Géopolitique de l’Amérique latine. Malgré un tronc commun culturel et le parallélisme des histoires respectives des pays, la diversité du sous-continent est une donnée permanente. On constate aujourd’hui l’apparition de deux ensembles géopolitiques distincts et cohérents. La crise actuelle a contribué à cet égard à forcer le trait et à grossir l’image. Au début du XXIe siècle, on voit sans conteste se dessiner deux Amériques latines : une Amérique septentrionale et une Amérique méridionale, qui semblent s’éloigner l’une de l’autre.
Dans le cadre de son partenariat avec La Documentation française, le Diploweb.com est heureux de vous présenter un extrait de
Amérique latine. L’Amérique latine est bien partie, sous la direction de Georges Couffignal, Collection « Mondes émergents », Documentation française, Direction de l’information administrative et légale, 208 pages, 19,50 euros, mars 2011.
UNE nouvelle distribution du pouvoir est en train de se produire à l’échelle du monde. Elle entraîne une profonde transformation du système international. Elle n’est pas une conséquence simple et passagère de la récession provoquée par la crise des subprimes. Celle-ci a simplement contribué à la rendre visible. Le centre de gravité de la planète change sous nos yeux. La montée en puissance des États émergents menace la suprématie économique des pays développés. L’Amérique latine, évidemment, est partie prenante de ce basculement global. Certains indices spectaculaires semblent l’attester. On a pu voir ainsi, lors du IVe sommet Union européenne-Amérique latine et Caraïbes (Madrid, 17-18 mai 2010), une Europe endettée et en panne accueillir une Amérique latine dynamique et financièrement saine, et un État latino-américain, le Brésil, participer, au moins symboliquement, au sauvetage financier d’un membre de la zone euro, la Grèce.
Peut-on en déduire que l’Amérique latine, qui a commencé à commémorer deux siècles d’indépendance, a changé de statut et assume un nouveau rôle sur l’échiquier international ? Pour répondre à cette question, il convient d’examiner d’abord la perception du sous-continent dans les centres du pouvoir mondial et l’image que la région se fait d’elle-même. Ce texte analyse ensuite l’impact, en Amérique latine, des changements intervenus dans le système mondial, notamment sous l’angle de la structuration de l’espace et des ambitions stratégiques des acteurs nationaux.
Il ne fait aucun doute que la situation de l’Amérique latine n’a jamais été meilleure depuis 1930, il y a donc quatre-vingts ans. À cet égard, cette situation bouscule les clichés et les idées reçues. Trois séries de traits majeurs paraissent configurer cette « nouvelle Amérique latine ». Ce sont la stabilité politique, les avancées économiques et sociales et la capacité de résistance aux chocs externes.
Ce sous-continent, plus connu, jusqu’à la fin des années 1980, pour ses dictatures et son instabilité chronique que pour son respect des constitutions, est celui qui compte aujourd’hui le plus grand nombre de gouvernements représentatifs et de dirigeants élus dans un cadre pluraliste. Jamais, dans son histoire, l’Amérique latine n’a eu autant de régimes démocratiques et pendant si longtemps. Presque un quart de siècle de démocratie, même si la qualité de celle-ci n’est pas partout identique et si de nombreuses menaces planent sur son évolution ici ou là, reflète à la fois la consolidation institutionnelle et les progrès de la citoyenneté. On croit de plus en plus au pouvoir du suffrage dans une région qui a longtemps privilégié la violence politique pour assurer le changement ou pour l’empêcher.
Cette stabilité politique s’est accompagnée, au début du XXIe siècle, de progrès exceptionnels dans le domaine économique et social. Entre 2003 et 2009, les États de la région ont bénéficié d’une phase de forte prospérité. Les taux de croissance, élevés, ont atteint 5 % en moyenne et, même, 8-9 % dans certains pays qui ont particulièrement bien tiré profit de la demande asiatique et de la hausse du cours des matières premières.
La région connaît une forte concentration de la pauvreté. C’est aussi la région la plus inégalitaire du monde, loin devant l’Afrique et l’Asie. Dans ce sous-continent riche, à la fin du XXe siècle, plus de 40 % de la population se trouvait au-dessous du seuil de pauvreté. Si, au XXIe siècle, la pauvreté n’a pas disparu, elle a reculé de manière appréciable, passant de 44 à 33 % de la population. Dans certains pays comme le Chili, elle a été divisée par deux et se situe au-dessous de 15 %. Ce qui signifie que des dizaines de millions de Latino-Américains sont devenus des consommateurs et font désormais partie des classes moyennes. Même en matière d’inégalité, après la poussée des années 1990, on constate également une nette amélioration dans douze pays sur dix-huit.
Le troisième trait pertinent, aux portes du bicentenaire des indépendances, est conjoncturel mais non moins significatif. Il s’agit de la relative résistance de l’Amérique latine, à quelques exceptions près, comme le Mexique, aux conséquences de la crise financière des subprimes.
Cette crise subie, l’Amérique latine n’y a certes pas échappé. Mais elle a montré la capacité de résistance et de réaction de la majorité des États latino-américains face à un choc externe de grande envergure. Ainsi, en Amérique latine, la croissance, après avoir encore connu un bon chiffre en 2008 (+ 4 %), a repris en 2010 après un léger recul en 2009 (- 1,5 %). En 2009, quatre pays ont même enregistré, sur leur lancée, une expansion de 1 à 3 % de leur PIB. En 2010, le taux de croissance devrait se situer autour de 4 % ; les prévisions pour le Brésil dépassent les 7 %. En outre, à la différence des crises qu’on pourrait appeler autochtones, l’Amérique latine n’a pas subi, en 2009, de fuite des capitaux ni d’attaque spéculative contre les monnaies.
Parce que leurs finances étaient en ordre, qu’ils avaient su gérer adéquatement la prospérité du début du XXIe siècle, la plupart des pays ont pu réagir face à la crise de manière contracyclique par des plans de relance et de soutien de la consommation.
Ces trois séries de données modifient de toute évidence la conscience qu’ont d’eux mêmes les pays d’Amérique latine et, surtout, leur statut et leur place dans la stratification internationale de l’après-Guerre froide. En effet, ces États n’étaient guère respectés sur la scène diplomatique lorsqu’ils étaient gouvernés par des dictatures violentes, qu’ils étaient accablés par une dette extérieure ingérable et subissaient une inflation galopante. Ils sont maintenant reconnus, ce dont semble témoigner, par exemple, l’admission, au sein d’un G20 issu de l’élargissement du G7, des trois grands pays de la région, l’Argentine, le Brésil et le Mexique. Cette « ouverture » du club des pays riches signifie, entre autres, que les États d’Amérique latine, dans leur diversité, sont peut-être devenus indispensables pour orienter la sortie de la récession engendrée par la crise apparue en 2008 et pour légitimer les concertations multilatérales en vue d’améliorer la gouvernance mondiale.
Ce nouveau regard porté sur une Amérique latine dont on reconnaît désormais la maturité n’est pas simplement une source de prestige. Il s’est accompagné de retombées concrètes. Un certain nombre d’États de la région ont ainsi acquis un poids spécifique et des marges de manoeuvre significatives leur permettant de diversifier leurs relations extérieures et de défendre leurs intérêts nationaux avec détermination. Cette autonomie de décision souveraine est particulièrement illustrée par l’échec du projet de zone de libre-échange des Amériques (ou Área de libre comercio de las Américas, Alca) proposé par les États-Unis en 1994. Le Brésil et l’Argentine ont courtoisement mais fermement rejeté (et enterré) le grand dessein panaméricain au sommet des Amériques de Mar del Plata (Argentine), en 2005. L’Alca n’est pas « réapparue » au sommet suivant, tenu à Trinidad-et-Tobago en 2009. Par ailleurs, la signature d’accords commerciaux et de libre-échange avec l’Union européenne et des pays d’Asie, la présence active d’États latino-américains dans l’Association Asie-Pacifique pour la coopération économique (Apec), le rôle décisif de la Chine, devenue le deuxième partenaire commercial du sous-continent, dans le dynamisme économique de l’Amérique du Sud témoignent de l’ampleur des changements intervenus. Le temps d’un « hémisphère fermé dans un monde ouvert » dont rêvait le Département d’État dans l’immédiat après-guerre est totalement révolu. Le mythe de la « famille américaine » ne fait plus recette.
Mais il est vrai que l’Amérique latine a cessé d’être, au XXIe siècle, une priorité pour la puissance hégémonique. Washington, en effet, manifeste peu d’intérêt à l’égard d’un sous-continent qui passait naguère pour constituer tout entier son arrière-cour.Certes, les États-Unis se trouvent confrontés, à l’issue de deux conflits armés, à un Moyen-Orient menaçant et, maintenant, à des problèmes économiques et sociaux intérieurs d’une extrême gravité. L’Amérique au-delà du Rio Bravo apparaît ainsi comme un angle mort de la politique extérieure nord-américaine. À moins que l’Amérique latine soit devenue, dans l’impitoyable compétition mondialisée, le « continent oublié », comme le pense Michaël Reid.
Les États d’Amérique latine n’auraient-il conquis une respectabilité internationale sans précédent que pour cesser de figurer parmi les priorités de leurs partenaires naturels ? Assurément, s’agissant des États-Unis, l’importance que ceux-ci accordent à leurs voisins méridionaux est, comme on le sait, discontinue. Les phases d’intervention alternent avec celle de benign neglect voire d’« inattention » tout court, notamment en fonction des impératifs de sécurité de Washington.
De fait, c’est l’arrivée de la Guerre froide dans la région et les convulsions de l’isthme centre-américain qui avaient inscrit l’Amérique latine sur la carte géopolitique du monde et donné un pouvoir d’influence inédit à ses États. Rappelons que ce sont des raisons politiques qui ont amené l’Europe communautaire à s’intéresser institutionnellement à l’Amérique latine dans les années 1980. En 1984, le premier « dialogue », celui de San José (Costa Rica), avait pour objectif d’appuyer une solution pacifique et négociée dans le cadre des conflits centre-américains alors que les États-Unis voulaient éliminer militairement les mouvements révolutionnaires régionaux, au risque de provoquer un embrasement général et de déstabiliser les fragiles démocraties restaurées d’Amérique du Sud. Le « dialogue » bi-régional qui s’est depuis lors étoffé est né de cette inquiétude européenne.
On ne peut éviter de supposer que, avec la fin de la Guerre froide et le rétablissement de la paix en Amérique centrale, l’Amérique latine a été en quelque sorte rétrogradée dans l’échelle des priorités internationales des « grandes puissances ». Il n’est pas interdit de penser, en effet, qu’une région démocratique, pacifique, dénucléarisée et largement désarmée intéresse moins et a moins de moyens d’influence qu’une région ou des États qui présentent des caractéristiques diamétralement opposées. En effet, tous les États latino-américains ont maintenant ratifié le traité de Tlatelolco de 1967 et renoncé à l’arme nucléaire. Quant aux dépenses militaires, elles sont faibles dans tous les pays du sous-continent au regard de celles des États asiatiques ou de certains pays européens.
Il est indéniable, par ailleurs, que l’Amérique latine du Second Centenaire attire moins que celle du Premier. En effet, lors de la « première mondialisation » (1880-1918) la région faisait figure d’Eldorado pour les capitaux et les hommes. Or, il semble bien que la mondialisation d’aujourd’hui lui soit infiniment moins favorable. À en juger notamment par le sens des flux migratoires. Entre 1860 et 1930, l’Amérique latine a drainé des millions d’immigrants, surtout européens. L’Argentine en a accueilli 3,5 millions et le Brésil 5,6 millions, pour ne mentionner que ces deux destinations privilégiées. Depuis la fin du XXe siècle, ce sont des millions de Latino-Américains qui émigrent vers les pays industrialisés. Aux États-Unis, les Latinos sont désormais plus nombreux que les Afro-Américains. L’émigration, dans certains pays du sous-continent, concerne 10 % de la population active ; les transferts financiers en provenance des travailleurs émigrés représentent jusqu’à 15 % du PIB national.
Par ailleurs, la mondialisation contemporaine caractérisée par la circulation accélérée des produits financiers et industriels et par l’universalisation des chaînes de production ne favorise pas non plus l’Amérique latine. Cette « guerre commerciale de tous contre tous » est en effet aux antipodes de la confortable « division internationale du travail » de la Belle Époque, qui a présidé à la première réussite économique de la région. Car, dans le nouveau contexte du XXIe siècle, l’Amérique latine prise en bloc n’est pas la mieux placée. Sa participation aux échanges mondiaux est relativement modeste et, surtout, presque stable. Elle était de 4 % en 1980 et ne dépasse guère 5 % en 2008 (à peu de chose près la part de l’économie française), tandis que l’Asie multipliait par quatre sur la même période sa contribution ; ce qui, évidemment, ne reflète pas la richesse de la région en ressources naturelles et humaines.
Ce sous-continent est d’ailleurs prisonnier de son succès initial en tant que fournisseur de matières premières et de produits agricoles. En effet, conformément à une logique d’extraversion et d’« avantages comparatifs », les pays d’Amérique latine se sont industrialisés sous la contrainte de la conjoncture pour satisfaire leur marché intérieur. Ils se sont ainsi dotés d’industries très protégées et peu compétitives. Tandis que, à partir des années 1970, le commerce international devenait le principal moteur de la croissance mondiale et que certains pays asiatiques mettaient en oeuvre des politiques de promotion des exportations industrielles, l’Amérique latine restait pour l’essentiel fidèle au modèle d’industrialisation « substitutive » dont la productivité régressait inexorablement.
Les principaux États du sous-continent possèdent certes un tissu industriel diversifié, parfois très intégré, de l’industrie lourde aux produits finis. Mais l’héritage du « développement autocentré » a marqué leur histoire économique récente. Et les solutions adoptées pour surmonter les distorsions d’économie fermée n’ont pas toujours donné les meilleurs résultats. Les traitements de choc libéraux et les ouvertures unilatérales ont parfois entraîné la destruction d’une partie de l’appareil industriel sous l’impact des importations (comme en Argentine entre 1976 et 1983, puis de 1990 à 2000) ou ont abouti à la mise en place de systèmes de soustraitance manufacturière très dépendants et à très faible valeur ajoutée nationale (les maquiladoras mexicaines, par exemple).
C’est pourquoi, à quelques notables exceptions près, le sous-continent exporte encore pour l’essentiel des produits primaires plus ou moins transformés. La récente prospérité tirée par la demande chinoise n’a pas favorisé la diversification du commerce extérieur vers des produits de moyenne ou haute technologie. Ainsi, 70 % des exportations du Brésil vers la Chine, devenue son premier marché, sont constituées de produits agricoles ou de minerais. Ce qui n’est guère préoccupant pour le géant brésilien pourrait l’être dans certains pays sud-américains moins complexes, qui courent le risque de la mono-exportation et de la volatilité extrême des cours internationaux des matières premières. Ainsi, en Argentine, certains voient avec inquiétude leur pays devenir une « République du soja » en sacrifiant tout au « produit-roi » du moment [1]. Les modèles économiques n’ont pas, il est vrai, un impact direct sur la stratification internationale et encore moins sur l’action extérieure des États. Mais ils contribuent néanmoins à l’attractivité de ces derniers, à la continuité de leurs moyens et, partant, à leur place sur l’échiquier mondial. Cependant, sur cette toile de fond, il convient de recourir à d’autres approches pour rendre compte d’une région plurielle.
Malgré un tronc commun culturel et le parallélisme des histoires respectives des pays, la diversité du sous-continent est une donnée permanente. On constate aujourd’hui l’apparition de deux ensembles géopolitiques distincts et cohérents. La crise actuelle a contribué à cet égard à forcer le trait et à grossir l’image. Au début du XXIe siècle, on voit donc sans conteste se dessiner deux Amériques latines : une Amérique septentrionale et une Amérique méridionale, qui semblent s’éloigner l’une de l’autre.
Au Nord, le Mexique, l’Amérique centrale (Panamá compris) et la Caraïbe sont économiquement et politiquement tournés vers les États-Unis, principal marché, premier investisseur, pôle d’attraction de leurs travailleurs migrants comme de leurs classes moyennes et source de leurs références intellectuelles. Des accords de libre-échange sont venus en quelque sorte institutionnaliser et verrouiller cet « exclusivisme », qui dépasse l’économie et configure une relation de dépendance Nord-Sud librement assumée. En effet, les pays de la zone ont souhaité s’assurer, par des traités de libre-échange, l’accès au plus grand marché du monde. C’est ainsi que, après l’entrée en vigueur en janvier 1994 du traité créant la Zone de libre-échange d’Amérique du Nord (Alena-Nafta) qui associe le Canada et le Mexique aux États-Unis, les États d’Amérique centrale et la République Dominicaine (qui s’est jointe à eux) ont signé et ratifié en 2005 le Central America Free Trade Agreement (Cafta-DR).
La crise financière de 2008 et la récession internationale qui l’a suivie n’ont donc pas, loin de là, provoqué cette dérive géopolitique, mais elles l’ont révélée plus clairement. Ainsi, le Mexique qui, depuis l’entrée en vigueur de l’Alena, envoie plus de 80 % de ses exportations à son grand voisin du Nord contre moins de 70 % auparavant, a vu en 2009 son PIB reculer de 7 %. À titre de comparaison, au Brésil, dont le marché des États-Unis n’absorbe que 15 % du commerce extérieur, la crise n’a eu pour conséquence qu’une croissance nulle. Si l’on examine la forte contraction de l’économie mexicaine, on remarque que celle-ci s’explique par une accumulation de facteurs en provenance du marché nord-américain. À la baisse des revenus pétroliers, se sont en effet ajoutés l’effondrement des exportations industrielles et agricoles, le recul des transferts des émigrés, le tarissement d’un tourisme essentiellement américain.
Les États d’Amérique du Sud, pour leur part, en raison de leur situation géographique et de leurs ressources, ont dans l’ensemble, à quelques exceptions près comme le Venezuela, des relations commerciales pluralistes. La plupart d’entre eux sont liés à l’Europe et à l’Asie. Ils bénéficient d’une plus grande autonomie économique et politique que leurs voisins du Nord. À la différence des États septentrionaux, les grands pays sud-américains, Brésil puis Argentine, ont manifesté une totale hostilité à l’extension de l’Alena à l’ensemble du sous-continent. Afin de défendre leurs intérêts économiques et notamment agricoles ils ont bloqué le projet de l’Alca.
Les États sud-américains, qu’ils y parviennent ou non, cherchent généralement à diversifier leurs marchés extérieurs. Ce qui n’exclut nullement les États-Unis mais est manifestement incompatible avec des quasi-monopoles. Le modèle est, à cet égard, comme à bien d’autres, le Chili, dont le commerce extérieur se divise en gros en quatre parts presque égales entre l’Asie, l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Amérique latine. Mais, désormais, l’évolution de l’Amérique du Sud voire son destin sont étroitement liés à l’ascension du Brésil, qui représente à lui seul plus de 50 % du PIB de la région.
Le Brésil démocratique, fort du poids de son économie, de sa stabilité et de l’attrait de son vaste marché intérieur tente depuis 2000 de fédérer ses voisins et de construire avec eux un vaste ensemble dont il serait le centre et, sans doute, le principal bénéficiaire. Depuis le premier sommet sud-américain convoqué à Brasilia le 1er septembre 2000, les gouvernements successifs se sont efforcés de rapprocher et de fusionner les deux processus d’intégration existants, le Mercosur et la Communauté andine des Nations.
À Cuzco (Pérou), en décembre 2004, a été fondée une Communauté sud-américaine des Nations rassemblant ces deux « blocs » auxquels sont venus se joindre les troisÉtats, dont le Chili, n’appartenant à aucun des deux ensembles (les deux autres étant la Guyana et le Surinam). En mars 2008, celle-ci est devenue l’Union des nations sud-américaines (Unasur). On a pu se demander s’il s’agissait d’un élargissement des intégrations en cours et en crise ou de leur dilution dans une union disparate. En fait, l’Unasur est un projet plus politique qu’économique et commercial. Ses deux programmes majeurs portent sur la défense et les infrastructures routières. L’Initiative d’intégration de l’infrastructure régionale d’Amérique du Sud (Iirsa) a pour tâche de construire des voies de transport terrestre bi-océanique. En effet, dans un espace sud-américain très fragmenté, il n’existe pas encore de liaison routière Est-Ouest consolidée. Par ailleurs, le Conseil de défense sud-américain est destiné à assurer sans ingérence extérieure la paix régionale et une sécurité indépendante du sous-continent.
Copyright 2011-Rouquié/Documentation française
Amérique latine. L’Amérique latine est bien partie, sous la direction de Georges Couffignal, Collection « Mondes émergents », Documentation française, Direction de l’information administrative et légale, 208 pages, 19,50 euros, mars 2011.
Les États de l’Amérique latine, dans un processus de renouvellement progressif de leurs structures politiques, et de programmes sociaux ambitieux, affichent une relative prospérité économique par rapport au reste du monde. Fort de cette santé florissante, ce continent s’emploie désormais à redéfinir ses relations extérieures pour mieux faire entendre sa voix sur la scène internationale.
Après les développements présentés ci-dessous, une fiche signalétique, par pays, en présente la synthèse politique, économique, sociale et environnementale ; à noter que les données sur les communications - autres indicateurs de développement d’un État - sont également fournies.
Sommaire :
L’Amérique latine en 2011 : prudente, solide, dynamique, inventive (Georges Couffignal)
L’Amérique latine dans un ordre mondial en mutation (Alain Rouquié)
Barack Obama et les Amériques : entre espoirs anciens et nouveaux risques (Laurence Whitehead)
La crise mondiale : un test réussi de " l’émancipation macro-économique " de l’Amérique latine ? (Christian Ghymers)
La politique étrangère de la France vis-à-vis de l’Amérique latine (Georges Couffignal)
L’élection présidentielle de 2010 au Brésil : la victoire d’une candidate improbable (Stéphane Monclaire)
Colombie : le début d’une nouvelle ère politique ? (Sophie Daviaud)
Les agricultures latino-américaines : dynamiques et enjeux de développement (Martine Guibert et Sébastien Velut)
Sexualités et politiques en Amérique latine (Mario Pecheny et Rafael de la Dehesa)
Amérique latine : une course aux armements ? (Rut Diamint)
Fiches-pays : l’Amérique latine en 2010
Voir plus sur le site de La Documentation française Voir
[1] Cepalc (Comisión economica para América latina y el Caribe), L’Amérique latine et les Caraïbes au seuil du troisième millénaire, Santiago du Chili, 2009.
SAS Expertise géopolitique - Diploweb, au capital de 3000 euros. Mentions légales.
Directeur des publications, P. Verluise - 1 avenue Lamartine, 94300 Vincennes, France - Présenter le site© Diploweb (sauf mentions contraires) | ISSN 2111-4307 | Déclaration CNIL N°854004 | Droits de reproduction et de diffusion réservés
| Dernière mise à jour le vendredi 22 novembre 2024 |