue un acte fondateur d’une géographie militaire aérienne, à différentes échelles.
. Paco Milhiet, Géopolitique de l’Indo-Pacifique, préface de Christian Lechervy, éd. Cavalier Bleu, 2022.
Derrière chaque dénomination géographique se cache une intention politique. L’Indo-Pacifique ne déroge pas à la règle… Nouveau leitmotiv des relations internationales, cette construction stratégique vise à contenir la montée en puissance de la Chine et met en exergue la rivalité sino-américaine. Mais elle se traduit aussi par des enjeux régionaux qui ne sont pas toujours en ligne avec la stratégie de certaines métropoles, notamment la France, acteur important grâce à ses collectivités présentes dans la région.
Les problématiques de l’Indo-Pacifique se développent donc à plusieurs échelles, internationale, nationale et locale. Ce sont ces représentations multiscalaires, conduisant à des intérêts géopolitiques parfois concurrents, que Paco Milhiet analyse dans cet ouvrage.
Paco Milhiet est docteur en science politique. Il enseigne les relations internationales à l’École de l’air et de l’espace ainsi qu’à Sciences Po Aix. Ses recherches portent sur la géopolitique de la zone Indo-Pacifique et sur le développement de l’influence chinoise dans la région.
. Chloé Nicolas-Artero, Sébastien Velut, Graciela Schneier-Madanes, Franck Poupeau, Carine Chavarochette (dir.). Luttes pour l’eau dans les Amériques. Mésusages, arrangements et changements sociaux. Paris, Editions de l’IHEAL, décembre 2022.
L’eau constitue une ressource à la fois vitale pour les populations et stratégique pour les économies des Amériques. Dans un contexte de changement climatique et d’accroissement des pressions d’usage, accéder à l’eau n’est plus garanti, ce qui avive les conflits et conduit les États à modifier leurs politiques hydriques. Si les villes américaines constituent des scènes pertinentes pour inventer des modes de gestion plus attentifs à l’environnement, les rapports de forces entre groupes sociaux et les inerties institutionnelles semblent cependant entraver la consolidation de tout processus de changement. Les contributions interdisciplinaires et internationales réunies dans cet ouvrage présentent les enjeux de la conservation et du juste partage des eaux dans les sociétés américaines contemporaines. Elles entendent contribuer à l’analyse des conditions d’émergence de nouveaux paradigmes en matière de politiques hydriques.
. Denis Cogneau, Un empire bon marché. Histoire et économie politique de la colonisation française, XIXe-XXIe siècle, Paris, Seuil, janvier 2023.
Au XIXe siècle, la France s’est lancée dans la colonisation de pays entiers en Afrique et en Asie. Quelles ont été les motivations et les méthodes de cette politique ? Comment les sociétés dominées ont-elles été bouleversées, et quel développement économique et social ont-elles connu ? La décolonisation est-elle achevée aujourd’hui ? Un Empire bon marché propose de nouvelles réponses à ces questions controversées.
Grâce à un long travail d’archives et d’analyse statistique, l’ouvrage décrit ainsi avec une grande précision les États coloniaux et leur fonctionnement – à travers notamment la fiscalité, le recrutement militaire, les flux de capitaux et les inégalités. Il montre que l’empire a peu coûté à la métropole jusqu’aux guerres d’indépendance, et que les capitaux français n’ont pas ruisselé vers les colonies. La « mission civilisatrice » que la République française s’était assignée n’a donc pas débouché sur le développement des pays occupés, et c’est plutôt un régime à la fois violent et ambigu qui s’y est établi. De fait, le régime colonial a surtout bénéficié à une petite minorité de colons et de capitalistes français. Quant aux élites nationalistes, elles ont le plus souvent reconduit un État autoritaire et inégalitaire après les indépendances. En s’attachant à l’évolution des sociétés colonisées et à leur devenir, Denis Cogneau fournit une contribution majeure et un nouvel éclairage sur l’impérialisme, d’hier à aujourd’hui.
. Laura J. Sheperd, Caitlin Hamilton, Gender Matters in Global Politics. A Feminist Introduction to International Relations (3rd edition), Londres, Routledge, novembre 2022.
Gender Matters in Global Politics is a comprehensive textbook for advanced undergraduates studying politics, international relations, development and similar courses. It provides students with an accessible but in-depth account of feminist methodologies, gender theory and feminist approaches to key topics and themes in global politics. This textbook is written by an international line-up of established and emerging scholars from a range of theoretical perspectives, bringing together cutting-edge feminist scholarship in a variety of areas.
. Marion Gaillard, L’Union européenne. Institutions et politiques, Paris, La Documentation Française, décembre 2022.
L’Union européenne fait aujourd’hui face à de nombreuses épreuves : la guerre en Ukraine, les crises climatiques et migratoires, les conséquences du Brexit…
Dans ce contexte, la 6ème édition de L’Union européenne, Institutions et politiques décrit à la fois les mécanismes du fonctionnement de l’Union européenne, ses moyens d’action et les défis auxquels elle est confrontée. Parmi ceux-ci, les conséquences du Brexit britannique ou encore l’éventuel élargissement de l’UE.
Cette nouvelle édition soulève également des interrogations centrales : par quels moyens l’Union européenne peut-elle agir ? Faut-il se doter d’une défense européenne à part entière ?
. Olivier Kempf. Guerre d’Ukraine. Chronique mars-novembre 2022, Paris, Economica, novembre 2022.
Depuis le début de la guerre d’Ukraine, Olivier Kempf publie chaque semaine sur les réseaux sociaux une analyse des événements militaires qui se sont déroulés sur le front. Ces billets ont rencontré l’assentiment du public qui y a trouvé le point de vue sobre, prudent et distancié d’un expert et d’un praticien, pointant les succès et les échecs des deux belligérants, détaillant leurs intentions opérationnelles, proposant enfin une perspective géopolitique au-delà des opérations militaires.
Ces billets ont été ici rassemblés et permettent, comme une succession d’instantanés, de dérouler le film des opérations pendant ces premiers mois de la guerre et de mieux comprendre les enjeux successifs du conflit. Il s’agit donc d’un premier bilan intermédiaire, à la lumière des sources ouvertes, dégagé des excès partisans des deux camps et du tumulte médiatique. L’ouvrage constitue donc la première synthèse de cette guerre d’Ukraine qui marque un tournant stratégique du continent européen.
Il est agrémenté d’une série de cartes dressées tout au long du conflit par le géographe Éric Streignart et complété, en seconde partie, de l’examen des premières leçons stratégiques que l’on peut tirer de cette guerre : est-elle le modèle des guerres de demain ou est-elle au contraire exceptionnelle ?
Un ouvrage indispensable pour qui veut comprendre les raisons du retour de la guerre sur le continent européen mais aussi les risques et les défis qu’elle entraîne sur notre sécurité.
. Chris Miller, Chip War : The Fight for the World’s Most Critical Technology, New York, Scribner, octobre 2022.
An epic account of the decades-long battle to control what has emerged as the world’s most critical resource—microchip technology—with the United States and China increasingly in conflict.
You may be surprised to learn that microchips are the new oil—the scarce resource on which the modern world depends. Today, military, economic, and geopolitical power are built on a foundation of computer chips. Virtually everything—from missiles to microwaves, smartphones to the stock market—runs on chips. Until recently, America designed and built the fastest chips and maintained its lead as the #1 superpower. Now, America’s edge is slipping, undermined by competitors in Taiwan, Korea, Europe, and, above all, China. Today, as Chip War reveals, China, which spends more money each year importing chips than it spends importing oil, is pouring billions into a chip-building initiative to catch up to the US. At stake is America’s military superiority and economic prosperity.
Economic historian Chris Miller explains how the semiconductor came to play a critical role in modern life and how the U.S. become dominant in chip design and manufacturing and applied this technology to military systems. America’s victory in the Cold War and its global military dominance stems from its ability to harness computing power more effectively than any other power. But here, too, China is catching up, with its chip-building ambitions and military modernization going hand in hand. America has let key components of the chip-building process slip out of its grasp, contributing not only to a worldwide chip shortage but also a new Cold War with a superpower adversary that is desperate to bridge the gap.
. Frédéric de la Mure, Un photographe au Quai d’Orsay. 40 ans de diplomatie française, Paris, Editions de la Martinière, novembre 2022.
Photographe officiel du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères pendant près de 40 ans, Frédéric de La Mure a capturé les grands moments de l’histoire internationale. Il a vu le monde changer et il lui a donné, notamment, la célèbre image de François Mitterrand et Helmut Kohl, main dans la main à Verdun en 1984, celle de la place Tahir du Caire envahie par la foule pendant la révolution égyptienne en 2011 ou encore celle de l’Accord de Paris de décembre 2015…
Cet ouvrage donne à voir la grande et les petites histoires de notre monde contemporain. En support de ces images inédites, Frédéric de La Mure nous raconte ses souvenirs sur le terrain. Un texte documenté signé de la journaliste Isabelle Lasserre, rédactrice en chef adjoint du service de politique étrangère du Figaro, Prix de la presse diplomatique en 1999, remet les événements dans le contexte de leur époque.
. Pierre Journoud (dir.), La mer de Chine méridionale au prisme du soft power. Nouvelles approches franco-vietnamiennes d’un vieux conflit maritime, Paris, L’Harmattan, novembre 2022.
Jamais, depuis la fin de la Guerre froide, le niveau d’activités militaires et de tensions n’a été aussi élevé en mer de Chine méridionale. Comment ce conflit localisé et somme toute mineur, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, s’est-il mué en conflit stratégique d’ampleur mondiale, aujourd’hui ? Quels efforts ont été entrepris ou peuvent être suggérés pour tenter de le résoudre ? Quel rôle y jouent les États-Unis et la Chine, le Vietnam et les Philippines, l’ASEAN, l’Europe et la France ? Quel a été l’impact de la pandémie ? De la guerre en Ukraine et de la crise taiwanaise ? L’un des objectifs de cet ouvrage inspiré d’un colloque franco-vietnamien est, précisément, d’apporter quelques réponses actualisées en croisant les horizons géographiques et disciplinaires, en interrogeant le conflit au prisme du soft power - l’histoire, y compris dans sa longue durée, le droit, la culture, la communication, l’économie, la science ou encore l’écologie. Ces domaines ne constituent pas seulement le prolongement naturel du hard power investi par les parties à ce conflit de souveraineté. Ils fournissent aussi la clé de sa résolution. Par son approche globale et pluridisciplinaire, cet ouvrage scientifiquement militant souligne l’impérieuse nécessité des coopérations transnationales et internationales dans des domaines déjà existants, mais aussi à inventer ou à réinventer.
. Rémy Hémez, Les opérations de déception, Paris, Editions Perrin, septembre 2022.
Tout au long de l’histoire de la guerre, les chefs militaires ont cherché à tromper leurs adversaires pour vaincre. Jusqu’à l’époque moderne, la ruse reste relativement simple : elle est essentiellement le fait du " génie " du chef militaire. La révolution industrielle, l’augmentation de la taille des armées, l’accroissement de la mobilité, l’avènement de la troisième dimension ainsi que les premiers pas des technologies de l’information offrent la possibilité de synchroniser de multiples stratagèmes dans le temps et dans l’espace, sur des fronts entiers voire au niveau stratégique. Les opérations de déception - des combinaisons d’actions planifiées et coordonnées visant à tromper l’ennemi pour le faire agir dans la direction souhaitée - naissent alors véritablement. Ces opérations (Bertram, Error, Mincemeat...) deviennent même un " art majeur " lors du second conflit mondial, celles préparant le débarquement de Normandie étant probablement les plus complexes jamais mises en œuvre. Leur usage perdure ensuite, même si elles sont plus ou moins mises en avant selon les belligérants et les périodes.
C’est une histoire de ces ruses de guerre, de 1914 à nos jours que raconte Rémy Hémez au plus près des sources. Une analyse tactique et stratégique rigoureuse qui met également en lumière l’imagination sans limite des combattants lorsqu’il s’agit de tromper leurs ennemis. L’auteur le démontre avec brio : alors que la technologie continue de progresser à un rythme vertigineux, les opérations de déception sont plus essentielles que jamais.
. Romain Mielcarek. Les Moujiks. La France dans les griffes des espions russes, Paris, Editions Denoël, novembre 2022.
« Bonjour, je m’appelle Sergueï. Je cherche à rencontrer du monde et à mieux connaître Paris. »
Cette enquête commence par hasard, lorsqu’un agent secret russe tente de recruter Romain Mielcarek. Pour l’auteur, l’occasion est trop belle de plonger dans les basfonds du renseignement où s’affrontent services russes et contre-espionnage français.
Résultat de dix ans d’enquête, Les Moujiks décrit l’impunité avec laquelle les agents de la GRU, du FSB et du SVR œuvrent contre nos intérêts nationaux. Loin des fantasmes du cinéma et de la littérature, des hommes au service d’un État autocratique jouent avec les vies de politiques, de chercheurs, de fonctionnaires, de journalistes… mais aussi avec celles de simples citoyens instrumentalisés. Ces hommes brutaux, pas toujours très habiles, ont violé sans vergogne toutes les règles et toutes les lois. Un danger longtemps ignoré : qui aurait pu imaginer que la Russie soit une menace ? Une enquête explosive sur le renseignement russe en France.
. Bertrand Badie, Dominique Vidal (dirs.), Le monde ne sera plus comme avant, Paris, Edition Les liens qui libèrent, novembre 2022.
Notre monde a changé de base et il devient urgent d’en comprendre les nouveaux principes. Voici ce à quoi s’attèle cet ouvrage foisonnant. Comment se comporte-t-on face à de nouveaux conflits qui ne sont plus les guerres d’hier, face à des enjeux sécuritaires qui n’ont plus rien de commun avec ceux de jadis, face à des sociétés qui se font entendre comme jamais jusqu’ici, face à des mouvements nationalistes qui ne ressemblent que superficiellement à ceux d’antan ? Que faire des multiples insécurités, de l’évidence de nos dépendances géopolitiques, énergétiques... ?
Au fil des contributions, cet ouvrage coordonné par Bertrand Badie et Dominique Vidal nous invite à sortir du mythe de l’éternel recommencement de l’histoire et à faire émerger l’inédit afin de mieux s’y adapter.
Car pour saisir la nouvelle grammaire des relations internationales, nous devons réussir à changer de lunettes et regarder le monde tel qu’il est, libéré des projections du passé.
. Alain Rouquié, La fin des diplomates : le risque et l’honneur, Paris, Gallimard, décembre 2022.
Face au changement d’époque et aux guerres (Ukraine), le temps des diplomates appartient-il au passé ? Bien loin des anecdotes d’un ambassadeur, Alain Rouquié s’interroge sur l’évolution et les transformations annoncées de l’appareil diplomatique. Après la guerre froide, on a cru que la mondialisation économique allait rendre caduc les conflits entre Etats. Il n’en est rien comme le démontre l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
. Christophe Roux, Marie-Hélène Sa Vilas Boas, Victor Pereira (dirs.), Le Portugal depuis la révolution des œillets. Dynamiques politiques et sociales, Paris, L’Harmattan, novembre 2022.
Quelles dynamiques politiques et sociales observe-t-on au Portugal depuis la révolution des Œillets ? Cet ouvrage, fruit d’une collaboration internationale réunissant quinze chercheurs, offre une synthèse des travaux en sciences sociales sur les principales évolutions institutionnelles, politiques et sociales qu’a connues le Portugal ces quarante dernières années. Destiné à toute personne désireuse de se familiariser avec la vie politique portugaise et son contexte, il constitue l’un des très rares ouvrages en français proposant d’aborder le politique dans le Portugal contemporain.
. Kim Moloney, Who Matters at the World Bank ? Bureaucrats, Policy Change, and Public Sector Governance, Oxford, Oxford University Press, juillet 2022.
Who Matters at the World Bank explores "who matters" in a 32-year history (1980-2012) of policy change within the World Bank’s public sector management and public sector governance agenda, and is anchored within the public administration discipline and its understanding of bureaucracy, bureaucratic politics, and stakeholder influences. In response to constructivist scholars’ concerns about politics and the organizational culture of international civil servants within international organizations, Kim Moloney uses stakeholder theory and a bureaucratic politics approach to suggest the normality of politics, policy debate, and policy evolution. The book also highlights how for 21 of those 32 years it was not external stakeholders but the international civil servants of the World Bank who most influenced, led, developed, and institutionalized this sector’s agenda. In so doing, the book explains how one sector of the Bank’s work rose, against the odds, from being included in just under 3% of approved projects in 1980 to 73% of all projects approved between 1991 and 2012.
. Margarita Fajardo, The World That Latin America Created. The United Nations Economic Commission for Latin America in the Development Era, Harvard, Harvard University Press, août 2022.
How a group of intellectuals and policymakers transformed development economics and gave Latin America a new position in the world.
After the Second World War demolished the old order, a group of economists and policymakers from across Latin America imagined a new global economy and launched an intellectual movement that would eventually capture the world. They charged that the systems of trade and finance that bound the world’s nations together were frustrating the economic prospects of Latin America and other regions of the world. Through the UN Economic Commission for Latin America, or CEPAL, the Spanish and Portuguese acronym, cepalinos challenged the orthodoxies of development theory and policy. Simultaneously, they demanded more not less trade, more not less aid, and offered a development agenda to transform both the developed and the developing world. Eventually, cepalinos established their own form of hegemony, outpacing the United States and the International Monetary Fund as the agenda setters for a region traditionally held under the orbit of Washington and its institutions. By doing so, cepalinos reshaped both regional and international governance and set an intellectual agenda that still resonates today.
Drawing on unexplored sources from the Americas and Europe, Margarita Fajardo retells the history of dependency theory, revealing the diversity of an often-oversimplified movement and the fraught relationship between cepalinos, their dependentista critics, and the regional and global Left. By examining the political ventures of dependentistas and cepalinos, The World That Latin America Created is a story of ideas that brought about real change.
. Mohamed-Ali Adraoui, Understanding Salafism, Cham, Palgrave Macmillan, novembre 2022.
This book addresses the issue of one of the most visible and debated currents in contemporary radical Islam. It sheds light on the history, the fundamental principles, and the political and religious translations of Salafism and explains current events involving Salafist actors in an objective and dispassionate manner. The author explains with precision the different contemporary Salafist mobilizations by illustrating them with specific cases while shedding light on the main debates related to this mode of understanding of the Muslim religion, such as its potential role in triggering certain forms of violence, the way to compare it to other fundamentalist versions in other religions, or the way to describe, in terms of social sciences, the main concepts and discourses that can be observed in this current of Islam today.
. Tom Long, A Small State’s Guide to Influence in World Politics, Oxford, Oxford University Press, juin 2022.
Small states are crucial actors in world politics. Yet, they have been relegated to a second tier of International Relations scholarship. In A Small State’s Guide to Influence in World Politics, Tom Long shows how small states can identify opportunities and shape effective strategies to achieve their foreign policy goals. To do so, Long puts small states’ relationships at the center of his approach. Although small states are defined by their position as materially weaker actors vis-a-vis large states, Long argues that this condition does not condemn them to impotence or irrelevance. Drawing on typological theory, Long builds an explanation of when and how small states might achieve their goals. The book assesses a global range of cases-both successes and failures-and offers a set of tools for scholars and policymakers to understand how varying international conditions shape small states’ opportunities for influence.
. Alice Ekman, Dernier vol pour Pékin, Paris, Editions L’Observatoire, novembre 2022.
« La Chine ne peut pas exister sans l’Occident », entend-on souvent. En est-on vraiment sûr ?
Alice Ekman prend acte de la fin d’une époque, celle d’une Chine relativement ouverte, et analyse avec précision le début d’une autre, celle de la dissociation des mondes, et de l’émergence de ce qu’elle dénomme la « bimondialisation », structurée par des groupes de pays ennemis. Car c’est un fait : la Chine se ferme à l’Occident, et aux États-Unis en premier lieu, dans un contexte de tensions commerciales et technologiques prolongées. En parallèle, Pékin tente de bâtir une coalition alternative de pays, d’élargir son « cercle d’amis », au cœur duquel se trouve la Russie.
La Chine de Xi Jinping est désormais pleinement entrée dans une rude compétition entre systèmes politiques, et semble prête à payer le coût de ses choix idéologiques et géostratégiques. Le commerce n’adoucit pas les mœurs.
Grâce à sa fine connaissance de la politique étrangère chinoise et son travail de synthèse, Alice Ekman parvient ici à mettre en perspective des centaines de déclarations officielles, chiffres, témoignages et exemples concrets collectés au cours de ces trois dernières années, pour rendre compte de la nouvelle restructuration du monde, avec clarté et efficacité.
. André Ruche, D’un quai à l’autre. Plongées profondes dans la Marine nationale et les secrets de l’action consulaire, Paris, L’Harmattan, octobre 2022.
Ce récit est celui d’un homme engagé au service de son pays. Il relate le parcours d’un mousse âgé de quinze ans, radiotélégraphiste de la Marine nationale, qui nous fait plonger en sous-marins, embarquer dans la cale d’un navire-espion, connaître les fusiliers marins avant de partir en mission militaire et diplomatique en Arabie Saoudite. Puis, au ministère des Affaires étrangères, André Ruche nous fait partager sa vie d’agent du Chiffre en ambassade, au Quai d’Orsay et à Matignon. Le diplomate nous fait découvrir au fil de l’eau les coulisses d’un monde confidentiel, dont celui du Centre de Crise. Agent consulaire durant vingt ans, l’auteur nous dévoile aussi son étonnant métier au service des Français de l’Étranger au Cameroun, en Chine, en Russie, en Inde puis à Singapour où il finira sa carrière en qualité de consul. Cette fresque autobiographique, peinte avec coeur et passion, transporte le lecteur très loin, l’invitant à découvrir des horizons multiples, hors sentiers battus. Un témoignage rare qui fait du bien.
. Hatem Nafti, Tunisie, vers un populisme autoritaire ? - Voyage au bout de la Saïedie, Paris, Riveneuve, octobre 2022.
Le 25 juillet 2021, le président Kaïs Saïed décrète l’état d’exception. Il congédie le chef du gouvernement et gèle le Parlement. Il neutralisera par la suite tous les contrepouvoirs mis en place après la chute de Ben Ali pour empêcher tout retour à l’autoritarisme. Un an après, une nouvelle Constitution est adoptée à une écrasante majorité mais avec seulement 30,5 % de participation. Elle met en place un régime présidentialiste qui promeut la “construction par la base”, un nouveau système de gouvernance et de production. Censé redonner le pouvoir au peuple, celui-ci renforce le pouvoir central. En dépit des critiques et de l’aggravation de la crise économique, Saïed continue à bénéficier du soutien d’une partie de l’opinion. Dix ans après la révolution, la Tunisie fait un saut dans l’inconnu. Pourquoi la transition démocratique a-t-elle échouée ?
L’ouvrage décortique la décennie postrévolutionnaire et explore les expériences comparables (Second empire, Amérique latine, République de Weimar…). Il croise les regards d’experts (juristes, politistes, économistes, acteurs associatifs, militants) et de personnalités comme l’ancien Chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh, pour tenter de préciser si le saïedisme est un populisme autoritaire mettant fin à une démocratie fragile ou s’il peut aboutir à une démocratie authentique. Une question clé autant pour les Tunisiens que pour leurs voisins maghrébins et européens, confrontés à la montée des populismes et au rejet croissant des valeurs démocratiques.
. Karine Clément, Denys Gorbach, Hanna Perekhoda, Catherine Samary, Tony Wood, L’invasion de l’Ukraine. Histoires, conflits et résistances populaires, Paris, La Dispute, octobre 2022.
L’invasion de l’Ukraine sur ordre de Vladimir Poutine le 24 février 2022 est un événement politique majeur pour le continent européen et le reste du monde. Elle pose des questions cruciales sur la capacité des peuples à s’opposer aux guerres, aux régimes autoritaires et aux impérialismes.
Dans ce livre, chercheur·e·s spécialistes des transformations de l’Ukraine, de la Russie et de l’Europe de l’Est au sein de la reconfiguration de l’ordre mondial, également engagé·e·s dans les combats altermondialistes, expliquent les histoires locales et globales, les nouvelles dynamiques économiques, sociales et géopolitiques, les résistances populaires qui éclairent les débats en cours concernant l’impérialisme russe, la résistance ukrainienne, l’aide militaire de l’OTAN et déplient les enjeux politiques impliqués par la guerre.
Un entretien conclusif permet de confronter leurs arguments, d’aborder la question des scénarios possibles à venir et d’envisager ce qu’il est permis d’espérer quant à l’autodétermination des peuples
. Romain Pasquier, Organisation territoriale et démocratie locale en Europe, Paris, La Documentation française, novembre 2022.
La démocratie territoriale, qui se définit notamment par la participation des habitants à la vie locale, est au cœur du système politique et institutionnel des pays européens. Elle s’inscrit pleinement dans les mutations contemporaines de l’action publique qui fait face à de nombreux défis, dont la lutte contre le réchauffement climatique ou encore les fractures sociales et territoriales.
Cet ouvrage présente l’organisation territoriale et la démocratie locale en Europe et analyse leur évolution en insistant sur le rôle et le fonctionnement de la démocratie locale entre proximité et participation politique. Il répond à cette question centrale : la participation citoyenne est-elle un enjeu de la démocratie territoriale dans les pays européens ?
. Tim Nicholas Rühlig, China’s Foreign Policy Contradictions. Lessons from China’s R2P, Hong Kong, and WTO Policy, Oxford, Oxford University Press, avril 2022.
Throughout the post-Mao reform era, China has championed the principle of sovereign state control, which holds that states should not intervene in the affairs of other states. Yet as Tim Nicholas Rühlig argues in China’s Foreign Policy Contradictions, in recent years they have not actually acted this way. Chinese foreign policy actions fail to match up with official rhetoric, and these inconsistencies—in combination with China’s growing power-will have dramatic effects on the future shape of international order.
To explain these contradictions, Rühlig draws from a rich battery of in-depth interviews with party-state officials to explain the foreign policy dynamics and processes of the normally opaque Chinese party-state. He demonstrates how different sources of the Chinese Communist Party’s domestic legitimacy compete within the complex and highly fragmented Chinese party-state, resulting in contradictory foreign policies. He focuses on three issue areas : international human rights law and "responsibility to protect" (R2P) ; China’s role in World Trade Organization (WTO) policymaking ; and China’s evolving relationship with Hong Kong. In each area, different factions within the party-state wrestle for control, with domestic legitimacy of the party always being the overriding goal. This incessant competition within the state’s institutions often makes the PRC’s foreign policy contradictory, undermining its ability to project and promote a "China Model" as an alternative to the existing international order (and more specifically as a champion of non-intervention). Instead, it often pursues narrowly nationalistic interests.
By elucidating how foreign policymakers strategize and react within the context of a massive and complex bureaucratic system that is constantly under pressure from many sides, Rühlig shows not only why China’s foreign policy is so inconsistent, but why it is likely to contribute to a more particularistic, plural, and fragmented international order in the years to come. This book represents a significant advance in our understanding of the foreign policymaking process in authoritarian regimes.
. Cholpon Orozobekova, Foreign Fighters and International Peace : Joining Global Jihad and Marching Back Home, Durham, Hamilton Books, novembre 2022.
This book sheds light on the emergence, roots and gradual change of jihadism and exposes its detrimental impact on human lives. The author collected insightful interviews with ISIS fighters and also with women who joined ISIS. The book analyses root causes and motivations of people based on the first-hand information and proposes the non-enigma cycles radicalization theory, and argues that two main cycles- grievances and resentment, and the radical ideology are the most significant. The book addresses the current situation with 70,000 women and children, who were family members of ISIS fighters, trapped in the desert following the defeat of the terrorist group in Syria and Iraq. The work also analyses incentives of those who joined ISIS, nature of the jihadist ideology, emergence of a family jihad, roles of women and children within a so-called caliphate, and state policies to deal with captured ISIS fighters and their family members. The author gives detailed information on post-ISIS lives of women and children, who were family members of ISIS fighters who currently held in the desert in Northeast Syria. Detailed and vivid depiction of the ongoing humanitarian crisis in these camps presents the readers a clear understanding of the extent, intensity, and importance of the issue at hand and is what makes this book such a compelling and eye-catching one.
The book also gives compelling accounts of state policies toward ISIS fighters that being discussed by international community such as establishing ad hoc tribunal, stripping citizenship, transferring to Iraqi prisons etc. It also gives detailed insights into rehabilitation and reintegration programs in several countries that repatriated their citizens from Syria and Iraq. The author`s research is unique due to her direct access to repatriated foreign fighters in several countries, which brought back their citizens from Iraq and Syria. “We will depart to Jihad if the God calls us,” such are the imprints that are left on the minds of young children born and raised in ISIS-controlled territories. The book contains many human stories which makes the book interesting not only to scholars and policy makers but to general audience too.
. Etienne de Poncins, Au cœur de la guerre, Paris, XO Editions, novembre 2022.
Dans ce récit exceptionnel, Étienne de Poncins, 58 ans, ambassadeur de France en Ukraine, raconte les premières heures de la guerre. Et nous embarque dans le convoi organisé par le GIGN – après cinq jours passés sous les bombes – pour déplacer l’ambassade de Kiev à Lviv et revenir, quelques semaines plus tard, dans la capitale ukrainienne martyrisée.
Réputé pour son calme, Étienne de Poncins nous parle de tension extrême, de déflagrations dans la nuit, mais aussi de courage et d’amitié. Il nous fait part de son incroyable détermination à maintenir l’ambassade sur le sol ukrainien et apporte un éclairage inédit sur les ressorts de la résistance ukrainienne.
. Jonathan Littell, De l’agression russe, Paris, Gallimard, novembre 2022.
"Poutine est un homme qui au XXIème siècle mène une guerre du XXème pour atteindre des objectifs du XIXème." La polémique est un genre dont je me méfie vivement, et que je pratique avec parcimonie. Je n’ai jamais pensé que le fait d’avoir écrit des livres, d’être considéré, d’une certaine manière, comme une personne publique, donnait le droit d’exprimer ses opinions à tout vent. Mais parfois l’on n’a pas le choix ; parfois, le silence équivaut à la complicité. Lorsqu’un pays en agresse un autre, comme la Russie a agressé l’Ukraine ce 24 février 2022, se taire serait faire le jeu de l’agresseur, serait trahir l’agressé. Cela vaut d’autant plus lorsqu’on a passé des années dans les deux pays, lorsqu’on y a des amis, des deux côtés. Pour les uns, comme pour les autres, il importe de choisir son camp.
. Laurence Defranoux, Les Ouïghours : Histoire d’un peuple sacrifié, Paris, Editions Tallandier, septembre 2022.
La tragédie ouïghoure a surgi récemment et provoqué l’effroi. Pourtant, ses signes avant-coureurs sont ancrés dans l’histoire de ce peuple lointain, aussi riche que méconnue. Qui sait qu’un empire ouïghour bouddhiste et chrétien a jadis traité d’égal à égal avec l’Empire chinois ? Que Mao avait promis l’indépendance aux Ouïghours avant de leur imposer une colonisation brutale dès 1949 ? Voici le récit d’une persécution programmée.
Aujourd’hui, aucun Ouïghour n’est libre. Dans cette enquête édifiante, Laurence Defranoux révèle plus de soixante-dix ans de mise en place progressive de l’engrenage génocidaire. Elle raconte le drame qui a lieu au Xinjiang, entre espionnage totalitaire high-tech et enfermement de plus d’un million d’hommes et de femmes pour « terrorisme » dans des conditions terrifiantes. Elle a étudié le contexte historique, épluché les rapports d’enquête, interrogé des rescapés des camps, des familles de détenus, les chercheurs qui travaillent sur les milliers de documents officiels chinois décrivant la volonté d’éradication totale de la culture, de la langue et de la société ouïghoures. Carrefour de l’Eurasie depuis quatre millénaires, le Xinjiang regorge de ressources naturelles. C’est l’un des points stratégiques des Nouvelles Routes de la soie, une pièce maîtresse du grand « rêve chinois » de Xi Jinping, sur l’autel duquel le Parti a décidé de sacrifier un peuple entier.
. Scott Mainwaring, Tarek Masoud, Democracy in Hard Places, Oxford, Oxford University Press, septembre 2022.
The last fifteen years have witnessed a "democratic recession." Democracies previously thought to be well-established—Hungary, Poland, Brazil, and even the United States—have been threatened by the rise of ultra-nationalist and populist leaders who pay lip-service to the will of the people while daily undermining the freedom and pluralism that are the foundations of democratic governance. The possibility of democratic collapse where we least expected it has added new urgency to the age-old inquiry into how democracy, once attained, can be made to last.
In Democracy in Hard Places, Scott Mainwaring and Tarek Masoud bring together a distinguished cast of contributors to illustrate how democracies around the world continue to survive even in an age of democratic decline. Collectively, they argue that we can learn much from democratic survivals that were just as unexpected as the democratic erosions that have occurred in some corners of the developed world. Just as social scientists long believed that well-established, Western, educated, industrialized, and rich democracies were immortal, so too did they assign little chance of democracy to countries that lacked these characteristics. And yet, in defiance of decades of social science wisdom, many countries that were bereft of these hypothesized enabling conditions for democracy not only achieved it, but maintained it year after year. How does democracy persist in countries that are ethnically heterogenous, wracked by economic crisis, and plagued by state weakness ? What is the secret of democratic longevity in hard places ?
This book—the first to date to systematically examine the survival persistence of unlikely democracies—presents nine case studies in which democracy emerged and survived against the odds. Adopting a comparative, cross-regional perspective, the authors derive lessons about what makes democracy stick despite tumult and crisis, economic underdevelopment, ethnolinguistic fragmentation, and chronic institutional weakness. By bringing these cases into dialogue with each other, Mainwaring and Masoud derive powerful theoretical lessons for how democracy can be built and maintained in places where dominant social science theories would cause us to least expect it.
. Sonia Le Gouriellec, Pourquoi l’Afrique est entrée dans l’histoire (sans nous) ?, Lille, Hikari, novembre 2022.
Pourquoi ne connaissons-nous pas le nom de la capitale de la Côte d’Ivoire ou du Nigéria ? Pourquoi les séries américaines se déroulent-elles dans des pays d’Afrique qui n’existent pas ? Comment expliquer que l’Afrique soit aujourd’hui encore dépeinte comme un espace uniforme, primitif, un espace de pauvreté et de conflits ? Un espace hors de l’Histoire, hors du monde en mouvement, en retard. Existe-t-il chez nous ce que le philosophe camerounais Achille Mbembe appelle une « volonté d’ignorance » ?
Ce livre donne des clés de compréhension de nos représentations caricaturales de l’Afrique. Il interroge la persistance d’un imaginaire colonialiste, d’une vision globalisante et dévalorisante du continent africain. Mettons à mal nos préjugés mille fois rebattus, et prenons conscience que l’Afrique est entrée dans l’Histoire, sans nous !
. Aldo F. Ponce, Huellas de la guerra. Los costos sociales de la violencia criminal en México, México, CIDE, octobre 2022.
La sociedad mexicana se encuentra bajo el asedio de la violencia que producen el enfrentamiento entre las fuerzas públicas de seguridad y las organizaciones criminales que trafican drogas ilegales, así como las continuas luchas que ocurren entre estas organizaciones. Este libro constituye un esfuerzo multidisciplinario que, desde distintas ciencias sociales, como la ciencia política la economía y la sociología, amplía el conocimiento sobre el incremento de los costos sociales de la violencia criminal registrada en México en los últimos años.
Con evaluaciones y argumentos novedosos sobre las causas, la evolución y los alcances de estos costos, Huellas en la guerra ofrece un análisis que llama al rediseño de las políticas públicas para reducir no solo la violencia criminal o el consumo de drogas, sino también los costos sociales de la violencia.
. Arantza Gomez Arana, María J García (eds.), Latin America-European Union relations in the twenty-first century, Manchester, Manchester University Press, octobre 2022.
Latin America-European Union relations in the twenty-first century provides a valuable overview of transatlantic trade agreement negotiations and developments in the first decades of the twenty-first century. This edited collection examines key motivations behind trade agreements, traces the evolution of negotiations and explores some of the initial impacts of new generation trade agreements with the EU on South American countries. The book makes an important contribution to our understanding of relations between these regions by contextualising relations and trade agendas, both in terms of domestic political and economic policies and broader global trends. It demonstrates the importance of a shift toward mega-regional trade agreements in the 2010s, particularly under the Obama administration in the United States, in shaping South American and European agendas for trade agreement negotiations and their outcomes. Detailed case studies in the book investigate EU relations and negotiations with countries that have successfully negotiated new generation trade agreements with the EU : Mercosur, the Andean states, Chile and Mexico. Other contributions offer a wider overview of EU-Latin American relations, including parliamentary and civil society relations. The net result is a balanced analysis of contemporary EU relations with South America, useful for students and scholars of foreign policy and political economy in both regions.
. Emmanuel Dubois de Prisque, La Chine et ses démons. Aux sources du sino-totalitarisme, Paris, Odile Jacob, novembre 2022.
La gouvernance de plus en plus totalitaire du régime chinois se voit aujourd’hui fortement contestée, notamment en Occident. En revanche, la Chine, en tant que civilisation, fait l’objet d’une étrange complaisance.
Et pourtant, le « système de crédit social », la volonté de « siniser » les religions, de « rééduquer » les peuples non hans comme les Ouïghours, l’obsession de la « pureté » idéologique, la lutte contre le « démon » de la pandémie ne se comprennent que si nous acceptons de regarder sans pudeur la culture chinoise et la façon dont elle imprègne la Chine contemporaine.
C’est précisément ce que fait Emmanuel Dubois de Prisque dans ce livre. S’inspirant des travaux de René Girard, il montre que la politique chinoise obéit à des rites sacrificiels dont le souverain est à la fois le grand prêtre et la victime potentielle – des premiers empereurs jusqu’à Mao Zedong ou Xi Jinping.
Ce faisant, il éclaire la part d’ombre de la Chine et en souligne les risques alors que cette dernière paraît bien décidée à imposer au monde ses propres normes culturelles face à un Occident affaibli et englué dans sa propre culpabilité.
. Jonathan Leader Maynard, Mark L. Haas, The Routledge Handbook of Ideology and International Relations, Londres, Routledge, octobre 2022.
The Routledge Handbook of Ideology and International Relations reviews, consolidates, and advances the study of ideology in international politics.
The volume unifies fragmented scholarship on ideology’s impact on international relations into a wide-ranging and go-to volume. Declarations of the ‘end of ideology’ have once again been proven premature : nationalisms of various stripes are thriving ; ideological polarization and conflicts both within and among states are growing ; and environmentalist, feminist and anti-globalization activists are intensifying their demands on international institutions and states. This timely volume presents ideology as a way of explaining these major developments of world politics, rejecting the simplistic association of ideology with passionate convictions in favor of more complex theories of ideology’s influence. The chapters summarize cutting edge knowledge on major topics, suggest key implications for broader theoretical debates and frameworks, and point the way forwards to future avenues of inquiry. Contributors adopt puzzle-orientated causal, constitutive and/or critical approaches with a central focus on the determinants and effects of ideological phenomena and their interaction with other aspects of politics.
This handbook is of key interest to students and scholars of ideologies, international relations, foreign policy analysis, political science, political theory and more broadly to sociology, psychology, and history.
. Michael Beckley, Hal Brands, Danger Zone : The Coming Conflict with China, Paris, W. W. Norton & Company, août 2022.
It has become conventional wisdom that America and China are running a “superpower marathon” that may last a century. Yet Hal Brands and Michael Beckley pose a counterintuitive question : What if the sharpest phase of that competition is more like a decade-long sprint ?
The Sino-American contest is driven by clashing geopolitical interests and a stark ideological dispute over whether authoritarianism or democracy will dominate the 21st century. But both history and China’s current trajectory suggest that this rivalry will reach its moment of maximum danger in the 2020s.
China is at a perilous moment : strong enough to violently challenge the existing order, yet losing confidence that time is on its side. Numerous examples from antiquity to the present show that rising powers become most aggressive when their fortunes fade, their difficulties multiply, and they realize they must achieve their ambitions now or miss the chance to do so forever. China has already started down this path. Witness its aggression toward Taiwan, its record-breaking military build-up, and its efforts to dominate the critical technologies that will shape the world’s future.
Over the long run, the Chinese challenge will most likely prove more manageable than many pessimists currently believe―but during the 2020s, the pace of Sino-American conflict will accelerate, and the prospect of war will be frighteningly real. America, Brands and Beckley argue, will still need a sustainable approach to winning a protracted global competition. But first, it needs a near-term strategy for navigating the danger zone ahead.
. Yves Chevrier, L’Empire terrestre. Histoire du politique en Chine aux XXe et XXIe siècles. Tome 1. La démocratie naufragée (1895-1976), Paris, Seuil, septembre 2022.
Loin des récits convenus, Yves Chevrier livre une généalogie du pouvoir chinois qui plonge dans l’histoire du XXème siècle. Point d’« Empire céleste » ou de tradition prétendument ancestrale dans cette enquête sur les origines de la Chine contemporaine, mais l’analyse patiente et pointue d’une succession de transformations politiques qui modèlent le présent, jusqu’à la restauration de l’État sous la férule du Parti. L’« empire terrestre » est la forme de cette domination conservatrice et autoritaire en même temps qu’une formidable puissance globale.
En deux tomes, ce livre offre aux lecteurs les moyens de comprendre pourquoi l’entrée de la Chine dans la globalisation ne la voue pas à la démocratisation. Le premier volume, qui traite de la période allant de la fin du xixe siècle à la mort de Mao, montre que l’échec de la transition démocratique ne date pas d’aujourd’hui. Il y a un siècle, quand se forme le Parti communiste (1921), deux ans après le Guomindang de Sun Yat-sen, la Chine des « Seigneurs de la guerre » se trouve dans la situation de la Libye actuelle… après avoir envoyé quarante millions de citoyens aux urnes. Ces circonstances tragiques ne sont pas le fait des impérialistes occidentaux comme il est souvent avancé, mais la conséquence d’une démocratisation manquée ou plutôt, selon les mots de l’auteur, « désinstitutionnalisée ». La démocratie en Chine n’est pas impossible : c’est historiquement une forme qui se ferme d’elle-même.
. Isabelle Saint-Mézard,Géopolitique de l’Indo-Pacifique, Paris, PUF, novembre 2022.
Apparue dans les années 2000, l’idée de pouvoir englober les océans Pacifique et Indien au sein d’une même entité spatiale - appelée « Indo-Pacifique » - est devenue incontournable. De nombreux États et organisations régionales ont d’ores et déjà acté leur reconnaissance officielle de l’Indo-Pacifique : du Japon à l’Australie, de l’Inde à l’Indonésie et à l’Association des Nations d’Asie du Sud-est (ASEAN), en passant par la France, l’Allemagne et l’Union européenne. Cet ouvrage met au jour un durcissement des rapports de forces entre grandes puissances en Asie - notamment entre les États-Unis et la Chine - ainsi que les stratégies d’influence et de coalition que chacun met en place dans tous les domaines : diplomatique, économique, technologique, écologique, sanitaire et idéologique.
. Joseph Daher, Syrie : le martyre d’une révolution, Paris, Editions Syllepse, octobre 2022.
À la suite d’un soulèvement populaire et de sa violente répression, la Syrie est le théâtre d’une guerre entre un régime despote, l’État islamique et différents acteurs internationaux, dont la Russie de Poutine. Joseph Daher fait le récit dramatique d’une révolution où l’aspiration à la liberté est noyée dans le sang,
Il décrit les acteurs et les actrices du soulèvement et comment la révolution leur a échappé. Les mouvements fondamentalistes islamistes et djihadistes et les interventions régionales et internationales y sont mis en accusation.
La nature du régime de Bachar al-Assad, mélange de despotisme et de corruption, est analysée ainsi que la façon dont il a procédé pour réprimer le mouvement révolutionnaire. L’implication dans le soulèvement de la population kurde et de leurs organisations fait l’objet d’un examen particulier.
Enfin, l’internationalisation du soulèvement syrien et les interventions, directes ou indirectes, de divers acteurs internationaux et régionaux sont analysées, y compris l’implication massive des alliés de Damas, de la Russie, de l’Iran et du Hezbollah, sans oublier le rôle des États-Unis et des monarchies du Golfe.
. Kathy Rousselet, La Sainte Russie contre l’Occident, Paris, Salvator, octobre 2022.
Où va l’Église orthodoxe russe, dont les prises de position alignées sur celles de Vladimir Poutine lors de la guerre russo-ukrainienne n’en finissent pas d’interroger ? Alors que les commémorations du millénaire de la christianisation de la Rous, en 1988, apparaissaient comme le signe d’une ouverture à l’Ouest, la hiérarchie de l’Église orthodoxe russe contribue aujourd’hui à opposer la Russie à l’Occident. Comment expliquer ce basculement ? Les propos du patriarche Kirill, qui évoque une guerre à signification « métaphysique », en dénonçant notamment l’attitude à l’égard de l’homosexualité comme signe de cette opposition, ont étonné et choqué l’opinion publique occidentale. Spécialiste des questions religieuses en Russie postsoviétique, Kathy Rousselet montre ici pourquoi l’Église soutient l’État russe en fabriquant une tradition antioccidentale allant jusqu’à justifier la guerre. En scrutant l’histoire des dernières décennies, ce livre éclaire les liens de l’orthodoxie avec le pouvoir de Vladimir Poutine.
. Martin Lamotte, Au-delà du crime. Ethnographie d’un gang global, Paris, CNRS Editions, novembre 2022.
Née dans les prisons portoricaines, implantée dans les établissements pénitenciers et les rues de New York des années 1990, La Asociación est un des principaux gangs de la métropole américaine à l’heure de la « war on crime » initiée par le maire Rudy Giuliani. Les Nétas, comme ils se dénomment, rompent toutefois officiellement avec le trafic de drogue et la violence au tournant des années 2000, période où ils s’étendent aussi vers l’Équateur puis Madrid et Barcelone en Espagne.
Comment fonctionne une telle organisation, divisée en chapter, hiérarchisée ? Qu’est-ce qui la motive au-delà du gain financier et de ma protection contre les rivaux ?
Cette trajectoire d’une structure criminelle transnationale tournant le dos au crime invite à questionner le gang au-delà de l’imaginaire cinématographique, télévisuel ou musical qui lui est attaché, pour mettre en lumière la solidarité qui peut lier ses membres, ses ambitions culturelles, sociales ou politiques, et les ressources qu’il peut offrir à une population bloquée dans les marges de l’économie capitaliste.
. Quentin Deluermoz, Jérémie Foa, Les épreuves de la guerre civile, Paris, Editions de la Sorbonne, novembre 2022.
Que se passe-t-il lorsque, en situation de guerre civile, au coeur du familier, s’évanouit la familiarité ? Dans une maison pleine d’ennemis, en ce point zéro du politique où la discrimination entre l’ami et l’ennemi n’a plus nulle évidence ?
Cet ouvrage interdisciplinaire, en examinant plusieurs situations de guerre civile allant du XVIe siècle à nos jours, de la France à la Chine en passant par l’Algérie, entend ainsi interroger ce qu’il advient quand le voisin peut vous égorger, le boucher vous empoisonner, votre accent vous trahir, le fils dénoncer et la rue, naguère familière, se faire guet-apens : « Car en matière de guerres intestines, écrit Montaigne au XVIe siècle, votre valet peut être du parti que vous craignez. » Dans cet univers chaotique, l’espace, mais aussi la langue, les amis, les objets – le sens commun en un mot –, se dérobent, cessent d’être immédiatement appropriables, et nécessitent d’être constamment redéfinis. À l’inverse, le fonctionnement social en « période normale » se caractérise par un haut degré d’implicite. Une part essentielle des règles, des conduites à tenir, des préséances à respecter, des itinéraires à emprunter, le sens des mots, leur prononciation, les identités à reconnaître, tout cela va de soi ou, mieux, indiffère. Ce qu’il faut faire, ou dire, n’a, dans le cours ordinaire de l’existence, nul besoin d’être affiché, mais se joue le plus souvent en silence, dans les ajustements tacites que l’habitus ou le « sens commun » permettent d’opérer.
C’est ce sens commun ordinaire du cours des choses, qui n’est certes pas sans conflits, que la guerre civile, en déchirant le partage entre implicite et exigence d’explicitation, vient révéler dans sa profondeur. En ce sens, cet ouvrage propose non seulement un mode d’enquête sur l’expérience intime et sociale de la guerre civile, avec sa désagrégation et ses réajustements imposés, mais il offre aussi une réflexion sur la manière dont les ordres sociaux pénètrent et organisent la toile ordinaire des existences, autrement dit sur la manière dont le social fait corps, résiste, ou cède.
. Rozenn Nakanabo Diallo, Politiques de la nature, nature de l’Etat. Fabriquer l’action publique au Mozambique, Paris, Editions Karthala, octobre 2022.
Cet ouvrage montre la relation étroite entre politiques de la nature et nature de l’Etat appliquée au cas du Mozambique. L’étude des politiques publiques de la nature sur le temps long y met en lumière le (re)déploiement d’un l’Etat aux faibles capacités sur l’ensemble du territoire, mais que permet toutefois l’émergence de nouveaux bâtisseurs : une élite administrative au service de l’Etat, rémunérée par des bailleurs de fonds internationaux, pilotes de politiques publiques dorénavant transnationales.
Dans un contexte de "ni guerre ni paix", le Mozambique est ainsi sous régime d’aide : des organisations internationales, des ONG et des fondations philanthropiques « font avec » ou « font à la place » de l’Etat. Qu’il s’agisse du contrôle du territoire national ou de l’élaboration de textes réglementaires, les frontières de l’Etat et de sa souveraineté sont floues.
Comment dénicher l’Etat, dès lors que le pilotage de l’action publique semble à bien des égards lui échapper ? Cette question est vive au Mozambique, car les politiques liées à la terre, et notamment les parcs nationaux, sont traditionnellement des instruments de domination territoriale et des populations. L’enjeu est donc loin d’être exclusivement écologique. Partout, aux Nords comme aux Suds, les parcs sont des marqueurs de bureaucratisation du territoire et, ici, la pièce maîtresse d’une stratégie de maintien et d’expansion de l’Etat-parti Frelimo.
. Astrid Viaud, Paul-Arthur Luzu, Entre dollar et cryptomonnaies. Le défi des sanctions pour l’Europe, Paris, Arnaud Franel Editions, juin 2022.
Cet ouvrage analyse les retombées des sanctions américaines sur les entreprises européennes alors que l’arrivée des cryptomonnaies étatiques affaiblit la place du dollar.
Entre les injonctions contradictoires des Etats-Unis et de la Chine, dont le système financier alternatif sécurisé devient crédible, les acteurs privés européens doivent garder en tête plusieurs critères pour adapter leurs programmes de conformité au niveau de risque accepté, tandis que les institutions, notamment financières, devront évoluer rapidement pour maintenir leur rang. Un enjeu majeur pour le monde de la finance (modèle économique des banques, respect de la conformité) et la géopolitique (place de l’UE).
Ce livre propose un regard à la croisée de l’économie, du droit et de la politique, avec une dimension professionnelle pratique. Destiné aux praticiens des sanctions économiques en cabinet de conseil ou d’avocats, en entreprises et en banques, il s’adresse également au grand public intéressé par une vision globale du sujet.
. Franziska Hohlstein, Regional Organizations and Their Responses to Coups. Measures, Motives and Aims, Bristol, Bristol University Press, septembre 2022.
Coups d’état continue to present one of the most extreme risks to democracy and stable governance worldwide. This book examines the unique role played by regional organizations (ROs) following the occurrence of a coup d’état.
The book analyses the factors that influence the strength of reactions demonstrated by ROs and explores the different post-coup solutions ROs pursue. It argues that, when confronted with a coup, ROs take both basic democratic standards and regional stability into account before forming their responses.
Using a mixed-methods approach, the book concludes that ROs’ response to a coup depends on how detrimental it will be for the state of democracy in a country and how far it risks destabilizing the region.
Avec un livre géopolitique Diploweb, le monde s’ouvre à vous ! C’est aussi un cadeau utile qui fait toujours plaisir !
. Patrice Gourdin, "Manuel de géopolitique, éd. Diploweb via Amazon"
. L. Chamontin, "Ukraine et Russie : pour comprendre"
. G-F Dumont, P. Verluise, "The Geopolitics of Europe : From the Atlantic to the Urals"
. Louis Blin, La Ligue islamique mondiale. Le renouveau musulman ?, Paris, Hémisphères Editions, juin 2022.
L’opinion occidentale est souvent fort peu – et fort mal – renseignée sur l’état de la pensée théologique dans l’islam. L’idée dominante est celle de l’existence d’un seul islamisme radical, fondé sur une théologie extrémiste. Il existe pourtant des courants de pensée musulmane qui prônent le dialogue inter-islamique ainsi qu’avec les autres monothéismes et tentent de montrer que l’islam est une religion de tolérance, excluant l’extrémisme toutes ses formes. Dans le monde sunnite, on assiste à deux formes d’islam réformiste, celui des intellectuels et des ulémas qui prônent la démocratie depuis plusieurs décennies, et celui d’un courant islamique soutenu par les États, objet de cette étude : celui de la Ligue islamique mondiale, soutenue par le nouvel Etat autoritaire saoudien qui, sans rompre avec les pouvoirs en place, monnaye le rejet de l’islamisme radical pour se frayer une voie médiane entre l’exhortation à la démocratie et l’affirmation de la nature supra-politique de l’islam.
. Vanessa Frangville, Françoise Lauwaert, Florent Villard (dir.), Mots de Chine : ruptures, émergences, persistances, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, novembre 2022.
Cet ouvrage propose de se confronter à des enjeux culturels, politiques et sociaux de la Chine contemporaine à travers l’étude de mots-clés. Certains sont des concepts familiers aux praticiens des sciences sociales occidentales (moderne, nation, nature, civilisation), d’autres appartiennent à la catégorie des « mots courants », mais témoignent d’usages particuliers où se donnent à voir les bouleversements subis au cours de cette période cruciale (voyage, héros, performance). Résultant d’une pratique de la traduction et des échanges culturels, ou d’une relecture d’un passé à la fois aimé et haï, ces mots structurent le paysage idéologique des élites intellectuelles et politiques chinoises, imprègnent les imaginaires populaires et orientent les pratiques du quotidien.
Les auteurs rassemblés dans ce volume s’inscrivent dans différents champs disciplinaires allant de l’anthropologie à la science politique, en passant par les études littéraires et cinématographiques, la sociologie et l’histoire. Ils se sont demandé quels étaient pour eux, à partir de leur domaine de recherche, les mots qui donnaient le mieux à penser les ruptures, les persistances et les émergences propres à l’histoire de la Chine moderne et contemporaine.
. Véronique Boyer, Le puzzle amazonien, Positionnements ethniques et mobilisations sociales, Paris, CNRS Editions, octobre 2022.
De nombreuses populations amazoniennes se saisissent aujourd’hui de la Constitution de 1988 pour demander leur reconnaissance auprès de l’État en tant que groupes sociaux culturellement différenciés, susceptibles à ce titre de jouir de droits territoriaux spécifiques : soit comme « populations traditionnelles », soit comme « peuples indigènes », soit comme « communautés quilombolas », c’est-à-dire descendantes de Noirs marrons. Il existe néanmoins des circulations individuelles et collectives inattendues entre ces catégories ethno-légales. Si les Indiens ou les quilombolas semblent pouvoir incarner un type « pur », il n’en est pas de même des « populations traditionnelles », qualifiées par les groupes dominants de caboclos, une notion associée à l’indolence, l’ignorance, la superstition, la résignation et l’indistinction des origines. Les populations qui refusent cette appellation exogène sombrent dans une sorte d’invisibilité nominale en dépit de l’évidence de leur présence. Le livre aborde cette thématique des repositionnements identitaires en partant d’un cas singulier où, dans un village amazonien, trois frères envisagent de façon distincte leur inscription ethnique dans des généalogies censées, selon le cadre administratif, s’exclure (l’un se déclare noir, l’autre indien et le troisième se veut « l’un et l’autre »). Tous trois faisaient référence à un « mélange » (mistura) familial. De façon bien différente du terme savant « métissage » (mestiçagem ou miscigenação), qui suppose la production de neuf, le « mélange » suggère l’accumulation sans impliquer de miscibilité. Cette conception est au fondement de l’exercice d’un droit de choisir, pour soi et pour ses proches, les traits particuliers pertinents à un moment donné d’une trajectoire sociale collective et de les rendre publics.
. Vincent Gayon, Epistémocratie. Enquête sur le gouvernement international du capitalisme, Paris, Raisons d’Agir, octobre 2022.
Épistémocratie : rêve d’un pouvoir exercé au nom de la science, exonéré de tout contrôle démocratique. Bureaucrates, consultants et universitaires réunis à l’OCDE constituent un microcosme expert et opaque qui impose des politiques régressives à tous les pays dits développés. Ce livre est une plongée inédite dans le gouvernement international de l’économie. Il montre comment se légitime un ordre capitaliste qui fait du chômage et de la modération salariale le résultat des largesses de l’État social.
. Isabelle Saint-Mézard, Géopolitique de l’Indo-Pacifique, Paris, PUF, octobre 2022.
Apparue dans les années 2000, l’idée de pouvoir englober les océans Pacifique et Indien au sein d’une même entité spatiale – appelée « Indo-Pacifique » – est devenue incontournable. De nombreux États et organisations régionales ont d’ores et déjà acté leur reconnaissance officielle de l’Indo-Pacifique : du Japon à l’Australie, de l’Inde à l’Indonésie et à l’Association des Nations d’Asie du Sud-est (ASEAN), en passant par la France, l’Allemagne et l’Union européenne. Cet ouvrage met au jour un durcissement des rapports de forces entre grandes puissances en Asie – notamment entre les États-Unis et la Chine – ainsi que les stratégies d’influence et de coalition que chacun met en place dans tous les domaines : diplomatique, économique, technologique, écologique, sanitaire et idéologique.
. Kei Koga, Managing Great Power Politics. ASEAN, Institutional Strategy, and the South China Sea, Cham, Palgrave Macmillan, octobre 2022.
This Open Access book explains ASEAN’s strategic role in managing great power politics in East Asia. Constructing a theory of institutional strategy, this book argues that the regional security institutions in Southeast Asia, ASEAN and ASEAN-led institutions have devised their own institutional strategies vis-à-vis the South China Sea and navigated the great-power politics since the 1990s. ASEAN proliferated new security institutions in the 1990s and 2000s that assumed a different functionality, a different geopolitical scope, and thus a different institutional strategy. In so doing, ASEAN formed a “strategic institutional web” that nurtured a quasi-division of labor among the institutions to maintain relative stability in the South China Sea. Unlike the conventional analysis on ASEAN, this study disaggregates “ASEAN” as a collective regional actor into specific individual institutions—ASEAN Foreign Ministers’ Meeting, ASEAN Summit, ASEAN-China dialogues, ASEAN Regional Forum, East Asia Summit, and ASEAN Defense Ministers Meeting and ASEAN Defense Ministers Meeting-Plus—and explains how each of these institutions has devised and/or shifted its institutional strategy to curb great powers’ ambition in dominating the South China Sea while navigating great power competition. The book sheds light on the strategic potential and limitations of ASEAN and ASEAN-led security institutions, offers implications for the future role of ASEAN in the Indo-Pacific region, and provides an alternative understanding of the strategic utilities of regional security institutions.
. Pierre-Antoine Donnet (dir.), Le dossier chinois – Portrait d’un pays au bord de l’abîme, Paris, Le Cherche Midi, octobre 2022.
Que veut la chine ? Tout. La domination économique, le renforcement d’un régime de plus en plus autoritaire et paranoïaque, la soumission de sa population, l’effacement de tout principe humaniste… La Chine veut imposer ses propres règles à tous, dans son unique intérêt. Et elle ne s’en cache pas.
Quels moyens met-elle en œuvre pour y parvenir ? Tous. De la répression violente au kidnapping d’opposants, du massacre de minorités comme les Ouïghours et les Tibétains à l’espionnage généralisé à l’intérieur de ses frontières comme dans le monde entier, la Chine ose tout. Et là encore, le pouvoir en place avance à peine masqué.
Pour bien comprendre le péril que représente la Chine aujourd’hui, il est indispensable de mieux la connaître, de cerner le plus précisément possible ses ambitions, ses dérives mais aussi ses faiblesses évidentes. Six grands spécialistes qui étudient ce pays depuis de nombreuses années ouvrent ici le Dossier chinois. Qu’il s’agisse de surveillance à grande échelle, de contrôle des individus, d’écologie, d’économie ou encore de la question du droit des femmes, ils dressent un bilan lucide, précis, chiffré, bien loin du relativisme teinté d’angélisme si fréquent au sujet de la Chine. Un ouvrage essentiel et réaliste pour en finir avec les visions naïves et les idées fausses.
. Samantha Besson, Inventer l’Europe, Paris, Odile Jacob, octobre 2022.
Les appels à « refonder » l’Europe se multiplient, le désir d’une « renaissance » de l’Europe s’aiguise. Avant de réinventer l’Europe, ne faut-il pas comprendre quand, où, comment et par qui elle a été inventée ?
Qu’elle soit saisie comme un continent, une région, une civilisation, une idée, un faisceau de valeurs et de droits, une religion, une pluralité de langues, un mythe, un ordre ou une culture juridique, une structure composée d’institutions et d’un régime politique, un éventail d’organisations internationales, un ensemble de sciences et de techniques, et bien d’autres choses encore, l’Europe est un sujet de recherche dans de multiples champs.
Cet ouvrage en témoigne et prend une résonance particulière alors que notre continent est rattrapé par la guerre.
. Sylvie Bermann, Madame l’Ambassadeur. De Pékin à Moscou, une vie de diplomatie, Paris, Editions Tallandier, octobre 2022.
Sylvie Bermann a été la première femme ambassadeur de France dans trois pays membres du Conseil de sécurité des Nations unies : la Chine, le Royaume-Uni et la Russie. Dans ces mémoires vibrantes, elle nous fait vivre plus de quarante ans d’histoire diplomatique.
De la Chine misérable de la fin de la période maoïste, où elle a étudié, à la deuxième puissance mondiale de Xi Jinping ; de la perestroïka de Mikhaïl Gorbatchev et la fin de l’URSS à la logique de force de Vladimir Poutine ; du triomphe du multilatéralisme à l’ONU au constat de son impuissance ; de l’hubris américaine se lançant dans une nouvelle guerre froide avec sa rivale chinoise à l’Europe déboussolée par le Brexit, jusqu’à l’Ukraine où elle est chargée de la mise en oeuvre des accords de Minsk juste avant la guerre, Sylvie Bermann a toujours été aux premières loges d’un monde en pleine bascule.
Dans un récit captivant et éclairant, elle raconte sa carrière hors du commun, son rêve d’Orient, et nous emmène sur les pas de sa grand-mère russe et de la littérature slave, asiatique ou anglo-saxonne. À travers cet intense parcours de vie, la diplomate nous fait entrer dans les coulisses du Quai d’Orsay où l’on conseille et côtoie les puissants et où se joue l’Histoire en marche.
. Yann Richard, Le Grand Satan, le Shah et l’Imam. Les relations Iran/Etats-Unis au 21ème siècle, Paris, CNRS Editions, octobre 2022.
4 novembre 1979 : près de 300 étudiants iraniens enjambent le mur d’enceinte de l’ambassade américaine à Téhéran et prennent en otages 66 diplomates et employés. Qu’est-ce qui a mené à cette rupture brutale des relations entre Iran et États-Unis ? C’est à une relecture de cette curieuse alliance irano-américaine de 1945 à 1979 que s’attache cet ouvrage, s’appuyant sur des sources essentiellement iraniennes. À la sortie de la Seconde Guerre mondiale en effet, alors que Mohammad- Rezâ Pahlavi vient de monter sur le trône, les États-Unis sont perçus par les Iraniens comme la puissance capable de les libérer de l’occupation soviétique au nord et britannique au sud. Pourtant, la position américaine montre vite son ambiguïté, notamment face au nationalisme iranien, qui est vu d’un mauvais œil.
C’est ce qui poussera les États-Unis à participer au coup d’État de 1953 renversant le premier ministre Mossadeq, promoteur de la nationalisation du pétrole jusqu’alors détenu par un monopole britannique. Maintenu au pouvoir grâce aux Américains, le shah devint progressivement leur meilleur allié dans la région, jusqu’à mériter le surnom de « Gendarme du golfe Persique ». Mais il perd confiance en son propre pouvoir et l’arrivée à Washington de Jimmy Carter achève de le déstabiliser. Des manifestations réprimées violemment précipitent la chute de cette monarchie opulente et ouvrent la voie à l’instauration en 1979 de la République islamique d’Iran par
Khomeiny. La figure de l’Américain armé de bons sentiments, celle que les missionnaires, experts et conseillers avaient d’abord voulu laisser d’eux-mêmes s’était transformée en une figure de dominateur sans scrupules, celle que les Iraniens ont soudain découverte. Ils avaient contemplé avec envie la prospérité hollywoodienne et consumériste. On leur montra la marque du collier qui tenait l’Iran enchaîné. C’est bien le sens de la Révolution islamique et de la prise d’otages que de rompre cette chaîne.
. Lucie Guimier, Géopolitique de la santé. La santé publique à l´épreuve des idéologies, Paris, Le Cavalier Bleu, octobre 2022.
Le champ de la santé est depuis longtemps source de tensions scientifiques, diplomatiques et politiques entre les nations. La pandémie de Covid-19 nous a rappelé les rivalités de pouvoir à l’œuvre : diplomatie du vaccin, fermeture des frontières, rapports de domination inter- et intra-étatiques, influence des fondations philanthropiques, etc.
Comment des questions sanitaires deviennent-elles des enjeux géopolitiques ? Par quels processus les interrelations étatiques influencent-elles en retour la santé des populations ? Depuis plusieurs années, certains débats – obligations vaccinales, interruption volontaire de grossesse, etc. – traduisent des enjeux profonds de société et révèlent la pluralité des questionnements autour de la santé publique.
Les ramifications dans ce domaine sont complexes et montrent combien santé et géopolitique sont étroitement imbriquées.
. Nedjib Sidi Moussa, Histoire algérienne de la France. Une centralité refoulée, de 1962 à nos jours, Paris, PUF, octobre 2022.
L’ouvrage fait la synthèse de quinze années de recherches, menées sur les deux rives de la Méditerranée, et propose de prendre au sérieux la centralité refoulée de la question algérienne en France, de 1962 à nos jours. Pour comprendre la France contemporaine, il est nécessaire de se confronter, enfin, à la question algérienne. Les crispations et tensions des dernières décennies ont souvent pris la forme de polémiques aussi violentes que stériles autour de l’identité, l’immigration, l’héritage colonial, l’islam ou la sexualité. Toutes ces thématiques, construites comme autant de « problèmes » par des forces antagonistes, de l’extrême droite à la gauche radicale, ne peuvent être comprises qu’à l’aune de la question algérienne, en raison des clivages hérités de la décolonisation qui travaillent les courants les plus extrémistes de la société française, du ressentiment des partisans de l’« Algérie française » à la désillusion des anticolonialistes favorables à l’ « Algérie nouvelle ».
. Bertrand Badie, Vivre deux cultures. Comment peut-on naître franco-persan ?, Paris, Odile Jacob, octobre 2022.
Ce récit commence le 16 septembre 1928 quand Mansour Badie, âgé de 18 ans, arrive avec toute sa famille en gare du Nord, après un incroyable périple qui les a menés de la Perse de Rezâ Shâh Pahlavi jusqu’au cœur de Paris.
En quête d’un Occident rêvé, le jeune Persan se retrouve sur les bancs de l’école républicaine, s’inscrit en faculté de médecine et s’éprend d’une jeune fille issue de la bourgeoisie soissonnaise qui surmonte tous les préjugés sociaux pour l’épouser.
En dépit de cette union heureuse, les rêves de Mansour se fracassent bientôt sur la réalité : médecin urgentiste pendant la guerre, engagé dans la Résistance, il se voit refuser le droit de s’installer comme chirurgien à la Libération.
Hommage à un père révéré et aimé, ce livre raconte aussi comment l’enfant traité de « bicot-youpin » dans son collège catholique s’ouvre à la complexité du monde, décrypte les nouveaux rapports Nord-Sud et vit sa biculturalité comme un trésor inaliénable, source spirituelle d’un parcours qui en fait aujourd’hui l’un de nos meilleurs analystes en relations internationales.
. Dominique Vidal, Israël : naissance d’un Etat (1896-1949), Paris, L’Harmattan, septembre 2022.
Israël est un des rares États nés d’une décision de l’Organisation des Nations unies qui, en 1947, partagea la Palestine en deux États, l’un juif et l’autre arabe. Au terme d’une première guerre, seul le premier vit le jour, après l’expulsion de la grande majorité de sa population arabe. Quels facteurs ont pesé dans ces événements ? Le premier c’est le mouvement sioniste, fondé par Theodor Herzl en 1897 pour créer un Foyer juif. La plus grande puissance d’alors, le Royaume-Uni, en jeta les bases dans cette Palestine qu’elle voulait contrôler pour mieux dominer le Moyen-Orient. La tragédie de la Shoah légitima le projet aux yeux de l’opinion internationale ; et nombre de ses survivants n’eurent pas d’autre choix que d’y contribuer. Sur place, épuisée par la Seconde Guerre mondiale, la Grande-Bretagne ne parvenait plus à maîtriser l’affrontement entre juifs et Arabes. D’autant que les États-Unis ambitionnaient de prendre sa relève dans la région, tandis que l’URSS contribuait à sa déstabilisation en choisissant, à la surprise générale, d’appuyer les forces sionistes. Ainsi débuta un des conflits de décolonisation les plus longs de l’Histoire : il dure encore.
. Philippe Pelletier, Géographie et écologie. Une histoire tumultueuse (1850-2000), Paris, CNRS Editions, octobre 2022.
Gestion des ressources, évolution climatique, biodiversité, déforestation, surpêche, rapport des êtres humains avec la nature : les différentes facettes de la question environnementale constituent l’un des principaux enjeux du XXIe siècle.
La problématique savante sur laquelle elle repose largement n’est cependant pas récente puisqu’elle remonte à la première Révolution industrielle et aux progrès tant scientifiques que techniques qui l’ont accompagnée. Elle mobilise plusieurs champs scientifiques qui s’en revendiquent et se la disputent, au premier rang desquels la géographie et l’écologie. Si, par définition, ces deux disciplines s’intéressent à l’interface entre la nature et la société, elle ne la traite pas de façon identique. Leurs rapports n’ont jamais cessé, sur une base intellectuelle qui fut à la fois conflictuelle et harmonieuse.
Leurs conceptions se croisent ou se chevauchent, d’un pays à l’autre, d’une université à l’autre, d’une culture à l’autre, autour de questions tant académiques que politiques. Analyser leur histoire permet de découvrir leur relation épistémologique, leur fonction sociale ou politique, d’établir des filiations intellectuelles et académiques, et de comprendre pourquoi, à partir de la seconde moitié du XXe siècle, l’écologie a finalement pris le pas sur la géographie dans l’approche environnementale, faisant triompher « le vivant » sur « le social » ou le « culturel ».
. Rohan Mukherjee, Ascending Order. Rising Powers and the Politics of Status in International Institutions, Cambridge, Cambridge University Press, juillet 2022.
Why do rising powers sometimes challenge an international order that enables their growth, and at other times support an order that constrains them ? Ascending Order offers the first comprehensive study of conflict and cooperation as new powers join the global arena. International institutions shape the choices of rising states as they pursue equal status with established powers. Open membership rules and fair decision-making procedures facilitate equality and cooperation, while exclusion and unfairness frequently produce conflict. Using original and robust archival evidence, the book examines these dynamics in three cases : the United States and the maritime laws of war in the mid-nineteenth century ; Japan and naval arms control in the interwar period ; and India and nuclear non-proliferation in the Cold War. This study shows that the future of contemporary international order depends on the ability of international institutions to address the status ambitions of rising powers such as China and India.
. Maurice Gourdault-Montagne, Les autres ne pensent pas comme nous,Paris, Bouquins Editions, octobre 2022
Maurice Gourdault-Montagne nous fait revivre les grands événements diplomatiques qui ont marqués la France de Mitterrand à nos jours.
Plus que les mémoires d’un grand diplomate, cet ouvrage est celui de l’un des meilleurs connaisseurs des relations internationales de ces quarante dernières années. Acteur et expert de premier plan, l’auteur nous éclaire sur des enjeux stratégiques dont l’actualité ne cesse de faire irruption dans nos vies. Maurice Gourdault-Montagne est un homme de caractère. Sa vigueur intellectuelle donne à ces souvenirs toute leur valeur et leur authenticité. Ayant occupé des fonctions clés à l’Élysée, à Matignon et au Quai d’Orsay, maîtrisant aussi bien les arcanes de la diplomatie française que ceux de la politique intérieure, il nous plonge dans les coulisses des grandes crises qui ont secoué le monde.
Des rapports franco-américains durant la guerre d’Irak aux missions secrètes dont il fut chargé pour renouer des relations avec l’Iran et la Syrie, en passant par les soubresauts de la construction européenne, il nous fait entrer dans ce qu’on appelle le " domaine réservé " du président, depuis le premier mandat de François Mitterrand. À une vision uniforme et idéologique du monde, Maurice Gourdault-Montagne oppose une philosophie de l’action fondée sur la diversité des cultures et des peuples, le respect de leur histoire et de leur sensibilité.
Jeune diplomate en Inde, puis ambassadeur à Tokyo, Londres, Berlin ou Pékin, il dresse des portraits originaux des dirigeants qu’il a rencontrés, en particulier en Allemagne où il a passé sept années. Il évoque aussi les occasions manquées avec la Russie et livre une analyse personnelle de la crise ukrainienne. Devant l’importance de l’enjeu algérien, il retrace la tentative avortée du traité d’amitié, et nous éclaire enfin sur les évolutions de pays plus lointains, indispensables à la compréhension des défis contemporains, comme la Chine, l’Inde et le Japon.
Dans un environnement marqué par le retour des empires, la colère des peuples et le recul des valeurs universelles au profit du différentialisme et du communautarisme, Maurice Gourdault-Montagne souligne aussi bien les atouts que les faiblesses de notre pays : une France contrainte de s’adapter aux nouvelles réalités du monde sans rien perdre de sa capacité d’entraînement.
. Anaís Medeiros Passos, Democracies at War Against Drugs. The Military Mystique in Brazil and Mexico, Cham, Palgrave Macmillan, octobre 2022
This book provides an in-depth account of military operations against drug gangs and organizations in two of the biggest countries in Latin America : Brazil and Mexico. Recent studies on drug wars have detailed case studies on the war on drugs but do not focus on the role of the army in such policies. Publications that do drive attention to the military in such situations are usually from human rights organizations or the press and are therefore not scholarly works. There are therefore no recent academic books dealing with the role of the military in the fight against drugs in Latin America. This book aims to fill this gap. It also offers an empirical and theoretical examination of the issue of the role of the military (rather than the police) on national soil—the army being generally devoted to interventions abroad, and the police, to law enforcement on the national ground. The book is also the first work to look at high-level negotiations between military and civilian elites that define the conditions for the use of force during military operations. It provides a theoretically informed understanding of contemporary security politics in Brazil and Mexico.
. Frédéric Louault, Margaux De Barros, Kevin Kermoal (dirs.), Marges et marginalités au Brésil. Espaces, pouvoir et société, Bruxelles, Editions de l’Université de Bruxelles, novembre 2022
Fait de paradoxe, d’instabilité et de mouvements, le Brésil contemporain est difficilement intelligible sur la base de la seule considération de la norme, du droit ou des dimensions formelles de la société brésilienne.
Cet ouvrage en propose une approche par ses marges, omniprésentes sur le territoire et dans la société, sous forme matérielle ou imaginaire, et qui mettent en lumière les luttes de pouvoir à l’œuvre dans les pratiques, les représentations et les discours qui façonnent le monde social.
Revendiquant une approche dynamique et interactionniste de marges constamment redéfinies, il aborde les dynamiques de leur production, gouvernement et (re)qualification, ainsi que les pratiques politiques, culturelles ou sportives de résistance à la marginalisation et d’appropriation des marges, qui peuvent alors devenir source de refuge ou d’opportunité.
L’ouvrage explore ainsi différentes dimensions (spatiales, socioculturelles, économiques et politiques) des marges au Brésil, à travers l’assemblage des contributions d’auteurs représentant une diversité de perspectives disciplinaires allant de la sociologique à la géographie en passant par les sciences politiques, et s’inscrivant dans une variété d’échelles d’analyse (individuelle, communautaire, urbaine, nationale et internationale).
. Guillaume Blanc, Mathieu Guérin, Grégory Quenet (dirs.), Protéger et détruire. Gouverner la nature sous les Tropiques (20ème -21ème siècles), Paris, CNRS, octobre 2022
Comment s’est construit, au fil du XXe siècle et jusqu’à nos jours, le gouvernement de « la » nature en Asie et en Afrique ? De la création des premières « réserves de chasse » dans les colonies africaines au nom de la protection de la faune aux modèles actuels de « conservation communautaire » privilégiées par les organisations internationales, cette ambitieuse recherche collective qui croise histoire, géographie, science politique et écologie humaine, se place au coeur des territoires pour envisager les représentations, rencontres, négociations et luttes donnant corps à la patrimonialisation du vivant. Qu’il s’agisse des forêts impériales à Singapour, de l’introduction de nouvelles espèces dans l’Afrique coloniale française, des conflits contemporains autour du tigre, de l’éléphant asiatique et du crocodile marin en Inde, ou encore des politiques mises en place aux Seychelles, ces études font ressortir la circulation des agents et des savoirs, ainsi que l’entremêlement des temps coloniaux et post-coloniaux. Avant comme après les indépendances, protéger la nature, c’est exercer le pouvoir. Et hier comme aujourd’hui, la conservation globale de la nature aux Suds évolue au rythme d’une contradiction permanente entre prédation et protection.
Bonus vidéo. J-R Raviot. C’était quoi l’URSS ? Homo Sovieticus ?
. Marc-Antoine Pérouse de Montclos, Un djihad sans foi ni loi. Terrorisme et insurrections en Afrique, Paris, PUF, octobre 2022
À la suite de la débâcle des États-Unis en Afghanistan et à l’heure où l’armée française se retire du Mali, l’Afrique subsaharienne revient sur le devant de l’actualité djihadiste. On ne peut comprendre la résilience des groupes insurrectionnels de la zone sans prendre en compte la faiblesse des États qui sont censés les combattre. Loin des spéculations habituelles sur de supposés soutiens en provenance d’Al-Qaïda ou de l’État islamique, ce livre met ainsi en évidence les racines locales des conflits en cours au Sahel et dans la Corne de l’Afrique. Il propose une analyse rationnelle d’insurrections dites « terroristes » dont la dimension religieuse est fort discutable, alors que la poursuite des hostilités tend à séculariser et criminaliser la logique des affrontements.
. Migreurop, Atlas des migrations dans le monde. Libertés de circulations, frontières, inégalités, Paris, Armand Colin, septembre 2022
La notion de "liberté de circulation" est polysémique : slogan utilisé pour marquer un rejet radical des politiques migratoires actuelles, elle est également l’un des piliers de la construction européenne, comme d’autres espaces régionaux.
Pour mieux la cerner, cet atlas propose une analyse critique des politiques qui ont été mises en œuvre par les États pour faciliter les mobilités de manière générale. Il donne également à voir la manière dont les migrant·e·s affrontent et détournent quotidiennement les politiques d’immigration restrictives pour mettre en œuvre leur propre liberté de circulation.
À partir de l’étude de ses formes historiques, de l’analyse critique des espaces régionaux actuels mais également des courants théoriques qui l’ont pensé, cet atlas a pour ambition de renouveler les imaginaires autour de la notion de liberté de circulation et d’installation.
Chaque partie fait dialoguer des textes d’expert·e·s avec une iconographie riche et créative et alterne des thématiques "classiques" et des sujets actuels (pandémie, circulation des données, migrations des femmes, écologie).
. Charles-Philippe David, Julien Tourreille (dirs.), La politique étrangère des États-Unis – 4e édition, Paris, Presses de SciencesPo, septembre 2022.
L’ouvrage décrit les mécanismes de formulation de cette politique ainsi que ses fondements historiques, constitutionnels et culturels. Revenant notamment sur quatre ans de présidence Trump, ils montrent qu’aujourd’hui plus que jamais, la politique extérieure des États-Unis est la continuation de la politique intérieure par d’autres moyens.
Alors que la guerre est de retour sur le continent européen, que le climat s’emballe, que la Chine s’érige en puissance mondiale et que la désinformation devient la nouvelle arme, les États-Unis peuvent-ils continuer à exercer le soft power qui a contribué à une relative stabilité internationale depuis 1989 ? Et surtout, le désirent-ils encore ?
La réponse ne se trouve pas uniquement à la Maison-Blanche : l’élaboration de la politique étrangère étatsunienne dépend d’une multitude d’acteurs qui exercent une pression constante sur la présidence, de l’administration en charge de l’action extérieure aux lobbies et aux think tanks en passant par un Congrès aux prérogatives considérables. Charles-Philippe David et Julien Tourreille s’entourent de plusieurs experts pour décrire les mécanismes de formulation de cette politique ainsi que ses fondements historiques, constitutionnels et culturels. Revenant notamment sur quatre ans de présidence Trump, ils montrent qu’aujourd’hui plus que jamais, la politique extérieure des États-Unis est la continuation de la politique intérieure par d’autres moyens.
. Christian Montès, Le Mississipi. Le cœur perdu des Etats-Unis, Paris, CNRS Editions, octobre 2022.
Le Mississippi est le fleuve d’une seule nation : faire son portrait, c’est un peu faire celui des États-Unis tant l’imaginaire autour de ce fleuve est lié à la culture et à l’histoire américaines, de la musique à la littérature, en passant par le passé esclavagiste et les bateaux à aube. Au coeur géographique des États-Unis, il est pourtant dépendant d’anciennes industries et de l’agriculture, des secteurs considérés aujourd’hui comme obsolètes et peu rémunérateurs. Ces États-Unis-là n’ont pas grand-chose à voir ni avec la côte Est hyper moderne tertiarisée ni avec la côte Ouest tournée vers le Pacifique et l’Asie. Le Mississipi est-il pour autant le coeur perdu des États- Unis ? Rien n’est moins sûr : le renouveau des cultures amérindiennes, que la colonisation avait presque éradiquées, est en effet manifeste, la richesse patrimoniale attire aujourd’hui nombre de touristes, et la présence de pôles économiques forts comme les Twin Cities (Minneapolis-Saint Paul) est incontestable.
Christian Montès s’attache ici à décrire le Mississipi en géographe. Il nous peint les paysages et les villes de ce fleuve, les aménagements nombreux qui ont été réalisés pour éviter les crues et le rendre intégralement navigable. Il nous introduit aussi aux populations qui le bordent, ainsi qu’aux oiseaux migrateurs qui le survolent et pour qui le fleuve est vital. Et ne manque pas de souligner les défis auxquels le fleuve doit faire face aujourd’hui, et notamment la pollution engendrée par les hydrocarbures et la pétrochimie, mais aussi la ségrégation et les inégalités sociales.
. Frank Dikötter, China After Mao. The Rise of a Superpower, Londres, Bloomsbury, septembre 2022.
In China After Mao, award-winning historian Frank Dikötter explores how the People’s Republic of China was transformed from a backwater economy in the 1970s into the world superpower of today. His account is the first to be based on hundreds of previously unseen archival documents, from the secret minutes of top party meetings to confidential bank reports. Unfolding with great narrative sweep, this riveting, richly detailed chronicle recasts our understanding of an era that both the regime and foreign admirers celebrate as an economic miracle.
In charting four decades of so-called ’Reform and Opening Up’ and China’s emergence as a world power, Dikötter tells a fascinating tale of contradictions and illusions, of shadow banking, anti-corruption drives and extreme state wealth standing alongside everyday poverty. He examines China’s approach to the 2008 financial crash, the country’s increasing hostility towards perceived Western interference and its development into a thoroughly entrenched dictatorship – one equipped with a sprawling security apparatus and the most sophisticated surveillance system in the world. Ultimately, the book concludes, the communist party’s goal was never to join the democratic sphere, but to resist it – and then defeat it.
. Lukas Aubin, Géopolitique de la Russie, Paris, Editions La Découverte, septembre 2022.
À l’heure où tous les regards sont braqués sur Vladimir Poutine et les conséquences de l’invasion de l’Ukraine par les forces militaires russes, la compréhension de la géopolitique de la Russie est plus que jamais nécessaire. Quels sont les objectifs et les armes du président russe ? Sur quel roman national fonde-t-il son action politique ? Comment redéfinit-il les territoires de sa puissance à l’étranger ? Quelles sont les limites de son pouvoir ? Cet ouvrage s’emploie à répondre à ces questions. Au-delà, il offre au lecteur des clés pour comprendre la Russie aujourd’hui.
Puissance eurasiatique enclavée, ce pays-continent navigue entre l’Orient et l’Occident. Selon le pouvoir russe, cette situation géographique lui confère un rôle de pivot civilisationnel et politique dont le rayonnement est planétaire. Pourtant, la Russie est une « puissance pauvre ». Son président ne dispose plus des moyens militaires et économiques qui furent ceux de l’URSS. Dès lors, il use de stratagèmes variés qui visent à étendre son influence à l’international. Isolé, il cherche à imposer un nouvel ordre mondial au sein duquel la Russie occuperait une place prépondérante.
. Melinda Rankin, De facto International Prosecutors in a Global Era, Cambridge, Cambridge University Press, août 2022.
In the past decades, great strides have been made to ensure that crimes against humanity and state-sponsored organized violence are not committed with impunity. Alongside states, large international organizations such as the United Nations and forums such as the International Criminal Court, ’de facto international prosecutors’ have emerged to address these crimes. Acting as investigators and evidence-gathers to identify individuals and officials engaged in serious human rights violations, these ’private’ non-state actors, and state legal ’officials’ in a foreign court, pursue criminal accountability for those most responsible for core international crimes. They do so when local options to investigate fail and an international criminal tribunal remains unavailable. This study outlines three case studies of witnesses and victims who pursue those most responsible, including former heads of state. It examines their practices and strategies, and shows how witnesses and victims of core crimes emerge as key leaders in the accountability process.
. Nina Græger, Bertel Heurlin, Ole Wæver, Anders Wivel (eds), Polarity in International Relations. Past, Present, Future, Cham, Springer, septembre 2022.
This book brings together a group of leading scholars on international relations to develop and apply the concept of polarity on past and present international relations and discuss its applicability and usefulness in the future. Despite a comprehensive debate on a global power shift, often discussed in terms of the decline of the United States, the crisis in the liberal international order, and the rise of China, IR´s main concept of power, ‘polarity’, remains undertheorized and understudied. The great powers and their importance for dynamics and processes in the international system are central to current debates on international order, but these debates too often suffer from a combination of politicized empirical analysis and reliance on old theoretical debates and conceptualizations, typically originating in the Cold War security environment. In order to meet these challenges, this book updates, conceptualizes, applies and critically debates the concepts of unipolarity, bipolarity, multipolarity and non-polarity in order to understand the current world order.
. Anne de Tinguy, Le géant empêtré. La Russie et le monde de la fin de l’URSS à l’invasion de l’Ukraine, éd. Perrin, septembre 2022
La fin de la guerre froide (1989) et l’effondrement de l’URSS (1991) annonçaient une métamorphose de la relation extérieure de la Russie. Trente ans plus tard, l’invasion de l’Ukraine referme la page de l’histoire qui s’était alors ouverte. Vladimir Poutine a engagé son pays dans un conflit néo-impérial d’un autre âge – une tragédie pour l’Ukraine, un séisme pour l’Europe, un point de bascule pour son pays. Cette guerre dévastatrice, qui illustre l’obsession de puissance du géant russe, aggrave le paradoxe dans lequel celui-ci s’est enfermé. Acteur international de premier plan doté de multiples atouts, il se contente d’être un colosse aux pieds d’argile qui privilégie son pouvoir de nuisance.
L’analyse de son rapport au monde confirme que la Russie se trouve à la croisée des chemins. Que sera-t-elle demain : un État dynamique qui donne la priorité au développement interne ? Ou une puissance en déclin empêtrée dans ses vulnérabilités économiques, démographiques et politiques, aveuglée par la conviction qu’elle est vouée à être un Grand, mais incapable de se donner les moyens de l’être ?
Le présent ouvrage, qui passe en revue l’ensemble de ces problématiques, apparaît comme un puissant instantané des forces et des faiblesses de la Russie gorbatchévienne, eltsinienne et poutinienne, nourri aux meilleures et plus récentes sources internationales. Un livre passionnant et sans équivalent sur un sujet brûlant.
P. Verluise, Fondateur du Diploweb : "J. Bonnafont offre un ouvrage à la fois documenté, nourri de l’expérience et de la réflexion. Il se fait passeur pour aider à saisir l’essence du métier de diplomate. Une belle écriture, précise, dense mais agréable à lire. Un bel ouvrage."
. Jérôme Bonnafont, Diplomate, pour quoi faire ?, Paris, Odile Jacob, septembre 2022.
Le monde a-t-il encore besoin de diplomates ? Pourrait-on se passer, dans les rapports internationaux, de ces personnages qui, entre technicité et art consommé des contacts personnels, s’affairent dans les coulisses de l’histoire ? Derniers remparts avant la guerre, ils sont aussi les artisans du retour à la négociation, quand le pire s’est produit. Jérôme Bonnafont fait ici l’éloge de la diplomatie au service de l’État, de la nation, de l’aspiration à une société internationale ordonnée.
Vade-mecum pour diplomate, débutant ou confirmé, cet ouvrage s’adresse à toute personne intéressée par l’action extérieure de la France. Il offre une visite guidée du Quai d’Orsay (et d’organismes internationaux comme l’ONU), de son organisation et de ses pratiques. C’est aussi un traité du négociateur. Parsemé de portraits de figures remarquables, de Talleyrand à Kissinger ou Lavrov, de rappels sur l’histoire des relations internationales et de la politique étrangère française ainsi que sur la construction européenne, ce livre est une mine d’informations sur la diplomatie, ses traditions et ses évolutions, et sur les différents centres de décision à l’échelle nationale ou internationale.
Ce texte est surtout une défense et illustration du rôle des diplomates et de leur art, avec leurs idéaux, leurs ambiguïtés et leurs grandeurs, en des temps où, plus que jamais, on débat de leur fonction.
. Aurélien Denizeau, Ozan Örmeci, Turkish-French Relations. History, Present, and the Future, Cham, Springer, septembre 2022.
This book explores both the history and current diplomatic and foreign policy challenges in Turkish-French relations. By critically analyzing Turkish and French government and archival documents, as well as other primary sources, it reviews the evolution of Turkish-French relations and offers a better understanding of various diplomatic issues, foreign policy decisions, and geopolitical questions. Furthermore, it sheds new light on the significance of domestic political demands for foreign policy decisions and the importance of mutual perceptions in shaping the two countries’ relations.
The book is divided into three parts, the first of which studies the history of Turkish-French relations, including the Ottoman Empire’s trade relations with France, France’s relations with the modern Republic of Turkey, and relations during the Cold War and its aftermath. The second part analyses various dimensions, including diplomatic challenges, the two countries’ foreign policy concepts, geopolitical aspects, economic and trade relations, and their cultural relationship. In turn, the third part presents case studies on more specific issues related to Franco-Turkish relations, including Turkey’s EU accession process, the Armenian and Kurdish issues, and French and Turkish perspectives on the MENA region.
. Collectif, Syrie, le pays brûlé (1970 – 2021), Paris, Seuil, septembre 2022.
Ce livre redonne une voix à celles et ceux que la dictature de Hafez puis Bachar al-Assad s’est employé, et s’emploie toujours, à faire taire en Syrie et ailleurs. Il documente et dénonce des crimes que beaucoup voudraient oublier malgré leurs liens directs avec nos propres hantises (crise de l’accueil migratoire, crispation identitaire, attentats djihadistes, invasion russe de l’Ukraine…). Dans la lignée des grands Livres noirs, il retrace précisément les faits : terreur, emprisonnements massifs, tortures systématiques, sièges des villes, bombardements chimiques, exterminations ethnico-confessionnelles, « assainissement » démographique, dont il éclaire les ressorts historiques, géopolitiques et sociaux. La révolution et la contre-révolution en Syrie nous révèlent certains fondamentaux de notre temps : à la fois la puissante aspiration à la liberté des sociétés longtemps brimées, la radicalisation sans retenue de toutes sortes de régimes autoritaires et l’affaissement des idéaux démocratiques dans les pays occidentaux. Au travers de témoignages, sous forme de récits, de textes littéraires, de photographies et de dessins, éclairés par les analyses des spécialistes des conflits du Proche-Orient ou des violences de masse, cet ouvrage d’une ampleur inédite, fait donc œuvre de mémoire, d’histoire et d’avertissement. Contre le négationnisme, la banalisation, l’indifférence ou le silence. Et contre l’impunité de ceux qui, en exécutant leur mot d’ordre « Assad ou on brûle le pays », ont mis la Syrie à feu et à sang.
. Marie-Pierre Rey, La Russie face à l’Europe. D’Ivan le Terrible à Vladimir Poutine - Nouvelle édition augmentée, Paris, Flammarion, octobre 2022.
La Russie est-elle européenne ? Qu’est-ce qu’être russe ? Depuis le XVIᵉ siècle, la Russie entretient un lien complexe et ambigu avec l’Europe occidentale. À la tête d’un véritable État-continent s’étendant de l’Europe à l’Asie, les tsars de Russie puis les leaders soviétiques n’ont cessé de s’interroger sur l’identité de leur pays et les relations à nouer avec l’Europe, tour à tour perçue comme modèle de modernité et d’efficacité ou comme source de danger et de subversion. D’Ivan le Terrible à Vladimir Poutine, les décideurs russes ont été confrontés à ce « dilemme » : fallait-il imiter l’Europe pour mieux la dépasser, ou bien s’en protéger voire la rejeter au nom de l’eurasisme ?
D’une plume alerte, en s’appuyant sur un vaste ensemble documentaire, Marie-Pierre Rey explore les tourments de l’identité russe, à la croisée de l’histoire des relations internationales et de l’histoire des représentations, pour mieux décrypter les positions géopolitiques de la Russie actuelle.
. Nilüfer Göle, Richard Rechtman, Sandra Laugier, Yves Cohen, Revendiquer l’espace public, Paris, CNRS Editions, septembre 2022.
Maïdan, Tahrir, Gezi, Occupy Walt Street, Nuit debout… Les mouvements des places qui ont émergé au cours des années 2010 dans différentes parties du monde ont rénové l’espace public et signalent une nouvelle manière de faire de la politique. À chaque fois, des individus de tout horizon se réunissent pour résister aux pouvoirs en place, proclamer leur présence sans mettre en avant de leader, partager des émotions, expérimenter « sur place » une nouvelle convivialité et célébrer leur diversité. Ces citoyens s’emparent des questions d’intérêt général afin de peser concrètement sur le bien commun. La démocratie semble réalisable, ici et maintenant.
Comment saisir la signification de ces mouvements ? Annoncent-ils véritablement une nouvelle ère politique ? Ou bien ne sont-ils que des épiphénomènes isolés ? Jusqu’ici, il se sont « naturellement » essoufflés, ou ont été étouffés par une violente répression. Ne représentent-ils qu’un rêve éphémère ? Rien n’est moins sûr. Les effets de certains perdurent même après leur extinction, comme dans le cas de Maïdan. Surtout, ils mettent en lumière une tendance de fond : la rencontre verticale désormais impossible entre une société hétérogène qui revendique un espace bien réel, et un pouvoir politique national renonçant à sa capacité d’action face aux problèmes d’ordre planétaire que sont la crise financière, la dévastation environnementale, l’expansion du terrorisme ou la pauvreté croissante.
L’aspiration portée par ces occupations de la place publique a encore de beaux jours devant elle.
. René Schwok, Politique extérieure de la Suisse après la Guerre froide. 3ème édition, Lausanne, EPFL Press, mai 2022.
La fin de la Guerre froide, en 1989, est loin d’avoir apporté de l’apaisement dans la politique extérieure de la Suisse. Aux remises en cause intérieures de la neutralité et de l’armée, se sont ajoutées des pressions parfois violentes venues de l’étranger, en particulier des États-Unis, contre le secret bancaire et dans l’affaire des fonds juifs. D’une période de turbulences, dont on n’est pas sorti, René Schwok offre ici une claire synthèse, dans l’esprit de son précédent livre sur la Confédération face à l’Union européenne. La Suisse est le seul pays à soumettre ses relations internationales à des votes populaires continuels : à ce contrôle le Conseil fédéral n’échappe jamais, mais face aux autres pays il n’est structuré ni pour des réactions rapides ni pour des stratégies à long terme. Le Sonderfall helvétique s’en trouve bousculé et ses principes fortement réinterprétés. La voie solitaire persiste néanmoins, sous la pression d’un parti isolationniste pour lequel vote le quart des électeurs, mais aussi en réaction aux crises qui affectent l’UE. Ce livre montre ce qui a changé et ce qui perdure, contre toute attente.
. Sandra Botero, The limits of judicialization. From progress to backlash in Latin America, Cambridge, Cambridge University Press, août 2022.
Latin America was one of the earliest and most enthusiastic adopters of what has come to be known as the judicialization of politics - the use of law and legal institutions as tools of social contestation to curb the abuse of power in government, resolve policy disputes, and enforce and expand civil, political, and socio-economic rights. Almost forty years into this experiment, The Limits of Judicialization brings together a cross-disciplinary group of scholars to assess the role that law and courts play in Latin American politics. Featuring studies of hot-button topics including abortion, state violence, judicial corruption, and corruption prosecutions, this volume argues that the institutional and cultural changes that empowered courts, what the editors call the ’judicialization superstructure,’ often fall short of the promise of greater accountability and rights protection. Illustrative and expansive, this volume offers a truly interdisciplinary analysis of the limits of judicialized politics.
. Yannick Clavé (dir.) Histoire, Géographie, Géopolitique du monde contemporain, ECG, 2e année, programme 2022, éd. Dunod, septembre 2022.
Un manuel de référence pour les élèves en 2e année de classes préparatoires commerciales ayant choisi l’option Histoire Géographie Géopolitique.
Les étudiants trouveront dans ce manuel :
Tout le programme de 2e année
Les chapitres de cours illustrés de nombreuses cartes
Les bonnes méthodes pour chaque épreuve : dissertation, commentaire de document, croquis
Sujets d’annales corrigés
Les outils pour réussir : lexique de vocabulaire et des sigles, notices biographiques, chronologies thématiques
Cahier de 16 cartes en couleurs
. Juliette Galonnier, Stéphane Lacroix, Nadia Marzouki, Politiques de lutte contre la radicalisation, SciencesPo Les presses, septembre 2022
L’ouvrage s’intéresse à la genèse des politiques de déradicalisation, à leur mise en œuvre dans des contextes aussi différents que la lutte contre Boko Haram au Nigeria, l’assimilation forcée des Ouïghours en Chine, la gestion carcérale de l’extrémisme violent en France ou les projets de réforme religieuse dans plusieurs pays du Moyen-Orient. Lire la suite
Parmi les réponses apportées au terrorisme, les États mettent en place des politiques de lutte contre la radicalisation. Dans cet ensemble hybride, qui va de la gestion des personnes emprisonnées à la prévention en passant par la surveillance de populations cibles, l’improvisation, le réajustement constant et le tâtonnement sont de mise. Émerge pourtant un modèle global qui reste largement focalisé sur l’islam, alors que la menace djihadiste recule et que surgissent d’autres violences politiques.
Afin d’interroger l’efficacité de mesures soulevant des questions essentielles en termes de droits fondamentaux, de discrimination et de cohésion sociale, L’Enjeu mondial s’intéresse à leur genèse et à leur mise en oeuvre dans des contextes aussi différents que la lutte contre Boko Haram au Nigeria, l’assimilation forcée des Ouïghours en Chine, la gestion carcérale de l’extrémisme violent en France ou encore les projets de réforme religieuse dans plusieurs pays du Moyen-Orient.
. Adrien Estève, Guerre et écologie. L’environnement et le climat dans les politiques de défense, PUF, septembre 2022.
Alors que la question écologique gagne en importance dans le débat public, et que le dérèglement climatique est amené à impacter durablement les équilibres mondiaux, cet ouvrage s’intéresse à la prise en compte des enjeux environnementaux et climatiques dans un secteur jusque-là peu étudié dans la littérature sur le sujet : le secteur de la défense. Pourtant, depuis plusieurs années, les responsables civils et militaires des organisations de défense multiplient les déclarations favorables à une meilleure prise en compte de ces questions par les forces armées, et à une meilleure compréhension des aspects sécuritaires des bouleversements écologiques globaux et de la transition énergétique. Ces prises de position peuvent surprendre compte tenu des dénonciations répétées de l’empreinte écologique des activités militaires et des conséquences environnementales des conflits armés, portées entre autres par les mouvements écologistes. Cet ouvrage montre comment les questions environnementales et climatiques ont été problématisées au sein du secteur de la défense, à partir des cas de la France et des Etats-Unis.
. Anna Colin Lebedev, Jamais frères ? Ukraine et Russie : une tragédie postsoviétique, Paris, Le Seuil, septembre 2022.
« Nous ne serons jamais frères ; ni de même patrie, ni de même mère. » Tels sont les mots adressés par la poétesse ukrainienne Anastasia Dmitruk au peuple russe en 2014, miroir inversé des discours récents de Vladimir Poutine qui ne cesse de souligner au contraire l’identité commune entre les deux pays. S’appuyant sur son expérience de terrain en Russie et en Ukraine, Anna Colin Lebedev retrace les trajectoires de ces deux sociétés pendant les années postsoviétiques. Elle met en lumière à la fois le maintien de proximités, à travers notamment l’héritage de l’URSS, et la cristallisation progressive des différences. En 2014, Russes et Ukrainiens ont cessé d’avoir la même vision d’un destin partagé. L’annexion de la Crimée et la guerre dans le Donbass ont été un point de rupture. Et c’est un gouffre qui semble depuis février 2022 se creuser entre les deux peuples, alors que l’agression armée de l’Ukraine par la Russie les ont fait basculer dans l’horreur d’un conflit meurtrier. Aucun livre ne suffira à combler ce gouffre et à panser l’immense blessure de la guerre. Ce texte se veut cependant un pas dans une direction essentielle : ne pas renoncer à connaître et comprendre l’autre.
. Elise Massicard, Street-level governing. Negotiating the state in urban Turkey, Stanford, Stanford University Press, juin 2022.
Muhtars, the lowest level elected political position in Turkey, hold an ambiguously defined place within the administrative hierarchy. They are public officials, but local citizens do not always associate them with the central government. Street-Level Governing is the first book to investigate how muhtars carry out their role—not only what they are supposed to do, but how they actually operate—to provide an ethnographic study of the state as viewed from its margins. It starts from the premise that the seeming "margin" of state administration is not peripheral at all, but instructive as to how it functions.
As Elise Massicard shows, muhtars exist at the intersection of everyday life and the exercise of power. Their position offers a personalized point of contact between citizens and state institutions, enabling close oversight of the citizenry, yet simultaneously projecting the sense of an accessible state to individuals. Challenging common theories of the state, Massicard outlines how the position of the muhtars throws into question an assumed dichotomy between domination and social resistance, and suggests that considerations of circumvention and accommodation are normal attributes of state-society functioning.
. François-Xavier Fauvelle, Anne Lafont, L’Afrique et le monde : histoires renouées, Paris, Editions La Découverte, juin 2022.
Une histoire mondiale de l’Afrique, une histoire africaine du monde. Tel est le double pari de cet ouvrage ambitieux qui nous plonge dans la conversation que les sociétés du continent africain ont, au cours de l’histoire, toujours entretenue avec celles du reste du monde. Une conversation multimillénaire, depuis la dispersion des humains modernes jusqu’à nos jours, dont les auteurs et autrices nous invitent à écouter toutes les tonalités. Car cette histoire est faite de rapports de domination et de violences, de rejets et de révoltes, mais également d’interactions à toutes les échelles, de circulations de biens et d’idées, d’innovations et d’adaptations locales, de mutations globales.
S’émancipant des monologues factices qui divisent le passé, ce livre propose une histoire polyphonique. Il s’appuie sur les recherches les plus actuelles et les plus poussées pour éclairer la manière dont les sociétés africaines ont toujours pris part au monde.
. Karine Prémont, La puissance américaine mise en échec. De la guerre du Vietnam à l’Irak, Québec, Editions du Septentrion, septembre 2022.
Les présidents américains affirment vouloir défendre la démocratie, la liberté et les droits humains partout dans le monde. Pourtant, si la politique étrangère américaine a souvent servi de garde-fou aux visées expansionnistes de certains régimes autoritaires, elle est aussi marquée par des actions illégitimes ou illégales ainsi que par des échecs militaires - en particulier pendant la guerre froide - et des interventions humanitaires catastrophiques au début des années 1990. Les thèmes de cet ouvrage ont été choisis parce qu’ils reflètent à la fois la puissance américaine - le plus souvent militaire - et les limites de cette puissance.
. Stéphanie Latte Abdallah, A History of Confinement in Palestine : The Prison Web, Cham, Palgrave Macmillan, septembre 2022.
This book deals with the contemporary history of the imprisonment of Palestinians in Israeli prisons since 1967, and, since the 2000s, in Palestinian facilities. Widely shared in the Occupied Palestinian Territories, incarceration endurably marks personal and collective stories, and has spun a prison web, a kind of suspended detention. Approximately 40 percent of the male population has been to prison. This book shows how the judicial and prison practices applied to Palestinian residents of the OPT are major fractal devices of control contributing to the management of Israeli borders, and shape a specific bordering system based on a mobility regime. This history of confinement is that of the prison web, and of the in-between political, social, and personal spaces people weave between Inside and Outside prison. Based on in-depth ethnographic fieldwork, archives, and extensive institutional documentation, this political anthropology book deals with carceral citizenships and subjectivities ; masculinities, femininities, gender relations, parentality, and intimacy. Woven like a web, this story is built around places, moments, people, and their testimonies.
. Dalia Ghanem, Understanding the Persistence of Competitive Authoritarianism in Algeria, Cham, Palgrave Macmillan, septembre 2022.
This book unravels the secrets behind the Algerian regime’s survival and the pillars of its longevity. How did authoritarian consolidation happen, and why is it likely to continue despite Bouteflika’s departure and the emergence of a new actor : the popular movement, Hirak. The author sheds light on the pillars behind the durability of Algeria’s regime. The latter has demonstrated an extraordinary capacity to perpetuate itself through an array of mechanisms. It identifies Algeria’s authoritarianism as a distinctly competitive and adaptable kind, which has better allowed the regime to persist in the face of all manner of change. The book analyses Algeria’s situation and the regime persistence far from the premise of a trend towards democratization. The project also contributes to a broader area of study concerned with “competitive authoritarianism,” regimes that face domestic resistance, the question of what and how compels such regimes to change, the nature of their political institutions, and more.
. Frank Biermann, Thomas Hickmann, Carole-Anne Sénit, The Political Impact of the Sustainable Development Goals. Transforming Governance Through Global Goals ?, Cambridge, Cambridge University Press, juillet 2022.
Written by an international team of over sixty experts and drawing on over three thousand scientific studies, this is the first comprehensive global assessment of the political impact of the Sustainable Development Goals, which were launched by the United Nations in 2015. It explores in detail the political steering effects of the Sustainable Development Goals on the UN system and the policies of countries in the Global North and Global South ; on institutional integration and policy coherence ; and on the ecological integrity and inclusiveness of sustainability policies worldwide. This book is a key resource for scholars, policymakers and activists concerned with the implementation of the Sustainable Development Goals, and those working in political science, international relations and environmental studies. It is one of a series of publications associated with the Earth System Governance Project.
. Frédéric Ramel , Philosophie des relations internationales. Anthologie. 3e édition revue et augmentée, Paris, Presses de Sciences Po, août 2022.
Cette anthologie commentée et contextualisée relit et interroge les grands penseurs de la philosophie politique en pénétrant au cœur même de leur œuvre.
Les liens entre la philosophie et les relations internationales peuvent paraître ténus. Pourtant, les deux disciplines se fréquentent de longue date. De Machiavel et Dante à Rousseau et Kant hier, de Rawls et Habermas à Walzer et Nussbaum aujourd’hui, la philosophie réfléchit à l’essence des relations entre les États et, par-delà les entités nationales, appréhende l’unité d’un monde composé d’une pluralité d’êtres vivants.
Sans surprise, la guerre et les catastrophes sont son principal dilemme et l’éthique, son point d’ancrage. Existe-t-il des guerres répondant au critère de guerre juste ? Faut-il sauver des populations que l’on ne connaît pas au nom d’un critère moral ? Quelle est la meilleure organisation internationale ? Telles sont les questions que se pose la philosophie au XXIe siècle alors que les conflits font rage et que la crise écologique met à mal l’ordre mondial.
Cette anthologie commentée et contextualisée relit et interroge les grands penseurs de la philosophie politique en pénétrant au coeur même de leur oeuvre.
. Jean-Eric Branaa, Géopolitique des Etats-Unis, Paris, PUF, août 2022.
Les États-Unis sont aujourd’hui affectés par des mutations profondes et confrontés à une forte remise en cause sociétale après le mandat disruptif de son 45e président. Les quatre années de la présidence de Donald Trump semblent avoir contribué à soulever un doute à l’extérieur des frontières. Un des principaux enjeux de l’administration actuelle consiste désormais à apaiser et normaliser les relations internationales.
Ce livre permet la découverte ou l’approfondissement de ce que sont les États-Unis d’aujourd’hui selon un plan en trois parties, couvrant les questions géographiques, humaines et de politique internationale, en rappelant que la puissance américaine se fonde sur un territoire hors du commun qui confère à ses habitants la certitude d’être un peuple à part.
. Nicolas Roinsard, Une situation postcoloniale. Mayotte ou le gouvernement des marges, Paris, CNRS Editions, août 2022.
C’est à Mayotte, ancienne colonie (1841-1946) et dernier-né des départements français (2011), que le Rassemblement national fait régulièrement ses meilleurs scores électoraux. Et ce n’est pas le seul trait en apparence contradictoire de cette société batoue-islamique qui a fait, depuis le référendum de 1958, le choix de la France par souci d’indépendance vis-à-vis des Comores.
De fait, Mayotte est un département « hors normes » à plus d’un titre : il est le plus jeune, le plus pauvre, le plus inégalitaire et le plus touché par l’immigration, en grande partie irrégulière. Lorsqu’il retient l’attention des médias, comme lors du long et dur mouvement social survenu en 2018, l’accent se trouve inévitablement porté sur ces différents traits sans pour autant interroger les logiques politiques et sociales qui les sous-tendent.
Par contraste, cette enquête au long cours, attentive aux dynamiques historiques comme aux enjeux du quotidien, met en lumière les effets de l’intégration politique sur l’organisation sociale locale. En quoi la départementalisation, support d’une transformation des rapports sociaux de classe, de genre, des relations entre générations et étrangers, remodèle-t-elle la société dans son ensemble ? Quel rôle joue-t-elle dans la construction des nouvelles formes de précarité et d’inégalités ? En quoi modifie-t-elle ou non les régimes de solidarité et les formes de régulation traditionnellement observées ?
Appréhendée dans une comparaison constante avec les autres départements et territoires d’Outre-mer, Mayotte pose en réalité la question de la gouvernance postcoloniale dans la France contemporaine.
. Maxime Lefebvre, Le jeu du droit et de la puissance. Précis de relations internationales. PUF, 6e édition mise à jour, juillet 2022.
Après la fin de la guerre froide et le développement de la mondialisation, les relations internationales apparaissaient de moins en moins le domaine réservé des États et de plus en plus celui des institutions, des entreprises et des individus. Mais le monde connaît aujourd’hui un retour de la géopolitique et des conflits. La paix et la stabilité mondiales sont mises en péril : rivalité entre les États-Unis et la Chine, guerre entre la Russie et l’Ukraine, conflits en Afrique ou au Moyen-Orient, terrorisme, prolifération, crises sanitaires et économiques. Si le droit international aspire à encadrer l’action des puissances, ces dernières cherchent à instrumentaliser le droit au service de leurs intérêts.
La sixième édition enrichie de cet ouvrage offre un panorama complet et actuel des relations internationales et croise toutes les disciplines : histoire, droit, économie et diplomatie.
Ce livre, devenu une référence, est l’outil idéal pour préparer les concours (écoles de commerce, INSP, concours du ministère des Affaires étrangères, DGSE), pour réussir les examens universitaires, pour suivre des études de relations internationales, ou tout simplement pour s’initier aux mécanismes et aux enjeux des relations internationales contemporaines.
. Marc Hecker, Elie Tennenbaum, La guerre de vingt ans. Djihadisme et contre-terrorisme au XXI e s. éd. Arion Robert Laffont. Préface inédite, août 2022.
Vingt ans après l’effondrement des tours du World Trade Center et le début de la « guerre globale contre le terrorisme » en Afghanistan, les Talibans ont repris le pouvoir à Kaboul, poussant les Américains à se retirer précipitamment.
Au cours des deux dernières décennies, al-Qaida a fait preuve d’une résilience remarquable, et de nouveaux groupes, comme l’État islamique, sont apparus. La chute du « califat » proclamé par Daech n’a pas signé la fin de cette organisation, et encore moins celle de son idéologie mortifère. Pourquoi les États-Unis, la France et leurs alliés, en dépit de leur supériorité militaire, ont-ils échoué à éradiquer le djihadisme ?
Fruit de nombreuses années d’enquêtes de terrain, ce livre récompensé par plusieurs prix offre la première histoire de la guerre contre le terrorisme. Décryptant les dynamiques stratégiques de cet affrontement, les auteurs expliquent pourquoi il est si difficile de briser la spirale de la violence et tirent des leçons essentielles pour l’avenir.
. Andreas Kappeler, Russes et Ukrainiens. Les frères inégaux, du Moyen Age à nos jours, Paris, CNRS Editions, septembre 2022.
Depuis l’annexion de la Crimée et le déclenchement du conflit du Donbass en 2014, l’Ukraine a été constamment confrontée à diverses formes de pression militaire de la Russie. L’invasion de 2022 témoigne de la volonté obstinée du régime de Poutine de mettre sous tutelle son voisin occidental, voire d’anéantir l’Etat ukrainien. La guerre, justifiée à Moscou par des nécessités soi-disant historiques, s’appuie sur une vision impériale selon laquelle le destin de la Russie serait de contrôler les territoires qui l’entourent.
Un détour par l’histoire s’impose pour mettre à nu cet édifice idéologique. Grand spécialiste des empires à l’Est de l’Europe, Andreas Kappeler analyse ici avec finesse l’évolution des rapports entre l’Ukraine et la Russie depuis le Moyen Âge. Il nous montre pourquoi l’unité prétendue naturelle des peuples ukrainien et russe est un mythe. Si les deux peuples se disputent encore l’héritage du « berceau commun » de la Rous’ de Kyiv, leurs trajectoires diffèrent à partir du XIIIe siècle. Il est essentiel de revenir sur les interactions, les rencontre entre ces « frères inégaux », mais aussi sur les processus de distanciation et de construction des identités nationales, ainsi que sur les cultures mémorielles et usages politiques différenciés de l’histoire.
Une remise en perspective, sur le temps long, de la première guerre européenne du XXIème siècle.
. Clémence Léobal, Ville noire, pays blanc. Habiter et lutter en Guyane française,Lyon, Presses Universitaires de Lyon, juin 2022.
À l’ouest de la Guyane, au bord du fleuve Maroni, frontière entre la France et le Suriname, la ville de Saint-Laurent-du-Maroni se transforme depuis une trentaine d’années au gré des démolitions de maisons et des constructions de nouveaux quartiers. La population bushinenguée, descendante d’Africain.e. s ayant fui les plantations surinamaises, est particulièrement touchée par ces mesures, contrainte d’adapter ses traditions et son mode d’habiter, transfrontalier et multiple, aux politiques urbaines conçues dans l’hexagone.
Clémence Léobal a suivi dans leur quotidien et leurs démarches trois femmes bushinenguées, menacées de délogement ou en recherche d’un logement social, afin de comprendre la manière dont les lois françaises modifient les façons d’habiter de ces personnes et, à une plus large échelle, la configuration de cette ville. Confrontant l’expérience des habitantes et des habitants aux discours du personnel des administrations, l’autrice rend compte des luttes et des rapports de pouvoir à l’œuvre, proposant une étude intersectionnelle des inégalités héritées du colonialisme. Cette enquête de terrain est enrichie de cartes et de schémas, ainsi que d’une sélection de photographies de Nicola Lo Calzo, artiste qui s’intéresse aux stigmates de la traite négrière dans les sociétés contemporaines.
. Florian Louis, Qu’est-ce que la géopolitique ?, Paris, PUF, août 2022
En dépit ou à cause de son persistant succès public, la géopolitique demeure une discipline aux contours flous, à tel point qu’il semble en exister autant de définitions que de praticiens. L’ouvrage montre que cette indétermination n’est pas nouvelle et plonge ses racines dans l’histoire même de la discipline : depuis ses origines, elle fait l’objet de controverses et de définitions concurrentes. En revenant sur les principaux débats suscités par la démarche géopolitique et sur les différentes conceptions qui en ont été proposées, Florian Louis tente d’en saisir l’originalité et la pertinence non sans en pointer les limites. Il permet ainsi de saisir ce qui fait la spécificité d’une approche géopolitique et constitue une utile introduction à la discipline.
. Gaël-Georges Moullec, Ukraine. La fin des illusions, Paris, Editions L’Harmattan, juillet 2022
Tournant majeur dans les relations internationales, l’opération militaire spéciale sur l’Ukraine a pour effet de briser des mythes construits depuis la fin de l’Union soviétique. Volant aujourd’hui en éclats, ces illusions ont toutefois eu pour résultat un affrontement militaire qui touche l’Europe - la vraie, celle de l’Atlantique à Vladivostok. Première illusion, la démocratie serait porteuse de paix. Or la démocratie ukrainienne ensanglante le Donbass en ciblant les civils depuis huit ans. L’Ukraine serait un pays démocratique ; illusion ! La réalité est celle d’une population sous influences de puissances étrangères, des oligarques locaux et des groupes nationalistes armés. Illusion toujours quand l’Union européenne et l’OTAN ont attisé la renaissance et le développement d’un antagonisme entre l’Ukraine et la Russie. De l’autre côté de l’Atlantique, les États-Unis ne font plus illusion dans leur rôle de pilier de l’Occident. Dorénavant, l’intérêt des États-Unis est d’organiser le chaos en Europe afin d’empêcher toute alliance eurasiatique UE-Russie. Enfin, la plus grande illusion dissipée par cette crise est celle d’une globalisation heureuse et salvatrice bénéficiant des matières premières de Russie et des céréales ukrainiennes. L’intervention du 24 février 2022 met un terme aux illusions nées de la chute du communisme. Désormais, il n’est plus question de la fin de l’Histoire, mais du début d’une nouvelle ère pour le Monde.
. Samy Cohen, Le goût de l’entretien. 40 ans d’enquête au sommet de l’Etat, Paris, Editions Bord de l’eau, septembre 2022
Ce livre est le témoignage d’un politologue-enquêteur étranger à la culture française, un Israélien, venu étudier en France avec un bac agricole en poche, dépourvu des codes d’accès aux élites dirigeantes françaises, mais passionné par le système politique de la Ve République. Il a enquêté pendant près de 40 ans dans les hautes sphères de la diplomatie et la défense en France, interrogeant deux présidents de la République, plusieurs Premiers ministres, des ministres des Affaires étrangères et de la Défense, des conseillers de l’Élysée, des hauts fonctionnaires du Quai d’Orsay, des généraux. Il a également enquêté en Israël auprès de militaires, d’anciens responsables du Mossad et de leaders d’ONG. Il décrit par le menu comment il a décroché ses entretiens, sans rien dissimuler des obstacles auxquels il a été confronté, des ingérences politiques qu’il a subies. Il partage ses « secrets de fabrication », les mille manières de contourner ces difficultés face à des acteurs résolus à en dire le moins possible. A condition de respecter certaines règles, il est possible de « s’imposer aux imposants ». C’est un des rares livres de chercheur à livrer une expérience vécue au jour le jour auprès de ces milieux « difficiles ». Il dévoile au passage des informations inédites sur les coulisses de la diplomatie et de la défense en France et en Israël. Il peut se lire tout à la fois comme une initiation à la méthode de l’entretien auprès des élites dirigeantes et comme un ouvrage permettant d’accéder aux mécanismes de la décision.
. Alena Drieschova, Christian Bueger, Ted Hopf (eds.), Conceptualizing International Practices. Directions for the Practice Turn in International Relations, Cambridge, Cambridge University Press, juin 2022.
This book brings together the key scholars in the international practice debate to demonstrate its strengths as an innovative research perspective. The contributions show the benefit of practice theories in the study of phenomena in international security, international political economy and international organisation, by directing attention to concrete and observable everyday practices that shape international outcomes. The chapters exemplify the cross-overs and relations to other theoretical approaches, and thereby establish practice theories as a distinct IR perspective. Each chapter investigates a key concept that plays an important role in international relations theory, such as power, norms, knowledge, change or cognition. Taken together, the authors make a strong case that practice theories allow to ask new questions, direct attention to uncommon empirical material, and reach different conclusions about international relations phenomena. The book is a must read for anyone interested in recent international relations theory and the actual practices of doing global politics.
. Catherine Durandin, Cécile Folschweiler, (dir.) Enfances communistes. Mémoires de Roumanie et de la Répulbique de Moldavie, éd. Petra, 2022. Un livre recommandé par Diploweb. .
Trente ans après la chute des régimes communistes d’Europe de l’Est et de l’URSS, que reste-t-il de ce monde dans la mémoire de celles et ceux qui y ont grandi ? Que révèlent leur souvenirs de ces sociétés ? Nous sommes allées rencontrer des interlocuteurs séduits par l’idée d’évoquer leur enfance. Celle-ci s’est déroulée dans la Roumanie des années 1950 ou durant celle de Ceauşescu, dans la République de Moldavie soviétique à l’identité complexe où langue russe et culture roumaine se conjuguent. Des témoins de milieux sociaux et géographiques variés évoquent les relations familiales, la vie quotidienne, l’école, les peines et les joies de l’époque, leur perception du régime et monde extérieur. Les plus anciens conservent encore des souvenirs de la Seconde Guerre mondiale, les plus jeunes ont vécu, enfants, les événements étranges de décembre 1989, en Roumanie. Entre ces deux moments, c’est dans l’intimité et la subjectivité de souvenirs singuliers que s’exprime aussi la réalité du communisme moldave et roumain.
. Sonia Le Gouriellec, Géopolitique de l’Afrique, QSJ n°4234, PUF, 2022
Constituée de cinquante-quatre États, berceau de nombreuses civilisations, l’Afrique représente à elle seule un continent-monde de plus d’un milliard d’habitants. Trop souvent considérée comme un tout homogène, elle devrait plutôt être pensée dans sa diversité et sa profondeur.
Sur le plan géopolitique, on la croit marginalisée. Ses acteurs sont souvent perçus comme passifs et dépendants du reste de la communauté internationale. Or, c’est une tout autre représentation que propose Sonia Le Gouriellec dans cet ouvrage. Celle, au contraire, d’un continent ouvert sur le monde, ayant depuis toujours participé aux échanges et aux équilibres politiques, commerciaux et intellectuels, et qui est aujourd’hui intégré à la mondialisation et aux dynamiques contemporaines, au point d’apparaître comme un nouveau centre névralgique des défis de notre époque.
S’appuyant sur de nombreuses études de cas, Sonia Le Gouriellec n’écrit rien de moins qu’une géopolitique des Afriques.
. Anne Battistoni-Lemière, Tout comprendre à la géopolitique, éd. A. Colin, 2022
Comprendre notre monde, changeant et confronté à des défis inédits, impose une approche globale : c’est toute l’ambition de la géopolitique qui fait appel à l’histoire, la géographie, la sociologie, l’économie, la démographie, la science politique.
Pour décrypter ce monde complexe, Tout comprendre à la géopolitiquemet à la disposition de tous les étudiants suivant un enseignement de géopolitique le langage commun dont ils ont impérativement.
12 grands enjeux géopolitiques
48 chapitres pour décoder le fonctionnement du monde contemporain.
1200 concepts expliqués et éclairés par des exemples actuels, des repères historiques, statistiques ou bibliographiques, et complétés par les grands débats et enjeux qui leur sont assosciés.
Sommaire
Le pavage du monde.
Le territoire, fondement de toute analyse géopolitique. Vers la territorialisation de nouveaux espaces : océans et espace exo-atmosphérique. La prolifération étatique. Les frontières au cœur des enjeux géopolitiques.
L’humanité face au choc démographique.
Le choc démographique mondial. L’explosion urbaine. Une planète nomade ? Au XXIe siècle, un multiculturalisme dominant ?
Les hommes en quête d’identité. Un besoin d’identité à l’heure de la mondialisation. Le poids du religieux au XXIe siècle. La citoyenneté, au cœur de la légitimité politique. Résilience des idéologies.
Un monde interdépendant. Les dynamiques d’internationalisation. Des espaces organisés et hiérarchisés par les moyens de transport. Le multilatéralisme commercial. Du protectionnisme à la guerre économique.
La planète, source de vie. L’eau, ressource vitale. Nourrir les hommes, priorité absolue. Les impératifs énergétiques : produire, sécuriser, économiser. Les matières premières, vers une économie de la rareté.
Les entreprises, le capitalisme en action. Vers un capitalisme mondial ? Les entreprises, fer de lance du capitalisme. Les systèmes productifs en évolution. Un capitalisme structurellement inégalitaire.
L’innovation au cœur de la puissance. Un capitalisme schumpétérien. La révolution numérique et les promesses de l’intelligence artificielle. Les territoires de l’innovation, une polarisation inquiétante. L’innovation au cœur des enjeux sociaux et géopolitiques contemporains.
Un monde dominé par la finance. Le système monétaire et financier. Anciens et nouveaux acteurs de la finance. Le système financier : au service de l’économie ? Les crises financières contemporaines.
Organisation et recompositions géopolitiques du monde. Du XXIe siècle au XXIe siècle, les configurations changeantes de l’ordre international. Le clivage Nord-Sud : émancipation, développement, émergence. Les outils du multilatéralisme et de la gouvernance. L’Union européenne, un objet politique non identifié.
Géopolitique de la puissance. Qu’est-ce que la puissance ? Exercer la puissance.
. Ali Wyne, America’s Great-Power Opportunity : Revitalizing U.S. Foreign Policy to Meet the Challenges of Strategic Competition, Cambridge, Polity, juin 2022.
It has become axiomatic to contend that U.S. foreign policy must adapt to an era of renewed “great-power competition.” The United States went on a quarter-century strategic detour after the Cold War, the argument goes, basking in triumphalism and getting bogged down in the Middle East. Now China and Russia are increasingly challenging its influence and undercutting the order it has led since 1945. How should it respond to these two formidable authoritarian powers ?
In this timely intervention, Ali Wyne offers the first detailed critique of great-power competition as a foreign policy framework, warning that it could render the United States defensive and reactive. He exhorts Washington to find a middle ground between complacency and consternation, selectively contesting Beijing and Moscow but not allowing their decisions to determine its own course. Analyzing a resurgent China, a disruptive Russia, and a deepening Sino-Russian entente, Wyne explains how the United States can seize the "great-power opportunity" at hand : to manage all three of those phenomena confidently while renewing itself at home and abroad.
. Hugo Plassais, La Chine, un acteur responsable, révisionniste ou réformiste ? Les enjeux onusiens dans les livres blancs de la défense chinoise. 1995-2020, Paris, L’Harmattan, juin 2022.
L’affirmation de la Chine sur la scène internationale fascine les observateurs autant qu’elle inquiète les chancelleries. D’abord en retrait du maintien de la paix, elle veut aujourd’hui se présenter comme un champion du multilatéralisme. Comment aborder l’objet Chine en science politique ? Quels sont les fondements et l’historicité de son soft power et de sa communication internationale ? Croisant analyse lexicographique et entretiens multiples, Hugo Plassais cerne les évolutions de la politique étrangère chinoise depuis les années 1990 à partir des livres blancs de la défense publiés par Pékin. La cohérence et les logiques des discours permettent au chercheur de déconstruire l’omnipotence de Xi Jinping et de replacer la République populaire de Chine dans ses déterminants structurels.
. Jean-Loup Amselle, L’invention du Sahel, Vulaines Sur Seine, Editions du Croquant, juin 2022.
Évoquant les famines et les sécheresses des années 1970, les révoltes et insurrections, le Sahel est vu avant tout comme une terre dangereuse. Peut-être en va-t-il ainsi parce qu’il s’agit d’une entité instable, hybride, intermédiaire entre le désert et la savane, entre le nomadisme et la sédentarité, entre des populations « blanches », « rouges » et « noires », entre l’animisme et l’islam. Impossible donc de définir de façon stricte ce qu’est le Sahel. Il s’agit d’une notion totalement arbitraire qui ne doit son existence qu’à la consolidation que lui ont fait subir un certain nombre de savants coloniaux et dans la foulée des écrivains et des cinéastes africains. L’hypothèse de ce livre est donc que les problèmes de ce qui forme aujourd’hui le Sahel (en particulier la défaite de l’armée française) sont en grande partie le résultat d’une représentation figée de cette région géographique d’Afrique de l’ouest. Jean-Loup Amselle est anthropologue. Directeur d’études émérite à l’EHESS, ancien rédacteur en chef des Cahiers d’études africaines, spécialiste du Mali et de l’étude de l’ethnicité, de l’identité et du métissage, il a notamment publié Rétrovolutions. Essais sur les primitivismes contemporains (Stock, 2010) et avec Souleymane Bachir Diagne, En quête d’Afrique(s). Universalisme et pensée décoloniale (Albin Michel, 2018).
. Marie-Eve Desrosiers, Yolande Bouka, Contestation en Afrique, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, août 2022.
L’Afrique connaît d’intenses bouleversements dont les répercussions économiques et politiques sont à la fois considérables et préoccupantes. Des vagues contestataires prennent forme dans la région et on peut se demander quelles en sont les motivations les plus profondes. Ces mouvements sont-ils vraiment nouveaux ou prennent-ils racine dans une histoire beaucoup plus ancienne ? Pour bien comprendre les dynamiques qui secouent la région, faut-il mettre l’accent, comme on le fait actuellement, sur les jeunes et les nouveaux médias ? Et comment se reconfigure le paysage politique africain à la suite de ces soubresauts ?
Écrit par deux spécialistes de l’Afrique francophone, de la sécurité et de la gouvernance, cet ouvrage brosse un large panorama de la politique africaine, des contraintes qu’elle subit et des espoirs qu’elle suscite.
. Scott M.Moore, China’s Next Act : How Sustainability and Technology are Reshaping China’s Rise and the World’s Future, Oxford, Oxford University Press, juillet 2022.
Ever since China began its ascendancy to great-power status in the 1980s, observers have focused on its growing economic, military, and diplomatic power. But in recent years, Chinese officials, businesses, and institutions have increased their visibility and influence on every major global issue,
from climate change and artificial intelligence to biotechnology and the global Covid-19 pandemic. How have these newer issues changed China’s relationship with the world ? And, importantly, how can we prepare for a future increasingly shaped by China ?
In China’s Next Act, Scott M. Moore re-envisions China’s role in the world, with a focus on sustainability and technology. Moore argues that these increasingly pressing, shared global challenges are reshaping China’s economy and foreign policy, and consequently, cannot be tackled without China. Yet
sustainability and technology present opportunities for intensified economic, geopolitical, and ideological competition—a reality that Beijing recognizes. The US and other countries must do the same if they are to meet ecological and technological challenges in the decades ahead. In some areas,
like clean technology development, competition can be good for the planet. But in others, it could be catastrophic—only cooperation can lower the risks of artificial intelligence and other disruptive new technologies.
In this clearly written and accessible overview, Moore examines how countries like the US must balance cooperation and competition with China in response to shared challenges. With an emphasis on opportunities as well as threats, Moore addresses not only key developments in sustainability and
technology within China, but also their implications for foreign countries, companies, and other organizations. China’s influence on sustainability and technology is both global and granular—and twenty-first century China itself looks more like a network than a nation-state. Featuring original
interviews and an in-depth look at Chinese government policy, China’s Next Act provides a unique—and uniquely balanced—window into these new dimensions of China’s global ascension.
. Simon Dalby, Rethinking Environmental Security, Cheltenham, Edward Elgar Publishing, mai 2022.
This thought-provoking book explores how the global ecological crisis profoundly challenges conventional meanings of environmental security and raises important questions about how states and other institutions now face the future.
. Aditi Malhotra, India in the Indo-Pacific. Understanding India’s security orientation towards Southeast and East Asia, Columbia, Columbia University Press, juin 2022.
In view of the fast-changing world order, emerging countries are increasingly influencing the dynamics of regional securities. This timely and in-depth book examines India’s reorienting strategic posture and describes how New Delhi’s security policy in the Indo-Pacific region has evolved and expanded over the past two decades. The author argues that India’s quest to leverage its geostrategic location to emerge as an Indo-Pacific actor faces multiple challenges, which create a clear divide between the country’s political rhetoric and action on the ground. The author critically examines these contradictions to better situate India’s security role in an increasingly fluid Indo-Pacific region.
. Clarissa Correa Neto Ribeiro, Overlapping Regional Organizations in South America and Africa, Cham, Springer, juin 2022.
This book discusses the interaction between and the impact of overlapping actions by regional organizations while dealing with critical events. It compares all the sub-regions in South America and Africa from this perspective and creates new knowledge through cross-regional gleanings. The book analyses types of institutional interaction among regional organizations and the effects of overlapping actions on the coexistence or fracturing of regional processes. It examines and compares the dynamics of these interactions in both South America and Africa. The book contributes to the study of comparative regionalism by providing generalization and institutional learning based on a cross-regional approach. It gives to students, researchers and interested readers an understanding of the complexity of regional affairs in multi-organizational environments.
. Delphine Lacombe, Violences contre les femmes. De la révolution aux pactes pour le pouvoir (Nicaragua, 1979-2008). Rennes, Presses Universitaires de Rennes, juillet 2022.
Comment comprendre la politisation des violences sexistes, et leur perpétuation dans un environnement institutionnel en apparence favorable à leur sanction ? Ce livre retrace la construction en enjeu public des violences contre les femmes au Nicaragua, et la façon dont ce phénomène traverse historiquement trois régimes politiques (de la fin de la dictature des Somoza à l’essai d’instauration démocratique) et une guerre civile en période de guerre froide. Cet enjeu a été consubstantiel au façonnement du féminisme nicaraguayen de la deuxième vague, en collusion et en collision avec les dirigeants révolutionnaires sandinistes. Puis, il s’est inscrit dans une nouvelle acception des droits humains. L’investissement de ce langage juridique a engendré une production contradictoire du droit, où ont fini par se côtoyer la pénalisation des violences intrafamiliales et sexuelles, et l’interdiction totale de l’avortement. Enfin, ces processus ont paradoxalement contribué au reflux d’une expression latente sur les crimes sexistes perpétrés sur les fronts guerriers.
Cet ouvrage permet de relire l’histoire nicaraguayenne contemporaine à l’aune du genre. Il apporte un regard neuf sur l’imbrication des pactes patriarcaux et de pouvoir dans l’entretien des violences sexistes. Il fournit des éléments de compréhension plus généraux sur la façon dont les politiques contre ces violences sont menées dans une sorte de dissociation instrumentale entre l’objet fédérateur qu’elles représentent, et l’étouffement de controverses plus souterraines qu’elles engendrent à propos de l’impunité masculine.
. Guibourg Delamotte, La démocratie au Japon, singulière et universelle, Lyon, ENS Éditions, juin 2022.
La démocratie japonaise est-elle née en 1945, est-elle le fruit d’une greffe démocratique réalisée par les Américains ? Sans doute en partie. Mais le présent ouvrage s’attache à démonter ces idées reçues pour montrer que si la démocratie s’est enracinée au Japon à partir de 1947, c’est parce qu’il n’était pas sans expérience du débat politique et du jeu électoral. Sa monarchie constitutionnelle avait non seulement préparé le terrain, mais aussi légué au Japon un héritage et des habitudes politiques qu’il a longtemps conservés. Le cadre institutionnel de la démocratie japonaise se transforme néanmoins depuis les années 1990. Comme le montre ce travail de recherche, le modèle hybride créé par les Américains en 1947, associant des caractéristiques anglaises et américaines, se présidentialise. Il s’agit, enfin, d’un système politique qui, malgré ses imperfections et la crise de représentation qu’il traverse, sait se remettre en question et se réformer. Peut-être y a-t-il des enseignements à en tirer pour la France ?
. Meryem Marzouki, Andrea Calderaro (dir.), Internet Diplomacy - Shaping the Global Politics of Cyberspace, Lanham, Rowman & Littlefield, juin 2022.
The governance of the internet has gained a central role in global politics. International cooperation is increasingly mobilized to ensure that the expansion of connectivity infrastructure, digital services and their usages also safeguards security, human rights, and economic benefits. The field is truly transnational, including a vibrant stakeholder community that plays an active role in building sustainable ‘digital sovereignty’. Over the past decade, novel diplomatic practices have been adopted in negotiating technical standards, norms, regulations, and policies in the intersection of national and global priorities.
This book defines this novel tool for diplomatic dialogue as Internet Diplomacy, a concept that entails the broad range of emerging international practices clustered around digital environments, including cybersecurity and internet governance. In broadening our view of diplomacy in the digital age, the book includes a comprehensive collection of contributions and cases addressing Internet Diplomacy. Collectively, it expands our understanding of transformations in international diplomacy and transnational digital governance, their drivers and their nature, their capacity to challenge power relations, and, ultimately, the values they carry and channel onto the global scene.
. Stéphanie Latte Abdallah, Des morts en guerre. Rétention des corps et figures du martyr en Palestine, Paris, Karthala, juin 2022.
Depuis les années 1960, des défunts palestiniens disparaissent, sont sommairement enterrés dans les « cimetières des nombres » ou gardés à la morgue. Ces morts sont des fedayin, des martyrs – hommes ou, plus rarement, femmes – ayant conduit des attentats, ou des personnes tuées par erreur. Leur détention post-mortem et leur retour en terre relèvent d’une économie de l’inimitié, guerrière, et d’une extension sans fin d’une toile carcérale sur les Territoires palestiniens. Leur mobilité, les lieux d’ensevelissement, les traces qu’ils laissent dans l’espace public sont autant de marqueurs frontaliers.
Cet ouvrage aborde les mobilisations politiques, celles de la société civile et des familles, pour retrouver ces dépouilles, à partir d’une enquête ethnographique, de documents d’archives et d’écrits de proches de ces défunts. Il analyse les transformations de la figure sociale et politique du martyr, mais aussi les relations personnelles, genrées et émotionnelles entretenues avec les morts. Il interroge la nécro-violence, la catégorie de la victime et la légitimité des affects dans une histoire conflictuelle inachevée.
. Alain Dieckhoff, Israël-Palestine : une guerre sans fin ? - 2e édition, Paris, Armand Colin, mai 2022.
Ce livre s’adresse aux lecteurs souhaitant recueillir un point de vue distancié et objectif sur un sujet qui suscite passions et controverses. Juin 1967, une victoire empoisonnée pour Israël ? Que faire avec le Hamas ? Les États-Unis, un acteur partial ? La solution des deux États est-elle encore possible ? Le conflit israélo-palestinien soulève beaucoup de débats, de passions et de fantasmes. Il doit cette place singulière à son exceptionnelle durée, à la terre chargée de symboles religieux où il se déroule et aux protagonistes qui s’affrontent. Chacun peut avoir une opinion sur ce conflit, encore faut-il qu’elle repose sur une approche raisonnée de ses origines, de ses logiques et de ses dynamiques. Pour ne plus se contenter des idées reçues, l’auteur répond ici à vingt-deux questions essentielles.
. Daniel Moore, Offensive Cyber Operations. Understanding Intangible Warfare, Londres, Hurst Publishers, mai 2022.
Cyber-warfare is often discussed, but rarely truly seen. When does an intrusion turn into an attack, and what does that entail ? How do nations fold offensive cyber operations into their strategies ? Operations against networks mostly occur to collect intelligence, in peacetime. Understanding the lifecycle and complexity of targeting adversary networks is key to doing so effectively in conflict.
Rather than discussing the spectre of cyber war, Daniel Moore seeks to observe the spectrum of cyber operations. By piecing together operational case studies, military strategy and technical analysis, he shows that modern cyber operations are neither altogether unique, nor entirely novel. Offensive cyber operations are the latest incarnation of intangible warfare–conflict waged through non-physical means, such as the information space or the electromagnetic spectrum.
Not all offensive operations are created equal. Some are slow-paced, clandestine infiltrations requiring discipline and patience for a big payoff ; others are short-lived attacks meant to create temporary tactical disruptions. This book first seeks to understand the possibilities, before turning to look at some of the most prolific actors : the United States, Russia, China and Iran. Each has their own unique take, advantages and challenges when attacking networks for effect.
. Hugo Meijer, Awakening to China’s Rise. European Foreign and Security Policies toward the People’s Republic of China. Oxford, Oxford University Press, juillet 2022.
Awakening to China’s Rise provides the most comprehensive analysis to date of how Europe’s major powers have responded to the re-emergence of China as a great power in world politics since the end of the Cold War. To do so, it puts forward a unique cross-regional comparison of how the major European powers (France, Germany and the United Kingdom) have confronted Chinese assertiveness both in the Asia-Pacific and in Europe. Firstly, it analyses their response to China’s increasingly muscular regional posture in the Asia-Pacific through the development of diplomatic and security initiatives with partners in the region. Secondly, it delineates how they have confronted China’s inroads into Europe, looking at the measures that they have taken to tackle Chinese investments in, and supply of, technologies in strategic sectors such as critical national infrastructures, dual-use technologies, and in the digital domain, including Huawei’s 5G networks. A longstanding assumption in the IR literature has been that European foreign policies toward the People’s Republic of China have been driven by a ’naïve’ and self-interested focus on the economic opportunities presented by such a vast market, overlooking security considerations. This book challenges such common belief through a detailed examination of the policies of France, Germany and the United Kingdom from 1989 to the present. Its central argument is that, whereas this assessment aptly characterized the first two post-Cold War decades, Beijing’s growing assertiveness after 2009 caused the three major European powers to awaken to China’s rise. In the 2010s, heightened threat perceptions of China, coupled with increasingly competitive bilateral economic relations with the PRC, have gradually and cumulatively caused the hardening of their policy goals which, in turn, translated into the formulation of new policy instruments to confront such a challenge. To substantiate this argument, the book relies on a large body of previously undisclosed primary sources, including : 223 interviews conducted with senior officials in Europe (Berlin, Brussels, London, Paris), in the United States (Washington DC), and in Asia (Beijing, Shanghai, New Delhi, Seoul) ; declassified archival documents from France, the UK and Germany ; leaked US diplomatic cables ; and new data on European naval deployments.
. Isaías Barreñada, Breve historia del Sahara Occidental, Madrid, Catarata, juin 2022.
El Sahara Occidental es un ilustrativo ejemplo de conflicto que la comunidad internacional ha dejado deteriorarse. Como ha señalado Naciones Unidas, este conflicto no concita un verdadero esfuerzo de la comunidad internacional porque pasa desapercibido, no toca intereses duros de las potencias globales y, aparentemente, no supone un riesgo para la paz y la seguridad internacional. En la actualidad, dos terceras partes del territorio del Sahara Occidental están ocupadas ilegalmente por Marruecos, donde ha implantado colonos y explota los recursos naturales, mientras cerca de 200.000 saharauis malviven en los campamentos de refugiados en el suroeste de Argelia. Además, desde noviembre de 2020 se han retomado las hostilidades armadas entre el Frente Polisario y Marruecos. Por otra parte, el Sahara Occidental es uno de los grandes temas pendientes de la historia reciente de España. El tardofranquismo entregó su última colonia y a su población a Marruecos, incumpliendo con sus obligaciones y compromisos con Naciones Unidas. Desde entonces, España se ha alineado con el ocupante y ha sido una pieza clave en la impunidad creada. Este libro no pretende recapitular de manera exhaustiva la historia de los saharauis ni es una explicación lineal y clásica del conflicto. Busca dar elementos para entender lo que está ocurriendo, y para ello presenta distintos aspectos de la realidad contemporánea saharaui y muestra cómo sigue siendo una cuestión relevante para España.
. Işıl Erdinç, Benjamin Gourisse (dir.), La domination politique en Turquie. Une analyse relationnelle, Paris, Karthala, juin 2022.
Ce livre analyse les reconfigurations du politique en Turquie en mettant à l’épreuve différentes perspectives et en proposant de nouveaux questionnements, élaborés principalement à partir d’enquêtes qualitatives sur la Turquie et de réflexions théoriques construites sur d’autres terrains.
En observant les ramifications économiques, confessionnelles, ethniques et sociales de la domination politique et de sa contestation, les historiens, anthropologues, sociologues et politistes rassemblés ici étudient notamment : les modalités de structuration et de reproduction des champs du pouvoir ; les processus d’autonomisation et de perte d’autonomie des institutions et des champs sociaux ; les modes de légitimation et de contestation des ordres politiques. Ce faisant, les contributions portent sur les intermédiaires de gouvernement, les maires de quartier, les stratégies syndicales, les manifestations, les politiques publiques, les madrasas clandestines kurdes, la démilitarisation de la politique étrangère et la répression menée par l’État à l’encontre de ses opposants à l’étranger.
L’ouvrage apporte ainsi une contribution importante aux débats en sciences sociales relatifs à la recomposition des États et des modes de gouvernement, à l’hybridation des régimes politiques, aux compétitions/coopération entre différentes échelles de pouvoirs et à l’articulation des dynamiques locales, nationales et internationales dans la pérennisation et la contestation des rapports de domination politique.
. Pierre Fuller, Modern Erasures. Revolution, the Civilizing Mission, and the Shaping of China’s Past,Cambridge, Cambridge University Press, mars 2022.
Modern Erasures is an ambitious and innovative study of the acts of epistemic violence behind China’s transformation from a semi colonized republic to a Communist state over the twentieth century. Pierre Fuller charts the pedigree of Maoist thought and practice between the May Fourth movement of 1919 and the peak of the Cultural Revolution in 1969 to shed light on the relationship between epistemic and physical violence, book burning and bloodletting, during China’s revolutions. Focusing on communities in remote Gansu province and the wider region over half a century, Fuller argues that in order to justify the human cost of revolution and the building of the national party-state, a form of revolutionary memory developed in China on the nature of social relations and civic affairs in the recent past. Through careful analysis of intellectual and cultural responses to, and memories of, earthquakes, famine and other disaster events in China, this book shows how the Maoist evocation of the ’old society’ earmarked for destruction was only the most extreme phase of a transnational, colonial-era conversation on the ’backwardness’ of rural communities.
. Nicolas Werth, Poutine historien en chef,Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, mai 2022.
Le 24 février 2022, l’opinion mondiale découvre avec stupeur le discours de Vladimir Poutine justifiant l’invasion de l’Ukraine, au prétexte de faire cesser un « génocide » exercé par un régime qu’il convient de « dénazifer ». Cette extraordinaire falsification de l’histoire s’inscrit dans le droit fil du grand récit national construit au cours des vingt dernières années par Vladimir Poutine et dont l’ONG Mémorial fit les frais en 2021. Ce récit, exaltant la grandeur d’une « Russie éternelle » face à un Occident agressif et décadent, n’admet aucune contestation pour servir les intérêts géopolitiques d’un régime dictatorial et répondre aux attentes d’une société désorientée suite à l’effondrement du système soviétique. Ce livre éclaire les origines de cette distorsion des faits historiques et la façon dont elle est mise en œuvre pour légitimer la première guerre du XXIe siècle sur le continent européen.
. Anthony Guyon, Les tirailleurs sénégalais - De l’indigène au soldat de 1857 à nos jours, Paris, Perrin, juin 2022.
La première histoire globale d’un corps d’armée mythique. Créé par décret impérial en juillet 1857, le premier bataillon de tirailleurs n’a de sénégalais que le nom : en effet, ce corps de militaires constitué au sein de l’empire colonial français regroupe en réalité toute la " force noire " - c’est-à-dire les soldats africains de couleur qui se battent pour la France. Si les études portant sur le rôle des tirailleurs sénégalais dans les deux conflits mondiaux sont légion, rares sont les ouvrages qui retracent toute leur histoire, de la création de ce corps au XIXe siècle à sa dissolution en 1960.
S’intéressant aux trajectoires collectives comme aux destins individuels (le militant Lamine Senghor, le résistant Addi Bâ ou encore le Français libre Georges Koudoukou), Anthony Guyon propose ici la première synthèse globale sur le sujet. Il revient sur les moments de gloire de cette armée - comme la défense de Reims en 1918, la bataille de Bir Hakeim en 1942 ou l’opération Anvil en 1944 -, autant que sur les tragédies qui jalonnent également son parcours (citons notamment les terribles massacres commis par la Wehrmacht à leur encontre lors de la campagne de France).
Loin des habituels clichés qui font que, aujourd’hui encore, l’iconographie dégradante incarnée par " Y’a bon Banania " demeure l’un des premiers éléments associés à l’identité des tirailleurs sénégalais, cet ouvrage à la fois complet et accessible illustre toute la complexité de leur position à mi-chemin entre les sociétés coloniales et l’autorité métropolitaine. A mettre entre toutes les mains.
. Bruno Charbonneau, Maxime Ricard, Routledge Handbook of African Peacebuilding, Londres, Routledge, mai 2022.
Africa lies at the centre of the international community’s peacebuilding interventions, and the continent’s rich multitude of actors, ideas, relationships, practices, experiences, locations, and contexts in turn shapes the possibilities and practices of contemporary peacebuilding. This timely new handbook surveys and analyses peacebuilding as it operates in this specifically African context.
The book begins by outlining the evolution and the various ideologies, conceptualizations, institutions, and practices of African peacebuilding. It identifies critical differences in how African peacebuilders have conceptualized and operationalized peacebuilding. The book then considers how different actors sustain, construct, and use African infrastructure to identify and analyse converging, differing, or competing mandates, approaches, and interests. Finally, it analyses specific thematic issues such as gender, justice, development, democracy, and the politics of knowledge before ending with in-depth analyses of case studies drawn from across the continent.
Bringing together an international line-up of expert contributors, this book will be an essential read for students and scholars of African politics, post-conflict reconstruction, security, and peace and conflict studies.
. David H. Ucko, The Insurgent’s Dilemma. A Struggle to Prevail. Londres, Hurst Publishers, mars 2022.
Despite attracting headlines and hype, insurgents rarely win. Even when they claim territory and threaten governmental writ, they typically face a military backlash too powerful to withstand. States struggle with addressing the political roots of such movements, and their military efforts mostly just ‘mow the grass’ ; yet, for the insurgent, the grass is nonetheless mowed–and the armed project must start over. This is the insurgent’s dilemma : the difficulty of asserting oneself, of violently challenging authority, and of establishing sustainable power.
In the face of this dilemma, some insurgents are learning new ways to ply their trade. With subversion, spin and disinformation claiming centre stage, insurgency is being reinvented, to exploit the vulnerabilities of our times and gain new strategic salience for tomorrow. As the most promising approaches are refined and repurposed, what we think of as counterinsurgency will also need to change.
The Insurgent’s Dilemma explores three particularly adaptive strategies and their implications for response. These emerging strategies target the state where it is weak and sap its power, sometimes without it noticing. There are options for response, but fresh thinking is urgently needed–about society, legitimacy and political violence itself.
. Mariel Reiss, Constructing the East African Community. Diffusion from African and European Regional Organizations, Londres, Routledge, mai 2022.
This book provides a systematic analysis of the establishment and decision-making processes concerning the institutional design of the East African Community (EAC) throughout the 1990s and discusses to what extent these were impacted and inspired by other regional organizations from Africa and Europe.
Analysing the decision-making processes that led to the set-up of the EAC, the book explores the extent to which they were impacted by several other regional organizations, namely the Organization of African Unity (OAU), the Common Market for Eastern and Southern Africa (COMESA), the Southern African Development Community (SADC), the European Union (EU), and the first EAC. The findings indicate that the relevant east African state and non-state actors adopted substantial aspects from the first EAC, the EU, and the COMESA and adapted them to set up the current EAC. This book demonstrates that the perception of other regional organizations and their institutional design considerably effected the construction of the EAC ; here, its own past provided crucial learning objectives, which challenges the notion of mimicry or replica regional organizations of the EU in the Global South.
This work will be of particular interest to scholars and students of regional and international organizations, international relations, multilevel governance approaches as well as diffusion literature.
. Thomas Boccon-Gibod, Alban Mathieu, Monnaie, souveraineté et démocratie, Paris, Gallimard, juin 2022.
À l’heure où une nouvelle crise économique heurte de plein fouet les sociétés globalisées, une réflexion sur l’articulation du politique et de l’économique est plus que jamais indispensable. La monnaie est l’objet incontournable pour penser une telle articulation.
Quelles sont les origines du lien entre la monnaie et le pouvoir de l’État ? Comment celui-ci est-il susceptible, néanmoins, d’insuffler des principes démocratiques dans l’économie de marché ? Quelles perspectives, enfin, se dessinent pour penser la monnaie face aux enjeux sociaux et environnementaux du futur ?
Pour apporter des réponses à ces questions, l’ouvrage réunit des contributions de disciplines variées, de la philosophie à l’économie en passant par la sociologie politique.
. François Nicoullaud, Des atomes, des souris et des hommes. France-Iran : leurs relations nucléaires jusqu’à l’accord de Vienne,Paris, Hémisphères Éditions, juin 2022.
Le nucléaire iranien : une histoire française ? Dans les années 1970, la France fut un ardent promoteur du programme nucléaire iranien : formation d’ingénieurs au CEA, construction de centrales, partenariat pour enrichir l’uranium. Hommes politiques et entreprises françaises se succèdent à Téhéran et rivalisent pour bénéficier des pétrodollars et des ambitions régionales du chah. On ne se préoccupe pas trop des risques de prolifération.
La révolution iranienne de 1979 met un terme à cette euphorie. Les contentieux financiers se mêlent alors aux conflits politiques liés à la guerre Irak-Iran : attentats à Paris, prises d’otages au Liban. Derrière les drames et les discours politiques, le vrai cœur du conflit, c’est le nucléaire.
A partir de 2002, la dimension militaire du programme nucléaire iranien devient un enjeu international. A Paris, ceux qui approuvent la politique américaine de sanctions et les menaces de guerre contre l’Iran s’opposent aux partisans d’une approche réaliste et diplomatique. Guerre ou diplomatie ? Le Quai d’Orsay n’était pas toujours sur la même ligne que l’Elysée.
François Nicoullaud a été le témoin de ces tractations secrètes, des dessous du terrorisme, des coups tordus entre Français, des opérations médiatiques mensongères, et l’un des acteurs des négociations qui ont abouti à l’Accord de Vienne en 2015. Dans ce livre posthume, il fait œuvre d’historien, archives diplomatiques et témoins à l’appui, et intervient dans le débat en affirmant ses convictions de diplomate et d’homme de paix que certains ont cherché à lui faire payer. Un vrai roman politico-diplomatique et historique, rédigé d’une plume élégante, sans fard et avec cœur.
. Jean-François Daguzan, Le cerisier d’Ezo. Un samouraï français, Roman historique, éd. Balland, 2022.
En 1867, l’Empereur Napoléon III envoie une mission de formation et modernisation militaire au Shogun Tokugawa Yoshinobu, dont la famille tient le Japon depuis plus de trois cents ans. Mais ce pouvoir vit ses derniers mois et les hommes se retrouvent plongés dans une terrible guerre civile qui va conduire à la destitution du Shogun et au retour du pouvoir de l’Empereur Meiji en 1868.
La quinzaine de Français est ballotée au gré de ces évènements tragiques. L’un d’entre eux, Jules Brunet, polytechnicien et capitaine de l’artillerie de la Garde, prend fait et cause pour ceux qui combattent le rétablissement de l’empire, déserte, et part lutter à leurs côtés jusqu’à créer une éphémère République dans l’île japonaise du Nord, Ezo (aujourd’hui Hokkaïdo).
Ce livre conte l’incroyable histoire à peine romancée de Brunet et de ses hommes. Batailles, trahisons, complots et histoires d’amour se conjuguent pour offrir une folle épopée lyrique dont la réalité dépasse souvent la fiction.
Cette histoire a inspiré Hollywood, qui a transposé l’histoire dix ans plus tard, avec pour héros un officier américain interprété par Tom Cruise dans « Le dernier samouraï » d’Edward Zwick, en 2004.
Or le “vrai" dernier samouraï était Jules Brunet, et voici son extraordinaire histoire.
. Fuego en el horizonte, España en la nueva geopolítica mundial, Madrid, Esfera de los Libros, juin 2022.
Descifrando la Guerra, uno de los medios de comunicación digitales más influyentes en materia geopolítica, traza en este libro la transición entre el viejo orden mundial unipolar y el nuevo, en el que múltiples potencias se disputarán el poder internacional en cinco escenarios que podrían ser clave para el futuro del mundo : Europa, el Sahel, el Mediterráneo oriental, Latinoamérica y Estados Unidos-China.
Además, se analiza con especial atención la posición actual de España y el rol que puede desempeñar en un nuevo orden multipolar de configuración incierta y consecuencias todavía imprevisibles.
Un libro revelador y fundamental para comprender el contexto, la historia y los fenómenos sociopolíticos y económicos que ocupan nuestro presente y moldean nuestro futuro.
. Hadi Dolatabadi, Droite et gauche en Iran. De la culture à la politique. Paris, L’Harmattan, mai 2022.
Nées durant les tumultes de la Révolution française, les notions « droite » et « gauche » font office de passe-partout politique. Or, leur dualité s’est associée à des idées et des politiques qui ne sont pas restées les mêmes d’une société à l’autre. L’Iran a accueilli, entre autres apports occidentaux et français, la dichotomie droite-gauche dans le discours politique. Bien que nouveaux dans ce champ, « droite » et « gauche » véhiculent avant tout des sens et des valeurs associés à la langue et la culture iraniennes. Cet ouvrage présente les aspects linguistiques, culturels et religieux liés aux équivalents de ces concepts en persan, avant de s’intéresser à leur insertion dans le monde politique iranien au lendemain de la Révolution constitutionnelle. Sont ensuite examinées les étapes de ce discours ainsi que la vie des forces politiques sous la monarchie des Pahlavis et la République islamique.
. Jérôme Tournadre, The Politics of the Near : On the Edges of Protest in South Africa, New York, Fordham University Press, mai 2022.
The Politics of the Near offers a novel approach to social unrest in post-apartheid South Africa. Keeping the noise of demonstrations, barricades, and clashes with the police at a distance, this ethnography of a poor people’s movement traces individual commitments and the mainsprings of mobilization in the ordinary social and intimate life of activists, their relatives, and other township residents.
Tournadre’s approach picks up on aspects of activists’ lives that are often neglected in the study of social movements that help us better understand the dynamics of protest and the attachment of activists to their organization and its cause. What Tournadre calls a “politics of the near” takes shape, through sometimes innocuous actions and beyond the separation between public and domestic spheres.
By mapping the daily life of Black and low-income neighborhoods and the intimate domain where expectations and disappointments surface, The Politics of the Near offers a different perspective on the “rainbow nation”—a perspective more sensitive to the fact that, three decades after the end of apartheid, poverty and race are still as tightly interwoven as ever.
. Maïka Sondarjee, Perspectives féministes en relations internationales, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, mai 2022.
« La politique internationale est un monde d’hommes », disait en 1988 la féministe étatsunienne Ann Tickner, théoricienne des relations internationales. Il semble que cette constatation soit toujours d’actualité quelque trente années plus tard. Dès la création de la première chaire de recherche dans ce domaine, en 1919, c’est une vision masculine et occidentale du monde qui a prédominé. Les choses sont en train de changer, lentement, avec la place de plus en plus grande que prennent divers groupes de femmes au sein des facultés universitaires et des instances de pouvoir, et ce, partout dans le monde.
Cet ouvrage au pari ambitieux – relevé avec brio – présente la variété et la richesse méthodologique et théorique des perspectives féministes sur les relations internationales, qui déconstruisent un certain récit conservateur de la discipline et offrent une vision approfondie des débats internationaux. Vingt-neuf chercheuses et deux chercheurs d’une douzaine de pays, associés à une vingtaine d’institutions, proposent des contributions sur la gouvernance mondiale, l’économie politique, la sécurité internationale et les mouvements transnationaux dans leur imbrication avec le genre, l’hétéronormativité, le racisme systémique, le colonialisme, les enjeux autochtones ou l’immigration.
. Safietou Diack, Eurafrique. Les jeunes de la rue à Dakar. Être faqman, entre marginalisation et reconnaissance sociale, Paris, Karthala, avril 2022.
À Dakar (Sénégal), des enfants et des jeunes ont investi des recoins abandonnés de l’espace public. Ils vivent de mendicité, de récupération, de petits travaux, mais également de pratiques à la limite de la légalité (vols, consommation de stupéfiants…). Communément désignés par le terme de faqman (fugueur), ces jeunes quittent leur famille ou leur daara (école coranique) pour la rue.
Leur apparence, leurs comportements, leurs activités, mais surtout la perception qu’en ont les populations, leur valent d’être mis en marge et stigmatisés. Leur présence dans la rue est réprimée par les autorités publiques quand des acteurs humanitaires de leur côté proposent de les « réinsérer » dans la société. Qualifiés de marginaux qui quittent les cadres sociaux conventionnels pour développer dans la rue des « contre-valeurs », les faqman continuent toutefois de partager avec leurs concitoyens un même univers moral et symbolique.
Ce livre est une ethnographie de l’expérience que ces jeunes font de la rue. En s’intéressant au sens subjectif qu’ils donnent à leur présence dans les espaces publics, il déconstruit des approches de la figure du faqman jusque-là cantonné aux statuts de victime et de déviant.
. Michel Foucher, Ukraine-Russie : la carte mentale du duel, Coll. Tracts n°39, Gallimard, mai 2022.
« L’Ukraine est vue de Moscou comme la pièce essentielle d’un dispositif de protection à contrôler ou, au mieux, à neutraliser. » Michel Foucher.
Arpentant les contrées d’Europe médiane et orientale depuis une trentaine d’années, le géographe et diplomate Michel Foucher, spécialiste des frontières géopolitiques, analyse le confit russo-ukrainien en mettant au jour la cartographie mentale - historique, politique, territoriale et identitaire - du duel qui oppose les deux nations suite à l’agression fratricide lancée par Vladimir Poutine. Cette cartographie entre Baltique et mer Noire, étendue par ses causes et ses effets à l’Europe entière, porte l’empreinte d’une confrontation entre un passé qui ne veut pas passer - celui de la Russie, comme puissance autocratique et impériale - à un futur qui ne semble devoir naître que dans la résistance et la souffrance, celui de l’Ukraine comme État-nation souverain « inclinant vers le monde euroatlantique » (Havel). Un duel qui affecte gravement l’état du monde et dont le déroulement et l’issue nous concernent tous.
. Michel Niqueux. Le conservatisme russe aujourd’hui. Essai de généalogie. Presses universitaires de Caen, mai 2022.
Le conservatisme a été adopté en août 2009 comme idéologie officielle du parti du pouvoir de Vladimir Poutine, Russie unie, fondé en 2001. Poutine lui-même se définira comme conservateur en septembre 2013. Il s’agit là d’un retournement idéologique complet par rapport à l’époque soviétique, où les penseurs conservateurs étaient à l’index. Quelles sont les sources du conservatisme russe et ses caractéristiques, quel est aujourd’hui son rôle, sa place et sa spécificité par rapport aux (néo)-conservatismes d’Europe ou des États-Unis ?
C’est à ces questions, qui concernent l’Occident dans la mesure où le conservatisme se construit en opposition à lui et se veut un modèle à exporter, que tâche de répondre cette première histoire, en France, du conservatisme russe. Elle présente les différentes expressions, des plus modérées aux plus extrémistes, que le conservatisme a prises depuis le début du XIXe siècle, et replace le conservatisme officiel actuel dans la longue histoire politique et intellectuelle de la Russie.
. Bates Gill, Daring to Struggle : China’s Global Ambitions Under Xi Jinping, Oxford, Oxford University Press, mai 2022.
Increasingly powerful, prosperous and authoritarian, China under the leadership of Xi Jinping has become a more intense competitor across the globe — economically, technologically, diplomatically, militarily, and in seeking to influence people’s hearts and minds. But what does China ultimately want in the world ?
In this timely and illuminating book, internationally renowned China scholar Bates Gill explains the fundamental motivations driving the country’s more dynamic, assertive and risk-taking approach to the world under Xi Jinping. With original and perceptive analysis, Daring to Struggle focuses on six increasingly important interests for today’s China — legitimacy, sovereignty, wealth, power, leadership and ideas — and details how the determined pursuit of them at home and abroad profoundly shapes its foreign relationships, contributing to a more contested strategic environment in the Indo-Pacific and beyond.
Readers will gain richer insights on : the increasing role of the Chinese Communist Party in the country’s international affairs ; the looming risks of conflict in areas of contested sovereignty around China’s periphery ; Beijing’s dramatically changing approach to foreign economic relations ; its expanding use of economic leverage and military coercion ; China’s aspirations to greater leadership in global governance ; and the well-resourced promotion of its ideas, image and influence across the world.
. Brendon J. Cannon, Kei Hakata, Indo-Pacific Strategies. Navigating Geopolitics at the Dawn of a New Age. Londres, Routledge, mars 2022.
This book focuses on the Indo-Pacific region’s growing prominence as the world’s major powers gravitate toward this space to expand their influence.
With dynamic shifts taking place in the globe’s most strategically volatile region, Indo-Pacific Strategies aims at clarifying the geopolitics of the Indo-Pacific, expounded both as a strategic concept and nascent region, thus contributing to the burgeoning policy and academic debate. The book offers indispensable insights and appropriate remedies to maintain the rules-based international order as threatened by China’s increasingly assertive and bellicose posturing. It offers up-to-date analyses of Covid-19-related geopolitical trends, the strategies of various Indo-Pacific states against the backdrop of great power competition, the increasingly confrontational stance of Indo-Pacific states against China and the 2020 US election results.
This unique book presents deep insights into the roles of Eurasia, small island states, the Middle East and Africa, in addition to Australia, India, Japan and the US, thereby providing much needed comparative studies. It also closely investigates the strategic and tactical operationalization of the Indo-Pacific, making it an essential read for scholars, policymakers, students, and strategists in the field of international politics and Area Studies.
. Jason K. Stearns, The War That Doesn’t Say Its Name : The Unending Conflict in the Congo, Londres, Routledge, mars 2022.
What is Pan-Americanism ? People have been struggling with that problem for over a century. Pan-Americanism is (and has been) an amalgam of diplomatic, political, economic, and cultural projects under the umbrella of hemispheric cooperation and housed institutionally in the Pan-American Union, and later the Organization of American States. But what made Pan-Americanism exceptional ? The chapters in this volume suggest that Pan-Americanism played a central and lasting role in structuring inter-American relations, because of the ways in which the movement was reinvented over time, and because the actors who shaped it often redefined and redeployed the term. Through the twentieth century, new appropriations of Pan-Americanism structured, restructured, and redefined inter-American relations. Taken together, these chapters underscore two exciting new shifts in how scholars and others have come to understand Pan-Americanism and inter-American relations. First, Pan-Americanism is increasingly understood not simply as a diplomatic, commercial, and economic forum, but a movement that has included cultural exchange. Second, researchers, political leaders, and the media in several countries have traditionally conceived of Pan-Americanism as a mechanism of US expansionism. This volume reimagines Pan-Americanism as a movement built by actors from all corners of the Americas.
. Jeffrey Mankoff, Empires of Eurasia. How Imperial Legacies Shape International Security, New Haven, Yale University Press, juin 2022.
Eurasia’s major powers—China, Iran, Russia, and Turkey—increasingly intervene across their borders while seeking to pull their smaller neighbors more firmly into their respective orbits. While analysts have focused on the role of leaders such as Vladimir Putin and Recep Tayyip Erdoğan in explaining this drive to dominate neighbors and pull away from the Western-dominated international system, they have paid less attention to the role of imperial legacies. Jeffrey Mankoff argues that what unites these contemporary Eurasian powers is their status as heirs to vast terrestrial empires, whose collapse left all four states deeply entangled with the lands and peoples along their peripheries but outside their formal borders. Today, they have all found new opportunities to project power within and beyond their borders in patterns shaped by their respective imperial pasts.
. Peo Hansen, Stefan Jonsson, Eurafrique. Aux origines coloniales de l’Union européenne, Paris, La Découverte, mai 2022.
Alors que l’Europe, jadis triomphante, se trouve ravagée, appauvrie et divisée au sortir de la Première Guerre mondiale, un concept prometteur se diffuse dans les milieux dirigeants et intellectuels du Vieux Continent : l’Eurafrique !
Faire du continent africain le ferment de l’unité européenne : tel est le projet de Richard Coudenhove-Kalergi, chantre du mouvement paneuropéen, et de nombre de ses contemporains dans l’entre-deux-guerres. Le salut de l’Europe, affirment-ils, repose sur sa capacité à exploiter en commun les richesses des colonies africaines. Rivalisant avec la puissance montante des continents américain et asiatique, l’Eurafrique deviendra ainsi le pôle dominant de la géopolitique mondiale.
Le projet eurafricain, un temps caressé par les régimes fascistes, renaît de ses cendres après 1945 et inspire les « fondateurs » de l’Europe : Jean Monnet, Robert Schuman, Paul Henri Spaak, Konrad Adenauer. La France, principale puissance coloniale d’Europe continentale, joue alors un rôle essentiel. Malmené en Indochine puis en Algérie, Paris s’accroche à ses possessions africaines et fait de leur inclusion dans le marché commun européen une condition sine qua non à sa participation à la construction européenne.
C’est ce dossier qu’ouvrent Peo Hansen et Stefan Jonsson. Proposant une analyse inédite des négociations qui aboutiront à la signature du traité de Rome en 1957, ils dévoilent un pan méconnu de l’histoire de l’Union européenne : ses origines coloniales.
. Valérie Niquet, Taïwan face à la Chine. Vers la guerre ? Les clés pour comprendre, Paris, Éditions Tallandier, mai 2022.
Tensions, manœuvres et provocations se multiplient dans le détroit de Taïwan. Valérie Niquet nous donne les clés pour comprendre pourquoi l’île reste pour Xi Jinping, la « mère de toutes les batailles » et pourquoi les États-Unis se préparent à intervenir. Obsédé par son affirmation de puissance et la revanche sur le passé, le président chinois rêve de la « réunification de la patrie » d’ici 2049. Pourtant, l’ancienne Formose n’a jamais fait partie de la République populaire de Chine, son histoire est composée d’héritages divers : autochtones, populations venues du continent, colonisation japonaise… si bien qu’aujourd’hui seulement 5 % de ses habitants se « sentent chinois ». L’Empire du milieu se radicalise et se ferme tandis que Taipei apparaît comme de plus en plus légitime au reste du monde et sa non-reconnaissance à l’ONU comme une aberration. Sa modernité fondée sur l’esprit d’ouverture, l’innovation et la capacité d’adaptation et sa démocratisation accomplie sans violence à la fin des années 70 pourraient être demain un modèle alternatif plus performant et plus séduisant que le régime de Pékin. Mais le dynamisme et la résilience de ce David (23 millions d’habitants) face au Goliath chinois sont de moins en moins acceptables pour Xi Jinping qui brandit les menaces de « séparatisme » et attise les braises du nationalisme. Pour saisir tous les enjeux géopolitiques qui se jouent autour de Taïwan, il est nécessaire de comprendre son histoire, ses spécificités sociales, culturelles, économiques et politiques. C’est tout l’objectif de ce livre.
. Régis Genté, Stéphane Siohan, Volodymyr Zelensky. Dans la tête d’un héros, éd. Robert Laffont, mai 2022.
Depuis le 24 février 2022, 6 heure du matin, on ne voit plus guère le Président de l’Ukraine Volodymyr Zelensky qu’en pantalon de treillis et tee-shirt et veste kakis. Malgré les tentatives d’assassinat de la soldatesque russe, il est resté à la Bankova, le siège de la présidence en plein coeur de Kyiv, la capitale ukrainienne. Le décor pompeux de l’édifice est devenu surréaliste : les fenêtres ont été obturées de sacs de sable, les gardes du corps ont troqué le costume pour le gilet pare-balles, le Président Zelensky donne des interviews à la presse internationale mal rasé et assis sur les marches du hall d’entrée, au pied des imposantes colonnes.
C’est là que celui qui dirige l’ancienne république soviétique depuis 2019 s’est métamorphosé en chef de guerre, en l’incarnation de l’héroïsme de tout un peuple. C’est là qu’en quelques minutes, l’ancien comédien, jouant volontiers de sa petite taille et de ses mimiques, s’est imposé comme le commandeur d’un jeune pays âgé de 30 ans, qui lutte à la vie à la mort pour sa survie en tant qu’État-nation sur la carte de l’Europe.
Depuis ce 24 février, celui qui a tant fait rire ses plus de 43 millions de compatriotes joue la seule scène qu’il n’avait pas tournée dans sa série comique Slouga naroda (« Serviteur du Peuple ») : la scène de la guerre que lui a imposé Vladimir Poutine. Une scène tragique à souhait, cynique au possible, cruelle à l’extrême. Pour le reste, depuis sa belle élection de mai 2019, Volodymyr Zelensky, 43 ans, vivait sa présidence un peu comme il la jouait à l’écran, lorsqu’il incarnait Vassili Goloborodko, un petit professeur d’histoire devenu par accident Président dans l’Ukraine corrompu des oligarques.
Certes, la réalité l’avait déjà souvent rattrapé : les oligarques s’étaient montrés retors, Poutine s’était joué de sa naïveté de nouveau (vrai) Président, Donald Trump avait tenté de le faire chanter en exploitant une supposée affaire de corruption du fils de Joe Biden en Ukraine. Il aura fallu l’invasion de la Russie pour que cette fois, ce soit lui qui rattrape la réalité et fasse son entrée dans la grande histoire.
Quel est le vrai visage de cet homme arrivé en politique par effraction et sur les épaules duquel reposent une partie du destin de l’Europe ? Ce livre retrace le parcours du chef d’État le plus surprenant d’Europe de ce début de XXIe siècle, un destin qui se construit entre la fiction la plus légère et la réalité la plus brutale.
. Andrea Benvenuti, Chien-Peng Chung, Nicholas Khoo, Andrew Tan, China’s Foreign Policy. The Emergence of a Great Power, Londres, Routledge, mai 2022.
This volume explains China’s foreign policy from the perspective of its historical recovery after 1949 and the country’s subsequent rise as a great power, including its transformation into a global power. It also illuminates how China has, in tandem with its rise, developed an increasing array of political, economic, ‘sharp power’ and military capabilities that is helping it to further its increasingly expansive foreign policy objectives. The volume examines two key questions : What have been the implications of China’s rise for its foreign policy ? And how has an increasingly powerful and confident China used a range of foreign policy instruments to pursue its expanding national interests in Asia and beyond ?
The volume is divided into three parts, covering the conceptualization and drivers of China’s foreign policy, China’s relations with the world, and the instruments of China’s foreign policy, namely its economic power, military capabilities and its ‘sharp power’ manipulation of information and relationships. It will be of interest to academics, students and researchers interested in understanding China’s role in world politics.
. Charles-Eric Canonne, La stratégie de Pékin en Mer de Chine. Paris, L’Harmattan, avril 2022.
Les performances des armes modernes permettent de s’interroger sur les buts réels poursuivis par Pékin en mer de Chine méridionale car militariser des îlots n’augmente pas ses capacités militaires ; cet espace maritime n’est pas une réserve inépuisable de ressources halieutiques ou d’hydrocarbures, et les conséquences du réchauffement climatique vont remettre en question l’importance stratégique de cette mer. Il est probable que l’agitation qui y règne réponde à la nécessité d’assurer un accès permanent et discret des sous-marins vers les zones de patrouille et être un leurre pendant que Pékin développe les nouvelles routes de la soie.
Ce travail est articulé sur l’enchaînement de trois concepts : la géographie sur laquelle l’homme dispose de moyens d’action limités ; l’analyse géopolitique définie en fonction des buts à atteindre, et partiellement élaborée à partir des éléments géographiques ; la géostratégie qui est au service de la géopolitique et permet de réaliser cette dernière.
. Christopher R.W. Dietrich, Diplomacy and Capitalism. The Political Economy of U.S. Foreign Relations, Philadelphia, Penn Press, mai 2022.
At the same time as modern capitalism became an engine of progress and a source of inequality, the United States rose to global power. Hence diplomacy and the forces of capitalism have continually evolved together and shaped each other at different levels of international, national, and local transformations. Diplomacy and Capitalism focuses on the crucial questions of wealth and power in the United States and the world in the twentieth century. Through a series of wide-ranging case studies on the history of international political economy and its array of state and non-state actors, the volume’s authors analyze how material interests and foreign relations shaped each other. How did the rising and then disproportionate power of the United States and the actions of corporations, creditors, diplomats, and soldiers shape the twentieth-century world ? How did officials in the United States and other nations understand the relationship between foreign investment and the state ? How did people outside of the United States respond to and shape American diplomacy and political-economic policy ? In detailed discussions of the exchanges and entanglements of capitalism and diplomacy, the authors answer these crucial questions. In doing so, they excavate how different combinations of material interest, geopolitical rivalry, and ideology helped create the world we live in today. The book thus analyzes competing and shared visions of international capitalism and U.S. diplomatic influence in chapters that bring the book’s readers from the dawn of the twentieth century to its end, from Theodore Roosevelt to Ronald Reagan.
. Juan Pablo Scarfi, David M. K. Sheinin, The New Pan-Americanism and the Structuring of Inter-American Relations, Londres, Routledge, mars 2022.
What is Pan-Americanism ? People have been struggling with that problem for over a century. Pan-Americanism is (and has been) an amalgam of diplomatic, political, economic, and cultural projects under the umbrella of hemispheric cooperation and housed institutionally in the Pan-American Union, and later the Organization of American States. But what made Pan-Americanism exceptional ? The chapters in this volume suggest that Pan-Americanism played a central and lasting role in structuring inter-American relations, because of the ways in which the movement was reinvented over time, and because the actors who shaped it often redefined and redeployed the term. Through the twentieth century, new appropriations of Pan-Americanism structured, restructured, and redefined inter-American relations. Taken together, these chapters underscore two exciting new shifts in how scholars and others have come to understand Pan-Americanism and inter-American relations. First, Pan-Americanism is increasingly understood not simply as a diplomatic, commercial, and economic forum, but a movement that has included cultural exchange. Second, researchers, political leaders, and the media in several countries have traditionally conceived of Pan-Americanism as a mechanism of US expansionism. This volume reimagines Pan-Americanism as a movement built by actors from all corners of the Americas.
. Mansoor Ahmed, Pakistan’s pathway to the bomb. Ambitions, Politics, and Rivalries, Georgetown, Georgetown University Press, mai 2022.
A groundbreaking account of Pakistan’s rise as a nuclear power draws on elite interviews and primary sources to challenge long-held misconceptions
Pakistan’s pathway to developing nuclear weapons remains shrouded in mystery and surrounded by misconceptions. While it is no secret why Pakistan became a nuclear power, how Pakistan became a nuclear state has been obscured by mythmaking.
In Pakistan’s Pathway to the Bomb, Mansoor Ahmed offers a revisionist history of Pakistan’s nuclear program and the bureaucratic politics that shaped its development from its inception in 1956 until the 1998 nuclear tests. Drawing on elite interviews and previously untapped primary sources, Ahmed offers a fresh assessment of the actual and perceived roles and contributions of the scientists and engineers who led the nuclear program. He shows how personal ambitions and politics within Pakistan’s strategic enclave generated inter-laboratory competition in the nuclear establishment, which determined nuclear choices for the country for more than two decades. It also produced unexpected consequences such as illicit proliferation to other countries largely outside of the Pakistani state’s control.
As Pakistan’s nuclear deterrent program continues to grow, Pakistan’s Pathway to the Bomb provides fresh insights into how this nuclear power has evolved in the past and where it stands today. Scholars and students of security studies, Pakistani history, and nuclear proliferation will find this book to be invaluable to their understanding of the country’s nuclear program, policies, and posture.
. Melani Cammett, Pauline Jones, The Oxford Handbook of Politics in Muslim Societies, Oxford, Oxford University Press, mai 2022.
Muslim societies are largely absent from the study of religion and politics in the social sciences, despite the common presumption that religion exercises a colossal influence on social, political, and economic outcomes in predominantly Muslim countries. This volume utilizes real-world events and newly available data to more fully integrate the study of politics in Muslim societies into mainstream comparative analytical frameworks. Moreover, it explores the extent to which theories about core topics of inquiry in political science apply to Muslim societies. The aim is to interrogate rather than presume both whether and how Islam and Muslims are distinct from other religions and religious communities. Through forty chapters by leading specialists, the Oxford Handbook of Politics in Muslim Societies examines a wide range of topics concerning regimes and regime change, electoral politics, political attitudes and behavior beyond voting, social mobilization, economic performance and development outcomes, and social welfare and governance. The Handbook also shifts focus away from the Arab world as the barometer of politics in the Muslim world, recognizing that the Islamic world spans several regions, including Africa, Southeast Asia, South Asia, and Central Asia. This expanded geography enables a thorough investigation of which relationships, if any, hold across Muslim majority states in different regions of the world.
. Axel Dreher, Andreas Fuchs, Bradley Parks, Austin Strange, Michael J. Tierney, Banking on Beijing. The Aims and Impacts of China’s Overseas Development Program. Cambridge, Cambridge University Press, mai 2022.
China is now the lender of first resort for much of the developing world, but Beijing has fuelled speculation among policymakers, scholars, and journalists by shrouding its grant-giving and lending activities in secrecy. Introducing a systematic and transparent method of tracking Chinese development projects around the world, this book explains Beijing’s motives and analyses the intended and unintended effects of its overseas investments. Whereas China almost exclusively provided aid during the twentieth century, its twenty-first century transition from ’benefactor’ to ’banker’ has had far-reaching impacts in low-income and middle-income countries that are not widely understood. Its use of debt rather than aid to bankroll big-ticket infrastructure projects creates new opportunities for developing countries to achieve rapid socio-economic gains, but it has also introduced major risks, such as corruption, political capture, and conflict. This book will be of interest to policymakers, students and scholars of international political economy, Chinese politics and foreign policy, economic development, and international relations.
. Christian Lequesne, Ministries of Foreign Affairs in the World. Actors of State Diplomacy, Boston, Brill, mars 2022.
Ministries of foreign affairs are prominent institutions at the heart of state diplomacy. Although they have lost their monopoly on the making of national foreign policies, they still are the operators of key practices associated with diplomacy : communication, representation and negotiation. Often studied in a monographic way, ministries of foreign affairs are undergoing an adaptation of their practices that require a global approach. This book fills a gap in the literature by approaching ministries of foreign affairs in a comparative and comprehensive way. The best international specialists in the field provide methodological and theoretical insights into how best to study institutions that remain crucial for the world diplomacy.
. Guillaume Devin, Les organisations internationales entre intégration et différenciation, Paris, Armand Colin, février 2022.
Depuis deux siècles, les organisations internationales incarnent les espoirs et les déceptions de la coopération internationale. L’augmentation de leur nombre et l’extension de leurs compétences sont spectaculaires. Le phénomène est devenu un fait politique et social majeur des relations internationales contemporaines. Tantôt il témoigne du rapprochement des acteurs internationaux, tantôt il révèle toutes les différences qui les séparent.
L’un ne va pas sans l’autre. C’est le paradoxe des organisations internationales : contribuer au bien commun tout en servant les intérêts particuliers.
Ce livre, sans équivalent en langue française, fait le choix d’une approche globale. Au-delà des trajectoires singulières des organisations internationales, il en saisit le mouvement général et propose une nouvelle manière de lire la transformation des relations internationales.
. Kevin P. Riehle, Russian Intelligence. A Case-based Study of Russian Services and Missions Past and Present, Washington, National Intelligence, mai 2022.
This book presents a comprehensive analysis of the relations between US philanthropic foundations (in particular the Rockefeller Foundation and the Carnegie Endowment for International Peace) and the League of Nations.
Generations of students and scholars have learned that the US, having played a key role in the creation of the League of Nations in 1919, did not join the organization and stood aloof from its activities during the whole interwar period. This book questions this idea and argues that, even though the US was not a de jure member of the League of Nations, the financial, human, and intellectual investment of foundations brought about the de facto integration of the US within the League system and also modified the latter’s architecture. The book describes the Americanization of the League and shows how it resulted from three strategies pursued throughout the interwar period : that of US foundations, that of the Secretariat, and that of the US federal government. The book also shows the limits of this Americanization and analyzes the role of the European experts in the coproduction of the postwar international order together with the US government.
This book will be of interest to historians and political scientists, as well as undergraduate and graduate students in interdisciplinary programs of international relations.
. Liliana B. Andonova, Moira V. Faul, Dario Piselli, Partnerships for Sustainability in Contemporary Global Governance. Pathways to Effectiveness, Londres, Routledge, mai 2022.
Partnerships for Sustainability in Contemporary Global Governance investigates the goals, ideals, and realities of sustainability partnerships and offers a theoretical framework to help disentangle the multiple and interrelated pathways that shape their effectiveness.
Partnerships are ubiquitous in research and policy discussions about sustainability and are important governance instruments for the provision of public goods. While partnerships promise a great deal, there is little clarity as to what they deliver. If partnerships are to break free from this paradox, more nuance and rigor are required for understanding and assessing their actual effects. This volume applies its original framework to diverse empirical cases and could be extended both to broader data sets and case studies of partnerships. The dual contribution of this volume, theoretical and empirical, holds promise for a more thorough and innovative understanding of the pathways to partnership effectiveness and the conditions that can shape their performance. The broad range of case studies and cross-cutting analyses suggest important practical implications for the design of new partnerships and the updating of existing initiatives.
This interdisciplinary book will be of great interest to researchers, students, and practitioners within international relations, political science, sociology, environmental studies and global studies, as well as the growing number of scholars in public policy, global health and organizational and business studies who are keen to gain a deeper understanding of the pathways and mechanisms that influence the outcomes and effectiveness of cross-sector collaboration and transnational governance more broadly.
. Niklas Bremberg, August Danielson, Elsa Hedling, Anna Michalski, The Everyday Making of EU Foreign and Security Policy Practices, Socialization and the Management of Dissent, Northampton, Edward Elgar, février 2022.
This cutting-edge book explores the practices and socialization of the everyday foreign policy making in the European Union (EU), focusing on the individuals who shape and implement the Common Foreign and Security Policy despite a growing dissension among member states.
The authors provide theoretically informed analyses based on up-to-date empirical material from the Political and Security Committee, Council working groups, the European External Action Service, EU delegations, military and civilian missions and operations and EU member state embassies. They illustrate the ways in which European foreign policy is shaped through the daily work of diplomats, exploring the communities of practice that are formed in the process of policy-making in the EU. Combining socialization and practice approaches, the book offers an innovative take on the motivations behind integration at a time of European discord.
Providing a unique inside account of diplomatic practices and the coordination of EU foreign policy, this insightful book is crucial reading for students of political science and international relations at all levels seeking to better understand the minutiae of formulating and coordinating EU foreign and security policy. Its empirical analyses will also benefit scholars and researchers interested in European integration and socialization in international organizations, as well as practitioners, such as diplomats and European civil servants.
. Michel Foucher, Ukraine-Russie. La carte mentale du duel, Paris, Gallimard, mai 2022.
Arpentant les contrées d’Europe médiane et orientale depuis une trentaine d’années, le géographe et diplomate Michel Foucher, spécialiste des frontières géopolitiques, analyse le conflit russo-ukrainien en mettant au jour la cartographie mentale – historique, politique, territoriale et identitaire – du duel qui oppose les deux nations suite à l’agression fratricide lancée par Vladimir Poutine. Cette cartographie entre Baltique et mer Noire, étendue par ses causes et ses effets à l’Europe entière, porte l’empreinte d’une confrontation entre un passé qui ne veut pas passer – celui de la Russie, comme puissance autocratique et impériale – à un futur qui ne semble devoir naître que dans la résistance et la souffrance, celui de l’Ukraine comme État-nation souverain « inclinant vers le monde euroatlantique » (Havel). Un duel qui affecte gravement l’état du monde et dont le déroulement et l’issue nous concernent tous.
. Ayşe Zarakol, Before the West. The Rise and Fall of Eastern World Orders. Cambridge, Cambridge University Press, février 2022.
How would the history of international relations in ’the East’ be written if we did not always read the ending – the Rise of the West and the decline of the East – into the past ? What if we did not assume that Asia was just a residual category, a variant of ’not-Europe’, but saw it as a space with its own particular history and socio-political dynamics, not defined only by encounters with European colonialism ? How would our understanding of sovereignty, as well as our theories about the causes of the decline of Great Powers and international orders, change as a result ? For the first time, Before the West offers a grand narrative of (Eur)Asia as a space connected by normatively and institutionally overlapping successive world orders originating from the Mongol Empire. It also uses that history to rethink the foundational concepts and debates of international relations, such as order and decline.
. Christoph N. Vogel, Conflict Minerals, Inc. War, Profit and White Saviourism in Eastern Congo, Londres, Hurst Publishers, mai 2022.
In the twenty-first century, the relationship between violent conflict and natural resources has become a matter of intense public and academic debate. As a result of fervent activism and international campaigning, the flagship case of ‘conflict minerals’ has captured global attention. This term groups together the artisanal tin, tantalum (coltan), tungsten and gold originating from war zones in Central Africa.
Known as ‘digital minerals’ for their use in high-end technology, their exploitation and trade has been singled out in numerous media and United Nations reports as a key driver of violence, provoking an unprecedented popular outcry and prompting transnational efforts to promote ‘conflict-free’, ethical mining. Focusing on the eastern Democratic Republic of the Congo, Conflict Minerals, Inc. is the first comprehensive analysis of this phenomenon.
Based on meticulous investigation and long-term fieldwork, this book analyses why the campaign against ‘unethical’ mining went awry, and radically disrupted eastern Congo’s political economy. It dissects the evolution of the conflict minerals paradigm, the policy responses it triggered and their impact on artisanal miners. Vogel demonstrates how Western advocacy and policy have relied on colonial frames to drive change, and how White Saviorism perpetuates structural violence and inequality across global supply and value chains.
. Eve Cuenca, L’Iran et le Pakistan. Défis régionaux et initiatives de coopération (1979-2002), Paris, L’Harmattan, avril 2022.
L’Iran et le Pakistan entretiennent une relation complexe. Au-delà des multiples déclarations d’amitié et d’une fraternité islamique ostensiblement répétée, leurs intérêts nationaux rentrent bien souvent en compétition. Malgré ces divergences, et malgré le tournant décisif de la Révolution iranienne de 1979 qui repense en profondeur la politique étrangère iranienne, le Pakistan, allié d’hier sous le parapluie américain, demeure aujourd’hui un partenaire stratégique du régime iranien. « Regard vers l’Est » iranien, influence culturelle et religieuse au « Pays des Purs », nouveaux projets économiques et commerciaux... Téhéran et Islamabad multiplient les initiatives. Dès lors, comment expliquer la proximité durable des deux pays ? Quelles voies de coopération s’ouvrent à eux et avec quelles répercussions pour l’Asie de l’Ouest et l’Asie centrale ?
. Joost Pauwelyn, Martino Maggetti, Tim Büthe, Ayelet Berman, Rethinking Participation in Global Governance, Oxford, Oxford University Press, mars 2022.
International organizations and other global governance bodies often make rules and decisions without input from many of the individuals, groups, firms, and governments that are affected by them. The standards of the Basel Committee on Banking Supervision, for instance, developed by a small number of states, govern financial markets and the safety of bank deposits in over a hundred jurisdictions. Historically, the interests of developing countries, as well as non-commercial and diffuse interests within countries, have been excluded or disregarded in global governance. Scholars and practitioners have criticized this democratic deficit and called for greater participation of such marginalized stakeholders. Against this background, international institutions have introduced a variety of reforms with the goal of increasing and facilitating the participation of these excluded stakeholders.
This book brings together an expert group of scholars and practitioners to investigate the consequences of stakeholder participation reforms in the global governance of health and finance : What reforms have been introduced ? Have these reforms given previously marginalized stakeholders a voice in global governance bodies ? What effect have these reforms had on the legitimacy and effectiveness of global governance ? To answer these questions, the book examines treaty-based intergovernmental organizations alongside newer forms of global governance such as trans-governmental regulatory networks, multi-stakeholder partnerships, and private standard setting bodies. Through a series of paired comparative analyses, the book provides insights into the experiences of large emerging and smaller or lower income developing countries (Brazil v. Argentina, China v. Vietnam, India v. the Philippines) in a diverse set of organizations, including the World Bank and the World Health Organization, the Basel Committee on Banking Supervision, the Global Fund to Fight AIDS, Tuberculosis and Malaria, the International Accounting Standards Board, Codex Alimentarius Commission and more.
. Ludovic Tournès, Arby Gharibian, Philanthropic Foundations at the League of Nations. An Americanized League ?, Londres, Routledge, mars 2022.
This book presents a comprehensive analysis of the relations between US philanthropic foundations (in particular the Rockefeller Foundation and the Carnegie Endowment for International Peace) and the League of Nations.
Generations of students and scholars have learned that the US, having played a key role in the creation of the League of Nations in 1919, did not join the organization and stood aloof from its activities during the whole interwar period. This book questions this idea and argues that, even though the US was not a de jure member of the League of Nations, the financial, human, and intellectual investment of foundations brought about the de facto integration of the US within the League system and also modified the latter’s architecture. The book describes the Americanization of the League and shows how it resulted from three strategies pursued throughout the interwar period : that of US foundations, that of the Secretariat, and that of the US federal government. The book also shows the limits of this Americanization and analyzes the role of the European experts in the coproduction of the postwar international order together with the US government.
This book will be of interest to historians and political scientists, as well as undergraduate and graduate students in interdisciplinary programs of international relations.
. Adam Day, States of Disorder, Ecosystems of Governance, Oxford, Oxford University Press, avril 2022.
Today’s vision of world order is founded upon the concept of strong, well-functioning states, in contrast to the destabilizing potential of failed or fragile states. This worldview has dominated international interventions over the past 30 years as enormous resources have been devoted to developing and extending the governance capacity of weak or failing states, hoping to transform them into reliable nodes in the global order. But with very few exceptions, this project has not delivered on its promise : countries like Somalia, Afghanistan, South Sudan, and the Democratic Republic of the Congo (DRC) remain mired in conflict despite decades of international interventions.
States of Disorder addresses the question, ’Why has UN state-building so consistently failed to meet its objectives ?’. It proposes an explanation based on the application of complexity theory to UN interventions in South Sudan and DRC, where the UN has been tasked to implement massive stabilization and state-building missions. Far from being ’’ungoverned spaces," these settings present complex, dynamical systems of governance with emergent properties that allow them to adapt and resist attempts to change them. UN interventions, based upon assumptions that gradual increases in institutional capacity will lead to improved governance, fail to reflect how change occurs in these systems and may in fact contribute to underlying patterns of exclusion and violence. Based on more than a decade of the author’s work in peacekeeping, this book offers a systemic mapping of how governance systems work, and indeed work against, UN interventions. Pursuing a complexity-driven approach instead helps to avoid unintentional consequences, identifies meaningful points of leverage, and opens the possibility of transforming societies from within.
. David Martinon, Les 15 jours qui ont fait basculer Kaboul, Paris, Editions L’Observatoire, mars 2022.
Quand on est au mauvais endroit, au mauvais moment, il convient de prendre très vite les bonnes décisions.
Dimanche 15 août 2021. Kaboul, la capitale de l’Afghanistan, tombe aux mains des talibans, quasiment vingt ans après qu’ils en ont été chassés par les Américains.
Après l’évacuation de leur personnel, par hélicoptère pour la plupart, toutes les ambassades occidentales ferment, exceptée celle de la France. Dans l’enceinte du bâtiment, entre 300 et 400 personnes sont ainsi prises au piège. Des milliers de personnes en panique essaient d’entrer dans l’aéroport, tandis que la menace terroriste enfle.
David Martinon, ambassadeur de France à Kaboul, est à la manœuvre. Mais comment secourir le plus de gens possible ? À qui demander de l’aide ? À qui, surtout, ne rien demander ?
Dans ce livre au plus près du réel, sorte de polar sans une goutte de fiction, David Martinon revient non seulement sur la débâcle de Kaboul, mais aussi sur les conditions qui l’ont permise, et sur les signes terribles qui l’annonçaient et que trop peu ont voulu voir.
Une véritable leçon de géopolitique.
Un hommage bouleversant à ceux qui ont pu fuir, comme à ceux qui ont dû rester.
. Hung-Jen Wang, Taiwan and the Changing Dynamics of Sino-US Relations. A Relational Approach, Londres, Routledge, février 2022.
Wang discusses the dynamics of Sino–US relations since 2008 and the implications for relations between Taiwan and both the United States and the People’s Republic of China.
Ever since China surpassed Japan to become the world’s second largest economy, it has appeared to shift its policy shift from “biding our time” and a self-described “peaceful rise” toward increased assertiveness in regional and international affairs. This has only become more pronounced since the 19th Party National Congress in October 2017, when Xi Jinping reiterated his agenda for “the Chinese Dream.” In contrast, the US’s “Pivot to Asia” strategy has been widely perceived as unsuccessful. In its precarious political position between China and the United States, Taiwan is especially exposed to the fluctuations in policy and diplomatic relations between the two powers. The three bilateral relationships are intertwined, with policy changes and actions in any one of them affecting the other two. Wang emphasizes the “small power” and “disputed nation-state” perspective of Taiwan, over the “great power politics” of the United States and China. In doing so, he presents an analysis of how the changing dynamics of Sino–US relations and the great power transition in Asia have an impact on smaller stakeholders in the region.
A valuable resource for scholars and policy-makers with a focus on Taiwan’s position in Sino–US relations.
. Jacques Dupouey, Justice, ne passe pas ton chemin - L’expérimentation de la justice transitionnelle en Asie du sud-est, Bruxelles, Peter Lang, avril 2022.
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les crimes de masse (crimes de guerre, crimes humanitaires, génocide et nettoyage ethnique), ont conduit la communauté internationale à mettre en place des juridictions pénales internationales, des dispositifs de justice transitionnelle – apparus vers le milieu des années 1980 – et à élaborer en 2005 la doctrine de la responsabilité de protéger (R2P). Conçus pour permettre de passer d’un régime de dictature ou d’oppression à un régime politique et juridique démocratique, ces dispositifs de justice transitionnelle ont pour objectif de restaurer l’état de droit, d’adopter des dispositifs de révélation de la vérité historique sur des crimes atroces du passé, de lancer des mécanismes de justice répressive ou réconciliatrice à l’encontre des principaux criminels et d’instaurer une paix durable.
Cet ouvrage analyse l’approche régionale des pays d’Asie du Sud-Est pour faire face aux situations d’extrême violence en masse, notamment leur utilisation du R2P, et s’appuie sur l’étude de cas plus ou moins bien connus en Occident d’expérimentation de la justice transitionnelle : le génocide/politicide indonésien des années 1965-68, le génocide des Khmers rouges au Cambodge des années 1975-79, la guerre anti-drogue depuis 2016 du président philippin Rodrigo Duterte et la discrimination et l’épuration depuis 2007 des membres de la minorité musulmane des Rohingyas par la junte militaire birmane. Ce livre offre ainsi une vision multidisciplinaire (droit, géopolitique et histoire) précieuse pour la bonne compréhension des conflits évoqués.
. Kari De Pryck, GIEC, la voix du climat, Paris, Presses de SciencesPo, avril 2022.
Cet ouvrage ouvre pour la première fois la boîte noire du GIEC. Il raconte la rigueur du processus d’évaluation et la lourdeur bureaucratique que cela induit. Il décrit le travail de négociation des experts avec les États sur les principales conclusions et pointe le risque de dépolitisation des enjeux climatiques.
Sur un ton de plus en plus insistant, la voix du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) se fait entendre partout. Nul ne peut ignorer que les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère ne cessent d’augmenter, que les impacts du dérèglement climatique se font sentir sur tous les continents et qu’il existe des solutions pour l’affronter.
La légitimité de cette voix s’est construite dans le temps et au prix d’une forte institutionnalisation. Loin de la vision originale de ses fondateurs, qui l’avaient conçu en 1988 comme une structure informelle au service des décideurs, le GIEC réunit aujourd’hui des milliers de personnes, fait dialoguer scientifiques et diplomates au niveau international. Cet ouvrage ouvre pour la première fois sa boîte noire. Il raconte la rigueur du processus d’évaluation et la lourdeur bureaucratique que cela induit. Il décrit le travail de négociation des experts avec les États sur les principales conclusions et pointe le risque de dépolitisation des enjeux climatiques.
. Michel Aglietta, Guo Bai, Camille Macaire, La Course à la suprématie monétaire mondiale. À l’épreuve de la rivalité sino-américaine, Paris, Odile Jacob, avril 2022.
Ce livre est consacré aux bouleversements de l’économie mondiale au XXIe siècle. Comment l’ascension fulgurante de la Chine, deuxième puissance économique du monde derrière les États-Unis et en voie de devenir la première après 2030, met-elle en cause l’hégémonie du dollar ? Quelles en sont les conséquences pour le système monétaire international ? Comment tenir compte de cette nouvelle donne monétaire pour affronter les défis écologiques de la planète ?
Ce livre étudie la rivalité géopolitique découlant de la montée en puissance de la Chine. Il dévoile une dimension qui n’est pratiquement jamais abordée par la recherche économique occidentale : les transformations de la monnaie en Chine et, notamment, la création d’une monnaie digitale de banque centrale.
Michel Aglietta, Guo Bai et Camille Macaire analysent ici les contradictions qui en découlent pour la suprématie du dollar. Ils plaident pour une réforme approfondie du système monétaire international sous l’égide d’un Fonds monétaire international enfin libéré de la contrainte du dollar et digne de ce nom.
. Gerard Kester, The New Europeans. A Roadmap for Mutual Integration and Democratic Ownership, Berne, Peter Lang, mars 2022.
Europe has to come to terms with its increasing cultural diversity. In current debate migration is typically presented merely as a social burden. This book envisions a future in which ‘native’ Europeans and those with a migrant background – together the New Europeans – come to the conclusion that they should build a new society jointly.
An inclusive European society can be generated by launching a common project as an alternative to neoliberalism, developing an economy that is at the service of society. For this, democratic ownership should be the lever. In that process, migrants will be important and resilient catalysts. The book sets out a roadmap for what the future could look like, presenting a vision of Europe at the end of the 21st century as a ‘real Utopia’.
This book bucks the trend of depressing accounts on migration from outside Europe. It offers a promissory narrative for the continent’s long-term future. Drawing on political, sociological, economic and philosophical insights, the author sticks his neck out, provokes perhaps, but always with the invitation for a constructive dialogue.
. Henry Laurens, Le passé imposé, Paris, Fayard, mai 2022.
Dans cet essai important, Henry Laurens rappelle les bases élémentaires du savoir historique dans la confrontation avec le "post-colonial" qui en est largement la négation. Il aborde ainsi les délicates questions de l’orientalisme, de la violence, de la mémoire (ou plutôt des mémoires) et du passé vécu au présent dans une perspective victimaire.
Contre la violence de certains à l’égard des travaux des historiens, Henry Laurens interroge les enjeux de notre rapport au passé, source régulière de polémiques.
Il part d’un rappel des grands traits du savoir historique, essentiel pour aborder de façon critique un certain nombre de discours actuels, notamment autour des questions mémorielles. Suit une brève histoire de l’occidentalisme et de l’orientalisme qui montre comment les deux mouvements se sont développés parallèlement, sans nécessairement s’opposer. En ouvrant, pour finir, une réflexion sur les violences des XXème et XXIème siècles et les temporalités dans lesquelles elles s’inscrivent, substitution du héros à la victime et du présent au futur, il affronte les débats d’aujourd’hui autour du mouvement postcolonial, promoteur d’un passé imposé.
. Isabelle Facon, Russie – Turquie. Un défi à l’Occident ?, Paris, Passés composés, avril 2022.
À l’heure où Vladimir Poutine a envahi l’Ukraine et menace l’Europe d’une guerre, voici un ouvrage décisif pour illustrer le basculement de l’ordre international au sein duquel la rivalité avec l’Occident est le prétexte à des alliances hier encore inimaginables. Tout oppose la Russie et la Turquie et, pourtant, leur union ne cesse de se renforcer. C’est le constat des chercheurs rassemblés dans ce livre inédit. En dépit de conflits multiséculaires, Istanbul et Moscou partagent des ambitions. S’il y a des désaccords entre Poutine et Erdogan, l’intérêt commun en termes d’influence et de puissance prime. Du nucléaire civil à l’armement, en passant par la coopération diplomatique et militaire, toutes les occasions sont bonnes pour accroître l’image de solidité de ce nouveau front résolu à combattre « l’ingérence » de l’Occident. Cependant, la guerre en Ukraine, en révélant l’asymétrie des enjeux qui sous-tendent ce partenariat pour les deux parties, en remettra-t-elle en cause la dynamique ?
. Manon Moulin, Du terrorisme écologique en Tunisie : les tensions socio-politiques au prisme des déchets, Paris, L’Harmattan, mars 2022.
La Tunisie fait actuellement face à d’importants problèmes économiques et sociaux, à l’épidémie de Covid-19 dont la gestion est délicate, ainsi qu’à une crise politico-institutionnelle sans précédent depuis la révolution de 2010-2011. Dans ce cadre, les troubles issus de la gestion catastrophique des déchets, véritable terreur détritique, s’ajoutent et participent à la méfiance croissante des citoyens envers l’État. La problématique des déchets révèle et questionne à la fois les mécanismes profonds du système économique mondial au sein duquel la Tunisie est intégrée, mais également le délabrement continu de la sphère politique nationale. Illustration d’un terrorisme écologique dégradant environnement naturel et santé humaine, la gestion des déchets met en lumière la crise multiforme que subissent la population et l’environnement tunisiens, soumis à la fois aux logiques capitalistes et aux malversations nationales.
. Mette Eilstrup-Sangiovanni, J. C. Sharman, Vigilantes beyond Borders : NGOs as Enforcers of International Law, Princeton, Princeton University Press, avril 2022.
Nongovernmental organizations (NGOs) have generally served as advocates and service providers, leaving enforcement to states. Now, NGOs are increasingly acting as private police, prosecutors, and intelligence agencies in enforcing international law. NGOs today can be found investigating and gathering evidence ; suing and prosecuting governments, companies, and individuals ; and even catching lawbreakers red-handed. Examining this trend, Vigilantes beyond Borders considers why some transnational groups have opted to become enforcers of international law regarding such issues as human rights, the environment, and corruption, while others have not.
Three factors explain the rise of vigilante enforcement : demand, supply, and competition. Governments commit to more international laws, but do a poor job of policing them, leaving a gap and creating demand. Legal and technological changes make it easier for nonstate actors to supply enforcement, as in the instances of NGOs that have standing to use domestic and international courts, or smaller NGOs that employ satellite imagery, big data analysis, and forensic computing. As the growing number of NGOs vie for limited funding and media attention, smaller, more marginal, groups often adopt radical strategies like enforcement.
Looking at the workings of major organizations, including Amnesty International, Greenpeace, and Transparency International, as well as smaller players, such as Global Witness, the Sea Shepherd Conservation Society, and Bellingcat, Vigilantes beyond Borders explores the causes and consequences of a novel, provocative approach to global governance.
. Michael W. Manulak, Change in Global Environmental Politics. Temporal Focal Points and the Reform of International Institutions, Cambridge, Cambridge University Press, avril 2022.
As wildfires rage, pollution thickens, and species disappear, the world confronts environmental crisis with a set of global institutions in urgent need of reform. Yet, these institutions have proved frustratingly resistant to change. Introducing the concept of Temporal Focal Points, Manulak shows how change occurs in world politics. By re-envisioning the role of timing and temporality in social relations, his analysis presents a new approach to understanding transformative phases in international cooperation. We may now be entering such a phase, he argues, and global actors must be ready to realize the opportunities presented. Charting the often colorful and intensely political history of change in global environmental politics, this book sheds new light on the actors and institutions that shape humanity’s response to planetary decline. It will be of interest to scholars and advanced students of international relations, international organization and environmental politics and history.
. Alain Dieckhoff, Christophe Jaffrelot, Elise Massicard (dirs.), Contemporary Populists in Power, New York, Palgrave Macmillan, mars 2022.
Populism is on the rise, and so are academic studies on populism. The study of populism has long focused on the way its spokespersons have behaved as an oppositional force, in Western countries in particular. While discourses and practices of populists exercising a protest function still merit attention, this volume trains the focus on populists in government. The real novelty of the past decade is that many populists are now (or have been) in power, in Europe as well as in other parts of the world, and this book intends to play a pioneering role from a geographical and analytical standpoint. Besides Europe and Latin America, where populism is well established, populists are today—or have been recently—in office in the Middle East (Turkey, Israel), Asia (India, Thailand, the Philippines, Pakistan, Sri Lanka), and the United States. In most of the cases, their rule has resulted in forms of authoritarianism, giving birth to a new kind of regime that combines elections—which populists need to nurture their legitimacy—and attacks against institutions in charge of checks and balances, including the judiciary. While most of the populist rulers have consolidated their power, democratic resilience has prevailed in some rare cases.
. Hervé Baudu, Les routes maritimes arctiques, Paris, L’Harmattan, mars 2022.
Avec le réchauffement climatique trois fois plus important aux pôles que sur le reste de la planète, les eaux polaires arctiques sont de plus en plus accessibles au trafic maritime et aux ressources d’hydrocarbures jugées considérables, et ce sur de plus en plus longues périodes estivales. La construction de brise-glaces russes, les projets gigantesques d’extraction d’hydrocarbures n’ont jamais été aussi importants que dans cette décennie. Les routes maritimes arctiques plus courtes sont-elles appelées à concurrencer celles classiques par les canaux de Panama et de Suez ? L’augmentation du trafic maritime est-elle source de tension dans cette zone de plus en plus soumise à son exploitation ? Cet ouvrage permet de mieux comprendre les enjeux maritimes, environnementaux, économiques et géopolitiques liés à l’exploitation de cet espace arctique en décrivant les principes qui les régissent.
. Matthew Ford, Andrew Hoskins, Radical War. Data, Attention and Control in the Twenty-First Century, Londres, Hurst Publishers, mars 2022.
This book examines the digital explosion that has ripped across the battlefield, weaponizing our attention and making everyone a participant in wars without end.
‘Smart’ devices, apps, archives and algorithms remove the bystander from war, collapsing the distinctions between audience and actor, soldier and civilian, media and weapon. This has ruptured our capacity to make sense of war. Now we are all either victims or perpetrators.
In Radical War, Ford and Hoskins reveal how contemporary war is legitimised, planned, fought, experienced, remembered and forgotten in a continuous and connected way, through digitally saturated fields of perception.
Plotting the emerging relationship between data, attention and the power to control war, the authors chart the complex digital and human interdependencies that sustain political violence today. Through a unique, interdisciplinary lens, they map our disjointed experiences of conflict and illuminate this dystopian new ecology of war.
. Peer Schouten, Roadblock Politics. The Origins of Violence in Central Africa. Cambridge, Cambridge University Press, mars 2022.
There are so many roadblocks in Central Africa that it is hard to find a road that does not have one. Based on research in the Democratic Republic of Congo (DRC) and the Central African Republic (CAR), Peer Schouten maps more than a thousand of these roadblocks to show how communities, rebels and state security forces forge resistance and power out of control over these narrow points of passage. Schouten reveals the connections between these roadblocks in Central Africa and global supply chains, tracking the flow of multinational corporations and UN agencies alike through them, to show how they encapsulate a form of power, which thrives under conditions of supply chain capitalism. In doing so, he develops a new lens through which to understand what drives state formation and conflict in the region, offering a radical alternative to explanations that foreground control over minerals, territory or population as key drivers of Central Africa’s violent history.
. Sandrine Lefranc, Sortir de la violence. Enjeux et impasses de la justice trans, Paris, CNRS Editions, mars 2022.
La justice transitionnelle recouvre tout un ensemble de pratiques, portées par les organisations internationales, des ONG ou des think tanks visant à pacifier des sociétés et instaurer des démocraties durables au sortir de périodes violentes – qu’il s’agisse de dictatures ou guerres civiles.
Par des poursuites pénales (à l’échelle nationale ou internationale), des enquêtes pour établir la vérité sur les exactions passées (comme la fameuse Commission vérité et réconciliation instaurée dans l’Afrique du sud post-apartheid), des réparations compensatoires ou symboliques, des réformes du système judiciaire et des services de sécurité ainsi que des initiatives mémorielles (musées, monuments), il s’agit pour ses promoteurs de rompre avec le passé et de rendre justice aux victimes afin de former pour l’avenir des individus bienveillants et tolérants.
Koffi Annan, secrétaire général de l’ONU, voyait dans le développement exponentiel de ces initiatives ces dernières décennies, une extension continue des droits de l’homme, un mouvement tendant vers l’instauration d’un véritable « État de droit international ».
Par contraste, cette enquête corrosive de vaste ampleur retrace l’émergence et le développement de ce discours moral consensuel, analyse les trajectoires de ses acteurs, scrute les écarts entre les déclarations et les mises en oeuvre concrètes au Rwanda, en Argentine ou ex-Yougoslavie. En interrogeant les présupposés de la justice transitionnelle – sur la nature de la paix ou de la société – comme ses résultats tangibles, elle déjoue nombre d’évidences et ouvre la voie vers une réflexion renouvelée sur les modalités de sortie de la violence.
. Sonia Le Gouriellec, Géopolitique de l’Afrique, Paris, Que sais-je ?, avril 2022.
Constituée de cinquante-quatre États, berceau de nombreuses civilisations, l’Afrique représente à elle seule un continent-monde de plus d’un milliard d’habitants. Trop souvent considérée comme un tout homogène, elle devrait être pensée dans sa diversité et sa profondeur.
Sur le plan des relations internationales, on la croit en marge du système international. Ses acteurs sont souvent perçus comme passifs et dépendants du reste du monde. Or, c’est une tout autre représentation que propose Sonia Le Gouriellec dans cet ouvrage. Celle, au contraire, d’un continent ouvert sur le monde, ayant depuis toujours participé aux échanges et aux équilibres politiques, commerciaux et intellectuels, et qui est aujourd’hui intégré à la mondialisation et aux dynamiques du système international.
S’appuyant sur de nombreuses études de cas, Sonia Le Gouriellec n’écrit rien de moins qu’une géopolitique des Afriques.
. Catherine Wihtol de Wenden, Figures de l’autre. Perceptions du migrant en France, Paris, CNRS Editions, avril 2022.
La figure de l’Autre n’a cessé de préoccuper les sociétés des XIXe et XXe siècles. La France, tôt confrontée à l’immigration, et marquée aussi par son passé colonial, a vu monter la prégnance de cette figure dans la vie de tous les jours comme au coeur du discours politique. Hier, le Prussien a joué un rôle déterminant dans la construction du mythe national républicain, opposant Marianne à Germania. Plus tard, le Juif a servi à alimenter le nationalisme contre la nation. Enfin, plus récemment, « l’arabo-musulman » a suscité de nombreuses passions, dans une perception ethnicisée et identitaire.
Qu’il soit issu du regroupement familial, étudiant, travailleur qualifié et non qualifié, travailleur temporaire, frontalier, réfugié, demandeur d’asile, sans papier, le migrant incarne trop souvent une figure menaçante, toujours sujette aux mêmes stéréotypes.
Au fil des diverses vagues d’immigration qui se sont succédé, les critères de l’altérité demeurent intacts, quelles que soient les populations cibles : la religion (des Polonais « bien trop catholiques » dans la France laïque de la Troisième République aux musulmans « islamistes »), la violence (du « couteau facile » des Italiens dans les années 1970 au terrorisme importé de Syrie), la concurrence déloyale sur le marché du travail (des « trois millions de chômeurs et trois millions d’étrangers » des années 1980 au plombier polonais).
Dans une approche chronologique, et se basant sur les articles de journaux, les proclamations politiques, les ouvrages de sciences sociales, mais aussi les romans et films, Catherine Wihtol de Wenden montre comment la mémoire collective concernant l’image de l’Autre s’est construite de 1870 à nos jours, et propose aussi quelques pistes pour en finir avec la figure péjorative du migrant : une citoyenneté inclusive, la lutte contre les discriminations, la construction d’une mémoire du vivre ensemble par la mise en musées.
. Dimitar Bechev, Turkey Under Erdogan. How a Country Turned from Democracy and the West. Oxford, Yale University Press, février 2022.
Since coming to power in 2002 Recep Tayyip Erdoğan has overseen a radical transformation of Turkey. Once a pillar of the Western alliance, the country has embarked on a militaristic foreign policy, intervening in regional flashpoints from Nagorno-Karabakh to Libya. And its democracy, sustained by the aspiration to join the European Union, has given way to one-man rule.
Dimitar Bechev traces the political trajectory of Erdoğan’s populist regime, from the era of reform and prosperity in the 2000s to the effects of the war in neighbouring Syria. In a tale of missed opportunities, Bechev explores how Turkey parted ways with the United States and Europe, embraced Putin’s Russia and other revisionist powers, and replaced a frail democratic regime with an authoritarian one. Despite this, he argues that Turkey’s democratic instincts are resilient, its economic ties to Europe are as strong as ever, and Erdoğan will fail to achieve a fully autocratic regime.
. Helen Thompson, Disorder. Hard Times in the 21st Century, Oxford, Oxford University Press, avril 2022.
The 21st century has brought a powerful tide of geopolitical, economic, and democratic shocks. Their fallout has led central banks to create over $25 trillion of new money, brought about a new age of geopolitical competition, destabilised the Middle East, ruptured the European Union, and exposed old political fault lines in the United States.
Disorder : Hard Times in the 21st Century is a long history of this present political moment. It recounts three histories - one about geopolitics, one about the world economy, and one about western democracies - and explains how in the years of political disorder prior to the pandemic the disruption in each became one big story. It shows how much of this turbulence originated in problems generated by fossil-fuel energies, and it explains why as the green transition takes place the long-standing predicaments energy invariably shapes will remain in place.
. Michael J. Green, Line of Advantage. Japan’s Grand Strategy in the Era of Abe Shinzo, New York, Columbia University Press, mars 2022.
No other country has devised a grand strategy for managing China’s rising economic and military power as deliberately or successfully as Japan. Seeking to counter Chinese ambitions toward regional hegemony, Japan has taken an increasingly assertive role in East Asia and the world. During the tenure of Prime Minister Abe Shinzo, the country pursued closer security cooperation with the United States and other democracies, established a more centralized national defense system, and advanced rules and norms to preserve the open regional order in the Indo-Pacific that is crucial to its prosperity and survival—all while managing an important economic relationship with China.
In Line of Advantage, Michael J. Green provides a ground-breaking and comprehensive account of Japan’s strategic thinking under Abe. He explains the foundational logic and the worldview behind this approach, from key precedents in Japanese history to the specific economic, defense, and diplomatic priorities shaping contemporary policy toward China, the United States, the two Koreas, and the Indo-Pacific region. Drawing on two decades of access to Abe and other Japanese political, military, and business leaders, Green provides an insider’s perspective on subjects such as how Japan pursued competition with China without losing the benefits of economic cooperation. Assessing the strengths and weaknesses of Japan’s new active role, Line of Advantage sheds new light on a period with profound implications for the future of U.S. competition with China and international affairs in Asia more broadly.
. Milena Dieckhoff, La médiation internationale. Entre guerre et paix, Paris, Presses de Sciences Po, avril 2022.
Cet ouvrage propose une typologie inédite de la médiation internationale de l’après-guerre froide. Il expose la manière dont la médiation se décline en des pratiques et des règles de jeu très différentes selon qu’elle est essentiellement politique, expertise ou sociétale.
Faire le pari que le dialogue l’emportera sur la violence physique est le propre de toute médiation. Sur la scène internationale, cette activité pacificatrice réunit des acteurs très divers et s’exerce de multiples manières, au-delà de l’objectif commun de mener les belligérants à la paix.
S’appuyant sur sept cas empiriques volontairement éloignés tels que la Géorgie, le Guatemala ou encore le Soudan, cet ouvrage propose une typologie inédite de la médiation internationale de l’après-guerre froide. Il expose la manière dont la médiation se décline en des pratiques et des règles de jeu très différentes selon qu’elle est essentiellement politique, expertise ou sociétale.
. Nicholas Mulder, The Economic Weapon. The Rise of Sanctions as a Tool of Modern War, Paris, Yale University Press, mars 2022.
Economic sanctions dominate the landscape of world politics today. First developed in the early twentieth century as a way of exploiting the flows of globalization to defend liberal internationalism, their appeal is that they function as an alternative to war. This view, however, ignores the dark paradox at their core : designed to prevent war, economic sanctions are modelled on devastating techniques of warfare.
Tracing the use of economic sanctions from the blockades of World War I to the policing of colonial empires and the interwar confrontation with fascism, Nicholas Mulder uses extensive archival research in a political, economic, legal, and military history that reveals how a coercive wartime tool was adopted as an instrument of peacekeeping by the League of Nations. This timely study casts an overdue light on why sanctions are widely considered a form of war, and why their unintended consequences are so tremendous.
. Grégory Daho, Florent Pouponneau, Johanna Siméant - Germanos, Entrer en guerre au Mali. Luttes politiques et bureaucratiques autour de l’intervention française, Paris, Presses de l’Ecole Normale Supérieure, avril 2022.
Le 11 janvier 2013, dans une allocution télévisée, le président François Hollande annonçait que la France intervenait militairement pour venir en aide au Mali, alors que des groupes armés qualifiés de terroristes semblaient se diriger vers la capitale, Bamako. Cela marquait le début de l’opération Serval. Quoi de plus proche, en apparence, d’une décision souveraine et individuelle que cette annonce ? Le propos de cet ouvrage, appuyé sur un travail de terrain de plusieurs années (sources ouvertes, archives classifiées, entretiens, prosopographie…), est pourtant à rebours d’une perspective qui prétendrait isoler des moments discrets de la décision en en faisant une substance, saisissable et traçable : il s’attache à déplier ce que sont toutes les conditions plus générales de possibilité d’une entrée en guerre, et à identifier les luttes politiques et bureaucratiques au sein de l’appareil d’État dans lesquelles elle s’encastre. Il entend aussi montrer que l’on peut travailler empiriquement sur les sommets de l’État, fût-ce dans des domaines que l’on imagine verrouillés par le « secret défense », et que les relations internationales relèvent, en cela, du travail ordinaire des sciences sociales.
. Jean-Pierre Cabestan, La politique internationale de la Chine. Entre intégration et volonté de puissance (3ème édition), Paris, Presses de SciencesPo, avril 2022.
La 3e édition, mise à jour et enrichie, d’un ouvrage complet et d’une grande acuité sur la Chine d’aujourd’hui, qui permettra au lecteur de mieux comprendre les aspirations, les atouts et les fragilités d’un pays qui ambitionne de devenir la première puissance du monde.
Deuxième puissance mondiale depuis 2010, la Chine ne veut pas seulement détrôner les États-Unis, mais aussi bouleverser l’ordre international établi depuis 1945.
A-t-elle les moyens de cette ambition ? Oui si l’on en juge par l’ampleur des outils économiques, diplomatiques, militaires et idéologiques qu’elle déploie et que symbolisent les « nouvelles routes de la soie » ; oui si l’on observe l’évolution de sa politique étrangère et de sécurité, surtout depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012 ; oui si l’on décrypte ses relations avec ses partenaires et voisins, comme le fait cet ouvrage, à l’aide de sources de première main.
Derrière cette force se cachent des fragilités. Dépendante de l’extérieur, la Chine connaît un ralentissement économique et un vieillissement sans précédent de sa population. La persistance d’un régime autoritaire, nationaliste, antioccidental et de plus en plus arrogant confère un caractère inachevé à son intégration internationale et accroît les sources de conflit, en particulier avec les États-Unis et le Japon.
. Jerome Drevon, Institutionalizing Violence. Strategies of Jihad in Egypt. Oxford, Oxford University Press, avril 2022.
The Egyptian al-Jama’a al-Islamiyya and Islamic Jihad have shaped the trajectory of jihadi salafism since its inception and defined a key strategic divide between mass-movement mobilization and elitist avant-gardism. Despite their shared histories, however, al-Jama’a al-Islamiyya rejected al-Qaeda’s transnational violence and became a political party after 2011, whereas Islamic Jihad has formed the backbone of Osama bin Laden’s organization.
These strategic divergences are puzzling since these groups emerged in the same country around congruent ideologies. Institutionalizing Violence develops an institutional approach to radicalization to compare the two groups’ comparative trajectories. It is based on extensive field research conducted with their leaders and members in Egypt. The interviews provide a unique perspective on how jihadi groups make and implement new strategic decisions in changing environments, as well as the evolution of their approaches to violence and non-violence.
. Julian Fernandez, Jean-Vincent Holeindre (dir.), Nations désunies. La crise du multilatéralisme dans les relations internationales, Paris, CNRS Editions, avril 2022.
Le multilatéralisme possède mille visages mais nulle définition qui fasse autorité. Ce mode d’échanges entre acteurs des relations internationales s’entend traditionnellement comme la concertation pacifique entre au moins trois États et dans un cadre défini en commun. L’Organisation des Nations Unies en est l’incarnation la plus connue, mais elle n’est pas la seule entité le mettant en oeuvre. Sécurité, commerce, droits de l’homme, justice pénale, numérique, environnement, santé : aucun domaine des rapports interétatiques n’échappe désormais à l’effort multilatéral.
Il n’empêche, les différents cadres et régimes institués se portent mal. Le multilatéralisme connaît aujourd’hui une crise multidimensionnelle, reflet d’un monde en miettes encore à la recherche d’un nouvel élan collectif.
. Marc Owen Jones, Digital Authoritarianism in the Middle East. Deception, Disinformation and Social Media, Londres, Hurst Publishers, avril 2022.
You are being lied to by people who don’t even exist. Digital deception is the new face of information warfare. Social media has been weaponised by states and commercial entities alike, as bots and trolls proliferate and users are left to navigate an infodemic of fake news and disinformation. In the Persian Gulf and the wider Middle East, where authoritarian regimes continue to innovate and adapt in the face of changing technology, online deception has reached new levels of audacity. From pro-Saudi entities that manipulate the tweets of the US president, to the activities of fake journalists and Western PR companies that whitewash human rights abuses, Marc Owen Jones’ meticulous investigative research uncovers the full gamut of tactics used by Gulf regimes and their allies to deceive domestic and international audiences. In an age of global deception, this book charts the lengths bad actors will go to when seeking to impose their ideology and views on citizens around the world.
. Pierre Journoud (dir.), Un triangle stratégique à l’épreuve : la Chine, les Etats-Unis et l’Asie du Sud-Est depuis 1947, Montpellier, Presses Universitaires de la Méditerranée, mars 2022.
La rapidité de la réémergence de la Chine depuis au moins un quart de siècle fascine autant qu’elle inquiète. La rivalité stratégique entre les deux premières puissances mondiales, les Etats-Unis et la Chine, tend à bipolariser à nouveau les relations internationales. Troisième côté du "triangle stratégique", l’Asie du Sud-Est apparaît comme l’un des espaces privilégiés de cette compétition intensive et globale - politique, militaire, économique et culturelle -, dans sa double dimension terrestre et de plus en plus maritime.
Réunis depuis 1967 au sein de l’ASEAN, les Etats cherchent aussi collectivement à échapper à tout processus de satellisation. Fondé sur une fructueuse complémentarité entre les approches historique et géopolitique, cet ouvrage éclaire d’un jour nouveau quelques-unes des grandes étapes de l’intensification de la rivalité sino-américaine en Asie du Sud-Est, de la naissance de la Guerre froide en 1947 au début des années 2020, en passant par la longue et tragique succession des conflits indochinois.
Avec ses 21 auteurs aux profils variés, de l’histoire à la diplomatie en passant par la géopolitique, il est le premier à être publié dans la collection pluridisciplinaire Asies contemporaines.
. Beatrice Heuser, War. A Genealogy of Western Ideas and Practices, Oxford, Oxford University Press, mars 2022.
War has been conceptualised from a military perspective, but also from ethical, legal, and philosophical viewpoints. These different analytical perspectives are all necessary to understand the many dimensions war, the continua on which war is situated - from small-scale to large-scale, from limited in time or long, from less to extremely destructive, with varying aims, and degrees of involvement of populations.
Western civilisations have conceptualised war in binary ways denying the variety of manifestations of war along these continua. While binary definitions are necessary to capture different conditions legally, they hamper analysis. The binaries include inter-State and intestine war, just war and unjust war (the latter including insurgencies), citizen-soldiers and professionals, civilians and combatants. Yet realities have mostly straddled such demarcations. Even citizen-armies have usually included professionals, civilians have been treated as enemies and sometimes even formally defined as enemies, and rules have not conformed with binary distinctions, if they were respected at all. While customary rules governing the conduct of war have been turned into International Law, this is the only aspect of war that has developed in a fairly linear way, while the rise, disappearance, and renaissance of the just war tradition has been anything but linear. This non-linearity also applies to the brutality with which war has been fought, especially towards civilians, who for long stretches of European history must have been the main victims of war, notwithstanding increasing protection they were afforded in theory by customary law. To understand war, we must shed some of these binaries.
. Bernadette Bensaude-Vincent, Soraya Boudia, Kyoko Sato (eds.), Living in a Nuclear World. From Fukushima to Hiroshima, Londres, Routledge, mars 2022.
The Fukushima disaster invites us to look back and probe how nuclear technology has shaped the world we live in, and how we have come to live with it. Since the first nuclear detonation (Trinity test) and the bombings of Hiroshima and Nagasaki, all in 1945, nuclear technology has profoundly affected world history and geopolitics, as well as our daily life and natural world. It has always been an instrument for national security, a marker of national sovereignty, a site of technological innovation and a promise of energy abundance. It has also introduced permanent pollution and the age of the Anthropocene. This volume presents a new perspective on nuclear history and politics by focusing on four interconnected themes–violence and survival ; control and containment ; normalizing through denial and presumptions ; memories and futures–and exploring their relationships and consequences. It proposes an original reflection on nuclear technology from a long-term, comparative and transnational perspective. It brings together contributions from researchers from different disciplines (anthropology, history, STS) and countries (US, France, Japan) on a variety of local, national and transnational subjects. Finally, this book offers an important and valuable insight into other global and Anthropocene challenges such as climate change.
. Colette Jourdain, Paul Claval, Penser la Méditerranée, Hier et aujourd’hui. Paris, CNRS Editions, avril 2022.
Un portrait à deux voix, celle d’un géographe et celle d’une historienne spécialiste de la Grèce ancienne, pour comprendre comment le monde méditerranéen a été pensé, façonné et sans cesse réinventé par les Anciens, les Modernes et nos contemporains. La Méditerranée, multiple et diverse, est pourtant marquée par une étonnante unité, très tôt ressentie, qui doit beaucoup aux mythes et aux représentations cartographiques.
Colette Jourdain Annequin et Paul Claval retracent la manière dont les Grecs, les Romains puis les botanistes, géographes, artistes ou historiens ont perçu l’unité du pourtour méditerranéen, en s’appuyant sur le climat, les paysages, les langues, les religions, les savoir-faire ou les genres de vie partagés. Le XIXe siècle a été en cela un puissant vecteur d’un espace idéalisé, avant que Braudel ne pose les bases de toute étude sur le sujet. Du mare nostrum à la « méditerranéité », c’est un espace culturel homogène, mais aussi un lieu d’échange complexe fait de conflits ou de rivalités, qui ressort de cette étude.
. John Peter Burgess, Sarah Perret, Géopolitique du risque. De la possibilité du danger à l’incertitude de la menace, Paris, Le Cavalier Bleu, mars 2022.
Sécurité, environnement, finance, santé, énergie, numérique... le risque et sa gestion ont intégré de nombreux pans de notre société, tant au niveau des disciplines que des acteurs. Cette culture du risque, qui s’est accrue avec l’intensification de la mondialisation et la démultiplication de solutions technologiques, a fait émerger de nouvelles problématiques qui impliquent non seulement les acteurs étatiques et internationaux, mais aussi désormais ceux d’un secteur privé de plus en plus florissant. C’est ce panorama complexe et ses enjeux géopolitiques nouveaux qu’analysent ici Sarah Perret et J. Peter Burgess.
. Thane Gustafson, Klimat. Russia in the Age of Climate Change, Cambridge, Harvard University Press, octobre 2021.
A discerning analysis of the future effects of climate change on Russia, the major power most dependent on the fossil fuel economy.
Russia will be one of the countries most affected by climate change. No major power is more economically dependent on the export of hydrocarbons ; at the same time, two-thirds of Russia’s territory lies in the arctic north, where melting permafrost is already imposing growing damage. Climate change also brings drought and floods to Russia’s south, threatening the country’s agricultural exports.
. Yonatan T. Fessha, Karl Kössler, Francesco Palermo (eds.), Intergovernmental Relations in Divided Societies, Cham, Palgrave Macmillan, mars 2022.
This edited volume examines the form and operation of intergovernmental relations in divided societies. Using eight country case studies, it explores the interplay between politicised ethno-cultural diversity and intergovernmental relations (IGR). The book examines whether and how the distinctive identity of particular subnational units and the attending competing constitutional visions shape the dynamics of IGR. The book also examines the impact of identity politics on institutions and instruments of IGR.
. Adina Akbik, The European Parliament as an Accountability Forum. Overseeing the Economic and Monetary Union. Cambridge, Cambridge University Press, février 2022.
This book provides the first in-depth empirical study of the European Parliament’s powers of scrutiny of the executive in the European Union (EU) political system, focusing on the politically salient field of the Economic and Monetary Union. The expansion of executive decision-making during the euro crisis was accompanied by an empowerment of the European Parliament through legislative oversight. This book examines how the European Parliament exercises that oversight on a day-to-day basis and thus contributes to political accountability at the EU level. Building on an innovative analytical framework for the study of parliamentary questions and answers, Adina Akbik sheds light on the European Parliament’s possibilities and limitations to hold EU executive bodies accountable more generally. Case studies cover the period 2012 to 2019 and include the European Central Bank in banking supervision, the European Commission, the Eurogroup, and the Economic and Financial Affairs Council. This title is Open Access.
. Juan Pablo Luna, Rafael Piñeiro Rodríguez, Fernando Rosenblatt, Gabriel Vommaro (dirs.), Diminished Parties. Democratic Representation in Contemporary Latin America, Cambridge, Cambridge University Press, décembre 2021.
Many contemporary party organizations are failing to fulfill their representational role in contemporary democracies. While political scientists tend to rely on a minimalist definition of political parties (groups of candidates that compete in elections), this volume argues that this misses how parties can differ not only in degree but also in kind. With a new typology of political parties, the authors provide a new analytical tool to address the role of political parties in democratic functioning and political representation. The empirical chapters apply the conceptual framework to analyze seventeen parties across Latin America. The authors are established scholars expert in comparative politics and in the cases included in the volume. The book sets an agenda for future research on parties and representation, and it will appeal to those concerned with the challenges of consolidating stable and programmatic party systems in developing democracies.
. Kevin Rudd, The Avoidable War. The Dangers of a Catastrophic Conflict between the US and Xi Jinping’s China, New York, Public Affairs, mars 2022.
A war between China and the US would be catastrophic, deadly, and destructive. Unfortunately, it is no longer unthinkable.
The relationship between the US and China, the world’s two superpowers, is peculiarly volatile. It rests on a seismic fault—of cultural misunderstanding, historical grievance, and ideological incompatibility. No other nations are so quick to offend and be offended. Their militaries play a dangerous game of chicken, corporations steal intellectual property, intelligence satellites peer, and AI technicians plot. The capacity for either country to cross a fatal line grows daily.
Kevin Rudd, a former Australian prime minister who has studied, lived in, and worked with China for more than forty years, is one of the very few people who can offer real insight into the mindsets of the leadership whose judgment will determine if a war will be fought. The Avoidable War demystifies the actions of both sides, explaining and translating them for the benefit of the other. Geopolitical disaster is still avoidable, but only if these two giants can find a way to coexist without betraying their core interests through what Rudd calls “managed strategic competition.” Should they fail, down that path lies the possibility of a war that could rewrite the future of both countries, and the world.
. Marine de Lassalle, Faire parler d’Europe. Voies et formats des rapports institués au politique, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, mars 2022.
Fondé sur le réexamen d’un matériau constitué au mitan des années 2000, ce livre a une triple ambition : articuler une analyse des rapports à l’Europe de « citoyens » ordinaires en les imbriquant dans leurs existences sociales et leurs rapports au politique ; proposer une analyse de la construction institutionnelle des rapports au politique en les décalant quelque peu des analyses de la sociologie de la compétence politique ; poursuivre une réflexion méthodologique sur le statut des entretiens dans les enquêtes qualitatives sur l’opinion.
On ne trouvera donc pas ici une analyse de l’état de l’opinion publique sur l’Europe, mais une série d’interrogations sur la façon dont on peut compléter et approfondir l’analyse en sociologie politique des rapports au politique. On prendra ainsi en compte certains rapports construits dans des configurations institutionnelles plus larges que celles qui sont réputées fabriquer de tels rapports, avec une attention plus fine accordée aux transformations du capital culturel et à ses usages relatifs. On prêtera également davantage attention à la sociabilité, en faisant des entourages des clés de lecture et d’analyse plus systématiques de ces rapports. Enfin, on considérera différemment certains usages de ce que l’on fait, et de ce que l’on peut faire, à partir des retranscriptions d’entretiens.
. Nikolay Kozhanov, Russian Foreign Policy Towards the Middle East. New Trends, Old Traditions, Londres, Hurst Publishers, avril 2022.
This book sheds light on Russia’s motives in the Middle East, examining its growing role in the region and its efforts to defend its national interests. As one of the first volumes to address both domestic and external drivers, it provides a valuable multi-dimensional account of Moscow’s foreign policy. Russian Foreign Policy Towards the Middle East also traces the historical evolution of Russia’s presence in the region, comparing Moscow’s current vision of its diplomatic priorities with the strategic goals of the Soviet Union.
Diverse case studies reveal areas of both divergence and convergence between Russia and various Middle Eastern players on a range of issues, including the Syrian Civil War, Iran’s regional activities and the Yemeni conflict. In an era of renewed global tensions, this volume provides an important corrective to the notion that Russia’s Cold War-era confrontation with ‘the West’ determines its contemporary approach to the Middle East. No less important are economic interests and domestic security considerations, which push Moscow towards greater interaction with the region. Only by examining both new trends and old traditions can we understand Russia’s significance as a global player today.
. Tigrane Yégavian, Géopolitique de l’Arménie, Paris, Editions Bibliomonde, janvier 2022.
En 2020, une guerre désastreuse a fait perdre aux Arméniens une partie de l’enclave du Haut-Karabagh, ainsi que le glacis qui l’entourait. Ces territoires, contrôlés depuis le début des années 1990, sont passés aux mains de l’Azerbaïdjan, appuyé sur une coalition hétéroclite menée par la Turquie. L’attitude des alliés de l’Arménie, en particulier la Russie, n’a pas été aussi franche qu’espérée. Ce qui a conduit au cessez-le-feu humiliant du 9 novembre 2020. De plus, les exactions de l’armée azerbaïdjanaise sont perçues comme une réplique du génocide de 1915, un crime toujours nié par les voisins immédiats de l’Arménie. Cette nation plurimillénaire sans tradition étatique récente, doit aujourd’hui analyser les raisons d’un tel désastre, apprendre à survivre dans un environnement géopolitique hostile et réinventer sa relation à une diaspora importante et influente, pour un si petit Etat. C’est ce que se propose de faire cet ouvrage qui se veut avant tout pédagogique et prospectif.
. Gérard Chaliand, Le savoir de la peau. Mémoires., éd. L’Archipel, mars 2022.
« Un des meilleurs géostratèges contemporains. Clair, direct, lucide, très expérimenté, original, il est à la fois engagé et rigoureux. » Hubert Védrine
« J’ai participé, dans la mesure de mes moyens et de la façon qui me convenait le mieux, à l’histoire de mon temps. J’étais présent partout où j’ai pensé qu’il fallait l’être et je devrais ajouter que j’y ai pris plaisir, bien que ce terme ne rende pas compte du caractère tragique de ce que j’ai observé.
Qu’ai-je cherché au cours de ces traversées du monde ? L’aventure, sans l’ombre d’un doute, l’action, le risque. Des échanges par-dessus tout, l’amour, l’amitié… Tout cela formait un tout, où le savoir de la peau, acquis sur divers fronts, se transformait en expérience à partager. »
Homme de terrain, Gérard Chaliand a été, au cours du demi-siècle écoulé, un observateur-participant des guérillas d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine. Il a enseigné à Harvard, Berkeley, UCLA, ainsi qu’à l’Ena et à l’École de guerre, tout en menant sa vie librement.
Faisant suite au premier volet de ses mémoires (La pointe du couteau, Robert Laffont, 2011), ce récit relate l’itinéraire d’un irrégulier, ses enquêtes et ses expériences de terrain à travers l’histoire mouvementée des quatre dernières décennies.
. Emanuel Deutschmann, Mapping the Transnational World : How We Move and Communicate across Borders, and Why It Matters. Princeton, Princeton University Press, mars 2022.
Increasingly, people travel and communicate across borders. Yet, we still know little about the overall structure of this transnational world. Is it really a fully globalized world in which everything is linked, as popular catchphrases like “global village” suggest ? Through a sweeping comparative analysis of eight types of mobility and communication among countries worldwide—from migration and tourism to Facebook friendships and phone calls—Mapping the Transnational World demonstrates that our behaviour is actually regionalized, not globalized.
Emanuel Deutschmann shows that transnational activity within world regions is not so much the outcome of political, cultural, or economic factors, but is driven primarily by geographic distance. He explains that the spatial structure of transnational human activity follows a simple mathematical function, the power law, a pattern that also fits the movements of many other animal species on the planet. Moreover, this pattern remained extremely stable during the five decades studied—1960 to 2010. Unveiling proximity-induced regionalism as a major feature of planet-scale networks of transnational human activity, Deutschmann provides a crucial corrective to several fields of research.
. Geneviève Duché, Illibéralisme et repli identitaire en Europe centrale. Un défi pour l’Union européenne, Paris, Editions Harmattan, janvier 2022.
« Nous avons réalisé le rêve de nos ancêtres » - à savoir l’inclusion dans l’Occident - déclarait le président de la République polonaise en 2002 peu avant son intégration dans l’Union européenne. En 2017, le Premier ministre hongrois fustige l’occident donneur de leçons et qui déchristianise l’Europe, démolit le modèle et déclare que l’Europe centrale devient l’avenir de l’Europe. Un renversement, une hostilité. Que s’est-il passé ? Comment expliquer le nationalisme agressif et les replis identitaires dans les pays libérés du soviétisme ? Comment comprendre qu’une partie des populations de ces pays suive des leaders populistes, tourne le dos à la démocratie et s’engage dans la haine ? Ce livre tente des réponses par une approche pluridisciplinaire en revenant aux transformations profondes causées par le passage d’une économie collectivisée à un capitalisme néo-libéral, en convoquant l’Histoire de ces pays, leurs mythes et violences.
. Jean Schmitz, Abdel Wedoud Ould Cheikh et Cédric Jourde (dir.), Le Sahel musulman entre soufisme et salafisme. Subalternité, luttes de classement et transnationalisme, Paris, Karthala, février 2022.
À l’encontre de l’opposition stéréotypée entre soufisme et salafisme, les contributions rassemblées dans cet ouvrage montrent la convergence entre certains ordres soufis et les mouvements salafistes dans leur enrôlement des subalternes, femmes, jeunes et « castés », au Sahel musulman. Une telle évolution ne peut se comprendre que dans la longue durée et en connectant les espaces.
L’espace sahélien est marqué depuis le XIe siècle par une forte prépondérance de l’islam reposant sur un triptyque partagé avec l’ensemble du Maghreb voisin : malikisme, acharisme et soufisme confrérique. Après les révolutions musulmanes plutôt égalitaires du XVIIIe siècle, ces confréries se sont propagées lors des jihads expansionnistes du XIXe siècle. À l’encontre de ces derniers, la « révolution voilée » des ordres soufis mauritano-sénégambiens au tournant du XXe siècle reprit le message émancipateur initial, quoique beaucoup moins à l’égard des femmes.
Aussi les auteurs s’attachent-ils à étudier une génération ultérieure d’ordres soufis (1930-2021), celle de branches de la Tijāniyya qui, en opposition complémentaire avec les réformistes, poursuivit la lutte pour la reconnaissance islamique des subalternes par l’accès au savoir, à l’espace public religieux et aux positions d’autorité.
Cet ouvrage rassemble les travaux de spécialistes internationaux des études islamiques et des sciences sociales. Il est structuré autour de quatre thématiques : orthodoxie et orthopraxie ; islam et hiérarchies statutaires ; représentations raciales et pratiques ; genre et subalternité.
. Le Grand Continent, Politiques de l’interrègne. Chine, pandémie, climat, Paris, Gallimard, mars 2022.
Le chaos pandémique n’a pas d’après. Pourtant, derrière les images monstrueuses qui défilent sur nos écrans, au-delà des polémiques qui agitent nos débats, dans le vertige des crises des années 2020, un nouveau monde est sur le point d’éclore.
Nous nous trouvons encore dans l’interrègne. Nous subissons des bouleversements que l’on peine à décrire, à transformer ou à arrêter. Fait-on du surplace ou sommes-nous en train de basculer ?
Deux forces fracturent notre réalité. La rivalité géopolitique entre la Chine et les États-Unis structure le monde. La crise climatique planétaire change tout. Entretemps, dans la pandémie, en France, en Europe, des spectres se raniment : la dette, le conflit, le genre, l’État, la souveraineté. Est-il encore possible de bifurquer ?
Ce premier volume du Grand Continent, phénomène intellectuel des années 2020, réunit vingt voix qui définissent la structure des politiques dans l’interrègne.
Une idée les réunit et justifie de les recueillir : si le désordre est certain, le chaos n’est pas encore une nécessité.
. Marta Tawil Kuri, Élodie Brun, Latin American Relations with the Middle East. Foreign Policy in Times of Crisis, Londres, Routledge, mars 2022.
Latin American Relations with the Middle East surveys the dealings of ten Latin American and Caribbean states – Argentina, Brazil, Chile, Colombia, Costa Rica, Cuba, Peru, Mexico, Uruguay, and Venezuela – with the Middle East.
This volume examines these states’ external behaviour at both an empirical and conceptual level. Empirically, authors seek to examine Latin American and Caribbean foreign policies towards the Middle East in four dimensions : diplomatic attention ; trade and investment (including the energy issue) ; development cooperation ; security matters/intelligence, and relationship with multilateralism (Iran, Palestine, and Syria). Case studies are selectively deployed to observe the influence of unfavourable circumstances that have increased since 2015, such as domestic turmoil, wars, economic crisis, ideological bias, and international constraints. Conceptually, the book enhances the theoretical framework for understanding Southern countries’ foreign policies, through fomenting dialogue with Latin American and Caribbean regional literature on foreign policy. Authors inquire about how decision-making processes occur, and uncover how influential actors help to test the main hypotheses of Foreign Policy Analysis (FPA).
. Yixian Sun, Certifying China. The Rise and Limits of Transnational Sustainability Governance in Emerging Economies, Cambridge, MIT Press, février 2022.
A comprehensive study of the growth, potential, and limits of transnational eco-certification in China and the implications for other emerging economies.
China has long prioritized economic growth over environmental protection. But in recent years, the country has become a global leader in the fight to save the planet by promoting clean energy, cutting air and water pollution, and developing a system of green finance. In Certifying China, Yixian Sun explores the potential and limits of transnational eco-certification in moving the world’s most populous country toward sustainable consumption and production. He identifies the forces that drive companies from three sectors—seafood, palm oil, and tea—to embrace eco-certification. The success of eco-certification, he says, will depend on the extent to which it wins the support of domestic actors in fast-growing emerging economies.
The assumption of eco-certification is that demand along the supply chain can drive businesses to adopt good practices for social, environmental, and economic sustainability by specifying rules for production, third-party verification, and product labelling. Through case studies drawn from extensive fieldwork and mixed methods, Sun traces the processes by which certification programs originating from the Global North were introduced in China and gradually gained traction. He finds that the rise of eco-certification in the Chinese market is mainly driven by state actors, including government-sponsored industry associations, who seek benefits of transnational governance for their own development goals. The book challenges the conventional wisdom that the Chinese state has little interest in supporting transnational governance, offering novel insights into the interaction between state and non-state actors in earth system governance in emerging economies.
. François-Xavier Fauvelle, Penser l’histoire de l’Afrique, Paris, CNRS Editions, mars 2022.
Retraçant un parcours de recherche qui l’a mené d’un bout à l’autre du continent africain, de l’Afrique du Sud au Maroc, en passant par l’Éthiopie ou le Mali, François-Xavier Fauvelle dessine à grands traits et fait ressortir les enseignements d’une histoire qu’il est encore de bon ton d’ignorer – quand elle n’est pas purement et simplement niée.
Il pointe les spécificités documentaires d’une histoire « à trous », véritable défi pour l’historien en ce qu’elle suppose de croiser fouilles archéologiques et analyse des usages contemporains du passé, études des sources écrites anciennes comme des traditions orales, tout en déconstruisant les clichés et les fantasmes hérités des siècles d’esclavage puis de colonialisme.
Apparaît alors l’incroyable richesse de l’histoire de l’Afrique antique et médiévale, marquée par une grande diversité des types de sociétés, de croyances religieuses et de formations politiques.
Réinscrite dans les multiples flux humains, spirituels, commerciaux ou intellectuels avec la péninsule arabique, l’Europe et l’océan Indien, elle permet de renouveler notre compréhension des mondes anciens.
. Jean Lévesque, Yann Roche, Du village alpin à l’événement planétaire. Histoire et géopolitique des Jeux olympiques d’hiver, de 1924 à nos jours, Québec, Presses de l’Université du Québec, février 2022.
Longtemps considérés comme une annexe hivernale ou, selon l’expression même de Coubertin, un prélude aux « vrais Jeux », les Jeux olympiques d’hiver ont reçu beaucoup moins d’attention que les Jeux d’été sous prétexte qu’ils attiraient moins d’athlètes, moins de spectateurs et que la compétition réelle ne concernait que quelques pays. Avec l’atteinte récente du seuil de deux milliards de téléspectateurs, les Jeux d’hiver sont en voie de devenir, comme ceux d’été, un « spectacle-monde ». En passant de 16 pays représentés à 88 en moins d’un siècle d’existence, il s’est également produit une indéniable mondialisation des Jeux d’hiver, même s’il y a toujours un certain déséquilibre en faveur des pays du Nord.
Comme les Jeux nordiques qui les ont précédés, on a perçu les Jeux d’hiver comme appartenant « au monde bucolique, d’une simplicité idéalisée, des paysages enneigés des villages alpins isolés, immunisés en quelque sorte des affres de la Realpolitik ». Or rien n’est plus faux. En fait, ils ont souvent servi de vitrine politique à des pays aux ambitions discutables et les menaces de boycottage passées ou présentes ne sont qu’un rappel de cette nature politique. La différence entre les enjeux politiques des Jeux d’hiver et des Jeux d’été « en est une de degré, pas de nature ».
Ce livre vise à soumettre les Jeux d’hiver à la même lecture historique et géopolitique que ceux d’été, aidant ainsi à rétablir l’équilibre dans l’analyse des enjeux politiques des Jeux olympiques. Plus important encore, il s’agira de la synthèse la plus complète des Jeux d’hiver toutes langues confondues. Le présent ouvrage, fruit d’une démarche pluridisciplinaire, comblera une lacune flagrante dans l’étude du sport. Il intéressera autant le grand public que les personnes qui suivent d’assez loin les Jeux d’hiver, celles qui se passionnent pour l’événement ou celles qui sont férues d’histoire du sport.
. Ophélie Rillon, Le genre de la lutte. Une autre histoire du Mali contemporain (1956-1991), Lyon, ENS Editions, mars 2022.
De la décolonisation en 1960 à la révolution de mars 1991, quatre décennies de luttes sociales et politiques ont façonné l’histoire non consensuelle du Mali. Ce livre raconte une histoire mixte, celle des combats multiples menés par les femmes et les hommes de ce pays qui, en dépit de la répression, se sont révoltés, insurgés et mobilisés contre l’ordre établi. Le récit proposé ici se situe aux antipodes des représentations jusqu’ici véhiculées sur ce pays africain confronté à une crise profonde depuis 2012. Situé à la croisée de l’histoire du genre et de la sociologie des mouvements sociaux, cet ouvrage propose une analyse inédite des dynamiques sexuées qui imprègnent les formes de l’action collective et de la manière dont l’engagement contribue à modifier les rapports de genre dans le Mali contemporain. Il intéressera à la fois les lecteurs et lectrices de l’histoire de l’Afrique, des contestations et du genre des luttes.
. Saïd Djinnit, Le dialogue à tout prix. Au cœur de la crise politique de 2013 en Guinée, Louvain-la-Neuve, Presses universitaires de Louvain, février 2022.
L’histoire de la diplomatie africaine reste largement à écrire par ses acteurs. Dans cet ouvrage, Saïd Djinnit livre son expérience de facilitation du dialogue inter-guinéen en 2013. Appelé à modérer un dialogue politique, il déploie son énergie pour créer les conditions de la tenue du dialogue et pour s’assurer ensuite de la mise en œuvre honnête de l’accord politique conclu.
La facilitation se déroule à Conakry, dans un contexte politique tendu, ponctué par des incidents de violence qui font redouter le pire. On retrouve dans ce récit toutes les techniques de médiation qui ont permis à Saïd Djinnit de maintenir le rythme de la facilitation, de garder les parties protagonistes engagées dans le processus de paix et d’éviter que la situation dégénère. Le parcours est parsemé d’obstacles que le facilitateur lève l’un après l’autre.
L’ouvrage est un puits d’enseignements pour les chercheurs, les praticiens et les personnes qui s’intéressent de près ou de loin à la médiation et aux crises politiques et électorales en Afrique. Il est également une source d’inspiration pour tous ceux qui croient à la centralité du dialogue afin d’éviter l’affrontement et la violence et de promouvoir et maintenir la paix et la stabilité.
. Sami Aoun, Gilles Vandal, Anouar el-Sadate. Chef de guerre devenu homme de paix ?, Bruxelles, Editions Mardaga, février 2022.
Anouar el-Sadate, président de l’Égypte dans les années 1970, a révolutionné les relations entre les États du Moyen-Orient. En recentrant la politique internationale et celle de son pays par des actions spectaculaires, il a gravé l’Histoire de son empreinte.
Aujourd’hui encore, son image est multiple : visionnaire à la personnalité complexe, leader audacieux, fin stratège, homme de paix, traitre de la cause arabe, chef de guerre, ou encore dictateur… Finalement, qui était cet homme d’État ? Comment a-t-il forgé son leadership ? Et quel héritage a-t-il laissé à son pays, à l’ordre régional et au monde actuel ?
En analysant le parcours personnel et politique de ce personnage emblématique, Gilles Vandal et Sami Aoun soulignent les forces et les paradoxes, les initiatives surprenantes et les stratégies géopolitiques marquantes d’un leader aux multiples facettes.
. Xavier Driencourt, L’énigme algérienne. Chroniques d’une ambassade à Alger, Paris, Editions de l’Observatoire, mars 2022.
Ambassadeur de France à Alger de 2008 à 2012 et de 2017 à 2020, Xavier Driencourt est le diplomate français qui aura passé le plus de temps en poste en Algérie.
Il livre ici une analyse passionnante de ce pays si proche de nous et pourtant si énigmatique, dévoilant sa complexité et ce que les Algériens eux-mêmes appellent « le système ». Il revient sur la relation franco-algérienne marquée par l’histoire, la colonisation, les événements tragiques de 1962 et l’immigration, mais aussi sur les nombreux liens culturels, économiques, familiaux entre les deux rives de la Méditerranée. Il s’interroge sur la relation ambiguë que nos élus entretiennent avec ce pays qui, plus d’un demi-siècle après son indépendance, semble encore faire partie de la politique intérieure française.
À l’aube du 60e anniversaire des accords d’Évian, et alors qu’à la suite du rapport de Benjamin Stora les autorités françaises souhaitent accompagner cet événement, cet ouvrage constitue le tableau le plus complet pour qui veut comprendre l’Algérie contemporaine, les défis qu’elle pose à la France et l’énigme politique qu’elle représente pour nombre d’entre nous.
. Adèle Blazquez, L’aube s’est levée sur un mort. Violence armée et culture du pavot au Mexique, Paris, CNRS Editions, mars 2022.
Entre le procès très médiatisé d’El Chapo et les séries à succès sur Netflix, la petite commune de Badiraguato, considérée comme le berceau du narcotrafic et la base du cartel du Sinaola, est devenue un objet médiatique à part entière. Elle est aussi l’épicentre d’une « guerre contre la drogue » qui a fait plus de victimes au Mexique depuis le début du XXIe siècle que les conflits en Afghanistan ou en Irak.
Mais comment vivent celles et ceux qui restent invisibles dans cette grande fresque criminelle romancée aux effets bien réels ? L’aube s’est levée sur un mort, qui emprunte son titre à une expression coutumière des habitants découvrant un cadavre au petit matin, suit celles et ceux qui subsistent dans cette région sans emplois, qui tiennent une épicerie, cultivent une petite parcelle de pavot ou occupent un poste dans l’administration locale.
Comment se déplace-t-on dans cette zone où une mauvaise rencontre peut surgir à tout instant ? Qui sont les producteurs de pavot, coincés entre l’exploitation de ceux qui achètent leur récolte et la répression militaire ? Que deviennent les relations amoureuses dans une telle situation ? Que peuvent les pouvoirs publics ? Et comment donner sens aux meurtres qui rythment le quotidien ?
En restituant les modalités de la domination comme les logiques d’action des individus, cette ethnographie sensible lève le voile sur une zone interdite qui est comme l’envers de notre économie globalisée. Elle met au jour la vie incertaine et confuse d’habitants tentant constamment d’éviter les embûches d’une existence dans la violence.
. Daniel Cirera, Guy Groux, Mark Kesselman, Regards croisés USA-France. Mouvements et politique en temps de crises, Nancy, Editions de l’Arbre Bleu, février 2022.
Depuis les analyses classiques de Tocqueville sur le contraste entre l’étatisme français et le pluralisme américain, les États-Unis et la France ont fourni des laboratoires pour l’analyse comparative. La mise en regard des mouvements sociaux aux États‑Unis et en France alimente la compréhension des rapports entre conflictualité et refondation de la gauche à la lumière des défis posés de part et d’autre de l’Atlantique.
Depuis le New Deal des années 1930, la conquête des droits civiques aux États-Unis dans les années 1960, l’avènement du capitalisme néolibéral et de la mondialisation financière jusqu’à la crise majeure de 2008, les rapports entre mouvements sociaux et politique font l’histoire. Plus récemment, l’ascension du populisme, l’émergence de Bernie Sanders et d’une gauche combative, l’expansion des mobilisations décisives dans la défaite de Trump résonnent avec ce que nous vivons en France. L’intensification des mobilisations contre les inégalités et les discriminations, contre les violences racistes, des luttes féministes, écologistes et pour la justice sociale bouscule le champ politique sur fond de poussée de l’extrême droite et d’une tendance à l’autoritarisme. Ce détour par les États-Unis invite à un regard distancié sur notre propre réalité en France.
En assumant leur diversité, les autrices et auteurs des contributions rassemblées dans ce volume éclairent ces événements et les défis stratégiques de la gauche sociale et politique en France, à l’heure du néolibéralisme contesté et de la poussée des aspirations émancipatrices.
Comme projet associé à la Fondation Gabriel Péri, cet ouvrage vise un public large, intéressé et éventuellement impliqué dans le débat et la confrontation d’idées politiques comme dans l’action militante.
. Michanne Steenbergen, Female Ex-Combatants, Empowerment, and Reintegration. Gendered Inequalities in Liberia and Nepal, Londres, Routledge, février 2022.
Female Ex-Combatants, Empowerment, and Reintegration investigates the role of United Nations-led Disarmament, Demobilization, and Reintegration (DDR) programs in undermining female ex-combatants’ empowerment.
The participation of female combatants in conflict has increasingly been recognized in feminist literatures and in policies and programs concerned with reintegrating ex-combatants and building peace. This has illustrated that female ex-combatants often experience "empowerment" through their role as combatant ; however, this empowerment is often lost upon reintegration. UN-led DDR plays an important role in the broader peacebuilding process, as it is one of the largest interventions and directly aims to reintegrate ex-combatants into civilian life. This book draws on extensive field research and interviews with female ex-combatants and DDR officials in Liberia and Nepal to develop a nuanced and comprehensive picture of female ex-combatants’ empowerment and how this is undermined by DDR. Through reconceptualized frameworks of empowerment and an emancipatory peace, the book explores the pivotal role that DDR programs play in undermining female ex-combatants’ empowerment. The author argues that this is detrimental to peacebuilding, because DDR officials and documentation narrate female ex-combatants in limited and gendered ways, which reproduces gendered inequalities and define how female ex-combatants should behave.
This book will be of great interest to scholars and practitioners working on gender, conflict, peace, security, and development.
. Nicolas Regaud, Bastien Alex, François Gemenne (dir.), La guerre chaude. Enjeux stratégiques du changement climatique, Paris, Presses de SciencesPo, mars 2022.
Spécialistes des questions de défense et de climat, les auteurs du premier livre consacré à cet immense enjeu dressent un panorama des risques stratégiques et opérationnels associés au dérèglement climatique.
Un monde plus chaud sera aussi un monde plus violent. Alors qu’une hausse des températures d’à peine 1 °C depuis l’ère préindustrielle a déjà des conséquences préoccupantes pour la sécurité nationale et internationale, il ne fait pas de doute que cette tendance va s’amplifier et nous faire entrer dans une longue période de tensions.
Les armées ne doivent pas seulement réduire leur empreinte carbone. Acteurs majeurs de la paix et de la sécurité, elles doivent aussi s’adapter à une situation qui affecte lourdement leurs missions et leurs capacités pour s’engager dans une véritable politique de sécurité climatique.
Spécialistes des questions de défense et de climat, les auteurs du premier livre consacré à cet immense enjeu dressent un panorama des risques stratégiques et opérationnels associés au dérèglement climatique. Ils anticipent les contours de la « guerre chaude » qui s’annonce en analysant les défis auxquels les forces armées seront confrontées et la façon dont elles pourront contribuer à le relever.
. Nicolas Roseau, Le futur des métropoles, Genève, MétisPresses, février 2022.
Objet controversé, l’infrastructure est l’entrée par laquelle cet ouvrage interroge la production imaginaire et concrète de l’espace urbain. L’étude de trois métropoles – New York, Paris,
Hong Kong – permet d’approfondir les rapports au temps qu’entretiennent les villes et leurs infrastructures, construites pour durer alors même que leurs fonctions sont destinées à évoluer.
Nathalie Roseau propose ainsi une relecture des grands artefacts urbains qui nous environnent, racontant les débats qui les ont accompagnés et les crises auxquelles ils sont encore confrontés. Elle envisage les infrastructures dans une perspective située et transnationale et identifie, à la manière de l’archéologue, les traces visibles et invisibles de leur sédimentation. Les récits du parkway newyorkais, de Roissy Charles-de-Gaulle et du périf parisien, ainsi que de l’infrastructure hongkongaise dévoilent les attentes d’une société au regard des temps à venir et clarifient les rapports de force entre pouvoirs et représentations, instituant le projet comme une chaîne de convergences et de conflits, de décisions et de revirements.
Réflexion sur l’urbanisme comme savoir et pratique, cet ouvrage interroge la valeur des futurs projetés et propose un changement de perspective face aux transformations qui s’imposent aux métropoles. Ancrées dans l’histoire des villes, les infrastructures dialoguent avec les défis du présent.
. Paul Pax Morin, Les jeunes et la guerre d’Algérie, Paris, PUF, mars 2022.
La colonisation et la guerre d’Algérie ont laissé des traces nombreuses et profondes sur la société française. 39 % des jeunes Français ont un lien familial avec cette histoire. Pour eux, l’Algérie est un héritage intime. C’est ce qui explique la tristesse dans le regard suspendu d’un grand-père un soir d’été, ce sont ces bricks à l’œuf partagées chaque vendredi, ces insultes en langue arabe ou… sur les Arabes. Beaucoup de jeunes interrogent ces traces pour comprendre leurs origines, leurs identités mais aussi la société française actuelle. Sur la base d’une enquête auprès de 3 000 jeunes âgés de 18 à 25 ans et d’une centaine d’entretiens avec des petits-enfants d’appelés, de pieds-noirs, de harkis, de juifs d’Algérie, de militants au FLN ou à l’OAS, cet ouvrage permet à la fois de faire le constat de ce que les jeunes savent et retiennent de la colonisation et de la guerre d’Algérie, de ce qui a été transmis dans les millions de familles affectées par cette histoire, et de la façon dont cette nouvelle génération interprète, négocie et utilise cet héritage au quotidien. Plus généralement, cette recherche interroge le rôle de la mémoire collective sur la construction identitaire et la socialisation politique des jeunes. Elle permet de repérer les tensions politiques et identitaires héritées de cette histoire mais également de constater le chemin de la normalisation que nous prenons collectivement. Les jeunes nous projettent déjà dans une relation apaisée au passé. Parce qu’ils sont la génération du dépassement, ce livre leur donne la parole.
. Alexander Lanoszka, Military Alliances in the Twenty-First Century, New York, Polity Books, janvier 2022.
Alliance politics is a regular headline grabber. When a possible military crisis involving Russia, North Korea, or China rears its head, leaders and citizens alike raise concerns over the willingness of US allies to stand together. As rival powers have tightened their security cooperation, the United States has stepped up demands that its allies increase their defense spending and contribute more to military operations in the Middle East and elsewhere. The prospect of former President Donald Trump unilaterally ending alliances alarmed longstanding partners, even as NATO was welcoming new members into its ranks. Military Alliances in the Twenty-First Century is the first book to explore fully the politics that shape these security arrangements – from their initial formation through the various challenges that test them and, sometimes, lead to their demise. Across six thematic chapters, Alexander Lanoszka challenges conventional wisdom that has dominated our understanding of how military alliances have operated historically and into the present. Although military alliances today may seem uniquely hobbled by their internal difficulties, Lanoszka argues that they are in fact, by their very nature, prone to dysfunction.
. Elie Cohen, Souveraineté industrielle. Vers un nouveau modèle productif, Paris, Editions Odile Jacob, février 2022.
Quel modèle productif se dessine pour la France d’aujourd’hui ? Et avec quelle gouvernance ?
Ce livre est animé par une conviction : dans un monde de plus en plus régi par les rapports de force, où la dépendance a tôt fait de se transformer en vulnérabilité, renouer avec l’ambition de souveraineté industrielle est une nécessité. Car toute politique industrielle est une politique de développement. Comment négocier aujourd’hui cette nouvelle étape de la mondialisation avec le redéploiement industriel ? Sur quels outils l’État doit-il s’appuyer ? Quand l’échelle européenne est-elle indispensable ?
Véritable vade-mecum à l’intention du citoyen et du décideur, ce livre montre qu’il est temps de dépasser les oppositions stériles (entre Europe et États nationaux, entre concurrence et politique d’innovation, entre centre et territoires…) pour mettre en œuvre les stratégies dont nous avons tant besoin.
. Gérard-François Dumont, Catherine Wihtol de Wenden (dir.), La COVID-19 est-elle un game-changer géopolitique ?, Paris, L’Harmattan, janvier 2022.
La crise de la Covid s’impose déjà comme une séquence majeure de l’histoire du monde. Elle a explicitement installé un enjeu de sécurité globale en tête des périls qui pèsent sur notre monde. L’insécurité est désormais globale, tant dans ses modalités que dans sa cible. Ce livre réunit des spécialistes de différentes disciplines, dont le regard converge vers ce phénomène inédit.
. Sara Vigil, Land Grabbing and Migration in a Changing Climate. Comparative Perspectives from Senegal and Cambodia, Londres, Routledge, février 2022.
This book provides a theoretical and empirical examination of the links between environmental change, land grabbing, and migration, drawing on research conducted in Senegal and Cambodia.
While the impacts of environmental change on migration and of environmental discourses on land grabs have received increased attention, the role of both environmental and migration narratives in shaping migration by modifying access to natural resources has remained under-explored. Using a variegated geopolitical ecology framework and a comparative global ethnographic approach, this book analyses the power of mainstream adaptation and security frameworks and how they impact the lives of marginalised and vulnerable communities in Senegal and Cambodia. Findings across the cases show how environmental and migration narratives, linked to adaptation and security discourses, have been deployed advertently or inadvertently to justify land capture, leading to interventions that often increase, rather than alleviate, the very pressures that they intend to address. The interrelations between these issues are inherent to the tensions that exist, in different contexts and at different times, between capital accumulation and political legitimation. The findings of the book point to the urgency for researchers and policymakers to address the structural causes, and not the symptoms, of both environmental destruction and forced migration. It shows how acting upon environmental change, land grabs, and migration in isolated or binary manners can increase, rather than alleviate, pressures on those most socio-environmentally vulnerable.
This book will be of interest to students, scholars, and practitioners working on the topics of land and resource grabbing and environmental change and migration. The book will also be of interest to those analysing political ecology transitions in Africa and Asia, as well as to those interested in novel theoretical and methodological frameworks.
. Scott Reynolds Nelson, Oceans of Grain. How American Wheat Remade the World, New York, Basic Books, février 2022.
To understand the rise and fall of empires, we must follow the paths travelled by grain—along rivers, between ports, and across seas. In Oceans of Grain, historian Scott Reynolds Nelson reveals how the struggle to dominate these routes transformed the balance of world power.
Early in the nineteenth century, imperial Russia fed much of Europe through the booming port of Odessa. But following the US Civil War, tons of American wheat began to flood across the Atlantic, and food prices plummeted. This cheap foreign grain spurred the rise of Germany and Italy, the decline of the Habsburgs and the Ottomans, and the European scramble for empire. It was a crucial factor in the outbreak of the First World War and the Russian Revolution.
A powerful new interpretation, Oceans of Grain shows that amid the great powers’ rivalries, there was no greater power than control of grain.
. Togzhan Kassenova, Atomic Steppe. How Kazakhstan Gave Up the Bomb, Stanford, Stanford University Press, janvier 2022.
Atomic Steppe tells the untold true story of how the obscure country of Kazakhstan said no to the most powerful weapons in human history. With the fall of the Soviet Union, the marginalized Central Asian republic suddenly found itself with the world’s fourth largest nuclear arsenal on its territory. Would it give up these fire-ready weapons—or try to become a Central Asian North Korea ?
This book takes us inside Kazakhstan’s extraordinary and little-known nuclear history from the Soviet period to the present. For Soviet officials, Kazakhstan’s steppe was not an ecological marvel or beloved homeland, but an empty patch of dirt ideal for nuclear testing. Two-headed lambs were just the beginning of the resulting public health disaster for Kazakhstan—compounded, when the Soviet Union collapsed, by the daunting burden of becoming an overnight nuclear power.
Equipped with intimate personal perspective and untapped archival resources, Togzhan Kassenova introduces us to the engineers turned diplomats, villagers turned activists, and scientists turned pacifists who worked toward disarmament. With thousands of nuclear weapons still present around the world, the story of how Kazakhs gave up their nuclear inheritance holds urgent lessons for global security.
. Jacques Arnould, La guerre de l’espace aura-t-elle lieu ?, Paris, L’Harmattan, février 2022.
Soixante ans après le vol inaugural de Spoutnik, plusieurs États, dont les États-Unis et la France, se sont dotés d’une « armée de l’espace » : l’espace est-il sur le point d’entrer en guerre ? Les humains vont-ils transporter dans les étoiles les conflits qu’ils mènent sur Terre ? La question est d’autant plus actuelle que, dans le même temps, les entrepreneurs du New Space expriment des velléités d’exploiter les ressources de l’espace et mettent ainsi en défaut les principes du droit de l’espace, en particulier ceux de non-appropriation et de libre accès. Les inévitables conflits d’intérêts conduiront-ils à des affrontements interplanétaires ? En réalité, l’espace est déjà en guerre, parce que nous les humains le sommes. Et si nous considérions l’espace comme une occasion, un lieu pour imaginer et poser les éléments d’une paix entre les pays, entre les humains ?
. Mark Galeotti, The Weaponisation of everything. A Field Guide to the New Way of War, New Haven, Yale University Press, février 2022.
Hybrid War, Grey Zone Warfare, Unrestricted War : today, traditional conflict—fought with guns, bombs, and drones—has become too expensive to wage, too unpopular at home, and too difficult to manage. In an age when America threatens Europe with sanctions, and when China spends billions buying influence abroad, the world is heading for a new era of permanent low-level conflict, often unnoticed, undeclared, and unending.
Transnational crime expert Mark Galeotti provides a comprehensive and ground-breaking survey of the new way of war. Ranging across the globe, Galeotti shows how today’s conflicts are fought with everything from disinformation and espionage to crime and subversion, leading to instability within countries and a legitimacy crisis across the globe. But rather than suggest that we hope for a return to a bygone era of “stable” warfare, Galeotti details ways of surviving, adapting, and taking advantage of the opportunities presented by this new reality.
. Nafissa Insebayeva, Modernity, Development and Decolonization of Knowledge in Central Asia, Singapour, Palgrave Macmillan, février 2022.
This book joins the discussion on foreign aid triggered by the rise of multiplicity of emerging donors in international development and explores the transformation of Kazakhstan from a recipient country to a development aid provider.
Drawing on fieldwork in Nur-Sultan and Almaty (Kazakhstan) between 2016 and 2019, this research evaluates the philosophy and core features of Kazakhstan’s chosen development aid model and explains the factors that account for the construction of aid patterns of Kazakh donorship. This book will be of interest to scholars of Central Asia and the emerging politics of Eurasia as well as scholars of politics and aid.
. Pierre Blanc, Jean-Paul Chagnollaud, Le rendez-vous manqué des peuples. De l’échec des révolutions populaires aux dérives populistes, Paris, Autrement, janvier 2022.
Loin des espoirs suscités par la chute du mur de Berlin, le début de notre siècle dessine un horizon politique largement assombri par l’échec des révolutions citoyennes et la montée en puissance des populismes, sur fond de crise des démocraties. Partout - des pays arabes à l’Europe en passant par le continent américain -, le rendez-vous annoncé des peuples avec eux-mêmes est manqué. Notre monde est-il entré dans une phase de régression démocratique, aux antipodes des espérances passées ? Des révolutions arabes de Syrie, de Tunisie ou d’Égypte, aux gouvernements populistes démocratiquement élus aux États-Unis, au Brésil, en Hongrie, en Pologne et en Inde, cet ouvrage dresse le bilan de vingt ans de soubresauts, convoquant les plus fins théoriciens pour en donner des clefs de compréhension. Ambitieux, cet essai nous amène à changer de perspective pour lire la montée en puissance des autoritarismes et l’échec des révolutions citoyennes comme les deux faces d’une même pièce qu’il s’agit de penser conjointement.
. Pierre-Noël Denieuil, Lignes de vie d’un peuple. Tunisiens, Paris, Ateliers Henry Dougier, février 2022.
Depuis la fondation de Carthage, et tout au long de son histoire, le Tunisien a su accueillir, s’adapter à ses multiples occupants, et s’est construit une personnalité encline au compromis. Dès l’indépendance de 1956, la scolarisation massive des filles ainsi que le Code du statut personnel ont ouvert la voie au maillon fort du pays, ses femmes. Depuis sa révolution de 2011, la Tunisie est devenue un vaste laboratoire d’expérimentation des libertés, annonçant l’émergence d’une société multi-informée venant brouiller les repères entre wahhabisme, arabité, tunisianité et modernité. Il en ressort une mosaïque au carrefour des influences qui se reflètent dans la diversité de sa cuisine ou dans les identités croisées (religieuses, migratoires, sexuées) de ses artistes. Ici, petit commerçant, animateur radio, professeurs, journaliste, militant, chef cuisinier, artistes..., s’expriment et racontent leur Tunisie.
. Stéphane Dudoignon, Les gardiens de la Révolution en République islamique d’Iran, Paris, CNRS Editions, février 2022.
Le corps des Gardiens de la Révolution islamique, créé le 22 avril 1979, quelques semaines après la formation de la République islamique d’Iran, est un corps paramilitaire possédant ses propres forces terrestres et de renseignements, mais aussi sa marine et son armée de l’air. Si l’armée régulière iranienne est chargée de la défense des frontières et du maintien de l’ordre à l’intérieur, les Gardiens de la révolution sont chargés de protéger le régime et de sauvegarder les acquis de la Révolution. Ils dépendent directement du Guide de la Révolution. Forts de plus d’une centaine de milliers d’hommes, ils sont considérés comme une organisation terroriste par les États-Unis.
Qui sont ces Gardiens ? Comment et où sont-ils recrutés et formés ? Comment cela a-t-il changé avec le temps ? Quelles sont les convergences et les clivages entre eux et les religieux ? Quelles ont été leurs grandes figures ? Comment sont-ils également devenus une grande force économique ? Il est impossible de comprendre l’Iran moderne sans étudier ce corps particulier.
Or le contexte politique changeant des dernières décennies, marqué par de de grandes manifestions en Iran, de grands bouleversements alentour (printemps arabe, internationales jihadistes), et l’aggravation des sanctions internationales, a poussé l’Iran à opérer des tournants géostratégiques et politiques majeurs. Et a incité les Gardiens à se réorganiser en profondeur. Cet ouvrage revient sur le rôle de ce corps et sur l’attention qu’y porte le Guide, soucieux de sa cohésion et de sa loyauté, à l’heure d’une division générale des élites politiques de la République islamique et d’un contexte international menaçant.
. Corentin Léotard (dir.), La Hongrie sous Orban, Paris, Plein Jour, février 2022.
« Baraque la plus gaie » du bloc de l’Est, élève prometteuse de l’Union européenne dans les années 1990, eldorado libéral dans les années 2000, la Hongrie fait beaucoup parler d’elle depuis que son dirigeant, Viktor Orbán, y a décrété un « État illibéral » et lancé une « contre-révolution conservatrice ».
Comment vit-on dans ce laboratoire européen du populisme admiré de Trump, Bolsonaro et autres Marine Le Pen ?
Écrit par des journalistes français indépendants installés en Hongrie depuis de nombreuses années, le livre part, à travers une série d’articles, à la rencontre de ceux qui nourrissent le système et de ceux qui s’y opposent ; mais aussi de simples citoyens, des agriculteurs, des Roms, des habitants de petites villes, des artistes, etc., des gagnants et des perdants du système Orbán, qui, de son côté, visera un quatrième mandat consécutif en 2022.
. Eberhard Kienle, Egypt. A Fragile Power, Londres, Routledge, janvier 2022.
Focusing on authoritarian rule, unresolved economic challenges, and external dependency, the volume explains the salient political and economic features of contemporary Egypt against the backdrop of its history since the beginning of the 19th century. Presenting a comprehensive account of developments, it challenges common assumptions about secularists, Islamists, and revolutionaries, as well as “modernization”, “economic reform”, and political stability.
Discussing domestic politics, economic change, and external relations since 1945, the author argues that Egypt continued to draw a degree of strength from sustained state-building activities, which its pre-colonial rulers could pursue in a favourable international environment and the partly related emergence of the country as a focal point of collective identity. More consolidated than many other states in the global south, Arab and non-Arab alike, independent Egypt, despite changing economic strategies, remained a (lower) middle-income country and despite repeated political contestation, most recently in the Arab Spring, continued to suffer from autocratic rule. Such continuity reflects not only the interplay between political forces at home, dominated by the military, and inconclusive economic policies but also the external constraints under which governments and other actors in the global south have to act.
Based on numerous primary and secondary sources in various languages, including Arabic, and years of fieldwork, the book is a key resource for scholars of all levels, journalists, policymakers, and diplomats interested in comparative politics and the political economy of the Middle East and Egypt.
. Frédéric Grare, Jean-Loup Samaan, The Indian Ocean as a New Political and Security Region, Cham, Palgrave Macmillan, janvier 2022.
This book analyses the emergence of the Indian Ocean as security complex and a strategic space of central importance and also looks at its prospective future. As well as US-China rivalry, the India-China rivalry is now the defining factor in the Indian Ocean – irrespective of the strategic asymmetry. This new situation has opened a space for middle-powers, old and new, to intervene. The authors argue that this situation may turn into an additional source of instability and that the creation of an inclusive and comprehensive regional security architecture, as well as the strengthening of regional multilateralism, should be the priority of all stakeholders in the coming decade.
. Henry Hernández Bayter, Camila Moreira Cesar, Ailin Nacucchio (dir.), Discours politiques et médiatiques en Amérique latine. Retour(s) sur les deux premières décennies du XXIe siècle, Paris, L’Harmattan, décembre 2021.
Les contributions ici présentées éclairent l’évolution des discours produits et circulant au sein des sociétés latino-américaines au cours des vingt dernières années. Elles s’organisent autour de quatre axes majeurs : l’analyse du discours politique lors des campagnes électorales, lieu de construction des stratégies discursives des candidats ; l’exploration du discours médiatique comme vecteur de propositions politiques dans l’espace public ; les processus de construction des clivages gauche-droite ; et, enfin, les discours institutionnels dans la construction d’un imaginaire géopolitique régional ainsi que l’apport de la philosophie critique dans les lectures sur le Brésil contemporain.
. Leïla Vignal, War-Torn. The unmaking of Syria. 2011-2021, Londres, Hurst Publishers, août 2021.
Syria as we knew it does not exist anymore. However, all conflicts change countries and their societies. Such an obvious statement needs to be unpacked in specific relation to Syria. What has happened, what does it mean, and what comes next ?
In order to consider the future of Syria, it is crucial to assess not only what has been destroyed, but also how it was destroyed. It is equally vital to address the structural and possibly enduring results of large-scale destruction and displacement. These dynamics are not only at play in Syrian society, but are tearing at the economic fabric and very territorial integrity of the country. If war is a powerful process of human and material destruction, it is equally a powerful process of spatial, social and economic reconfiguration. Nor does it stop at national borders—the unravelling of Syria, and of the idea of Syria, has affected and will continue to affect the entire Middle East.
War-Torn explores these transformations and the processes that fuel them. It is an indispensable account throwing light on neglected aspects of the Syrian war, and a much-needed contribution to our understanding of conflicts in the twenty-first century.
. Michel Bruneau, Peuples-monde de la longue durée - Chinois, Indiens, Iraniens, Grecs, Juifs, Arméniens, Paris, CNRS Editions, février 2022.
Seuls quelques peuples au monde, devenus nations, peuvent se prévaloir d’une longévité multimillénaire, de l’Antiquité à nos jours : ce sont les Chinois, les Indiens, les Iraniens, les Grecs, les Juifs et les Arméniens. Malgré des conquêtes, des assimilations partielles, ou des dominations coloniales, ces six peuples-monde de la longue durée ont réussi à maintenir – ou à restaurer – leur langue, leur culture et/ou leur spécificité religieuse, et à reconstituer un État indépendant. Chinois ou Iraniens se sont appuyés sur un vaste socle territorial et des dynasties successives. Grecs ou Indiens ont alterné morcellement politique récurrent et périodes d’unification impériale. Juifs ou Arméniens se sont très tôt dispersés dans l’espace méditerranéen et eurasien, puis mondial. Contrairement aux Égyptiens, aucun d’entre eux ne s’est transformé au contact de ses conquérants.
Quels sont les facteurs qui contribuent à expliquer une telle longévité, un tel rayonnement et une telle résilience chez ces six peuples ? Une emprise territoriale, une masse démographique, une capacité à s’insérer au sein de réseaux d’échanges mondiaux ? Quel rôle ont pu jouer les religions, les structures sociétales, les institutions politiques, ou encore les langues dans la capacité qu’ont eue ces peuples à perdurer sur près de trois millénaires ? Leur comparaison devrait permettre de mieux appréhender la signification géohistorique de ce concept de "peuple-monde de la longue durée".
. Collectif, Une Europe pour aujourd’hui et pour demain, Paris, Documentation Française, janvier 2022.
Cet ouvrage apporte un éclairage sur la Présidence française de l’Union européenne (PFUE) du 1er janvier au 30 juin 2022 et formule des propositions autour de trois grands axes de réflexion : la relance, la puissance et l’appartenance.
Alors que la crise de la Covid-19 a mis les institutions de l’UE à rude épreuve, la Présidence française de l’Union européenne (PFUE) sera un moment crucial pour l’avenir de l’Europe. Elle s’ordonnancera autour d’un programme de travail législatif (publié le 1er décembre 2021) et portera une ambition de long terme pour le projet européen. Ce rapport est la synthèse de travaux et des auditions qui ont été réalisées sur différents sujets auprès de personnalités françaises de haut niveau. Il renouvelle l’exercice classique d’analyse des politiques européennes grâce à une approche plurielle et indépendante qui lui permet de prendre de la hauteur par rapport à ces sujets tout en gardant une perspective réaliste et opérationnelle. Les propositions et prises de position, rédigées sous forme de notes, s’articulent autour de cinq principaux chapitres.
. Delphine Mercier, Víctor Zúñiga, Kamel Doraï, Mustapha El Miri, Michel Peraldi, Experiencing Ruptures in Migration. The Ordinary and Unexpected Journeys of Global Migrants, Londres, Transnational Press London, décembre 2021.
This book aims to portray migratory experiences, documented in the form of biographical narratives. We are interested in the dynamic aspect of migration, which effectively becomes a complex trajectory, made up of stages, returns, and circulations and no longer simply, as in the industrial era, a bipolar exile (there and here). In these complex and dynamic movements, many trajectories become bifurcations, by which we mean shifting fates. In these stories we found paths, events, and bifurcations, all combined together, in terms of biographical construction based on accumulated experiences. These narratives are both very banal and very unusual journeys, portraying a new international human globalization. They are simultaneously stories of barriers to be crossed in chaotic situations interspersed with peaceful events in quiet contexts. These journeys reveal not only the weight of migration policies, but also the certification policies implemented and developed by various countries.
This book presents itineraries, social logics of mobility ; the routes become the analysts. If statistics record regularities, the personal approach captures specificities that produce meaning and contribute to a reinterpretation of current forms of mobility.
. Frédéric Ramel, La bienveillance. Un autre regard politique sur l’espace mondial, Paris, CNRS Editions, janvier 2022.
Violence, guerre, intérêt : quand on évoque les relations internationales, nous n’avons que ces mots à la bouche. L’espace mondial est trop souvent dépeint par des couleurs sombres et froides, et appréhendé à l’aune de la rationalité. Il existe pourtant d’autres manières, plus subtiles, de décrire le monde dans lequel nous vivons. En faisant de la bienveillance une composante de l’espace mondial, ce livre propose une histoire plus sensible de la scène internationale, et offre une boîte à outils pour l’action politique à venir.
Car la bienveillance ne rime pas qu’avec mièvrerie, aveuglement, et bons sentiments. Disposition morale, elle a aidé, depuis le XVIIe siècle, à penser la neutralité (des médecins lors d’un conflit par exemple). En tant que pratique, elle a promu la non-nuisance et la tempérance. En témoigne le fait que le droit international prohibe explicitement le recours à la force comme moyen d’action. Mais aussi la multiplication d’excuses publiques reconnaissant une faute passée dans une logique de réconciliation. Ou encore la prise en compte, sur les questions environnementales et sanitaires, du sort de populations qui vivent à l’autre bout du monde. Mais elle est surtout au coeur d’un projet politique global ancien, le solidarisme de Bourgeois, prix Nobel de la paix en 1920. Pour Bourgeois, une solidarité naturelle, de fait, nous lie tous les uns aux autres, nations comme individus. Reconnaître les effets de ces interdépendances est crucial pour l’humanité tout entière, et invite à pratiquer la bienveillance.
Explorer et rendre compte de manière lucide de ces formes de bienveillance est une nécessité. Un geste qui ouvre des voies pour réinterpréter le passé, mais aussi pour agir au sein de notre monde, eu égard aux menaces et aux risques qui affectent l’humanité tout entière, des pandémies aux changements climatiques.
. Luuk Van Middelaar, Le Réveil géopolitique de l’Europe, Paris, Editions du Collège de France, janvier 2022.
Quelle place l’Europe occupe-t-elle sur la scène internationale ? Et quelle voix est-elle prête à faire entendre pour rester maîtresse de son destin ? Alors que la pandémie de Covid-19 rebat les cartes de l’ordre mondial en frappant jusqu’aux plus grandes puissances, l’heure de la métamorphose géopolitique de l’Union européenne semble avoir sonné. Tel est du moins le constat fait par Luuk van Middelaar dans cet ouvrage qui réunit ses quatre conférences prononcées au Collège de France durant le printemps 2021. Après une tentative de définition du concept de « géopolitique », y sont tour à tour analysés les événements survenus depuis 2014 qui ont contribué au « réveil » du Vieux Continent : les crises russo-ukrainienne et turco-grecque, qui ont ébranlé notre vision des frontières ; la crise sanitaire, qui a agi en révélateur de l’hégémonie chinoise ; la crise transatlantique, qui rend de plus en plus manifestes des divergences entre les intérêts des États-Unis et les nôtres. Interrogeant les réactions de l’Europe face à ces chocs successifs, l’auteur conclut que seul un récit commun, dépassant le cadre des valeurs qu’elle s’est donné pour mission de défendre après 1945, pourra aboutir à une Union confiante et respectée.
. Ricard Zapata-Barrero, Dirk Jacobs, Riva Kastoryano (eds.), Contested Concepts in Migration Studies, Londres, Routledge, janvier 2022.
This volume demonstrates that migration- and diversity- related concepts are always contested, and provides a reflexive critical awareness and better comprehension of the complex questions driving migration studies. The main purpose of this volume is to enhance conceptual thinking on migration studies.
Examining interaction between concepts in the public domain, the academic disciplines, and the policy field, this book helps to avoid simplification or even trivialization of complex issues. Recent political events question established ways of looking at issues of migration and diversity and require a clarification or reinvention of political concepts to match the changing world. Applying five basic dimensions, each expert chapter contribution reflects on the role concepts play and demonstrates that concepts are ideology dependent, policy/politics dependent, context dependent, discipline dependent, and language dependent, and are influenced by how research is done, how policies are formulated, and how political debates extend and distort them.
This book will be essential reading for students, scholars, and practitioners in migration studies/politics, migrant integration, citizenship studies, racism studies, and more broadly of key interest to sociology, political science, and political theory.
. Silvia Colombo, Daniela Huber (eds.), Ten Years of Protests in the Middle East and North Africa. Dynamics of Mobilisation in a Complex (Geo)Political Environment, Berne, Peter Lang, janvier 2022.
Despite being challenged by authoritarian counter-revolutionary responses, the Coronavirus pandemic, and a complex (geo)political context, the uprisings that started ten years ago in many countries of the Middle East and North Africa are still very much alive. By adopting a comparative approach, this comprehensive volume investigates the ongoing protests on three levels of analysis (local, national, regional) and through seven case studies (Algeria, Egypt, Iraq, Lebanon, Morocco, Sudan, and Tunisia). Particular attention is also placed on the role of the European Union and its member states in this historical transformation.
. Frédéric Charillon, Guerres d’influence. Les Etats à la conquête des esprits, Paris, Odile Jacob Editions, janvier 2022.
Quoi de commun entre les « panda kissers » (les zélateurs de la politique chinoise), la « Poutine mania », les « réseaux » turcs ou qataris, la K-pop (musique pop coréenne), les fondations allemandes, les Instituts Confucius ou les programmes d’invitation « Young leaders » aux États-Unis ? Dans tous les cas, il s’agit d’afficher, de séduire, de convaincre, de trouver des relais, dans une stratégie d’État plus globale qui vise à conquérir les esprits.
Car – c’est la thèse de ce livre – l’influence, et non plus la puissance, est la nouvelle clé pour déchiffrer le jeu des relations internationales. L’influence mobilise des ressources croissantes de la part des États. Elle leur permet de modifier le rapport de force mondial, de contrôler des pays tiers ou d’y prospérer sans entrave.
On peut dénoncer ces stratégies d’influence comme autant de manipulations inacceptables, pointer du doigt leurs commanditaires, en particulier quand ils pratiquent la nuisance et l’intimidation. Mais elles sont devenues la norme géopolitique.
La France et plus largement l’Europe sont-elles bien armées pour mener ces guerres d’un autre type ?
. Alexander Heinze, Viviane E. Dittrich (eds.), The Past, Present and Future of the International Criminal Court, Florence, Torkel Opsahl Academic EPublisher (TOAEP), décembre 2021.
This edited volume provides a broad perspective on the International Criminal Court’s development over time and explores some of its topical issues, achievements, challenges and critiques. The anthology combines reflections from scholars and practitioners and includes voices from inside and outside the Court, featuring multiple readings of its activities, practice and developments. In line with the volume’s title, the authors portray the establishment and development of the Court (hence the theme "past"), critically engage with its successes and challenges ("present"), and draw conclusions on its achievements and way forward ("future"). The book examines five key topics : prosecutorial policy and strategy, jurisdiction and admissibility, victims and witnesses, defence issues, and legitimacy and independence. It includes a number of papers and speeches given at the Nuremberg Forum 2018.
. Charles Bosvieux-Onyekwelu, Véronique Mottier (dir.), Genre, droit et politique, Paris, LGDJ, janvier 2022.
Le genre et le droit sont deux opérateurs extrêmement puissants de construction du monde social. Ce livre documente leur entrelacement en présentant des recherches novatrices sur l’encadrement politico-légal des questions liées à la différence des sexes. Au-delà de l’introduction du concept de « genre » dans le droit positif français à l’occasion du vote de la loi « Egalité et citoyenneté » en 2016, il s’attaque à des questions brûlantes (violences sexuelles, féminicide, intersectionnalité, dépassement de la binarité sexuée) en France comme à l’étranger. Résolument interdisciplinaire, il réunit des sociologues, des politistes et des juristes animé·es par une volonté commune de mesurer le caractère performatif des catégories juridiques en matière de rapports sociaux de sexe. La première partie du livre explore les liens entre genre, droit et politique en se demandant de quelle manière le droit (lois, jurisprudence, doctrine) « produit du genre », c’est-à-dire fabrique des identités de genre, des identités sexuelles (qui sont genrées) et des inégalités de genre. La seconde partie de l’ouvrage pose une question inverse mais complémentaire : de quelle manière est-ce que le genre « produit du droit », c’est-à-dire oriente les pratiques juridiques et sert comme instrument, utilisé de manière parfois subversive, dans les mobilisations politiques visant à transformer le droit ?
. Matthieu Rey, François Burgat, Histoire des mobilisations islamistes. 19ème – 21ème siècles, Paris, CNRS Editions, janvier 2022.
L’islamisme polarise, inquiète et interroge. Aujourd’hui, le phénomène contemporain occupe une place centrale dans la vie politique et intellectuelle française. Après tant et tant d’études et de polémiques, cet ouvrage ne cherche pas à définir une nouvelle fois l’essence de « l’islamisme », son idéologie, ou à établir une typologie des différents courants (salafisme, wahhabisme, Frères musulmans, etc.). Il s’attache à proposer une histoire sociale de ces mouvements, à en retracer les racines historiques, tout en rendant compte du réseau mondial dans lequel s’insèrent toutes ces expressions politiques islamistes.
Matthieu Rey et François Burgat, directeurs de cet ouvrage, ont demandé à des spécialistes renommés issus parfois d’aires géographiques très lointaines, d’élargir la focale de l’analyse afin de proposer un tour du monde de ces mobilisations, du XIXe siècle à nos jours. Loin des clichés habituels sur la naissance de l’islamisme dans les années 1970, les analyses montrent ici combien le processus est plus complexe et comment il se structure en différents grands moments. Cette plongée dans le monde islamiste offre une approche à la fois historique et socio-culturelle qui cherche à comprendre, dans un même mouvement, les mutations économiques et sociales, les grands jalons politiques qui affectent les territoires musulmans et les réponses culturelles à ces bouleversements.
. Quentin Bordes, Les hommes en noir, Paris, BoD, janvier 2022.
Etudiant irakien originaire de Mossoul, Abou est trop jeune pour se rappeler le dernier conflit qui a déchiré son pays. Ce n’est que lorsque le bruit des balles retentit dans les rues de son quartier et que sa sœur est arrêtée par des hommes entièrement vêtus de noir qu’il comprend que cette année 2014 sera différente : la guerre est de retour.
Cantonné dans la capitale de l’Etat Islamique, où un nouvel ordre moral est brutalement imposé, Abou voit sa vie d’étudiant, rythmée par les sorties entre amis et la préparation des examens, voler en éclats.
Endoctrinement, esclavage sexuel, torture : à travers le témoignage d’Abou, ce roman retrace la montée de l’obscurantisme religieux à Mossoul et les événements tragiques qui ont marqué le quotidien des habitants de cette ville entre 2014 et 2017.
. Régis Koetschet, A Kaboul rêvait mon père. André Malraux en Afghanistan, Bruxelles, Editions Nevicata, octobre 2021.
La curiosité intellectuelle d’André Malraux a toujours été aimantée par l’Afghanistan et ses abords. Mais pour ardente et consacrée qu’elle soit par la « beauté suprême » du Gandhâra, la relation de Malraux avec l’Afghanistan est encombrée de fausses pistes, d’outrances et d’occasions manquées, comme s’il avait eu des comptes à régler avec ce pays qu’il qualifia de « fantomatique et absurde ».
Ce livre s’attache à éclairer ce « mystère afghan » de Malraux en remontant le fil de sa vie : ses visites de jeunesse au musée Guimet, la préparation de l’équipée au temple de Banteay Srei, son voyage à Kaboul avec son épouse Clara à l’été 1930, ses initiatives de ministre chargé des Affaires culturelles.
« À Kaboul rêvait mon père » écrit Malraux dans les Antimémoires. C’est à ce voyage dans l’intime enfoui qu’invite cette traversée du siècle, confrontée aux tourments du monde.
. Amandine Crespy, The European Social Question. Tackling Key Controversies, Newcastle, Agenda Publishing, janvier 2022.
Over recent years it has become increasingly clear that the European Union is falling short of its promise to enhance social cohesion across the continent. Welfare state modernization has been at the centre of divisive debates over the redistribution of wealth and imbalances between a wealthy European core and its peripheries. Some see the policies and governance of the EU as part of the problem, others rather as the solution.
This book examines the key issues facing the EU’s social policy-making. Each chapter focuses on a single challenge and explores the arguments and considerations that coalesce around it. The book helps students and researchers alike to understand how the EU operates and shapes social policy on multiple levels, and to better assess the EU’s role in supporting social cohesion.
. Christophe Guibert, Benjamin Taunay, Les Chinois à la plage en Chine, Paris, L’Harmattan, décembre 2021.
Éminemment sociales, les pratiques de plage des Chinois en Chine résultent des dispositions sociales des individus à l’aune de contextes culturels, sociaux et géographiques. Cet ouvrage original, enrichi de nombreuses photographies, questionne ce que les Chinois font, et comment ils le font, en explorant la dimension corporelle de leurs pratiques. Les photographies n’ont pas ici qu’une ambition esthétique. Couplées aux analyses, elles aident à mieux comprendre les singularités en donnant au lecteur un aperçu décentré d’un espace (les plages) qui est en France culturellement ordinaire. En quoi ce qui est ou apparait évident et impensé pour les touristes chinois devient-il dès lors exotique à nos yeux ?
. Diana Kapiszewski, Steven Levitsky, Deborah J. Yashar (eds.), The Inclusionary Turn in Latin American Democracies, Cambridge, Cambridge University Press, décembre 2021.
Latin American states took dramatic steps toward greater inclusion during the late twentieth and early twenty-first Centuries. Bringing together an accomplished group of scholars, this volume examines this shift by introducing three dimensions of inclusion : official recognition of historically excluded groups, access to policymaking, and resource redistribution. Tracing the movement along these dimensions since the 1990s, the editors argue that the endurance of democratic politics, combined with longstanding social inequalities, create the impetus for inclusionary reforms. Diverse chapters explore how factors such as the role of partisanship and electoral clientelism, constitutional design, state capacity, social protest, populism, commodity rents, international diffusion, and historical legacies encouraged or inhibited inclusionary reform during the late 1990s and early 2000s. Featuring original empirical evidence and a strong theoretical framework, the book considers cross-national variation, delves into the surprising paradoxes of inclusion, and identifies the obstacles hindering further fundamental change.
. Jacques Lévy, Géographie du politique, Paris, Odile Jacob, janvier 2022.
Domaine en pleine expansion, la géographie du politique appréhende le politique à travers les lieux, les territoires, les réseaux.
La mondialisation, la construction européenne, la conscience écologique, les conflits géopolitiques ou les débats publics mettant en scène les « territoires » contre les « métropoles » consacrent la centralité de l’espace dans l’analyse des questions politiques.
Entre le manuel et l’essai, ce livre éclaire les nouvelles géographies du politique. Il montre qu’elles sont une ressource décisive pour penser les mutations des sociétés contemporaines, des nouvelles cartes électorales à la gouvernance mondiale en passant par la justice spatiale et les aspirations démocratiques. Car, en devenant des acteurs, les individus se sont mués en citoyens aguerris et déterminés, et ils ne se privent pas de le faire savoir. C’est aussi cela que la géographie du politique permet de saisir.
Un glossaire des notions clés et une vingtaine de cartes complètent cette synthèse, qui s’adresse aussi bien aux étudiants en géographie qu’à un public curieux.
. Pierre Boussel, Géostratégie du Temps au Proche-Orient, Paris, Editions de l’Absence, janvier 2022.
La géostratégie s’intéresse peu au temps, désaffection ancienne qui s’explique par sa nature irrésolue. Existe-t-il ? A-t-il un début ? Une fin ? Est-il universel ? Résulte-t-il du déterminisme divin ? À moins qu’il ne soit Dieu lui-même ?
La guerre offre un éclairage inédit sur le temps, car son champ d’expérience se réduit à l’essentiel : surgir, accélérer, retarder. À l’épreuve du feu, il n’est plus la variable évanescente des philosophes, mais l’outil usuel de la colère des hommes. Une arme d’attaque. Une arme de survie.
Au Proche-Orient, chaque combattant développe un usage particulier du temps. Il choisit ses méthodes, adopte ou refuse les lois des siens, suit des orientations tactiques qui vont définir sa signature temporelle.
Le temps est l’agent révélateur de l’action en cours ; son facteur T. Les djihadistes l’utilisent : « Nous avons à décider de l’heure zéro. » Le patron d’un service secret israélien : « Il fallait neutraliser la variable temps. » Un chef palestinien : « Notre patience lassera jusqu’à la patience de la patience. »
. Sonia Bledniak, Isabelle Matamoros, Fabrice Virgili, Chroniques de l’Europe, Paris, CNRS Editions, janvier 2022.
Historiens et historiennes de l’économie, des techniques, du politique, des sociétés, du genre, des religions, de la culture, de l’éducation sont ici réunis afin de dessiner une histoire surprenante du continent européen, rythmée par des évènements inattendus et décalés, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives.
Cette chronologie commence en 1405 et La Cité des dames de Christine de Pizan qui décrit les préjugés masculins d’alors, et se clôt en 2020 avec le Brexit. Dans l’intervalle, le lecteur navigue à travers nombre d’épisodes plus ou moins connus, qui dressent le portrait d’hommes et de femmes audacieuses, évoquent des œuvres et des textes significatifs pour l’histoire de l’Europe et revisitent des événements fondateurs quoique singuliers. Parmi la centaine de dates retenues, celle de 1548, qui voit la première traduction du Nouveau Testament en finlandais, actant la naissance de cette langue ; celle de 1723, avec la fondation de la première verrerie de bouteilles à Bordeaux qui illustre la circulation des savoirs et des techniques ; celle de 1815, avec la fouille du site d’Ashkelon marquant les ambitions coloniales de l’Europe au Moyen-Orient, ou encore celle de 1988, avec les « révolutions chantantes » baltes.
Toutes ces dates, porteuses de sens à l’échelle européenne, ont contribué à écrire l’histoire du continent et à faire évoluer les représentations.
. Jean-Pierre Darnis, Les relations entre la France et l’Italie et le renouvellement du jeu européen, Paris, L’Harmattan, décembre 2021.
La relation entre la France et l’Italie représente un angle mort de la politique étrangère. Au cours du XXIe siècle, on observe même une série de tensions, des incompréhensions qui se cristallisent entre 2018 et 2019, alors qu’une surprenante crise diplomatique voit le jour entre Paris et Rome. Au-delà des aspects conjoncturels, il convient de revenir sur les divergences profondes depuis les années 1990. Cet ouvrage permet d’illustrer comment l’intégration européenne crée des scénarios nouveaux qui doivent être gérés au niveau bilatéral, dimension longtemps ignorée. La France se tournait traditionnellement vers l’Allemagne alors que l’Italie semblait réticente à cultiver un rapport plus intense avec elle. La signature d’un traité bilatéral peut marquer l’ouverture d’un nouveau cycle, d’une entente renouvelée favorable à la consolidation d’une Europe continentale post-Brexit. Enfin, l’examen du rapport franco-italien permet de penser les limites des politiques étrangères des deux pays dans l’Union européenne, un exercice utile pour développer des convergences européennes.
. Katherine Harvey, A Self-Fulfilling Prophecy. The Saudi Struggle for Iraq, Londres, Hurst Publishers, octobre 2021.
In recent years, the geopolitical rivalry between Saudi Arabia and Iran has dominated the headlines. Many have charted the polarisation between a Saudi-led Sunni camp and an Iranian-led Shia one, assuming that a predominantly Shia state like Iraq would automatically ally with Iran. In this compelling account, Katherine Harvey tells a different story : Iraq’s alignment with Iran was not a foregone conclusion. Rather, Saudi efforts to undermine Iran have paradoxically empowered it.
Harvey investigates why the Saudis refused to engage with Iraq’s post-2003 Shia-led government, despite continual outreach by Iraq’s new leaders and considerable pressure from the United States. She finds that certain deeply ingrained assumptions predisposed Saudi leaders to see a Shia-led Iraq as naturally beholden to Iran : the view that Iran is inherently expansionist, and the belief that Arab Shia tend to be loyal to it. This outlook was simplistic, even downright inaccurate ; and, in refusing to engage, the Saudis created a self-fulfilling prophecy.
As Harvey demonstrates, members of Iraq’s new government initially sought to establish a positive relationship with Saudi Arabia, and to pursue a course independent from Iran. But, isolated and rejected by Saudi King Abdullah, Iraq ultimately had nowhere else to turn.
. Laurent Warlouzet, Europe contre Europe. Entre liberté, solidarité et puissance, Paris, CNRS Editions, janvier 2022.
Euro, vaccin contre le Covid-19, législation environnementale : quoi qu’on en pense, l’Union européenne joue un rôle essentiel sur des questions majeures (économie, santé, écologie). Sur toutes ces questions, trois « Europe(s) » s’affrontent : l’Europe du marché, l’Europe solidaire et l’Europe puissance. Depuis 1945 et aujourd’hui encore, c’est autour de ces projets rivaux que l’Union s’est construite.
À partir d’archives inédites dispersées dans huit pays, Laurent Warlouzet revisite l’histoire du continent au prisme de la lutte homérique entre ces trois visions : l’Europe du marché, celle du marché intérieur, souvent dénoncée pour ses dérives ultralibérales, surtout depuis la tragédie grecque du début des années 2010 ; l’Europe solidaire, celle de la PAC, de l’amélioration des conditions de travail et de la promotion de l’égalité hommes-femmes, celle qui a conduit la majorité des syndicats britanniques à appeler à voter contre le Brexit ; l’Europe puissance, enfin, qui n’existe pas sur le plan militaire mais s’exprime dans les projets de politique industrielle communautaire ou dans la lutte contre GAFAM, et souhaite s’imposer face à des concurrents de plus en plus acérés, hier les États-Unis et la Russie soviétique, aujourd’hui la Chine. Accusée tantôt d’être trop puissante, tantôt d’être trop faible, l’Union européenne est sans cesse remise en question. Cette histoire heurtée, revisitant les jalons importants de la construction européenne au prisme des tensions entre 3 Europes, nous montre que l’organisation de l’Union ne suit pas une logique mécanique et univoque, mais résulte de choix conscients des Européens, qui peuvent déboucher sur de nombreux futurs possibles.
. Ludovic Faytre, Tanguy Le Goff, Fragiles métropoles. Le temps des épreuves, Paris, PUF, janvier 2022.
Alors que rien ne semblait pouvoir arrêter l’insolente métropolisation du monde, la pandémie a révélé les failles des grands systèmes urbains.
Pourtant, la plupart des grandes métropoles dans le monde vivent sous la menace permanente d’aléas naturels ou technologiques : explosion à Beyrouth, séisme à San Francisco, Mexico, Istanbul ou Tokyo, crue centennale en Île-de-France en sont autant d’exemples. D’autres enjeux de vulnérabilité se dessinent : dérèglement climatique, crise d’approvisionnement énergétique, crise économique mondiale...
Densité extrême, bétonisation des sols, dépendance énergétique : ces fragilités nous interpellent sur la capacité des métropoles à se développer dans le futur. Croisant les regards d’historiens, d’urbanistes, de politistes ou d’anthropologues, cet ouvrage s’interroge sur ce moment inédit que nous venons de vivre où l’histoire nous a traversés. Il tire ainsi des premiers enseignements pour renforcer la capacité des grandes villes à faire face aux enjeux sociaux, sanitaires, économiques et écologiques.
. Nicolas Monceau, Turquie : un dilemme européen ?, La Tour d’Aigues, Editions de l’Aube, novembre 2021.
L’adhésion de la Turquie à l’Union européenne interroge et divise l’Europe depuis des décennies. Pourquoi cette singularité de la candidature turque par rapport aux autres élargissements ? Aujourd’hui, les Européens sont plus que jamais confrontés à un dilemme entre la nécessité de coopérer avec la Turquie pour gérer la crise migratoire et lutter contre le terrorisme international, et celle de s’ériger contre ses dérives autoritaires et son interventionnisme régional.
Pour comprendre cette ambivalence entre coopération et dénonciation, il faut appréhender l’évolution des relations turco-européennes à l’aune des difficultés du processus d’adhésion et des tensions existantes. Un éclairage indispensable, qui rappelle l’importance pour l’Union de clarifier ses positions face à la Turquie.
. Stephen Zunes, Jacob Mundy, Western Sahara. War, Nationalism, and Conflict Irresolution. Second Edition, Syracuse, Syracuse University Press, janvier 2022.
The Western Sahara conflict has proven to be one of the most protracted and intractable struggles facing the international community. Pitting local nationalist determination against Moroccan territorial ambitions, the dispute is further complicated by regional tensions with Algeria and the geo-strategic concerns of major global players, including the United States, France, and the territory’s former colonial ruler, Spain. Since the early 1990s, the UN Security Council has failed to find a formula that will delicately balance these interests against Western Sahara’s long-denied right to a self-determination referendum as one of the last UN-recognized colonies.
The widely-lauded first edition was the first book-length treatment of the issue in the previous two decades. Zunes and Mundy examined the origins, evolution, and resilience of the Western Sahara conflict, deploying a diverse array of sources and first-hand knowledge of the region gained from multiple research visits. Shifting geographical frames—local, regional, and international—provided for a robust analysis of the stakes involved.
With the renewal of the armed conflict, continued diplomatic stalemate, growing waves of nonviolent resistance in the occupied territory, and the recent U.S. recognition of Morocco’s annexation, this new revised and expanded paperback edition brings us up-to-date on a long-forgotten conflict that is finally capturing the world’s attention.
. Adel Abdel Ghafar (dir.), China and North Africa. Between Economics, Politics and Security, Londres, Bloomsbury, août 2021.
As the United States slowly disengages from the Middle East and Europe faces internal challenges, a new actor is quietly exerting greater influence across North Africa : China.
Beijing’s growing footprint in North Africa encompasses, but is not limited to, trade, infrastructure development, ports, shipping, financial cooperation, tourism and manufacturing. It is continuing to expand its co-operation with North African countries, not only in the economic and cultural spheres, but also those of diplomacy and defence. This engagement with North Africa relates to the key aim of President Xi Jinping’s Belt and Road Initiative (BRI), which wants to connect Asia, Africa and Europe and sees potential in North Africa’s strategic geographic location.
This book is the first to analyse China’s role in North Africa. It comprises of five leading country experts - Anouar Boukhars, Yahia Zoubir, Sarah Yerkes, Tareki Magresi and Nael Shama – who examine the various socio-economic, political and security aspects of China’s relationship with Algeria, Morocco, Libya, Tunisia and Egypt. The book explores how China is displaying a development model that seeks to combine authoritarianism with economic growth, a model and that has an eager audience among regimes across the MENA region. It reveals how the China-North Africa relationship fits within the broader dynamics of increasing China-US rivalry. In doing so, contributors explain why China’s growing role in North Africa is likely to have far-reaching economic and geopolitical consequences for both countries in the region and around the world.
. Alexandre Sumpf, Etienne Peyrat (dirs.), La Russie et l’URSS. 1850-1991, Neuilly, Atlande, décembre 2021.
Tout ce dont l’étudiant a besoin pour le sujet 2022 d’Histoire contemporaine du programme commun d’Histoire-Géographie du concours des ENS Lyon et Ulm. Comme tous les Clefs-concours, l’ouvrage est structuré en trois parties : Repères : le contexte historique ; Thèmes : comprendre les enjeux du programme ; Outils : pour retrouver rapidement une définition, une date, un personnage, une référence.
. Emizet F. Kisangani, Jeffrey Pickering, African interventions. State Militaries, Foreign Powers, and Rebel Forces, Cambridge, Cambridge University Press, octobre 2021.
Foreign military intervention has had a profound impact on post-colonial African history and politics. Interventions have destabilized borderlands, overthrown governments, and taken a devastating toll on populations. Emizet F. Kisangani and Jeffrey Pickering advance a new theoretical framework and combine quantitative, qualitative, and historical methods to shed fresh light on these important but understudied events. Their detailed analysis brings understanding to supportive and hostile interventions and to interventions by former colonial states, non-colonial foreign actors, and African countries. Kisangani and Pickering also analyse military incursions into ungoverned territories and lands engulfed in civil war. Showcasing a variety of examples from the Second Congo War to the Ethiopian-Eritrean conflict, the book offers a rich and accessible examination of military intervention on the continent.
. Guillaume Blanc, Décolonisations. Histoires situées d’Afrique et d’Asie (XIX-XXIe siècle), Paris, Seuil, janvier 2022.
Ce livre retrace l’histoire des décolonisations en adoptant un point de vue : celui des Suds. S’écartant d’une rupture chronologique convenue, colonisation-décolonisation, il débute en 1850 pour s’achever en 2013 : de l’invention des continents et des races jusqu’au naufrage des réfugiés partis d’Afrique de l’Est. Cartes, témoignages et arrêts sur images accompagnent cette synthèse : plutôt qu’un grand récit sur « l’Afrique » et « l’Asie », des histoires situées éclairent la singularité de sociétés africaines et asiatiques. Il en ressort combien nous vivons dans un monde postcolonial : le passé colonial pèse encore sur le présent, mais l’histoire nous permet de le comprendre sereinement.
. Pierre Gautreau, La Pachamama en bases de données. Géographie politique de l’information environnementale contemporaine, Paris, Éditions de l’IHEAL, décembre 2021.
Cet ouvrage de géographie politique explore ce que le numérique change aux façons qu’ont les sociétés contemporaines d’appréhender les problèmes environnementaux, des conflits de gestion aux enjeux de souveraineté, de notre rapport au Vivant aux question démocratiques.
Solidement documenté par plusieurs enquêtes en Amérique du Sud, cet ouvrage propose une analyse nuancée de la révolution numérique en environnement, fait un bilan des méthodes des sciences sociales pour la saisir, et esquisse un agenda de recherche pour les années à venir.
. Dr Guillaume Zagury, COVID XXI Première pandémie de l’ére digitale. L’ADN viral qui révèle l’ADN des nations et le monde de demain. Editions Médicilline, 2021, 599 rue de la Nivelle, 45200 Amilly medicilline.com
A l’heure des « autoroutes de l’information », cet ouvrage va vous permettre de comprendre comment la crise sanitaire a engendré la mise en place de 10 principales mesures de Santé Publique (« BAT 123 »), et s’est en fait avérée être un véritable « Crash Test » des Nations à trois niveaux : Industriel, Techno-Scientifique, Consensus social.
La grille de lecture technologique de l’auteur fait ainsi émerger de nouveaux paradigmes sur les dynamiques géopolitiques en cours.
Vous allez ainsi prendre une longueur d’avance sur une prochaine crise globale qui sera digitale, soit dans sa cause, soit dans son traitement…
Au niveau de la forme, 166 visuels inédits vous sont proposés pour un gain de temps maximal.
. Barry Buzan, Amitav Acharya (dir.), Re-imagining International Relations. World Orders in the Thought and Practice of Indian, Chinese, and Islamic Civilizations, Cambridge, Cambridge University Press, décembre 2021.
Buzan and Acharya challenge the discipline of International Relations to reimagine itself in the light of the thinking about, and practice of, international relations and world order from premodern India, China and the Islamic world. This prequel to their 2019 book, The Making of Global International Relations, takes the story back from the two-century tale of modern IR, to reveal the deep global history of the discipline. It shows the multiple origins and meanings of many concepts thought of as only modern and Western. It opens pathways for the rest of the world into this most Eurocentric of disciplines, encouraging them to bring their own histories, concepts and theories with them. The authors have written this book with the hope of inspiring others to extend these pathways by bringing in a wider array of cultures, and exploring how they thought about and acted in worlds composed of multiple, independent, collective actors.
. Benoît Pelopidas, Repenser les choix nucléaires. La séduction de l’impossible, Paris, Presses de SciencesPo, janvier 2022.
Parce qu’en démocratie, il est crucial que les choix nucléaires s’appuient sur la discussion publique d’alternatives cohérentes, cet ouvrage donne au citoyen, à l’élu, au militaire et à l’éducateur les moyens de se forger un avis sur un sujet aussi essentiel que réputé intouchable.
À en croire la parole officielle, les experts et la presse, les armes nucléaires prolifèrent dans le monde et cet état de fait serait immuable. Ainsi, la politique française ne fait pas débat. Elle repose sur trois postulats : efficacité de la dissuasion nucléaire, absence de risque grâce à un contrôle adéquat, responsabilité morale et politique du chef de l’État, seul habilité à déclencher le feu nucléaire.
À partir d’archives françaises, britanniques et américaines, d’entretiens dans de nombreux pays et d’une enquête inédite sur l’opinion européenne, l’auteur réévalue ces postulats. Requalifiant la prolifération comme une partie du problème, il cartographie les vulnérabilités, expose les limites du savoir existant, propose des outils pour ne pas céder à la confiance excessive dans les discours d’autorité, élucide les paris qui sous-tendent les différentes politiques possibles et documente le rôle qu’a joué la chance dans l’évitement d’explosions nucléaires non désirées.
Parce qu’en démocratie, il est crucial que les choix nucléaires s’appuient sur la discussion publique d’alternatives cohérentes, cet ouvrage donne au citoyen, à l’élu, au militaire et à l’éducateur les moyens de se forger un avis sur un sujet aussi essentiel que réputé intouchable.
. Denis Bauchard, Le Moyen-Orient au défi du chaos, Paris, Hémisphères Editions, décembre 2021.
En cinquante ans, le Moyen-Orient a connu de véritables mutations. Certaines positives, comme un développement économique et social insuffisant mais certain, l’émergence d’une véritable société civile, l’aspiration à des pratiques démocratiques révélée par les printemps arabes et plus récemment par le hirak algérien.
En même temps, la région a connu de multiples guerres et violences, l’émergence de milices organisées, la montée en puissance d’une menace terroriste djihadiste persistante qui a contribué à la faillite de nombreux États. Affirmation de nouvelles puissances régionales, perte d’influence des États-Unis et de l’Europe, retour en force de la Russie et avancée discrète mais efficace de la Chine : un véritable basculement géopolitique est à l’œuvre.
Cette évolution était-elle inéluctable ? Quelle est la part des responsabilités des gouvernements en place et des interventions extérieures ? Quel avenir pour le Moyen-Orient ? Cet ouvrage se propose de répondre à ces questions.
. Leonardo A. Villalón, The Oxford Handbook of the African Sahel, Oxford, Oxford University Press, octobre 2021.
Long on the margins of both scholarly and policy concerns, the countries of the West African Sahel have recently attracted world attention, primarily as a key battleground in the global ’war on terror’. This book moves beyond this narrow focus, providing a multidimensional and interdisciplinary assessment of the region in all of its complexity. The focus is on the six countries at the heart of the Sahelian geographic space : Senegal, Mauritania, Mali, Burkina Faso, Niger, and Chad. Collectively, the chapters explore the commonalities and interconnections that link these countries and their fates, while also underscoring their diversity and the variations in their current realities.
The Sahel today is at an important crossroads, under multiple pressures of diverse kinds : environmental, political, demographic, and economic, as well as rapidly changing social and religious dynamics. It is also marked by striking dynamism and experimentation, drawing on a long history of innovation and cultural transfer. In many ways the Sahel is today on the cutting edge of grand natural experiments exploring how humans will adapt to climate change, to technological innovation, to the global movement of populations and the restructuring of world politics, to urbanization, social change, and rapid demographic growth, and to inter-religious contact. The region is a weathervane on the front lines of the forces of global change.
In nine thematic sections, the chapters in this book offer holistic analyses of the key forces shaping the region. Including scholars based in Africa, Europe, and the United States, the authors represent an exceptional breadth and depth of expertise on the Sahel.
. Michel Goya, Le temps des guépards. La guerre mondiale de la France. De 1962 à nos jours, Paris, Tallandier, janvier 2022.
On ne le sait pas la guerre est un état permanent de la France de la Ve République et les soldats français sont les plus engagés au monde. Depuis 1962 en effet, notre pays a mené 19 guerres sur trois continents et 13 grandes opérations militaires de police internationale.
La France est actuellement la seule nation européenne à combattre, au Sahel et au Proche-Orient. Elle est la seule à avoir des soldats en permanence (Vigipirate) dans les rues de ses grandes villes depuis 26 ans. Du Tchad au Mali en passant par le Liban, le Rwanda ou l’Afghanistan, des centaines de milliers de « soldats-nomades » français ont été engagés dans une guerre mondiale pour la défense des intérêts de la France. Des milliers d’entre eux y ont été tués ou blessés.
L’objectif de ce livre d’histoire moderne est de décrire cette guerre mondiale que conduit chaque président de la République pour défendre le statut de puissance de la France et ses intérêts. De détailler la manière dont les forces armées françaises ont été employées au cours de trois grandes périodes : la guerre froide, la mondialisation et la guerre contre les organisations armées, parfois avec succès, parfois de manière désastreuse.
. Vipin Narang, Seeking the bomb : Strategies of Nuclear Proliferation, Princeton, Princeton University Press, janvier 2022.
Much of the work on nuclear proliferation has focused on why states pursue nuclear weapons. The question of how states pursue nuclear weapons has received little attention. Seeking the Bomb is the first book to analyze this topic by examining which strategies of nuclear proliferation are available to aspirants, why aspirants select one strategy over another, and how this matters to international politics.
Looking at a wide range of nations, from India and Japan to the Soviet Union and North Korea to Iraq and Iran, Vipin Narang develops an original typology of proliferation strategies—hedging, sprinting, sheltered pursuit, and hiding. Each strategy of proliferation provides different opportunities for the development of nuclear weapons, while at the same time presenting distinct vulnerabilities that can be exploited to prevent states from doing so. Narang delves into the crucial implications these strategies have for nuclear proliferation and international security. Hiders, for example, are especially disruptive since either they successfully attain nuclear weapons, irrevocably altering the global power structure, or they are discovered, potentially triggering serious crises or war, as external powers try to halt or reverse a previously clandestine nuclear weapons program.
As the international community confronts the next generation of potential nuclear proliferators, Seeking the Bomb explores how global conflict and stability are shaped by the ruthlessly pragmatic ways states choose strategies of proliferation.
. Stéphane Dugast, cartes Xemartin Laborde, Atlas des grandes découvertes. De l’Antiquité à nos jours, éd. Autrement, 2021.
Petit à petit, au fil des siècles, et grâce à des hommes et des femmes qui ont osé s’aventurer dans des contrées lointaines, s’est dessiné le monde tel qu’on le connaît aujourd’hui.
Qui sont ces explorateurs, ces découvreurs ?
Sur terre, sur mer et dans les airs, ils ont bravé l’inconnu. De l’ Antiquité à nos jours, des premières expéditions d’Alexandre le Grand à la conquête de l’espace, l’auteur retrace ici l’épopée de ces voyages incroyables.
Il fait revivre, au fil des pages, les folles aventures de Ptolémée, Marco Polo, Magellan, Lapérouse ou Bougainville, Stanley et Livingstone, Théodore Monod ou Bertrand Piccard.
. Antoine Pecqueur, Géopolitique du rail. Le train au cœur des enjeux contemporains, éd. Autrement, 2021.
Sur tous les continents, le rail reste le symbole de la mainmise des États et des puissances.
En Europe, l’UE relance le fret, et prévoit de doubler d’ici 2030 la part du transport de marchandises sur rail.
En Amérique du Nord, pour contrer le règne absolu de l’avion, le train redémarre, avec des lignes à grande vitesse et même le rêve d’une ligne transcontinentale.
La Chine, quant à elle, continue de tisser sa toile et bat tous les records : en dix ans, elle a mis en place 38 000 kilomètres de lignes à grande vitesse. Le régime chinois affirme ainsi sa mainmise sur l’ensemble du pays mais aussi bien au-delà de ses frontières avec l’implantation des nouvelles routes de la Soie.
Dans les zones de guerre, le rail est souvent le seul lien, ténu, entre les zones en conflit, et le train est alors un enjeu vital pour les populations.
Mais cette course au rail, qui requiert la construction de nouvelles lignes et d’infrastructures gigantesques, risque d’affecter violemment l’environnement.
Et si le train éclairait les enjeux du monde contemporain ?
Laissons-nous embarquer dans ce grand jeu ferroviaire, le long de 25 lignes mythiques, pour un voyage géopolitique magnifiquement illustré d’une trentaine de cartes.
. Maxime Lefebvre. La politique étrangère européenne, Que sais-je n°3901, PUF / Humensis, 2021.
L’Union européenne, dotée par le traité de Maastricht (1992) d’une « politique étrangère et de sécurité commune » et non unique, est représentée par une présidence bicéphale et par un « haut représentant », qu’on n’a pas voulu nommer « ministre des Affaires étrangères ». Elle n’a pas de service diplomatique mais un service « pour l’action extérieure », pas d’ambassades mais des « délégations », pas d’armée mais une « politique de sécurité et de défense commune ».
Les enjeux d’une politique étrangère européenne ne sont pourtant pas minces : peser dans le partenariat transatlantique malgré le Brexit, coopérer avec les puissances en défendant ses valeurs et ses intérêts, penser sa sécurité par elle-même, muscler ses capacités économiques, diplomatiques et militaires, dépasser ses divergences internes, constituer en somme une « puissance européenne ».
Diplomate, Maxime Lefebvre est professeur de géopolitique à l’ESCP Business School. Il est notamment l’auteur, en « Que sais-je ? », de La Politique étrangère américaine (no 3714) et de La Politique étrangère de la France (no 4157).
. Claude Meyer, Le renouveau éclatant du spirituel en Chine. Renaissance des religions, répression du Parti. Ed. Bayard, 2021.
La Chine, pays officiellement athée, traverse aujourd’hui une crise morale qui se traduit par un renouveau spectaculaire du spirituel. L’auteur, éminent sinologue, en analyse les raisons, historiques, économiques, politiques et dresse à travers ce prisme un portrait nouveau de cette Chine en pleine évolution morale. Depuis les années 1980, le déclin de l’utopie marxiste minée par les inégalités croissantes et la corruption, la perte des valeurs traditionnelles, l’individualisme et le matérialisme, ont fait naître des aspirations spirituelles qui ont conduit à un renouveau religieux sans précédent touchant des centaines de millions de personnes. Une importante partie du livre est notamment consacrée au christianisme, qui connaît une expansion remarquable. Claude Meyer propose une analyse puissante, claire et percutante sur ce retour du religieux qui bouscule le pouvoir chinois, lequel répond par une tentative de mise au pas des religions, entre « sinisation » et répression.
. Anna Maria Medici, Mario Neve (dir.), La Méditerranée-planète. Pour un nouvel atlas d’histoire mondiale, Sesto San Giovanni, Editions Mimesis, novembre 2021.
Issu d’un projet de recherche franco-italien, ce livre explore les fondements d’un nouvel atlas méditerranéen pour envisager la Méditerranée à l’échelle de l’histoire mondiale. On découvre ainsi une Méditerranée-planète, qui rompt avec une confortable carte mentale de la Méditerranée, à partir de ses questions théoriques de fond : les interrogations sur la nature de l’atlas comme medium et le sens à notre époque des bords des espaces culturels, le rôle épistémologique de l’art et les chances pour l’histoire de forger de nouveaux concepts aptes à dire la complexité d’une partie du monde qui a encore beaucoup plus à nous révéler que l’actualité ne le laisse entendre.
. Bruce Jones, To Rule the Waves. How control of the World’s Oceans Shapes the Fate of the Superpowers, New York, Simon & Schuster, septembre 2021.
For centuries, oceans were the chessboard on which empires battled for dominance. But in the nuclear age, air power and missile systems dominated our worries about security, and for the United States, the economy was largely driven by domestic production, with trucking and railways that crisscrossed the continent the primary modes of commercial transit.
All that has changed, as nine-tenths of global commerce and the bulk of energy trade is today linked to sea-based flows. A brightly-painted 40-foot steel shipping container loaded in Asia with twenty tons of goods may arrive literally anywhere else in the world ; how that really happens and who actually profits by it show that the struggle for power on the seas is a critical issue today.
Now, in bright, closely observed prose, To Rule the Waves author Bruce Jones conducts us on a fascinating voyage through the great modern ports and naval bases.
. Jeroen Van Den Bosch, Adrien Fauve, B. J. De Cordier (dir.), The European Handbook of Central Asian Studies. History, Politics, and Societies, Stuttgart, ibidem Press, octobre 2021.
This handbook is the first collection of comprehensive teaching materials for teachers and students of Central Asian Studies (CAS) with a strong pedagogic dimension. It presents 22 chapters, clustered around five themes, with contributions from more than 19 scholars, all leading experts in the field of CAS and Eurasian Studies.
This collection is not only a reference work for scholars branching out to different disciplines of CAS but also for scholars from other disciplines broadening their scope to CAS. It addresses post-colonial frameworks and also untangles topics from their ‘Soviet’ reference frame. It aims to de-exoticize the region and draws parallels to European or to historically European-occupied territories.
In each chapter, the handbook provides a concise but nuanced overview of the topics covered, in which way these have been approached by the mainstream literature, and points out pitfalls, myths, and new insights, providing background knowledge about Central Asia to readers and intertwine this with an advanced level of insight to leave the readers equipped with a strong foundation to approach more specialized sources either in classroom settings or by self-study. A list of recorded lectures to be found on YouTube will accompany the handbook either as instruction materials for teachers or visual aids for students.
. Philippe Fournier, Idéologies et polarisation aux États-Unis, Montréal, Presses universitaires de Montréal, novembre 2021.
Au confluent de la culture et de l’économie, de l’individu et de la société, les idéologies fournissent des cartographies plus ou moins poreuses pour naviguer entre la vie sociale et la vie politique. Au lieu d’attribuer des préférences immuables à des sujets rationnels, l’étude de l’idéologie s’attarde à la manière dont les idées se forment et évoluent, mais aussi au rôle qu’y jouent l’affect et les contextes social, économique et culturel.
Ce livre jette un regard sur l’extrême polarisation culturelle et politique qui frappe les États-Unis ainsi que sur les transformations importantes du siècle dernier en accordant une attention particulière à deux situations tenaces : les inégalités socioéconomiques et le racisme. Affaiblissement de la démocratie, préjugés systématiques contre les personnes racisées et les pauvres, schisme entre les élites et la population ou entre les électorats républicain et démocrate sont autant de phénomènes qu’on peut voir à travers le prisme des idéologies politiques.
. Sébastien-Yves Laurent, Volume 2. Conflicts, Crimes and Regulations in Cyberspace, Londres, ISTE Editions, Wiley, décembre 2021.
The study of cyberspace is relatively new within the field of social sciences, yet interest in the subject is significant. Conflicts, Crimes and Regulations in Cyberspace contributes to the scientific debate being brought to the fore by addressing international and methodological issues, through the use of case studies.
This book presents cyberspace as a socio-technical system on an international level. It focuses on state and non-state actors, as well as the study of strategic concepts and norms. Unlike global studies, the socio-technical approach and “meso” scale facilitate the analysis of cyberspace in international relations. This is an area of both collaboration and conflict for which specific modes of regulation have appeared.
. Yasuko Hassall Kobayashi, Shinnosuke Takahashi (dir.), Transpacific Visions. Connected Histories of the Pacific across North and South, Lanham, Rowman & Littlefield, septembre 2021.
This book argues that transpacific history cannot be comprehended without including “vertical” connections ; namely, those between the southern hemisphere and the northern hemisphere. It explores such connections by uncovering small histories of ordinary people’s attempts at events which they undertake by means of uneven, unlevel, and multidirectional mobilities. In this way, this book goes beyond the usual notion of transpacific history as a matter of Northern Hemisphere-centric connections between the United States and Asian countries, and enables us to imagine a transpacific space as a more dynamic and multi-faceted world of human mobilities and connections. In this book, both eminent and burgeoning historians uncover the stories of little-known, myriad encounters in various parts of the Asia-Pacific region. By exploring cases whose actors include soldiers, missionaries, colonial administrators, journalists, essayists, and artists, the book highlights the significance of "vertical" perspectives in understanding complex histories of the region.
. Alain Bonjean, Benoît Vermander, L’Homme et le grain. Une histoire céréalière des civilisations, Paris, Les Belles Lettres, novembre 2021.
Cet ouvrage retrace la longue histoire des interactions entre l’Homme et les céréales.
Depuis les premières tentatives de domestication jusqu’aux applications agronomiques les plus contemporaines de la génomique, depuis les gestes de partage qui scandent le quotidien jusqu’aux rituels agraires les plus élaborés, Alain Bonjean et Benoît Vermander dévoilent la diversité des espèces productrices de grain et celle des sociétés qui s’organisent autour de leur culture.
La domestication des orges, exemplaire du travail poursuivi entre la nature et l’humanité ; la naissance des blés dans le croissant fertile, leur introduction en Europe puis dans le monde entier ; la précoce mise en valeur des millets et l’exubérance du répertoire mythique qui les accompagne ; les transferts et les drames qui ont marqué l’échange colombien, depuis l’introduction du maïs en Europe jusqu’à celle de techniques culturales africaines en Amérique du Nord ; le répertoire élaboré des riz asiatiques et des rituels associés ; la diversité maintenue des céréales africaines, celle des espèces andines trop longtemps négligées, gage d’espoir pour l’humanité... Telles sont quelques-unes des étapes de ce livre, qui ouvre des perspectives inédites sur les rapports entre l’homme et le végétal et sur les crises qui marquent aujourd’hui pareille relation.
. Alexandra Goujon, L’Ukraine : de l’indépendance à la guerre, Paris, Le Cavalier Bleu, novembre 2021.
Depuis une dizaine d’années, l’Ukraine apparaît régulièrement sur le devant de la scène internationale, que ce soit pour ses mouvements protestataires, ou à propos de l’annexion de la Crimée par la Russie et du conflit à l’est du pays, semblant constituer le théâtre d’une nouvelle guerre froide qui cristallise les tensions entre la Russie et les nations occidentales.
Les événements récents sont aussi l’occasion de mesurer combien notre connaissance de ce pays est lacunaire, se limitant souvent aux clichés d’une Ukraine berceau de la Russie, terre des cosaques, grenier à blé de l’URSS et d’une suite de gouvernants entachés par une corruption massive.
Partant de ces idées reçues, Alexandra Goujon dresse un portrait précis et documenté de cette Ukraine, terre de contrastes.
. Jean-Robert Raviot, C’était quoi l’URSS ?
. Kevin Limonier, Pourquoi les données numériques sont-elles géopolitiques ?
. Pierre Verluise, Quels sont les fondamentaux de la puissance ?
. Catherine Horel, Histoire de la nation hongroise. Des premiers Magyars à Viktor Orbán, Paris, Tallandier, novembre 2021.
Appelée « démocratie illibérale » par son Premier ministre, Viktor Orbán, la Hongrie échappe aux grilles de lecture des pays occidentaux.
Au cours de leur histoire, les Hongrois n’ont cessé de questionner leur identité, d’ériger leur souveraineté en dogme. Héritiers d’un royaume fondé en l’an mil, ils ont été privés de leur indépendance tour à tour par l’Empire ottoman, les Habsbourg et, au XXème siècle, par l’occupation nazie puis le régime communiste. Cultivant leur spécificité culturelle, l’originalité de leur langue et de leur histoire, les Hongrois n’ont finalement jamais retrouvé les frontières du royaume fondé par saint Étienne. Ils ont construit un récit victimaire, rythmé par des épisodes de révolte que la politique mémorielle exalte encore de nos jours.
Catherine Horel montre combien l’idée de nation en Hongrie a toujours été particulièrement sensible. En nous éclairant sur l’histoire longue du territoire, des héros, des mythes et des lieux de mémoire, elle nous en donne des clés de compréhension indispensables aujourd’hui.
. Denis Rolland (dir.), La Guyane. Frontières visibles et invisibles. Introduction à une région française d’Amérique du Sud, entre insertions régionale et nationale, Paris, L’Harmattan, septembre 2021.
Cet ouvrage est une introduction simple et précise à la Guyane. Il permet de dépasser les visions réductrices : poumon de la planète ou enfer vert, bagne, orpaillage, sur fond de base spatiale et de bidonvilles. La Guyane, terre du troisième homme de la négritude, le poète Léon-Gontran Damas, du gouverneur général et compagnon de la Libération Félix Eboué, du footballeur Bernard Lama ou de la députée puis ministre Christiane Taubira, mérite d’être beaucoup mieux connue. Pour appréhender la complexité de ce territoire passionnant, grand comme l’Autriche ou la Nouvelle Aquitaine, des spécialistes reconnus et des journalistes du Guyane la 1ère construisent ensemble un panorama.
. Lawrence Aje, Nathalie Dessens, Nicolas Gachon, Anne Stefani (dir.), Regards croisés sur la (post)racialité aux États-Unis, Toulouse, Presses Universitaires du Midi, novembre 2021.
L’histoire des États-Unis est celle de relations tumultueuses entre différents groupes que des expériences coloniales, migratoires, économiques et politiques (de la quasi-extinction des populations autochtones à la ségrégation raciale en passant par l’esclavage) ont liés sans parvenir à les fusionner dans le creuset d’un seul et même projet de société. Au travers de chapitres rédigés par des spécialistes de l’histoire politique, sociale et culturelle des États-Unis, le présent ouvrage propose des perspectives innovantes et suggère, sous la forme de neuf « regards croisés », une réflexion sur les tenants et les aboutissants d’une hypothétique Amérique postraciale dont l’avènement fut annoncé au lendemain de l’élection de Barack Obama. En étudiant divers groupes racialisés (Amérindiens, immigrants venus d’Amérique latine ou de la Caraïbe, Africains-Américains) et en se penchant sur la vie politique, sur le sport, le cinéma, l’éducation, la cuisine et sur la mémorialisation de l’esclavage, de la suprématie blanche ou de la pratique du lynchage, le volume sonde l’omniprésence et la complexité des questions raciales aux États-Unis aujourd’hui.
. Thierry Pairault, Xavier Richet, Présences économiques chinoises en Méditerranée, Paris, L’Harmattan, novembre 2021.
La Chine a défini une stratégie d’internationalisation ambitieuse conduisant à développer des interconnexions à la fois terrestres, maritimes, aériennes, voire numériques, afin de favoriser et promouvoir ses échanges par la mobilisation de ses ressources financières et industrielles. La Méditerranée est un espace couvert par ce projet du fait de sa situation géopolitique, de ses besoins d’investissement, de l’importance de ses marchés. Nous nous focaliserons sur les présences économiques chinoises et sur le bilan des relations économiques sino-méditerranéennes, puis exposerons les ambitions maritimes de la Chine avant de présenter des aperçus plus spécifiquement régionaux.
. Blandine Destremau, Vieillir sous la révolution cubaine - Une ethnographie, Paris, Editions de l’IHEAL, novembre 2021.
La Révolution cubaine a fêté ses soixante ans en 2019. Pendant ce temps, les personnes nées avant 1959 atteignent leur quatrième âge, dans un contexte de crise économique et d’incertitude politique, où les cadres d’existence qu’ils ont connus et contribué à construire sont bouleversés. Dans un style narratif et vivant, cette enquête ethnographique décrit la vie quotidienne des vieux Cubains et de leur famille.
Comment les hommes et les femmes de cette génération vivent et aménagent leur avancée en âge, alors que les solidarités familiales ont été affectées par les migrations, la chute de la fécondité et la renaissance d’une culture entrepreneuriale ? Comment font-ils face à cette terrible crainte : vieillir pauvre et seul ?
. Céline Spector, No démos ? Souveraineté et démocratie à l’épreuve de l’Europe, Paris, Seuil, octobre 2021.
L’Union européenne engendre-t-elle un déni de démocratie ? En prônant le retour à l’Europe des nations, les adversaires de la technocratie bruxelloise dénoncent la confiscation du pouvoir populaire. Leur argumentaire est rôdé : dans le huis-clos des réunions entre dirigeants, dans l’opacité feutrée de cénacles qui semblent n’avoir de comptes à rendre à personne sinon aux lobbies et aux think-tanks, la légitimité démocratique s’exténue.
Ce livre montre pourtant que le souverainisme, qui confine la politique à l’État-nation, est une illusion philosophique et une erreur pratique. Les principes de la démocratie moderne (peuple, citoyenneté, volonté générale) ne sont pas niés par le projet européen, ils peuvent y trouver l’occasion d’un approfondissement. Pour combattre l’impasse souverainiste, l’Union européenne doit faire de la solidarité sa nouvelle finalité et mettre en œuvre un fédéralisme social, fiscal et environnemental. Ancré dans la théorie de la république fédérative issue de Montesquieu et des fédéralistes américains, son régime pourra alors conjuguer fédération démocratique et souveraineté du peuple.
. Jennifer Philippa Eggert, Women and the Lebanese Civil War. Female Fighters in Lebanese and Palestinian Militias, Cham, Palgrave Macmillan, novembre 2021.
This book analyses the reasons for women’s participation in the various Lebanese and Palestinian militias involved in the Lebanese Civil War (1975-1990). Whilst most existing accounts of the Civil War in Lebanon either overlook the roles and experiences of women entirely or focus on women as victims or peacemakers only, ‘Women and the Lebanese Civil War’ highlights that women were involved as militants (and often also as fighters) in all of the militias partaking in the war. Analysing individual motivations, organisational characteristics, security-related aspects and societal factors, the book explains why women were included as fighters in some of the militias but not in others. Based on extensive fieldwork in Lebanon, the book is the first comprehensive study of female perpetrators and supporters of political violence during the Lebanese Civil War. Beyond the case of Lebanon, it questions widespread assumptions about the roles of women at times of violent conflict and war.
. Michel Chedan-Khalifé, La France et le Liban. 1920-2020. Cent ans de solidarité, Paris, L’Harmattan, octobre 2021.
Créé par la France en 1920 comme « Foyer chrétien » et « pays-refuge » pour les minorités religieuses et ethniques, le Liban fut à la fois un « État exemplaire » de cohabitation entre musulmans et chrétiens et une base commerciale et culturelle pour la présence française au Levant. Pendant un siècle, la France a accompagné et protégé le pays du Cèdre, notamment sous de Gaulle. Le désaccord et la déchirure à propos des Palestiniens fut à l’origine de la guerre civile libanaise de 1975 à 1990 qui a propulsé le Hezbollah sur le devant de la scène politique du pays. Désormais, la France tente de sauvegarder un Liban « unitaire et souverain ». Cependant, la paralysie persistante de différents gouvernements dans ce pays, victime de son confessionnalisme et de son establishment corrompu, porte une lourde menace contre l’unité du pays du Cèdre.
. Perrine Michon, Jean-Robert Pitte (dir.), A quoi sert la géographie ?, Paris, PUF, novembre 2021.
« À quoi sert la géographie ? » : vaste question à laquelle on pourrait répondre « à rien », un peu trop rapidement, si l’on en croit parfois la faible popularité de la géographie. À une époque, certains ont répondu : « D’abord à faire la guerre ». L’ambition de ce livre collectif, dont la parution coïncidera avec le bicentenaire de la Société de Géographie, est de montrer que la géographie sert peut-être d’abord à faire la paix. Comment ? En posant sur le monde un regard éclairé et attentif, qui permet d’en comprendre la complexité et de décrypter les questions qui traversent nos sociétés aujourd’hui, que ce soit celle du réchauffement climatique, de l’urbanisation massive, des migrations, des recompositions géopolitiques ou de l’évolution de nos représentations culturelles. Discipline passionnante et foisonnante, capable d’éclairer de nombreuses facettes de notre quotidien, la géographie est aussi une formation qui conduit à des métiers et des professions variés, comme l’atteste la palette des intervenants de ce colloque.
. Valérie Becquet, Paolo Stuppia, Géopolitique de la jeunesse. Engagement et (dé)mobilisations, Paris, Le Cavalier Bleu, septembre 2021.
Si le « moment 68 » a constitué une grille de lecture à l’origine de l’image mythique du « jeune engagé », les mobilisations actuelles de la jeunesse revêtent des formes différentes, entre incertitudes futures et luttes au présent. Dans un contexte de mondialisation, les Printemps arabes, les mobilisations LGBTQI+, les mouvements Fridays for Future ou de défense des conditions d’étude, témoignent tous d’une dynamique plurielle. En parallèle, l’engagement des jeunes est devenu une préoccupation pour les pouvoirs publics entraînant la création d’une diversité de dispositifs censés le favoriser.
Au travers de nombreux exemples, Valérie Becquet et Paolo Stuppia en analysent les ressorts et dressent ainsi une géopolitique de la jeunesse d’aujourd’hui.
. Emmanuel Alcaraz, Histoire de l’Algérie et de ses mémoires des origines au Hirak, Paris, Karthala, novembre 2021.
Est-il possible de parler de l’histoire de l’Algérie des origines à nos jours en France de manière impartiale sans que cela suscite polémiques, diatribes et anathèmes ? Tel est le but que s’est fixé l’historien Emmanuel Alcaraz. Dans une approche originale, il offre une synthèse limpide et éclairante sur cette histoire qui continue de miner le présent des sociétés françaises et algériennes.
De Jugurtha luttant contre Rome à la conquête arabe, des corsaires d’Alger à la colonisation française, de la guerre d’Algérie à la guerre civile algérienne dans les années 1990 en allant jusqu’au hirak, Emmanuel Alcaraz revisite chaque étape de ce riche passé en utilisant de nouvelles sources tirées des Archives et des témoignages oraux, le tout agrémenté de sa connaissance du terrain algérien, de l’historiographie et de son égo-histoire.
Dans une France marquée par l’indépendance algérienne, terre d’accueil pour les immigrés algériens, l’auteur s’intéresse également aux origines de la montée en puissance des droites extrêmes. Il étudie comment les discours des droites radicales se sont construits dans un esprit de revanche contre les immigrés, par rapport à la blessure narcissique de la perte de l’Algérie française.
Faisant appel à la méthode historique la plus rigoureuse, l’historien interroge l’avenir de la nation algérienne entrée depuis le mouvement populaire de 2019 dans une nouvelle séquence de son histoire, qui ne peut se poursuivre sans la France, avec les Lumières et les ombres du passé à assumer des deux côtés de la méditerranée pour ne pas entrer dans l’avenir à reculons.
. Gabriele Abbondanza, Thomas Stow Wilkins, Awkward Powers : Escaping Traditional Great and Middle Power Theory, Singapour, Palgrave Macmillan, octobre 2021.
Introduces a new concept into the lexicon of IR theory to update and improve our understanding of power hierarchies and overcome existing deficiencies in conceptual literature. Includes a compilation of a wide cross-section of significant case studies, not analysed from this prospective before. Utilises a new approach highlighting and engaging with gaps in our understanding both great power and middle power theory. Provides insights into how awkward powers shape and are shaped by the evolving international system.
. Jan Matti Dollbaum, Morvan Lallouet, Ben Noble, Alexeï Navalny - L’homme qui défie Poutine, Paris, Tallandier, octobre 2021.
Empoisonné au Novitchok en août 2020 et évacué en Allemagne pour y être soigné, Alexeï Navalny, ¬figure sans égale de l’opposition russe, est rentré à Moscou sous les feux des médias du monde entier en janvier 2021. Son arrestation immédiate a ouvert la voie à un affrontement inédit avec Vladimir Poutine.
Qui est vraiment Alexeï Navalny ? Un héros de la démocratie ? Un nationaliste, un raciste ou un traître à la mère patrie ? Comment l’ex-homme d’a¬ffaires, simple blogueur, est-il devenu un candidat sérieux à la mairie de Moscou, puis à l’élection présidentielle ? Écrit par trois spécialistes de la politique russe, ce livre explore les nombreuses dimensions de l’action politique du militant depuis ses enquêtes pionnières sur la corruption, ses idées et son mouvement pour la démocratie, jusqu’à son activisme de rue. Pour la première fois, la lumière est faite sur l’homme, son courage, ses paradoxes, son parcours et l’engagement total de celui qui, en osant défier le chef du Kremlin, est devenu, même emprisonné, la deuxième personnalité politique de son pays. Pour comprendre la Russie d’aujourd’hui, il est urgent de comprendre Alexeï Navalny.
. Maxence Brischoux, Le commerce et la force, Paris, Calmann Levy, septembre 2021.
Depuis Montesquieu, on a pris l’habitude de penser que le commerce a des vertus morales : les nations qui commercent ne se feraient pas la guerre. C’est là une illusion funeste.
Du colonialisme d’hier aux guerres douanières d’aujourd’hui, l’histoire du commerce est faite de rapports de force plutôt que d’élans d’amitié entre les peuples.
Pour que le commerce adoucisse réellement les mœurs, il lui faut un cadre politique vertueux. C’est dans les époques où des pouvoirs impériaux bienveillants ont assuré la stabilité de l’ordre international, de la pax romana à la pax americana, que le commerce international s’est le mieux épanoui.
C’est quand la politique dicte ses valeurs que l’économie devient vertueuse.
En conjuguant l’histoire, la philosophie et l’analyse géopolitique, Maxence Brischoux donne les clés pour comprendre la réalité et les enjeux du nouvel ordre économique international. Ainsi, avertit-il, on aurait tort d’attendre du commerce qu’il démocratise la Chine puisque c’est par lui qu’elle étend son influence autoritaire. Symétriquement, si les démocraties européennes veulent préserver leurs libertés, elles devront réapprendre le langage de la vertu et de la force.
. Michel Duclos, La France dans le bouleversement du monde, Paris, Les Editions de l’Observatoire, octobre 2021.
Dans ce nouvel essai, Michel Duclos nous alerte sur le risque de voir la France perdre pied dans les mutations rapides qui affectent les équilibres internationaux.
La crise du coronavirus est venue détraquer toutes les données de la politique mondiale. Par ailleurs, très engagé en faveur d’une Europe forte, Emmanuel Macron a pratiqué sur la scène internationale une politique brillante, émaillée de coups d’éclat, mais avec peu de résultats substantiels... Dans le grand bouleversement du monde, le moment est venu pour les Français de mesurer avec lucidité le poids réel de leur pays et l’ampleur des défis qu’ils doivent affronter.
En des pages empreintes d’expérience et de sagacité, le grand spécialiste de géopolitique leur propose les clefs d’une réflexion en profondeur, car c’est à eux qu’il appartient de choisir les priorités de l’action internationale de la France pour les années 2020, sur de multiples fronts : la construction européenne, le positionnement de l’Europe face au duo sino-américain, les théâtres de crise qui continuent d’affecter leur sécurité, au Moyen-Orient ou ailleurs, ou les grands enjeux liés au changement climatique et aux transformations technologiques. Il serait donc essentiel, vital même, que les élections présidentielles de 2022 soient l’occasion d’un débat de fond sur ces sujets. Ce livre nous y prépare.
. Valérie Gelézeau, Benjamin Joinau (dir.), Faire du terrain en Corée du Nord – Ecrire autrement les sciences sociales, Paris, Atelier des Cahiers, novembre 2021.
Dans le paysage de l’édition française et internationale, aussi bien académique que destinée à un plus large public, la Corée du Nord n’est connue qu’à travers l’éternel retour de la crise nucléaire et la dynamique cyclique des relations intercoréennes. Mais au-delà de ces ouvrages de facture plutôt géopolitique, relayés par des discours médiatiques très répétitifs sur le « Pays du grand mensonge », quelques chercheurs passionnés d’études coréennes s’efforcent, depuis plus de dix ans, de développer un contact direct avec la Corée du Nord.
Mais quelle recherche scientifique peut-on mener dans le contexte fermé d’un pays totalitaire où l’enquête ethnographique est impossible ? Que nous rapportons-nous de nos voyages et que disons-nous de la Corée du Nord ?
Tout en livrant de nombreux matériaux très peu connus sur la Corée du Nord (des informations sur la manière dont travaillent les universitaires nord-coréens, à des collections de chansons de karaoké locales en passant par des synthèses inédites sur la planification et l’organisation spatiale de Pyongyang aujourd’hui), ce livre aborde aussi de manière critique, non pas la question du terrain en Corée du Nord, mais celle du terrain tout court. L’aborder avec humour (par de petites bandes dessinées humoristiques qui mettent en scène les chercheurs) ou par l’absurde (en supposant que les chercheurs sont eux-mêmes des « thomassons », ces objets urbains qui ont perdu leur sens et leur contexte) constitue une véritable réflexion critique sur cette méthodologie fétichisée par un grand nombre de disciplines des sciences humaines et sociales. Le livre enfin, interroge le bien-fondé de la restitution académique ordinaire, l’article ou l’ouvrage scientifique, la communication dans un congrès, voire l’article de vulgarisation. Il est possible de livrer du savoir sur la Corée du Nord et de la réflexion critique dans nos champs, de manière décalée, parfois provocatrice : avec des textes absurdes, un abécédaire échevelé du terrain à Pyongyang, des extraits de journaux de terrain et les mails bizarres échangés en préparant le voyage.
Bousculant les canons de l’écriture académique et de l’usage des illustrations, ce projet a réclamé une créativité à la fois littéraire et graphique avec le recours aux dessins de l’artiste nord-coréen exilé au Sud, Sunmu.
Ce livre très original trouvera son lectorat aussi bien dans le cercle des études coréennes et des nombreuses sciences humaines et sociales de « terrain » que dans la vaste communauté des lecteurs curieux de l’Asie, impatients de lire enfin quelque chose de nouveau et différent sur la Corée du Nord.
. Leonardo Arriola, Martha Johnson, Melanie Phillips (dir.), Women and Power in Africa. Aspiring, Campaigning, and Governing, Oxford, Oxford University Press, novembre 2021.
Offers unique insights on how women in African countries participate in three stages of politics : party nominations, election campaigns, and governance. Examines women’s access to, and exercise of, political power across a range of African countries, including countries often overlooked in scholarship on gender because they have relatively few women in elected office. Provides a gendered perspective on some of the most critical topics in the study of Africa, including campaign strategies amid clientelism, party institutionalization, and political violence. Presents new data on women’s engagement with politics that was collected using a variety of methodologies. Brings new perspectives to the scholarship on gender in electoral politics both in terms of comparative politics and African politics more specifically.
. Marcel Bazin, Tigre et Euphrate, Paris, CNRS Editions, novembre 2021.
Tigre et Euphrate, deux fleuves indissolublement liés, qui mêlent leurs eaux dans un tronc commun, le Shatt el-Arab, long de 180 km.
Un bassin hydrographique qui inclut la totalité de l’Irak, ainsi qu’une partie de la Turquie, de la Syrie et de l’Iran. Une aire limitée si on la compare aux bassins du Nil, de l’Amazone, du Mississippi ou du Congo, mais qui n’en a pas moins façonné l’une des plus anciennes civilisations, la Mésopotamie.
C’est dans une perspective géohistorique que Marcel Bazin retrace cette histoire plurimillénaire. Ce « Pays entre les fleuves » où s’est notamment déroulée la Révolution néolithique et où est apparue l’écriture, a également vu le développement d’une mosaïque ethnolinguistique riche et complexe. Le Tigre et l’Euphrate ont été à l’origine des premiers aménagements et d’une certaine prospérité. Les premières cités-États sont nées dans ces régions. S’inventait alors un modèle de construction étatique, prenant appui sur le tracé des deux fleuves, qui s’opposait à un autre modèle, apparu presque au même moment, celui de l’Égypte, organisé autour du Nil : la monarchie unitaire des pharaons. Ouverture à de nombreuses influences, configurations géopolitiques et identités territoriales variées ont souvent caractérisé ces territoires tantôt en position de carrefour, tantôt en position de marge disputée entre voisins. Le redécoupage territorial opéré à l’issue de la Première Guerre mondiale a partagé ce bassin entre les quatre États riverains. La découverte du pétrole a aiguisé les convoitises autour de cet espace, fragilisé et bouleversé par la succession des conflits et des revendications identitaires régionales.
Seule une coopération multilatérale harmonieuse pourra permettre, à l’avenir, une exploitation équitable et efficace des eaux de l’Euphrate et du Tigre, et de retrouver l’esprit de ce « croissant fertile ».
. Michael Taussig, Palma Africana, Paris, Gallimard, octobre 2021.
Dans Palma Africana, l’anthropologue australien Michael Taussig poursuit son étude de la matière et explore la production d’huile de palme en Colombie. Alors que cette dernière envahit tout, des chips au vernis à ongles, et a fait son chemin pour envahir les biens de consommation courante présents sur les étals de nos supermarchés, l’auteur examine les conséquences écologiques, politiques et sociales de cette exploitation. La production mondiale d’huile de palme a presque doublé en vingt ans et les plantations de palmiers à huile remplacent peu à peu ce qui fut une oasis de vie pour les animaux, les oiseaux et les plantes. Dans un contexte encore marqué par le conflit entre la guérilla des FARC et les paramilitaires colombiens, l’agrobusiness en est venu à menacer l’habitat indigène, tout en donnant lieu à des conditions de travail abusives et à des violations majeures des droits de l’homme. Bien que la liste de l’intrication des horreurs induites par cette exploitation soit longue, nos terminologies habituelles (« disparition de l’habitat naturel ? », « violation des droits de l’homme ? », « changement climatique » ...) semblent dépassées. Sous la forme d’une déambulation anthropo-poétique au coeur des marécages colombiens, ce sont aussi les mots et l’écriture qu’interrogent l’auteur. Dans un récit riche en références littéraires, Michael Taussig prend date des ruminations de ses prédécesseurs, comme Roland Barthes, pour qui les arbres forment un alphabet où le palmier est le plus charmant. William Burroughs arguait, face à ses détracteurs, que les mots étaient aussi vivants que des animaux et n’aimaient pas être maintenus en pages - coupez ces dernières et ils seront rendus à leur liberté. Pensé à partir d’une vie d’exploration philosophique et ethnographique en Colombie, Palma Africana cherche à contrecarrer la banalité de la destruction du monde et offre une vision pénétrante de notre condition humaine. Illustré de photographies prises sur le terrain par l’auteur et écrit avec la verve expérimentale propre à l’anthropologue, ce livre est le Triste Tropique de Michael Taussig pour le XXIe siècle.
. Peter Eeckhout, Patrimoine mondial en péril, Paris, Passés composés, novembre 2021.
Le XXIe sera-t-il le siècle de la fin des ruines ? Redécouverts pour la plupart au XXe siècle, bon nombre de sites qui constituent le patrimoine mondial sont menacés d’une destruction pure et simple. Or il ne peut y avoir de sociétés sans ruines, et la conservation des monuments les plus remarquables parvenus jusqu’à nous est aujourd’hui une urgence. D’autant que les menaces sont nombreuses et diverses : destructions volontaires, pillage, pression de l’urbanisation, tourisme de masse, restaurations abusives, négligence et pollution ou conséquences des changements climatiques.
Afin de comprendre l’immense intérêt de ces sites exceptionnels, mais aussi leur fragilité, tout en racontant leurs histoires multiséculaires, Peter Eeckhout nous entraîne, par le texte et par l’image, à la découverte d’Angkor et de Méroé, de Pachacamac, d’Alep et de Palmyre, d’Haïti, de Délos, de Carthage, et de bien d’autres merveilles encore.
. Sylvain Kahn, Histoire de la construction de l’Europe depuis 1945, Paris, PUF, octobre 2021.
Quel est le poids des contingences et des dynamiques politiques, sociales et économiques dans la construction européenne ?
Dans quelle mesure le roman communautaire européen et le couple franco-allemand sont-ils tous deux des mythes ?
La construction de l’Europe est une expérience unique dans l’espace mondial. C’est en effet la première fois que des gouvernements de nations indépendantes – qui plus est, démocratiques ! – décident de mutualiser une partie de leur souveraineté au profit d’une association fondée sur la volonté politique. Cet ouvrage raconte l’histoire de cette construction européenne de façon vivante et démystifiée en la dégageant de la représentation, construite à dessein, d’une Europe asexuée, transcendante et auto-générée. L’Europe s’est faite dans le tapage, sinon la discorde. Les intérêts et les circonstances y ont joué un rôle parfois prépondérant, la tactique politique et l’instrumentalisation aussi.
. Yoshihide Soeya, Diplomatie japonaise, la voie étroite. S’assumer comme une « puissance moyenne » ?, Paris, Hémisphères Editions, novembre 2021.
Dans l’immédiat après-guerre, le Japon est divisé entre une droite qui appelle la remilitarisation de ses vœux, et une gauche désireuse d’ancrer le pays dans le rejet de la guerre. L’une comme l’autre en tiennent pour l’autonomie stratégique du Japon, mais selon des modalités divergentes : la droite en révisant la Constitution, la gauche par le désarmement et la neutralité. Cette dualité apparue au sein du nationalisme nippon va conduire le Premier ministre, Yoshida Shigeru, à instaurer la doctrine qui porte son nom : adopter une position de compromis en développant l’économie, tout en externalisant la défense nationale, laissée aux mains des États-Unis.
Que reste-il de ces contraintes politiques aujourd’hui, que signifie « l’autonomie stratégique » pour le Japon contemporain ? Se conçoit-elle indépendamment des États-Unis ? La doctrine Yoshida est-elle toujours d’actualité, ou le Japon s’est-il affranchi du pacifisme constitutionnel ? Autant de questions abordées dans ce livre. L’auteur y montre que la politique de défense japonaise est née d’une double contrainte normative, imposée par le traité de sécurité nippo-américain d’une part, par la Constitution de l’autre, et que cette double contrainte subsiste, en dépit des tentatives de la droite, dans le contexte de la Guerre du Golfe (1990), pour obtenir une révision de la Constitution au nom d’un idéal internationaliste de coopération.
C’est à la lumière de cette grille d’analyse que Soeya Yoshihide explore la diplomatie japonaise, mettant au jour des clivages dont on avait jusqu’alors tu l’existence. Il préconise que le Japon s’accepte comme une « puissance moyenne » semblable à la France ou au Royaume-Uni, dans un moyen terme entre l’idéalisme de gauche et le réalisme de droite, en empruntant la voie étroite tracée par la doctrine Yoshida entre Constitution et traité. Une voie qui s’imposera aux diplomates et décideurs japonais comme la seule possible, aussi longtemps que subsistera cette double contrainte.
. Maxime Audinet, Russia Today (RT). Un média d’influence au service de l’État russe, Paris, INA, octobre 2021.
A quoi sert le réseau RT ? Pourquoi son action et sa posture « alternative » dans l’environnement médiatique international en font un média d’influence au service de l’État russe ? Quelles relations ses dirigeants entretiennent-ils avec les élites du pouvoir russe et, par extension, avec le Kremlin ? Quels récits sont produits et diffusés par ses équipes, et que disent ces contenus de l’image que la Russie souhaite renvoyer d’elle-même à l’étranger ? Que révèle-t-il, enfin, des pratiques médiatiques de l’influence informationnelle en contexte autoritaire ?
Fruit d’une thèse achevée en 2020 et alimentée par plusieurs enquêtes de terrain en Russie, cette monographie explore le fonctionnement interne et l’implantation internationale du réseau RT.
Russia Today s’est imposé depuis la crise ukrainienne comme l’instrument le plus emblématique de l’influence de la Russie à l’ère post-soviétique. Média multilingue et transnational, RT est un cas d’étude privilégié pour saisir les évolutions récentes de sa politique étrangère et la manière dont ses autorités conçoivent l’espace informationnel international comme un terrain fondamentalement conflictuel.
L’ouvrage de Maxime Audinet analyse le profil des équipes du réseau RT à Moscou et dans ses rédactions délocalisées et dissèque sa communication sarcastique ainsi que sa ligne éditoriale hétéroclite. Il dresse une anatomie inédite et méticuleuse de ce média d’influence russe, devenu un acteur incontournable et controversé des guerres de l’information contemporaines.
. Amat Al Alim Alsoswa, Noel Brehony (dir.), Building a New Yemen. Recovery, Transition and the International Community, Londres, I.B. Tauris, novembre 2021.
Yemen has faced continuing crises since 2010. The fighting and divisions have destroyed much of Yemen’s physical, political and social infrastructure, undermining its tribal traditions and religious tolerance, and impoverishing the country. The outbreak of war in 2015 caused the world’s worst humanitarian crisis.
In this book, Yemeni and international experts assess what political arrangements are required to overcome fragmentation and discord in Yemen. They look to understand how people from all parts of the county can work together to build a new Yemen, one that will give a voice to its young population and provide a full role for women. The contributors argue that Yemen’s major resource is its population, but that Yemenis need to be motivated and trained to give them the skills to rebuild the economy and to prepare for long-term challenges such as water shortages and climate change. The volume also discusses how the international community will need to absorb the lessons of the past to find better ways of creating the institutions, mechanisms and transparency with Yemenis that will enable the flow of vital assistance to where it is most needed.
The book provides an up-to-date analysis to help governments and international agencies who will have to work with Yemen and its neighbours in the post conflict situation.
. Amin Allal, Layla Baamara, Leyla Dakhli, Giulia Fabbiano (dir.), Cheminements révolutionnaires. Un an de mobilisations en Algérie (2019-2020), Paris, CNRS Editions, octobre 2021.
22 février 2019, le centre-ville d’Alger est envahi par la foule. Deux fois par semaine pendant plus d’un an, des manifestants se réunissent pour s’insurger pacifiquement contre la figure présidentielle, le gouvernement et la corruption.
Le mouvement révolutionnaire, le hirak, s’empare de l’Algérie dix ans après les printemps arabes qui l’avaient laissé de côté. Est-ce le signal d’une seconde vague de révolutions arabes ? Ou un phénomène profond et méconnu travaillant un pays dont l’immobilité n’était qu’apparente ?
Plus d’un an après la fin de ces mouvements empêchés par le Covid, des historiens, des anthropologues, des politistes reviennent sur ce moment pour scruter les transformations à l’oeuvre et les notions en jeu de cette révolution inachevée. Avec humilité, ils tentent de saisir ce qu’est ce peuple en révolution, qui sont celles et ceux qui se pensent comme révolutionnaires, et quels sont les effets de ces engagements sur la société algérienne, y compris sur l’émigration.
Ces chercheurs, engagés depuis plusieurs années dans des investigations in situ, nous offrent une plongée saisissante dans la réalité algérienne, dans son quotidien marqué par un contexte autoritaire et une corruption ordinaire. Mais plus encore, ces articles analytiques ouvrent des perspectives pour comprendre comment les surgissements populaires massifs sont capables aujourd’hui d’ébranler les plus verrouillés des régimes de ce début de XXIe siècle.
. Charles Thépaut, A Vanishing West in the Middle East. The Recent History of U.S.-Europe Cooperation in the Region, Londres, Bloomsbury Publishing, novembre 2021.
After a decade over which the Middle East was profoundly shaken and transformed, over which U.S. foreign policy toward this region went through various revisions, and over which the transatlantic bond risked serious erosion, this book offers serious answers to questions with a bearing on the future : Is there still one ‘West,’ at least in relation to an ‘East’ ? What remains of the strategic interest the Middle East represents for both America and Europe ? Charles Thépaut’s unique position, as a French diplomat working on the Middle East from Washington DC, gives this work irreplaceable value.
. Ekaterina Gloriozova, Le football en Russie. Anatomie d’une passion politique, Bruxelles, Editions de l’Université de Bruxelles, septembre 2021.
À la suite d’une enquête mêlant entretiens avec des supporters, observations et analyse des réseaux sociaux et sites supportéristes, l’auteure présente une sociohistoire de la passion du football en Russie soviétique et postsoviétique, interrogeant à la fois son caractère subversif, ses tropismes nationalistes et son rapport au pouvoir. À travers une fine analyse des processus de (dé-)politisation au sein du sport, l’ouvrage aborde des questions aussi centrales que la place du racisme dans le football et la société russe, les liens du hooliganisme avec les mouvements nationalistes et le pouvoir ou encore le rôle de l’humour, des réseaux sociaux et de l’esthétique dans la fabrication des représentations et des expressions politiques.
Il s’adresse aux sociologues et anthropologues du sport, aux politistes ainsi qu’à toute personne intéressée par les aspects socio-politiques du football et/ou la politique russe.
. Rafael Rojas, El árbol de las revoluciones. Ideas y poder en América latina, Madrid, Turner, octobre 2021.
Un recorrido por las diez revoluciones latinoamericanas del siglo XX : la mexicana (1910-1940), la nicaragüense de los años veinte, la cubana de los treinta y la de 1959, el varguismo brasileño, el peronismo argentino, la guatemalteca (1944-1954), la boliviana de 1952, la chilena (1970-1973) y la sandinista en 1979. Traza un perfil desapasionado de sus principales dirigentes (Augusto César Sandino, Emiliano Zapata, Francisco Villa, Venustiano Carranza, Getulio Vargas...). Recoge las ideas en las que abrevaron de José Vasconcelos a José María Mariátegui, pasando por Rómulo Gallegos o José Ingenieros.
. Benjamin Stora, Nicolas Le Scanff, Histoire dessinée des juifs d’Algérie. De l’antiquité à nos jours, Paris, La Découverte, octobre 2021.
Alors qu’il numérise des photos de famille, David retrouve le portrait, peint en 1878, d’une « jeune femme indigène » d’Algérie. En découvrant qu’il représente sa lointaine aïeule, l’adolescent, descendant de juifs des Aurès, entreprend une quête de ses origines, qui se transforme bientôt en véritable enquête historique dans un passé riche, complexe et douloureux.
À mesure que les fils des mémoires et de l’histoire se tissent, une fresque civilisationnelle deux fois millénaire apparaît, dont la source remonte à l’exil antique de juifs d’Israël/Palestine et à la conversion de Berbères au judaïsme, suivis de l’arrivée des Séfarades à la fin du XVe siècle. Après la longue domination arabe puis ottomane, la conquête de l’Algérie par la France en 1830 transforme profondément la destinée des « israélites indigènes » : l’attribution de la citoyenneté française par le décret Crémieux en 1870 ne marque pas seulement leur émancipation ; elle crée également une déchirure par rapport à leurs traditions religieuses et culturelles, mais aussi vis-à-vis des Berbères et Arabes musulmans avec lesquels ils avaient partagé des siècles durant une existence commune.
L’assimilation paradoxale des juifs d’Algérie à une identité « pied-noire » après leur exode et leur « rapatriement » en 1962 a enfoui cette mémoire collective. C’est à remédier à sa perte que s’emploie magistralement cet ouvrage, en restituant une histoire largement méconnue.
. Collectif, Penser les génocides. Les chercheurs face aux génocides et crimes de masse, Paris, CNRS Editions, octobre 2021.
Comment des chercheuses et des chercheurs de toute discipline, de toute génération, de tout pays, se portent-ils vers les génocides et les crimes de masse et en font un objet de recherche avec toutes les responsabilités et les conséquences que suppose un tel sujet ?
Souvent demeurés impensables parce que sans équivalents dans l’histoire, terrifiants d’inhumanité, ces événements à la fois uniques dans leur réalité et comparables dans leurs mécanismes de destruction de peuples et de personnes sont autant de défis cognitifs, méthodologiques et éthiques lancés à celles et ceux qui les étudient.
Ce livre ambitionne, grâce aux récits personnels d’itinéraires dans ces univers effrayants et aux analyses d’expérience de recherche qu’il a été en mesure de réunir, d’approfondir la connaissance des génocides et des crimes de masse mais aussi d’apprécier les efforts considérables déployés par les chercheuses et chercheurs pour parvenir à comprendre de tels phénomènes qui dépassent l’entendement humain.
Appeler les spécialistes de ces sujets à penser leur relation avec leur objet de recherche, à revenir vers leur choix d’un tel domaine d’étude, à réfléchir à l’épreuve et aux vertiges qu’entraîne la confrontation avec des passés aussi terrifiants aboutit à des savoirs uniques propres à armer la connaissance et lui redonner du pouvoir face à des mondes de destruction et de négation. La mise en lumière des conditions spécifiques du travail sur de tels sujets et des relations qui s’instaurent entre le chercheur et son « terrain », parfois malgré lui et toujours dans une conscience aiguë de ses responsabilités scientifiques autant que sociales, est au coeur de cet ouvrage qui n’a pas d’équivalent.
. Collectif, L’Empire qui ne veut pas mourir. Une histoire de la Françafrique, Paris, Seuil, octobre 2021.
À Paris, on entend de toute part le même refrain : « La Françafrique est morte et enterrée ! » Pourtant, de Ouagadougou à Libreville, de Dakar à Yaoundé, de Bamako à Abidjan, la jeunesse se révolte contre ce qu’elle perçoit comme une mainmise française sur son destin.
Quinze ans après la Seconde Guerre mondiale, la France a officiellement octroyé l’indépendance à ses anciennes colonies africaines. Une liberté en trompe l’œil. En réalité, Paris a perpétué l’Empire français sous une autre forme : la Françafrique. Un système où se mêlent des mécanismes officiels, assumés, revendiqués (militaires, monétaires, diplomatiques, culturels…), et des logiques de l’ombre, officieuses, souvent criminelles. Un système érigé contre les intérêts des peuples, avec l’assentiment d’une partie des élites africaines et qui profite toujours aux autocrates africains « amis de la France ». Un système que tous les présidents français ont laissé prospérer, en dépit des promesses de « rupture ».
Exceptionnel par son ampleur, inédit par son contenu, cet ouvrage retrace cette histoire méconnue, depuis les origines coloniales de la Françafrique jusqu’à ses évolutions les plus récentes. Rédigées par des spécialistes reconnus – chercheurs, journalistes ou militants associatifs –, les contributions rassemblées dans ce livre montrent que le système françafricain, loin de se déliter, ne cesse de s’adapter pour perdurer.
. Jean-Pierre Bat, Nicolas Courtin, Vincent Hiribarren (dir.), Histoire du renseignement en situation coloniale, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, octobre 2021.
En replaçant le renseignement dans sa dimension sociale, ordinaire et quotidienne, ce livre suit au jour le jour le travail et les métiers de renseignement, dans les rues des cités sahéliennes et des villes côtières subsahariennes ou indochinoises, ou dans les sables de la Transjordanie, tout comme dans les bureaux des sûretés coloniales portugaises, belges, françaises ou britanniques. il propose une plongée inédite dans les dispositifs de contre-surveillance, voire de contre-espionnage, mis en place par les pouvoirs concurrents des administrations coloniales.
. Mary-Françoise Renard, La Chine dans l’économie mondiale. Entre dépendance et domination, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise Pascal, octobre 2021.
Après trente ans de fermeture économique, puis quarante ans d’une ouverture graduelle, la Chine est devenue le premier exportateur mondial. Comment en est-elle arrivée là ? Comment peut-on caractériser sa place dans le commerce mondial ? Comment sa politique en matière d’investissements étrangers a-t-elle évolué ? Quels sont ses principaux partenaires ? Quelle pourra être son influence économique à l’avenir ?
Cet ouvrage présente la stratégie de la Chine en matière d’ouverture économique depuis 1979 et les principaux enjeux de son internationalisation.
. Nibras Chehayed (dir.), Images de chair et de sang, penser le corps en Syrie (2011-2021), Paris, Presses de l’Ifpo, octobre 2021.
Ce livre est une invitation à penser la reconstitution de nos corps en Syrie depuis 2011. D’abord, le corps filmant et filmé, celui du témoin qui se fait un lieu premier de preuve, là où le combat de l’interprétation des faits fait rage. Mais aussi le corps en tant qu’il est pensé par les arts plastiques, le corps de l’artiste détenu qui revient à l’expérience de son incarcération politique, ainsi que le corps genré, le corps insurgé, le corps épique, le corps tragique, le corps nihiliste et le corps « absolu ».
L’idée avancée est que les images de ces corps ne visent pas à représenter un réel, mais nous renvoient à lui différemment, nous rendant autres à nous-mêmes. Elles contaminent notre manière d’être par l’étrangeté du corps exposé. Plus radicalement encore, elles la contaminent par l’étrangeté du cadavre qu’elles mettent en avant. Ces images ne sont donc pas des objets secondaires, elles ne se contentent pas de mettre en évidence des éléments qui leur préexistent. Actives, elles initient un champ d’expérimentation de nouveaux vécus corporels.
. Stéphanie Beucher, Annette Ciattoni, Dictionnaire de géopolitique, Hatier, 2021.
La référence indispensable pour comprendre les dynamiques, les rivalités et les conflits à l’œuvre sur la planète
Plus de 235 entrées, définitions ou articles, pour comprendre le vocabulaire, les thèmes et les notions de la Géopolitique
100 cartes couleur, des bibliographies ciblées, des zooms sur des questions d’actualité
Une équipe d’auteurs pluridisciplinaire : géopoliticiens, historiens, géographes, politologues, économistes
Un outil pratique et facile d’accès pour les étudiants du supérieur (classes préparatoires, université, écoles de management…) et les lycéens en spécialité géopolitique.
. Philippe Boulanger, Planète médias. Géopolitique des réseaux et de l’influence, Armand Colin, 2021.
Outils d’intelligence collective et collaborative, mais aussi de contrôle, d’influence et de domination, les médias jouent un rôle aujourd’hui incontournable sur la scène géopolitique mondiale. Domination des grands groupes industriels du Global media, traitement médiatique permanent des crises et des conflits, fake news et influence des réseaux sociaux dans la sphère politique… le soft power médiatique constitue une grille de lecture décisive pour comprendre les mutations et les évolutions contemporaines.
Comment mesurer l’impact de la globalisation des médias sur la recomposition des interdépendances entre sociétés ? Quels sont les rapports entre mondialisation, rivalités de pouvoir et médias, révélant à la fois la prédominance américaine et les utilisations mises en œuvre par les pays émergents ? Quel rôle les médias jouent-ils dans les relations internationales et les conflits, depuis leur exploitation dans le champ d’action militaire aux nouvelles rivalités du cyberespace ? Telles sont l’ensemble des questions abordées par cet ouvrage.
. François Géré, Anti maximes. Fragments d’une morale pour le XXIe s, Saint Honoré éditions, 2021.
Qu’en est-il aujourd’hui de la morale traditionnelle ? L’examen ironique des préceptes anciens fait apparaître la constance de certains traits de l’homme ainsi que l’évolution de nos mœurs à l’ère de l’information-communication. La morale n’est jamais innocente, mais toujours ambiguë, car l’Espèce (le côté noir de l’humanité), les Puissants, en pervertissent le sens en la manipulant à leur profit. Mon but est d’éveiller le lecteur à la prise de conscience, sans complaisance, de lui-même, de ses défauts, de ses vertus afin d’affronter la vie en société au 21ème siècle.
. Arnaud Pautet, Les grands penseurs de l’économie. Comprendre les débats politiques contemporains, éd. Eyrolles, 2021
Qu’est-ce qui réunit Smith, Polanyi, Friedman, Keynes, Marx et Schumpeter ? Chacun, à sa manière, refuse les grilles de lecture de son temps et la pensée économique mainstream. Face aux mutations enfantées par les révolutions industrielles, ils sont tous des penseurs de l’alternative : ils questionnent l’intervention étatique, le risque d’épuisement de la croissance, son contournement par l’innovation et, surtout, la dose tolérable d’inégalités dans une société.
Confrontés aux conséquences des grandes crises économiques contemporaines et des guerres industrielles, ces six auteurs clés posent les jalons de la macroéconomie. En s’appuyant sur de nombreuses citations, cet ouvrage analyse finement la pensée de ces six économistes et propose des mises en perspective pour comprendre les débats politiques contemporains.
Citations ; Enjeux ; Mises en perspectives.
Préface de Pierre Dockès, professeur honoraire à l’Université Lyon 2, chercheur au centre de recherche Triangle. Il a publié Le Capitalisme et ses rythmes (deux tomes, Classiques Garnier, 2017-2019).
. Hugo Billard, Frédéric Encel, Atlas des frontières. Retour des fronts, essor des murs, éd. Autrement, 2021
Les frontières sont multiformes : ni naturelles ni artificielles, ouvertes ou fermées, fronts ou murailles, politiques ou économiques…
Comment sont-elles gérées, renégociées ou instrumentalisées en fonction d’intérêts économiques ou de passions géopolitiques ?
• Héritages de l’histoire, elles sont le fruit de rivalités de pouvoir : comment se sont-elles imposées depuis l’Antiquité ?
• Dessiner les frontières, établir les fronts, bâtir les murs… n’a rien d’anodin. Leurs représentations ne sont-elles qu’artifice et subjectivité ?
• La frontière n’est pas, ou plus, seulement une limite entre deux États : quelles sont les nouvelles frontières de notre monde globalisé ?
• Les crises perturbent le statut des frontières : comment agissent-elles sur les nouveaux rapports de forces régionaux et planétaires ?
Les plus de 100 cartes et documents inédits de cet atlas sont l’expression des enjeux politiques, culturels ou géopolitiques de cet « objet » à la fois ancien et moderne et toujours si convoité.
. Frank Tétart, Pierre-Alexandre Mounier, Atlas de l’Europe. Un continent dans tous ses états, éd. Autrement, 2021.
Territoire pluriel, le continent européen est un espace d’échanges et de rencontres, où se croisent des influences multiples. Mue par un projet ambitieux de communauté des nations né sur les cendres de la guerre, l’Europe doit relever le défi de l’unité malgré sa diversité.
Pour comprendre l’Union européenne et ses ambiguïtés, l’atlas revient sur :
Les fondements de l’Europe : définition géographique et politique, histoire du continent depuis l’Antiquité.
La création de l’idée européenne et de l’Union, composée aujourd’hui de 27 États.
La géopolitique des territoires européens : la diplomatie interne, les relations avec le reste du monde, la gestion de ses périphéries et confins, tant continentaux qu’ultra-marins.
Les 80 cartes de cet atlas racontent cette passionnante Europe, ses défis et ses enjeux, et comment elle doit réussir à s’inscrire durablement dans l’avenir du monde.
. Arnaud Pautet, Les défis du capitalisme. Comprendre l’économie du XXIe s, Dunod, 2021.
Faut-il souhaiter la mort du capitalisme ? Cette question, sans cesse reposée à l’occasion de crises, a resurgi lors de l’épidémie de Covid-19 qui a révélé les limites du système hypermondialisé de nos sociétés. Fréquemment, en effet, le capitalisme suscite chez les experts de vifs débats, révélant un désamour pour ce système économique pourtant à l’origine d’un cycle de prospérité inédit dans l’histoire de l’humanité et qui, jusqu’à aujourd’hui, a déjoué tous les pronostics annonçant sa fin.
Pour mieux comprendre les passions contraires que le capitalisme nourrit, cet ouvrage propose de revenir à son histoire longue, en s’appuyant sur les grands auteurs qui l’ont théorisé ou critiqué, afin de « dédramatiser » le problème économique. Cette prise de recul permet alors d’interroger ce que pourrait être le capitalisme demain et le rôle qu’il pourrait jouer dans la recréation d’un destin
solidaire et commun.
A. Pautet, agrégé et docteur en histoire contemporaine, est professeur en classes préparatoires commerciales au lycée Sainte-Marie de Lyon où il enseigne l’histoire, l’économie et la géopolitique.
Avec la collaboration de Francis Plancoulaine, professeur agrégé de sciences sociales enseignant l’économie, la sociologie et l’histoire en classes préparatoires commerciales.
Préface d’Éric Berr, maître de conférences en économie à l’université de Bordeaux.
. Delphine Diaz, En exil. Les réfugiés en Europe, de la fin du XVIIIᵉ siècle à nos jours, Paris, Gallimard, octobre 2021.
À l’heure où la « crise migratoire », parfois qualifiée de « crise de l’asile », n’en finit pas de diviser les États et les sociétés en Europe, cet ouvrage entend redonner une profondeur historique à une question d’actualité. Il interroge les multiples dénominations et représentations relatives aux « migrants » partis sous la contrainte, en allant de « l’exilé », du « proscrit », au « demandeur d’asile » et au « réfugié ». On y entend résonner les discours prononcés par des proscrits qui ont marqué leur temps, les échos des œuvres littéraires que les exilés nous ont laissées en héritage, depuis Les Châtiments de Victor Hugo jusqu’à Persépolis de Marjane Satrapi, mais on distingue aussi le murmure anonyme des "sans-État", souvent dénigrés et rejetés. Le livre donne enfin la part belle aux oubliés de la migration - femmes, enfants et vieillards -, pourtant largement impliqués dans cette histoire en mouvement. Grâce à un parcours chronologique qui commence avec les insurrections et révolutions de la fin du XVIIIème siècle et s’achève avec le temps présent de la migration contrainte, ce récit transnational de l’histoire des réfugiés donne vie et corps aux exilés d’hier et d’aujourd’hui : il restitue leur expérience collective mais aussi la singularité de leurs parcours européens.
. Emmanuel Lincot, Chine et terres d’Islam. Un millénaire de géopolitique, Paris, PUF, octobre 2021.
L’histoire des relations entre la Chine et le monde musulman est ancienne. Elle a donné naissance à des empires et à des phénomènes d’acculturation qui ont façonné l’Eurasie et le Moyen-Orient. Si la Modernité européenne a profondément modifié les rapports de force mondiaux, elle ne s’est pas accompagnée d’une occidentalisation de ces sociétés. Atavismes et traditions politiques semblent aujourd’hui légitimer l’adhésion à des valeurs et des choix de gouvernance autoritaires. Ces choix n’excluent en rien des rivalités ou des alliances parfois antinomiques, qui témoignent d’un inépuisable pragmatisme et interdisent une vision géopolitique bipolaire opposant un monde associé aux États-Unis à un agrégat d’États musulmans non arabes jouant la carte chinoise.
Première synthèse sur un sujet très vaste, cet ouvrage offre des clés de lecture stimulantes des principaux enjeux des relations internationales aujourd’hui.
. François Heisbourg, Retour de la guerre, Paris, Editions Odile Jacob, octobre 2021.
Une guerre comme celles qu’a connues le XXe siècle est-elle de nouveau possible ?
« Paix impossible, guerre improbable », écrivait Raymond Aron en 1947 à propos de la guerre froide.
Mais qu’en est-il aujourd’hui alors que les théâtres de conflits se multiplient au Moyen-Orient et surtout en région Indo-Pacifique ? Qu’en est-il alors que les grandes puissances n’hésitent plus à prendre le risque de la guerre, qu’il s’agisse de l’aventurisme militaire de la Russie ou de l’affirmation de la puissance chinoise en mer de Chine du Sud ?
Dans cet essai, bref et percutant, François Heisbourg montre que l’ombre de la guerre est désormais bien présente, des forever wars à la lutte idéologique que se livrent les États-Unis et la Chine en passant par la cyberconflictualité. Quant aux armes de la guerre, elles concourent à l’instabilité ambiante en fragilisant la dissuasion nucléaire.
Déclassé, humilié, déboussolé par la pandémie, notre continent, et avec lui notre pays, aura fort à faire pour défendre ses intérêts et ses valeurs.
. Mabingué Ngom, Demography, Peace and Security in the Sahel. Perspectives for a resilient Central Sahel, Paris, L’Harmattan, octobre 2021.
In Africa, the Sahel region polarizes a lot of attention from the international community because of its rich potential, which is in stark contrast to its fragile and worsening security situation - all against the backdrop of a powerful demographic dynamic marked by a considerable proportion of young people. This publication aims to deepen reflection on the causes of conflict and fragility in the Sahel and potential relationships with Africa’s demography.
. Mounia Bennani-Chraïbi, Partis politiques et protestations au Maroc (1934-2020), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, octobre 2021.
Le Maroc ? Un royaume où un roi toujours doté d’une divine baraka se joue des complots et des oppositions ? Un monde où tout change, des sigles de partis aux ruses du pouvoir, pour que rien ne change ? Sens commun séduisant... ou plutôt clichés que Mounia Bennani-Chraïbi secoue au fil de ce livre qui renouvelle l’histoire politique du pays. Une enquête de longue haleine qui remet en énigme des luttes politiques violentes ou larvées. Une problématique qui ne dissocie jamais dynamiques protestataires et logiques partisanes. Une profondeur historique qui aide à comprendre comment le passé affecte les luttes actuelles.
. Nepthys Zwer, Philippe Rekacewicz, Cartographie radicale, Paris, La Découverte, octobre 2021.
Il est des cartes qui disent non. Des cartes radicales, qui dévoilent et dénoncent, qui protestent. Pour comprendre ces cartes rebelles, leur fonctionnement, leurs forces, leurs possibilités, ce livre entreprend un voyage d’exploration au cœur de la création cartographique. Que se passe-t-il exactement quand nous élaborons une carte, qu’elle soit radicale, expérimentale (on parle aussi de cartographie critique ou de contre-cartographie) ou conventionnelle ? Quelles intentions président à sa fabrication et à sa mise en oeuvre ?
La première fonction des cartes est de nous aider à nous repérer dans l’espace et à nous déplacer d’un point à un autre. Elles permettent aux bateaux de naviguer et aux avions de voler. Avec des cartes, on fait la guerre, puis éventuellement la paix. Elles sont aussi de formidables machines à rêves, qui façonnent notre image du monde, en fixent la mémoire et finissent par fabriquer notre réalité. Qu’est-ce qui motive cet acte très particulier de mise en forme symbolique du monde, de Strabon à l’anarchiste Élisée Reclus, de la bénédictine Hildegard von Bingen à l’explorateur Alexander von Humboldt, des portulans à la carte d’état-major ? Quelle part de fantaisie créatrice, quelle part de fantasme faustien d’une possible maîtrise de notre environnement, quelle part de sincérité scientifique sont-elles à l’œuvre ?
Entre l’émergence de la cartographie thématique audacieuse de l’ingénieur Charles-Joseph Minard, ou celle des designers d’information Otto et Marie Neurath, et l’approche sémiologique conceptuelle de Jacques Bertin, se situe un point de rupture avec les conventions de la représentation cartographique. Un point libérateur qui a ouvert le champ de l’expérimentation et rendu possible la démocratisation des cartes. Autour des années 1900, le sociologue W.E.B. du Bois et son équipe inventaient de nouvelles façons graphiques de représenter des données statistiques sur la situation des personnes noires aux États-Unis. Quelque soixante ans plus tard, c’était pour dénoncer le même racisme culturel et économique qu’un petit institut de géographie de Détroit, animé par William Bunge et Gwendolyn Warren, donnait ses contours à ce qui deviendra la géographie radicale : une géographie engagée.
Alors, le rapport à l’objet carte change. S’opère une prise de conscience quant à son usage et à ses possibilités. La cartographie radicale va spatialiser les données économiques et sociales, produire des cartes délibérément politiques qui montrent et dénoncent les situations d’inégalités de vie et de droits, les compromissions politico-économiques, les accaparements de terres, la destruction des milieux par l’agro-industrie, la pollution de la planète et tout ce qui hypothèque, d’une façon ou d’une autre, le bonheur et l’avenir de l’humanité. Les cartes, qui jouent traditionnellement le jeu du pouvoir, se font outils de la contestation et instruments d’émancipation politique et sociale quand la société civile se les approprie. Politique, art et science entrent alors en dialogue permanent pour proposer une image non convenue et libre du monde.
. Benoît de Tréglodé, Vietnamiens. Lignes de vie d’un peuple, Paris, Ateliers Henry Dougier, septembre 2021.
Le Viêt Nam change ! L’avenir de ce pays de bientôt 100 millions d’habitants ne se réduit plus aux tumultes de l’histoire du siècle dernier, ni aux seules logiques de contrôle étatique. Bien sûr le passé, si proche de notre histoire, est encore présent mais se dessine un avenir résolument dynamique et orienté vers l’Asie du XXIe siècle.
Benoît de Tréglodé donne la parole à des hommes et des femmes de tout âge, de toutes conditions, citadins, ruraux, jeunes ou vieux, riches ou pauvres, des personnes proches du pouvoir ou opposants de longue date. Ils nous livrent leur Viêt Nam, tel qu’ils le vivent aujourd’hui.
. Bertrand Badie, Les Puissances mondialisées. Repenser la sécurité internationale, Paris, Editions Odile Jacob, septembre 2021.
Quels sont les États qui protègent le mieux leurs citoyens dans le contexte international actuel ? Face à des menaces devenues globales, telles les pandémies, les crises environnementales, économiques, migratoires ou alimentaires, quelles puissances ont su rompre avec un passé révolu et développer des stratégies adaptées ?
Les États-nations se sont construits, il y a quelques siècles, sur la gestion des peurs ancestrales (peur de mourir et de souffrir, peur de perdre sa liberté) et des risques nationaux. Ils se sont arrogé le monopole de la sécurité pour en faire un enjeu territorial et militaire, étroitement lié à la souveraineté nationale.
Mais lorsque les risques changent de nature et de périmètre, qu’en est-il de l’ancien ordre international ? Le succès amorcé des puissances les plus agiles, qui – à l’instar de la Corée du Sud, de l’Allemagne et de quelques pays nordiques – savent tirer profit de la mondialisation tout en se protégeant de ses méfaits, ne nous invite-t-il pas à repenser la sacro-sainte sécurité internationale pour l’élargir à ses dimensions humaines ? Et, dès lors, n’est-ce pas tout l’ordre mondial qui est à revoir et à refonder ?
Loin des discours souverainistes et des postures démagogiques, Bertrand Badie nous propose une réflexion profonde et sociale sur le thème si fondamental de la sécurité.
. Isabelle Ligier-Degauque, Anne Teulade (dir.), Mémoire de vaincus, mémoire de vainqueurs dans le bassin méditerranéen. De l’Antiquité au XXIe siècle. La littérature à l’épreuve du conflit, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, septembre 2021.
L’histoire est-elle écrite par les vainqueurs et par les grands hommes qui en ont entretenu la mémoire ? De l’Antiquité au XXIe siècle, ce livre réfléchit aux manières dont il est possible de faire émerger une mémoire effacée. En assumant les contradictions de la narration et en ne gommant pas la multiplicité des points de vue, la littérature a toute sa place dans le champ de la mémoire. Elle est ainsi force de réflexion dans un espace géographique traversé par de vives tensions au cours de son histoire.
. Jean-Pierre Filiu, Le Milieu des mondes. Une histoire laïque du Moyen-Orient de 395 à nos jours, Paris, Seuil, septembre 2021.
Berceau des trois monothéismes, terre de conflits confessionnels et d’obsessions identitaires, le Moyen-Orient tend à déchaîner les passions, quand il ne suscite pas la résignation devant la répétition du malheur. Pour désamorcer une telle charge symbolique, Jean-Pierre Filiu adopte une démarche résolument laïque, éclairant d’un jour nouveau un millénaire et demi d’histoire de la région, à partir de la fondation, en 395, de l’Empire romain d’Orient.
Son approche citoyenne et érudite invalide les amalgames contemporains qui ne font que projeter sur la réalité moyen-orientale les propagandes de guerre des uns et des autres. Elle éclaire le cynisme avec lequel dictateurs et jihadistes défigurent le passé pour légitimer leur barbarie. Une telle histoire devient alors bien plus riche et fascinante que les caricatures dans l’air du temps.
Ce livre, qui fera date, offre la première synthèse sur une aussi longue durée de l’histoire de ce « milieu des mondes », carrefour de trois continents. Il s’appuie sur un solide appareil didactique, avec vingt cartes, dix chronologies et deux index. Il vise ainsi à rendre directement accessibles l’héritage et les enjeux du Moyen-Orient. Il se conclut par une analyse de la place et des ambitions de la France dans cette région. Car cette histoire est également la nôtre, aujourd’hui peut-être plus que jamais.
. Louis Blin, L’Arabie saoudite, de l’or noir à la mer rouge, Paris, Editions Eyrolles, septembre 2021.
Centralisation du pouvoir, restructuration économique, construction d’une nation, marginalisation du salafisme, émergence d’une société prenant le chemin de la sécularisation… Derrière sa façade immobile, l’Arabie saoudite a entamé une révolution silencieuse dont on a mal pris la mesure.
En abordant successivement les aspects politiques, économiques, sociaux et diplomatiques de l’Arabie saoudite, cet ouvrage décrypte l’évolution d’un pays dont la stabilité politique fait exception dans une région troublée. On comprend à sa lecture combien anachroniques deviennent les clichés d’obscurantisme wahhabite ou de pays de l’or noir associés à l’Arabie saoudite, à l’heure où ses habitants tournent leurs regards vers la mer Rouge pour renouer avec leur tradition d’ouverture. Des cartes, des schémas et des tableaux viennent illustrer le propos.
. Marie Durrieu, Du conflit israélo-palestinien au nucléaire iranien : L’humiliation, la variable oubliée des négociations, Paris, L’Harmattan, septembre 2021
Les accords israélo-palestiniens de 1993 et l’accord sur le nucléaire iranien de 2015 représentaient un espoir pour la paix, rapidement déçu par l’échec de leur mise en oeuvre qui a replongé le Moyen-Orient dans l’incertitude. À l’heure où la région est embrasée, où les tensions resurgissent, et où le nucléaire iranien est au sommet de l’agenda diplomatique, il devient urgent de comprendre les mécanismes qui bloquent la résolution de ces conflits. Cet ouvrage s’intéresse à une variable trop souvent oubliée : l’humiliation. A-t-elle un rôle dans l’impossible résolution de ces conflits ? Par la diplomatie, nous savons faire la paix avec un ennemi, mais peut-on faire la paix avec celui qui nous a humiliés ?
. Bayram Balci, Nicolas Monceau, Turkey, Russia and Iran in the Middle East. Establishing a New Regional Order, Cham, Palgrave Macmillan, septembre 2021.
This book explores the complexity of the Syrian question and its effects on the foreign policies of Russia, Iran, and Turkey. The Syrian crisis has had a major effect on the regional order in the Middle East. Syria has become a territory where the rivalry between Russia and Western powers is being played out, and with the West’s gradual withdrawal, the conflict will without a doubt have lasting effects locally and on the international order. This collection focuses on the effects of the Syrian crisis on the new governance of the Middle East region by three political regimes : Russia, Iran, and Turkey. Many articles and a number of books have been written on this conflict, which has lasted over ten years, but no publication has examined simultaneously and comparatively how these three states are participating in the shared management of the Syrian conflict.
. Jean-Yves Berthault, Déjeuners avec les talibans, Paris, Editions Saint-Simon, septembre 2021.
Ses trois postes en Afghanistan sur une période de 20 ans ont permis au diplomate Jean-Yves Berthault d’être un témoin privilégié de l’histoire contemporaine de ce pays et d’en connaître les principaux protagonistes. A Kaboul, où l’Ambassade de France ainsi que sa propre résidence jouxtaient le Palais, les coups d’état communistes se déroulaient à sa porte ; au bazar, ses contacts parmi les marchands lui ont permis d’avoir la primeur du projet d’invasion soviétique de l’Afghanistan, deux mois avant le 24 décembre 1979 ; depuis son poste d’observation, il a vu les moudjahidines se lever contre l’envahisseur, de Herat à Kandahar.
Conseiller politique de la mission de l’ONU pour l’Afghanistan en 1997, alors que les Talibans venaient de prendre le contrôle du pays, il a ensuite dirigé l’ambassade à Kaboul après la prise du pouvoir par les Talibans, de 1998 à 2001. La France étant alors le seul Etat de l’Otan à y maintenir une représentation, il se trouvait donc être le seul diplomate occidental en situation de dialogue régulier, tant avec les chefs de l’opposition, le Docteur Abdullah, les Commandants Massoud ou Abdul Haq, qu’avec les membres du gouvernement des Talibans, ou encore l’ancien roi Zaher, qu’il va convaincre à Rome de revenir dans l’arène politique. Côtoyant les Talibans aussi bien dans leurs ministères que les recevant à l’ambassade à l’occasion de déjeuners d’anthologie, Jean Yves Berthault en dresse des portraits tellement inédits qu’ils suffiraient à justifier ce récit.
Mais parallèlement, il joue un rôle essentiel en s’efforçant de mener discrètement un processus de réconciliation nationale, découvrant et conseillant Hamid Karzaï, alors dans l’opposition, pour en faire l’unique alternative aux Talibans, ce qui adviendra en 2001 lorsqu’il sera nommé Président de la République islamique.
De ce pays compliqué, il fait revivre la culture, la complexité religieuse, les interdits, la couleur locale, et surtout le peuple, si longtemps et toujours victime. Car malheureusement l’histoire se répète. Après des années d’espoir souvent déçus, les Talibans sont de retour. Il faudra beaucoup de discernement pour négocier le mieux possible avec eux - et difficilement sans eux- l’avenir de l’Afghanistan. La guerre de vingt ans ne prendra pas fin en mai comme il était prévu. A cette date, les troupes américaines, présentes depuis 2001, ne partiront pas.
. Maxime Didat, Géopolitique et cinéma. Image (s) de la puissance, puissance des images, Paris, L’Harmattan, septembre 2021.
Davantage que des objets de divertissement ou des produits culturels consommés à l’échelle mondiale, les films sont aussi des porte-étendards de valeurs, des outils de propagande utilisés tant dans des démocraties confirmées qu’au sein de régimes autoritaires. Cet ouvrage analyse les moyens dont disposent les industries du cinéma pour aider les États à exercer des moyens de domination dans les relations internationales, qu’il s’agisse d’une domination « concrète » ou plus « symbolique » démontrant ainsi que les films ne sont pas « juste » des produits de divertissement, mais bien un instrument stratégique à part entière.
. Myriam Benraad, Terrorisme : les affres de la vengeance. Aux sources liminaires de la violence, Paris, Le Cavalier Bleu, août 2021.
L’histoire du terrorisme, ancien comme contemporain, est empreinte de vengeances à l’origine de longs cycles de violence et de représailles. Loi du talion, prix du sang, humiliations, terrorisme d’État... La vengeance est partout présente, aussi bien dans les motivations des terroristes en justification de leurs actes que dans les réactions que leur violence provoque parmi leurs cibles.
Pourtant, en tant qu’objet d’analyse, elle reste l’angle mort des études sur le terrorisme. « Radicalisation de l’islam », « islamisation de la radicalité », « nihilisme générationnel », contextes géopolitiques, ressentiments historiques... la vengeance reste en filigrane, comme si la mettre en exergue ou la reconnaître aux terroristes, comme ils s’en réclament, serait induire l’idée qu’une injustice a été perpétrée. Or, elle est une question centrale qu’il est essentiel de déchiffrer.
. Pablo A. Baisotti, Problems and alternatives in the Modern Americas, Londres, Routledge, septembre 2021.
This volume explores several notable themes related to political processes in Latin America and offers insightful historical perspectives to understand national, regional, and global issues in the continent from the beginning of the 20th century to the present day. The collected essays focus on Latin American politics such as : political cycles, left-wing political parties, nationalism, progressivism, crime and resistance, violence, authoritarianism, and relationships with the United States, Venezuela, Chile, Ecuador, Brazil, Colombia, and Paraguay. The perspectives of the chapters presented an attempt to seek lines of continuity by highlighting traditional interpretations of new scenarios and refusing to impose a traditional and uncritical linear historical narrative. The fundamental objective of the volume is to provide a rational and critical political-historical explanation of Latin America since the early 20th century with the purpose, among others, of deepening understanding of the present.
. Richard Wright, Bandung. Chronique d’un monde en décolonisation, Paris, Editions Syllepse, septembre 2021.
En janvier 1955, l’écrivain afro-américain Richard Wright découvre un encart dans un journal qui annonce la tenue d’une conférence réunissant 29 nations d’Afrique et d’Asie à Bandung, en Indonésie, en avril de la même année. Wright est convaincu que cet événement représente « quelque chose de nouveau » dans l’histoire des relations internationales, et que cette rencontre inédite, qui va au-delà des clivages habituels entre le capitalisme et le communisme, ou la droite et la gauche, peut déboucher sur une reconfiguration du monde contestant la bipolarisation issue de la guerre froide. Seul journaliste américain accrédité, Richard Wright sera le témoin de la naissance de ce monde non-aligné.
Reportage, carnet de voyage, exploration littéraire des forces « tectoniques » de la race et de la religion dans un monde en pleine ébullition, récit par une grande plume de la littérature américaine d’un grand moment de la vague des décolonisations, du choc avec les puissances impérialistes et le capitalisme, chronique sensible des effets de la colonisation et du racisme sur les corps et les esprits : Bandung est tout cela et bien plus encore.
. Camille Leveillé, Daech : retour sur une propagande, Paris, L’Harmattan, août 2021.
Comment Daech a-t-il pu terroriser des populations à travers le monde par le biais de sa propagande ? Quels sont les mécanismes qui ont été mis en place par le groupe pour recruter et conserver une emprise sur ses membres ? Pourquoi la France a-t-elle été l’un des pays les plus touchés par les attentats terroristes djihadistes ? Comment peut-on lutter efficacement contre une propagande en constante évolution et usant des réseaux sociaux pour se diffuser ? Cet ouvrage tente, avec le recul nécessaire, de répondre aux nombreuses questions sur les mécanismes et les enjeux de la propagande de Daech en France, en Irak et en Syrie. La production de contenus djihadistes est certes moins importante qu’il y a quelques années mais est toujours active.
. Christian Lequesne (dir.), La puissance par l’image. Les Etats et leur diplomatie publique, Paris, Presses de Sciences Po, septembre 2021.
On nomme diplomatie publique ce levier de puissance de plus en plus fréquemment utilisé et dont les États-Unis ont été les pionniers au début du 20ème siècle. Il ne se confond ni avec le soft power ni avec la propagande. Voici le premier ouvrage que les sciences sociales consacrent en France à ce champ des relations internationales.
Séduire l’opinion mondiale : démocraties ou dictatures, tous les États s’efforcent de soigner leur image en s’adressant directement et à voix haute aux citoyens. Les moyens sont multiples pour se rendre attractif aux yeux de l’opinion mondiale : récits portés par les médias et les réseaux sociaux, implantations d’instituts culturels et d’écoles, échanges universitaires, distributions de matériel médical et de vaccins, etc. On nomme diplomatie publique ce levier de puissance de plus en plus fréquemment utilisé et dont les États-Unis ont été les pionniers au début du 20ème siècle. S’ajoutant aux canaux feutrés de la diplomatie classique, il ne se confond ni avec le soft power ni avec la propagande.
Dans le premier ouvrage que les sciences sociales consacrent en France à ce champ des relations internationales, une série d’analyses transversales et de focus sur des cas concrets, illustrés de cartes et de graphiques, donnent à voir ses usages et ses effets ainsi que les nouveaux modèles qu’il propose.
. Eric Taladoire, Sale guerre. L’invasion du Mexique par les Etats-Unis (1846-1848), Paris, Les éditions du Cerf, octobre 2021.
S’il est une amnésie dans la mémoire, l’histoire et la conscience contemporaine, c’est l’invasion du Mexique par les États-Unis en 1846-1848. Pour les Nord-Américains, elle n’a pratiquement pas existé. Pour les Européens, elle représente un détail. Pourtant l’annexion de plus de la moitié du territoire d’un pays ne saurait être anecdotique. Et d’autant plus que cette annexion a annoncé toutes les sales guerres du XXe siècle.
Pour la première fois, Éric Taladoire, spécialiste du Mexique, décrit la disproportion des forces, les atrocités commises, le racisme à l’oeuvre, la politique de superpuissance mise en acte. Le tableau inédit qui en ressort vient écorner le roman national d’une Amérique patrie de la liberté et de la démocratie. C’est là toute la raison de notre méconnaissance totale de ce conflit prototypique.
Grâce à une documentation exigeante qui démolit les fausses évidences sur cette guerre abominable et qui éclaire ses conséquences encore aujourd’hui prégnantes de part et d’autre du Rio Grande, ce livre constituera l’ouvrage de référence sur la guerre du Mexique. Tout en offrant un aperçu salutaire sur la face obscure des Etats-Unis.
. Jonathan E. Hillman, The Digital Silk Road : China’s Quest to Wire the World and Win the Future, New York, Harper Business, octobre 2021.
From the ocean floor to outer space, China’s Digital Silk Road aims to wire the world and rewrite the global order. Taking readers on a journey inside China’s surveillance state, rural America, and Africa’s megacities, Jonathan Hillman reveals what China’s expanding digital footprint looks like on the ground and explores the economic and strategic consequences of a future in which all routers lead to Beijing.
If China becomes the world’s chief network operator, it could reap a commercial and strategic windfall, including many advantages currently enjoyed by the United States.
It could reshape global flows of data, finance, and communications to reflect its interests. It could possess an unrivaled understanding of market movements, the deliberations of foreign competitors, and the lives of countless individuals enmeshed in its networks.
However, China’s digital dominance is not yet assured. Beijing remains vulnerable in several key dimensions, the United States and its allies have an opportunity to offer better alternatives, and the rest of the world has a voice. But winning the battle for tomorrow’s networks will require the United States to innovate and take greater risks in emerging markets. Networks create large winners, and this is a contest America cannot afford to lose.
. Patrick Suter, Corinne Fournier Kiss (dir.), Poétique des frontières. Une approche transversale des littératures de langue française (XXe-XXIe siècles), Genève, MétisPresses, septembre 2021.
Participant à l’organisation et à la mise en forme du monde, les frontières apparaissent également comme des lignes de forces dans de nombreuses œuvres littéraires. Périphériques ou centrales, statiques ou dynamiques, explicites ou implicites, pleines ou creuses, précaires ou tenaces, elles signalent des points de rupture ou des zones d’attraction dans les textes. Donnant lieu aux expériences les plus variées, elles engagent des formes et des esthétiques très différenciées.
À partir de cet objet commun, et en convoquant les débats récents sur la littérature mondiale, cet ouvrage invite à un voyage à travers les littératures de langue française. Il rejoint ainsi les préoccupations de la recherche contemporaine visant à décloisonner les différentes histoires littéraires nationales.
. Alexandra Novosseloff, Le Conseil de sécurité des Nations Unies (2ème édition), Paris, CNRS Editions, septembre 2021.
À quoi sert le Conseil de sécurité de l’ONU ? Quel est son bilan ? Quels sont ses pouvoirs, ses méthodes ? Quel rôle pour la France en son sein ? Peut-on, faut-il le réformer, et comment ? Le droit de veto est-il légitime ?
Cet organe majeur de la société internationale, juridiquement maître de la guerre et de la paix, politiquement tributaire des grandes puissances, est souvent méconnu, critiqué, décrié. À tort ou à raison ? Le présent ouvrage réunit les contributions de diplomates et universitaires spécialistes de ces questions.
. Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, Céline Jurgensen, Imaginaires nucléaires. Représentations de l’arme nucléaire dans l’art et la culture, Paris, Editions Odile Jacob, septembre 2021.
Ce livre s’intéresse aux représentations de l’arme nucléaire dans l’art et la culture, et à la manière dont elles façonnent nos perceptions et notre imaginaire collectif. Réunissant 35 auteurs aux profils et aux modes d’expression très divers (chercheurs, diplomates, artistes, critiques, conservateurs, etc.), tels le dessinateur Plantu ou le réalisateur Antonin Baudry (Le Chant du loup), il dresse un vaste panorama invitant à penser la représentation de l’arme nucléaire : lire les œuvres littéraires, les romans, la bande dessinée qui la mettent en scène ; regarder la bombe sur le grand et le petit écran, au cinéma et dans les séries télévisées ; écouter la musique qui en parle ; ou jouer aux jeux vidéo qui la représentent. Ses chapitres s’intéressent aussi à ceux qui montrent la bombe, par la photographie ou l’exposition ; qui bâtissent les villes en fonction de cette menace et les bunkers pour s’en protéger ; qui la promeuvent dans des stratégies nationales ; et la contestent par l’humour, l’art et la culture. Cet ensemble inédit et les 170 illustrations qui l’accompagnent font de cet ouvrage de référence un objet unique en son genre.
. Julia E. Ault, Saving Nature Under Socialism. Transnational Environmentalism in East Germany, 1968 – 1990, Cambridge, Cambridge University Press, août 2021.
When East Germany collapsed in 1989–1990, outside observers were shocked to learn the extent of environmental devastation that existed there. The communist dictatorship, however, had sought to confront environmental issues since at least the 1960s. Through an analysis of official and oppositional sources, Saving Nature Under Socialism complicates attitudes toward the environment in East Germany by tracing both domestic and transnational engagement with nature and pollution. The communist dictatorship limited opportunities for protest, so officials and activists looked abroad to countries such as Poland and West Germany for inspiration and support. Julia Ault outlines the evolution of environmental policy and protest in East Germany and shows how East Germans responded to local degradation as well as to an international moment of environmental reckoning in the 1970s and 1980s. The example of East Germany thus challenges and broadens our understanding of the ’greening’ of post-war Europe, and illuminates a larger, central European understanding of connection across the Iron Curtain.
. Olivier Weber, Massoud, le rebelle assassiné, La Tour d’Aigues, Editions L’Aube, septembre 2021.
Figure de proue de la lutte contre les fondamentalistes, le commandant Massoud a été assassiné lors d’une opération-suicide en Afghanistan, l’avant-veille des attentats du 11 septembre 2001. Qui était véritablement le célèbre combattant ? Un simple résistant ? Un seigneur de la paix ? Un militant des droits humains dans un Orient ravagé par le fanatisme ? Un poète féru de vers persans et français perdu dans la guerre ? Vingt ans après sa mort, Olivier Weber, qui l’avait longuement rencontré et avait côtoyé ses partisans pendant une vingtaine d’années de voyages en Afghanistan, revient sur son message de paix et de concorde entre les peuples.
. Pierre Raffard, Géopolitique de l’alimentation et de la gastronomie. De la fourche à la FoodTech, Paris, Le Cavalier Bleu Editions, août 2021.
Souvent réduite à sa seule dimension anecdotique et divertissante, l’alimentation est aussi une puissante arme de domination et de conquête. Élément de souveraineté, enjeu humanitaire, elle est, à chaque maillon de la chaîne, un outil géopolitique essentiel dans le contrôle des bouches et des esprits. Des recompositions contemporaines de nos systèmes alimentaires au rôle fondamental joué par une poignée d’entreprises mondialisées désormais hégémoniques, du soft power des chefs à cette FoodTech aujourd’hui sous le feu des projecteurs, le domaine alimentaire constitue un laboratoire à ciel ouvert pour comprendre et dessiner les évolutions actuelles comme futures de nos sociétés.
Face à ces dynamiques globalisantes, des contre-pouvoirs émergent néanmoins qui se veulent des alternatives au modèle dominant. Bio, circuits courts, nouvelles technologies, les initiatives sont multiples, protéiformes, parfois opposées, mais s’accordent toutes sur un point, celui de considérer l’alimentation comme un élément fondamental du jeu (géo)politique mondial.
. Samantha Seeley, Race, Removal, and the Right to Remain. Migration and the Making of the United States, Chapel Hill, University of North Carolina Press, août 2021.
Who had the right to live within the newly united states of America ?
In the country’s founding decades, federal and state politicians debated which categories of people could remain and which should be subject to removal. The result was a white Republic, purposefully constructed through contentious legal, political, and diplomatic negotiation. But, as Samantha Seeley demonstrates, removal, like the right to remain, was a battle fought on multiple fronts. It encompassed tribal leaders’ fierce determination to expel white settlers from Native lands and free African Americans’ legal maneuvers both to remain within the states that sought to drive them out and to carve out new lives in the West. Never losing sight of the national implications of regional conflicts, Seeley brings us directly to the battlefield, to middle states poised between the edges of slavery and freedom where removal was both warmly embraced and hotly contested.
Reorienting the history of U.S. expansion around Native American and African American histories, Seeley provides a much-needed reconsideration of early nation building.
. Hugo Billard, Frédéric Encel, cartographie de Paul Gallet, Atlas des frontières. Retour des fronts, essor des murs, éd. Autrement, 2021.
Les frontières sont multiformes : ni naturelles ni artificielles, ouvertes ou fermées, fronts ou murailles, politiques ou économiques…
Comment sont-elles gérées, renégociées ou instrumentalisées en fonction d’intérêts économiques ou de passions géopolitiques ?
• Héritages de l’histoire, elles sont le fruit de rivalités de pouvoir : comment se sont-elles imposées depuis l’Antiquité ?
• Dessiner les frontières, établir les fronts, bâtir les murs… n’a rien d’anodin. Leurs représentations ne sont-elles qu’artifice et subjectivité ?
• La frontière n’est pas, ou plus, seulement une limite entre deux États : quelles sont les nouvelles frontières de notre monde globalisé ?
• Les crises perturbent le statut des frontières : comment agissent-elles sur les nouveaux rapports de forces régionaux et planétaires ?
Les plus de 100 cartes et documents inédits de cet atlas sont l’expression des enjeux politiques, culturels ou géopolitiques de cet « objet » à la fois ancien et moderne et toujours si convoité.
. Bertrand Badie, Dominique Vidal, La France, une puissance contrariée. L’état du monde 2022, Paris, La découverte, août 2021.
La politique étrangère française est depuis longtemps sous le feu des projecteurs, tour à tour présentée comme le vestige d’une gloire passée, la marque d’une présence maintenue dans un monde qui n’a plus de limites, ou le signe d’une arrogance blessée par une succession d’échecs. Le débat reste vif, rehaussé par la présidentialisation, chaque locataire de l’Élysée voulant faire de sa propre diplomatie le gage de son succès et de son prestige…
Et pourtant, cette politique reste peu étudiée, regardée avec une série d’a priori jamais évalués : l’effectivité de la grandeur gaullienne et sa perception à l’extérieur, la fonction de l’arsenal nucléaire en un temps post-bipolaire énigmatique, la revendication de prés carrés ou de zones d’influence, un souverainisme rhétorique malmené par la mondialisation, un essor notable de la politique d’affichage et de communication… Existe-t-il d’ailleurs un principe qui organise l’ensemble de ces traits, et le logiciel qui lui est associé correspond-il au contexte international actuel ?
Pour comprendre comment la France s’insère dans un monde dont elle est de plus en plus tributaire, les auteurs répondent à trois grandes questions, axes majeurs de l’ouvrage. Comment cette politique s’inscrit-elle dans l’histoire ? Ses instruments sont-ils adaptés, ou répondent-ils à d’autres considérations, économiques, politiques, administratives et idéologiques ? Peut-on en mesurer les résultats et la pertinence, eu égard aux grands enjeux contemporains ? Ces analyses éclairantes esquissent, en creux, la possibilité d’une autre politique.
. François Gemenne, Aleksandar Rankovic et Atelier de cartographie de Sciences Po, Atlas de l’Anthropocène (2ème édition), Paris, Presses de Sciences Po, septembre 2021.
« Atlas, dans la mythologie, représente un géant capable de tenir la Terre sur ses épaules sans en être écrasé. Mais quand Gérard Mercator publie en 1538 ce qu’il décide d’appeler un Atlas, le rapport des forces s’est complètement inversé : un "Atlas" est un ensemble de planches, imprimées sur du papier, quelque chose que l’on feuillette et que le cartographe tient dans sa main ; ce n’est plus la Terre que l’on a sur le dos et qui nous écrase, mais la Terre que l’on domine, que l’on possède et que l’on maîtrise totalement. Près de cinq siècles après, voilà que la situation s’inverse à nouveau : paraît un "Atlas" qui permet aux lecteurs de comprendre pourquoi il est tout à fait vain de prétendre dominer, maîtriser, posséder la Terre, et que le seul résultat de cette idée folle, c’est de risquer de se trouver écrasé par Celle que personne ne peut porter sur ses épaules. » Bruno Latour
Changement climatique, érosion de la biodiversité, évolution démographique, urbanisation, pollution atmosphérique, détérioration des sols, catastrophes naturelles, accidents industriels, crises sanitaires, mobilisations sociales, sommets internationaux… Voici le premier atlas réunissant l’ensemble des données sur la crise écologique de notre temps.
. Jean-Pierre Cabestan, Demain la Chine : guerre ou paix ?, Paris, Gallimard, septembre 2021.
Développement économique vertigineux, montée en puissance impressionnante, modernisation militaire sans précédent, passions nationalistes souvent incandescentes, confrontation de plus en plus intense avec les États-Unis, tous ces ingrédients connus semblent conduire immanquablement la Chine à la guerre.
Les causes immédiates d’un conflit armé ne manquent pas : les prétentions de Pékin en mer de Chine du Sud, le conflit territorial sino-japonais autour des Senkaku (Diaoyu) et surtout la volonté farouche de Xi Jinping de réunifier Taiwan à la République populaire constituent les principaux barils de poudre qui peuvent à tout moment exploser. De fait, les prédictions d’un affrontement militaire dans le détroit de Formose d’où la Chine sortirait vainqueur se multiplient.
Pour l’heure, ce que l’on observe avant tout est une utilisation de plus en plus fréquente par le gouvernement chinois de ce qu’on appelle les « zones grises » entre la paix et la guerre. Cette stratégie s’est étendue, en 2020, à la longue frontière sino-indienne. Ce nouveau modus operandi permet aussi à l’Armée populaire de libération (APL) et aux autres agences de sécurité chinoises d’améliorer leur capacité de projection de forces et leur préparation au combat. Mais les enjeux d’une guerre ouverte, et pas uniquement avec les États-Unis, restent énormes, incitant l’APL à d’abord envisager des « opérations extérieures » plus limitées et moins dangereuses.
Pour ces raisons, bien que nul ne puisse contrôler les passions humaines, et sans pour autant exclure l’irruption de crises militaires, la Chine et les États-Unis s’orientent plus vers une guerre froide d’un nouveau type que vers une guerre chaude qui pourrait rapidement se nucléariser.
. Jonathan Brunstedt, The Soviet Myth of World War II. Patriotic Memory and the Russian Question in the USSR, Cambridge, Cambridge University Press, juin 2021.
How did a socialist society, ostensibly committed to Marxist ideals of internationalism and global class struggle, reconcile itself to notions of patriotism, homeland, Russian ethnocentrism, and the glorification of war ? In this provocative new history, Jonathan Brunstedt pursues this question through the lens of the myth and remembrance of victory in World War II – arguably the central defining event of the Soviet epoch. The book shows that while the experience and legacy of the conflict did much to reinforce a sense of Russian exceptionalism and Russian-led ethnic hierarchy, the story of the war enabled an alternative, supra-ethnic source of belonging, which subsumed Russian and non-Russian loyalties alike to the Soviet whole. The tension and competition between Russocentric and ’internationalist’ conceptions of victory, which burst into the open during the late 1980s, reflected a wider struggle over the nature of patriotic identity in a multi-ethnic society that continues to reverberate in the post-Soviet space. The book sheds new light on long-standing questions linked to the politics of remembrance and provides a crucial historical context for the patriotic revival of the war’s memory in Russia today.
. Marc-Antoine Pérouse de Montclos, L’islam d’Afrique. Au-delà du djihad, Paris, Vendémiaire Editions, août 2021.
Démarrée en 2013 avant de s’ensabler au Sahara, l’intervention de l’armée française au Sahel, d’abord au Mali, puis dans les pays voisins, a jeté une lumière crue sur la résilience de groupes djihadistes qui sont également actifs au Nigeria, au Mozambique, à la frontière de l’Ouganda et dans la Corne de l’Afrique. La lutte contre le terrorisme a alors amené la communauté internationale à s’interroger sur la dérive d’un continent menacé par l’État islamique et gangrené par les idées subversives d’un salafisme d’origine saoudienne.
La perception de la radicalisation et de la politisation d’un islam influencé par l’évolution de la situation au Moyen-Orient méconnaît cependant les spécificités de la religion musulmane au sud du Sahara. Historiquement, l’Afrique a connu de nombreux djihads qui n’étaient pas moins violents qu’aujourd’hui, du califat de Sokoto au Nigeria jusqu’à l’Empire toucouleur du Mali en passant par la Mahdiyya au Soudan ou l’insurrection du « mollah fou » en Somalie. Quant aux confréries soufies, il leur est aussi arrivé de revendiquer l’application d’une charia dont le rigorisme n’avait rien à envier au puritanisme du wahhabisme de l’Arabie saoudite…
Spécialiste des conflits armés de la région, Marc-Antoine Pérouse de Montclos démonte une à une, à l’aune de l’histoire et des études de terrain les plus récentes, ces idées fausses qui nous empêchent de comprendre les risques géopolitiques auxquels se trouve aujourd’hui confrontée une bonne partie de l’Afrique.
. Régis Koetschet, Diplomate dans l’Orient en crise. Jérusalem et Kaboul, 2002-2008, Paris, Hémisphères Editions, août 2021.
« Dans la tête d’un diplomate » : tel aurait pu être le sous-titre de ce récit, qui nous fait toucher du doigt le travail diplomatique dans sa diversité politique et culturelle, au cœur d’un Orient sous haute tension sécuritaire, celui de « l’après-11 septembre » dans deux avant-postes exposés : Jérusalem où Régis Koetschet a été consul général de 2002 à 2005 et l’Afghanistan où il a représenté la France de 2005 à 2008. Deux implantations diplomatiques insérées, comme il l’écrit, « dans un environnement de violence. Celle de la guerre et du terrorisme, des représailles, de l’occupation, de la criminalité, de la drogue. S’y ajoute la violence de la pauvreté, de l’intégrisme religieux et de la misère sociale. »
Nous voici conviés à de multiples découvertes et confrontations, car à Jérusalem comme à Kaboul, le diplomate est à la croisée d’un double cheminement, difficile, parfois baroque, souvent douloureux : l’abord d’histoires millénaires, de spiritualités ardentes, de brillantes civilisations dans l’écrin de leurs paysages. Mais aussi une histoire qui s’écrit au jour le jour, entre guerre et paix, droit et faits accomplis, développement et corruption.
La rencontre, marquée par de prégnantes ignorances mutuelles, entre un monde de souffrances et d’humiliations et les exigences et les impatiences de l’action diplomatique, soulève nombre de questions et de lucides observations. On pratique presque au quotidien la complexité palestinienne, jusqu’à la mort de Yasser Arafat et l’avènement de Mahmoud Abbas et on accompagne un pouvoir afghan écartelé entre ses solidarités traditionnelles et les engagements de la coalition internationale.
Régis Koetschet, de Jérusalem à Kaboul, de Gaza à Bâmiyân, s’attache à éclairer ces différentes temporalités et les faire coïncider au service d’un objectif de dialogue et de compréhension. Mais un ambassadeur n’est pas seulement immergé dans son terrain de mission : il représente un pouvoir politique, une tradition, des intérêts, des influences, des ambitions qui peuvent prendre la forme de hâtives certitudes parisiennes, de délicates frilosités européennes ou d’un brutal réalisme de puissance. Il faut alors essayer d’expliquer, plaider une complexité dont on sait qu’elle dérange dans une approche de la vie internationale de plus en plus binaire.
Ce passionnant récit renoue avec le terrain et les acteurs de cet Orient en crise, des ruelles de la Ville sainte aux contreforts bleutés de l’Hindou Kouch ; rehaussé d’une note d’espoir portée par une vraie confiance humaniste et par une profonde empathie avec les cultures apprises dans le temps long. C’est aussi une façon vivante de découvrir la fonction diplomatique dans son quotidien et son savoir-faire.
« La diplomatie par la peau » comme la revendique l’auteur.
. Julian Fernandez, Relations internationales (3ème édition), Paris, Dalloz, août 2021.
Les relations internationales connaissent aujourd’hui une accumulation sans précédent de crises et de transitions. Le terrorisme, le réchauffement climatique ou les pandémies bousculent nos repères traditionnels et les distinctions habituelles entre paix et guerre, sécurité nationale et internationale, intérêts propres à chacun et communauté de destin. L’époque est aussi au renouveau de la compétition stratégique, à l’affaiblissement conséquent de l’ordre dit « libéral » du siècle dernier, à l’exploitation politique et économique de nouveaux espaces tels que le numérique.
Ce précis revient alors sur les principales caractéristiques du monde contemporain afin d’aider le lecteur à mieux apprécier l’actualité internationale. Les grands acteurs de la scène internationale, ceux qui font le monde tel qu’il est, sont d’abord identifiés. Leurs moyens d’action sont ensuite discutés, en mettant l’accent sur la dialectique entre le droit et la puissance. Enfin, les grandes tendances de l’histoire récente des relations internationales sont présentées (occidentalisation, américanisation, et restructuration progressive autour de l’opposition entre les États-Unis et la Chine).
Cet ouvrage, couronné par l’Institut de France, est désormais une référence pour les étudiants en première année de faculté, de grandes écoles, ou pour ceux qui préparent les concours administratifs.
Troisième édition entièrement revue et enrichie.
. Kevin Mazur, Revolution in Syria. Identity, Networks, and Repression, Cambridge, Cambridge University Press, juin 2021.
How does protest advancing diverse claims turn into violent conflict occurring primarily along ethnic lines ? This book examines that question in the context of Syria, drawing insight from the evolution of conflict at the local level. Kevin Mazur shows that the challenge to the Syrian regime did not erupt neatly along ethnic boundaries, and that lines of access to state-controlled resources played a critical structuring role ; the ethnicization of conflict resulted from failed incumbent efforts to shore up network ties and the violence that the Assad regime used to crush dissent by challengers excluded from those networks. Mazur uses variation in the political and demographic characteristics of locales to explain regime strategies, the roles played by local intermediaries, the choice between non-violent and violent resistance, and the salience of ethnicity. By drawing attention to cross-ethnic ties, the book suggests new strategies for understanding ostensibly ethnic conflicts beyond Syria.
. Lauric Henneton, Atlas historique des États-Unis, Paris, Autrement, juillet 2021.
Cet atlas inédit offre plus de 100 cartes et documents pour raconter les États-Unis du XVIe siècle à nos jours : Du XVIe au XVIIIe siècle, la naissance d’un pays : les vagues successives d’immigration et l’expansion territoriale qu’elles engendrent. Au XIXe, les mutations d’une ampleur et d’une rapidité inédites : la jeune Amérique devient une puissance grâce à l’urbanisation, l’industrialisation et une nouvelle immigration. Le XXe siècle est marqué par d’importantes crises auxquelles succèdent une immense prospérité et un rôle géopolitique toujours plus incontournable. Enfin, un XXIe siècle qui débute en révélant des failles dans les institutions et des inégalités grandissantes.
Les Américains réussiront-ils à réinventer, une fois de plus, le « rêve américain » ?
. Stéphanie Beucher, Annette Ciattoni, Dictionnaire de Géopolitique, Paris, Hatier, août 2021.
La référence indispensable pour comprendre les dynamiques, les rivalités et les conflits à l’œuvre sur la planète.
Plus de 235 entrées, définitions ou articles, pour comprendre le vocabulaire, les thèmes et les notions de la Géopolitique. 100 cartes couleur, des bibliographies ciblées, des zooms sur des questions d’actualité. Une équipe d’auteurs pluridisciplinaire : géopoliticiens, historiens, géographes, politologues, économistes. Un outil pratique et facile d’accès pour les étudiants du supérieur (classes préparatoires, université, écoles de management…) et les lycéens en spécialité géopolitique.
. Tarun Chhabra, Rush Doshi, Ryan Hass, Emilie Kimball, Global China. Assessing China’s Growing Role in the World, Washington, Brookings Institution Press, juin 2021.
In 2005, a senior official in the George W. Bush administration expressed the hope that China would emerge as a “responsible stakeholder” on the world stage. A dozen years later, the Trump administration dramatically shifted course, instead calling China a “strategic competitor” whose actions routinely threaten U.S. interests.
Both assessments reflected an underlying truth : China is no longer just a “rising” power. It has emerged as a truly global actor, both economically and militarily. Every day its actions affect nearly every region and every major issue, from climate change to trade, from conflict in troubled lands to competition over rules that will govern the uses of emerging technologies.
To better address the implications of China’s new status, both for American policy and for the broader international order, Brookings scholars conducted research over the past two years, culminating in a project : Global China : Assessing China’s Growing Role in the World. The project is intended to furnish policy makers and the public with hard facts and deep insights for understanding China’s regional and global ambitions.
The initiative draws not only on Brookings’s deep bench of China and East Asia experts, but also on the tremendous breadth of the institution’s security, strategy, regional studies, technological, and economic development experts.
Areas of focus include the evolution of China’s domestic institutions ; great power relations ; the emergence of critical technologies ; Asian security ; China’s influence in key regions beyond Asia ; and China’s impact on global governance and norms.
Global China : Assessing China’s Growing Role in the World provides the most current, broad-scope, and fact-based assessment of the implications of China’s rise for the United States and the rest of the world.
. Véronique Corinus, Daniela Ricci, Regards sur les migrations. Mobilités africaines entre écrit et écran, Paris, L’Harmattan, mai 2021.
Le cinéma, depuis de nombreuses décennies, cherche à saisir les divers aspects du phénomène migratoire, soucieux de traduire la tension des départs, la dureté des itinéraires, le désenchantement des arrivées mais aussi la richesse des rencontres multiculturelles. Le présent ouvrage entend interroger la manière dont les cinéastes issus des communautés africaines et diasporiques parviennent à en rendre compte, confrontés aux conditions de production, création et réception qui leur sont propres, dans un monde globalisé simultanément à l’origine d’inclusions et exclusions humaines et techniques.
. Adam Baczko, La guerre par le droit. Les tribunaux Taliban en Afghanistan, Paris, CNRS Editions, septembre 2021.
Et si les Taliban, aux capacités militaires et technologiques bien inférieures à celles des armées occidentales, avaient gagné la guerre par le droit ? Tandis que la coalition internationale a mis sur pied un système juridique inadapté et miné par la corruption, les Taliban ont installé des centaines de tribunaux dans les campagnes : en insistant sur le respect des procédures, l’impartialité des juges et l’application des verdicts, ce système de justice s’est imposé comme une des rares sources de prévisibilité dans le quotidien des Afghans.
“Le tribunal des Taliban est pour tous, mais le tribunal du gouvernement est seulement pour les gens riches”, confie un habitant de la province du Wardak. De quelles manières les Taliban ont-ils gagné la confiance de la population ? Comment sont-ils parvenus à se mettre en position de réguler les rapports sociaux ? Et avec quelles conséquences pour la société afghane ?
Nourrie par un travail de terrain au long cours dans différentes provinces en Afghanistan, cette enquête offre de nouvelles perspectives sur un pays en guerre depuis quatre décennies et propose une réflexion novatrice sur la place du droit dans les guerres civiles.
. Barbara Jankowski, Anne Muxel and Mathias Thura, La Sociologie Militaire. Héritages et nouvelles perspectives, Berne, Berlin, Bruxelles, New York, Vienne, Peter Lang, mai 2021.
Les contributions réunies dans cet ouvrage montrent les nombreuses évolutions qui ont touché les armées au cours de la dernière décennie en France, notamment depuis leur professionnalisation. Nombre de transformations récentes redéfinissent en effet leurs périmètres d’action, leurs liens au pouvoir politique, leurs modalités de recrutement, leurs moyens opérationnels, ainsi que le théâtre de leurs interventions dans le monde.
L’ouvrage actualise et renouvelle les approches comme les outils de connaissance du monde militaire. Il revient sur les enjeux classiques du champ d’étude de la sociologie militaire afin d’entretenir l’héritage intellectuel et scientifique constitué jusqu’ici, et montre les problématiques sociales et politiques actuelles qui la concernent au vu de toutes les transformations et adaptations de l’institution militaire dans la période récente. Il ouvre la voie à des pistes de recherches originales s’appuyant sur les récents acquis des sciences sociales et politiques.
. Ervand Abrahamian, Oil Crisis in Iran. From Nationalism to Coup d’Etat, Cambridge, Cambridge University Press, juin 2021.
Focusing on the turbulent twenty-eight months between April 1951 and August 1953, this book, based on recently declassified CIA and US State Department documents from the Mossadeq administration tell the story of the Iranian oil crisis, which would culminate in the coup of August 1953. Throwing fresh light on US involvement in Iran, Ervand Abrahamian reveals exactly how immersed the US was in internal Iranian politics long before the 1953 coup, in parliamentary politics and even in saving the monarchy in 1952. By weighing rival explanations for the coup, from internal discontent, a fear of communism and oil nationalization, Abrahamian shows how the Truman and Eisenhower administrations did not differ significantly in their policies towards Mossadeq, and how the surprising main obstacle to an earlier coup was the shah himself. In tracing the key involvement of the US and CIA in Iran, this study shows how the 1953 coup would eventually pave the way to the 1979 Iranian revolution, two of the most significant and widely studied episodes of modern Iranian history. This book will be of an important reference for students and scholars of African studies, politics, human security, and anthropology and the sociology of the state.
. Laurent Hassid, Une géopolitique de la Slovénie, Paris, Editions La Route de la Soie, juin 2021.
Dans un lointain passé, Laurent Hassid a toujours pensé que la première fois où il se rendrait en Yougoslavie, ce serait par les montagnes en franchissant l’un des cols du sud de l’Autriche, avec d’intimidant lacets. Il en avait identifié un en particulier : le Würzenpass (Korensko sedlo en slovène).
À l’époque, ces territoires slaves de l’autre côté de la montagne revêtaient un grand mystère avec des noms paraissant imprononçables qui, en l’absence de Google Maps ou Earth, donnaient l’apparence d’une véritable muraille entre les mondes germaniques et slaves.
Laurent Hassid s’interrogeant sur les frontières a décidé de produire un ouvrage très documenté sur la Slovénie, à la fois récit sur les frontières, sur l’histoire, sur la politique, nous interrogeons avec lui ce qu’est, mais aussi ce que pourrait être "une géopolitique de la Slovénie". Un livre passionnant préfacé par Barthélémy Courmont.
. Seth J. Frantzman, Drone Wars : Pioneers, Killing Machines, Artificial Intelligence, and the Battle for the Future, New York, Bombardier Books, juin 2021.
Drones are transforming warfare through the use of artificial intelligence, drone swarms, and surveillance—leading to competition between the US, China, Israel, and Iran. Who will be the next drone superpower ?
In the battle for the streets of Mosul in Iraq, drones in the hands of ISIS terrorists made life hell for the Iraq army and civilians. Today, defense companies are racing to develop the lasers, microwave weapons, and technology necessary for confronting the next drone threat. Seth J. Frantzman takes the reader from the midnight exercises with Israel’s elite drone warriors, to the CIA headquarters where new drone technology was once adopted in the 1990s to hunt Osama bin Laden.
This rapidly expanding technology could be used to target nuclear power plants and pose a threat to civilian airports. In the Middle East, the US used a drone to kill Iranian arch-terrorist Qasem Soleimani, a key Iranian commander. Drones are transforming the battlefield from Syria to Libya and Yemen. For militaries and security agencies—the main users of expensive drones—the UAV market is expanding as well ; there were more than 20,000 military drones in use by 2020. Once the province of only a few militaries, drones now being built in Turkey, China, Russia, and smaller countries like Taiwan may be joining the military drone market. It’s big business, too—$100 billion will be spent over the next decade on drones. Militaries may soon be spending more on drones than tanks, much as navies transitioned away from giant vulnerable battleships to more agile ships. The future wars will be fought with drones and won by whoever has the most sophisticated technology.
. Thomas Juneau, Le Yémen en guerre, Montréal, Presses universitaires de Montréal, août 2021.
Que comprendre de la tragédie qui frappe le Yémen depuis 2015 ? Quelles sont les causes et les conséquences de cette guerre qui continue de faire des milliers de victimes et dont la complexité des enjeux est apparemment inextricable ? Initialement un conflit intérieur entre le mouvement houthiste et le gouvernement central, la guerre qui fait rage au Yémen s’internationalise en 2015 lorsque l’Arabie saoudite et ses partenaires interviennent en soutien au gouvernement central afin de contrer les houthistes, eux-mêmes proches de l’Iran. Jonglant entre les multiples factions ennemies ou amies, et les motivations souvent contradictoires des acteurs, l’auteur montre comment les puissances extérieures ont profité de la faiblesse de l’État central pour faire du Yémen un théâtre de leurs affrontements. Il analyse l’internationalisation de la guerre et brosse un tableau très sombre des perspectives de stabilisation du pays.
. Hugo Billard, Dictionnaire des prépas, Paris, PUF, juin 2021
Avec plus de 300 notices, ce dictionnaire explore les concepts essentiels qui constituent le socle des programmes d’histoire contemporaine, de géographie et de géopolitique, mais aussi d’économie, de droit et de civilisation des concours d’entrée aux écoles de commerce. Ces notices mettent au jour l’origine de chaque concept, son contexte d’émergence et sa postérité en soulignant les transformations qu’il a pu connaître. Elles éclairent aussi les auteurs ou acteurs qui ont porté ces notions fondamentales. Qu’il s’agisse d’un penseur (Raymond Aron, Pierre Bourdieu, Francis Fukuyama, Antonio Gramsci...), d’un fait (Doctrine Truman, Révolutions de couleur...), d’une idéologie (Marxisme, Gaullisme...), d’un espace (Frontière, Occident, Tiers monde, Village planétaire...) ou d’une période (Guerre froide, Trente Glorieuses...), chaque entrée est accessible, incarnée et territorialisée. Ce dictionnaire est un outil indispensable pour tous ceux qui préparent les concours des écoles de commerce et les étudiants des premiers cycles de l’enseignement supérieur. Il révèle les continuités, les ruptures temporelles et spatiales, les évolutions à l’œuvre dans des pratiques de société interdépendantes et mouvantes. Ses notices sont autant de clés de compréhension permettant de décrypter les grands enjeux du monde contemporain.
Ouvrage dirigé par Hugo Billard, professeur d’histoire géographie et géopolitique en classes préparatoires ECG au lycée Saint-Michel-de Picpus (Paris). Avec les contributions de : Maxime Lefebvre, diplomate et professeur associé à l’ESCP Europe. Florian Louis, professeur d’histoire en classes préparatoires au lycée Michelet (Vanves). Arnaud Pautet, professeur d’histoire géographie et géopolitique, et d’économie en classes préparatoires ECG au lycée Sainte-Marie (Lyon). Charlotte Ruggeri, professeure de géographie en classes préparatoires aux lycées Hoche (Versailles) et Jacques-Prévert (Boulogne-Billancourt).
. Serge Sur, Relations internationales, Précis Domat, 7e édition, LGDJ, juin 2021
Les relations internationales restent dominées par les rapports entre États. La puissance - capacité de faire, de faire faire, d’empêcher de faire, de refuser de faire - est leur principe organisateur. Droit international, organisations intergouvernementales sont des instruments pour la coopération et la compétition internationales, qui toujours coexistent. Celles-ci permettent de gérer les problèmes de la société internationale : paix et sécurité, questions politiques, relations économiques, culturelles, défis environnementaux...
Des acteurs non étatiques - firmes transnationales, ONG, médias, mais aussi groupes criminels, terroristes... - sont de plus en plus présents dans les relations internationales. Ils contribuent à définir leurs priorités et parfois concurrencent, voire affrontent les États. Ils peuvent en être partenaires, mais sont aussi perturbateurs. Leur régulation est l’un des enjeux contemporains.
Constantes et transformations de la société internationale, structures et ruptures, sont les axes dominants du présent ouvrage. Si la puissance est le principe organisateur des relations internationales, le déficit de puissance qui les caractérise aussi est leur principe désorganisateur. Il explique que, par delà la rhétorique de la mondialisation, nombre de problèmes restent ouverts, voire sans solutions rationnelles prévisibles. Le désordre international est une marque des premières décennies du XXIe siècle.
Cet ouvrage est destiné aux étudiants, experts, universitaires, et plus largement à tous ceux qui s’intéressent aux défis de notre temps, internationaux par nature.
Serge Sur est professeur émérite de l’Université Panthéon-Assas, où il a fondé et dirigé le Centre Thucydide - Analyse et recherche en relations internationales (1999-2012), et l’Annuaire Français de Relations Internationales (AFRI, 2000-2020). Il est rédacteur en chef de Questions internationales, revue bimestrielle de La Documentation française, depuis 2003.
. Laurent Fourchard, Classify, Exclude, Police. Urban Lives in South Africa and Nigeria, Oxford, Wiley, avril 2021.
The cities of South Africa and Nigeria are reputed to be dangerous, teeming with slums, and dominated by the informal economy but we know little about how people are divided up, categorised and policed. Colonial governments assigned rights and punishments, banned categories considered problematic (delinquents, migrants, single women, street vendors) and give non-state organisations the power to police low-income neighbourhoods. Within this enduring legacy, a tangle of petty arrangements has developed to circumvent exclusion to public places and government offices. In this unpredictable urban reality – which has eluded all planning – individuals and social groups have changed areas of public action through exclusion, violence and negotiation.
In combining historical and ethnographic methods, Classify, Exclude, Police explores the effects and limits of public action, and questions the possibility of comparison between cities often perceived as incommensurable. Focusing on state formation, urbanization, and daily lives, Laurent Fourchard addresses debates and controversies in comparative urban studies, history, political science, and urban anthropology. The book provides a systematic, comparative approach to the practices, processes, arrangements used to create boundaries, direct violence, and produce social, racial, gender, and generational differences.
. Jean-Marie Guéhenno, Le premier XXIe siècle. De la globalisation à l’émiettement du monde, Paris, Flammarion, septembre 2021.
Le « premier XXIe siècle », comme la première version d’un logiciel insuffisamment testé, révèle chaque jour de nouvelles failles : nous sommes loin du triomphalisme qui saisit les démocraties en 1989 quand le mur de Berlin est tombé. L’individu qui croyait changer le monde est de plus en plus écrasé par lui. Il a perdu confiance dans la politique, et l’utopie identitaire remplace l’utopie politique.
Comment en est-on arrivé là dans des sociétés aussi différentes que l’Amérique de Trump, le Brésil de Bolsonaro, l’Inde de Modi ou le Royaume-Uni de Boris Johnson ? Jean-Marie Guéhenno va au-delà des explications économiques : la crise des démocraties - à laquelle l’élection de Biden ne met pas fin - est une crise des sociétés. Une société qui n’est plus définie que par une seule dimension - que ce soit celle de la réussite matérielle, de la nation, ou de la religion - est une société malade.
Cette crise se produit alors que le nouvel " âge des données " de l’internet et de l’intelligence artificielle bouscule les hiérarchies du savoir et de la puissance ; comme l’invention du livre, il peut conduire à une Seconde Renaissance, riche de promesses, mais aussi de conflits. La Chine et les entreprises géantes de l’internet, avec des objectifs différents et chacune à leur manière, développent une capacité de contrôle des esprits qui fait secrètement envie à des individus auxquels leur propre liberté fait peur, mais peut aussi déboucher sur des confrontations violentes.
Un autre avenir est possible : une écologie repensée, des institutions qui organisent une nouvelle séparation des pouvoirs, une Europe qui ne cherche pas à être un super-Etat, sont quelques-unes des voies explorées par ce livre ambitieux et novateur.
. Jean-Pierre Estival, La guerre du gaz en Méditerranée : géopolitique du partage de la mer. Indomptable Turquie, Europe humiliée : le jeu trouble des pays arabes et d’Israël, Paris, L’Harmattan, mai 2021.
Une guerre qui ne dit pas son nom vient d’éclater entre pays riverains de la Méditerranée orientale pour l’appropriation des riches réserves de gaz marin dont leurs économies ont besoin. Certains justifient ces conquêtes en évoquant le Droit de la mer mais d’autres, comme la Turquie, préfèrent le recours à la force violente. L’Europe médusée est sans réaction tandis que Etats-Unis et la Russie s’épient et que par le jeu des alliances les pays arabes commencent à s’impliquer.
. Rebecca Tapscott, Arbitrary States. Social Control and Modern Authoritarianism in Museveni’s Uganda, Oxford, Oxford University Press, juillet 2021.
In recent years, scholars have noted the rise of a particular type of authoritarianism worldwide, in which rulers manipulate institutions designed to implement the rule of law so that they instead facilitate the exercise of arbitrary power. Even as scholars puzzle over this seemingly new phenomenon, scholarship on African politics offers helpful answers.
This book places literature on the post-colonial African state in conversation with literature on modern authoritarianism, using this to frame over ten months of qualitative field research on Uganda’s informal security actors - including vigilante groups, local militias, and community police. Based on this research, the book presents an original framework - called “institutionalized arbitrariness” - to explain how modern authoritarian rulers project arbitrary power even in environments of relatively functional state institutions, checks and balances and the rule of law. In regimes characterized by institutionalized arbitrariness, the state’s stochastic assertions and withdrawals of power inject unpredictability into the political relationship between both local authorities and citizens. This arrangement makes it difficult for citizens to predict which authority, if any, will claim jurisdiction in a given scenario, and what rules will apply. This environment of pervasive political unpredictability limits space for collective action and political claim-making, while keeping citizens marginally engaged in the democratic process. The book is grounded in empirical research and literature theorizing the African state, while seeking to inform a broader debate about contemporary forms of authoritarianism, state-building, and state consolidation.
. Séverine Awenengo Dalberto, Richard Banégas, Identification and Citizenship in Africa. Biometrics, the Documentary State and Bureaucratic Writings of the Self, Londres, Routledge, avril 2021.
In the context of a global biometric turn, this book investigates processes of legal identification in Africa “from below”, asking what this means for the relationship between citizens and the state.
Almost half of the population of the African continent is thought to lack a legal identity, and many states see biometric technology as a reliable and efficient solution to the problem. However, this book shows that biometrics, far from securing identities and avoiding fraud or political distrust, can even participate in reinforcing exclusion and polarizing debates on citizenship and national belonging. It highlights the social and political embedding of legal identities and the resilience of the documentary state. Drawing on empirical research conducted across 14 countries, the book documents the processes, practices, and meanings of legal identification in Africa from the 1950s right up to the biometric boom. Beyond the classic opposition between surveillance and recognition, it demonstrates how analysing the social uses of IDs and tools of identification can give a fresh account of the state at work, the practices of citizenship, and the role of bureaucracy in the writing of the self in African societies.
This book will be of an important reference for students and scholars of African studies, politics, human security, and anthropology and the sociology of the state.
. Stéphane Paquin, La mondialisation : une maladie imaginaire, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, mars 2021.
Depuis une trentaine d’années, on a tendance à amplifier, parfois grossièrement, la portée de la mondialisation et à en déformer la réalité. Selon plusieurs sources, l’accélération de la mondialisation conduit à l’avènement d’un monde « sans frontières », exacerbant la concurrence entre les nations.
Ces critiques face à la mondialisation sont-elles justifiées ? C’est en examinant les données sur la performance économique et sociale des pays sociaux-démocrates et libéraux, en décortiquant la situation de l’emploi et en expliquant les inégalités qui y sévissent que nous pouvons cerner la portée de la mondialisation dans nos vies. Les conclusions sont claires : l’État-providence est bien vivant et la social-démocratie est toujours le modèle économique et social le plus performant.
. Anouche Beaudoin, Droit international des villes, Paris, Eyrolles, juin 2021.
Quelles sont les manifestations juridiques internationales de l’urbanisation du monde ?
L’ouvrage a pour but de proposer des points de repère dans ce vaste paysage et de créer des catégories (d’acteurs, d’instruments juridiques, de relations, de normes...) permettant d’intégrer et de comprendre au mieux ces dimensions juridiques qui, prises ensemble, constituent un véritable droit international des villes. De la construction des villes à leur gouvernance, en passant par leurs relations internationales et les services publics qu’elles assument, de nombreux instruments internationaux façonnent en effet le milieu physique et politique à la fois le plus universel et le plus proche de nos vies.
Droit international des villes est le premier ouvrage qui propose un cadre permettant d’appréhender, penser, et enseigner cette matière nouvelle.
. Antoine Bernard de Raymond, Delphine Thivet, Un monde sans faim. Gouverner la sécurité alimentaire, Paris, Presses de Sciences Po, juin 2021.
Cet ouvrage restitue l’épaisseur historique et institutionnelle du problème de la faim dans le monde, et montre en quoi les différentes initiatives prises depuis 2008 ont réussi, ou échoué, à en infléchir la trajectoire.
En 2008, malgré une production agricole très élevée, le monde connaît une grave crise alimentaire, provoquant des « émeutes de la faim » dans une quarantaine de pays. Une mobilisation massive de la communauté internationale s’ensuit, à l’issue de laquelle un consensus fait jour : la sécurité alimentaire ne peut plus être seulement envisagée sous l’angle des quantités produites et des questions de développement, elle doit aussi prendre en compte les aspects sanitaires, sociaux, climatiques et environnementaux. Que l’on appelle à une nouvelle révolution verte, à une diversification radicale de l’alimentation ou à des interventions transversales dans les secteurs de la santé et de la protection sociale, aucune approche ne peut en outre faire l’impasse sur les rapports de pouvoir entre les acteurs des différents systèmes alimentaires.
Et si, pour relever le défi de nourrir neuf milliards d’êtres humains en 2050, le levier le plus efficace était une transformation de nos modes d’alimentation ?
. Boussad Addad, Souveraineté numérique européenne. Innovations, échecs, et espoirs de 1900 à nos jours, Paris, VA Editions, juin 2021.
La crise du coronavirus a été un révélateur de l’extrême fragilité de l’Occident, notamment l’Europe très durement touchée à la fois sanitairement et économiquement. Pour expliquer la situation, un terme revient souvent dans les débats : la souveraineté. « Il faut reconquérir notre souveraineté sanitaire et pouvoir fabriquer nous-mêmes les médicaments, les kits de test, et les masques », tels sont les mots martelés ici et là. Tout ou presque vient en effet de la Chine.
Le confinement a aussi révélé notre dépendance aux outils de télétravail et autres services de cloud, fournis pour l’écrasante majorité par les Américains. L’incompréhension a atteint son apogée quand on a confié l’hébergement des données médicales des Français à l’américain Microsoft. La « souveraineté numérique » est alors sur toutes les bouches.
Comment en est-on arrivé là ? Ce livre est comme une expédition en quête de réponses. Il se veut comme une autopsie d’un échec, celui de l’Europe, numériquement à la traine actuellement. On découvre pourtant que les opportunités n’ont pas manqué dans l’histoire, malgré une chute brutale qui s’appelle la Seconde Guerre mondiale.
Cet ouvrage illustre également à travers le récit de grands événements historiques le rôle qu’a joué la souveraineté numérique sur l’échiquier international et le sort des États.
. Elie Cohen, Richard Robert, La valse européenne. Les trois temps de la crise, Paris, Fayard, mars 2021.
De l’Europe improbable à l’Europe révélée par les crises : un art de décider à contretemps, horripilant parfois, mais dont la puissance réformatrice apparaît a posteriori. Un hommage à la résilience de la construction européenne.
Crise de l’euro, crise migratoire, Brexit, et maintenant Covid-19... Depuis une décennie, l’Europe est en crise permanente et suscite des réactions contradictoires : rejet des interventions touchant à la souveraineté nationale, mais demande urgente de solidarité sans condition.
La réponse de l’Europe se joue en trois temps. Elle déçoit d’abord : son intervention est tardive et inadaptée. Mais après ce temps de retard, la machine communautaire se réveille et l’action prend de la consistance. Enfin, l’Union franchit les lignes jaunes et, comme surprise par son audace, se prend à s’imaginer en puissance à l’égal de la Chine ou des États-Unis.
Cette valse à trois temps est au cœur de ce livre, avec sa dramaturgie et ses personnages-types. Elle laisse aussi percevoir les craquements du monde ancien qui avait sacralisé la règle.
Ni Léviathan supranational, ni syndic des nations, le projet européen se révèle dans l’épreuve lorsque l’Europe passe au politique, c’est-à-dire à la décision. C’est cette souveraineté partagée qui lui permettra d’apporter une réponse politique à un monde discordant, habité de nouveaux rapports de force.
. Louis Gautier, Mondes en guerre – Tome IV. Guerre sans frontières. 1945 à nos jours, Paris, Passés composés, mars 2021.
Explorer la diversité des pratiques guerrières sur tous les continents depuis la préhistoire jusqu’à nos jours, telle est l’ambition des Mondes en guerre. Dès l’Antiquité, objet du premier volume, la formation d’empires alimenta un vaste processus de confrontations et d’échanges militaires, avant que l’ère des Grandes Découvertes, au départ du second volume, ne déclenche l’intégration de tous les continents dans un espace martial unifié. La séquence des guerres mondiales et impériales, de 1870 à 1945, que traite le troisième tome, vit ensuite la sujétion du globe aux grandes puissances militaires.
Ce quatrième tome marque le terme de cette histoire des Mondes en guerre : à partir de 1945, l’arme nucléaire change la donne et les défis de sécurité se mondialisent. Cette période est qualifiée parfois de « longue paix », ce qui ne signifie pourtant pas, loin s’en faut, l’absence de conflits importants et meurtriers : de la guerre froide et des guerres de décolonisation aux interventions de maintien de la paix sous l’égide de l’ONU, en passant par la lutte contre le terrorisme et l’émergence de nouveaux champs d’action (spatial ou cyber), le monde au quotidien semble même avoir basculé dans un temps de ni guerre ni paix caractérisé par la fréquence des opérations militaires. Après des premiers chapitres posant la trame événementielle, les auteurs livrent des réflexions aussi bien culturelles, politiques, juridiques, stratégiques que techniques et donnent à lire toutes les nuances et contradictions de ce quatrième âge de la guerre.
. Maurice Vaïsse, Les relations internationales depuis 1945, 17ème édition, Paris, Armand Colin, mai 2021.
Débouchant directement sur l’actualité la plus immédiate, cet ouvrage présente une synthèse globale des relations politiques internationales depuis 1945.
La fin de la Deuxième Guerre mondiale marque une césure majeure dans les rapports entre nations. Face au déclin des États européens, on assiste à l’ascension des États-Unis et de l’Union soviétique, qui visent à constituer autour d’eux des blocs homogènes. Tandis que se développe la guerre froide, les peuples colonisés s’émancipent de la tutelle de l’Europe. Il n’y a plus guère de lieu sur la planète qui ne participe peu ou prou aux relations internationales.
Des années 1960 aux années 1980, le monde bipolaire fait place à un monde multipolaire, où aux lieux traditionnels de conflits s’ajoutent de nouveaux terrains d’affrontement et de nouveaux enjeux.
Les événements révolutionnaires des années 1989-1991 mettent un terme à la guerre froide. Dominée par l’hyperpuissance américaine, la communauté internationale est à la recherche d’un nouvel ordre mondial que le 11 septembre 2001 rend encore plus improbable.
Le début du XXIe siècle est marqué par le phénomène de la mondialisation et l’ascension des puissances émergentes, en particulier de la Chine. Loin des espoirs de paix de la décennie 1990, les défis à l’ordre international replongent le monde des années 2010 dans un cycle de tensions et de violences.
. Alexandra Goujon, Ukraine : de l’indépendance à la guerre, Paris, Cavalier bleu, novembre 2021.
Revenue sur le devant de la scène internationale depuis une dizaine d’années, l’Ukraine semble constituer le théâtre d’une nouvelle Guerre froide qui cristallise les tensions entre la Russie et les nations occidentales. Les événements récents sont aussi l’occasion de mesurer combien notre connaissance de ce pays est lacunaire, se limitant souvent aux clichés d’une Ukraine berceau de la Russie, terre des Cosaques, grenier à blé de l’URSS, d’un Est pro-russe opposé à un Ouest patriote pro-ukrainien, et d’une suite de gouvernants entachés par une corruption massive.
. Amaël Cattaruzza, Pierre Sintès, Géopolitique des conflits, Paris, Bréal, juillet 2021.
De la lutte contre le terrorisme aux conflits d’aménagement, des guerres urbaines à la cybersécurité, des murs- frontières aux conflits sociaux, ce manuel a pour objectif de former le lecteur aux outils de la géopolitique. Cette nouvelle édition actualisée montre les transformations rapides des conflits contemporains (multiplication des acteurs et des représentations, imbrication toujours plus forte des échelles locales, nationales, internationales, transnationales, émergence de nouvelles thématiques économiques, environnementales).
A travers de nombreux exemples d’actualité, tout le panorama des nouvelles formes de conflictualité contemporaines est ainsi décrit dans cet ouvrage.
. Centre Thucydide, Annuaire français des relations internationales. Editions 2021, Paris, Panthéon-Assas, juin 2021.
L’AFRI a une vocation généraliste. Il s’intéresse aux relations internationales dans toutes leurs dimensions : politiques, stratégiques, économiques, culturelles, technologiques, etc. Il rassemble dans un esprit pluridisciplinaire les spécialistes, universitaires et chercheurs, diplomates, experts, français ou étrangers.
. Jean Audouin, Churchill m’a tué. Une enquête à travers l’indicible histoire grecque contemporaine, Paris, L’harmattan, janvier 2020.
À 83 ans, Kostas avait pourtant survécu aux rafles des Allemands, aux milices de Churchill, à la guerre civile et aux camps de concentration grecs, aux bombardements au napalm des Américains, aux règlements de comptes entre factions communistes, à la dictature des colonels... Alors, comment avait-il pu tomber du 7e étage de l’immeuble parisien où il coulait une retraite paisible ? Théo, son petit-fils, réfutant les hypothèses de la police qui favorise la thèse du suicide ou de l’accident, va recomposer le puzzle et remonter le cours de la vie mouvementée de son grand-père à travers les soubresauts de l’histoire grecque contemporaine. Il lui faudra délaisser son nid douillet parisien pour entreprendre un véritable voyage initiatique de Paris à Paros à la rencontre de ses vraies racines et de son identité.
. Olivier Piton, Kamala Harris, pionnière d’Amérique, Paris, Plon, septembre 2021.
La première biographie française de Kamala Harris, la première femme vice-présidente des Etats-Unis. Qui se cache vraiment derrière cette pionnière qui bouscule toutes les certitudes et dont les actes et les paroles sont désormais scrutés au microscope ? Au-delà du symbole, Kamala Harris pourra-t-elle incarner le futur apaisé d’une Amérique au bord de l’implosion ? " Si je suis la première femme à occuper ce poste, je ne serai pas la dernière.
" C’est ainsi que Kamala Harris a conclu son discours après la victoire de Joe Biden aux élections présidentielles américaines. Quelques semaines plus tard, cette fille d’un père jamaïcain et d’une mère immigrée indienne marquait l’histoire de son pays en devenant la première femme à occuper le poste de vice-présidente. Une enfance marquée par la contre-culture californienne, une ascension au mérite où, après des études en sciences politiques et en droit, la native d’Oakland, dans la baie de San Francisco, accède au prestigieux poste d’adjointe de district avant de diriger le département des enquêtes criminelles de San Francisco.
Puis, une élection au poste de sénatrice de Californie qui la révèle au grand public et, enfin, une candidature à la primaire démocrate de 2020 qui conduit Joe Biden à la choisir comme colistière pour gagner l’élection présidentielle de 2020. Mais au-delà de ce parcours hors norme où cette femme de 56 ans a brisé avec une facilité déconcertante tous les plafonds de verre, qui se cache vraiment derrière cette pionnière qui bouscule toutes les certitudes et dont les actes et les paroles sont désormais scrutés au microscope ? Au-delà du symbole que représente son élection, Kamala Harris pourra-t-elle incarner le futur apaisé d’une Amérique au bord de l’implosion ?
. Xavier Ricard Lanata, Demain la Planète. Quatre scénarios de déglobalisation, Paris, PUF, mai 2021.
La déglobalisation est aujourd’hui un processus mondial et inexorable. La question n’est plus de savoir si elle a lieu, mais quelle forme l’emportera. Car si les processus de mondialisation se poursuivent, la déglobalisation est devenue le « moteur » le plus puissant, parmi ceux qui régissent l’économie mondiale contemporaine.
Xavier Ricard Lanata examine dans cet ouvrage l’ensemble des mécanismes de la déglobalisation qui pourraient mettre fin à un vaste mouvement intégrateur entamé il y a cinq siècles. Il envisage également plusieurs scénarios économiques possibles, allant d’une relocalisation mondiale de la production au développement d’une compétition agressive entre les États-Unis et la Chine en passant par la mise en place de nouveaux accords internationaux ou de larges blocus. Son analyse révèle combien nous ne sommes pas condamnés à l’impuissance face à ce renversement historique, qui pourrait constituer une opportunité unique de réenchâsser l’économie dans le politique afin de concevoir une « altermondialisation non globale ». Ainsi l’auteur propose une voie nouvelle, à la fois « mondialiste » et « déglobaliste », comme la clé d’un avenir commun possible sur une Terre mise en partage.
. Michel Nazet et Michel Beshara (dir.) Histoire, Géographie et Géopolitique du monde contemporain. ECG1, Illustrateur : Pascal Orcier, éd. Ellipses, 2021
Le programme de 1e année d’histoire géographie et géopolitique du monde contemporain en classes préparatoires aux grandes écoles de commerce a été fortement rénové et actualisé.
Afin de répondre aux attentes de ce nouveau programme, cet ouvrage vous propose :
Un cours complet qui couvre tout le programme de façon synthétique avec, pour chaque chapitre officiel, des fiches thématiques sur les grandes dates à retenir, les principaux lieux de la mondialisation, les idées reçues sur la question...
Des fiches méthodes qui vous rappellent à chaque fois les attentes aux concours avec les erreurs usuelles commises par les étudiants (extraits de copies d’élèves commentées).
Des exercices attendus aux concours : une dissertation corrigée accompagnée d’un croquis, un commentaire de carte, des exemples de khôlles.
Des cartes élaborées par un cartographe professionnel et d’autres faites à main levée, notamment les cartes de synthèse et les croquis accompagnant les dissertations.
Une bibliographie avec un ouvrage indispensable développé, des revues, des sites Internet, des films…
Un lexique qui vous donne, enfin, de façon claire et succincte les définitions à connaître et à utiliser dans vos copies.
. Anne Gonon, Christian Galan, Occupy Tôkyô – Sealds, Le mouvement oublié, Paris, Bord de l’eau, juillet 2021.
L’ouvrage traite d’un mouvement d’opposition aux réformes néolibérales conduit par des jeunes étudiants Japonais qui acquiert les connaissances sur la démocratie à travers leurs pratiques de mobilisation.
. Antoine Garapon, Jean Lassègue, Le droit sans l’espace ? Justice digitale II , Paris, PUF, aout 2021.
Le droit se structurait autour de découpages fondateurs ayant pour fondement une répartition spatiale (droit interne/droit international, espace public/espace privé par exemple). Or le numérique substitue à ces divisions spatiales porteuses de légalité une nouvelle division plus radicale qui oppose la totalité de l’espace d’une part et une nouvelle écriture du droit fondée sur le calcul ne relevant pas de l’espace de l’autre : la révolution numérique envisage l’espace comme un tout uniformisé, sans localité ni diversité à partir d’un point de vue extérieur, celui d’un fonctionnement algorithmique hors de tout espace.
La légalité qui émane de ce nouveau partage est d’un tout autre ordre que l’ancienne, d’autant plus difficile à saisir qu’elle est en cours de construction et qu’il s’agit encore d’une proto-légalité. Ce nouveau " partage du monde " prend de court le droit comme le politique, en redéfinissant la plus-value économique, en offrant de nouvelles armes à la contestation sociale, en renouvelant les instruments de contrôle politique et en disqualifiant les récits collectifs au profit du calcul ; sans toutefois parvenir à éliminer le partage de l’espace qui reste l’acte fondateur des communautés humaines et de leur droit, seul moyen d’éviter la propagation de la violence.
. Constantin Pikramenos, Savvas Kalenderidis, Mili Istihbarat Teskilati. Le service secret turc – La guerre sur tous les fronts, Paris, VA éditions, mai 2021.
Qu’est-ce vraiment que le MIT, le service du renseignement turc ? Quel est le rôle joué par le MIT dans la stratégie néo-ottomane de Recep Tayyip Erdogan ?? Est-il autorisé à " liquider " des opposants à l’étranger ? Quelle a été son implication dans l’assassinat des trois militantes kurdes du PKK à Paris en 2013 ? Comment fonctionne-t-il ? Quelles sont ses méthodes ? Quelles sont son histoire et son origine ? Quelles sont ses opérations au Moyen-Orient, en Afrique, aux États-Unis, en Europe et finalement comment opère-t-il dans l’Hexagone ? Ce livre apporte des réponses à ces questions importantes pour mettre en pleine lumière ce qu’est le MIT qui se dissimule derrière un immense voile de secrets.
Lorsqu’Erdogan accuse Macron d’être " en état de ? mort cérébrale ? " et que la marine turque cible des frégates françaises au large de la Libye, comprendre le fonctionnement du renseignement turc devient une nécessité urgente pour les élites politiques françaises, mais aussi pour le citoyen curieux... Un livre éclairant pour mieux comprendre la politique agressive du néo-sultan Erdogan.
. Julie Alix, Olivier Cahn, Terrorisme et infraction politique, Paris, Mare et Martin Editions, juin 2021.
Nos travaux consacrés à la "guerre contre le terrorisme" ont révélé les limites épistémologiques de l’exclusion du terrorisme du domaine de l’infraction politique. Y remédier imposait une étude pluridisciplinaire. Les contributions rassemblées en première partie de l’ouvrage exposent l’appréhension par les sciences juridiques, politiques et sociales du rapport entre ces notions, mal définies par le droit, et établissent la pérennité d’une question qui travaille les sciences criminelles depuis le XIXè siècle et les imperfections des justifications et des réponses juridiques apportées.
La seconde partie propose de redéfinir l’infraction politique comme une expression du droit de la démocratie de se défendre, y compris contre le terrorisme.
. Lucien Bitterlin, Histoire des barbouzes – au cœur de la lutte contre l’OAS, Paris, Nouveau Monde, août 2021.
El Biar, janvier 1962. Quelques semaines avant la signature des Accords d’Evian, sur les hauteurs d’Alger, la villa Andréa, connue pour être le poste de commandement du groupe para-policier des " barbouzes " , est la cible d’un attentat particulièrement meurtrier : le bilan est de 19 morts. Derrière cette irruption de violence, les hommes du commando Delta de l’OAS, dirigé par Roger Degueldre. Dans les mois qui suivent, c’est une guerre à mort qui oppose l’OAS et les barbouzes.
Leur fondateur et commandant raconte dans ce témoignage unique l’engagement de ses hommes pour défendre la position gaulliste en Algérie. Il relate les étapes successives qui ont mené à la formation du groupe, explique comment il a été amené à constituer un service de renseignements parallèle, à organiser des " contre-plastiquages " , à tenter de démanteler les réseaux de l’OAS par son propre Service Action.
Lui-même a survécu par miracle à des mitraillages et plastiquages, et vu nombre de ses hommes éliminés. L’Histoire des barbouzes est le récit de deux années de guerre civile entre Français sur le territoire algérien, dont le bilan a été très lourd. Il montre bien l’hostilité d’une partie de l’administration et de la police française envers les barbouzes, qui les a obligés à entrer en clandestinité.
C’est une histoire de violence extrême, et le rappel d’une vérité difficile sur une des périodes les plus sanglantes de la décolonisation. Ancien chef du Mouvement pour la Communauté (MPC) en Algérie, Lucien Bitterlin (1932-2017) a, dès 1959, milité puis combattu pour l’autodétermination des Algériens. Il est resté jusqu’à sa mort en 2017 un fervent défenseur de la relation franco-arabe.
. Arnaud Pautet, Les grands penseurs de l’économie – comprendre les débats politiques contemporains, Paris, Eyrolles, août 2021.
Véritable introduction à la macroéconomie, cet ouvrage offre une relecture des oeuvres de six auteurs clés de l’économie politique contemporaine : Adam Smith, Joseph A. Schumpeter, John M. Keynes, Karl Polanyi et Milton Friedman. Parce qu’il est le meilleur connaisseur et le plus virulent critique de cette économie politique, le choix a été fait de leur associer Karl Marx. Confrontés aux mutations enfantées par les révolutions industrielles, aux grandes crises économiques contemporaines ou aux conséquences des guerres industrielles, ils questionnent l’intervention étatique nécessaire pour lubrifier le marché et le rendre efficient, le risque d’épuisement de la croissance et son contournement par l’innovation, et surtout la dose tolérable d’inégalités dans une société. Chacun, à sa manière, refuse les grilles de lecture de son temps, le conformisme intellectuel et la pensée économique mainstream. Ils sont en somme des penseurs de l’alternative.
. Difraoui aiem El, Le Djihadisme, Paris, Que sais-je, août 2021.
Le " djihadisme ", tout le monde en parle. Mais qui sait ce que le terme recouvre réellement ? En quoi et comment les djihadistes ont-ils détourné des symboles et des concepts-clés de l’islam ? Comment lutter contre la radicalisation et l’extrémisme en Europe et dans le monde ? Asiem El Difraoui retrace l’histoire de cette mouvance, de son invention en 1979 en Afghanistan jusqu’à Daesh, en passant par le 11 Septembre, l’invasion américaine de l’Irak, les conséquences des " Printemps arabes ", le désastre syrien et les attentats de Paris. Décryptant l’idéologie et la propagande djihadistes, il apporte une contribution importante pour comprendre ce fléau aux multiples facettes.
. Kader a.Abderrahim, Les 11 septembre – celui des Américains, des Chiliens, des Catalans et tous les autres, Paris, Bibliomonde, aout 2021.
La date du 11 septembre renvoie depuis deux décennies aux attentats de 2001 dont l’image des tours jumelles en flamme a saturé l’espace médiatique. Depuis, on en oublierait le chagrin des Chiliens qui ont perdu leurs proches et leur liberté après le coup d’État du 11 septembre 1973. La page n’est pas encore totalement tournée, l’opportunité de changer la constitution du Chili héritée de la dictature vient juste de s’offrir à eux. Le processus historique est en cours. Quant aux Catalans, chaque 11 septembre, un à deux millions d’entre-eux se retrouvent dans la rue avec l’espoir, qui n’est pas partagé par tous, de voir leur pays obtenir son indépendance. Le géopolitologue Cyril Trépier nous explique les ressorts de ce mouvement, à ce jour, inabouti. Cet ouvrage nous raconte aussi qu’il existe, ailleurs dans le monde, d’autres 11-Septembre, moins médiatiques mais tout aussi prégnants localement, en Éthiopie, en Écosse, en Russie, au Brésil, en Lettonie, au Pakistan, en Argentine.
. Pierre Raffard, Géopolilitique de l’alimentation – l’assiette, porte ouverte sur le monde, Paris, Cavalier bleu, août 2021.
Arme de domination et de conquête, l’alimentation est au coeur de la géopolitique. Enjeu de souveraineté, enjeu humanitaire, elle est aussi, à chaque maillon de la chaîne, un outil de contrôle des bouches et des esprits. De l’industrialisation de l’agriculture à l’émergence de multinationales agroalimentaires, du soft power des chefs à l’uniformisation des goûts, l’alimentation est en passe de devenir un bien économique comme un autre, modelée par la mondialisation.
Dans le même temps, des contre-pouvoirs en façonnent d’autres contours : bio, circuits courts, roman national culinaire autour de produits emblématiques... autant d’acteurs impliqués dans chaque étape de l’acte alimentaire qui décident aujourd’hui de ce que nous mangeons.
. Mikaa Mered, Hydrogène – Enjeux économiques et géopolitiques, Paris , PUF, août 2021.
De l’Arctique à la Lune (et Mars ! ), en passant par les espaces insulaires et les zones tempérées, le développement de l’hydrogène-énergie est au coeur de la transition énergétique mondiale. Sans maîtrise de l’hydrogène à très grande échelle, il est impossible d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sur le Climat. Au carrefour des enjeux du "monde d’après", l’hydrogène s’impose comme l’une des solutions les plus prometteuses pour se rapprocher des objectifs de l’Accord de Paris.
Encore très mal connu, victime à la fois de préjugés anciens (sécurité, explosivité, rendements faibles, coûts élevés) et de campagnes de dénigrement venant tant du secteur des hydrocarbures que du secteur de la batterie électrique, ce vecteur énergétique monte pourtant en puissance. Selon plusieurs rapports prospectifs de référence publiés entre 2019 et 2020, le secteur de l’hydrogène pourrait créer plus de 30 millions d’emploi et peser plus de 2500 milliards de dollars en rythme annuel d’ici 2050, dont le tiers en Europe.
L’hydrogène promet d’accélérer le secteur des énergies renouvelables et de décarboner les usages les plus polluants mais aussi de poser des débats géopolitiques fondamentaux pour l’avenir de la géopolitique de l’énergie. Depuis 2015, près de 30 pays industrialisés ont construit ou entamé des démarches pour constituer une feuille de route hydrogène. Le secteur engrange des succès. Les décideurs et le grand public sont et seront amenés à s’intéresser à l’hydrogène-énergie.
. Stéphane Rosière, Géographie politique et géopolitique. Grammaire de l’espace politique – 3 ème édition, Paris, Ellipses, août 2021.
En tant que géographe, Stéphane Rosière apporte ici un éclairage essentiel sur les disciplines éminemment spatiales que sont la géographie politique et la géopolitique. Il les présente de manière tout à fait originale en tant que savoirs distincts, mais formant, ensemble, un tout cohérent. La géographie politique est l’étude du "cadre politique" qui est formé de territoires de lignes - frontières et réseaux -, et de pôles structurants.
Cette discipline, trop marginale en France, est surtout développée dans les pays anglo-saxons. La connaissance du cadre politique est pourtant nécessaire à tout raisonnement géopolitique. La géopolitique est l’étude de l’espace considéré comme "enjeu". A ce titre, elle implique alors une connaissance des acteurs, de leurs représentations territoriales, de leurs pratiques de l’espace, et de leurs motivations.
La finalité de cet ouvrage est donc de présenter l’essentiel des concepts opératoires pour mener à bien des analyses de géographie politique ou de géopolitique. Il a ainsi pour ambition d’être une véritable "grammaire" de l’espace politique en proposant des définitions claires et rigoureuses, et une méthodologie cohérente pour ces deux disciplines. Cette approche paraît nécessaire alors que chercheurs et citoyens sont confrontés à une mondialisation non pacifiée, à un monde fragmenté et parcouru de tensions.
. Arnaud Dolidier, Tout le pouvoir à l’assemblée. Une histoire du mouvement ouvrier espagnol pendant la transition (1970-1979), Paris, Syllepse, mai 2021.
Dès le début des années 1970, les luttes ouvrières et sociales se multiplient, et par ailleurs la dictature veut devenir plus présentable ; une "transition" avant l’heure qui s’amorce sous la pression populaire. Après la mort de Franco, en 1975, la "transition" s’organise dans le bon ordre avec la participation du PSOE et du PCE et de leurs syndicats associés. Cependant, de nombreux travailleur·euses et habitant·es des quartiers populaires veulent voir satisfaites leurs revendications sociales et changer de société.
Cette contestation sociale prend la forme de multiples assemblées, pratiquement permanentes et qui décident et organisent ce mouvement social original. C’est l’histoire de ce mouvement que nous propose Arnaud Dolidier. Revenant sur les luttes sociales sous le franquisme qui ont préparé l’éclosion de ce mouvement, il fait ensuite le récit de cette turbulente période. Appuyé sur d’abondantes sources, cet ouvrage retrace pas à pas les débats qui l’ont traversé et suit les expériences qui ont été menées, notamment deux d’entre elles, étudiées plus en détail.
Cet ouvrage restitue le rythme des palpitations de ces assemblées ouvrières et populaires qui devront faire face à une sanglante répression. La grève chez Harry-Walker, à Barcelone, en 1970, donne le ton. Bien d’autres suivront, elles aussi largement documentées et commentées ici. Elles touchent différents secteurs professionnels, et se déroulent aussi bien à Madrid qu’à Valladolid, en Catalogne ou qu’au Pays basque.
La grève générale de Vitoria ou la lutte de Roca sont particulièrement emblématiques de cette période. C’est une période d’intenses débats : boycott ou détournement des élections syndicales de Franco ? Priorité à l’unité ouvrière ou à la construction des outils partisans ? Le pacte de la Moncloa, validé par la droite et la gauche, mais aussi par certains syndicats, constituera un tournant. Cette expérience "assembléiste" a marqué les mémoires et a connu des résurgences en Espagne, dont la plus récente est le mouvement des indigné·es (2011) qui a secoué l’Espagne.
. Cédric Lewandowski, Le Nucléaire, Paris, PUF, avril 2021.
Échange entre spécialistes ou controverse souvent stérile entre tenants et opposants, un débat sur le nucléaire est toujours passionné. De fait, quel rôle cette énergie joue-t-elle dans la souveraineté nationale ? Quels sont ses atouts dans la lutte contre le réchauffement climatique ? Dix ans après Fukushima, il est intéressant de donner des clefs de lecture, objectives et accessibles, d’un sujet complexe et polémique.
Après un historique de la radioactivité pendant la première moitié du XXe siècle et de ses développements industriels, Cédric Lewandowski offre un panorama de l’énergie nucléaire dans le monde en 2021. Coût du nucléaire, sûreté des centrales, démantèlement des installations, gestion des déchets… Autant d’aspects essentiels ici abordés pour mieux appréhender le nucléaire aujourd’hui.
. Claude Lefebvre, Guillaume Weiszberg, Introduction à la prohibition des armes de destruction massive, Paris, L’harmattan, mai 2021.
Ce court ouvrage peut être conçu comme une préparation à l’étude de son prédécesseur Les armes de destruction massive et leur interdiction. Menaces nucléaires, radiologiques, biologiques, chimiques, explosives de masse. Les ADM, qui sont apparues au cours du XXe siècle, se sont particulièrement développées pendant toute la période de la guerre froide et ont pris un essor absolument remarquable dans les années 1970 et 1980 sans véritablement émouvoir l’opinion publique qui était bien loin d’imaginer qu’elles auraient pu provoquer, si elles avaient été utilisées, l’extermination de la vie sur la planète. Cet ouvrage vise à faire prendre conscience du réel danger que représentent les ADM : elles doivent absolument être éradiquées de notre monde de manière radicale et définitive, afin que plus personne ne soit tenté d’ouvrir à nouveau cette boîte de Pandore sans jamais pouvoir la refermer.
. Franck Petiteville, Les organisations internationales, Paris, La découverte, mai 2021.
Depuis 1945, les États ont multiplié les organisations internationales (ONU, Banque mondiale, OMS, OMC, etc.). Aucun enjeu des relations internationales n’échappe désormais à la compétence de ces organisations.
Comment interpréter leur prolifération avec le temps ? Comment s’adaptent-elles aux changements du système international ? Quelles fonctions exercent-elles ? De quel pouvoir disposent-elles face aux États ? Comment se construit leur légitimité ? Quelle est leur contribution aux grands enjeux des relations internationales (paix et sécurité, droits humains, globalisation, environnement) ?
Alors que le multilatéralisme est aujourd’hui mis à l’épreuve par le « retour » de l’État souverain et les rivalités entre grandes puissances, ce livre donne les clefs d’une mise en perspective historique, sociologique et théorique de la centralité des organisations internationales dans le monde globalisé.
. Philippe Zittoun, Sébastien Chailleux, L’État sous pression. Enquête sur l’interdiction française du gaz de schiste, Paris, Sciences Po Les presses, mai 2021.
Les auteurs s’attaquent à cette boîte noire -la fabrique des politiques publiques- à partir d’un exemple très frappant pour lequel ils ont mené une vaste enquête : l’interdiction du gaz de schiste, votée en 2011 malgré les ambitions des groupes pétroliers et l’opinion des experts, contre l’avis de l’administration, du chef de l’État et même de l’UE Lire la suite
Comment l’État fonctionne-t-il quand il est sous pression ? Lorsqu’il est pris en étau entre les intérêts économiques, les mobilisations de citoyens, les conflits internes et les luttes politiques, le tout dans un contexte de connaissances incertaines et d’emballement médiatique ? Pourquoi les décisions qu’il prend dans ce type de situation donnent-elles souvent une impression d’incohérence, voire d’instabilité ? Y aurait-il un décalage entre les discussions qui se mènent dans les coulisses et les déclarations officielles, ou est-ce plus complexe ?
Les auteurs s’attaquent à cette boîte noire — la fabrique des politiques publiques — à partir d’un exemple très frappant pour lequel ils ont mené une vaste enquête : l’interdiction du gaz de schiste, votée en 2011 malgré les ambitions des groupes pétroliers et l’opinion des experts, contre l’avis de l’administration, du chef de l’État et même de l’Union européenne.
S’appuyant sur des entretiens avec les principaux protagonistes et sur la consultation exclusive des archives gouvernementales, ils décrivent les multiples espaces politico-bureaucratiques, publics et discrets, où a pris place le débat et se sont déployées les batailles argumentaires, toujours indissociables des luttes de pouvoir, sur le sujet. Leur approche pragmatique éclaire d’un jour nouveau la politique en train de se faire.
. Stéphane Paquin, Introduction à l’économie politique internationale, Paris, Armand Colin, mai 2021.
L’économie politique internationale (EPI) transpose au niveau global la question fondatrice de la science politique contemporaine : "Qui gouverne ? " Cette discipline mêlant science politique, économie et histoire s’intéresse ainsi aux questions de pouvoir et à l’irruption des enjeux et acteurs économiques dans les relations internationales. Cet ouvrage sans équivalent en langue française dresse un panorama clair et accessible des principaux thèmes de l’EPI : la souveraineté ou la capacité d’intervention des Etats, la mondialisation et ses composantes (multinationales, commerce international, finance internationale, organisations économiques internationales ou relations Nord-Sud).
Il aborde également, à travers de nombreuses études de cas, les grandes questions contemporaines : quel est l’impact de l’expansion de la Chine sur le commerce international et les délocalisations ? Pourquoi la finance internationale est-elle si instable ? Les multinationales globales surpassent-elles les gouvernements en termes de pouvoir ? La montée de l’insécurité économique favorise-t-elle les populismes ?
. Alexis Troudé, Instables Balkans - Une zone grise aux portes de l’Europe, Paris, Lignes de repères, juillet 2021.
Dans le nouvel ordre mondial qui se dessine, l’instabilité persistante des Balkans fait peser un vrai risque sur la paix et la sécurité. Alors que cette région du monde est à nos frontières, nous, Européens, continuons à l’ignorer.
Depuis la fin des guerres dans l’ex Yougoslavie, la région les Balkans peine à se stabiliser. Enjeu d’une lutte entre grandes puissances, Russie, Etats-Unis et désormais Chine, cette vaste zone demeure une zone grise. Elle est ouverte à tous les trafics : armes, drogues, cigarettes, blanchiment d’argent notamment. La « route des Balkans » demeure un vecteur massif de migrations vers l’Europe occidentale, au moment où des foyers d’islamisme radical prospèrent.
Or, montre cette enquête, la situation risque fort de se dégrader. Les gouvernements en place dans la région, souvent corrompus et peu soutenus par l’Union européenne et l’Occident, tardent à prendre la mesure des risques. Ils se laissent séduire par les sirènes venues de la Turquie ou de l’Iran, trop heureux d’y pousser leurs pions. Alors que nous tardons à nous protéger efficacement, il est temps de prendre conscience des risques pour la paix du facteur Balkans.
. Amaël Cattaruzza, Pierre Sintès, Géopolitique des conflits - 2è édition, Paris, Bréal, juillet 2021.
De la lutte contre le terrorisme aux conflits d’aménagement, des guerres urbaines à la cybersécurité, des murs- frontières aux conflits sociaux, ce manuel a pour objectif de former le lecteur aux outils de la géopolitique. Cette nouvelle édition actualisée montre les transformations rapides des conflits contemporains (multiplication des acteurs et des représentations, imbrication toujours plus forte des échelles locales, nationales, internationales, transnationales, émergence de nouvelles thématiques économiques, environnementales).
A travers de nombreux exemples d’actualité, tout le panorama des nouvelles formes de conflictualité contemporaines est ainsi décrit dans cet ouvrage.
. Thibault Muzergues, Europe champ de bataille. De la guerre impossible à une paix improbable, Paris, Bord de l’eau, juin 2021.
Dans cet ouvrage provocateur et richement documenté, Thibault Muzergues nous oblige à faire face à nos vieux démons, et à de préoccupantes réalités : si l’Europe (occidentale) a pu vivre en paix depuis 75 ans, cette période constitue une exception dans l’histoire d’un continent marqué par la guerre, et d’une certaine façon fait pour elle.
. Emmanuel Lincot, Géopolitique du patrimoine – L’Asie d’Abou Dabi au Japon, Paris, MKF, avril 2021.
Le patrimoine s’avère un extraordinaire vivier pour l’élaboration d’une nouvelle diplomatie. Le contexte géopolitique actuel nous incite en effet à repenser le patrimoine non plus sur le mode des représentations postcoloniales, mais bien d’après d’autres critères, moins univoques que le rapport idéologiquement stérile qu’entretiennent à ce sujet les pays du Nord et ceux du Sud. A travers 5 cas emblématiques du continent asiatique (Abou Dhabi et son environnement régional ; Le Monde chinois ; Le vandalisme en terres d’Islam ; Le Japon et l’ambivalente question patrimoniale ; Un patrimoine partagé entre l’Inde et le Pakistan), Emmanuel Lincot, chercheur associé à l’IRIS, aborde la question du soft power aussi bien que des luttes d’influences sous un angle inédit pour penser une nouvelle diplomatie internationale.
. Marc Hecker, Elie Tenenbaum, La guerre de vingts ans. Djihadisme et contre-terrorisme au XXème siècle, Paris, Robert Laffont, avril 2021.
Vingt ans, déjà, que les tours du World Trade Center se sont effondrées. Qui aurait cru alors que, deux décennies plus tard, la guerre globale contre le terrorisme se poursuivrait sans issue en vue ? Des sables du Sahara aux jungles d’Asie du Sud-Est, des plaines irakiennes aux montagnes afghanes, les pays occidentaux et leurs alliés continuent de pourchasser des djihadistes à la détermination sans faille. La menace n’est pas cantonnée à ces contrées lointaines : l’Europe - et singulièrement la France - a payé un lourd tribut à ce long conflit. Al-Qaida a fait preuve d’une résilience remarquable et de nouveaux groupes, comme l’Etat islamique, sont apparus. La chute du " califat " proclamé par Daech n’a pas signé la fin de cette organisation, et encore moins celle de son idéologie mortifère. Le monde compterait deux à trois fois plus de combattants djihadistes aujourd’hui qu’au début du siècle. Ce constat d’une interminable guerre d’usure interroge : qu’avons-nous fait de ces vingt ans ? En dépit des centaines de milliers de vies perdues et des sommes considérables dépensées, pourquoi la menace est-elle encore si élevée ? Fruit de plusieurs années d’enquêtes de terrain, cet ouvrage exceptionnel constitue la première histoire de la guerre contre le terrorisme de 2001 à aujourd’hui. Décryptant les dynamiques stratégiques de cet affrontement, les auteurs expliquent pourquoi il est si difficile de casser la spirale de la violence et tirent de ces deux décennies de lutte des leçons essentielles pour l’avenir.
. Philippe Moreau Defarges, Introduction à la géopolitique, Paris, Points, juin 2021.
Introduction à la géopolitique Au début du xxe siècle, la géopolitique s’épanouit comme " science " en quête des lois géographiques de la puissance. Si elle s’efface comme idéologie justificatrice après l’effondrement de l’Allemagne hitlérienne, elle reste une clé remarquable pour saisir les problématiques internationales, qui entremêlent l’histoire et la géographie. L’ouvrage étudie d’abord l’évolution de la géopolitique et les débats qu’elle a suscités chez les principaux acteurs du système mondial puis explicite, dans un second temps, la dimension géopolitique des grandes questions internationales : guerres, multiplication des échanges, essor des organisations internationales.
Enfin, après la géopolitique classique, centrée sur l’Etat, on en vient au foisonnement contemporain des géopolitiques. Philippe Moreau Defarges Ancien diplomate, chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI) et enseignant à Sciences Po Paris, il est l’auteur de très nombreux ouvrages et articles sur les questions internationales, la mondialisation et la construction européenne.
. Thomas Pean, Guérillas en Amérique latine (1959-1989), Paris, VA Editions, mars 2021.
En janvier 1959, la guérilla castriste prend le pouvoir à Cuba. En décembre 1989, les forces armées des États-Unis interviennent au Panama contre le gouvernement de Manuel Noriega. Entre ces deux dates, le modèle révolutionnaire cubain inspire les guérillas révolutionnaires d’Amérique Latine. Véritable modèle ou repoussoir pour ses ennemis politiques, le régime de Fidel Castro devient ainsi le chef de file de l’action révolutionnaire dans la région. Au-delà de ce premier constat, cet ouvrage aborde également l’importance de la réalité locale de chaque pays dans l’émergence et l’évolution des mouvements de guérillas. En effet, les traditions politiques, les crises internes et les caractéristiques locales tendent à produire un paysage révolutionnaire hétérogène dans son ensemble. Les guérillas sont ainsi le produit de l’influence révolutionnaire cubaine et du contexte national dans lequel elles se développent. Ce livre présente les situations nationales selon une classification inédite : les Etats révolutionnaires, les dictatures contre-révolutionnaires, les conflits armés, la « Guerre Sale » et les foyers révolutionnaires périphériques. L’impasse progressive dans laquelle se trouve la plupart de ces pays dans les années 1970-1980 contribue à amorcer un changement au cours des décennies suivantes à travers différents processus transitoires.
. Samy Cohen, Israël, une démocratie fragile, Paris, Fayard, mars 2021.
Retraçant l’histoire de cette démocratie depuis la création de l’État aux années Netanyahu, Samy Cohen montre qu’Israël ne fut jamais une démocratie libérale, mais hybride, fragile et fragmentée. L’abondante littérature qui analyse les dérives populistes dans le monde laisse curieusement de côté Israël, où elles sont pourtant patentes. À plusieurs reprises au cours des douze dernières années, cette démocratie s’est trouvée au bord du gouffre. Retraçant la trajectoire de la « seule démocratie du Proche-Orient », de sa naissance aux années Netanyahu, Samy Cohen montre combien elle est hybride, fragile et fragmentée. La société a éclaté en deux camps. L’un, attaché aux valeurs libérales, est prêt à des compromis avec les Palestiniens, quand l’autre, sensible aux sirènes nationalistes et religieuses, reste indifférent à l’État de droit. Qui l’emportera ? C’est l’avenir de la démocratie israélienne qui est en jeu.
. Ardavan Amir-Aslani, Le siècle des défis – Grands enjeux géostratégiques internationaux, Paris, L’Archipel, avril 2021.
Les crises de ce début de siècle, et celles que nous essuyons encore (conflits, crise sanitaire, etc.), redessinent la carte géopolitique. Ardavan Amir-Aslani, spécialiste de géopolitique, analyse ces enjeux cruciaux pour un monde en pleine transition. Quelle carte pour le monde du XXIe siècle ? Si le XXe siècle a été le siècle des excès et celui de l’affrontement de deux idéologies dominantes, démocratie et capitalisme contre dictatures fascistes et communistes, le XXIe siècle a d’ores et déjà fait voler ce clivage en éclats, révélant de nouveaux enjeux déterminants pour l’avenir de l’humanité.
Le nouveau siècle sera celui de la résolution d’interminables conflits - israélo-palestinien, indo-pakistanais - où la domination d’un territoire est devenue la condition sine qua non de l’existence d’un Etat. Celui d’une guerre idéologique entre Orient et Occident, mais aussi d’une guerre au sein de l’Islam entre sunnites et chiites. Celui d’une résurrection des grands empires - turc, iranien, russe, chinois - et de nouvelles influences régionales et mondiales.
Sera-t-il le siècle du basculement ? d’un glissement du modèle démocratique dominant vers des régimes autoritaires ou des " démocratures " ? Verra-t-il l’émergence de nouveaux modèles de société plus justes, ou au contraire la résurgence d’anciennes puissances impérialistes adaptées à la modernité ? Catalyseur de tous ces questionnements, la crise de la Covid-19 semble déjà placer l’humanité face à ces nouveaux défis.
. Bertrand Duccini, Djihadisme, une pornographie de la violence, Paris, L’aube, avril 2021.
On ne peut pas comprendre le terrorisme islamiste sans l’articuler à la manière dont toute civilisation est conditionnée par la sexualité. En observant la violence ¬djihadiste sous ce prisme, la psychanalyse nous fournit une clé pour comprendre l’anomie terroriste dans laquelle le monde semble irrémédiablement s’enfoncer. Comme l’a démontré Sade, la prostitution généralisée est l’horizon inéluctable de la société marchande inaugurée par la " mort de Dieu " . Cette marchandisation des corps se manifeste aujourd’hui sous la forme d’une pornographie envahissante. Certains sont donc tentés d’envisager le fondamentalisme religieux comme une résistance obscurantiste à la marche du progrès. C’est d’ailleurs ainsi que l’islamisme actuel se présente : comme un retour à une forme ancienne de société. Mais ne serait-il pas plutôt en train de fabriquer, d’une manière très moderne, une pornographie de la violence ? Bertrand Duccini est titulaire d’un doctorat en études psychanalytiques, psychothérapeute pour enfants et adolescents. Par ailleurs diplômé de l’Institut national des langues et civilisations orientales, il est titulaire d’un DEA d’histoire du Liban contemporain et a vécu plusieurs années au Moyen-Orient.
. Camille Lefèbvre, Des pays au crépuscule, Paris, Fayard, avril 2021.
Au début du xxe siècle, quatre-vingts militaires français accompagnés de six cents tirailleurs envahissent deux puissantes villes du Sahara et du Sahel. La France, comme plusieurs autres pays européens, considère alors les territoires africains comme des espaces à s’approprier. Elle se substitue par la force aux gouvernements existants, au nom d’une supériorité civilisationnelle fondée sur le racisme. Depuis le cœur de ces deux villes, grâce à une documentation exceptionnelle, Camille Lefebvre examine comment s’est imposée la domination coloniale. Militaires français, tirailleurs, mais aussi les sultans et leur cour, les lettrés et les savants de la région, sans oublier l’immense masse de la population, de statut servile ou libre, hommes et femmes : tous reprennent vie, dans l’épaisseur et la complexité de leurs relations. Leur histoire révèle la profondeur des mondes sociaux en présence ; elle retisse les fils épars et fragmentés des mondes enchevêtrés par la colonisation. Les sociétés dans lesquelles nous vivons, en France comme au Niger, sont en partie issues des rapports de domination qui se sont alors noués ; s’intéresser à la complexité de ce moment nous donne des outils pour penser notre présent.
. Cédric Lewandowski, Le Nucléaire, Paris, PUF, avril 2021.
Échange entre spécialistes ou controverse souvent stérile entre tenants et opposants, un débat sur le nucléaire est toujours passionné. De fait, quel rôle cette énergie joue-t-elle dans la souveraineté nationale ? Quels sont ses atouts dans la lutte contre le réchauffement climatique ? Dix ans après Fukushima, il est intéressant de donner des clefs de lecture, objectives et accessibles, d’un sujet complexe et polémique. Après un historique de la radioactivité pendant la première moitié du XXe siècle et de ses développements industriels, Cédric Lewandowski offre un panorama de l’énergie nucléaire dans le monde en 2021. Coût du nucléaire, sûreté des centrales, démantèlement des installations, gestion des déchets… Autant d’aspects essentiels ici abordés pour mieux appréhender le nucléaire aujourd’hui.
. Clémence Fourton, Les Royaume-Uni, un pays en crises ? Paris, Le Cavalier bleu, avril 2021.
Le Royaume-Uni des dernières décennies est indissociable des crises multiples qu’il a et continue à affronter, et qui trouvent leur expression ultime dans le Brexit. Crise économique et aggravation des inégalités sociales, nationalisme exacerbé, velléités de sécession de l’Ecosse, instabilité de l’Irlande, services publics exsangues, syndicats laminés par quinze ans de thatcherisme et perte d’influence sur la scène diplomatique européenne et mondiale... Contextualisant le processus du Brexit au regard du temps long de l’histoire britannique, Clémence Fourton analyse ces dynamiques à l’oeuvre qui expliquent comment le Royaume-Uni en est arrivé là.
. Yves Buffetaut, Atlas de la Première Guerre mondiale. La chute des empires européens, Paris, Autrement, avril 2021.
Cet atlas retrace les origines, les enjeux et les conséquences de la Grande Guerre, dans toutes ses dimensions et à toutes les échelles. Les combats en Europe, les tensions au Moyen-Orient, les révolutions russes et l’implication des États-Unis attestent de la dimension internationale du conflit. Les grandes batailles ont marqué plus localement les pays : la Marne, les Dardanelles, Verdun, la Somme. La chute des empires, la création de nouveaux États et les rapports entre vainqueurs et vaincus sèment les germes du prochain conflit mondial. Grâce à plus de 80 cartes et infographies, l’auteur analyse cette période charnière de l’histoire du monde que fut la Première Guerre mondiale.
. Adèle Sutre, Géopolitique des tsiganes. Des façons d’être au monde, entre circulation et ancrages, Paris, Cavalier Bleu, avril 2021.
Qui sont les Tsiganes ? Quels points communs entre des familles manouches d’Auvergne, des Roms de Roumanie ou de Finlande, des Sinti allemands, des Gitans espagnols ou de Camargue, des Zingari italiens, des Gypsies anglais, des Roms australiens, américains ou argentins, des Tchinganés turcs ? Déclinées au pluriel, les géopolitiques des mondes tsiganes, dans cet ouvrage, proposent des clés de lecture pour penser des façons d’être au monde diverses, bien que généralement perçues de l’extérieur comme homogènes. En regardant le monde contemporain à la lumière du passé, Adèle Sutre cherche à rendre compte de toute l’importance des processus historiques dans la compréhension des enjeux contemporains.
. Kai Strittmatter, Dictature 2.0. Quand la Chine surveille son peuple (et demain le monde), Paris, Tallandier, mai 2021.
Xi Jinping concentre aujourd’hui un pouvoir plus important que Mao. Ce livre choc raconte la réalité de cette néo-dictature, remodelée par les nouvelles technologies.
La Chine arrive à un État de surveillance numérique parfait. Les technologies les plus modernes, notamment l’intelligence artificielle, propulsent son économie dans le futur. Elles recueillent, relient et exploitent, dans de gigantesques banques de données, chaque pas et pensée de plus d’un milliard de citoyens et de tous les visiteurs. L’objectif ? Le contrôle total de la population, avec pour étalon le « crédit social », un système fondé sur les bonus décernés par le Bureau de la fiabilité. Ainsi émerge une Chine nouvelle, mettant au pas ses minorités et aspirant à façonner un Internet et l’ordre mondial à sa mesure. Il est temps de nous inquiéter de ce défi pour nos démocraties.
. Lukas Aubin, La Sportokratura sous Vladimir Poutine. Une géopolitique du sport russe, Paris, Bréal, mai 2021.
Pourquoi la Russie vient-elle d’être exclue pendant 2 ans des compétitions sportives internationales ? Comment le sport est devenu entre 2000 et 2020 un instrument de soft power incontournable pour les autorités russes ? Qui gouverne le sport en Russie ? Pourquoi Vladimir Poutine se met-il en scène régulièrement en train de faire du hockey sur glace ou de pratiquer le judo ? Ce livre propose de répondre à ces questions grâce au concept original de " sportokratura " : un néologisme formé par l’auteur qui désigne le système politico-économico-sportif russe unique au monde construit depuis 20 ans par V. Poutine. Véritable exploration de la mécanique du système russe actuel, cet essai révèle ainsi les liens qui existent en Russie entre sport, politique et économie. Un regard inédit sur la géopolitique du sport russe sous Vladimir Poutine à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
. Marc Hecker, Elie Tenenbaum, La Guerre de vingt ans. Djihadisme et contre-terrorisme au XXIème siècle, Paris, Robert Laffont, avril 2021.
Vingt ans, déjà, que les tours du World Trade Center se sont effondrées. Qui aurait cru alors que, deux décennies plus tard, la guerre globale contre le terrorisme se poursuivrait sans issue en vue ? Des sables du Sahara aux jungles d’Asie du Sud-Est, des plaines irakiennes aux montagnes afghanes, les pays occidentaux et leurs alliés continuent de pourchasser des djihadistes à la détermination sans faille.
La menace n’est pas cantonnée à ces contrées lointaines : l’Europe - et singulièrement la France - a payé un lourd tribut à ce long conflit. Al-Qaida a fait preuve d’une résilience remarquable et de nouveaux groupes, comme l’Etat islamique, sont apparus. La chute du " califat " proclamé par Daech n’a pas signé la fin de cette organisation, et encore moins celle de son idéologie mortifère. Le monde compterait deux à trois fois plus de combattants djihadistes aujourd’hui qu’au début du siècle.
Ce constat d’une interminable guerre d’usure interroge : qu’avons-nous fait de ces vingt ans ? En dépit des centaines de milliers de vies perdues et des sommes considérables dépensées, pourquoi la menace est-elle encore si élevée ? Fruit de plusieurs années d’enquêtes de terrain, cet ouvrage exceptionnel constitue la première histoire de la guerre contre le terrorisme de 2001 à aujourd’hui. Décryptant les dynamiques stratégiques de cet affrontement, les auteurs expliquent pourquoi il est si difficile de casser la spirale de la violence et tirent de ces deux décennies de lutte des leçons essentielles pour l’avenir.
. Philippe Moreau Defarges, Introduction à la géopolitique, Paris, Points, avril 2021.
Introduction à la géopolitique Au début du xxe siècle, la géopolitique s’épanouit comme " science " en quête des lois géographiques de la puissance. Si elle s’efface comme idéologie justificatrice après l’effondrement de l’Allemagne hitlérienne, elle reste une clé remarquable pour saisir les problématiques internationales, qui entremêlent l’histoire et la géographie. L’ouvrage étudie d’abord l’évolution de la géopolitique et les débats qu’elle a suscités chez les principaux acteurs du système mondial puis explicite, dans un second temps, la dimension géopolitique des grandes questions internationales : guerres, multiplication des échanges, essor des organisations internationales.
Enfin, après la géopolitique classique, centrée sur l’Etat, on en vient au foisonnement contemporain des géopolitiques. Philippe Moreau Defarges Ancien diplomate, chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI) et enseignant à Sciences Po Paris, il est l’auteur de très nombreux ouvrages et articles sur les questions internationales, la mondialisation et la construction européenne.
. Samantha Besson, Reconstruire l’ordre institutionnel international, Paris, Fayard, avril 2021.
À l’heure où les États sont toujours plus concurrencés par des institutions nombreuses aux pouvoirs divers sur la scène internationale, Samantha Besson invite à re-poser la question institutionnelle en droit international pour contribuer ainsi à reconstruire l’ordre institutionnel mondial.
Les États n’agissent plus seuls sur la scène internationale. Interviennent désormais à leurs côtés, voire parfois à leur place, d’autres institutions comme les organisations internationales, les entreprises multinationales, les organisations non gouvernementales, les régions, ou encore les villes globalisées. Or, on ne dispose d’aucune indication claire, et encore moins d’un « droit international des institutions », permettant de répondre aux trois questions essentielles de l’organisation sociale et politique que sont la représentation, la règlementation et la responsabilité. Quelles institutions peuvent agir pour qui sur le plan international ? À quelles conditions leurs décisions peuvent-elles prétendre lier juridiquement, et avoir la légitimité de le faire ? Et, quelles institutions doivent répondre envers qui, et comment, de la violation du droit international ? Le temps est venu de reconstruire l’ordre institutionnel international.
. Franck Petiteville, Les organisations internationales, Paris, La Découverte, mai 2021.
Depuis 1945, les États ont multiplié les organisations internationales (ONU, Banque mondiale, OMS, OMC, etc.). Aucun enjeu des relations internationales n’échappe désormais à la compétence de ces organisations.
Comment interpréter leur prolifération avec le temps ? Comment s’adaptent-elles aux changements du système international ? Quelles fonctions exercent-elles ? De quel pouvoir disposent-elles face aux États ? Comment se construit leur légitimité ? Quelle est leur contribution aux grands enjeux des relations internationales (paix et sécurité, droits humains, globalisation, environnement) ?
Alors que le multilatéralisme est aujourd’hui mis à l’épreuve par le « retour » de l’État souverain et les rivalités entre grandes puissances, ce livre donne les clefs d’une mise en perspective historique, sociologique et théorique de la centralité des organisations internationales dans le monde globalisé.
. Frédéric Lert, Benjamin Vinot-Préfontaine, Ciels de combat – Témoignages inédits de pilotes de chasse de l’armée de l’air, Paris, Nimrod, mai 2021.
Afghanistan, Libye, Mali, Irak, Syrie... Les pilotes et navigateurs de combat de l’Armée de l’air accumulent depuis vingt-cinq ans les missions de guerre sous les latitudes les plus improbables. Mais si l’environnement géostratégique a considérablement changé en l’espace d’une génération, les fondamentaux de la vie des équipages ont finalement peu varié, avec toujours comme ingrédients principaux le travail, l’abnégation, le courage, la recherche incessante de la perfection, le tout mâtiné d’une bonne dose d’ironie grinçante et de traditions plus ou moins absconses...
En rassemblant une centaine de récits très différents, portés par la personnalité et l’expérience de chacun de leurs auteurs, Ciels de combat offre un témoignage authentique et unique, vécu de l’intérieur, sur le quotidien de ces équipages de chasse et les opérations réelles qu’ils conduisent. Ciels de combat entraîne le lecteur dans les missions de guerre les plus récentes en levant le voile sur la technicité extrême qui caractérise aujourd’hui le métier de chasseur.
. Jeef Mudimbi Kapilu, L’opposition politique et la conquête du pouvoir en république démocratique du Congo, Paris, L’Harmattan, avril 2021.
Ce livre présente les origines et le statut légal de l’opposition politique en République Démocratique du Congo en dégageant ses failles. Ces dernières se situent dans l’inefficacité des actions (stratégies) de l’opposition congolaise à conquérir et à exercer le plus longtemps possible le pouvoir politique conformément aux dispositions légales en vigueur. Ceci constitue une bonne leçon à tirer par l’opposition politique pour l’efficacité de ses actions ou de ses stratégies dans le futur.
. Michel Rocard, Faire la paix, Paris, Double Ponctuation, mai 2021.
"Faire la paix" est sans doute l’un des tout derniers textes inédits de Michel Rocard. Sa devise "Penser clair, parler vrai, agir juste" y est ici parfaitement illustrée. L’ancien Premier ministre y revient sur sa gestion de la crise néocalédonienne après l’épisode sanglant de la grotte d’Ouvéa, en 1988, et sur la signature des accords de Matignon qui ont permis de préserver la paix sur l’archipel océanien. D’une façon plus large, Michel Rocard s’y fait aussi théoricien de l’art et la manière d’instaurer la paix - des préceptes qui rendent ce texte profondément original et singulièrement moderne, susceptibles de s’appliquer à de nombreux types de conflits.
. Patrick Hassenteufel, Sabine Saurugger, Les politiques publiques dans la crise. 2008 et ses suites, Les presses de Sciences Po, Paris, février 2021.
Une étude de l’action publique dans les différents pays de l’Union européenne avant, pendant et après la crise économique et financière de 2008.
Comment évoluent les politiques publiques en temps de crise ? Traditionnellement, deux visions s’opposent : certaines analyses mettent en avant la continuité, tandis que d’autres insistent sur la brutalité des changements opérés. La réalité est plus nuancée : de grandes variations s’observent selon les secteurs et les échelles, comme le montre cette étude de l’action publique dans les différents pays de l’Union européenne avant, pendant et après la crise économique et financière de 2008.
Trois grandes leçons s’en dégagent : tout d’abord, les principaux changements se sont produits aux niveaux supranationaux, signe d’un renforcement des politiques publiques internationales et européennes ; ensuite, des dynamiques antérieures portées par des acteurs réformateurs dans des domaines tels que l’emploi et la protection sociale se sont amplifi ées ; enfin, les usages politiques de la crise ont joué un rôle clé dans les variations constatées entre continuité et changement. Le cadre comparatif et international que propose cet ouvrage se révèle précieux pour comprendre l’action publique menée durant les crises, jusqu’à celle de la Covid-19.
. Pierre Conesa, Le Lobby saoudien en France – Comment vendre un pays invendable, Paris, Denoël, avril 2021.
L’Arabie saoudite rivalise avec la Corée du Nord en matière d’atteintes aux droits de l’homme ; d’absence totale de droits de la femme ; d’usage de la torture ; d’intolérance religieuse absolue ; d’interventions militaires extérieures (Bahreïn, Yémen) ; d’absence de liberté de conscience, de la presse et de liberté d’opinion, etc. Une spécificité supplémentaire propre à l’Arabie : la peine de mort pour "blasphème" et l’athéisme assimilé à du terrorisme.
Longtemps le régime s’est recroquevillé dans sa superbe indifférence avant que la guerre au Yémen ou l’assassinat de Khashoggi ne l’obligent à soigner son image. La solution a donc consisté à contracter avec toutes les sociétés internationales de relations publiques et les cabinets de lobbying, en particulier aux Etats-Unis et en France.
. Anne Choquet, Camille Escudé-Joffres, Frédéric Lasserre, Géopolitique des pôles – vers une appropriation des espaces polaires ? Paris, Le cavalier bleu, avril 2021.
Les régions polaires sont engagées dans un processus de changements climatiques majeurs qui font redouter une cristallisation des rivalités pour l’accès aux richesses minières et énergétiques, ainsi qu’aux nouvelles routes maritimes dégagées par la fonte de la banquise. Ainsi, serions-nous à l’aube d’une nouvelle Guerre froide, voire d’un conflit armé. Or, une analyse précise de la situation et des acteurs en présence montre que ces scénarios catastrophe sont grandement exagérés.
Plutôt que l’affirmation de la souveraineté individuelle des Etats, on assiste en effet à la mise en place d’une coopération au travers de traités internationaux spécifiques et d’instances de dialogue. Car l’enjeu est avant tout de gérer les impacts dévastateurs des changements climatiques au regard desquels la question de savoir à qui appartiennent les pôles est bien dérisoire...
. Adèle Sutre, Géopolitique des tsiganes – des façons d’être au monde, entre circulation et ancrages, Paris, Le Cavalier Bleu, avril 2021.
Qui sont les Tsiganes ? Quels points communs entre des familles manouches d’Auvergne, des Roms de Roumanie ou de Finlande, des Sinti allemands, des Gitans espagnols ou de Camargue, des Zingari italiens, des Gypsies anglais, des Roms australiens, américains ou argentins, des Tchinganés turcs ? Déclinées au pluriel, les géopolitiques des mondes tsiganes, dans cet ouvrage, proposent des clés de lecture pour penser des façons d’être au monde diverses, bien que généralement perçues de l’extérieur comme homogènes.
En regardant le monde contemporain à la lumière du passé, Adèle Sutre cherche à rendre compte de toute l’importance des processus historiques dans la compréhension des enjeux contemporains.
. Fayçal Hatri, Droit du contentieux international aérien, Paris, L’harmattan, mars 2021.
Responsabilité du transporteur, commerce d’aéronefs et des services aériens, terrorisme aérien transfrontalier, souveraineté aérienne, utilisation des drones ou encore pollution aéronautique sont autant de questions à fort potentiel litigieux. Le fait international aérien possède une prédisposition « conflictogène ». Les interactions entre acteurs aéronautiques génèrent des différends internationaux complexes où le politique s’imbrique au juridique, l’économique au sanitaire, le technologique à l’environnemental, le sécuritaire au symbolique. Le mécanisme international de solution des différends aériens apporte, cependant, des règlements peu congruents en la matière. Élaboré autour du Conseil de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), ce mécanisme répond peu aux besoins des justiciables aux dépens d’une atomisation du contentieux international aérien autour d’une multitude de juridictions internationales. Cette fragmentation jurisprudentielle a légitimé l’idée d’une juridiction internationale spécialisée.
. Olivier Nay, Histoire des idées politiques – 3ème édition – La pensée politique occidentale de l’Antiquité à nos jours, Paris, Armand Colin, juin 2021.
Comment les hommes comprennent-ils leur époque Comment envisagent-ils leur avenir ? Quelle influence leurs idées exercent-elles sur la société ? Quel lien existe-t-il entre la philosophie, le droit, la religion et les grandes luttes politiques qui divisent le corps social ? Dans une perspective ouverte sur l’histoire sociale et politique, l’auteur procède à une analyse rigoureuse des grands débats philosophiques et juridiques qui ont contribué à la formation de la pensée occidentale.
La troisième édition de cet ouvrage, véritable référence dans le domaine, qui présente un vaste panorama des idées politiques de l’Antiquité gréco-romaine à nos jours, est enrichi d’un chapitre inédit entièrement consacré à la question des pensées dites " dissidentes " : féminisme contemporain, pensée environnementaliste, nouvelles radicalités intellectuelles... Une somme de connaissances incontournable pour tous les passionnés des idées.
. Savvas Kalenteridis, Constantin Pikramenos, Le service secret turc – guerre sur tous les fronts, Paris, VA Editions, avril 2021.
Qu’est-ce vraiment que le MIT, le service du renseignement turc ? Quel est le rôle joué par le MIT dans la stratégie néo-ottomane de Recep Tayyip Erdogan ? Est-il autorisé à " ? liquider ? " des opposants à l’étranger ?? Quelle a été son implication dans l’assassinat des trois militantes kurdes du PKK à Paris en 2013 ?? Comment fonctionne-t-il ? Quelles sont ses méthodes ?? Quelles sont son histoire et son origine ? Quelles sont ses opérations au Moyen-Orient, en Afrique, aux Etats-Unis, en Europe et finalement comment opère-t-il dans l’Hexagone ? Ce livre apporte des réponses à ces questions importantes pour mettre en pleine lumière ce qu’est le MIT qui se dissimule derrière un immense voile de secrets.
Lorsqu’Erdogan accuse Macron d’être " en état de ? mort cérébrale ? " et que la marine turque cible des frégates françaises au large de la Libye, comprendre le fonctionnement du renseignement turc devient une nécessité urgente pour les élites politiques françaises, mais aussi pour le citoyen curieux... Un livre éclairant pour mieux comprendre la politique agressive du néo-sultan Erdogan.
. Sylvie Matelly, Géopolitique de l’économie- 40 fiches illustrées pour comprendre le monde, Paris, Eyrolles, avril 2021.
Qu’est-ce que l’économie à l’ère de la mondialisation ? Quels sont ses enjeux géopolitiques ? Peut-on parler de guerre économique ? Ces questions traversent l’histoire contemporaine et resurgissent au fil de l’actualité. Des clichés à la réalité, cet ouvrage nous parle de lieux, de faits et de chiffres pour nous aider à y voir plus clair. Spécialiste incontesté, l’auteur propose 40 fiches documentées pour cerner les enjeux et les défis de la région. L’ensemble est illustré de cartes, graphiques et tableaux.
. Roland Pourtier, Congo, un fleuve à la puissance contrariée, CNRS édition, 2021.
Fleuve le plus puissant au monde après l’Amazonie, le Congo draine un immense bassin partagé entre neuf États. Il a donné son nom à deux d’entre eux. Au cœur d’une histoire tumultueuse qui mit en contact les sociétés d’Afrique équatoriale et l’Europe, soumis à une exploitation coloniale brutale, il n’a cessé d’être convoité pour ses richesses naturelles. « Potentiellement » riches, les pays riverains du grand fleuve comptent en réalité parmi les plus pauvres du monde.
Ce paradoxe de la puissance contrariée, tant par la nature qui a coupé le fleuve de son ouverture atlantique que par le cours d’une histoire souvent chaotique, constitue le fil conducteur d’un voyage fascinant aux pays du Congo. L’auteur les a parcourus durant trois décennies. Il en montre les mutations comme les freins au développement, et interroge les promesses de l’or blanc, de l’or vert, de l’or bleu. Il livre en six tableaux le fruit d’une réflexion sans tabou, murie au carrefour de la géohistoire, de l’anthropologie économique, de la politique, de la culture et des arts. Cet essai de géographie globale propose des clés essentielles pour comprendre la complexité du bassin du Congo dans son rapport au monde.
Roland Pourtier, géographe, professeur honoraire de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, a consacré l’essentiel de ses recherches aux pays du bassin du Congo.
. Jean-Dominique Giuliani et Pascale Joannin, Atlas permanent de l’Union européenne, 5e édition, éd. Marie B.
L’Union européenne, avec ses 27 États membres et ses 447 millions d’habitants, est l’une des principales puissances économiques et commerciales mondiales. Mais elle reste encore trop largement méconnue.
La Fondation Robert Schuman met à la disposition de tous une nouvelle édition de son Atlas permanent de l’Union européenne qui reflète les derniers changements politiques et économiques intervenus dans l’Union européenne et chacun de ses États membres.
La 5ème édition de cet ouvrage, unique en son genre, élaboré par les experts de la Fondation :
. propose une vue complète et facile d’accès, de l’Union européenne, de la zone Euro et de chacun de ses 27 États membres et leurs territoires d’Outre-mer ;
. synthétise l’essentiel de l’histoire et des réalités politiques et économiques ;
. offre plus de 50 cartes physiques et géopolitiques de l’Europe.
. Damien Degeorges, Terres rares : enjeu géopolitique du XXIè siècle – Chine – États-Unis – Europe – Japon – Groenland, Paris, L’Harmattan, février 2021.
Août 2019. Tandis que la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis bat son plein et que la partie chinoise menace de fermer le robinet des si stratégiques terres rares, groupe de métaux dont elle assure une très large part de la production mondiale, le président des Etats-Unis, Donald J. Trump, provoque une onde de choc mondiale en se montrant intéressé par rachat du Groenland, territoire autonome danois qui n’est pourtant pas à vendre.
C’est que les ambitions chinoises avaient au fil des années fini par s’approcher trop dangereusement d’intérêts vitaux américains via cette île de l’Arctique des plus stratégiques pour la défense américaine. D’aucuns ont alors lu dans ce renouveau de l’intérêt américain pour un achat du Groenland un message indirect : "achetons" le Groenland, au demeurant riche en terres rares, avant que les Chinois ne le fassent.
De par leurs caractéristiques, les terres rares sont incontournables, à la fois à l’ère numérique mais également et surtout dans un siècle où l’économie faiblement émettrice en gaz à effet de serre s’affirme comme préalable à toute croissance. D’où une demande croissante et un enjeu qui ne cesse de s’affirmer lors de tensions géopolitiques impliquant la Chine et un autre grand consommateur de terres rares.
. Franck Galland, Guerre et eau. L’eau, enjeu stratégique des conflits modernes, Paris, Robert Laffont, mars 2021.
De la Première Guerre mondiale à aujourd’hui, le premier essai destiné au grand public sur l’importance stratégique des ressources en eau dans la conduite de la guerre. Des premiers combats de 1914 à l’engagement actuel des armées françaises dans la bande saharo-sahélienne, l’eau est une composante stratégique des opérations militaires. Sa maîtrise a ainsi influencé le sort de plus d’une bataille de la Première Guerre mondiale.
Elle fut également un enjeu crucial de la guerre du Désert durant la Seconde et au centre de la planification du Débarquement en 1944. Après 1945, les ressources en eau sont devenues progressivement des cibles et des armes de destruction dans de multiples conflits, jusqu’aux affrontements récents avec Daesh en Irak et en Syrie. Aujourd’hui, sur fond de bouleversement climatique, de pression démographique et d’explosion de la demande, certaines régions du monde sont confrontées à une rareté grandissante des ressources disponibles.
Cela pose des questions essentielles en matière de sécurité hydrique, alimentaire, énergétique et environnementale. L’eau est ainsi devenue un enjeu de sécurité collective. Prenant appui sur des archives militaires et sur des sources diplomatiques inédites, cet essai offre à la fois un éclairage nouveau sur les conflits qui ont traversé et traversent notre monde et une meilleure compréhension des enjeux géopolitiques que portent les ressources naturelles.
. Hervé Lejeune, Afriques : le saut du léopard – Regards sur le présent et le futur des Afriques, Paris, L’Harmattan, mars 2021.
L’Afrique n’est pas une. Certains parlent même de "léopardisation" pour dire ses multiples visages, ses histoires, ses géographies, ses peuples et ses économies très diverses. Cet ouvrage, qui regroupe des articles publiés par l’AIDOP (Agence internationale diplomatie et opinion publique), est organisé en cinq parties envisageant les marges de manoeuvre, les hommes et les femmes de demain, les maux qui "empêchent" , les dépendances et les Afriques.
Il s’agit d’abord de regarder vers l’avenir, sans occulter les réalités présentes.
. Moussa Mara, Cultivons nos Afriques – Pour une renaissance culturelle africaine, Paris, Débats Publics, mars 2021.
La culture doit être l’un des plus ambitieux projets africains au XXIe siècle. Au moment où la mondialisation et la pandémie de Covid-19 accélèrent tous les processus de dématérialisation des économies, il nous faut envisager la culture africaine comme une boussole capable de montrer aux Africains et au reste du monde un nouveau cap.
Prise dans son acception la plus large, englobant la littérature, les arts vivants, les langues, les arts plastiques, les productions audiovisuelles et cinématographiques, la musique ou l’architecture, la culture doit faire l’objet d’une promotion et d’une stratégie de développement à l’échelle continentale portée par une volonté commune. Il s’agit d’une double révolution, spirituelle et économique, que les civilisations africaines, dans leur formidable diversité, doivent mener pour construire le XXIe siècle.
Ode aux richesses éternelles de l’Afrique, à sa jeunesse, à ses talents, à sa créativité, le texte de Moussa Mara est un manifeste qui invite à œuvrer collectivement à une renaissance culturelle du continent africain, source d’inspiration pour les civilisations du monde entier.
. Olivier d’Auzon, Piraterie maritime d’aujourd’hui – Afrique et Indo-Pacifique, Paris, VA éditions, mars 2021.
Plus que jamais tributaires de la maritimisation des échanges et de nos modes de vie, l’actualité des menaces maritimes pèse sur nos économies globalisées. Terrorisme, piraterie, cybercrime, trafic organisé d’êtres humains, narcotrafic international, trafic illicite de déchets, d’armes ou encore de biens contrefaits, fraudes, pêche illégale, pollution expriment les multiples facettes d’une activité criminelle.
Quelle est, en Afrique, comme dans le reste du monde, l’importance du domaine maritime pour l’économie ? Est-ce un élément vital de l’économie et, dans de nombreux cas, un élément central de la sécurité et de la souveraineté alimentaires ? La piraterie se poursuit-elle au large des côtes somaliennes et a-telle été vaincue ? Ce livre démontre pourquoi l’insécurité maritime a un coût stratégique et économique (vulnérabilité du commerce mondial, prolifération des réseaux criminels, augmentation des assurances pour les armateurs), mais aussi un coût humain (équipages menacés, populations locales empêchées de vivre du commerce de leur pêche).
Il explique pourquoi la coopération dans le domaine de la sécurité maritime constitue un élément essentiel du partenariat qu’entretient la France avec les pays riverains du golfe de Guinée, de l’océan Indien comme de l’Indo-Pacifique.
. Sébastien Philippe, Tomas Statius, Toxique – Enquête sur les essais nucléaires français en Polynésie, Paris, Coédition PUF/Disclose, mars 2021
Entre 1966 et 1996, la France a procédé à 193 essais nucléaires en Polynésie. Le dernier sous la présidence de Jacques Chirac. En trente ans, le programme a laissé des traces : dans la société polynésienne, dans les corps de ses habitants et de nombreux vétérans, dans l’environnement de ce territoire vaste comme l’Europe. Grâce à l’exploitation de 2 000 pages d’archives déclassifiées, de centaines d’heures de calculs et des dizaines de témoignages, ce livre présente le résultat d’une enquête de plus de deux ans sur cette expérience collective, traumatique et encore taboue.
Fruit d’une collaboration inédite entre un scientifique expert du nucléaire, un journaliste du média d’investigation Disclose et Interprt, un collectif d’architectes spécialisés dans l’analyse criminalistique, ce travail met au jour ce qui a longtemps été caché au public : les conséquences sanitaires et environnementales des essais nucléaires français dans le Pacifique.
. Albert Soued, Quand le Moyen-Orient verra-t-il la paix ?, Paris, Les éditions de l’histoire, avril 2021.
L’ensemble des chroniques dans cet ouvrage, toutes parues et classées ici par thématiques, proposent une analyse exhaustive d’une situation complexe "chaotique : celle qui, depuis déjà un siècle, caractérise le Moyen-Orient, empenné dans ses multiples convulsions, tiraillé au travers des crises qui secouent la Libye, la Syrie, l’Egypte, l’Iran, le Liban, le Qatar, l’Arabie-saoudite, au milieu desquels Israël reste menacé et enclavé.
Cette situation a pris une ampleur insoupçonnée et menaçante depuis une vingtaine d’années. La principale difficulté des solutions à l’occidentale, c’est que, localement, on raisonne et on agit autrement. Ne tenant pas compte de ce décalage, les ingérences étrangères ont souvent mis de l’huile sur le feu. Finalement, se pose la question : la paix est-elle possible ? Pour Albert Soued, compte tenu de ce qui se produit depuis des décennies, elle reste peut-être une promesse illusoire.
. Anne Choquet, Camille Escudé-Joffres, Frédéric Lasserre, Géopolitique des pôles – Vers une appropriation des espaces, Paris, Cavalier Bleu, avril 2021.
Les régions polaires sont engagées dans un processus de changements climatiques majeurs qui font redouter une cristallisation des rivalités pour l’accès aux richesses minières et énergétiques, ainsi qu’aux nouvelles routes maritimes dégagées par la fonte de la banquise. Ainsi, serions-nous à l’aube d’une nouvelle Guerre froide, voire d’un conflit armé. Or, une analyse précise de la situation et des acteurs en présence montre que ces scénarios catastrophe sont grandement exagérés.
Plutôt que l’affirmation de la souveraineté individuelle des Etats, on assiste en effet à la mise en place d’une coopération au travers de traités internationaux spécifiques et d’instances de dialogue. Car l’enjeu est avant tout de gérer les impacts dévastateurs des changements climatiques au regard desquels la question de savoir à qui appartiennent les pôles est bien dérisoire...
. Christophe Juhel, Conflits politiques et religieux en Afrique subsaharienne, Paris, Presses universitaires de Perpignan, avril 2021.
Cet ouvrage présente des diagnostics et des préconisations émanant des meilleurs spécialistes de la question, en Afrique de l’ouest, des conflits en Afrique subsaharienne. Sont étudiées les formes que prend la conflictualité dans cette partie du monde (terrorisme, trafics de drogues, crises politiques, affrontements ethniques, criminalité ordinaire...), ainsi que les réponses qui sont apportées par les pouvoirs publics (administrations en charge du maintien de l’ordre et de la sécurité, protection des personnes vulnérables, problèmes posés du point de vue de la protection des droits de l’homme...).
. Hasni Abidi, Le Moyen-Orient selon Joe Biden, Paris, Erick Bonnier, avril 2021.
Le Moyen-Orient est-il démocrate ou républicain ? L’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche provoque des réactions contrastées dans la région. Certains Etats redoutent une rupture dans la politique étrangère américaine, d’autres relativisent l’impact d’une nouvelle administration et évoquent une redéfinition des choix et des priorités de la politique américaine au Moyen-Orient. La décision de Joe Biden de faire appel à Antony Blinken pour le département d’Etat et à Jake Sullivan pour la direction de la Sécurité nationale dénote une volonté de traduire en partie les promesses électorales en matière de politique étrangère : le retour à l’approche multilatérale, une collaboration étroite avec les alliés traditionnels de Washington et la préservation des intérêts américains.
Le président américain change, mais les intérêts américains au Moyen-Orient ne changent pas.
. Xavier Crettiez, Nathalie Duclos, Violences politiques – Théories, formes, dynamiques, Paris, Armand Colin, avril 2021.
Guerres, attentats, radicalisation, mouvements de révolte sociale... l’actualité nationale et internationale est fortement marquée par des manifestations de violences politiques extrêmes dans un contexte de chamboulement de l’ordre mondial et d’incertitudes sur l’avenir. Pour comprendre ces phénomènes et les mettre à distance, cet ouvrage propose une grille de lecture complète des violences politiques, en convoquant les apports de la sociologie politique et de celle de l’action collective.
Après une présentation des grands modèles théoriques d’explication de la violence (théories fonctionnalistes, marxistes, identitaires, émotionnelles, de la frustration...), il propose une typologie précise des violences extrêmes (terrorisation, conflictualités, etc.) et vient interroger l’activation de la violence en démocratie à des fins d’interpellation politique.
. Hélène Tordjman, La croissance verte contre la nature. Critique de l’écologie marchande, Paris, La Découverte, mars 2021.
Fabriquer de toutes pièces des micro-organismes n’ayant jamais existé pour leur faire produire de l’essence, du plastique, ou absorber des marées noires ; donner un prix à la pollinisation, à la beauté d’un paysage ou à la séquestration du carbone par les forêts en espérant que les mécanismes de marché permettront de les protéger ; transformer l’information génétique de tous les êtres vivants en ressources productives et marchandes… Telles sont quelques-unes des « solutions » envisagées aujourd’hui sous la bannière de la transition écologique, du Pacte vert européen ou du Green New Deal pour répondre tout à la fois à la crise climatique, au déclin de la biodiversité et à la dégradation de la biosphère. Sont-elles vraiment en mesure de préserver la planète ?
En disséquant les ressorts idéologiques, techniques et économiques de ce nouveau régime de « croissance verte », Hélène Tordjman montre que ses promoteurs s’attachent plutôt à sauvegarder le modèle industriel qui est la cause de la catastrophe en cours. Alors que de nouvelles générations de carburants « biosourcés » intensifient une logique extractiviste et contreproductive et que l’élargissement du droit de la propriété intellectuelle à toutes les sphères du vivant permet à quelques firmes de s’approprier l’ensemble de la chaîne alimentaire, l’attribution de prix aux « services écosystémiques », le développement de dispositifs de compensation écologique ou les illusions d’une finance prétendument verte stimulent un processus aveugle de marchandisation de la nature.
Loin d’opérer la rupture nécessaire avec le système économique qui nous conduit à la ruine, ce mouvement témoigne en réalité d’une volonté de maîtrise et d’instrumentalisation de toutes les formes de vie sur Terre et d’une foi inébranlable dans les mécanismes de marché. Refuser cette fuite en avant est le premier pas à engager pour tracer enfin une autre voie.
. Houda Laroussi, La Tunisie en pandémie. De la corruption à la solidarité, Paris, L’Harmattan, février 2021.
Cet essai montre que la pandémie que nous vivons actuellement est devenue un phénomène social qui imprime profondément les comportements individuels et collectifs et témoigne d’un virage sans précédent dans le cours des sociétés. Ce « coronavirage » constitue pour l’auteure l’occasion de se pencher sur la société tunisienne, appréhendée dans un nouveau cadre géopolitique marqué par un contexte de rivalités américano-chinoises et d’affaiblissement de l’Europe. La gestion de la pandémie révèle la permanence de la corruption politique et financière et la recrudescence du marché parallèle et des pratiques informelles. Dans cette perspective, l’auteure en appelle à un nouveau projet d’économie sociale et solidaire, qui prendrait place dans la construction d’un troisième secteur, en complémentarité avec le secteur public et le secteur privé, venant se substituer aux actuelles pratiques informelles et clandestines.
. INJEP, Génération désenchantées ? – Jeunes et démocratie, Paris, La Documentation Française, mars 2021.
Les analyses rassemblées dans ce livre présentent un tableau approfondi des valeurs juvéniles et de leurs évolutions. En s’appuyant sur de solides enquêtes, ce rapport de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP) aborde différentes entrées sur la démocratie en observant plus particulièrement les évolutions entre les différentes vagues de l’enquête européennes sur les valeurs.
Ses analyses s’intéressent aussi bien aux valeurs politiques qu’au rapport des jeunes aux normes sociales, au travail, à la famille, à l’écologie. Elles examinent aussi les différenciations à l’oeuvre selon l’âge, le niveau d’études, le genre et l’origine. Quelles sont les variations sociodémographiques observées ? Et parmi les jeunes, observe-t-on sur ces sujets beaucoup d’homogénéité ou au contraire peut-on identifier plusieurs jeunesses ?
. Jean-Numa Ducange, Quand la Gauche européenne pensait la Nation – Nation, nationalités et socialismes à la Belle Époque, Paris, Fayard, mars 2021.
La gauche doit-elle défendre la nation ? Crise du projet européen, mises en cause des frontières, retour des nationalismes et xénophobie font chaque jour l’actualité. Le dépassement des frontières nationales, qui semblait un temps aller de soi, n’était-il pas une erreur de diagnostic ? Dans des sociétés plurielles, comment peuvent coexister des populations qui ne disposent pas, à l’origine, d’une histoire partagée ? Toutes ces interrogations furent débattues par la gauche européenne au cours de son histoire.
Dans cet essai novateur élaboré à partir du monde germanophone, Jean-Numa Ducange restitue ce grand débat qui occupa les têtes pensantes du socialisme, comme le quotidien des militants. Dans la seconde moitié du xixe siècle, les premiers partis socialistes durent se confronter à une évidence : l’extension du marché et du capitalisme, pas plus que les luttes des travailleurs à l’échelle internationale, n’ont conduit à la disparition des nations.
Le Parti social-démocrate allemand n’est à l’époque pas seul à proposer des solutions, mais nul n’a alors plus d’influence à l’étranger : de Paris à Moscou, il fascine. Surtout, lui et son alter ego autrichien sont confrontés aux problèmes posés par la coexistence de multiples nationalités, tandis que la question coloniale s’impose sur le devant de la scène.
. Julie Alix, Olivier Cahn, Terrorisme et infraction politique, Paris, Mare et Martin Éditions, mars 2021.
Nos travaux consacrés à la "guerre contre le terrorisme" ont révélé les limites épistémologiques de l’exclusion du terrorisme du domaine de l’infraction politique. Y remédier imposait une étude pluridisciplinaire. Les contributions rassemblées en première partie de l’ouvrage exposent l’appréhension par les sciences juridiques, politiques et sociales du rapport entre ces notions, mal définies par le droit, et établissent la pérennité d’une question qui travaille les sciences criminelles depuis le XIXè siècle et les imperfections des justifications et des réponses juridiques apportées.
La seconde partie propose de redéfinir l’infraction politique comme une expression du droit de la démocratie de se défendre, y compris contre le terrorisme.
. Patrick Hassenteufel, Sabine Saurugger, Les politiques publiques dans la crise. 2008 et ses suites, Paris, Les Presses de Sciences Po, février 2021.
Une étude de l’action publique dans les différents pays de l’Union européenne avant, pendant et après la crise économique et financière de 2008.
Comment évoluent les politiques publiques en temps de crise ? Traditionnellement, deux visions s’opposent : certaines analyses mettent en avant la continuité, tandis que d’autres insistent sur la brutalité des changements opérés. La réalité est plus nuancée : de grandes variations s’observent selon les secteurs et les échelles, comme le montre cette étude de l’action publique dans les différents pays de l’Union européenne avant, pendant et après la crise économique et financière de 2008.
Trois grandes leçons s’en dégagent : tout d’abord, les principaux changements se sont produits aux niveaux supranationaux, signe d’un renforcement des politiques publiques internationales et européennes ; ensuite, des dynamiques antérieures portées par des acteurs réformateurs dans des domaines tels que l’emploi et la protection sociale se sont amplifiées ; enfin, les usages politiques de la crise ont joué un rôle clé dans les variations constatées entre continuité et changement. Le cadre comparatif et international que propose cet ouvrage se révèle précieux pour comprendre l’action publique menée durant les crises, jusqu’à celle de la Covid-19.
. Frédéric Charillon (sous la dir.), La France dans le monde, CNRS éditions, février 2021.
Puissance globale ou acteur européen ? Référence culturelle mondiale ou nation oubliée ? Le rang de la France dans le monde, ainsi que sa marge de manœuvre, posent aujourd’hui de nombreuses questions.
Les bouleversements géopolitiques récents, comme la montée en puissance de l’Asie, le Brexit ou le développement de populismes illibéraux, impliquent la redéfinition de l’action extérieure de la France. Du couple franco-allemand à l’alliance atlantique, en passant par le rapport aux Suds marqué par l’héritage colonial, c’est toute la relation de la France à ses voisins plus ou moins proches qui est étudiée ici. Les instruments à sa disposition sont aussi passés au crible : l’outil diplomatique, la compétence militaire, bien sûr, mais aussi la promotion de son modèle laïc.
Un livre pour mieux comprendre et penser le rôle international de la France, adapté aux temps qui viennent.
. Antoine Maire, La Mongolie contemporaine. Chronique politique, économique et stratégique d’un pays nomade, CNRS édition, février 2021
La Mongolie est principalement connue en Europe pour les conquêtes du plus illustre de ses empereurs, Gengis khan, ou pour la survivance d’un nomadisme pastoral. Ces deux éléments expliquent l’attrait d’un nombre grandissant de touristes en quête d’exotisme et d’authenticité, et suscitent une production littéraire variée, notamment de nombreux récits de voyage. Ce pays, qui a connu des bouleversements importants au cours des dernières décennies, reste pourtant méconnu en France, et ailleurs dans le monde. Une étude consacrée aux évolutions politiques, économiques et stratégiques s’imposait.
La Mongolie se distingue par quatre caractéristiques majeures : la centralité du secteur minier, l’héritage du socialisme, l’enclavement géographique, et le nomadisme pastoral. Ces éléments ont été au cœur des mutations de ce pays après sa révolution démocratique de l’hiver 1989-1990. Après avoir été le second pays au monde à adopter un mode de développement socialiste, la Mongolie a embrassé la démocratie et le capitalisme lors d’un processus de transition non-violent, exposant le pays à des défis économiques, sociaux et identitaires importants.
À quoi ressemble donc la Mongolie d’aujourd’hui ? Quelle est l’articulation entre les dynamiques économiques et politiques de ce pays asiatique richement doté en matières premières ? Quels sont les grands enjeux géopolitiques auxquels font face les autorités ? Quelle nouvelle stratégie de sécurité ont-elles élaborée face à leurs deux voisins géants, la Chine et la Russie ? Dressant le portrait de cette « nouvelle » Mongolie, Antoine Maire nous introduit à son parcours original et complexe, loin des clichés parfois véhiculés sur ce pays.
Antoine Maire est chercheur associé à la Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS). Il a été chargé de mission au ministère des Armées, où il a suivi les évolutions stratégiques en Asie du Nord-Est, et notamment en Mongolie. Il a publié Les Mongols, insoumis (Ateliers Henry Dougier, 2016).
. Laurence Duboys Fresney, Atlas des Français. Plus de 180 cartes et graphiques. éd. Autrement, 2021
En 2021, les Français sont désormais bien entrés dans le XXIe siècle. À quoi ressemble aujourd’hui notre société ? Les discriminations face à l’emploi s’atténuent-elles pour les enfants de l’immigration ? Quels sont les bastions qui restent à conquérir pour les « petites-filles du baby-boom » ? Quels sont les nouveaux visages de la délinquance, et le sentiment d’insécurité est-il rationnel ? Quels sont les départements qui profitent le plus des mouvements de population ?
Droit à l’éducation, accès au logement, pouvoir d’achat, éclatement de la classe moyenne, épargne, place des femmes, des jeunes et des seniors, services publics, influence de la religion, accès au numérique ou équilibre entre travail et loisirs : le bilan que dresse l’auteur met en lumière la complexité et les paradoxes de la société française. L’impact de la pandémie comme accélérateur du changement social est également abordé dans un premier état des lieux.
Grâce à 180 cartes, graphiques et infographies présentant les résultats des dernières enquêtes et statistiques de l’Observatoire français des conjonctures économiques de Sciences Po, cet atlas passionnant dévoile les grandes tendances mais aussi les constantes des transformations à l’œuvre.
. Bernard Rougier, Figures du jihad mondial, Paris, PUF, mars 2021.
Avant-propos inédit de Bernard Rougier Dans la première partie, " Qu’est-ce que le salafisme ? ", l’auteur se propose d’expliquer le salafisme en restituant les dimensions théologiques, sociales et politiques d’un phénomène complexe. Ce mouvement a acquis une forte visibilité en France ces dernières années et les figures emblématiques du terrorisme international s’en réclament pour justifier leur lutte contre l’Occident.
Cet ouvrage restitue les dimensions théologiques, sociales et politiques d’un phénomène complexe. Il montre comment des influences religieuses ayant leur origine dans la péninsule arabique parviennent à modifier les comportements de certains musulmans et pourquoi cette forme de pratique religieuse se développe. La seconde partie, L’Oumma en fragments, répond à une double ambition : proposer une grille de lecture des formes d’action militante au Moyen-Orient et l’appliquer à plusieurs séquences de mobilisations ancrées dans l’espace du Nord-Liban, à travers une étude en situation du comportement de ses principaux acteurs.
L’hypothèse théorique porte sur l’existence dans l’espace de crise du Levant (Palestine, Liban, Syrie) d’un triangle militant structuré autour de trois modèles d’engagement : le résistant (mouqâwim), le combattant (mouqâtil) et le combattant du jihâd (moujâhid). Ces trois figures, qui disposent chacune de leurs règles et de leurs modalités propres d’action, s’affrontent sur le sens et le statut de l’islam sunnite dans la région.
. Christian Kabore, Marc Roch, Burkina Faso, un rempart au Sahel – Entretiens avec Michael Darmon, Paris, L’Archipel, mars 2021.
Du fait de sa situation géopolitique, le Burkina Faso joue un rôle essentiel dans la guerre contre le djihadisme. Son président, Roch Marc Christian Kaboré, évoque pour la première fois les luttes et les enjeux du conflit en cours au Sahel, bataille qui se déroule sous les yeux de l’Europe. En première ligne de la guerre contre le terrorisme, le Burkina Faso est un rempart au cœur du Sahel. Pour la première fois, son président, Roch Marc Christian Kaboré, évoque le théâtre militaire où se jouent la sécurité et l’équilibre de l’Occident.
A la tête du G5 Sahel ces dernières années, le Burkina Faso, où s’élabore une mutation démocratique inédite dans cette région du monde, est un pays soumis à de multiples tensions internes. Le président Kaboré a fait évoluer ce pays d’un régime fort vers un État de droit se fondant sur une Constitution garante de la vie démocratique. La lutte contre la pauvreté et le développement économique sont des préoccupations quotidiennes, mais l’espoir vient du sous-sol : le Burkina possède la plus grande réserve de manganèse au monde ; la future reprise en main de son exploitation par l’exécutif burkinabé recèle un fort potentiel de croissance.
Sur le plan extérieur, le Burkina Faso est devenu un carrefour géopolitique. Les grandes puissances y sont présentes et les services de renseignement occidentaux suivent de près la bataille incessante contre le djihadisme. Une course contre la montre est engagée : si les Etats du Sahel s’effondrent, un nouvel État islamique prendrait pied au sud de l’Europe. Attentats, prises d’otages, opérations militaires...
: pour la première fois, un dirigeant du Sahel raconte la guerre secrète qui se livre dans cette région du monde, depuis l’intérieur des sommets internationaux et des cellules de crise.
. Henri Clément, Les mercenaires au Congo – 1965-1968, Paris, Histoire et Collections, mars 2021.
Si de nombreux ouvrages ont raconté les débuts de l’indépendance du Congo Belge, l’échec de l’indépendance du Katanga et l’assassinat de Patrice Lumumba, quasiment rien n’avait été écrit les évènements depuis la prise pouvoir par le général Mobutu, jusqu’à la fin des mercenaires, soit juillet 1965 à juillet 1968. Ce livre est une synthèse des différentes actions politiques et militaires qui s’y superposèrent dans le plus grand désordre.
Mais aussi et surtout l’histoire des mercenaires qui tentèrent durant trois années de rétablir un semblant d’ordre dans un pays totalement déchiré. Grâce à eux, Mobutu a pu s’installer au pouvoir avec la complicité active des Etats-Unis et de la CIA. Lorsque les " Affreux ", pour de multiples raisons de politique intérieure et panafricaine, devinrent inutiles, il fallut trouver une solution pour s’en débarrasser.
Voici leur histoire abondamment illustrée de photos en majorité inédites et de cartes pour situer toutes les opérations dans ce pays en flamme. Pour réaliser cet ouvrage, l’auteur Henri Clément a consulté toutes les archives disponibles et rassemblé les témoignages d’anciens mercenaires ou colons qui avaient jusqu’à maintenant gardé le silence.
. Marc Feix, Bâtir ensemble l’Europe – Cinquante ans du Saint-Siège au Conseil de l’Europe, Paris, Cerf, mars 2021.
L’Église catholique s’est impliquée dans la construction européenne dès son origine. A l’occasion du cinquantième anniversaire de la Mission permanente du Saint-Siège au Conseil de l’Europe à Strasbourg, des journées interdisciplinaires organisées par la Faculté de théologie catholique de l’Université de Strasbourg ont exploré certains aspects de sa présence et de l’engagement des chrétiens dans la conscience collective qui rassemble les peuples et les Etats du continent.
La géographie, la politique ou l’économie ne forgent pas à elles seules une histoire commune. Les convictions et les croyances y contribuent pour leur part. Cet ouvrage aborde d’abord les questions relatives aux chrétiens dans la construction européenne : présence institutionnelle et autres engagements chrétiens campent le paysage religieux européen général au moment où le projet européen est mis en question.
Il interroge ensuite les principes et fondements. L’exégèse biblique et la théologie permettent de réfléchir aux nouveaux rapports entre foi et politique et les éléments qui peuvent contribuer à la construction de la " maison commune européenne " et notamment du point de vue de la défense des droits humains fondamentaux et le respect de la dignité de la personne. Enfin, l’attention portée aux questions éthiques (bioéthique, nouvelles technologies, accueil des migrants...), à l’éducation et la culture, donne l’occasion d’illustrer l’engagement des chrétiens en ces domaines au sein d’organisations internationales.
. Yvonnick Denoël, Les espions du Vatican – De la Seconde Guerre mondiale à nos jours, Paris, Nouveau monde, mars 2021.
Officiellement, le Vatican n’a pas de service d’espionnage... Mais cela ne veut pas dire que personne ne s’y occupe de renseignement ! Le Saint-siège a toujours été la cible de services secrets étrangers. Persuadés que le Vatican dispose d’un réseau de renseignement sans équivalent, ils veulent soit en percer les secrets, soit s’en faire un allié. Pendant la Seconde Guerre mondiale et la guerre froide, Rome a été un véritable nid d’espions de toutes nationalités.
Sous couverture de diverses institutions comme la secrétairerie d’État, certains monsignori ou simples prêtres se sont impliqués dans des missions allant de la chasse aux " taupes " à la diplomatie secrète, en passant par des enquêtes sur les assassinats de prêtres ou des scandales susceptibles d’éclabousser l’Église, mais aussi des missions à haut risque de l’autre côté du rideau de fer. Pour la première fois, ce livre raconte de façon aussi complète que possible 80 années de guerres secrètes et de coups tordus.
L’ouverture des archives de nombreux services ayant travaillé contre ou avec le Vatican permet de lever le voile sur des affaires longtemps ignorées. L’infiltration de prêtres russophones en Union soviétique sous Staline, presque tous démasqués par le KGB, les négociations secrètes menées par Jean XXIII avec Khrouchtchev par des intermédiaires peu conventionnels, les relations étroites du cardinal Montini, futur Paul VI, avec la CIA, l’infiltration agressive du Vatican par les différents services du bloc de l’est, les fonds secrets de la banque du Vatican destinés à combattre le communisme en Amérique du Sud, puis à soutenir la lutte de Solidarnosc en Pologne...
Ces épisodes et bien d’autres dessinent une autre histoire de la papauté contemporaine. La chute du communisme a marqué la victoire personnelle de Jean-Paul II, sans doute le pape qui s’est le plus impliqué personnellement via une petite cellule de prêtres polonais dans des opérations secrètes à haut risque. Mais elle n’a pas marqué la fin de l’histoire : l’ouvrage aborde également les affrontements souterrains qui ont opposé certains groupes au sein de l’Église (comme les Jésuites et l’Opus Dei), avec des méthodes dignes des services secrets et l’implication de la CIA.
Il revient enfin sur les affaires financières controversées de l’Église dans les années 1970-80 et leurs effets non encore expliqués à ce jour. Historien et spécialiste du renseignement, Yvonnick Denoël a notamment publié chez Nouveau Monde éditions Histoire secrète du XXe siècle, Le Livre noir de la CIA, Les guerres secrètes du Mossad et Mémoires d’espions.
. Fondation Sefacil, Yann Alix, Michèle Montantin, José M. Pagés Sánchez (dir.) Les Océanides, Dinámicas portuarias en el Caribe y América Latina. Ports in transition to face global challenges.
Ce septième tome en téléchargement gratuit au format PDF met en perspective combien les espaces portuaires latino-caribéens ont consolidé leur rôle fondamental dans le développement socio-économique des Amériques.
Les expertises de 68 contributeurs en provenance de 12 pays et en trois langues soulignent l’impérieuse nécessité de projeter des coopérations régionales cohérentes au service des populations et des territoires, sans jamais nuire à l’environnement. Télécharger gratuitement
. Frédéric Charillon, La France dans le monde, Paris, CNRS Éditions, février 2021.
La France dans le monde puissance globale ou acteur européen ? Référence culturelle mondiale ou nation oubliée ? Le rang de la France dans le monde, ainsi que sa marge de manoeuvre, posent aujourd’hui de nombreuses questions. Les bouleversements géopolitiques récents, comme la montée en puissance de l’Asie, le Brexit ou le développement de populismes illibéraux, impliquent la redéfinition de l’action extérieure de la France.
Du couple franco-allemand à l’alliance atlantique, en passant par le rapport aux Suds marqué par l’héritage colonial, c’est toute la relation de la France à ses voisins plus ou moins proches qui est étudiée ici. Les instruments à sa disposition sont aussi passés au crible : l’outil diplomatique, la compétence militaire, bien sûr, mais aussi la promotion de son modèle laïc. Un livre pour mieux comprendre et penser le rôle international de la France, adapté aux temps qui viennent.
. Jacques Didier Lavenir Mvom, L’Afrique de la défense et de la sécurité. Contribution pour l’émergence d’une nouvelle approche des questions de défense et de sécurité en Afrique, Paris, L’Harmattan, février 2021.
Quelles sont la réalité et la pertinence de la mise en oeuvre de la politique africaine commune de défense et de sécurité de l’Union africaine ? Est-elle toujours inspirée de la vision des pères fondateurs de l’Organisation panafricaine lors de sa création en 1963 ? Confrontée aux exigences sécuritaires et aux défis du XXIe siècle, la suggestion faite lors des indépendances a-t-elle été démentie ? Cependant, l’option qui a été prise pour le règlement des crises internes en Afrique, induisant les opérations de maintien de la paix comme une approche exclusive de règlement des crises internes du continent empêche d’aller vers la création d’une véritable armée pour la défense territoriale du continent contre des agressions extérieures.
En l’état actuel des performances de la Force africaine en attente, des limites sont perceptibles. L’opérationnalisation de la politique africaine commune de défense et de sécurité présente d’autres limites puisque des pans entiers de la sécurité sont absents dans l’architecture de paix et de sécurité de l’UA, à l’exemple des services de police, des services des douanes, de la protection de l’environnement, de la protection ou de la défense civile...
Cet ouvrage re-conceptualise la politique africaine commune de défense et de sécurité, dans le sens suggéré par les premiers panafricanistes et dont les raisons de la proposition de la défense territoriale africaine semblent jusque-là vérifiées.
. Jean-Claude Cousseran, Philippe Hayez, Nouvelles leçons sur le renseignement, Paris, Odile Jacob, février 2021.
Comment fonctionnent les systèmes nationaux de renseignement ? De quels moyens disposent-ils ? Face aux défis nouveaux que sont le terrorisme international, l’espionnage économique, les cyberattaques, voire les cyberguerres, comment sont élaborées et conduites les politiques de renseignement ? Avec quels succès et quels échecs ? La mise en oeuvre des techniques du renseignement est-elle compatible avec l’exigence démocratique ? Comment définir ce que pourraient être des relations vertueuses entre l’exécutif et les professionnels du renseignement ? Telles sont quelques-unes des questions essentielles auxquelles ce livre, le premier du genre en langue française, écrit par deux professionnels reconnus, s’efforce de répondre.
Pour la première fois, la pratique réelle du renseignement sort de l’ombre où elle était confinée. Très complet, fourmillant d’exemples et reposant sur de larges comparaisons internationales, cette nouvelle édition, à jour et enrichie, d’un ouvrage devenu de référence passionnera tous ceux qui s’intéressent au renseignement d’État mais aussi à l’intelligence économique.
. Jean-Marc Le Page, La bombe atomique – De Hiroshima à Trump, Paris, Passés Composés, février 2021.
Voici une histoire totale et inédite des " crises nucléaire ", à savoir les moments où le monde manqua d’être détruit par la bombe atomique. Des explosions nucléaires au Japon en 1945 à la très récente escalade entre l’Iran et les États-Unis, en passant par la crise du détroit de Formose entre Taïwan et la Chine populaire (1954), Dien Bien Phu (1954), celle des missiles du Cuba (1962) ou encore celle de la guerre du Kippour (1973), l’auteur dévoile les coulisses diplomatiques et militaires de ces instants où l’humanité retint son souffle.
Au cours de cette enquête sans précédent, fondée sur des témoignages de première main, on croise les principaux dirigeants des soixante-dix dernières années, Truman, Staline, Mao, de Gaulle, etc., mais aussi des femmes et des hommes des services secrets, James Bond méconnus et géniaux, qui ont, parfois, permis d’éviter le pire grâce à leur professionnalisme et à leur patriotisme. Odyssée glaçante et fascinante, ce livre est aussi une contribution sans précédent sur les doctrines nucléaires, lesquelles éclairent de façon décisive les tournants de la deuxième moitié du XXe siècle.
. Matthieu Auzanneau, Or noir - La grande histoire du pétrole, Paris, La Découverte, janvier 2021.
Depuis les premiers puits désormais à sec jusqu’à la quête frénétique d’un après-pétrole, du cartel secret des firmes anglo-saxonnes (les "Sept Soeurs") jusqu’au pétrole de schiste, Or noir retrace l’irrésistible ascension de la plus puissante des industries. Ce livre éclaire d’un jour inattendu des événements cruciaux - l’émergence de l’URSS, la crise de 1929, les deux guerres mondiales, les chocs pétroliers, les guerres d’Irak, la crise de 2008, etc. -, bousculant au passage beaucoup de fausses certitudes. Le pétrole, notre source primordiale et tarissable de puissance, est présent à l’origine des plus grands déchaînements du siècle passé. Or la fin de ce carburant de l’essor de l’humanité devrait se produire bien avant que ce siècle ne s’achève. De gré ou de force. Et nul ne peut dire où cette fin nous conduira.
. Laurence Badel, Diplomaties européennes, XIXe - XXIe siècle, Presses de Sciences Po, février 2021.
L’Europe de la diplomatie, dont cet ouvrage propose une histoire inédite, est celle de la cohabitation de ses grands, moyens et petits États, conjuguant diplomatie de puissance, diplomatie commerciale et diplomatie des valeurs, des empires multinationaux aux États-nations.
Les diplomaties européennes se caractérisent par la variété des pratiques, que ce soit dans la formation des personnels, la place faite aux femmes, la culture et la langue de négociation ou encore la manière de construire des réseaux et d’affirmer les identités.
L’Europe de la diplomatie, dont cet ouvrage propose une histoire inédite, est d’abord celle de la cohabitation de ses grands, moyens et petits États, conjuguant diplomatie de puissance, diplomatie commerciale et diplomatie des valeurs. Elle est aussi, des empires multinationaux aux États-nations, celle des coopérations qui se recomposent dans un cadre régional tout en se confrontant aux pratiques d’autres sphères.
La profonde transformation contemporaine du métier de diplomate doit se lire au regard de ces traditions, exposées à la complexité accrue des missions et à l’affirmation d’acteurs paradiplomatiques. Des usages propres à l’Union européenne se mettent en place lentement.
Pour autant, les rapports de puissance entre les États de l’Europe et le caractère éminemment politique de leurs échanges économiques et culturels demeurent.
. Anne Choquet, Camille Escudé-Joffres, Frédéric Lasserre, Géopolitique des pôles – Vers une appropriation des espaces, Paris, Cavalier bleu, avril 2021.
Les régions polaires sont engagées dans un processus de changements climatiques majeurs qui font redouter une cristallisation des rivalités pour l’accès aux richesses minières et énergétiques, ainsi qu’aux nouvelles routes maritimes dégagées par la fonte de la banquise. Ainsi, serions-nous à l’aube d’une nouvelle Guerre froide, voire d’un conflit armé. Or, une analyse précise de la situation et des acteurs en présence montre que ces scénarios catastrophe sont grandement exagérés.
Plutôt que l’affirmation de la souveraineté individuelle des Etats, on assiste en effet à la mise en place d’une coopération au travers de traités internationaux spécifiques et d’instances de dialogue. Car l’enjeu est avant tout de gérer les impacts dévastateurs des changements climatiques au regard desquels la question de savoir à qui appartiennent les pôles est bien dérisoire...
. Éric Mottet, La puissance décomplexée de la Chine, Montréal, PU Montréal, mars 2021.
Dans moins d’une génération, l’ordre géopolitique et géoéconomique mondial sera manifestement différent de celui que nous connaissons aujourd’hui, ces dynamiques à l’oeuvre étant le résultat de la puissance décomplexée de la Chine et des « nouvelles routes de la soie ». Amorcé en 2013, le mégaprojet Belt and Road Initiative (BRI), avec pour objectif le déploiement à partir de la Chine d’un ensemble multiforme d’initiatives économiques, commerciales, géopolitiques, diplomatiques et normatives, suscite spéculations et inquiétudes. Il vise la construction d’importantes infrastructures de transport reliant la Chine au reste du monde, tout en développant des flux commerciaux et en améliorant la connectivité entre la Chine et des régions qu’elle vise pour ce faire. À la fois projet commercial ambitieux, plan « civilisationnel » pour faire de la Chine une puissance d’envergure mondiale, le BRI annonce irrémédiablement un nouveau rapport de force international.
. François Bolot, Jean-François Bolot, Influence des grandes épidémies sur le cours de l’histoire. Pour mieux comprendre la pandémie, un texte de 1979, Paris, L’harmattan, février 2021.
Cette étude historique (publiée initialement en 1979) des épidémies est accompagnée de la description de leurs symptômes par deux médecins réanimateurs. Elle permet de revivre les difficultés que les pays doivent affronter pour se maintenir. Lors des guerres, les épidémies font souvent plus de morts que les armes. Les foyers d’origine des virus sont historiquement connus : choléra du Bengale, variole d’Éthiopie, peste de Malaisie et de Mongolie, lèpre de Perse et sarrasine. Il apparaît qu’une épidémie peut en chasser une autre : la peste fait disparaître la variole et la fièvre jaune par exemple. Les découvertes médicales ont identifié les agents vecteurs et trouvé des remèdes : en 1820, le paludisme transmis par le moustique ; en 1894, la peste transmise par la puce du rat ; en 1908, le typhus transmis par le pou ; et en 1914, le vaccin contre la typhoïde.
. Jean-Louis Ricaud, Énergie nucléaire : le vrai risque, Paris, Fayard, février 2021.
La population de la planète va continuer de croître et son niveau de vie de s’améliorer, conduisant d’ici 2050 à une hausse de la consommation mondiale d’énergie de l’ordre de 50 %. L’énergie nucléaire, associée aux énergies hydraulique, éolienne ou solaire, constitue la seule solution disponible pour satisfaire ce besoin en énergie, qui permette de réduire la place des combustibles fossiles et donc de limiter les rejets de CO2. Mais, comme toute activité humaine, l’industrie nucléaire comporte des risques ; toutefois, ces risques sont parfaitement maîtrisables, et bien mieux maîtrisés que dans beaucoup d’autres industries. Le recours à l’énergie nucléaire devrait ainsi apparaître incontournable aux gouvernements, notamment européens et français, qui ont placé la neutralité carbone au cœur de leurs stratégies. Ce choix de l’énergie nucléaire – qui est recommandé aussi bien par le GIEC que par l’Agence internationale de l’énergie – doit s’accompagner d’une gouvernance irréprochable, prérequis fondamental à l’adhésion de l’opinion publique à son usage dans le long terme. Finalement, le vrai risque pour les décennies à venir serait de ne pas tirer parti des performances démontrées de l’énergie nucléaire, énergie totalement décarbonée, économiquement abordable, "environnementalement" acceptable, et de continuer à utiliser des systèmes énergétiques coûteux et polluants. C’est à cette réflexion stratégique que ce livre a l’ambition de contribuer.
. Marion Van San, Daesh : comment un État a organisé la vie intime de ses citoyens, Paris, Boîte à Pandore, mars 2021.
Un ouvrage fort qui décrypte un phénomène de société méconnu, une architecture sociale et humaine qui valorise, encourage et régule sous couvert de piété les pulsions sexuelles. L’Etat Islamique, et la doctrine salafo-whahabbite sur laquelle il s’était bâti, a la particularité de faire entrer le dogme religieux, et donc le contrôle social, jusque dans l’intimité de ses adhérents. La religion gère donc le mariage et la sexualité.
Pour éclairer non seulement une des raisons des départs vers la zone syrienne, mais aussi l’attrait de cette doctrine sur des jeunes pourtant tous éduqués dans des Etats démocratiques aux mœurs ouvertes, Marion Van San a enquêté sur la sphère de l’intime auprès de jeunes femmes parties faire le djihad. A son grand étonnement, et à celui des lecteurs, elle livre, dans un ouvrage solide, nourri de nombreux témoignages, la schizophrénie dans laquelle l’EI plongeait ses adeptes.
En zone irako-syrienne, sur les réseaux sociaux de recrutement, on ne parlait pas beaucoup de religion mais bien de sexe. Et, contrairement aux idées reçues de lutte pour la ouma, de la défense du prophète de l’islam ou de l’installation d’un califat pieux, la sociologue décrypte une architecture sociale et humaine qui ne fait que valoriser, encourager et réguler sous couvert de piété les pulsions sexuelles.
. Michel Foucher, Arpenter le monde. Mémoires d’un géographe politique, Paris, Robert Laffont, février 2021.
Un demi-siècle autour du monde par l’un des plus grands géographes français. Riche de ses voyages dans quelque cent vingt-cinq pays - les deux tiers des Etats membres des Nations unies -, Michel Foucher explore ici les voies d’une géographie vécue comme active et engagée : en chercheur et cartographe, consultant et diplomate, analyste et témoin impliqué. Enquêtes de terrain et entretiens forment, pour ce grand spécialiste des frontières, la matière première de la géographie - une géographie débouchant sur une géopolitique appliquée.
Car Michel Foucher en est convaincu : il est souvent possible d’anticiper les tensions si l’on donne aux représentations spatiales leur juste place dans l’imaginaire des peuples et des acteurs publics. Après une longue carrière, le temps était venu pour lui de procéder à ce que les officiers de l’armée de terre nomment un " retour d’expérience ", ou " retex " - analyse sans concession des succès et des échecs.
Confrontant les passés étudiés aux présents observés, ces Mémoires dessinent une carte passionnante des enjeux du monde contemporain.
. Anne-Cécile Robert, L’Afrique au secours de l’Occident, Paris, Éditions de l’Atelier, mars 2021.
Entre les discours selon lesquels l’Afrique ne seraient pas " entrée dans l’histoire ", ceux qui ne se fondent que sur l’orthodoxie économique opposant Nord développé et Sud qui ne le serait pas, et des visions archaïques bien souvent héritées du passé colonial, le continent africain souffre, en Occident, d’une réputation peu enviable. Une réputation aussi fausse que condescendante et que symbolisait déjà, en son temps, le Négrologie de Stephen Smith.
A l’opposé de ces visions étriquées, l’ouvrage d’Anne-Cécile Robert repose sur une connaissance profonde des réalités culturelles, économiques et politiques du continent, comme des regards qui sont portés sur lui. En posant ouvertement la question " et si, à l’inverse des croyances les plus diffuses, il était possible que l’Occident ai besoin de l’Afrique et non le contraire ? ", Anne-Cécile Robert inverse le champ d’analyse et permet d’interroger nos propres modèles économiques (en crise depuis des années) et auxquels l’Afrique pourrait fournir des réponses, notamment quant à la transition vers un modèle plus harmonieux dans l’équilibre entre les êtres humains et leur environnement.
. Chantal Roromme, Comment la Chine conquiert le monde. Le rôle du pouvoir symbolique, Montreal, PUM, novembre 2020.
Quels facteurs constituent la puissance actuelle de la Chine, qui est apparemment en pleine ascension ? Quelle est cette « menace chinoise » et en quoi ébranle-t-elle les bases de l’hégémonie américaine et celles de l’ordre mondial libéral ? Est-ce en raison des craintes inspirées par sa puissance militaire, comme le voudrait la perspective axée sur le hard power, ou à cause de l’attrait magnétique du rayonnement de sa culture, selon la théorie du soft power ? Ce livre, richement documenté et écrit dans une langue bien maîtrisée, apporte une contribution importante à l’un des plus grands débats contemporains en relations internationales. En présentant un cadre théorique original, inspiré de l’optique symbolique, l’auteur offre une explication à la fois plus intégrale et plus nuancée que celles que proposent les deux perspectives conventionnelles en relations internationales. Il explique avec brio la fascination paradoxale grandissante exercée par la puissance asiatique non seulement sur les pays en développement et ceux anciennement communistes, mais également sur un nombre croissant de pays démocratiques et industrialisés en Occident.
. Christian Kabore, Marc Roch, Burkina Faso, un rempart au Sahel – Entretiens avec Michel Darmon, Paris, L’Archipel, mars 2021.
Du fait de sa situation géopolitique, le Burkina Faso joue un rôle essentiel dans la guerre contre le djihadisme. Son président, Roch Marc Christian Kaboré, évoque pour la première fois les luttes et les enjeux du conflit en cours au Sahel, bataille qui se déroule sous les yeux de l’Europe. En première ligne de la guerre contre le terrorisme, le Burkina Faso est un rempart au coeur du Sahel. Pour la première fois, son président, Roch Marc Christian Kaboré, évoque le théâtre militaire où se jouent la sécurité et l’équilibre de l’Occident.
A la tête du G5 Sahel ces dernières années, le Burkina Faso, où s’élabore une mutation démocratique inédite dans cette région du monde, est un pays soumis à de multiples tensions internes. Le président Kaboré a fait évoluer ce pays d’un régime fort vers un Etat de droit se fondant sur une Constitution garante de la vie démocratique. La lutte contre la pauvreté et le développement économique sont des préoccupations quotidiennes, mais l’espoir vient du sous-sol : le Burkina possède la plus grande réserve de manganèse au monde ; la future reprise en main de son exploitation par l’exécutif burkinabé recèle un fort potentiel de croissance.
Sur le plan extérieur, le Burkina Faso est devenu un carrefour géopolitique. Les grandes puissances y sont présentes et les services de renseignement occidentaux suivent de près la bataille incessante contre le djihadisme. Une course contre la montre est engagée : si les Etats du Sahel s’effondrent, un nouvel Etat islamique prendrait pied au sud de l’Europe. Attentats, prises d’otages, opérations militaires... : pour la première fois, un dirigeant du Sahel raconte la guerre secrète qui se livre dans cette région du monde, depuis l’intérieur des sommets internationaux et des cellules de crise.
. Frédéric Frachon, Philippe Gensou, La France va-t-elle sortir de l’histoire ? Pourquoi et comment il faut agir, maintenant, Paris, VA Éditions, janvier 2021.
Bien que la définition actuelle de la sécurité nationale française apparaisse pertinente et adaptée, son application dans les faits demeure hétérogène et inégale. La sécurité économique ne bénéficie pas d’un soutien à la hauteur des enjeux et notre indépendance stratégique souffre d’un manque de vision et de cohérence à long terme. La gouvernance et la coordination des politiques publiques sont bien souvent inefficaces, par défaut d’une véritable remise en cause en tirant les leçons des échecs passés.
Nous assistons pourtant chaque jour aux joutes informationnelles et bras de fer juridiques de pays tiers en recherche de puissance, caractérisant une guerre globalisée sur le terrain économique. Sur cet échiquier mondial où la France doit manœuvrer au mieux de ses intérêts vitaux, une posture intellectuelle idéologique trop naïve, essentiellement défensive, ne lui permet plus de relever ce défi de la mondialisation en accroissant ses richesses.
C’est avec lucidité que la France doit reconnaître puis s’approprier les formats modernes revêtus par la puissance, faute de quoi elle sortira tout simplement de l’histoire. Il est plus que temps de réagir !
. Micheline Calmy-Rey, Pour une neutralité active – De la Suisse à l’Europe, Paris, PPUR, mars 2021.
La neutralité de certains Etats, dont la Suisse, revient épisodiquement dans le débat politique, mais elle est souvent mal comprise et source de confusions. Forte de son expérience de ministre des Affaires étrangères et de présidente de la Confédération suisse, Micheline Calmy-Rey propose une mise au point éclairante et engagée. Défini par le droit international comme une promesse de non-intervention militaire en cas de guerre, le concept de neutralité doit être revisité à l’aune des nouvelles menaces - politiques, économiques, sociales, technologiques, climatiques - qui fragilisent l’équilibre mondial.
A l’heure où le multilatéralisme des Nations Unies se confronte à la défiance de plusieurs grandes puissances, Micheline Calmy-Rey plaide pour une interprétation contemporaine de la neutralité, active, investie d’une mission de promotion de la paix et résolument éloignée du mythe du repli. Elle y voit non seulement un positionnement stratégique pour la Suisse, mais aussi une source d’inspiration pour une Union européenne plus puissante et plus présente dans un monde polarisé.
Préface de François Hollande Contributions de Jean Ziegler et Roger Köppel.
. Stéphane Jettot, François-Joseph Ruggiu, L’Angleterre à l’époque moderne. Des Tudors aux derniers Stuarts, Paris, Armand Colin, mars 2021.
La période comprise entre le XVIe siècle et le XVIIIe siècle marque une phase essentielle dans l’émergence de l’Angleterre comme puissance majeure, soucieuse de se distinguer de ses voisins continentaux. La rupture avec la Papauté, la victoire sur l’Invincible Armada, l’exécution de Charles Ier en 1649 ou la Glorieuse Révolution de 1689 sont autant d’événements dont la mémoire conserve la trace jusqu’à nos jours. Attentif à restituer les luttes, les réformes politiques et religieuses qui marquent la période, ce livre dépeint en outre les évolutions sociales et culturelles d’une population transformée par les migrations et la croissance urbaine.
Soucieux de présenter les derniers développements historiographiques, il précise le cadre européen des réformes britanniques, met en lumière le développement des actions civiques, souligne le rôle des colonies et donne aux voisins britanniques (Gallois, Irlandais, Écossais) toute leur place. Afin de restituer le renouvellement des connaissances et de l’analyse sur cette période, Un large choix de sources – archives, imprimés, iconographie – permet, à travers les annexes, d’approfondir les problématiques essentielles en s’initiant à la technique du commentaire de document. Enfin, un ensemble d’outils pédagogiques : chronologie, glossaire et bibliographie, donne les clefs nécessaires pour pénétrer plus avant dans l’histoire foisonnante de l’Angleterre à l’époque moderne.
. Alain Lempereur, Puissance de la médiation. Contre la guerre civile – A la rencontre des joies d’une paix durable, Paris, Descartes & Cie, janvier 2021.
Comment inverser les spirales d’escalade, ramener la paix dans un conflit collectif et même en guerre civile ; en somme, rapprocher des adversaires de longue date ? Comment les aider à se reparler, s’écouter, négocier et s’accorder ? L’intensité des conflits partout dans le monde, au Moyen Orient ou en Afrique, en Amérique ou en Europe, appelle à un changement radical pour moins s’agresser, s’ignorer ou se détruire.
La médiation a le pouvoir d’y contribuer. C’est dans l’Afrique des Grands Lacs que l’auteur a facilité des rencontres entre représentants de forces ennemies. Il en présente le récit dans ce livre. Comment agit-il, en pleine conscience des contextes sensibles où il intervient ? Comment des parties qui se haïssent arrivent-elles déjà à se réunir dans un même espace, à recréer la confiance, à dialoguer, à s’expliquer et se reconnaître, sans renoncer à leurs convictions ? Comment, par le dialogue, saisissent-elles le pouvoir inouï d’une négociation responsable et en tirent-elles des joies inespérées ? En consacrant quelques jours de leur vie à une telle rencontre improbable, des opposants, sensibilisé par un tiers extérieur, ont redécouvert l’humanité de leurs ennemis.
Cette expérience nouvelle a mobilisé des expériences de communication et des jeux de rôles. Des échanges approfondis ont favorisé des relations apaisées, mais aussi des solutions mutuellement bénéfiques. Ces ateliers de médiation ont transformé la manière dont nombre de participants ont négocié leur sortie du conflit. L’auteur, réaliste, prouve aussi que le succès ne se vérifie qu’une fois que les accords obtenus sont exécutés dans les faits et consacrés dans la durée.
. Antoine-Joseph Assaf, L’islam radical – Histoire, pensée, géopolitique, Paris, Eyrolles, mars 2021.
Assassinat d’otages, menace terroriste, engagement "djihadiste" de jeunes Européens... L’ "Etat islamique", visage d’épouvante de l’islam radical, synonyme de barbarie, embrase les esprits et laisse perplexe. Pour éclairer l’actualité de façon constructive, et tracer un pont entre l’Orient et l’Occident, cet ouvrage propose un retour historique et une analyse philosophique du radicalisme, aux sources millénaires et religieuses.
Il produit aussi une analyse géopolitique des formes contemporaines de l’islam radical. Enfin, il dresse le bilan géostratégique de la situation internationale depuis le 11 septembre.
. Dominique Chevalier, Mariette Sibertin-Blanc, Géographies de la colère. Ronds-points et pré carrés, Paris, l’Harmattan, janvier 2021.
Ce numéro de Géographie et cultures ambitionne de questionner les traductions spatiales de ces colères. À la faveur d’un mouvement inédit en France difficile à comprendre et à décrypter avec des grilles classiques des sciences humaines et sociales, les différents articles analysant les logiques spatiales des Gilets jaunes traduisent un besoin de renouvellement des cadres de compréhension : les ronds-points périphériques deviennent des pôles de luttes et parfois de violences policières, la cartographie devient participative en demeurant un outil de combat, le périurbain n’est (toujours) pas une périphérie homogène. Des échos sont clairement identifiables dans d’autres colères issues de l’injustice de traitement : l’accès aux services publics, la violence faite aux femmes, aux Noirs (aux États-Unis).
. Pascal Martinet, Qatar, l’enfer du décor – la face cachée de la démesure,Paris, La Boite à Pandore, janvier 2021.
Le surprenant témoignage d’un journaliste français qui s’est glissé cinq années durant dans les coulisses des médias de l’émirat. Embauché à la télévision qatarie, l’auteur, journaliste français, a vécu cinq ans à Doha, lui donnant l’occasion de découvrir la réalité d’un pays tiraillé entre tradition fondamentaliste et modernité mondialisée. Il découvre un apartheid de fait, avec des Qataris intouchables et des centaines de milliers d’ouvriers/esclaves qui ramassent les miettes d’une folle richesse.
Avec son équipe de journalistes venus des quatre coins de la planète, l’auteur a accès aux coulisses d’une société fermée, pleine de contradictions et de situations absurdes. Son récit, fait de rencontres improbables, est tout à la fois drôle et désespérant. Passé en quelques décennies d’une société du peu à un monde du trop, le Qatar est un miroir déformé et grotesque de notre monde moderne.
. Véronique Molinari, Philippe Gréciano, Delphine Deschaux-Dutard, L’Europe et le monde anglophone. Une relation ambigüe ? , éd. Mare et Martin Editions, 2021.
Les relations internationales se sont complexifiées depuis que le Royaume-Uni ne fait plus partie de l’Union européenne. Si les questions soulevées par le Brexit et par les turbulences transatlantiques sous l’ère Trump se posent en termes historiques, politiques et stratégiques, il s’agit avant tout d’une remise en question des fondements et des actions de l’Europe. Quelles sont les priorités de l’Europe ? Quelles leçons tirer du passé ? Quelles sont ses relations avec le monde anglophone ? Pour répondre à ces questions, ce livre fait le point sur la situation et propose quelques pistes de réflexion sur un sujet d’actualité.
. Willy Buiron, La politique française de lutte contre le terrorisme depuis le 11 septembre 2001, Paris, L’Harmattan, janvier 2021.
Théorisé par Bernard Lewis puis revitalisé par Samuel Huntington, "Le choc des civilisations" se concrétise militairement sous la forme d’une "guerre contre le terrorisme". Depuis les attentats du 11 septembre 2001, la France est partie en guerre dans une aire géographique "islamique", de l’Afghanistan à la Mauritanie. Mais le territoire national est aussi frappé par le terrorisme islamiste avec une régularité navrante depuis 2015.
L’islamisme constitue le terreau et la matrice idéologiques du terrorisme. Les déploiements militaires et les victimes du terrorisme auraient pu être moindres si les gouvernements successifs n’avaient pas volontairement ou naïvement permis à l’islamisme de se développer, comme l’explique le rapport d’information du Sénat n°595 du 7 juillet 2020. Pour autant, l’Etat français refuse de considérer les terroristes islamistes comme des ennemis intérieurs alors que, depuis 2001, ils sont la caution des expéditions militaires françaises.
En outre, l’Etat français se refuse à faire de l’islamisme un délit. La politique française de lutte contre le terrorisme conduit au choc entre Islam et Occident. La France mène des opérations militaires en terre d’Islam au nom de la lutte contre le terrorisme islamiste et, en France, l’islamisme adopte une stratégie de séparatisme. La France a déjà perdu une partie de son territoire, les "quartiers de reconquête républicaine".
Les islamistes les désignent comme la "terre d’Islam" (Dar al-Islamiyyah), ou la terre sur laquelle la guerre doit être menée pour y imposer l’islamisme (Dar al-Harb).
. Arnold Ruge, La fondation de la démocratie en Allemagne, Paris, UGA éditions, mars 2021.
Aux sources d’une pensée démocratique et socialiste ou social-démocrate en Allemagne, longtemps occultée par le(s) marxisme(s) et par la pensée antilibérale et antidémocratique, voire crypto-nazie, ce texte intéressera ceux qui, au sujet du " couple franco-allemand " en Europe, souhaitent réfléchir au-delà des clichés sommairement pessimistes ou naïvement optimistes. Alors que l’échec des révolutions de 1848 est général, Arnold Ruge, hégélien de gauche et député au Parlement de Francfort, exprime l’espoir d’une " seconde révolution " plus radicale que la première, celle de mars 1848, et qui fonderait une république sociale et démocratique.
La formule est du socialiste français Louis Blanc, avec qui Ruge, avant sa rupture avec Marx, fut en contact à Paris en 1843-1844. Opposé au despotisme ancien, au libéralisme bourgeois et au communisme et anticipant, en citant Proudhon, sur les projets autogestionnaires du xxe siècle, Ruge propose la suppression du salariat et un coopératisme généralisé avec maintien d’un Etat régulateur.
. AFD, L’économie africaine 2021, Paris, La Découverte, janvier 2021.
Pour la deuxième année consécutive, l’AFD propose dans la collection « Repères » des analyses inédites sur les principaux enjeux économiques et sociaux qui touchent le continent africain en 2021.
La pandémie de Covid-19 a bouleversé la planète : quels en sont les impacts en Afrique ? Les performances économiques restent à étudier au-delà du contexte immédiat : peut-on déjà parler d’une émergence du continent africain ? Pour développer le secteur privé, faut-il dépasser les seules réformes de l’environnement des affaires ? Quels sont les défis majeurs auxquels l’Afrique doit faire face pour répondre aux aspirations d’une population particulièrement jeune arrivant sur le marché du travail ? Alors qu’il est le premier pourvoyeur d’emplois dans la région, comment le secteur agricole en Afrique de l’Ouest doit-il se réinventer pour concilier deux objectifs fondamentaux : obtenir de meilleurs rendements et préserver la biodiversité et l’environnement ? À l’heure où l’ECO succède au franc CFA, se pose à nouveau la question du choix du régime de change, vers plus ou moins de flexibilité.
. Frédéric Mérand, Un sociologue à la Commission européenne, Paris, Presses de Sciences Po, janvier 2021.
Pendant quatre ans, de 2015 à 2019, Frédéric Mérand s’est glissé derrière les façades lisses du Berlaymont, le siège de la Commission européenne à Bruxelles, afin d’observer et de comprendre comment l’Europe se « fait » concrète-ment. À la manière d’un ethnographe, il s’est immiscé dans l’équipe de Pierre Moscovici, commissaire européen aux affaires économiques sous les présidences Hollande puis Macron. Il a partagé les bureaux des femmes et des hommes en charge de la politique de la zone euro, les a suivis dans les couloirs et à la cantine de leur immeuble bruxellois, a participé à leurs réunions, de Strasbourg à Washington et de Paris à Athènes, les a interrogés sur leurs stratégies et leurs méthodes pour tenir le cap entre les luttes partisanes et les jeux diplomatiques. Il a recueilli leurs peurs et leurs étonnements, leurs espoirs et leurs déceptions lors des tempêtes qu’ils ont traversées, de la crise grecque aux scandales d’évasion fiscale et à la menace populiste italienne.
Le regard singulier d’un sociologue nord-américain sur nos pratiques communautaires et nationales et sur une Commission européenne qui se révèle bien plus politique que technocratique.
. Gaston M’Bemba-Ndoumba, Femmes et petits commerces du fleuve Congo entre Brazzaville et Kinshasa, Paris, L’Harmattan, janvier 2021.
Brazzaville et Kinshasa sont les deux capitales les plus rapprochées du monde. Seul le fleuve Congo les sépare sur cinq kilomètres. De part et d’autre, un seul et même peuple qui vibre au son de la musique congolaise, apprécie la S.A.P.E., parle des langues soeurs et doit l’essentiel de ses échanges à des femmes qui franchissent le fleuve chaque jour avec leurs marchandises. C’est à ces commerçantes que ce livre est consacré. Ces femmes qui travaillent sans compter et font face à mille tracasseries. Ce sont elles qui servent de pont entre ces deux villes : Kinshasa, qui ne dort jamais et Brazzaville, l’ancienne capitale de la France libre.
. Jean de La Guerivière, Stephen Smith, L’Afrique en 100 questions. 2,5 milliards de voisins en 2050, Paris, Tallandier, février 2021.
Sommes-nous tous Africains, émigrés du « berceau de l’humanité » ? Qu’a été, ou qu’est toujours, la Françafrique ? Comment « l’Islam noir tolérant » a-t-il donné naissance au djihadisme au Sahel ? L’Internet et la téléphonie mobile révolutionnent-ils le quotidien africain ? Comment expliquer la percée de la Chine en Afrique ?
Faire le tour d’un continent sept fois plus vaste que l’Union européenne en explorant son histoire, sa culture, ses évolutions sociales, économiques, politiques et géopolitiques, ses épreuves du passé — esclavage, colonisation, guerres — et ses promesses d’avenir, tel est le pari ambitieux de ce livre.
L’exceptionnelle jeunesse de l’Afrique marque ses réalités contemporaines : 40 % de ses habitants ont moins de 15 ans. Le quasi-doublement de sa population d’ici à 2050 va décupler les défis comme les opportunités. L’Afrique trouvera-t-elle les moyens pour nourrir, loger, former et employer tous ses jeunes ?
Le niveau de son développement, de sa stabilité politique et de son état sanitaire, le rythme de l’émigration ou sa contribution à la (dé-)pollution de la planète concernent plus que jamais l’Europe et le reste du monde. Voici 100 clés pour mieux comprendre les enjeux présents et futurs de la « jeune Afrique ».
. Stéphane La Branche, Énergie et écologie : les sept profils socioénergétiques, Grenoble, PUG, janvier 2021.
Tant qu’on ignorera la diversité des profils, les messages ne seront pas entendus par ceux à qui ils s’adressent.
Depuis une décennie environ, la sociologie s’attaque à la question climato-énergétique en se penchant notamment sur les interactions entre l’enjeu énergétique, les individus et les organisations. De nos recherches, incluant environ 300 entretiens semi-directifs et plusieurs questionnaires, sur les pratiques et les représentations sociales de l’énergie, nous pouvons tirer quelques résultats instructifs sur les interactions complexes entre ces acteurs et l’énergie.
. Anne Groutel, Les deux Irlandes & la diaspora. Un attachement intéressé, Caen, PU Caen, février 2021.
Au lendemain de la partition, la distance se creuse peu à peu entre l’Irlande et sa diaspora en Amérique du Nord. Cependant, à partir des années 1960, les deux Irlandes, désireuses d’attirer des investissements étrangers, décident, chacune de leur côté, de faire appel à l’élite entrepreneuriale de la diaspora aux Etats-Unis. Les autorités irlandaises parviennent ainsi à tisser de puissants réseaux.
Au fil des décennies, elles se sont efforcées de pérenniser cette collaboration. Cet ouvrage de civilisation irlandaise met en lumière le rôle discret, mais néanmoins essentiel, que ces hommes d’affaires de premier plan ont joué dans le développement économique des deux Irlandes à des moments charnières de leur histoire récente. Cette étude dévoile l’influence grandissante de magnats irlando-américains sur la politique économique irlandaise et la nature complexe de leur relations avec les dirigeants irlandais où se mêlent bons sentiments, intérêt mutuel et rapports de force plus ou moins tangibles.
. Cédric Tellenne, Géopolitique des énergies, Paris, La Découverte, février 2021.
L’énergie se prête bien à l’analyse géopolitique, conçue comme l’étude des relations entre pouvoirs et territoires. Rien n’est possible dans le monde sans recours à l’énergie, et les rivalités et conflits que son exploitation toujours croissante suscitent sont omniprésents à toutes les échelles de l’analyse géographique, de l’international au local. Cet ouvrage s’intéresse aux effets de la transition énergétique et écologique en cours sur la transformation de ces rapports de forces, mais également sur les reconfigurations des échanges internationaux et de la coopération interétatique.
Les alternatives aux hydrocarbures s’élaborent depuis les années 1970, mais la révolution actuelle des pétroles et gaz de schiste bouleverse en profondeur la question des énergies sous un angle géoéconomique, géopolitique et environnemental. Ainsi, à l’ère de l’économie numérique et des territoires " virtuels ", la matérialité des énergies nous ramène à l’essentiel, c’est-à-dire les pieds sur terre, au coeur d’un " grand jeu " sans cesse réinventé au sein duquel les Etats font leur retour après des décennies de déréglementation.
. Gilles Dorronsoro, Le gouvernement transational de l’Afghanistan, Paris, Karthala, février 2021.
La défaite des Talibans dans le sillage des attentats du 11 septembre ouvre deux décennies d’investissement occidental en Afghanistan. Des centaines de milliards, pour l’essentiel consacrés à l’entretien des forces occidentales, des dizaines de milliers de morts, dont plusieurs milliers de la coalition, montrent l’importance de ce conflit pour les Etats-Unis qui en font le symbole de leur hégémonie mondiale. Mais, derrière les discours sur la construction d’une « démocratie de marché », se profile un gouvernement transnational qui contourne les acteurs afghans au point d’interdire tout processus démocratique, couvre des fraudes électorales massives, routinise la captation des ressources au profit des entreprises occidentales et des élites afghanes. Les tensions communautaires et sociales s’accroissent à un point jusque-là inconnu dans la société afghane. Les Talibans, capitalisant sur le ressentiment populaire contre les élites au pouvoir, mettent en échec une alliance occidentale qui dissimule, derrière une augmentation des moyens, son incapacité à définir une stratégie cohérente. Après vingt ans de conflit, al-Qaïda est toujours présent en Afghanistan, et le retrait américain ne fait qu ouvrir une nouvelle période d’une guerre civile vieille de quarante ans. Ce nouvel essai de Gilles Dorronsoro propose une analyse critique impitoyable des impasses de l’expertise orientaliste et sécurocrate dont la portée comparative, bien au-delà du seul cas afghan, est d’une haute actualité.
. Jean Picq, La République – la force d’une idée, Paris, Les Presses de Sciences Po, février 2021.
Appeler à ce que "vive la République ! " , c’est rappeler qu’elle peut mourir. La réduire à un slogan, c’est perdre de vue l’idée forte qui la guide : la recherche du bien commun. Ancrée dans la longue histoire européenne, cette idée n’a pas attendu la Révolution française pour s’incarner, sous sa forme moderne, dans les Provinces-Unies du XVIe siècle. Bien avant 1789, ce sont les révolutions anglaises et américaine qui ont fait émerger les grands principes de vie collective.
En France, proclamée trois fois, la République a souvent vacillé, et il a fallu attendre la troisième du nom pour que les grandes libertés publiques soient instaurées. Il est important de garder à l’esprit cette histoire tumultueuse si nous voulons préserver l’héritage républicain. La République est fragile et doit sans cesse s’adapter : inscrire son avenir dans l’Europe, rééquilibrer ses institutions, inventer des modes de décision plus proches des citoyens, redonner à l’école sa puissance d’intégration, faire vivre la laïcité, répondre au défi écologique.
. Yves Mayaud, Infractions, poursuites pénales et indemnisation, Paris, Dalloz, janvier 2021.
L’ouvrage est consacré au terrorisme concernant sa définition juridique et son régime pénal (poursuites et indemnisations) Criminalité redoutée à la fois pour ses manifestations et ses conséquences et tristement actuelle, le terrorisme est un "acte de guerre dans une société en paix", ce qui rend la maîtrise difficile. La réponse du droit pénal va dans le sens d’un renforcememnt de l’arsenal répressif et d’une meilleure protection et reconnaissance (notamment indemnitaire) des victimes.
. Pascal Gauchon, Jean-Marc Huissoud, Les 100 lieux de la géopolitique. 7è édition, Paris, Que sais-je ?, février 2021
Il est des lieux d’où rayonne la puissance ; ils procurent aux souverains qui s’y succèdent cadre monumental et légitimité. Il en est d’autres, fréquentés par les marchands, les militaires et les brigands, où s’entrecroisent les routes du monde. Et d’autres, chargés d’histoire et de passion, pour lesquels les peuples sont prêts à se battre. La géopolitique ne s’écrit pas seulement avec des mots, mais avec des lieux.
De New York à La Mecque, de Suez à Malacca, du Pays basque au Chiapas, de l’Afrique à l’Europe et de l’Antarctique au Sinaï, 100 lieux sont présentés avec les enjeux qu’ils incarnent. Ils constituent le meilleur moyen pour pénétrer dans la géopolitique du monde actuel.
. Jean-Christophe Gay, La France d’Outre-mer. Terres éparses, sociétés vivantes, Paris, Armand Colin, janvier 2021.
Souvent réduite à l’image d’un paradis exotique, aux dévastations des cyclones ou aux tumultes sociaux, la France d’outre-mer (FOM) est largement méconnue. Cette ignorance, qui l’écarte du « récit national » et qui se combine parfois à une nostalgie de la France coloniale, tend à faire de ces terres éparses un ensemble indifférencié et immuable. Or, la FOM connaît des mutations spectaculaires et rapides depuis le début des années 2000, notamment sur les plans statutaire, démographique et socio-économique. Comme champ d’innovations sociales et d’expérimentations juridiques, elle permet d’apprécier sous un jour différent la République française.
Cet ouvrage, en révélant une FOM dynamique, analyse la diversité croissante de ses territoires à plusieurs échelles. Inégalités, disparités, déséquilibres socio-spatiaux, autochtonie, vulnérabilités ou modèles de développement sont au centre d’une réflexion ayant pour toile de fond le legs colonial. Une décolonisation sans indépe
Emilie Bourgoin, étudiante en quatrième année au BBA de l’EDHEC et alternante au sein de la cellule sûreté d’un grand groupe. Elle est en charge depuis septembre 2024 du suivi hebdomadaire de l’actualité des livres, revues et conférences géopolitiques comme de la rédaction des synthèses des épisodes de l’émission Planisphère pour Diploweb.com.
Pierre Verluise, docteur en Géopolitique est directeur des publications du Diploweb.com.
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,Date de publication / Date of publication : 18 septembre 2024
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