Quel est le projet éditorial de la maison d’édition Armand Colin en géopolitique ?

Les éditions Armand Colin, éditeur de référence en histoire et en géographie, sont intimement liées à la géopolitique, une discipline qu’elles ont contribué à faire émerger. Si l’on a pu parler de revanche des géographes, il n’en est rien chez Armand Colin qui continue à entretenir un fonds spécialisé en géographie, de très grande qualité.

En fonction des publics visés, les éditions Armand Colin publient des ouvrages sous leurs deux marques : Armand Colin ou Sedes. Chez Armand Colin, on retrouve des livres universitaires et grand public, alors que les éditions Sedes se concentrent sur les questions au programme des classes préparatoires et des différents concours de recrutement. Bien évidemment, les frontières sont perméables et un livre conçu pour le grand public peut servir à l’université et inversement.

Notre projet éditorial consiste donc à satisfaire les besoins de savoirs de l’honnête homme et à proposer les outils de connaissance aux étudiants. Cela prend des formes extrêmement variées : petite introduction en 128 pages, manuel de référence synthétisant des travaux d’enseignants-chercheurs dans la collection U, Atlas, dictionnaires… Notre collection « Perspective Géopolitique », sous la direction d’Yves Lacoste, éclaire les enjeux et les rivalités de pouvoir sur un territoire donné, formant autant de clés de compréhension des crises contemporaines.

Quels sont les auteurs géopolitiques déjà publiés ou paraître ?

L’année 2009 a été particulièrement riche en parutions avec notamment :

. dans la collection « Perspective Géopolitique », la publication de La géopolitique du changement climatique de François Gemenne ou celle du sionisme, par Frédéric Encel, en attendant début 2010 les analyses capitales que nous livrera Bernard Hourcade dans une Géopolitique de l’Iran.

. L’Atlas des crises et conflits, proposé par Hubert Védrine et Pascal Boniface qui, après avoir rappelé les causes fondamentales des crises et des conflits du monde, se livrent au diagnostic du présent et scrutent l’horizon pour nous présenter, sur chacun des cas examinés, les scénarios possibles.

. La parution d’un véritable manuel de géopolitique dans la collection U.

. Aux éditions Sedes, nous avons notamment publié deux ouvrages sur l’Europe. L’un, co-écrit par Gérard-François Dumont et Pierre Verluise, Géopolitique de l’Europe, concerne directement les classes préparatoires commerciales car les entrepreneurs de demain ont besoin d’une solide formation en la matière. On retrouve d’ailleurs la même tendance au niveau des IEP et l’on doit s’en féliciter. Ce genre de manuels doit comporter de nombreuses cartes, tableaux, repères chronologiques et statistiques. Il inclut aussi des propositions de sujets pour inviter les étudiants à se poser les bonnes questions et à anticiper les sujets possibles aux examens. En la matière, il faut réaliser une bonne alchimie entre la synthèse des connaissances et la dimension utilitaire recherchée et prisée par les étudiants.

. Le second ouvrage dirigé par Michel Foucher place au centre de sa réflexion les traductions spatiales du système européen central façonné par la construction européenne. Cet ouvrage, L’Europe. Entre géopolitiques et géographies, s’adresse initialement aux étudiants préparant le capes ou l’agrégation de géographie, mais il devrait rapidement s’imposer auprès d’un plus vaste lectorat. Le sous-titre choisi « Entre géopolitiques et géographies » est particulièrement révélateur de la modernisation des approches à l’Université. On n’est peut-être plus trop loin de l’introduction d’une option « géopolitique » aux concours de recrutement d’histoire-géographie. Ce serait une sacrée révolution !

Quels sont les projets de développement de votre maison d’édition en matière géopolitique ?

Les perspectives sont évidemment liées à l’évolution du questionnement scientifique et aux besoins d’approfondissement que tout un chacun peut ressentir. Qui aurait pu imaginer, par exemple, la mise en œuvre et le succès d’une géopolitique du changement climatique ?
Le succès de l’Atlas du monde mondial de Pascal Boniface et d’Hubert Védrine a aussi montré l’appétence du public pour les ouvrages qui dépassent les approches traditionnelles centrées sur la France ou l’Occident. La dernière partie de ce livre, « Le Monde vu par… » a trouvé un très bon écho auprès de notre lectorat. La nouvelle édition de ce livre, au printemps 2010, sera l’occasion d’approfondir cet effort, avec l’introduction de nouveaux chapitres, sur le monde vu par l’Espagne, la Belgique, l’Indonésie, le Sénégal… Se dessine en creux une évolution possible de la géopolitique française, débarrassée de ses cadres européanocentrés et déplacée vers les mondes émergents, l’Asie notamment.

Comment votre maison d’édition conçoit-elle les relations entre l’édition papier et l’Internet ?

L’articulation entre le papier et le numérique est un défi passionnant que nous préparons activement. Pour le moment, nous proposons une partie de nos livres, sous format numérique, disponibles à la vente par téléchargement. Nous présentons aussi gratuitement, sur des ouvrages donnés, des ressources cartographiques que l’on peut consulter de manière plus interactive que dans un livre papier.

En revanche, nous restons fondamentalement attachés à cohérence de nos ouvrages. Nos livres se suffisent en eux-mêmes et loin de nous l’idée de mettre en ligne des compléments en réalité indispensables à une parfaite compréhension des problèmes.
Le numérique doit avant tout être l’objet de prolongements plus interactifs ou plus ouverts encore sur le monde.

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