Voici une synthèse de l’actualité internationale de septembre 2015 qui sera fort utile à tous ceux qui veulent disposer d’un point de l’actualité géopolitique ou préparent des concours. Pour ne rien manquer, le mieux est de s’abonner gratuitement à notre Lettre d’information.
L’ECONOMIE des Etats-Unis se porte mieux que prévue, avec une augmentation du PIB du deuxième trimestre 2015 estimée par le département du commerce à 3,7%. Elle est portée par la reprise de la consommation des ménages, celle du marché de l’immobilier et de l’investissement des entreprises. Pour mémoire, la croissance française aux mêmes dates est de 0%.
La crise que traverse la zone euro a révélée l’inanité d’avoir une monnaie unique – et donc d’avoir opéré un transfert de souveraineté dans ce domaine – sans avoir un « gouvernement économique ». La solidarité mise en place dans la zone euro au profit de la Grèce laisse entrevoir une évolution des institutions. La BCE appelle à la création d’un Trésor de la zone euro, voire d’un ministère des Finances à caractère supranational, ce qui suppose une modification des traités européens. Après le psychodrame d’un éventuel « Grexit » de l’été 2015, les pays de la zone euro sont-ils prêts à ce nouveau transfert de souveraineté ?
Le Brésil est entré en récession « technique » car son PIB s’est contracté sur les quatre derniers trimestres écoulés, les économistes prévoient même une deuxième année de récession en 2016, ce qui serait une première pour ce « jaguar » depuis la crise de 1929. Le scandale de corruption autour de la firme pétrolière Petrobras secoue toute l’économie, car la firme a déjà perdu plus d’un milliard d’euros en capitalisation boursière l’obligeant à vendre des droits de prospection à des firmes étrangères et à diminuer ses investissements. Le Brésil doit appliquer un plan d’austérité peu populaire, d’ailleurs la côte de popularité de Dilma Rousseff s’est effondrée à 7% ! Est-ce une crise de maturité d’un Brésil déjà puissance émergée ? C’est ce que les plus optimistes espèrent. Le Brésil est devenu ce que le poète José Neumanne Pinto nomme une « terre de malaise ».
L’Inde de Narenda Modi connait une gigantesque grève nationale qui unit des centaines de millions de salariés (peut-être 150 millions) pour dénoncer une libéralisation du marché du travail – faciliter le licenciement par exemple – mais aussi largement pour exprimer une forte déception quant aux réformes attendues et non réalisées.
Vladimir Poutine se tourne aujourd’hui davantage vers le Moyen-Orient, détournant aussi ainsi les regards internationaux de l’Ukraine. Après avoir été invitée par la maréchal Al-Sissi - à l’inauguration d’un canal de Suez élargi, la Russie invite à son tour le nouvel homme fort de l’Egypte à Moscou. L’Egypte, véritable pivot du Moyen-Orient, entretient des relations avec Moscou de longue date – on peut se souvenir de l’époque de Nasser – et celles-ci reprennent une certaine vigueur depuis 2013, avec la signature de contrats d’armement ou la construction d’une centrale nucléaire par Moscou.
Poutine, ou comment s’imposer à table
Vladimir Poutine a aussi rencontré plusieurs dirigeants arabes – comme le roi de Jordanie Abdallah II – dans un souci commun de lutte contre le jihadisme. Inquiète de longue date du développement de l’islamisme radical dans le Caucase nord russe, Moscou a toujours lutté contre son expansion. A l’heure où Damas montre des signes de fragilité, Moscou cherche à être le maitre d’œuvre d’une vaste coalition anti-Daech. Selon Washington, Moscou aurait déployé plusieurs dizaines d’avions de combat en Syrie.
Vladimir Poutine s’est rendu aux Nations Unies pour proposer devant l’Assemblée générale d’organiser une vaste coalition internationale pour lutter contre le terrorisme qui sévit en Syrie. Pour les Etats-Unis et la France, Assad ne peut pas faire partie de la "solution".
Au Nigéria, l’Etat de Borno est de nouveau le théâtre de massacres perpétrés par Boko Haram, entre 68 et 80 personnes sont ainsi assassinées au Nord-Est du Nigéria au début du mois de septembre 2015. Les combats continuent en Syrie et en Irak. En Egypte, les forces de l’ordre ont tué 12 touristes mexicains qu’elles ont pris pour des jihadistes...
La croissance annuelle de l’économie mondiale oscillait autour de 5% au cours de la première décennie du XXIème siècle. Elle devrait être inférieure à 3% en 2015, peut-être proche de 2%. Cette décélération est largement le fait du ralentissement de la croissance de pays émergents, BRIC’s en tête. Les économistes se demandent d’ailleurs sila croissance chinoise sera effectivement de 7% cette année, ou plutôt autour de 3%. Cette dernière ne joue donc plus son rôle d’entrainement de l’économie mondiale et explique le reflux du cours des matières premières qui pénalise tous les grands producteurs.
La crise née des subprimes, permet beaucoup moins aux acteurs économiques – Etats, entreprises, ménages – de compter sur l’argent facile du crédit, des taux d’intérêt bas et de la création monétaire.
Washington annonce que des chars et des blindés seront déployés – sous couvert de l’OTAN - en Pologne pour répondre aux inquiétudes de Varsovie vis-à- vis de la Russie. Des avions de chasse F-22 l’ont déjà été pour les mêmes raisons. Ces mesures provoquent l’ire de Vladimir Poutine.
L’Egypte achète des armes à la France, les Rafales qui ont survolé le canal de Suez lors de l’inauguration et aujourd’hui très probablement les Mistral que Paris n’a finalement pas vendus à Moscou. Le Caire a aussi passé des contrats avec les Russes.
La Chine de Xi Jinping mène une réforme de son armée pour la rendre plus moderne et plus apte à mener des interventions extérieures à l’image de ce que peut faire la France avec des opérations comme Serval. Il est difficile d’avoir des chiffres fiables pour la Chine. Son budget militaire serait passé de 120 milliards de yuans en 2000 à 890 en 2015, une progression spectaculaire aux yeux de la seule organisation régionale qui démilitarise avec constance, l’Union européenne. Le nombre de soldats, autour de 2,3 millions, devrait diminuer et les effectifs être réorientés au détriment de l’armée de terre mais au profit des autres armes pour consolider une force de projection.
Alors que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) estime que 430 000 personnes ont traversé la Méditerranée entre le 1er janvier et le 11 septembre 2015, une photo semble avoir retourné les opinions publiques, celle d’un enfant, mort, échoué sur une plage turque. L’Allemagne d’Angela Merkel annonce qu’elle accueillera 800 000 personnes et prévoit un de plan de 6 milliards d’euros – soit son excédent budgétaire - pour accueillir les demandeurs d’asile. Cette nouvelle a créé un véritable appel d’air... Berlin décide ensuite de mettre Schengen entre parenthèses et de rétablir le contrôle à ses frontières avec l’Autriche. Le pape appelle chaque paroisse à accueillir des migrants.
La Hongrie achève de construire un mur à sa frontière avec la Roumanie pour endiguer les flots de migrants (plusieurs milliers par jour) déviant alors les flux vers la Croatie... et même le cercle polaire via la Russie.
L’UE, "Unie dans la diversité", ou désunie dans ses contradictions ?
Le défi migratoire renvoie l’Union européenne à ses contradictions. La Commission européenne veut imposer l’acceptation de quotas de migrants. Les pays d’Europe centrale y sont très réticents, sensibles à leur souveraineté dans ce domaine. L’Union européenne peut-elle imposer à ses membres d’accepter l’accueil de migrants contre leur gré ? Autrement dit quid de leur souveraineté nationale ? Peut-elle imposer aux migrants un lieu d’accueil qui n’est pas celui de leur choix ? Comment pourrait-elle leur imposer d’y demeurer alors que l’Europe de Schengen est un espace sans frontières internes ? Faut-il refonder Schengen ? L’Autriche a rétabli le contrôle à ses frontières avec la république tchèque, la Slovaquie et la Hongrie. L’armée slovaque assure le contrôle aux frontières notamment avec la Hongrie.
Les ministres de l’Intérieur se sont réunis à Bruxelles pour se répartir 120 000 migrants. Les ministres français et allemands proposent la création de hotspots – des guichets – en Grèce, Italie ou Hongrie pour enregistrer les migrants, et distinguer les demandeurs d’asile des autres, tant les pays européens sont débordés. Un mécanisme de répartition a été entériné malgré l’opposition de la Slovaquie, la Roumanie, la république tchèque et la Hongrie. Budapest crie au « diktat », un terme qui rappelle de très mauvais souvenirs et n’engage rien de bon. F. Hollande appelle certains dirigeants européens à « se poser la question de leur présence au sein de l’Union ». Ce sommet évoque une aide à la Turquie de peut-être un milliard d’euros pour l’aider à fixer les migrants à sa frontière. Il y aurait près de 8 millions de déplacés au sein de la Syrie et 4 millions auraient fui leur pays, cet accord considère les migrants comme un « stock » or on peut s’attendre à des flux migratoires encore assez puissants...
A l’heure où les pays européens peinent à trouver des solutions face au drame que connaissent ces migrants on ne peut que s’étonner du silence des autres nations. L’attitude de Washington ne peut qu’intriguer, la déstabilisation de cette région du monde est en partie liée aux conséquences de la guerre d’Irak de 2003. Barack Obama annonce que les Etats-Unis sont prêts à accueillir 10 000 réfugiés syriens. Le silence des pétromonarchies du Golfe est encore plus assourdissant.
“L’attitude de pays comme l’Arabie saoudite qui regorgent de moyens financiers et n’ont qu’à assurer le transfert des réfugiés, est particulièrement scandaleuse » s’est indigné le Ministre des Finances danois Claus Hjort Frederiksen, dans une interview à Copenhague.
Ces pays arabes, de confession musulmane sunnite auraient pu avoir de l’empathie vis-à-vis des populations musulmanes qui sont les premières victimes des exactions des jihadistes. On ne peut que s’étonner de leurs très fortes réticences à accueillir des migrants. Ces monarchies pourront-elles s’acheter une bonne conscience à coup de pétrodollars sans offrir d’asile ?
La Turquie est sous tension, elle accueille sur son sol près de 2 millions de réfugiés massivement syriens. Ankara a largement sous-estimé la crise de son voisin, plus complaisante avec les jihadistes qu’avec les Kurdes, vrais fer de lance de la résistance aux islamistes radicaux.
François Hollande décide des vols de reconnaissance aérienne et le recours à des frappes en Syrie contre Daech responsable de l’exode de populations civiles fuyant les exactions. Le président français ne veut pas pour autant renforcer le régime de Bacha el-Assad. Les premières frappes aériennes ont eu lieu.
Les élections régionales catalanes sont nouveau l’occasion de vives tensions entre Madrid et Barcelone. La coalition actuellement au pouvoir annonce son intention – en cas de victoire électorale – de préparer la sécession de la Catalogne en moins de deux ans. Les milieux économiques catalans s’inquiètent de cette perspective... et de la possible sortie de l’euro de la Catalogne.
Dès 2011, T. Garcin s’interroge sur Diploweb : Le détricotage de l’Europe s’effectuera-t-il dans la foulée du détricotage des États ? Pour T. Garcin, la question minoritaire va certainement occuper l’Europe durant les vingt-cinq prochaines années.
Le scrutin régional a été remporté par une coalition indépendantiste menée par Arthur Mas. Elle obtient la majorité absolue des sièges sans avoir recueilli plus de la moitié des votes. Madrid est inquiète...
Blaise Compaoré a été contraint de quitter le pouvoir depuis à peine plus d’un an – après avoir voulu modifier la constitution et briguer un mandat supplémentaire après 27 ans de pouvoir - au profit d’un pouvoir de transition aujourd’hui renversé par un comité militaire. Le président de transition, Michel Kafango, devait organiser à la mi-octobre 2015 un scrutin pour normaliser la situation politique du pays. La CEDEAO – la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest- exhorte les putschistes dirigés par le général Gilbert Diendéré (proche de Blaise Compaoré) à rendre le pouvoir et à libérer M. Kafango. Ces pressions associées à celles de l’ONU, de l’Union européenne, de la France et des Etats-Unis ont conduit à la libération du président puis à la fin du coup d’Etat.
Barack Obama n’a pas ménagé ses efforts pour recevoir son homologue chinois Xi Jinping. La presse chinoise porte sur le pinacle la coopération « gagnante-gagnante » entre ces deux géants. Pourtant les différents ne manquent pas, notamment le cyber-espionnage économique des grands groupes américains par des firmes chinoises.
Volkswagen a triché sur le sol américain. Toutes les voitures du groupe équipées du moteur diesel.... sont dotées d’un logiciel qui diminue frauduleusement les émissions de dioxyde d’azote jusqu’à 40 fois. La firme allemande encourt une amende de peut-être 19 milliards de dollars, son action a dévissé en bourse lui faisant perdre plusieurs dizaines de milliards d’euros. Des actions en justice – des class actions – sont envisageables, les concessionnaires américains du groupes pourraient le trainer en justice comme tous ses clients... Des heures très difficiles attendent le groupe Volkswagen qui a déjà beaucoup perdu en crédibilité, mettant à mal un secteur automobile qui concerne en Allemagne un salarié sur sept. Au-delà de cette fraude choquante, on peut s’interroger sur la puissance juridique américaine, hors norme... et sans équivalent européen, japonais ou chinois. Un soft power ? En 2014, BNP Paribas a été ainsi condamnée à payer une amende de 9 milliards de dollars pour avoir travailler avec Cuba, l’Iran et le Soudan. Le Crédit Suisse doit verser 2,6 milliards aux autorités américaines pour aide à la fraude fiscale. On se souvient du britannique BP condamné à verser une amende de près de 19 milliards pour la pollution dans le golfe du Mexique (2010)... Quant à Volkswagen – et cela n’excuse en rien ses fautes – il venait d’être sacré premier constructeur mondial d’automobile. La justice américaine ne mène-t-elle pas une guerre économique au service des intérêts américains en pleine négociation des accords transatlantiques ?
Un nouveau scandale secoue la Fifa. Sepp Blater est désormais soupçonné d’abus de confiance et de « gestion déloyale », quand à Michel Platini, il aurait touché 1,8 millions d’euros de façon déloyale.
L’Arabie saoudite est le gardien des lieux saints musulmans de La Mecque et Médine. Le pèlerinage était déjà endeuillé après la chute d’une grue causant la mort de plus d’une centaine de pèlerins. A Mina une « bousculade » est à l’origine de la mort de plus de 720 pèlerins alors que près de 800 sont blessés. Téhéran – qui déplore la mort de 90 de ses ressortissants - a des mots très durs vis-à-vis de Riyad. La polémique ne s’arrête pas là car un jeune saoudien de confession chiite de 21 ans est condamné à mort – décapitation et crucifixion sont prévues – pour avoir participé à des manifestations, dans le cadre du « printemps arabe » quand il avait 17 ans... or l’Arabie saoudite vient d’être nommée à la tête de la commission des droits de l’homme de l’ONU...
Alexis Tsipras vient de remporter les nouvelles élections organisées suite à sa démission liée à la scission interne à son parti Syriza. Avec 35,5% des voix, il va pouvoir gouverner, aura-t-il les mains libres pour autant ?
Le pape François se rend à Cuba, son rôle a été essentiel dans le rapprochement entre la Havane et Washington où le président Obama le reçoit ensuite. Le pape François s’est exprimé devant la Chambre des représentants, l’ONU a hissé les couleurs du Vatican, une première.
Airbus annonce qu’il va ouvrir sa première ligne aux Etats-Unis. Le géant américain General Electric annonce qu’il est prêt à délocaliser 400 emplois vers la France, Belfort deviendrait son centre d’excellence pour ses turbines à gaz de forte puissance.
Le Z/Yen Group estime que la place londonienne de la City est redevenue la première place financière mondiale devant New York.En revanche, Paris dégringole.
Les Farc, guérilla quasi-mafieuse qui a ensanglanté la Colombie par ses enlèvements, ses règlements de compte et le trafic de drogue, ont perdu beaucoup de leur pouvoir de nuisance avec la disparition d’Hugo Chavez qui les soutenait. Cuba joue aujourd’hui un important rôle de médiateur en réunissant le président colombien Manuel Santos et le nouveau leader des Farc qui pourrait aboutir à un vrai accord de paix.
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Professeur de chaire supérieure. Agrégée d’histoire, notamment co-auteure de Histoire, Géographie, Géopolitique. Concours d’entrée aux grandes écoles, Coll. Atout concours, Paris, Ellipses, 2015 ; et Un monde multipolaire. Géopolitique et géoéconomie, Coll. CQFD, Paris, Ellipses, 2014 Professeure d’histoire, de géographie et de géopolitique en classes préparatoires économiques et commerciales au lycée Faidherbe (Lille).
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Date de publication / Date of publication : 1er octobre 2015
Titre de l'article / Article title : 9/2015 Actualité internationale
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