En quoi l’essentiel de la puissance des Etats-Unis vient-il de la corrélation entre l’industrialisation et l’urbanisation ? F. Leriche apporte des éléments de réponse à l’occasion d’une conférence prononcée dans le cadre du 10e Festival géopolitique.
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Résumé par Thomas Marrier d’Unienville pour Diploweb.com.
Discuter d’un « impensé » de la théorie de la puissance en s’intéressant aux relations existantes entre industrialisation et urbanisation, voilà l’objet de cette conférence de Frédéric Leriche. Il explique en quoi l’essentiel de la puissance des Etats-Unis vient de la corrélation entre l’industrialisation et urbanisation.
L’avènement d’un monde multipolaire est un tournant de ce début de siècle. Aussi, ce siècle voit la naissance d’un monde où la Chine occupe une place de plus en plus centrale de par sa puissance économique et géopolitique toujours en progression.
Une question émerge, celle du recul ou déclin des Etats-Unis.
Nous évoluons dans un monde multipolaire. Pour comprendre ce paradigme, il est indispensable de définir le terme de « pôle ». Ce système se compose de plusieurs pôles pourvus de particularités les distinguant. Les pôles se différencient par leur capacité d’influence et leur capacité d’attraction. S’agissant du déclin, discutable ou non, des Etats-Unis, objectivement les Etats-Unis conservent à ce jour leur statut de pôle extrêmement influent et attractif.
L’instabilité est le vecteur principal du monde multipolaire. Celle-ci se manifeste par des tensions entre les pôles et au sein-même de ces derniers.
La dissemblance majeur entre les années 1990 et aujourd’hui réside dans la rupture suivante : la « Pax Americana » a disparu. En d’autres termes, les capacités et leadership indiscutés et indiscutables des Etats-Unis à réguler voire résoudre des conflits à l’échelle planétaire ne sont plus.
La « bulle internet » de 2000 est le premier indice de rupture avec la décennie précédente. Le 11 septembre 2001, s’ajoute et révèle la fragilité des Etats-Unis à défendre leur propre territoire. La « Fortress America » semble à genoux.
Par la suite, la Grande Récession de 2008-2010 marque de manière décisive ce changement de paradigme. Les positions économiques américaines dans le monde reculent à tel point que la Grande Dépression des années 1930 tombe de son piédestal.
Enfin, après une explosion économique sans précédent, la Chine devient en 2010 la deuxième puissance économique mondiale. Sur la période 2000-2010, la Chine s’est montrée impressionnante, venant se placer au coude à coude avec les Etats-Unis.
Selon F. Leriche, les Etats-Unis du XIXe siècle se sont bâtis en grande puissance sur le triptyque suivant : Etat, nation, territoire. Ensuite au cours du XXe siècle, elle s’inscrit comme la superpuissance face à l’Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS) où elle défend « le monde libre ». Puis de la fin des années 1990 à la fin des années 2000, on parle alors des Etats-Unis comme une hyperpuissance (H. Védrine). En somme, durant la période des « subprimes » les Etats-Unis voient leur position rétrograder pour devenir une « puissance normale » [1].
L’approche « multi-scalaire » permet de mieux appréhender les origines de cette puissance économique et géopolitique issue des « moteurs internes » du territoire américain : les métropoles.
Pour Frédéric Leriche, le premier levier économique des Etats-Unis réside dans leur population. Qualifiée, dotée d’un fort pouvoir d’achat, elle nourrit abondamment le marché des consommateurs. Les entreprises peuvent donc dans un premier temps conquérir le territoire national avant de se projeter à l’étranger, à l’international.
D’un côté, la qualification d’une partie de la main d’oeuvre garantit la compétitivité de l’économie nationale par l’innovation. De l’autre, la population à faible qualification et de rémunération instaure une compétitivité « bon marché ». C’est une compétitivité par les prix.
Les activités primaires (extraction gazière/minière, forêt, agriculture…) ancrées dans le territoire ne sont pas à marginaliser. Malgré une faible représentation en pourcentage du PIB, les Etats-Unis sont généralement leader ou parmi les premiers dans chacun de ces domaines.
L’hypothèse du géographe est que le principal lieu de création de richesse est la métropole.
L’essentiel des activités dîtes urbaines se concentrent dans les métropoles. En d’autres termes, comme l’avance par ailleurs Cynthia Ghorra-Gobin, les métropoles représentent les foyers de la puissance économique et géopolitique des Etats-Unis.
La somme des PIB des dix métropoles américaines les plus productives (New York, Los Angeles, Washington DC, San Francisco, Atlanta, entre autres) représente plus de 34% du PIB national. Cette donnée chiffrée révèle et souligne la relative concentration géographique de la richesse nationale américaine. New York, représente 8% du PIB national. A titre de comparaison, la métropole parisienne génère 20% du PIB national et pour le Japon, Tokyo en produit 30%.
Enfin les clusters industriels, soit le phénomène de concentration d’une même activité sur une zone géographique (ex : New York = place financière, Silicon Valley = place de l’innovation), renforcent l’idée selon laquelle les métropoles sont les piliers du rayonnement étasunien.
Les métropoles américaines à l’oeuvre continuent de se développer et tendent à conforter la puissance des Etats-Unis de demain.
« Où est la pensée, là est la puissance » [2]
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Frédéric Leriche, Professeur de géographie à l’UVSQ, chercheur et directeur adjoint du laboratoire CEMOTEV et spécialiste des Etats-Unis. Il a publié notamment : " Les Etats-Unis. Géographie d’une grande puissance " (éd. Armand Colin, 2016). Animateur Bruno Modica (Clionautes). Résumé par Thomas Marrier d’Unienville pour Diploweb.com.
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Date de publication / Date of publication : 14 août 2018
Titre de l'article / Article title : Vidéo. F. Leriche Etats-Unis : industrialisation et urbanisation aux sources de la puissance ?
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En quoi l’essentiel de la puissance des Etats-Unis vient-il de la corrélation entre l’industrialisation et l’urbanisation ? F. Leriche apporte des éléments de réponse à l’occasion d’une conférence prononcée dans le cadre du 10e Festival géopolitique.
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