La progression d’Aube dorée s’explique-t-elle uniquement par le contexte de crise unique que connaît la Grèce ? A. Voy-Gillis met en perspective son parcours, du nazisme au nationalisme, de la théorie à l’action ; puis de la rue aux urnes, de la situation de gang à celle de troisième force politique grecque. Illustré d’une carte et d’un graphique. Un document de référence.
EN 2012, le parti d’inspiration national-socialiste, Aube dorée [1], entrait pour la première fois au Parlement grec [2]. Aube dorée a su s’ancrer dans le paysage politique grec et ce malgré la mise en accusation depuis septembre 2013 de plusieurs de ses membres pour meurtre, violences physiques et blanchiment d’argent.
L’assassinat du rappeur antifasciste Pávlos Fýssas a provoqué une réaction inédite des autorités grecques [3] qui étaient restées jusqu’alors mutiques à l’égard de ces agissements. L’absence de poursuites contre l’organisation jusqu’à cette date serait due à la connivence entre des membres des forces de l’ordre et Aube dorée.
La progression d’Aube dorée s’explique-t-elle uniquement par le contexte de crise unique que connaît la Grèce ?
Son ascension n’est pas seulement celle d’un parti, elle est également celle d’hommes, en particulier de son leader Nikólaos Michaloliákos, qui œuvrent depuis plus de 30 ans à la diffusion de leurs idées et au contrôle physique d’un territoire, celui du centre d’Athènes. Aube dorée a fait évoluer son discours et ses pratiques. Mettons en perspective son parcours, du nazisme au nationalisme, de la théorie à l’action (I) ; puis de la rue aux urnes, de la situation de gang à celle de troisième force politique grecque (II).
Aube dorée, avant de devenir un parti politique, a préexisté sous la forme d’une revue nationale-socialiste et s’est largement inspiré de l’héritage du nazisme et fascisme pour alimenter son discours et conduire ses actions sur le terrain.
Si le parti Aube dorée a été créé en 1993, il est l’émanation d’une structure plus ancienne, la revue Chryssi Avgi, dont il traduit politiquement les idées. Cette revue a été fondée en 1980 par Nikólaos Michaloliákos [4]. Dès le début, elle ne cache pas son attachement au national-socialisme (croix gammées, glorification d’Hitler et du nazisme, etc). Les collaborateurs de cette revue sont aujourd’hui encore des cadres dirigeants d’Aube dorée comme Christos Pappas [5]. Elle assure une activité de propagande, publie des ouvrages et organise des formations sur des thèmes laissant peu de doutes sur son orientation idéologique : « Objectifs, visées et idéologie d’Aube dorée », « Adolf Hitler, le symbole du siècle », « le cours historique des théories raciales et l’importance du racialisme pour la vision nationale-socialiste du monde », « le danger sioniste », etc. [6]
Dès le début, les rédacteurs de Chryssi Avgi recherchent des liens internationaux en opérant un rapprochement avec différents groupes européens et internationaux dont le groupe néonazi Círculo Español de Amigos de Europa [7] (Cedade). Ce dernier a tenté depuis sa création de devenir l’épicentre des organisations néofascistes européennes [8] et a organisé en 1969, à Barcelone, les rencontres annuelles du Nouvel Ordre européen [9]. Des membres d’Aube dorée collaboreront pendant plusieurs années avec Léon Degrelle et avec d’autres organisations européennes [10]. Ils ont été également présents au stand du Front National de la Jeunesse (FNJ) à l’occasion de l’Université d’été du Front National [11] au milieu des années 1990. Cette stratégie d’internationalisation est commune à de nombreux partis de la droite radicale.
En avril 1984, la revue cesse brusquement de paraître tandis que Nikólaos Michaloliákos est nommé, en septembre 1984, par Geórgios Papadópoulos, chef de l’organisation de jeunesse de son parti, l’Union Politique Nationale (EPEN, Ethiki Politiki Enosi). Il en démissionne en janvier 1985 [12]. Cet arrêt de publication de la revue coïncide également avec une période juridique tumultueuse pour certains membres de l’organisation.
Chryssi Avgi refait son apparition en 1987 et inaugure un local en plein centre d’Athènes. Les nouveaux statuts donnent une organisation en deux branches : l’une consacrée « à l’élaboration, la recherche et les perspectives de la production culturelle européenne [...] selon la vision de la biothéorie du national-socialisme [13] » et l’autre, la Ligue populaire comme expression politique de l’organisation qui « agit concrètement dans le but d’éclairer idéologiquement et de structurer politiquement la société grecque selon les principes du national-socialisme, tout en assumant la tâche de mener le combat politique adéquat [14] ». Ils donnent également une place prépondérante au chef comme dirigeant, uniquement révocable à la suite d’une décision unanime du Comité central qu’il dirige, sans en être, et dont il nomme quatre membres sur sept.
En 1992, la Grèce connaît une vague nationaliste et xénophobe en raison des conflits dans les Balkans et de la dislocation de la Macédoine. L’effondrement du régime albanais entraîne des flux migratoires aux frontières nord de la Grèce. L’ambiance de peur et d’insécurité à laquelle se mêle le spectre de la menace nationale incarnée par la Macédoine, crée une fièvre nationaliste qui offre un terreau fertile à Aube dorée pour développer ses activités. Les rédacteurs de Chryssi Avgi décident de passer de la théorie à l’action en fondant officiellement leur parti l’année suivante.
Dans ce contexte, Aube dorée fait évoluer certaines de ses positions. Si sa première déclaration, écrite dans les années 1980, faisait référence dans le texte à la symbolique du national-socialisme, cela n’a pas été le cas dans la seconde en 1992. Cette deuxième déclaration correspond également à une période où l’organisation s’ouvre. Elle cessera de faire référence de manière explicite aux termes de « national-socialisme » et « national-socialiste » et utilisera le terme « nationaliste » qui lui semble plus pertinent et permet d’éviter une stigmatisation de l’opinion publique [15].
Néanmoins, si officiellement elle est prête à défendre la liberté et à reconnaître la démocratie parlementaire, en interne le discours est tout autre. Le parti souhaite à la fois répondre aux attentes de l’opinion publique et satisfaire sa base militante. En outre, les membres d’Aube dorée font référence de manière récurrente à la Grèce antique à travers le prisme des auteurs « philohellène » de l’Allemagne nazie. L’organisation fait également référence à la cryptie [16] qui est mentionnée par plusieurs auteurs de l’Antiquité comme une coutume selon laquelle les jeunes spartiates devaient assassiner pendant la nuit autant d’Hilotes que possible tout en bénéficiant de l’impunité. Un comportement qui n’est pas sans rappeler les actions conduites par les membres d’Aube dorée la nuit. A travers la cryptie, Aube dorée célèbre également la Sparte raciale et son roi Leonidas (célébré chaque année aux Thermopyles). Nous retrouvons de nombreuses références à Sparte dans l’Allemagne nazie et notamment chez Hitler, ce qui fait dire à Johann Chapoutot que « La référence d’Hitler à Sparte, ville « nordique » par excellence, sert de justification d’un imaginaire criminel et d’une extermination politique au nom de l’eugénisme de tout être inférieur [17]. »
Les théories d’Aube dorée sont fondées sur un racisme biologique, bien que l’organisation le remplace parfois par l’ethno-différentialisme d’Alain de Benoist.
Les couleurs du drapeau d’Aube dorée sont celles du 3ème Reich : rouge, blanc et noir. Dans les premiers numéros de Chryssi Agvi, il y a une utilisation récurrente de la croix gammée. Par la suite, il est également utilisé le crochet de loup, un symbole de l’alphabet runique, la Wolfsangel, puis l’organisation utilisera le méandre qu’elle lie au svastika.
La devise « Sang, Honneur et Aube Dorée » rappelle le slogan « Blut und Ehre » des jeunesses hitlériennes. L’autre slogan récurrent est « Canailles, Traîtres et Politiciens » qui a eu une résonnance particulière pendant les périodes de crise. Egalement « La Grèce aux Grecs ! », slogan courant dans les milieux d’extrême droite et qui rappelle le « La France aux Français » de Jean-Marie Le Pen.
La stratégie politique d’Aube dorée rappelle la stratégie de la tension (strategia delle tensione) mise en place par l’extrême droite italienne dans les années 1970. Elle visait à provoquer des affrontements entre les forces politiques dans la rue et un climat de violence politique afin de déclarer l’état d’urgence et d’instaurer un régime autoritaire. Dans ce contexte, Aube dorée aspire à la naissance d’un Etat national racial (völkisch). L’organisation souhaite une prise de pouvoir à la suite d’une révolution.
En outre, la méthode des agressions rappellent celle des squadristi [18] : opérations éclairs, attaques au couteau, à la matraque ou à la barre de fer, passage à tabac et fuite directe des agresseurs. Aube dorée adopte toujours la position de victime en état de légitime défense.
Aube dorée a mis 20 ans pour acquérir sa position de 3ème force politique. Un long travail auprès des populations ainsi qu’un contexte économique et social peuvent expliquer cette situation.
La montée de l’extrême droite en Grèce s’explique plus par le sentiment que le système politique a trahi le pays et par la crise économique et financière que par les flux migratoires clandestins et la criminalité. Malgré ce constat, les partis politiques traditionnels et notamment le parti Nouvelle Démocratie ont fortement axé leurs discours sur la question migratoire.
Aube dorée a longtemps refusé de participer aux élections souhaitant que les citoyens ne se rendent pas aux urnes afin de désapprouver les partis politiques traditionnels. Elle constitue une liste pour la première fois aux élections européennes de 1994. Son projet se voulait à la fois en rupture avec le système politique et garant de l’ordre et de la loi. La formation réunit 7 242 voix (0,11% des suffrages) quand l’EPEN en réunit 50 372 voix (0,78%). Elle explique ses résultats par une conspiration médiatique et un manque de moyens financiers.
La formation ne fait pas de meilleurs résultats aux élections législatives de 1996 [19] en réunissant 4 487 voix (0,07%). Aux élections européennes de 1999, le parti collabore avec Kostas Plevris dans une formation appelée Première Ligne (Proti Grammi) et avec deux autres qui sont le Front Grec (Elliniko Métopo [20]) de Makis Voridis et le Parti de l’hellénisme (Komma Ellinismou) de Sotiris Sofianopoulos. Aube dorée rassemble 48 532 voix (0,75%). Cette coalition fait ses meilleurs scores dans les centres urbains d’Athènes et de Thessalonique ainsi qu’en Laconie (Péloponnèse) et dans les régions de Pieria et Florina (Grèce du Nord). Le vote est principalement masculin et plutôt dans les quartiers bourgeois. Par la suite, K. Plevris se retira de la coalition ce qui a été à la fois une douche froide pour Aube dorée et un nouvel échec de l’union des extrêmes droites grecques.
Aube dorée a attendu les élections municipales de 2002 pour se présenter à nouveau à des élections où elle soutiendra la liste Alliance patriotique conduite par Giorgos Karatzaferis [21] dans la région d’Athènes. L’extrême droite connaîtra un véritable succès avec 223 531 voix (13,60%). Les résultats ne sont pas aussi bons dans les zones où Aube dorée a soutenu ses propres candidats.
Le 21 avril 2004 [22], Aube dorée participe à l’Alliance patriotique (Patriotiki Symmachia) dont le leader est Dimitrios Zafiropoulos, éditeur du journal pro-putschiste Monde Libre (Eleftheros Kosmos). Cette coalition rassemble également l’EPEN et quelques figures de l’extrême droite. Les résultats sont très faibles tant aux élections européennes de 2004 (0,17% - 1687 voix) qu’aux élections municipales à Athènes de 2006 (1,34% - 3 705 voix).
A chaque fois que les résultats électoraux n’ont pas été à la hauteur de ses espérances, Aube dorée affirme qu’elle était placée à l’écart des médias. Son exclusion a été son argument de campagne en mai et juin 2012. Néanmoins, il semble difficilement recevable quand on observe la place accordée par les médias à l’organisation par rapport aux autres formations politiques. Il y a une médiatisation importante d’Aube dorée par rapport à son poids politique réel. Avant son arrivée au Parlement, la formation politique était régulièrement conviée à s’exprimer sur différents sujets. Ces interventions ont souvent donné lieu à des échauffourées qui montrent le symptôme d’une télévision spectacle qui s’intéresse plus à la forme qu’au fond des prises de position. Elles sont également le symptôme d’un contexte ambiant où les idées d’Aube Dorée ont de plus en plus prise. Aube Dorée se focalise durant ses apparitions sur des thématiques qui font partie du débat public. Par ailleurs si les médias n’ouvrent pas leurs portes à Aube dorée, elle les force [23].
Les résultats d’Aube dorée seront stagnants jusqu’aux élections municipales de 2010 où le leader de l’organisation est élu au conseil municipal d’Athènes avec 10 222 voix (5,29%). Son influence est visible dans les quartiers sensibles d’Athènes (8,38% dans le 6ème arrondissement d’Athènes, 6,94% dans le 4ème). Les bons résultats de l’organisation s’expliquent également par l’absence du LAOS à ces élections car il soutenait Nikítas Kaklamánis, tête de liste de Nouvelle Démocratie.
Les législatives de mai 2012 sont une consécration pour Aube dorée qui entre pour la première fois au Parlement avec 441 018 voix (6,97%) et 21 députés. Le LAOS s’effondre à ces élections en obtenant uniquement 198 467 voix (2,90%). Les meilleurs résultats d’Aube dorée sont dans les régions de Corinthe (11,98%), de Laconie (10,19%), d’Argolis (9,90%), dans l’Attique (9,70%), dans la 2ème circonscription du Pirée (9,49%). A contrario, l’organisation obtient des résultats faibles dans les régions d’Iraklion (2,63%), de Lassithi (2,68%), de Réthymnon (2,98%), de Rhodope (3,74%) et de Chios (4,19%).
Aux élections de juin 2012, le parti perd 3 sièges et des voix (425 990 voix et 6,92%) mais se maintient à un niveau élevé tandis que le LAOS continue de perdre du terrain (1,58%). L’abstention a également été plus forte à ces élections qu’aux précédentes.
Aux élections de janvier 2015, Aube dorée réunit 388 447 voix (6,3%) et perd un siège de député. Elle reste tout de même la 3ème force politique du pays. Elle confirme cette position aux élections de septembre 2015 où elle regagne un siège (379 581 voix – 7%).
L’organisation a longtemps préféré les combats de rue aux urnes. La crise économique et sociale qui touche la Grèce depuis 2011 a été un facteur favorisant sa progression électorale.
Le vote pour Aube dorée apparaît en premier lieu comme un vote de protestation, d’indignation et de punition à l’égard de la classe politique. La seconde raison est un soutien aux positions d’Aube dorée sur l’immigration et la fermeture des frontières et de manière plus générale une adhésion au programme politique du parti pour son profil patriote.
Le vote en faveur d’Aube dorée a également évolué. S’il reste plutôt masculin et jeune, c’est un vote équilibré entre les grandes villes, les villes moyennes et la province. Aube dorée attire essentiellement les ouvriers et les travailleurs précaires qui sont les premières victimes de la crise économique grecque. Le vote des classes populaires en sa faveur différencie l’organisation du LAOS qui avait un soutien plus diversifié et venant essentiellement des quartiers aux revenus moyens-supérieurs.
L’organisation insiste sur la question de l’immigration avec une propagande anti-immigration et des actions violentes contre les immigrés clandestins. Si l’on observe les zones de vote en faveur d’Aube dorée, force est de constater que ses résultats sont homogènes, y compris dans les régions où les immigrés sont peu présents. Elle considère que l’immigration n’est pas un problème social mais un problème racial. Par conséquent, elle propose d’adopter une législation de xénélasie [24]. La stigmatisation des immigrés permet la distinction entre Grecs et étrangers. Elle est la matière première de la construction d’une identité collective imaginaire par Aube dorée : celle des Grecs de souche comme remède à la « décadence nationale » provoquée par les étrangers.
L’autre explication de la victoire d’Aube dorée est que l’organisation a gagné la confiance des citoyens grâce à son implantation dans les quartiers sensibles d’Athènes où elle a joué un rôle de milice. Elle s’est également implantée en province où elle s’est substituée à l’Etat en soutenant les résidents grecs contre les immigrés.
Les actions d’Aube dorée en faveur de la population grecque rappellent celles conduites par le mouvement CasPound en Italie ou par le Bloc Identitaire en France. Le quartier d’Agios Panteleïmonas [25] est perçu par de nombreux chercheurs comme la clé de la transformation d’une organisation marginale en acteur politique majeur du pays. La tactique d’Aube dorée est simple, elle consiste en une occupation de certains espaces (investissement et contrôle du territoire), la proximité et la protection au quotidien des citoyens. Aube dorée substitue aux paroles les actes. Elle mène des actions concrètes de soutien au Peuple : distribution de nourriture [26] aux plus démunis, service de protection aux personnes âgées et en difficulté. Elle souhaite développer une action sociale mais uniquement pour les nationaux.
Le contexte de crise inédit a également participé à son émergence, tout comme le mépris des citoyens à l’égard des partis traditionnels et l’impuissance de ces derniers à élaborer un projet politique alternatif. Comme de nombreux partis d’extrême droite, Aube dorée apporte des réponses simples à des maux complexes. Son arrivée au centre de la scène médiatique se fait au moment des mobilisations populaires contre l’austérité et le mémorandum. Elle a pu s’appuyer sur le désarroi populaire et la dénonciation des élites.
Enfin d’autres éléments ont permis son émergence comme l’auto-élimination du LAOS par sa participation au gouvernement pro-mémorandum. Il n’y a pas de « cordon sanitaire » en Grèce contre l’extrême droite, ainsi l’organisation n’a jamais été mise au ban de la société et elle s’est chargée de rappeler régulièrement le passé collaborationniste de certains membres de la droite. Sa proximité avec certains membres des forces de police et de sécurité lui ont permis d’éviter des poursuites pendant plusieurs années malgré les délits commis. Ses violences à l’encontre des immigrés trouvent un écho dans la société grecque où plusieurs actions de soutien à des personnes ayant commis des actes de violences contre les immigrés ont eu lieu. Après sa victoire en 2012, l’organisation a organisé des pogroms. Il y a eu des arrestations mais pas ou peu de condamnations.
Malgré les prédictions de nombreux chercheurs et personnalités politiques, Aube dorée reste 3 ans après son entrée au Parlement la troisième force politique de Grèce et ce malgré un procès en cours pour meurtre. Rien ne laisse présager une baisse de ses résultats dans les années qui viennent.
Néanmoins, si le parti nazi semble avoir stabilisé son électorat entre 6 et 7% des suffrages, il peine à progresser et élargir sa base électorale contrairement à d’autres organisations d’extrême droite en Europe.
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Doctorante à l’Institut Français de Géopolitique (IFG, Université Paris VIII) et membre de l’Observatoire Européen des Extrêmes. Consultante M&A. Ses recherches portent sur les populismes et les extrêmes droites en Europe ainsi que sur les enjeux de la réindustrialisation de la France.
[1] Le nom complet de l’organisation est « Association populaire – Aube dorée » et en grec Chryssi Avgi. Etant donné que la revue du même nom est née avant l’organisation politique, nous utiliserons dans le texte « Aube dorée » pour le parti et Chryssi Avgi pour parler de la revue.
Pour tous les mots grecs, nous utilisons une traduction littérale.
[2] Nos remerciements à A. Petridis qui nous a d’une part offert l’accès à certains documents sur Aube dorée et aux anciens numéros de Chryssi Avgi, ; d’autre part, d’avoir réalisé la traduction intégrale ou partielle de ces documents nous donnant ainsi accès à une information de qualité.
[3] Les membres de l’organisation sont jugés pour « appartenance à une organisation criminelle ». Outre l’accusation de meurtre, les chefs d’accusation de « violences physiques » et « blanchiment d’argent » ont été retenus. Malgré ces accusations graves, Aube dorée maintient ses scores dans les urnes et dans les sondages.
[4] Nikólaos Michaloliákos a fait ses débuts politiques dans les milieux d’extrême droite dans les années 1970 au moment du metapolítefsi.
Le metapolítefsi renvoie à la période de changement de régime politique survenue après la dictature. Il désigne plus particulièrement la transition démocratique qui a permis le passage du régime des Colonels (1967 – 1974) à la République parlementaire. Parmi les mesures phares de cette période figure la légalisation du Parti communiste grec et des autres partis de gauche, l’abolition de la monarchie, l’arrestation et la condamnation des anciens dictateurs et la promulgation d’une nouvelle constitution.
[5] Tête de liste aux élections législatives de mai et juin 2012, élu député en 2012 et réélu en 2015. En 1983, il avait écrit un hymne à Hitler qui a été publié dans la revue Chryssi Avgi (« Révolution et vérité », Chryssi Avgi, n°12, décembre 1983). Son père, Ilias Pappas, était un proche du dictateur Geórgios Papadópoulos.
[6] On peut trouver la liste des formations proposées dans le numéro 8 de la revue, publié en 1983, à la page 30.
[7] Fondé en 1966 à Barcelone et dissous en 1993, le CEDADE était notamment proche du lieutenant-colonel SS Otto Skorzeny et de l’officier des Waffen SS Léon Degrelle.
[8] Xavier Casals, « Le national-populisme en Espagne : les raisons d’une absence », dans Pascal Perrineau, Les croisés de la société fermée : L’Europe des extrêmes droites, La Tour d’Aigues, L’Aube, 2001, p.331
[9] Coalition européenne d’organisations fascistes et néonazies auxquelles une délégation d’Aube Dorée a pris part en 1981.
[10] Deux membres d’Aube dorée (Christos Pappas et Dimitris Zoumpoulis) sont également recrutés par Léon Degrelle pour participer à une organisation internationale du fascisme. En outre, on retrouve dans ce groupe Stefano delle Chiaie (ex-MSI, militant fasciste international) ou Michael Kühnen.
[11] Jean-Yves Camus, "Les relations internationales du Front National", Centre de recherche d’information et de documentation antifasciste, Rapport 98, Paris 1998, p. 240
[12] La direction de l’EPEN sera alors confiée à Makis Voridis qui fondera plus tard le Front Grec inspiré du Front National de Jean-Marie Le Pen. En 2005 il passera avec ses proches au LAOS et en 2012 il rejoindra Nouvelle Démocratie.
[13] Dimitris Psarras, Aube dorée : Le livre noir du parti nazi grec, Paris, Editions Syllepse, 2014
[14] Ibid
[15] Voir à ce sujet, Piero Ignazi, Extreme Right Parties in Western Europe, New-York, Oxford University Press, 2003, p. 31
[16] Sur la cryptie voir Plutarque, « Vie de Lycurgue », Les vies des hommes illustres, Paris, Charpentier Librairie-Editeur, Tome 3ème, 1853, p.90.
Ouvrage consulté en ligne le 1 octobre 2015 à l’adresse suivante :
http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Plutarque/
[17] Johann Chapoutot, Le national-socialisme et l’Antiquité, Paris, PUF, 2008 p. 320
[18] Les squadristi sont les faisceaux de combat créés par Mussolini.
[19] N. Michaloliákos réunira 222 voix dans la 2ème circonscription d’Athènes et A. Androutsopoulos 140 voix dans la 1ère circonscription d’Athènes.
[20] Ce parti avait reçu le soutien de Jean-Marie Le Pen. Le parti est en rupture avec les références idéologiques d’Aube dorée.
[21] Ancien député de Néa Dimokratía (Nouvelle Démocratie), il fonde à la fin des années 1990 un regroupement politique au nom de Nea Elpida (Nouvel Espoir). Il fondera en 2000 le Laïkos Orthodoxos Synagermos (LAOS – Alerte Populaire Orthodoxe) à la suite de son exclusion de Nouvelle Démocratie. Le LAOS obtiendra 10 députés en 2007 et 15 en 2009. Néanmoins, sa participation avec le PASOK et Nouvelle Démocratie au gouvernement de coalition de Papadímos lui feront perdre tous ses députés et tout le crédit dont il bénéficiait au sein de la société grecque.
[22] La date est symbolique puisqu’il s’agit de la date d’anniversaire du putsch des colonels.
[23] Le 17 juin 2006, une cinquantaine de militants d’Aube dorée ont envahi le plateau de la chaîne publique ET3 à Salonique au nom de la liberté d’expression.
[24] Il s’agit à nouveau d’une référence à Sparte où la xénélasie désignait la pratique systématique d’expulsions et de déportations violentes des étrangers.
[25] Quartier du centre de la capitale grecque
[26] Cette distribution de nourriture est réservée uniquement aux citoyens grecs avec un contrôle d’identité des personnes.
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Date de publication / Date of publication : 28 novembre 2015
Titre de l'article / Article title : Grèce. Aube dorée : de l’ombre à la lumière
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La progression d’Aube dorée s’explique-t-elle uniquement par le contexte de crise unique que connaît la Grèce ? A. Voy-Gillis met en perspective son parcours, du nazisme au nationalisme, de la théorie à l’action ; puis de la rue aux urnes, de la situation de gang à celle de troisième force politique grecque. Illustré d’une carte et d’un graphique. Un document de référence.
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