Le phénomène de droitisation du sous-continent s’inscrit dans une logique cyclique liée aux évolutions économiques, qui caractérisent la politique latino-américaine depuis la Seconde Guerre mondiale. Simon Schmit permet de distinguer clairement les grandes étapes.
LE sous-continent sud-américain vit aujourd’hui une période transitoire inédite : la gauche, traditionnellement au pouvoir dans la majorité des pays depuis 1998, essuie ces dernières années de nombreux revers électoraux. Afin de bien comprendre ce phénomène, il convient de remonter quelques décennies auparavant : la gauche et la droite se succèdent au pouvoir de manière cyclique. Cette évolution semble intrinsèquement liée aux crises économiques et à la situation sociale parfois dramatique.
La transition politique en cours depuis les années 2010 en Amérique latine s’inscrit-elle donc dans une logique économique mondialisée ? Comment le sous-continent réagit-il aux chocs économiques ? Quelles en sont les conséquences ?
Afin de répondre à ces interrogations, ce dossier s’appuie sur certains marqueurs de l’histoire politique et économique du continent sud-américain. Dans un premier temps, la période de « découverte » des Amériques jusqu’à la fin des dictatures dans les années 1980 permet d’apprécier le contexte historique des changements politiques majeurs survenus entre le XVème et le XXème siècle.
Par la suite, la crise de la dette de 1982 et le marasme économique des années 1990 occuperont deux parties distinctes, dont l’analyse permet de mieux comprendre la situation politique et économique de l’Amérique latine à l’aube du XXIème siècle.
L’étude du « grand retour » de la gauche progressiste sur la quasi-totalité du sous-continent depuis 1998 permet dans une troisième partie de comprendre les origines et ambitions des grands leaders de la gauche latino-américaine.
Enfin, dans une quatrième partie, la transition politique qui s’opère depuis les années 2010 sur l’ensemble de la région fait l’objet d’une étude poussée. Subdivisée en cinq sous-parties, cette analyse est introduite par une description des causes et conséquences de la crise économique de 2008. Au cœur de cette analyse, nous présentons les différentes gauches (modérées comme au Brésil ou plus radicale comme au Vénézuela) au pouvoir en dressant le bilan des différents gouvernements.
Une fois l’analyse des gauches latino-américaines terminée, nous nous intéresserons aux pays gouvernés par la droite, aux nouvelles alternatives politiques, à leur histoire et leur mode de gouvernance.
L’indépendance des États-Unis (1776), la Révolution française (1789) et la guerre d’indépendance d’Espagne (1808-1814) jouent des rôles cruciaux dans l’émergence d’une entité latino-américaine sur l’échiquier politique international. L’Espagne, affaiblie par les guerres successives, prend de plein fouet la vague d’indépendances du XIXème siècle. Suivirent de nombreux régimes dictatoriaux qui mirent le continent à feu et à sang. Les États-Unis reconnaissent dès 1822, sous la présidence de James Monroe, l’indépendance du Chili, de la Grande Colombie (actuels Colombie, Équateur et Vénézuela), du Pérou et des Provinces Unies du Rio de la Plata, qui regroupent une partie de la Bolivie, l’Argentine et l’Uruguay tels qu’on les connait aujourd’hui.
L’émancipation des pays d’Amérique latine change l’équilibre des puissances. La doctrine Monroe, proclamée le 2 décembre 1823 par le président des États-Unis devant le Congrès, demande aux puissances européennes de ne plus intervenir sur la totalité du continent américain, et assure que les États-Unis n’interviendront pas dans les affaires européennes. Cette déclaration est accompagnée par le « corolaire Roosevelt », prononcé devant le Congrès par le président Theodore Roosevelt le 6 décembre 1904 qui resserre les liens avec l’Amérique Latine, et en fait la zone d’influence exclusive des États-Unis, évinçant définitivement les puissances européennes de la région. Suite à la guerre de Cuba opposant l’Espagne (qui avait déjà perdu les Philippines peu de temps auparavant) aux États-Unis en 1898, l’hégémonie espagnole est définitivement achevée sur le Continent.
De facto, au long des deux Guerres mondiales (1914-1918 et 1939-1945), tout le continent sud-américain ou presque se range derrière les États-Unis et les Alliés. L’Amérique latine post 1945 devient un des lieux d’affrontement des deux superpuissances, États-Unis et URSS, tout au long de la Guerre froide (1947-1991).
Nombreux sont alors les pays sous la dictature. Leurs idéaux convergent en l’anti communisme, la répression militaire et l’application stricte de la Doctrine de Sécurité Nationale (Harry Truman, 1947). Le Guatemala, le Paraguay, le Salvador, l’Argentine, l’Équateur, la Bolivie, le Brésil, Panama, le Pérou, le Chili, l’Uruguay et le Vénézuela ont tous subi un ou plusieurs régimes dictatoriaux, ce qui représente 54% des pays d’Amérique Latine. Les conséquences de ces régimes se font sentir lors de la transition démocratique des années 1980. Le Chili, le Brésil, l’Argentine, le Paraguay, l’Uruguay, le Surinam, la Bolivie, Panama sont des pays qui voient les gouvernements autoritaires tomber sous la pression populaire, économique et de la Communauté internationale dans les années 1980-1990. Dans les années 1980, la régression ne touche pas uniquement l’économie, elle atteint les milieux sociaux et le niveau de vie des populations.
Voici un outil efficace pour appréhender la géopolitique de l’Amérique latine dans son unité et sa diversité. Ce livre s’ouvre sur deux dossiers transversaux consacrés à des problématiques majeures : les dynamiques politiques et le rôle des énergies dans les économies du sous-continent. Deux entrées incontournables pour comprendre cette zone, mais aussi des exemples de thématiques omniprésentes aux concours qui permettront de varier les exemples.
Puis l’ouvrage offre pour chaque pays des données statistiques actualisées sous la forme d’une fiche commentée.
Tous ces éléments offrent au lecteur un gain de temps considérable… et un atout majeur pour la réussite aux épreuves des concours.
Au cours des années 1970, grâce la croissance économique générale de la région Sud-américaine, les dettes de chaque État étaient facilement remboursables en raison notamment des taux d’intérêts bas pratiqués par les créanciers occidentaux, à l’accès facile au crédit et au « boom » des exportations de matières premières vers les pays occidentaux. Or le contexte de chocs pétroliers à répétition, l’affaiblissement des dictatures et les gestions désastreuses de l’économie feront des pays encore sous dictature comme l’Argentine, le Brésil, le Pérou, des pays surendettés.
Ronald Reagan président des États-Unis (1981-1989), la politique économique de la superpuissance américaine doit désormais combattre l’inflation qui sévit en Occident, à la suite des crises pétrolières successives et des transformations brutales de l’économie mondiale. Sous la tutelle de M. Paul Volcker (1979-1987), les taux directeurs de la FED (Réserve Fédérale des États-Unis) qui sont les taux d’intérêt fixés au jour le jour par la banque centrale d’un pays ou d’une union monétaire et permettent à celle-ci de réguler l’activité économique (INSEE 2016), sont fixés à 19% durant de l’année 1981.
Cette politique d’augmentation des taux directeurs fait passer l’inflation des États-Unis de 13,5% en 1981 à 3,2% en 1983 [1] ce qui provoque une hausse de la valeur du dollar et une raréfaction des crédits en Amérique latine. Dès 1982, le Mexique déclare un défaut de paiement de sa dette envers les créditeurs américains et occidentaux, provoquant une hausse des taux d’intérêt dû au manque de confiance envers la capacité des États Latino-américains à rembourser leurs dettes. La dette externe mexicaine est la conséquence directe de la brusque baisse des revenus du pétrole, de la hausse importante des taux directeurs de la Banque centrale américaine, mais aussi des choix faits par les présidents Luis Echeverría Álvarez (1970-1976) et José López Portillo y Pacheco (1976-1982), qui participèrent à l’effondrement de l’économie.
Face au risque d’effet systémique de la crise de la dette, les banques occidentales décident de ne plus accorder de prêts aux pays du Sud endettés. En effet, une grande partie de la finance occidentale, États-Unis et Europe compris, repose dans les années 1980-1990 sur la capacité des États dits du « Tiers Monde » à rembourser leur dette. Les principaux pays touchés par la crise de la dette possèdent alors ce qu’Alexander Sack (1890-1955) appelle la « dette odieuse ». Selon lui, « les dettes odieuses sont celles qui ont été contractées contre les intérêts de la population d’un État, sans son consentement et en toute connaissance de cause par les créanciers ».
Le Brésil, l’Argentine, le Mexique doivent petit à petit négocier avec le Fonds Monétaire International (FMI) de nombreux plans d’ajustement structurels (PAS) d’une dette contractée à l’origine par les régimes dictatoriaux. La réaction globale des pays d’Amérique du Sud est alors de négocier avec chacun ses créanciers sans s’unir dans la négociation. La conséquence de ces négociations séparées est une fuite colossale de capitaux, dont la Commission Économique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes estime le transfert net de capitaux à plus de 200 milliards de dollars entre 1983 et 1991.
Pour les populations latino-américaines, les conséquences sont dramatiques : la relative prospérité économique des années 1970 s’estompe face au retour en force des inégalités, du chômage et de la pauvreté. La décennie des années 1980 apparaît en effet comme une décennie de régression sociale et économique : la pauvreté dans le sous-continent passe de 28% de la population en 1980 à 35% en 1990 [2]. Les aides envoyées par le FMI servent à rembourser la dette tout en obligeant les dirigeants à restreindre les aides sociales, de santé et d’éducation, provoquant la colère des habitants des pays endettés.
Dans ce contexte se réunit en 1984 le « Groupe de Carthagène » regroupant l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Chili, la Colombie, l’Équateur, le Mexique, le Pérou, l’Uruguay, le Vénézuela et la République dominicaine. Tous ces dirigeants négocient avec le FMI pour restructurer leur dette et veulent promouvoir une vision plus politique de la dette internationale, en cherchant à lutter contre le surendettement des pays du Sud qui avaient profité des bas taux d’intérêts de la décennie 1970-1980. Si l’impact économique et politique de ce regroupement est moindre, l’idée de se réunir afin de ne plus laisser la dette affaiblir et démembrer le pays se répand dans le monde politique latino-américain.
L’échec du Plan Baker en 1985 (du nom de James Baker, secrétaire général du Trésor des États-Unis de 1985 à 1988) qui devait en théorie permettre de faciliter le remboursement de la dette des États latino-américains par la croissance économique en réinjectant de la monnaie venue des États-Unis dans l’économie sud-américaine, fait partie des éléments qui impulsent le refus de la dette.
Dans le même registre, le « Consensus de Washington », un corpus de dix mesures libérales supposées aider les pays en difficulté économique est publié dans un article de l’économiste John Williamson en 1989. Ces mesures, inspirées de l’idéologie de l’École de Chicago sont notamment utilisées par la Banque Mondiale et le FMI comme conditions de remboursement des aides offertes aux pays latino-américains.
Ce consensus reste aujourd’hui fortement critiqué. La privatisation excessive des organes de l’État et la dérèglementation des marchés financiers ont depuis largement montré leurs limites et conséquences nocives. Noam Chomsky parle alors de « dépeçage étatique » pour désigner ce processus.
Si certains États ont retrouvé la démocratie après de longues années de dictature comme l’Argentine (1983), le Brésil (1985), l’Uruguay (1984), l’Équateur (1979) ou le Pérou (1980), la République Dominicaine est toujours sous la présidence de Joaquín Balaguer (1966-1978, 1986-1996), président au mode de gouvernance autoritaire et au régime répressif. Le Pérou et l’Équateur sont officiellement en guerre au sujet de leur frontière commune. Chaque État lutte intérieurement contre l’inflation qui provoque de fortes contestations populaires et des vagues d’immigration vers le Nord. La violence dans les rues augmente. Tout ce contexte facilite les trafics de drogues et autres comme ce fut le cas en Colombie, où les Cartels de drogue et les groupes paramilitaires ont longtemps défié l’État à compter des années 1960-1970.
Conséquences directes de la dette et des politiques d’austérité, en 1988 et 1989 éclatent de violents affrontements au Vénézuela, fruits du mécontentement de la population à l’encontre du président Carlos Andrés Pérez Rodriguez (1974-1979 et 1989-1994). Ce même président avait en 1976 nationalisé l’industrie de l’aluminium, du fer et du pétrole. Au même moment, en Argentine, la population saccage les rues et les supermarchés. Le manque de produits de consommation alimentaire et l’hyperinflation font des dégâts : les prix des produits de consommation augmentent en moyenne de 4 924% en 1989 et l’inflation est de 343% en 1988 puis en 1989 de plus de 3000%. Cette hyperinflation mine l’économie argentine jusqu’à l’aube des années 2000 [3].
Au tournant des années 1990, la crise continue toujours à fragiliser les économies d’Amérique latine. Cependant la démocratie progresse à grands pas dans les pays affaiblis voire ruinés par la guerre civile et la dictature. La mondialisation fait son entrée grâce à l’ouverture des marchés mondiaux due à l’effondrement de l’URSS en 1991, et le sous-continent s’ouvre sur lui-même par la création de nombreuses organisations régionales, dont le Marché Commun du Sud (MERCOSUR) ou la Communauté Andine (CAN). Dans ce contexte, une majeure partie de la région se développe. Ainsi, pour l’ensemble de l’Amérique latine, la moyenne annuelle de l’inflation passe de 163% entre 1982 et 1991 à 9,3% en 19994. Paradoxalement, l’instabilité économique et institutionnelle est chronique, attisant le besoin de renouvellement.
L’ultime décennie du XXème siècle est en effet mouvementée : le Brésil, le Guatemala, le Pérou et le Paraguay font face à de graves crises institutionnelles qui secouent le système démocratique. Le 8 octobre 1992, le président brésilien Fernando Collor de Mello (1990-1992) démissionne à la suite d’une enquête de la police fédérale révélant un système de corruption politique utilisant le trafic d’influence et le système lobbyiste étatique organisé par son directeur de campagne Paulo Cesar Farias. Cette crise institutionnelle brésilienne post-dictature est la première d’une longue liste qui secoue encore aujourd’hui le pays. Plus surprenant encore, le 25 mai 1993, le président guatémaltèque Jorge Serrano Elias réalise un « auto-coup d’État ». Il suspend illégalement la Constitution, dissout le Congrès et la Cour Suprême, impose une censure stricte à la presse et tente de restreindre les droits civils et politiques. La démocratie est rapidement rétablie et Ramiro de León Carpio (1993-1996) est installé au pouvoir par le Congrès.
Ces deux exemples mettent clairement en lumière la fracture qui existe alors entre les pays démocratisés et les pays où la violence armée règne encore. Toutes ces crises institutionnelles et sociales se règlent entre 1990 et le début des années 2000, illustrant un profond désir du continent de reprendre en main la vie politique après tant de régimes autoritaires. L’auto coup d’État d’Alberto Fujimori (1990-2000) du 5 avril 1992 qui marque le tournant autoritaire et ultralibéral du Pérou, est sévèrement condamné par le reste des pays voisins. De même, au Nicaragua, au Guatemala et au Salvador, où la guerre civile faisait des milliers de victimes, la solution pacifique est adoptée dans la décennie. Des accords de paix, soutenus par la Communauté internationale et les pays voisins sont ratifiés entre 1989 et 1996.
Ainsi les années 1990 voient-elles une progression sans précédent de la démocratie en Amérique latine. Conséquence directe de la décennie précédente (1980-1990), où le taux de croissance du PIB par habitant d’Amérique latine s’écroulait à -0,1%. Le mécontentement général face aux politiques d’austérité, aux gouvernements autoritaires et aux complications liées à l’instabilité de l’économie gronde dans toute la région. Les effets néfastes de la crise de la dette latino-américaine subsistent néanmoins dans de nombreux pays comme l’Argentine, le Brésil ou le Pérou. Chaque État endetté brade le système public au domaine privé pour rembourser les prêts accordés par le FMI et d’autres fonds d’investissement américains, les « fonds vautours » (vulture funds). Jean Merckaert, chargé du plaidoyer sur le financement du développement au Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD), définit les fonds vautours comme « des institutions financières qui rachètent à très bas prix les titres de la dette des pays pauvres. Dès que le pays débiteur devient un peu plus solvable, les fonds vautours l’attaquent en justice pour récupérer l’intégralité du prêt, majoré de pénalités de retard. » [4] En 2004, le Nicaragua a dû rembourser 276 millions de dollars américains à l’un de ces fonds, sous la contrainte judiciaire. Ce montant dépasse le budget de la santé nicaraguayen pour la même année.
Hugo Chavez (1999-2013) est élu président de la République Bolivarienne du Vénézuela aux élections de 1998, après avoir tenté un coup d’État en 1992. Sa politique socialiste de « Révolution Bolivarienne », utilisant la personne du libérateur Simon Bolivar (1783-1830) est la vitrine des idéaux partagés par l’écrasante majorité des gauches latino-américaines qui préconisent l’annihilation de la pauvreté, l’intervention de l’État dans l’économie, la fin de la dérégulation et des privatisations à outrance. Le pétrole, nationalisé depuis 1976, est mis en avant comme moyen de financement des réformes sociales.
L’effondrement des cours pétroliers de 1999 a fait du Vénézuela un des seuls pays où le PIB/habitant en PPA (parité de pouvoir d’achat) régresse. La même année le taux de pauvreté était de 80%. Les souvenirs de la « maladie hollandaise », qui se caractérise par le monopole d’un secteur dans l’économie d’un pays, en l’occurrence le pétrole, qui entraine la dépendance au cours du produit et la vulnérabilité, sont dans les mémoires des vénézuéliens, qui ont mal vécu le Viernes Negro [5] (vendredi 18 février 1983).
Après de fortes coupes budgétaires, Hugo Chavez mène entre 2003 et 2012 une politique sociale dont le pétrole, principale source de revenus du pays, est l’élément clé. Les rentes, en hausse grâce à la remontée du prix du baril de pétrole financent les politiques sociales. Le taux de pauvreté diminue de moitié (45,4% de la population en 2003 contre 25,4% en 2012 selon la CEPALC) et le taux d’alphabétisation augmente fortement. Le président continue malgré tout à libéraliser l’État, en prenant une décision qui sera lourde de conséquences : faire du pétrole le secteur principal de l’économie, ce qui accentue indéniablement la dépendance de l’État aux cours du baril de pétrole et met le pays dans l’état dans lequel il se trouve en 2017. L’élection de M. Chavez à la présidence du Vénézuela est la première étape de la transition politique qui s’opère alors.
Au Brésil, Luiz Inacio Lula Da Silva (2003-2011) est élu président de la république le 27 octobre 2002. Plus progressiste qu’Hugo Chavez, Lula a pour ambition de relancer les politiques sociales qui avaient été mises en place dans l’après dictature, sans pouvoir remettre en question l’austérité et les coupes budgétaires imposées par le FMI. Sous sa présidence, le socialisme politique peine à se mettre en place tant l’économie reste crispée par la dette contractée au cours des années 1980-90.
Ce faisant, le ministre de l’économie Antonio Palocci applique une politique de rigueur économique qui permet au Brésil de montrer une inflation maitrisée dès 2005. En trois ans, l’inflation du pays passe de 12,53% en 2002 à 5,6% en 2005, et on peut noter une certaine amélioration du niveau de vie. La réduction de la pauvreté est la priorité du président Lula qui consacre près de 40% des dépenses publiques aux politiques sociales concernant la pauvreté, l’éducation et la santé [6].
Deux types de virages politiques apparaissent alors au tournant du XXIème siècle : dans les démocraties fragilisées par une économie au ralenti et de forts mouvements sociaux, la gauche plus radicale et citoyenne s’impose, tandis que les pays dont la transition démocratique n’a pas provoqué de crises institutionnelles se dotent de gouvernements de gauche modérés ou centristes.
L’Argentine voit un gouvernement de gauche s’installer au pouvoir sous l’égide de Nestor Kirchner (2003-2007). La crise cinglante de l’hyperinflation de 2001 débouche sur la démission du président Fernando de la Rua après seulement deux ans au pouvoir, est due au non renouvellement de l’aide financière du FMI et à la situation économique dramatique. Dès ses débuts, la présidence de Nestor Kirchner est marquée par la renégociation de la dette contractée les années précédentes avec les créanciers privés, la relance de l’économie par la dévaluation de la monnaie et la relance des exportations de soja. Cette relance permet au gouvernement Kirchner de financer les nombreuses réformes sociales projetées. Il est à noter qu’au cours des quatre années de son mandat, le taux de pauvreté national passe de plus de 47% à 16% [7] Dans un autre registre, Nestor Kirchner ordonne de retirer les symboles et portraits faisant référence à la dictature, et révoque par la suite de nombreuses lois d’amnistie afin de juger les responsables de crimes contre l’humanité.
Plus impressionnante, la situation de l’Équateur relève de l’incongruité politique : en dix ans se succèdent six présidents sans aucune cohérence de projet politique ni de réformes économiques et sociales. Le pays entre en défaut de paiement à trois reprises entre 1994 et 2008. Dans ce contexte, Rafael Correa (2006-2009, 2009-2013, 2013-2017) est élu avec 56,67% des voix en 2006. La « révolution citoyenne » est au pouvoir et il est indéniable que Rafael Correa redresse le pays : lors de son premier mandat, de nombreuses réformes constitutionnelles et sociales sont mises en place.
La création du ministère du buen vivir, ou « bien-être » permet d’engager les réformes nécessaires pour garantir un système de santé, des conditions de vie meilleures et une reconsidération des classes sociales les plus défavorisées (entre 2007 et 2009, le taux d’analphabétisme passe de 9,3% à 2,7% [8]), tandis que la nouvelle Constitution reconnait les droits des tribus indigènes d’Amazonie et la nécessité de préserver l’environnement. C’est notamment par son rayonnement à l’international sur la non-exploitation du pétrole en région amazonienne et à son refus de rembourser la dette contractée par les précédents chefs d’État que le président acquiert un fort soutien dans la région et par-delà des Océans. Il en est de même en Bolivie où un président aux idéaux similaires est élu après de longues années de privatisation de l’industrie, des services sociaux et des ressources naturelles. Élu le 18 décembre 2005, Evo Morales entend représenter les populations indigènes et les défavorisés. Au cours de ses trois mandats (2005-2009, 2009-2014, 2014-2019), de nombreuses politiques sociales sont mises en place, la lutte contre les inégalités, le trafic de drogue et la pauvreté sont des priorités. Ici aussi est créé un ministère du buen vivir qui prend en charge les politiques sociales.
Comme en Bolivie, c’est un président représentatif de la classe populaire qui est élu en Uruguay le 29 novembre 2009. José Mujica (2010-2015), longtemps emprisonné tout au long de la dictature militaire (1973-1985), s’est engagé auprès des partis de gauche et de groupes armés tels que les Tupamaros qui luttaient pour la liberté de l’Uruguay. Sa politique est marquée par le redressement social du pays, la lutte contre la corruption et l’évasion fiscale. Le bilan de son mandat est en effet positif. Entre 2004 et 2013, le taux de chômage passe de 13% à 7%, le taux de pauvreté national de 40% à 11%, et le salaire minimum est rehaussé de 250% [9]. Connu pour son humilité, son style de vie unique pour un président et ses nombreux appels à l’ONU pour une mondialisation plus sociale, José Mujica reste aujourd’hui l’un des rares présidents de la gauche latino-américaine ayant réussi à redresser le pays tout en faisant fonctionner l’économie.
Le basculement à gauche de la politique sud-américaine est le fruit des années chaotiques de la seconde moitié du XXème siècle : dictatures, crises économiques et institutionnelles, mouvements sociaux, corruption et trafics sont tant de facteurs qui ont engendré le besoin de renouvellement politique des peuples d’Amérique latine. Le cas de Fernando Lugo au Paraguay et plus particulièrement de sa fin de mandat montre que dès 2012 la gauche au pouvoir perd une partie de sa légitimité. Ancien évêque et dissident expulsé sous la dictature d’Alfredo Stroessner (1954-1989), il est élu démocratiquement le 20 avril 2008 face à son adversaire du Parti Colorado (droite conservatrice).
De gauche mais affilié au Parti Libéral (centre droit), Fernando Lugo prône la justice sociale et la fin de la corruption et du clientélisme ayant miné le pays pendant 60 ans sous le règne du Parti Colorado. Or, dès 2009, le président perd la majorité à la suite d’un premier remaniement ministériel. Sa réforme phare, la réforme agraire, ne peut alors que partiellement être mise en place, de même que les réformes sociales envisagées. La même année, l’éventualité d’un procès politique à l’encontre de Fernando Lugo est évoquée, celui-ci faisant face à trois demandes de paternité (les naissances ayant eu lieu lorsqu’il était encore évêque) et à de nombreuses contestations populaires.
En janvier 2012, à la suite d’affrontements violents entre paysans et forces de l’ordre faisant onze morts chez les manifestants, l’opposition de droite engage la procédure de destitution de Fernando Lugo. Le 21 juin 2012, la révocation du président est votée au Parlement, Fernando Lugo est démis de ses fonctions dans les vingt-quatre heures qui suivent, alors que la Constitution stipule qu’il aurait dû bénéficier de cinq jours pour préparer sa défense. Cette entrave aux Institutions fait alors exclure le Paraguay du Mercosur, de l’Union des Nations Sud-Américaines (UNASUR) et de la Communauté d’États latino-américains et caraïbes (CELAC). Tous les pays frontaliers dénoncent une destitution illégale ou un coup d’État. Cette première étape au retour de la droite sur le continent est pour le moins chaotique, et possède les caractéristiques politiques de l’Amérique Latine toute entière : l’opposition farouche entre droites libérales et gauches socialistes/centristes, plus ou moins violente selon les pays.
La crise de 2008 en Amérique latine
Venue des États-Unis, la crise de 2008 dite « de la grande récession » a considérablement freiné les économies et le développement en Amérique latine. Née de la négligence des banques prêtant aux ménages étatsuniens (dont la capacité de remboursement était incertaine) et des taux d’intérêts bas pratiqués par la FED, la crise ébranle le système financier mondial en l’espace de six mois. Fin 2007, les banques réalisent qu’elles sont toutes en possession de titres financiers (C.D.O.), provenant des crédits hypothécaires accordés aux ménages.
La remontée des taux boursiers fin 2007 (+1,5%) engendre un défaut de paiement massif des ménages américains. La méfiance des prêteurs engendrant une remontée des taux d’intérêts moins favorable aux emprunteurs, l’intégralité des maisons achetées à crédit par les ménages américains revient aux banques. Or, ces « maisons insolvables » arrivent en si grand nombre et simultanément sur les marchés que le prix de l’immobilier subit une forte hausse. Embarrassées de posséder des titres comprenant les dettes insolvables dans leurs comptes, les grandes banques se mettent toutes à vendre ces titres le plus rapidement possible à prix cassés.
Le « credit crunch » (l’augmentation des taux d’intérêts décidée par les banques pour fermer les robinets du crédit) et les pertes colossales des banques se débarrassant des titres malsains débouchent sur le plus fort krach boursier depuis les années 1990. Qui peut oublier la faillite de Lehman Brothers en octobre 2008, banque pourtant réputée « infaillible » ?
L’explosion de la bulle financière n’a pas épargné l’Amérique latine : la baisse de la consommation aux États-Unis provoque une baisse significative de la production et des exportations des pays latino-américains qui en 2008 étaient encore considérablement liés aux États-Unis. Le Mexique fut la première victime de la crise financière.
Et pour cause, 85,7% des exportations mexicaines étaient en 2007 destinées aux États-Unis [10]. Les réformes économiques et financières qui suivirent la crise du Peso de 1994 ont permis au pays de se rétablir assez vite, tandis que le reste des économies fortes d’Amérique latine (Brésil, Argentine, Chili) sont touchées plus tardivement.
Le PIB d’Amérique latine ne s’est contracté que de 1,5% en 2009, tandis qu’aux États-Unis il chutait de 2,4% et en France de 2,2% [11] Pour ces deux derniers, une telle récession n’avait pas eu lieu depuis 1946. Dans son intégralité, le continent sud-américain n’est donc pas des plus impactés par l’effondrement financier. La crise touche en effet le continent de manière hétérogène. Tandis que le Mexique montre une récession du PIB de -6,6% en 2009, certains pays tels que le Brésil, le Belize, le Costa Rica, le Honduras, le Nicaragua ou le Chili subissent de faibles contractions de leur PIB variant entre -0,2% au Brésil et -2,1% au Honduras. D’autres pays plus en lien avec les États-Unis sont plus impactés : le Vénézuela, le Paraguay et le Salvador affichent tous une récession autour de -3%. Enfin, le Pérou, l’Uruguay, l’Équateur, la Colombie, la Bolivie, le Panama, l’Argentine et le Guatemala gardent une croissance positive même s‘ils sont touchés par la crise. La CEPALC annonçait en 2009 un recul de 1,8% des économies d’Amérique latine, ce qui reste relativement faible en comparaison avec les économies occidentales [12].
La gauche modérée croule sous les scandales et la conjoncture économique défavorable
Une prise de recul sur la totalité du continent est plus éloquente : presque chaque État est en proie à une crise économique ou institutionnelle. En Argentine, au cœur de la crise de 2008, Cristina Kirchner, est confrontée à de nombreux mouvements de protestation des organisations patronales agricoles et perd sa majorité. Le bilan économique positif de l’ex-présidente (croissance moyenne de 5,5%, baisse du chômage de 25% à 7% de la population, maîtrise de l’inflation et réduction des inégalités) n’empêche pas le besoin de renouvellement qui s’exprime aux élections du 22 novembre 2015. Mauricio Macri au pouvoir, le centrisme dont il se réclame est vite effacé par les réformes mises en place : le protectionnisme instauré par Cristina Kirchner est jeté aux oubliettes. Les taxes à l’exportation des matières premières agricoles sont levées, le contrôle des changes est démantelé et de nombreux postes de fonctionnaires sont supprimés. Face à l’inflation argentine de 39,4% [13] en 2016, le président est confronté à une forte impopularité.
La frange Péroniste-Kirchneriste de la population manifeste, réclamant le retour de Cristina Kirchner. L’Argentine est jusqu’ici dans une situation politique proche de l’insolvabilité : le pays est passé à droite, sans pour autant être transformé. L’impopularité croissante de M. Macri auprès des Argentins depuis son début de mandat est amplifiée par les scandales de corruption et de trafic d’influence à l’égard des proches du président, tous chefs d’entreprises.
Le Brésil a en revanche vécu une toute autre sorte de transition politique. Le second mandat de Dilma Rousseff, entaché par le maquillage des statistiques étatiques et les révélations ayant mené aux scandales Petrobras/Odebrecht/OAS ont fait tomber la gauche brésilienne : outre l’implication de la présidente, c’est l’intégralité de la classe politique brésilienne au pouvoir ou ayant gouverné qui est éclaboussée depuis les révélations de mars 2014. On ne compte plus les démissions au cours des deux mandats Rousseff : ministres, conseillers, députés, maires… à tous les échelons du pouvoir, la corruption ronge l’État.
La présidence de Michel Temer, d’abord par intérim (du 12 mai au 31 août 2016) puis de plein exercice depuis le 31 août 2016, est en rupture avec les politiques sociales mises en place par le Parti des Travailleurs (PT) sous Lula et Dilma Rousseff : dès le lendemain de son investiture par intérim, le nouveau gouvernement de Temer annonce la réduction drastique des dépenses publiques pour faire face à la conjoncture économique désastreuse. Les coupes budgétaires décidées par Michel Temer concernant l’éducation et la santé couplées à la revalorisation des salaires de l’exécutif, de la justice et des forces de police (mesure auparavant refusée Dilma Rousseff, affirmant que ces secteurs avaient déjà été « suffisamment favorisés ») n’ont fait qu’aggraver son impopularité.
La démission de trois des ministres de M. Temer en mai 2016 puis des principaux soutiens du président, les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale, sont du pain béni pour l’opposition et les franges mécontentes de la population. Le sort du Parti du Mouvement Démocratique Brésilien (PMDB) de Michel Temer repose entre les mains des Brésiliens. Les crises institutionnelles sous la présidence de Dilma Rousseff sont loin d’être oubliées, et menacent la droite au pouvoir, les enquêtes du « lava jato » n’étant pas terminées.
Au Mexique, le Partido Revolucionario Institucional (PRI), ancien parti hégémonique (1946-2000) socialiste issu de la révolution de 1910, est au pouvoir depuis le 1er juillet 2012 à travers Enrique Peña Nieto. Très rapidement après son élection, M. Peña Nieto est confronté aux problématiques de la violence, de l’impuissance de l’État dans certaines régions et à la mauvaise conjoncture économique du fait de la chute des cours du pétrole en 2014. Il est très chahuté par le président américain Donald Trump et son projet de construction d’un mur « que le Mexique payera » pour « protéger les États-Unis » et les scandales de corruption qui ravagent les sénateurs et gouverneurs du PRI.
Si le PRI est originellement de gauche, nombreuses sont les critiques qui y dénoncent les caractéristiques de la droite libérale. Sous son mandat, le pétrole mexicain jusqu’alors exploité par la société nationale PEMEX est ouvert aux investisseurs privés, les impôts augmentent et sont restructurés, et la sécurité intérieure occupe une grande place. Le mouvement Zapatiste qui tient tête aux gouvernements depuis 1994 dans l’État du Chiapas (un des plus pauvres du pays), à l’extrême Sud du Mexique, met Enrique Peña Nieto dans une mauvaise posture.
Depuis les conflits armés des années 1990, les zapatistes sont passés à la lutte pacifique, créant en 2013 « l’Escuelita », marqueur de l’indépendantisme politique, revendication principale du mouvement. Le Chiapas est, par ailleurs, le premier producteur de pétrole, de café et d’énergies hydroélectriques. Ce qui intensifie la volonté du gouvernement de reprendre le contrôle de la région. L’armée fédérale et les zapatistes sont encore en lutte comme le rappellent les affrontements armés de La Garrucha en 2015.
Président le plus impopulaire du pays depuis 1910 (12% d’opinions favorables en janvier 2017 selon un sondage de TeleSUR) Enrique Peña Nieto est aussi contesté depuis les révélations de The Guardian du 6 juin 2012 selon lesquelles un accord aurait été signé entre M. Peña Nieto et le conglomérat Televisa sur la manière de relayer son discours. Le mouvement « Yo soy 132 » créé en 2012 se positionne à l’encontre de « l’imposition médiatique » du président. En 2014, le scandale de la disparition des 43 étudiants dans la ville d’Iguala fait prendre conscience au monde entier de l’impuissance du président face au narcotrafic et à la violence organisée, parfois à l’échelle étatique.
Même dans un pays réputé démocratique et transparent comme le Chili, Michelle Bachelet (2006-2010, 2014- ), réélue le 15 décembre 2013 à la présidence du pays, est confrontée en 2015 à un scandale de trafic d’influence concernant son fils Sebastian Davalos. La même année, face aux difficultés économiques (ralentissement de la croissance, qui passe de 3,9% en 2013 à 1,8% l’année suivante [14], baisse de l’investissement…), la popularité de la présidente passe en dessous du seuil des 25% d’approbation, du jamais vu depuis le retour de la démocratie.
Plus radicale, la « gauche bolivarienne » progressiste s’affaiblit
Si l’on ne peut imputer uniquement à la crise de 2008 la transition politique en cours, on remarque que la gauche commence à vaciller dès 2010 pour des raisons principalement économiques. Cette même année, Rafael Correa échappe en Équateur à une tentative de coup d’État menée par une partie des forces de l’ordre. D’après les renseignements équatoriens, une partie de l’opposition politique aurait appuyé la tentative de putsch.
Depuis sa renonciation à la non-exploitation du pétrole dans le parc national Yasuni, Rafael Correa n’a pas pu regagner la confiance des équatoriens. Son dernier mandat (2013-2017) a été marqué par de nombreux mouvements sociaux, notamment de la part des groupes de défense des tribus indiennes qui se sentent lâchées par le président. La chute des cours du pétrole en 2014 et le tremblement de terre du 17 avril 2016 achèvent de miner la réputation du président et fait entrer le pays en récession en 2016. Dans une moindre mesure en comparaison au Vénézuela, la longévité de Rafael Correa au pouvoir ne réussit pas à nuire à sa popularité. Les élections présidentielles de février 2017 montrent qu’il n’était pas évident que le successeur de Rafael Correa soit du même bord (Alianza Pais). Finalement, l’ancien vice-président de Rafael Correa remporte les élections au second tour. Lenin Moreno, nouveau président de la République équatorienne, a dû faire face à une virulente opposition, qui remet notamment en cause le comptage des voix et le bilan de Rafael Correa. Ainsi, en Équateur, la droite n’est pas passée, et il ne fait aucun doute que si Lenin Moreno fait le moindre faux pas, l’opposition l’attendra au tournant, lors des élections de 2021.
Les progrès sociaux instaurés sous la direction de leaders charismatiques (Hugo Chavez, Ignacio Lula da Silva, Rafael Correa ou Evo Morales) et la hausse de la participation à la vie politique dans les pays tels que l’Équateur, la Bolivie, l’Uruguay, le Vénézuela et l’Argentine sont néanmoins la partie visible de l’iceberg. Le progrès des libertés contraste en effet avec la diminution de la répartition des pouvoirs, du respect de l’opposition politique, de la transparence électorale et de la liberté d’expression.
Nombreux sont les exemples de cette contradiction : dès son second mandat (2009-2013), Rafael Correa a pris ses distances avec les classes défavorisées de la population qui l’ont pourtant soutenu jusqu’alors.
Il en va de même en Bolivie, où Evo Morales est accusé de clientélisme par l’opposition. L’affaire Gabriela Zapata, amante du président en 2007, a frappé M. Morales de plein fouet : désormais directrice commerciale de China CAMC Engineering Co. (dont 60% du capital est entre les mains de l’État Chinois), sa relation avec Evo Morales est devenue commerciale. La Bolivie a passé 450 millions d’euros (estimés en 2016) de contrats avec l’entreprise, faisant du président du buen vivir un clientéliste aux yeux de tous.
La gauche est donc déstabilisée par la situation économique défavorable pour les pays exportateurs de matières premières. L’exemple du Vénézuela de Nicolas Maduro, en pleine décomposition et au bord de la guerre civile sur certains points, résume bien la situation de ces gouvernements.
Les gauches arrivées plus tardivement au pouvoir sont-elles les plus stables en 2017 ?
Malgré la déroute des grands leaders de la gauche latino-américaine, certains pays gouvernés par la gauche font preuve de stabilité. En Uruguay, la stabilité politique et économique instaurée par José Mujica (2010-2015) continue sous le mandat du président Tabaré Vasquez, membre lui aussi du parti Frente Amplio (FA, coalition des partis de gauche). Connu du monde entier pour son « humilité présidentielle » et ses mesures inédites pour la région (légalisation du mariage homosexuel, de la consommation de cannabis…), José Mujica, dit « Pepe Mujica » est aussi l’un des porte-paroles de la gauche latino-américaine dans le monde. Ses nombreux appels à l’honnêteté, à l’entraide et à la fin de « l’hypocrisie mondiale » à la tribune de l’ONU lui ont octroyé une excellente notoriété, plus en tant qu’être humain qu’en tant que personnalité politique.
L’Amérique centrale fait office d’exemple de cette stabilité. Au Costa Rica, « la Suisse d’Amérique du Sud », dirigé par Luis Guillermo Solis, la gauche représente les valeurs traditionnelles du socialisme démocrate. Viscéralement anti-corruption, anti-néolibéral et partisan de la répartition des richesses, la politique du président était en janvier 2017, approuvée par 43% de la population, selon un sondage d’Opol Consultores. Au Nicaragua, malgré les troubles récurrents avec l’opposition, Daniel Ortega affiche un bilan économique et social satisfaisant : le taux de pauvreté recule de 42,5% à 30% entre 2009 et 2014 et le taux de croissance du PIB de 4% en moyenne depuis 2012 permet le financement des réformes de santé, d’éducation et de lutte contre la pauvreté [15].
Enfin, le Salvador, après une période de dictature (1931-1980) et de guerre civile (1980-1992), puis d’hégémonie du parti d’extrême droite Alianza Republicana Nacionalista (ARENA) depuis 1992, le parti marxiste ex-guérilla Frente Farabundo Marti de Liberacion Nacional (FMLN) accède au pouvoir en 2009. À Mauricio Funes succède en 2014 Salvador Sanchez Cerén, dont la popularité repose sur les réformes sociales du FMLN et le rétablissement du bipartisme.
Comme le montrent Nicolas Maduro, Lenin Moreno, Evo Morales ou Enrique Peña Nieto au Mexique, certains pans de la gauche sont en passe de perdre la légitimité fournie par les réformes sociales et la participation citoyenne dans la politique. Les conjonctures économiques de 2014, dont la forte chute du cours des matières premières, ont freiné l’économie, donc les ressources de financement de ces mêmes réformes. Dès lors, l’économie du Vénézuela est presque à l’arrêt : l’inflation est de 180,5% en 2015 et l’économie dépend à 96% des devises provenant des exportations de pétrole la même année [16]. La victoire du centre-droit aux élections législatives du 6 décembre 2015 a permis de donner une voix audible à l’opposition. Depuis le 26 avril 2017, la contestation du pouvoir a gagné tout le pays, et concerne désormais droite et gauche anti-chaviste qui « s’allient » face aux pratiques politiques illégales (enfermement d’opposants politiques) et à la répression aveugle de Nicolas Maduro (on dénombre plus d’une centaine de morts par la répression et les groupes armés chavistes durant le premier semestre 2016).
Il ne faut pas pour autant tirer de conclusions hâtives : l’analyse selon laquelle tout le continent vire à droite reste encore invalide à la fin du premier semestre 2017. La fin de l’embargo sur Cuba en 2016 permet par exemple l’ouverture économique et sociale sur le monde, mais ne signifie sûrement pas la fin du parti communiste unique et du modèle socialiste révolutionnaire cubain. Nul ne sait si Raul Castro, au pouvoir depuis 2008, profitera des entrées d’argent dues à l’ouverture commerciale pour faire évoluer les conditions de vie des cubains. Il est certain que l’île devra se transformer si elle veut pouvoir s’intégrer au commerce mondial et être un acteur de la scène politique internationale. Mais le retournement de situation inédit de la part de Donald Trump dans ses déclarations du 16 juin 2017 change la donne : le nouveau président veut réactiver la « ligne dure » face à Cuba. Cela signifierait un ralentissement considérable de l’ouverture commerciale de l’île et des flux commerciaux avec le continent américain. L’avenir réserve bien des surprises, et en observant l’impulsivité dont fait preuve M. Trump sur ses décisions à l’international, on est en droit de s’interroger sur l’avenir du développement cubain.
De quelles émergentes parle-t-on ?
Hormis la droite fortement contestée au Brésil et en Argentine, les gouvernements de droite ou centre-droite comme celui de Juan Manuel Santos (2010-2014, 2015-2019) en Colombie font bonne figure. Succédant à Alvaro Uribe (2002-2006, 2006-2010), le nouveau président colombien établit de nouvelles priorités : la lutte contre le narcotrafic et la corruption, le rétablissement de l’économie, la normalisation des relations tumultueuses avec le Vénézuela et l’Équateur et l’amélioration des conditions de vie des Colombiens. L’aboutissement sur l’accord de paix avec les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC) le 26 septembre 2016 est un tel succès que M. Santos se voit attribuer le Prix Nobel de la Paix le 7 octobre 2016.
Ce bel accomplissement est néanmoins entaché par les révélations du 14 mars 2017, dans lesquelles le président reconnait avoir touché des versements de l’entreprise brésilienne de BTP Odebrecht au cours de la campagne présidentielle de 2010. Sa politique, orientée vers la réconciliation nationale et le rétablissement des acquis sociaux mis à mal par la corruption à grande échelle, reste très ancrée à gauche, que le président a pourtant quitté en 2005. La vague d’assassinats de leaders sociaux qui suit l’accord de paix avec les FARC, au cours de laquelle plus de 156 militants des droits humains ont été assassinés entre janvier 2016 et avril 2017 selon l’organisme public colombien Defensor del Pueblo [17] contrecarre l’image de paix sociale véhiculée par l’accord de paix. Pour M. Carlos Negret, Défenseur du Peuple, « l’une des principales causes du phénomène est la prétention de groupes armés illégaux à occuper les régions dont se retirent les FARC, pour prendre le contrôle des économies illicites ». Ce témoignage relève donc un point essentiel, celui de la guerre territoriale qui oppose les différents cartels de la drogue colombiens, sur les ruines du groupuscule armé FARC. Ces faits, accompagnés du rallongement du service militaire de 12 à 18 mois sur une directive présidentielle du 15 novembre 2016 et d’une augmentation du budget militaire de 8% [18] après les accords de paix, témoignent donc d’une relance de l’escalade de la tension entre l’État et les groupes armés de toute sorte, qui écarte donc la possibilité d’une paix sociale prochaine en Colombie.
Le président péruvien Pedro Pablo Kuczynski, élu le 10 avril 2016, est de même touché par le scandale Odebrecht. Issu du parti Presidente de Peruanos por el Kambio (PPK) (centre droit), le président péruvien fixe dès fin 2016 ses objectifs : eau potable pour tous, hausse de la qualité de l’enseignement, plus d’infrastructures et de moyens contre la corruption, la discrimination et les violences. Un beau programme qui ressemble plus au socialisme kirchnériste qu’à la droite libérale qu’il est censé représenter, à l’instar de Michel Temer, Juan Manuel Santos et Mauricio Macri.
L’intégralité de la classe politique locale ou nationale péruvienne est également désignée comme ayant reçu des pots-de-vin de Marcelo Odebrecht, comme celui-ci le révéla lors d’un de ses interrogatoires. Le président, quoique présumé innocent pour le moment, serait lié à Latin America Enterprise, un conglomérat ayant touché des versements d’Odebrecht. Plus récemment, le 9 décembre 2017, le président péruvien reconnait (après l’avoir nié pendant des semaines) avoir reçu de la part de l’entreprise Odebrecht 782 000 dollars américains d’honoraires pour des missions de conseil par le biais de la société Westfield Capital entre 2004 et 2007 alors que le parti du président, le PKK, était au gouvernement. Le 14 décembre 2017, le Parlement péruvien, en majorité opposé au président, entame une procédure de destitution présidentielle en raison de ces scandales de corruption. [19] Une semaine plus tard, le 21 décembre, cette procédure échoue en raison du manque de participation des parlementaires (79 votent pour, 19 votent contre et 21 s’abstiennent). Cela s’explique aussi par la menace de démission mise en avant par les deux vices présidents Fernando Zavala et Mercedes Aràoz, ce qui aurait pu provoquer des élections générales anticipées et un risque pour tous les partis politiques de perdre ces élections.
Comme nous l’avions évoqué précédemment, le Pérou a connu sous les mandats d’Alberto Fujimori les plus grands troubles politiques de son histoire contemporaine. L’absence de jugement des anciens tortionnaires, militaires et hommes politiques, dont M. Fujimori, ainsi que leur impunité pour de nombreux crimes, encore d’actualité, explique en partie le mécontentement de la population lorsque, trois jours après avoir échappé de justesse à la destitution, M. Kuczynski gracie M. Fujimori. [20] Dans le même temps, l’ancien président Ollanta Humala (2011-2016) est concerné par des financements occultes de sa campagne de 2011, portant à nouveau atteinte à l’intégralité de la classe politique péruvienne, dont la décrédibilisation fait craindre de part et d’autre un retour du « clan Fujimori » [21].
Le Pérou est donc en plein mélodrame politique, tout comme bien d’autres pays du sous-continent. Tant que les révélations continuent à pleuvoir sur la classe politique sud-américaine, l’horizon politique pour 2018 reste flou.
L’Amérique centrale est aussi sujette au clivage entre gauche radicale et droite conservatrice en 2017. Jimmy Morales au Guatemala depuis 2016, Juan Orlando Hernandez au Honduras et Juan Carlos Varela au Panama depuis 2014 appartiennent tous à la droite libérale conservatrice. Chacun partage les idéaux nationalistes et des politiques économiques favorables à l’investissement étranger. Le scandale des « Panama Papers » d’avril 2016 rappelle à quel point la régulation financière du pays est souple en comparaison avec ses voisins.
Évènement politique majeur dans la région centraméricaine de ces derniers mois, l’établissement des relations diplomatiques entre Panama et la République Populaire de Chine le 13 juin 2017, au détriment de la République de Chine (Taiwan), qui perd un soutien majeur dans la région, ouvre de nouvelles perspectives pour le libéralisme économique sur le sous-continent. La RPC, dont l’affiliation au communisme se doit d’être écartée, représente désormais une nouvelle ère d’opportunités pour le libéralisme économique et les pays qui veulent un développement sans conditions imposées, comme le proposent les différentes infrastructures d’investissements chinoises, à l’instar de l’Asian Infrastructure Investment Bank (AIIB), qui vient directement concurrencer le FMI et la Banque Mondiale dans le domaine des investissements de développement. Panama, qui voit défiler 38 millions de tonnes de marchandises chinoises (soit 18,9% du trafic maritime panaméen) en 2016, devient donc une plateforme essentielle à l’écoulement de marchandises chinoises sur l’intégralité du sous-continent latino-américain.
Le glissement à droite de l’Amérique latine est finalement loin d’être accompli : les échéances électorales à venir entre 2017 et 2020 viendront sans doute étayer cette théorie. En attendant, le sous-continent est divisé à parts presque égales entre gauche et droite. Les divergences au sein de chaque aile politique qui diffèrent dans chaque État, rendent l’analyse d’autant plus difficile. L’hétérogénéité de ces mouvements politiques ne permet pas aujourd’hui de parler d’une région majoritairement à droite. Depuis 1998, l’Amérique latine avait acquis la renommée internationale d’une région dominée par la gauche progressiste, radicale ou révolutionnaire. Le phénomène de « droitisation » du sous-continent a rapidement effacé cette réputation. Il est temps de revoir nos considérations sur l’Amérique latine. Comme l’économie régionale échappe à l’emprise nord-américaine, le pouvoir glisse des mains des leaders emblématiques tels Hugo Chavez, Rafael Correa ou Lula.
La grande inconnue de l’équation est le Vénézuela : Nicolas Maduro est dans une telle impasse que l’on en vient à se demander s’il cèdera le pouvoir aux élections présidentielles de 2018, si celles-ci ont lieu. Le pays, à feu et à sang, entre lynchages des présumés « voyous » et affrontements avec les forces de l’ordre, ressemble plus à un État en guerre civile qu’à l’un des grands producteurs de pétrole dans le monde. Le peu de leadership qu’incarne en 2017 M. Maduro ne peut subvenir aux besoins de la population, et n’empêchera sans doute pas la fin du « Chavisme » …
L’influence du monde de la finance sur l’Amérique latine n’est donc pas récente. Les dictatures qui ont toutes contracté des dettes insolvables, sont les sources des crises de la dette sur le sous-continent. Celles-ci enclenchent le processus de privatisation de l’État des années 1980-1990. Dès lors, la population se tourne vers les alternatives politiques, généralement de gauche, incarnées par les leaders charismatiques que l’on connait aujourd’hui. Les chocs économiques successifs de 1974 à 2008 ont fragilisé les économies importantes de l’Argentine ou du Brésil et d’autres plus réduites. Il apparait clairement que la vulnérabilité économique du sous-continent croît à mesure que la gauche reste au pouvoir. Tous les modèles économiques sont touchés, qu’il s’agisse de la rente pétrolière du Vénézuela, l’économie agro-alimentaire du Paraguay ou celle, plus minière, du Chili.
En 2017, la dépendance de l’Amérique latine vis-à-vis du cours des matières premières se montre plus forte encore qu’auparavant. Le Vénézuela, économie monopolisée par le pétrole nationalisé en paye les conséquences. D’autres, comme l’Argentine, font les frais de mauvaise gestion budgétaire et financière à l’échelle de l’État. Les espoirs soulevés en Équateur, en Bolivie ou au Vénézuela ont déçu un grand nombre de citoyens. Les gouvernements de droite installés en Argentine ou en Colombie ont profité des erreurs de gestion économique de la gauche.
La situation politique du Vénézuela inquiète ses voisins et la Communauté internationale. À compter de la mort d’Hugo Chavez le 5 mars 2013, le pays subit des divisions de plus en plus marquées entre soutiens du régime et l’opposition qui manifeste, plus nombreuse que jamais. L’investiture de l’Assemblée constituante le 4 août 2017 a mis le feu aux poudres. L’opposition lutte en faveur de la destitution du président. Il ne fait aucun doute que le Vénézuela s’enferme dans un régime autoritaire à l’avenir incertain, où les oppositions de droite comme de gauche sont menacées.
Le phénomène de droitisation du sous-continent s’inscrit donc dans une logique cyclique liée aux évolutions économiques, qui caractérisent la politique latino-américaine depuis la Seconde Guerre mondiale.
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Simon Schmit, diplômé en Géopolitique et Relations internationales de l’ICP, spécialisé dans les enjeux socio-environnementaux, économiques et politiques en Amérique latine. Auteur de "Histoire, Géographie et Géopolitique de l’Amérique latine : Un sous-continent en pleine transition politique, énergétique et commerciale. Dossiers et fiches pays", éd. Diploweb via Amazon (Kindle et livre broché).
[1] The World Bank Data [en ligne], country profiles, USA, Inflation (consumer prices), consulté le 15 mars 2017
[2] Londoño José Luis, Székely Miguel, Persistent Poverty and Excess Inequality : Latin America, 1970–79, document de travail n° 357, Bureau de l’économiste en chef, Washington, Banque interaméricaine de développement, 1997
[3] Jonathan Marie, « Hyperinflation argentine de 1989 : une interprétation postkeynésienne », Revue de la régulation [En ligne] n° 15, 1er semestre 2014 Consulté le 20 mars 2017.
[4] Merckaert, Jean, entretiens, Alternatives économiques [en ligne], n°267, mars 2008. Consulté le 8 août 2017.
[5] En février 1983, le gouvernement de M. Luis Herrera Campins et la Banque Centrale du Vénézuela annoncent la fin de la libre convertibilité du Bolivar à 4,30 US $, la dévaluation de la monnaie de 30%, la création du Régime de Changes Différentiels et l’établissement de nouvelles taxes de change dérivées des politiques économiques entreprises depuis 1979.
Source : Banco Central de Vénézuela [en ligne], « Guia rápida de la economía venezolana », consulté le 24 avril 2017.
[6] De Larosière, Jacques, Amérique Latine, Bilan et Perspectives, conférence pour le colloque organisé par le CFCE et l’Institut des Hautes Études de l’Amérique Latine, Paris, le 21 mars 2001, retranscription en ligne consultée le 16 mai 2017.
[7] Banco Central de la República Argentina, “Boletín estadístico 2002-2005”, [en ligne]. Consulté le 27 mars 2017.
[8] UNESCO, « La alfabetización en Ecuador, evolución histórica e información actualizada » [en ligne], Quito, 2009. Consulté le 1er juin 2017.
[9] Commission Économique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes (CEPALC), “Social Panorama of Latin America 2015”, 2016. Consulté le 25 mai 2017.
[10] Central Intelligence Agency, “The C.I.A World Factbook 2007” [en ligne], , 2008. Consulté le 14 avril 2017.
[11] Banque Mondiale, « The World Bank Data » [en ligne], Croissance du PIB (% annuel), donnée pour la France et les États Unis en 2009. Consulté le 19 mars 2017.
[12] M. Angeles Villarreal, Congressional Research Service, “The Mexican Economy After the Global Financial Crisis”, Washington, 16 septembre 2010, pp. 4-7
[13] Central Intelligence Agency, “The C.I.A World Factbook 2016”, 2017. Consulté le 26 avril 2017.
[14] The World Bank Data [en ligne], Croissance du PIB (% annuel), Chili. Consulté le 19 mai 2017.
[15] Commission Économique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes (CEPALC), « Country Profiles - Nicaragua Economic Outlook » [en ligne], 2009, 2012, 2014.
[16] Banco Central de Vénézuela (BCV), “Annuario de Estadisticas del Sector Financiero”, Caracas, 2015.
[17] Le Monde et AFP [en ligne], “156 militants des droits humains tués en Colombie depuis 2016 », 1er avril 2017.
[18] LEMOINE, Maurice, “Désaccords de Paix en Colombie », Mémoire des luttes [en ligne], 6 octobre 2017.
[19] Courrier International, “Au Pérou, la descente aux enfers du président fait craindre le retour du clan Fujimori », 20 décembre 2017. Consulté le 21 février 2018.
[20] Radio France International, “Pérou : l’ex-dictateur Fujimori s’excuse, le président Kuczynski s’explique », 26 décembre 2017. Consulté le 22 février 2018.
[21] Si M. Alberto Fujimori s’est exilé au Japon depuis sa destitution en 2000, sa fille Keiko Fujimori continue la lutte politique pour le parti Force Populaire, regroupant l’intégralité du « clan Fujimori ».
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Date de publication / Date of publication : 11 mars 2018
Titre de l'article / Article title : Amérique du Sud : la droitisation du sous-continent le plus à gauche depuis 20 ans
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Le phénomène de droitisation du sous-continent s’inscrit dans une logique cyclique liée aux évolutions économiques, qui caractérisent la politique latino-américaine depuis la Seconde Guerre mondiale. Simon Schmit permet de distinguer clairement les grandes étapes.
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