Internet et enseignement : qui bloque ?

par le Pr. Francis Balle, Directeur de l'IREC

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Le véritable obstacle est que les machines restent chères et que l'administration de l'Education nationale - et tout particulièrement l'Inspection générale - restent encore rebelles à la modification des programmes en fonction de l'utilisation de l'outil informatique au sein des enseignements. Pour avoir été Directeur de l'Information et des Technologies Nouvelles au Ministère de l'Education nationale, croyez moi, le conservatisme n'est pas là où l'on croit.

Ce ne sont pas les enseignants qui sont rétifs à l'idée d'utiliser ces machines comme de simples outils. C'est l'appareil du système Education nationale et la conception de l'éducation que l'on continue de développer à travers les programmes qui empêchent l'utilisation de l'ordinateur en classe.

Que faire ?

Une évolution supposerait de réécrire les programmes, peut être en les allégeant. Que l'on apprenne, enfin, aux élèves à trouver le savoir où il est au lieu de vouloir de leur faire ingurgiter tout le savoir dans une spécialité. Plutôt que de vouloir "respecter le programme", cela suppose une modification de l'enseignement, pour apprendre à ne pas se noyer dans un océan de connaissances.

Les programmes sont actuellement à l'image des cartables : infiniment trop lourds. Résultat: qui trop embrasse mal étreint. Plutôt que de vouloir tout faire mais mal, mieux vaudrait faire moins mais mieux : vraiment apprendre à lire, écrire et compter. Pour faire moins et mieux, il est possible d'avoir recours à de nouvelles technologies.

Pour l'heure, les échecs sont trop nombreux en Sixième et à l'entrée en première année de faculté, voire en Maîtrise. A l'occasion de la rédaction du mémoire de Maîtrise, les enseignants de faculté sont obligés d'apprendre à écrire aux étudiants ! Quand on n'a pas commencé par le début, on est obligé de finir par le commencement... Seuls quelques esprits qui ont l'avantage d'être bien formés par leur famille s'en sortent. Tout en prétendant le contraire, le système français actuel privilégie donc les privilégiés.

De toutes façons, ces nouvelles technologies arriveront. Elles contourneront l'Education nationale par le bas et par le haut. Par le bas parce que les enfants auront appris à jouer sur des consoles de jeux et par le haut parce que seuls les centres de recherches connectés à un réseau Internet s'imposeront.

Francis Balle

Entretien avec Pierre Verluise

Copyright-juillet 2000-Balle/ www.diploweb.com

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Biographie du Professeur Francis Balle

1967: Assistant de Raymond Aron à la Sorbonne

1969 - 1972 : Maître-Assistant à l'Université Paris 5.

Depuis 1972 : Professeur de Sciences Politiques à l'Université de Droit, d'Economie et de Sciences Sociales à Paris 2.

1976 - 1986 : Directeur de l'Institut Français de Presse.

Depuis 1981 : Visiting Professor à l'Université de Standford (Californie, Etats-Unis).

Depuis 1986 : Directeur de l'Institut de Recherches et d'Etudes sur la Communication (IREC)

1986 - 1989 : Vice-Chancelier des Universités de Paris.

1989 - 1993 : Membre du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel.

1993 - 1995 : Directeur de l'Information et des Technologies Nouvelles au Ministère de l'Education nationale.

Principaux ouvrages :

. Médias et sociétés, éd. Monchrestien, 1 er édition 1980, 9 e édition 1999. Ouvrage couronné par l'Académie des Sciences Morales et Politiques.

. Et si la presse n'existait pas … éd. Jean-Claude Lattès, 1987.

. Le mandarin et le marchand, éd. Flammarion 1995. Ouvrage couronné par l'Académie des Sciences Morales et Politiques.

. Les nouveaux médias (avec Gérard Eymery), coll. Que sais-je ? n° 2142, PUF, 4 e édition 1996.

. La politique audiovisuelle extérieure de la France (Rapport au ministre des Affaires Etrangères), éd. La documentation Française, 1996.

. Dictionnaire des médias (dirigé par Francis Balle), éd. Larousse, 1999.

. Les médias, collection Dominos, éd. Flammarion, 2000.