|
Mots clés - Key words : histoire de l’europe de l'est de la seconde guerre mondiale à nos jours, jean-françois soulet, histoire immédiate, élargissement de l’union européenne. |
Paris: Armand Colin, février 2006, 263 p. Voici une lecture indispensable pour qui aspire à connaître l'Union européenne élargie. Comment, en effet, comprendre l'UE sans avoir une connaissance solide de l'histoire des nouveaux Etats membres et pays candidats issus de l'Europe de l'Est soviétisée par J. Staline à la faveur de la Seconde Guerre mondiale? Cela reviendrait à s'interdire de comprendre leurs représentations géopolitiques. Il manquait jusqu'alors un ouvrage de référence qui présente en un langage accessible l'histoire de l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie (intégrées à l'Union soviétique), de la Pologne, de la République démocratique d'Allemagne, de la Tchécoslovaquie, de la Hongrie, de la Roumanie, de la Bulgarie, de la Yougoslavie et de l'Albanie. C'est chose faite et bien faite. Le Professeur Jean-François Soulet, qui enseigne l'histoire immédiate à l'Université Toulouse-Le-Mirail et à l'IEP de Toulouse a fait oeuvre utile en rédigeant un ouvrage qui permet de combler ce vide bibliographique. Spécialiste de l'histoire comparée du monde communiste, il était particulièrement bien armé pour lever la barrière bibliographique qui séparait encore des pays qui avaient pourtant en commun une grande partie de leur histoire contemporaine. Fort de son expérience d'enseignant, l'auteur organise son propos de façon claire. La première partie, "Le passage au communisme", présente successivement "La récupération par Staline des marches occidentales de l'Empire tsariste (1939-1940)"; "La prise du pouvoir des communistes en Albanie et en Yougoslavie (1941-1945)"; "La grande conquête (1944-1948). La deuxième partie, "Le temps du communisme", détaille "La soviétisation stalinienne", "Révoltes et dissidences", "Les replis stratégiques du pouvoir communiste". La troisième partie, "L'écroulement du communisme", met de l'ordre dans une période passionnante mais parfois difficile à appréhender, avec "Les désatellisations de 1989"; "L'indépendance des Etats Baltes" (1989-1991); "L'implosion des régimes communistes en Europe du Sud". Enfin, la quatrième partie, "La marche vers l'Union européenne", brosse les "Héritages et mémoires du communisme" et "Le triple défi de l'entrée dans l'Union européenne". Son plan le prouve aisément, cet ouvrage sera particulièrement utile aux élèves et enseignants des classes de terminales ES et L, aux classes prépa et aux étudiants qui ont à travailler sur l'histoire et la géopolitique de l'Europe. Si l'ouvrage explique de façon précise les projets et les méthodes staliniennes de la soviétisation de l'Europe de l'Est, il a aussi le mérite de ne pas cacher la part de responsabilité des Occidentaux. (cf. notamment pages 26, 50, 52). Spécialiste de l'histoire des sociétés civiles, J.-F. Soulet est très précis quand il explique les méthodes d'anéantissement lors de la soviétisation stalinienne (p. 74). Il présente notamment la redoutable efficacité du système répressif, la collectivisation forcée, la désagrégation des Eglises et la déculturation de la société. Ce qui donne tout son sens au chapitre sur les révoltes et dissidences, souvent méconnues. Le lecteur sera certainement intéressé par les faits de résistance anti-soviétique sur les territoires conquis et reconquis. Ainsi, en Estonie, la résistance armée aurait réuni 30 000 personnes, soit 4% de la population au début de 1945. "En Lettonie, le KGB estimait à environ 20 000 le nombre des partisans et à 80 000 le nombre des sympathisants. Le mouvement de résistance le plus fourni aurait été en Lituanie où, au moins, 30 000 hommes auraient été impliqués dans les combats." (p. 96) "Cette féroce lutte armée, qui connut son paroxysme dans les années 1945, mais qui ne s'éteignit pas totalement avant 1953, fit, de part et d'autres beaucoup de victimes. Du côté des maquisards, dans la seule Estonie, la police politique se glorifia d'avoir liquidé entre 1944 et 1953, 662 groupes de maquisards, 336 organisations clandestines, tué 1 495 maquisards et clandestins et arrêté 8 375 personnes".(p. 97) Bien sûr, l'auteur présente les impossibles révolutions par le haut qui ont suivi: Pologne 1956, Hongrie 1956, Printemps de Prague. Le chapitre sur "Les replis stratégiques du pouvoir communiste" sera très utile pour éviter des contre sens dans l'étude du programme d'histoire de terminale ES et L. Enfin, pour les lycéens et les étudiants qui n'avaient évidemment pas l'âge de suivre l'actualité lors de l'écroulement du communisme, la lecture de la troisième partie apportera la clarification nécessaire à un solide apprentissage. Parce que la méconnaissance offre un terrain favorable à la désinformation, on ne peut que souhaiter à ce livre de grande qualité le succès qu'il mérite, et former le voeu qu'il évite à l'avenir quelques manipulations ou maladresses.
Copyright août 2006-Verluise/www.diploweb.com L'adresse url de cette page est : http://www.diploweb.com/peco/soulet06097.htm |
Date de la mise en ligne septembre 2006. | ||
|
|
