SOUS le régime présidentiel de Bachar al-Assad désormais réintégré dans la Ligue Arabe, la Syrie compte 23 millions d’habitants, avec un PIB de 1 400 dollars par habitant et un PIB global de 25 milliards de dollars. 10% du PIB est consacré au budget de la défense, soit 2,5 milliards de dollars.

Après dix années d’une guerre civile très meurtrière au cours de laquelle tous les acteurs mondiaux et régionaux se sont affrontés en Syrie, directement ou par l’intermédiaire de milices, le régime alaouite de Bachar al-Assad a gagné le conflit. Il est parvenu à maintenir l’équilibre entre ses alliés et contrôle désormais la plus grande partie de son territoire, même s’il ne contrôle pas l’intégralité de la Syrie utile. Les présences militaires étrangères sur le territoire ont été réduites et n’ont pas la même provenance ni les mêmes intérêts. À l’invitation du pouvoir en place, on retrouve la Russie, l’Iran et les milices chiites. Quelques forces occidentales subsistent en appui des forces kurdes.

Les zones agricoles sont occupées par les Turcs au nord et les Kurdes au nord-est, de même que les gisements pétroliers de l’est, contrôlés par les Kurdes et leurs soutiens américains. Les affrontements se focalisent aujourd’hui au nord-ouest dans la région d’Idlib, carrefour stratégique entre les zones sous influence syrienne, russe et turque.

Les Russes verrouillent le littoral syrien et l’axe reliant leurs bases de Tartous et de Lattaquié à Damas. Les Turcs occupent au nord une bande tampon frontalière qui leur permet de couper le PKK de ses soutiens kurdes syriens, tout en y relocalisant une partie des réfugiés installés jusque-là en Turquie. Les Iraniens et leurs milices sécurisent, quant à eux, un corridor terrestre entre la frontière irakienne, Damas et le Liban. Le statu quo résultant des accords d’Astana entre la Russie, l’Iran et la Turquie semble satisfaire les principaux protagonistes.

Pour reconquérir l’intégralité de son territoire, le régime syrien devra d’abord reforger et moderniser son armée, épuisée et affaiblie par dix années de combats incessants. Il n’est pas certain que ce soit dans l’intérêt de ses soutiens russe et iranien de l’aider à accomplir pleinement cet objectif, même si le Kremlin semble vouloir renforcer l’armée syrienne suffisamment pour diminuer l’influence iranienne dans le pays. La Syrie de Bachar al-Assad constitue plus que jamais la variable d’ajustement des stratégies moyen-orientales de la Russie, de l’Iran et de la Turquie.

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