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La prise d'otages marins britanniques par l'Iran, le 23 mars 2007.

Carte et commentaire par Josselin Gauny, chercheur associé au Centre d'Etudes Transatlantiques

 

Commentaire

La très controversée frontière irako-iranienne a donné lieu au début du printemps 2007 à un nouveau coup de théâtre, dont la trame a pris pour décor les eaux territoriales du golfe Persique.

Le 23 mars 2007, Londres annonce que 15 de ses marins ont été appréhendés par des forces iraniennes, à l’embouchure du Chatt el Arab. Le gouvernement britannique affirme que ses marins inspectaient un navire, au sein des eaux irakiennes, dans le cadre d’une résolution de l’ONU. Le lendemain, l’Iran déclare que les marins ont été arrêtés car ils sont « entrés illégalement dans les eaux territoriales iraniennes ». Les enchères montent pendant une dizaine de jours. Londres et Téhéran campent sur des positions intransigeantes, dans un contexte de tensions entre l’Iran et l’Occident sur le dossier nucléaire. Soucieux sur cet épisode d’afficher sa capacité à tenir tête aux Occidentaux mais aussi de montrer qu’il peut être raisonnable, le gouvernement d’Ahmadinedjab relâche les 15 marins le 5 avril 2007. Le calendrier aura été ainsi maîtrisé. 

Le gouvernement britannique a très vite indiqué des positions GPS attestant que les marins circulaient bien dans les eaux irakiennes. En revanche, il est très probable que ces marins étaient dans une opération de renseignement sur l’Iran. Et il n’est pas rare que des navires fassent des incursions dans les eaux iraniennes. 

Par ailleurs, l’Iran est coutumier de ce genre de provocation. Ce type d’arrestation s’était déjà produit en 2004. Ce type  d’affaire sert surtout de monnaie d’échange pour Téhéran face aux Occidentaux.  En l’occurrence, cette capture est une réplique à l’arrestation en janvier 2007 de 5 « diplomates » iraniens par les forces américaines, à Irbil, dans le Kurdistan irakien. En réalité, ces «diplomates»  étaient des pasdarans. Il semble que ce soit des pasdarans qui ont procédé à l’arraisonnement des marins britanniques. Les gardiens de la Révolution, qui contrôlent les piliers politiques, militaires et économiques de la République islamique, subissent des sanctions internationales de plus en plus pressantes.  

Les Occidentaux ne sont pas en reste puisque cette affaire fait office de piqûre de rappel et donne du crédit au renforcement des sanctions internationales, qui sont intervenues dès le lendemain de la capture. La résolution 1747 du 24 mars 2007, en stigmatisant les pasdarans, contribue à affaiblir l’aile la plus radicale du régime.

Josselin Gauny - Centre d'Etudes Transatlantiques

 

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  Ecrire : P. Verluise, ISIT 12 rue Cassette 75006 Paris France

Copyright pour la carte et le texte: J. Gauny, mars-avril 2007.