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Requiem pour Boris Eltsine, la vérité qui libère.  

Par Alexandra Viatteau, écrivain

et spécialiste en Sciences de l’information/désinformation

 

Président de la Fédération de Russie de 1990 à 1999, Boris Elstine est décédé en avril 2007. L’auteur lui rend hommage pour son rôle dans la reconnaissance du crime soviétique à l’encontre 14 736 officiers polonais à Katyn, en 1940. A. Viatteau forme le vœu que son successeur, V. Poutine, retrouve le chemin de la vérité qui libère.

Biographie de l'auteur en ligne

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La condamnation du « régime totalitaire » par B. Eltsine et L. Walesa

Le 22 mai 1992, le premier Président d’une Russie qui n’était plus communiste soviétique, Boris Eltsine, avait invité son homologue polonais, chef historique de Solidarnosc, Lech Walesa, à lui rendre une visite historique à Moscou. Le Président de la Pologne, dès le premier jour, « a déposé une gerbe devant le monument aux victimes du totalitarisme, à deux pas de l’ancien quartier général du KGB (NKVD) », rapporta l’AFP. En effet, les Présidents polonais et russe venaient de signer une déclaration commune condamnant le régime totalitaire – préalable au règlement des détails du retrait militaire russe de Pologne. En signant le « Traité de coopération amicale et de bon voisinage », les deux chefs d’Etat décidaient d’« ouvrir une nouvelle ère » des relations polono-russes.

 

« Le sang et les larmes du passé » 

Dans son discours adressé à Boris Eltsine, Lech Walesa déclara que sans s’abaisser à « la fausseté et la lâcheté », sans réduire au silence sur la vérité et sans occulter « l’agression et la domination », « le sang et les larmes » du passé, la Pologne et la Russie pouvaient « cheminer ensemble, guidées par la raison, le droit et la démocratie » vers « le bien commun ». Le 23 mai 1992, Lech Walesa se rendit à Katyn, alors que Boris Eltsine eut peur du retentissement que pourrait avoir, à l’échelle mondiale, sa présence sur ces lieux de massacre des milliers d’officiers de l’Armée polonaise en 1940, alors qu’ils avaient été pris en tenaille par la Wehrmacht et l’Armée rouge, et faits prisonniers de guerre par l’URSS, qui resta l’alliée de l’Allemagne nazie d’Hitler jusqu’en 1941. La culpabilité soviétique de Moscou avait été officiellement reconnue par Mikhaïl Gorbatchev le Vendredi Saint de 1990.

 

Le massacre de Katyn, ordonné par J. Staline et le Politburo

Absent aux cérémonies de Katyn, le Russe Boris Eltsine mit cinq mois avant de faire un geste, qui répondit par son ampleur aux espérances de Lech Walesa et des Polonais. Le 14 octobre 1992, le Président russe fit part au Président polonais du contenu du « dossier numéro un », le plus secret des archives secrètes, en même temps qu’il le portait à la connaissance du Tribunal constitutionnel de Russie (il s’agissait de documents classés aux Archives présidentielles de la Fédération de Russie, Archives YI, secteur O.O, C.C. du P.C.U.S, carton spécial, paquet n°I, /sm. Section 2). Il y avait là deux documents capitaux : une lettre rapport en forme de proposition rédigée à l’intention de Staline par Lavrenti Beria, chef du NKVD, et la « décision du 5 mars 1940 » de Staline, reprenant textuellement la seconde partie de la lettre de Beria avec ses propositions de procédure dans l’extermination des prisonniers de guerre polonais (document n° 794/5, annoté à la main II 13/144, daté du 5 mars 1940, portant les signatures de Staline et des membres du Politburo du CC du PCUS : Vorochilov, Molotov, Mikoyan, Kalinine et Kaganovitch).

 

Les crimes soviétiques contre un Allié

Tel était l’ordre officiel de l’Etat/Parti communiste soviétique de « fusiller » 14 736 (plus loin il est écrit : 14 700) officiers polonais détenus par le NKVD dans les prisons d’Ukraine et de Biélorussie occidentales, c’est à dire, à l’époque, à l’Est de la Pologne, qui venait de subir l’agression du 17 septembre 1939 et l’occupation soviétiques. Premier pas des déportations et des exterminations de Polonais qui feront plus d’un million et demi de victimes polonaises du côté soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale. (Cf. A. Viatteau, « Staline assassine la Pologne, 1939-1947 », éd. du Seuil, 1999).

 

Le pacte Ribbentrop-Molotov 

Un autre paquet d’archives fut remis officiellement, le 30 octobre 1992, au Consul de Pologne à Moscou et au président de l’Association des familles de Katyn par le conseiller du Président Eltsine, le ministre Sergueï Stankievitch. Ce furent les photocopies du dossier n° 34, c’est à dire l’original du pacte Ribbentrop-Molotov avec ses clauses secrètes signées par l’Allemagne nazie et l’Union soviétique, en faisant un pacte agressif en commun (que des historiens polonais avaient retrouvé par ailleurs, du côté allemand et américain, et dont ils ont fait état dès les années 1980), ainsi que les photocopies d’autres accords secrets entre Staline et Hitler à la même époque. L’URSS avait reconnu officieusement l’existence du Pacte germano-soviétique avec ses protocoles secrets, seulement le 9 juin 1989. (Cf. A.Viatteau, ibidem et sur www.diploweb.com « Le pacte Ribbentrop-Molotov, l’agression soviétique contre la Pologne le 17.09.1939 et sa négation en 1999. L’état des connaissances en 2000 ». Mis en ligne en octobre 2000).

 

Une leçon contre la désinformation   

Pour cette vérité qui libère, qu’il me soit permis de rendre un dernier hommage à Boris Eltsine, décédé en avril 2007. Que Moscou, tentée à nouveau par le négationnisme, poursuive dans la  voie largement ouverte par ce Président. Mais, surtout, que cette vérité trouve enfin sa place dans la mémoire, la parole, les célébrations et l’enseignement en France, et que les institutions européennes de Bruxelles en prennent  conscience et en stoppent l’occultation, contribuant ainsi à combattre la désinformation. 

Alexandra Viatteau

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Date de la mise en ligne: mai 2007

 

 

 

   

 

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