Une synthèse de l’actualité internationale de février 2016 qui sera fort utile à tous ceux qui veulent disposer d’un point de l’actualité géopolitique ou préparent des concours. Pour ne rien manquer, le mieux est de s’abonner gratuitement à notre Lettre d’information.
Le Brexit est toujours à l’ordre du jour. Le premier ministre britannique, David Cameron, a pourtant obtenu de nombreuses concessions de la part de ses homologues européens un « statut particulier » : la City a un quasiment un droit de regard sur les avancées de la zone euro et le Royaume Uni n’aura pas, à terme, à adopter l’euro ni à verser des prestations sociales aux Européens installés sur son territoire depuis moins de 4 ans. David Cameron est très satisfait de cet accord qui selon lui réserve le « meilleur des deux mondes » au Royaume Uni ; après le « I want my money back » de M. Thatcher, D. Cameron lance « I don’t love Brussels, I love Britain »... Il a commencé sa campagne électorale pour le referendum concernant le possible Brexit, référendum probablement organisé au mois de juin 2016. Cet accord institue encore plus une Europe à la carte. L’Allemagne, la Belgique et le Danemark réfléchissent à la possibilité de limiter eux-aussi l’accès des migrants aux allocations familiales. La boîte de Pandore a été ouverte, on s’éloigne d’une « union sans cesse plus étroite entre les peuples », dans l’indifférence générale, ou presque.
Le très médiatique maire de Londres, Boris Johnson, en décidant de surfer sur la vague du Brexit, gêne considérablement le premier ministre mais se rapproche plus sûrement du pouvoir, au prix de la chute de la livre sterling. Les milieux économiques sont très partagés sur la question.
L’Union européenne ne parvient pas à trouver de solution face à la crise migratoire, Frans Timmermans – vice-président de la Commission européenne – estime que 60% des arrivées sur le sol communautaire relèvent de migrations économiques en particulier en provenance du Maghreb. Il prévient que l’Union a devant elle un choc migratoire et qu’il faut s’y préparer. Jean Asselborn - commissaire européen en charge des migrations – prévient d’un risque d’ « anarchie ». Bruxelles menace de suspendre la Grèce de l’espace Schengen, l’accusant de ne pas prendre les mesures nécessaires face au flux de migrants. L’OTAN a été appelée à la rescousse dans le cadre de la crise migratoire. L’Autriche filtre désormais les arrivées sur son territoire alors que Bruxelles rétablit le contrôle à ses frontières après l’annonce de l’évacuation partielle de la « jungle » de Calais. La Macédoine refuse de laisser passer les Afghans qui restent depuis bloqués en Grèce...
Face aux difficultés de la zone euro, Benoît Coeué, qui appartient au directoire de la BCE, demande une plus forte intégration politique et économique de celle-ci, proposant notamment de créer un Trésor européen et de renforcer le pouvoir du Parlement. L’approfondissement européen, une solution à la crise multiforme que nous traversons ? L‘intégration militaire entre Berlin et La Haye progresse. Des officiers allemands commandent déjà une partie de l’armée de terre néerlandaise, et dorénavant une partie de la marine allemande passe sous la direction de la marine néerlandaise : le « Seebataillon ». Il s’agit bien sûr de réaliser des économies dans le domaine militaire, une forme de mutualisation des dépenses.
La Bosnie-Herzégovine vient de déposer sa candidature d’adhésion à l’Union européenne. Le statut de candidat doit être maintenant étudié à Bruxelles.
La zone euro est de nouveau sous tension. Les discussions avec la Grèce n’y sont pas complètement étrangères pas plus que ne l’est la croissance économique encore atone de la zone euro. Les banques européennes apparaissent fragiles aux yeux des investisseurs et les bourses décrochent. Ainsi, depuis mai 2015 les bourses européennes ont décroché de plus de 20% (Francfort, Londres, Paris) voire plus (30% pour Madrid et Milan). Le fantôme de la crise de 2008 plane de nouveau sur les marchés financiers d’autant plus que l’OCDE prévoit que la croissance économique mondiale ne devrait pas excéder 3% cette année.
L’EI a perpétré plusieurs attentats en Syrie causant plus de 200 morts sur le mois de février 2016, alors que Boko Haram continue à assassiner au Nigeria, maintenant un climat de terreur au moins dans la partie Nord du pays. L’Irak est toujours la cible d’attentats.
Ankara est à son tour victime d’un attentat qui fait une trentaine de victimes. Il a été très probablement perpétré par le PKK (parti des travailleurs kurdes de Turquie) en riposte aux bombardements turcs contre les positions kurdes en Syrie. Cette escalade de violence est des plus préoccupantes car la Turquie était parvenue à un cessez-le-feu avec le PKK depuis quelques années. Celui-ci semble avoir volé en éclat tant l’ennemi d’Ankara semble davantage être les Kurdes que Daech dans la guerre qui déchire le Proche-Orient.
La Turquie bombarde les positions kurdes de la région d’Azaz au nord de la Syrie pour éviter que le PYD (le pendant syrien du PKK kurde de Turquie) ne s’y renforce et puisse créer un « Etat » kurde au nord du pays. La Russie quant à elle bombarde les rebelles. En fait la rivalité entre Moscou et Ankara se développe sur le terrain syrien, une guerre par procuration – comme celle qui se joue entre Téhéran et Riyad au Yémen – d’autant plus inquiétante que la Turquie est membre de l’OTAN et qu’il existe une solidarité entre ses membres.
Vers un cessez-le-feu en Syrie ? Washington et Moscou ont trouvé un point d’accord pour un cessez-le-feu. Reste à voir son inscription dans le temps.
Le pays est divisé entre les milices islamistes autour d’al Fajr Libya qui tiennent la région de Tripoli, l’armée nationale libyenne qui dirige la région de Tobrouk, Daech et Aqmi qui ont pris possession du « rivage des Syrtes », et les milices Toubous qui luttent contre les Touaregs dans le sud du pays. L’ONU espère pouvoir solutionner cette situation grâce à un gouvernement d’union nationale issu des négociations de Skhirat, mais rien n’est simple. Le tout se joue sur fond d’effondrement de la production pétrolière libyenne et d’une inflation galopante. La Libye ne joue plus son rôle de verrou migratoire...
L’équilibre de l’économie mondiale est menacé par la baisse sensible de la monnaie chinoise – plus de 6% par rapport au dollar depuis le début de 2016 – alors que le dollar se renforce et que la Banque centrale européenne maintient l’euro à un niveau relativement bas en continuant à mettre des liquidités sur le marché. Les implications sont nombreuses. Le relèvement du dollar provoque le départ des capitaux des pays émergents – fragilisant ainsi une économie brésilienne qui en a impérativement besoin – au profit du marché nord-américain, alors que la faiblesse du yuan provoque un début d’hémorragie monétaire en Chine. Certains se demandent s’il ne faudrait pas envisager un accord monétaire – du type accord du Plazza hotel de 1985 - pour soutenir la monnaie chinoise et faire baisser la valeur du dollar. Benoît Coeuré estime que la faiblesse des devises émergentes est devenue un risque pour la bonne santé de l’économie mondiale.
Le Nigéria doit faire appel à la Banque mondiale à cause de la décrue du prix du baril du pétrole. Il demande une aide de 2,5 milliards de dollars et une autre d’un milliard à la Banque africaine de développement. Il est fortement pénalisé par la décrue du prix du baril de pétrole.
La production industrielle au Brésil s’est contractée de plus de 8% en 2015, pire chiffre depuis 2003, alors que l’inflation s’établit à plus de 10% sur un an. Le service de la dette représente désormais 20% du PIB brésilien.
En Afrique d Sud, le président Zuma cristallise les mécontentements, surtout depuis la révélation que de l’argent public - 20 millions d’euros – a servi à rénover sa demeure. Dans ce pays miné par les inégalités et qui se prépare à une cure d’austérité, des manifestants exigent un remboursement rapide de la somme.
La Chine connait, quant à elle, une hémorragie monétaire du fait de l’affaiblissement de sa monnaie. Ainsi, en 2015 les stocks de devises étrangères ont baissé de 500 milliards de dollars.
L’OMS s’est inquiétée de la gravité de l’épidémie Zika transmise par un moustique. Elle est particulièrement dangereuse pour les femmes enceintes pour le risque de malformation des fœtus – la microcéphalie – et semble se transmettre non seulement par la piqûre du moustique mais aussi par voie sexuelle. Le Brésil est le pays le plus touché avec plus d’un million de personnes contaminées. L’OMS fait ici amende honorable après sa coupable léthargie lors de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest.
Le roi d’Espagne demande à Pedro Sanchez (PSOE) de former le nouveau gouvernement qui doit être investi le 3 mars 2016. La tache s’annonce difficile faute d’une majorité du PSOE au parlement.
En Ouganda, Yoweri Museveni – 71 ans - vient d’être reconduit pour un cinquième mandat d’une durée de 5 ans.
En Iran, les élections pour renouveler le Parlement ont été remportées par les réformateurs avec notamment les 30 sièges de la capitale Téhéran. Il s’agit d’un vrai revers pour les conservateurs. Cependant l’Iran ne se résume pas à sa capitale.
En Irlande, les élections législatives ont été perdues par la coalition au pouvoir (Fine Gael et Labour), mais aucune majorité claire ne se dégage, un peu comme lors des dernières élections en Espagne.
Seule candidate à ce poste, Christine Lagarde entame un second mandat à la tête du FMI.
Pyongyang a procédé au lancement à un tir de fusée qui a survolé le territoire nippon et provoqué la fureur de ses voisins comme de la communauté internationale. Washington étudie la possibilité, avec Séoul, d’établir sur le sol sud-coréen un bouclier anti-missiles –THAAD), ce que goûte peu Pékin.
Réunis au sein de l’association Aegis, les sidérurgistes protestent contre les importations à bas coût de l’acier chinois qui casse les prix sur le Vieux continent. La Chine est en surcapacité et écoule comme elle peut ses productions sur les marchés asiatiques et européens. La Commission a mis en place trois enquêtes anti-dumping (tuyaux sans soudures, tôles lourdes et aciers plats laminés à chaud) et décidé de relever ses droits de douanes sur les aciers chinois et russes. Cette filière industrielle encore grande pourvoyeuse d’emplois est en péril en Europe.
Le chinois Jin Liqun est le président de la Banque asiatique de développement. Il sera secondé par un indien, un sud-coréen, un allemand et un britannique. Dotée d’un capital de 100 milliards de dollars, 57 Etats participent à cette banque.
Le chinois ChemChina rachète, en cash, le suisse Syngeta pour 43 milliards de dollars. C’est la plus importante acquisition chinoise à l’étranger.
A l’Ouest de Delhi, dans l’Etat d’Haryana, la caste des Jats doit faire face à de mauvaises récoltes et réclame - en coupant les voies de communication ce qui a provoqué l’intervention de l’armée – une prise en compte de leur situation. Ces émeutes ont déjà fait 20 morts et plusieurs centaines de blessés.
Les Etats-Unis et les 10 pays de l’ASEAN se sont réunis dans ce qui peut être considéré comme un « sommet anti-Chine », qui se joue après la signature de l’accord transpacifique et dans un contexte de fortes tensions maritimes avec la Chine.
Le commerce extérieur allemand a battu un nouveau record pour l’année 2015, et ce malgré l’affaire Volkswagen, progressant de plus de 6% par rapport à 2014 Les Etats-Unis sont devenus le premier client de l’Allemagne – une nouveauté – devant la France.
Airbus a remporté de beaux succès en 2015. Ainsi, plus de 1 000 milliards d’euros de commande ont été passés. L’année 2016 s’annonce aussi sous de bons auspices.
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Les références de cet ouvrage sont : Axelle Degans, Actualité internationale 2015, éd. Diploweb.com, 2016. ISBN : 979-10-92676-07-5
Bonne lecture ! Axelle Degans
Professeure de chaire supérieure au lycée Faidherbe (Lille) où elle enseigne la géopolitique en classes préparatoires économiques et commerciales. Membre du laboratoire HABITER (EA 2076) de l’Université Reims Champagne-Ardenne. Elle est notamment co-auteure chez Ellipses de Histoire, Géographie, Géopolitique. Concours d’entrée aux grandes écoles, Coll. Atout concours, Paris, 2015 ; et Un monde multipolaire. Géopolitique et géoéconomie, Coll. CQFD, Paris, 2014.
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Date de publication / Date of publication : 1er mars 2016
Titre de l'article / Article title : 2/2016 Actualité internationale
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