François Géré est Directeur de l’Institut Français d’Analyse Stratégique (IFAS). Il se spécialise à partir de 1980 dans l’étude des différents courants de la pensée stratégique française et américaine depuis 1945. Membre du Conseil scientifique du Centre géopolitique, l’association à laquelle le Diploweb.com est adossé.
Le Diploweb.com remet à l’honneur une série d’articles consacrés la pensée stratégique française contemporaine. Nous découvrirons des penseurs d’envergure qu’il serait pertinent de mieux valoriser. Illustré de plusieurs documents et d’un tableau chronologique. Bonus : une vidéo de François Géré à propos du Maréchal Jean de Lattre de Tassigny, l’homme qui donné à la stratégie française ses lettres de noblesse.
Après avoir été portée par Diploweb de 2014 à 2017, cette série d’études de François Géré à propos des stratèges français contemporains fait l’objet d’un livre de François Géré, "La pensée stratégique française contemporaine", Paris, Economica.
IL SEMBLERA paradoxal d’introduire une présentation de la pensée stratégique française contemporaine en évoquant un homme qui a beaucoup agi mais peu écrit, hormis une « Histoire de la 1ère armée française ». De facture très classique, ce livre se présente comme un compromis entre des Mémoires et un Journal de marche. Tout entier accaparé par l’action militaire, de Lattre n’a manifesté aucun goût particulier pour la théorisation de sa pratique professionnelle. Il s’en remet pour cela au colonel Beaufre. Cet intuitif, praticien pressé, ne se soucie guère de savoir comment il a pu accéder à la prescience de la situation. Il teste sans délais en concevant un plan exécuté au plus tôt.
Seulement voilà de Lattre, sans l’avoir voulu, mais non sans l’avoir pressenti, fut l’inspirateur de la pensée stratégique française de la seconde moitié du XXème siècle, de Gaulle constituant un cas tout-à fait à part.
En témoigne une double filiation, bien peu connue, à travers deux des représentants les plus remarquables de la pensée stratégique française de la deuxième moitié du 20ème siècle les généraux Beaufre et Poirier.
S’agissant du premier « disciple », il est aisé de repérer une longue familiarité complice avec le « maître ».
Beaufre est nommé chef des opérations de la 1ère Armée en 1944. En décembre 1945, sitôt nommé Contrôleur général de l’Armée de Terre, de Lattre affecte Beaufre à son cabinet. Puis, à l’Etat-major de Fontainebleau, dans la structure du pacte de Bruxelles signé en 1948, il le retient à ses côtés. En décembre 1950, Beaufre suit de Lattre en Indochine.
D’une toute autre nature est la relation avec Lucien Poirier, né en 1918. Ce sera une brève rencontre d’un an au Vietnam entre le « petit capitaine » de Deuxième Bureau, « éperdu de crainte et d’admiration » [1] mais qui, pour autant, ne perd pas une miette de cet apprentissage inespéré. [2]
Pour Beaufre et Poirier, de Lattre est « le stratège » par excellence. L’ont-ils sur estimé, « surfait », afin de servir leur propre conception de la stratégie ? Probablement mais c’est de peu d’importance au regard de l’imprégnation intellectuelle. Ces deux disciples retiennent du maître la méthode d’action. Sans doute est-ce pour cela que Beaufre écrira « la stratégie ne doit pas être une doctrine unique mais une méthode de pensée permettant de classer et de hiérarchiser les événements puis de choisir les procédés les plus efficaces ». [3]
Beaufre et Poirier se retrouvent en 1962. Le premier a quitté l’active, le second a rejoint le Centre de Prospective et d’Evaluation (CPE). Au titre de la prospective, il a la charge de soutenir financièrement les instituts prometteurs. Tel est le cas de l’IFDES créé par Beaufre qui a réuni Jean-Paul Charnay, Alain Joxe, ainsi qu’un élève de Raymond Aron – qui le désavouera peu de temps après-, le jeune André Glucksmann qui se passionne pour les écrits militaires de Mao Ze Dong, et bien d’autres (Pierre Rosensthiel, Groupe de recherches mathématiques). L’IFDES fait connaître ses travaux par la revue Stratégie, publiée sous le double timbre de l’IFDES et du Centre de Politique étrangère, créé par Jacques Vernant. [4] Telle est la filiation intellectuelle.
Sur le volet proprement militaire, il pourra également sembler paradoxal d’accorder tant d’importance à un stratège dont l’action sur le terrain fut, somme toute, brève (les deux dernières années de la seconde guerre mondiale et un an en Indochine) et terriblement limitée par la pénurie des moyens. Ses opérations en Indochine restent sans conclusion car le cancer l’oblige à rentrer en France fin décembre 1951 en pleine bataille d’Hoa Binh pour y mourir quelques jours plus tard, tandis que la République l’élève au rang de maréchal de France.
Serait-il tombé dans le piège de Dien Bien Phu ? Aurait-il recommandé le retrait d’Indochine comme le suggère le spécialiste américain Bernard Fall ? Vaines spéculations. Et pourtant, Liddel Hart ne s’y est pas trompé qui, à sa mort, salue en lui : « le plus grand maréchal français depuis Turenne » [5]. Le compliment n’est pas anodin car c’est aussi une manière d’épingler certains maréchaux de la première guerre mondiale (Foch et plus encore Joffre, qu’il oppose à Galliéni et à Pétain) sur lesquels il porte les jugements les plus sévères. [6]
Beaufre mentionne la première mouture de la stratégie d’approche indirecte « Les guerres décisives de l’histoire » (1929) : « ce livre fit une profonde impression sur les jeunes générations en France. De Lattre et Juin furent très influencés par Liddel Hart et devaient plus tard mettre ses leçons en pratique avec le succès que l’on sait ». [7]
La trajectoire de de Lattre semble donc une comète traversant la brève période 1942-51. « Encore se refusait-il d’accorder au temps ce crédit d’inertie auquel consentent les impuissants…. » écrira Poirier. [8] Ce stratège, il est vrai, est pressé sachant son temps compté par les progrès d’un incurable cancer, toujours plus douloureux. Cependant le caractère reste identique. Pragmatique jusqu’à l’opportunisme, intuitif jusqu’à déconcerter ses plus proches conseillers, de Lattre est déstabilisant. Exaspérant, encombrant, ce rebelle inclassable embarrasse les politiciens de la Quatrième République qu’il effarouche bien qu’il n’ait jamais songé à un coup d’Etat. Fut-il un embarras pour De Gaulle ? Entre deux personnalités aussi fortes, habitées des mêmes convictions, la relation de haute estime ne pouvait être exempte ni de rudes frictions, ni de dérisoires agacements. [9]
Naissances | Repères événementiels |
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1889 de Lattre et de Gaulle | |
1888, Guderian, 1891, Rommel | |
1902 André Beaufre | |
1905 Raymond Aron | |
1907 Charles Ailleret | |
1911 Pierre-Marie Gallois | |
Novembre 1918, Armistice. Rethondes | |
1918 Lucien Poirier | |
1924-25 guerre du Rif marocain | |
1928 Jean Paul Charnay | |
1931 Alain Joxe | |
Mars 1933 Hitler devient Chancelier du Reich | |
1934 Gérard Chaliand | |
Septembre 1938 Conférence de Munich | |
Juin 1940 Armistice, Rethondes 2 | |
Février 1948 « coup de Prague » | |
Octobre 1950 débâcle française de Cao Bang (Nord du Vietnam), | |
Janvier 1952 Décès de Jean de Lattre de Tassigny | |
1954 Dien Bien Phu | |
Avril 1955 Conférence de Bandoeng | |
Décembre 1956 Expédition de Suez |
De la Guerre de 1914, de Lattre est, comme tant d’autres, un survivant. Puis vient la rude épreuve de la guerre du Rif (Maroc) de 1924-25. « Il y fait paraître un tempérament de baroudeur » écrit Poirier. De fait il est blessé à plusieurs reprises tandis que son cadet, Beaufre, tout juste sorti de Saint Cyr, manque y perdre la vie.
Proche de Weygand, de Lattre se met en 1940 sur les rangs pour diriger les Chantiers de Jeunesse de Vichy. Il souhaitait en effet reprendre en main une jeunesse démoralisée par la défaite et, avec elle, reconstituer une armée capable, le jour venu, de reprendre le combat. A cette date, de Lattre pense à la Reichswehr qui se reconstitua clandestinement en dépit des interdits du traité de Versailles. Il existe en effet chez lui, comme tant d’autres, une fascination pour l’Allemagne, pour sa jeunesse sportive enthousiaste ; pour la hardiesse de ses brillants jeunes généraux. Un peu comme Clausewitz était fasciné par Napoléon qu’il haïssait en tant que patriote prussien. Etrange schizophrénie culturelle qui permet de mettre de côté le nazisme, le racisme (pourtant central chez Ludendorff) et croit pouvoir encore pratiquer le « noble sport » de la guerre sans haine. Grande illusion !
Arrestation, jugement à Riom et évasion font partie d’un périple qui le conduit à s’imposer en 1943 pour reconstituer une véritable armée française.
Or la formation de la 1ère armée, officiellement établie le 25 septembre 1944 pour prendre la relève de « l’armée B », exige l’impossible. Il faut en effet que les forces de la France Libre et les maquis FFI (créés en mars 1944 par de Gaulle), fusionnent avec l’ancienne armée française défaite, en partie prisonnière et qui, parfois même, en Afrique du Nord combattit la France Libre. C’est donc l’entreprise difficile, à demi réussie, de l’amalgame en 1943-1944. C’est pourtant avec cette armée hétéroclite que naît la légende delattrienne quelque part entre Strasbourg et Berlin, entre Rhin et Danube, entre décembre 1944 et mai 1945.
A Strasbourg, durant l’hiver 1944-45, la soudaine offensive allemande des Ardennes conduit le prudent Eisenhower à ordonner une retraite momentanée qui livrerait de nouveau la ville aux armées allemandes. Pour de Gaulle comme pour de Lattre ce repli, fut-il tactique, est catégoriquement inacceptable tant il leur paraît hors de question d’abandonner le symbole de la France. En dépit de frictions réelles, la démarche des deux chefs est différente et complémentaire. Le 3 janvier 1945 face à Eisenhower, de Gaulle tempête et menace. Il ira même jusqu’à évoquer « la fureur du peuple français » qui conduirait retirer l’utilisation des chemins de fer et des transmissions indispensables à l’action des alliés. [10]
De Lattre ne s’indigne pas moins. Cependant il veille, en pragmatique, à s’assurer que « l’intendance suivra ». Il faut donc « s’arranger » avec les Américains pour disposer des moyens qui seuls permettront d’éviter une issue à laquelle il répugne : le glorieux sacrifice d’une défense désespérée. Conjuguées, ces deux approches ont finalement gain de cause.
A Berlin, le 8 mai 1945, aux côtés de Tedder et de Joukov, ce général français signe, en vainqueur, la capitulation allemande -en dépit de l’indignation méprisante du maréchal Keitel- faisant ainsi, et malgré tout, entrer la France dans le groupe des vainqueurs. Non sans mal, tant paraît incongrue la présence d’un pays considéré comme vaincu, dirigé par un gouvernement de collaboration. Il lui faut donc s’imposer, surmonter les obstacles, exiger que la France soit mentionnée dans chaque allocution, chaque communiqué. De Lattre apprend vite à jouer des Britanniques par rapport aux Américains, et des Soviétiques contre les Américains. En cela très semblable à de Gaulle, il lui faut se montrer d’autant plus agressivement exigeant qu’on le sait plus faible et démuni. Compenser l’infériorité matérielle, récupérer une position politique d’égal à égal, tel sera son lot historique.
La guerre terminée, l’armée française est donc à reconstruire. De Lattre reprend son idée de 1940 en créant les « camps légers » de la jeunesse française, dans une toute autre perspective cette fois. Car il s’agit désormais de reconstituer la « Grande Armée de la Nation » en insufflant enthousiasme et fierté de soi à une génération abasourdie par quatre années d’occupation, physiquement déprimée par les rationnements alimentaires, guettée par la tuberculose, la polio…. Il s’agit également de rassembler une jeunesse sourdement travaillée par la propagande d’un puissant parti communiste, le parti des FTP et des « 70 000 fusillés » proclamés.
En complément, de Lattre entreprend une autre tâche, particulièrement difficile, la création de l’interarmée. L’objectif reste modeste puisqu’il porte uniquement sur les différentes composantes de la seule l’armée de terre. En 1947 sont mis en place des commandements croisés : un fantassin commande aux blindés, un artilleur dirige les fantassins. Mais les corporatismes, les rigidités mentales, les pesanteurs bureaucratiques auront tôt fait de réduire à rien ces initiatives qui disparurent avec leur instigateur.
Voici donc le stratège en action. L’observation de sa « geste » conduit à distinguer trois types de manœuvres, sans devoir les hiérarchiser tant elles sont étroitement imbriquées et inter-agissantes :
Une manœuvre politico-stratégique ;
Une manœuvre opérative des forces matérielles ;
Une manœuvre psychologique des forces morales.
De surcroit, ces trois composantes constituent dans l’esprit de de Lattre les parties d’un vaste ensemble : la stratégie totale, parfois nommée guerre totale.
Pressé par d’imprévisibles enchaînements de circonstances fortuites, de Gaulle, ô combien militaire, laissa son génie politique prendre le pas. De Lattre demeura avant tout un militaire respectueux des institutions de la République. Il se voulut hors politique demeurant ainsi imperturbablement éloigné de l’arène ordinaire des partis. Cependant il entendit exercer pleinement les responsabilités qui lui furent confiées. En sorte que, s’il n’a jamais éprouvé la tentation du Rubicon, il s’est constamment situé sur l’interface, au bord de la rive. Sans doute ne fut-il jamais aussi idéalement placé qu’en Indochine, où, cumulant la fonction politique de Haut-Commissaire en Indochine et celle de Commandant en chef du CEFEO, il réunit pouvoir politique et puissance militaire. Il lui est ainsi possible à la fois de déterminer les fins politiques, de concevoir et mettre en œuvre la stratégie appropriée.
Ainsi pouvons nous considérer que de Lattre a pris conscience que le savoir-faire stratégique consistait à concevoir, planifier et exécuter simultanément des opérations de nature différente à plusieurs niveaux et dans des espaces géographiques hétérogènes qui ne sont pas nécessairement contigus. [11]
En effet l’Europe occidentale, l’Indochine et, plus proche, la Corée constituent les différents théâtres d’un même affrontement où la France combat aux côtés des Etats-Unis et des peuples qui luttent pour leur liberté. Emancipé de la tutelle coloniale, la nation vietnamienne combat désormais pour son indépendance face à un nouvel impérialisme, le communisme incarnée par le Vietminh, organisation totalitaire qui manipule, dévoie et pervertit le sentiment patriotique.
La communauté dénommée aujourd’hui « internationale » (on se gardait à l’époque de concevoir une telle notion) en l’occurrence les récentes Nations Unies constituent un théâtre supplémentaire, déjà fortement médiatisé, de la manœuvre politico-stratégique totale. Car c’est là aussi qu’il importe d’affirmer la légitimité politique de l’action militaire française en soutien des forces nationales vietnamiennes.
La retentissante « tournée » aux Etats-Unis n’a donc pas seulement pour but d’obtenir des crédits américains même si de Lattre sait comment s’y prendre grâce à une expérience depuis 1943… Il faut convaincre les élites américaines d’une communauté d’objectifs servie par une stratégie des moyens distribuée équitablement sur les différents théâtres. De Lattre craint en effet que les difficultés rencontrées par les Etats-Unis en Corée ne conduisent à l’abandon du théâtre indochinois.
Cette démarche, éminemment politique, fut critiquée avec virulence à la fois par les partis d’extrême gauche français et par les milieux purs et durs du RPF qui voyaient là une forme d’allégeance aux Etats-Unis.
L’admiration pour la « méthode de Lattre » tient pour beaucoup à la démonstration de son art du commandement. « Quoi qu’il arrive, vous serez commandés » dit-il à ses jeunes officiers dès son arrivée à Hanoï. Ce général a le sens de l’ordre. Rien de plus banal à ceci près qu’il s’agit de sa vision de l’ordre. Le sien et non celui, ordinaire et inefficace, des bureaucraties établies.
Donner un ordre c’est mettre de l’ordre ; c’est introduire une volonté d’organisation dans le chaos des événements et des projets contradictoires ; c’est réduire l’aléatoire ; c’est créer de l’efficacité contre les résistances adverses et les inerties internes.
De Lattre entend donc imposer sa volonté pour n’avoir pas à subir celle de l’autre, ennemi ou allié, peu importe. Car « la fin de toute guerre est d’imposer notre volonté à l’ennemi ». [12] Principe que Beaufre synthétise dans sa définition de la stratégie « art de la dialectique des volontés employant la force pour résoudre leur conflit ». [13]
« De Lattre, en chaque conjoncture, recherchait avant tout l’occasion…. Ayant discerné, tout à coup, où, quand, de quelle façon l’événement pouvait surgir, il déployait alors, pour le créer et l’exploiter, toutes les ressources d’un riche talent et d’une énergie extrême, exigeant l’effort sans limite de ceux qu’il y engageait, mais sachant faire sonner pour eux les fanfares de la réussite ». [14]
Lucien Poirier dresse ainsi un état des procédés de Lattre, tous placés au service de l’efficacité maximum [15] ….. (et d’ajouter)…. : « comme Bonaparte, pourtant artilleur de formation, cet ancien cavalier préférait la foudre au canon ». Pour consacrée et frappante qu’elle soit, la formule peut encore prêter à confusion. En l’occurrence elle oppose l’écrasement des positions ennemies sous un tir massif avec une supériorité de feu à la manœuvre soudaine qui, par surprise, prend l’ennemi de vitesse avant qu’il ait pu établir un ordre et des positions défensives.
Constamment, de Lattre a dû concevoir et réaliser sa stratégie sous la contrainte d’un rapport des forces défavorable. Stimulante pour l’invention, la ruse et la manœuvre, la répétition de cette situation n’en fut pas moins pesante.
Ce fut en effet le cas en 1943-45 face à la puissance déclinante mais encore redoutable du Reich. Mais il en alla de même face à l’allié américain auquel il fallait tout demander et qui donnait ou parfois même retirait en fonction de ses intérêts immédiats.
Même situation dès 1947, au GQG de Fontainebleau, commandant des forces françaises de l’UEO, de Lattre sait qu’il est le faible devant le fort ; que face aux divisions de Staline l’armée française, trop faible, ne suffirait pas et que les Britanniques ne se sacrifieront pas vainement. Il n’est de salut que dans l’alliance étroite, mais point trop, avec une puissance capable de rétablir l’équilibre des forces : les Etats-Unis.
Et finalement en Indochine où « Il pratiqua avec virtuosité le jeu du fort au faible, ayant déjà anesthésié par la ruse le cerveau du chef adverse » [16]. Face aux forces du général Giap que soutient désormais la Chine communiste, de Lattre se trouve en infériorité numérique. Mais il compense par le secret, la ruse et la surprise [17] ayant éventé les intentions du général vietminh : « il est trop prévisible » dit-il.
La conscience de cet état d’infériorité fait de lui, en deçà des apparences, un pragmatique obsédé par le « ventre » de la guerre. Loin d’être indifférent à la « raison financière », il s’y consacre mais au service d’un seul but : trouver l’argent et toutes les formes de ressources pour pouvoir combattre et vaincre ou cesser d’être vaincu.
Comment en effet conserver ou retrouver une prise sur la situation alors que les ressources matérielles et humaines sont défavorables ? Comment remonter le handicap ? Hé bien par une action psychologique de tous les niveaux et de tous les instants ! Ce qui a pu passer pour le culot ou l’esbrouffe d’un mégalomane relève d’un calcul délibéré. Manipulateur qui se sait l’objet d’innombrables manipulations –pas seulement celles de l’ennemi-, de Lattre a tout du personnage shakespearien pour qui le monde est une pièce de théâtre jouée par des fous.
Tel est bien le sens de la provocatrice maxime favorite : « Les choses ne sont pas ce qu’elles sont, mais ce que l’on veut bien les faire paraître ». La politique est donc mise en scène. Déjà Walter Benjamin parlait à propos du fascisme italien « d’esthétisation de la vie politique », ajoutant : « tous les efforts pour esthétiser la politique culminent en un seul point. Ce point est la guerre. » [18] Observateur des parades nazies à Nuremberg et soviétiques sur la place rouge, de Lattre a compris cette dimension esthétique. Averti de l’organisation rigoureuse de la propagande chinoise, il prêta la plus grande attention aux méthodes de conditionnement psychologique qui servirent de modèle au Vietminh. La mobilisation des foules rebaptisées « masses populaires » s’effectue à travers un encadrement total des « hiérarchies parallèles ».
A cela s’ajoute une fine observation de l’essor de la publicité aux Etats-Unis et de la montée en puissance des média qu’il est possible d’attirer et de mobiliser au service du but stratégique.
Cependant de Lattre s’affranchit de la conception totalitaire de la représentation de la politique en la soumettant à une double contrainte : celle de la démocratie et celle de l’honneur militaire. Son intervention à Meet the press à Washington D.C. le 20 septembre 1951 est un cocktail très réussi de publicité et de propagande démocratique. Car lorsqu’il prononce des phrases émouvantes à l’égard des sacrifices des troupes américaines, de Lattre reste sincère. L’homme et l’acteur se confondent dans le souci de porter une parole authentique dont il sait, par ailleurs, les effets pour obtenir la bienveillance du public.
« Ne pas Subir ». Authentique émanation de la personnalité delattrienne, cette « devise » fonctionne aussi comme une arme psychologique, un étendard, un « panache ». Elle exprime également une sorte de quintessence du savoir-faire stratégique : ne pas subir la volonté de l’ennemi.
En raison de son exceptionnel charisme, de Lattre exerce une sorte de « fascination critique »…parfois ironique tant sa mise en scène est ostensiblement excessive. Mais il n’est pas un dictateur en uniforme qui s’impose par la terreur. Ses prises de fonctions sont organisées comme des « entrées en scènes ». Les revues sont autant de cérémonies de prise de pouvoir et de mise en confiance ; autant d’instruments pour assurer le commandement. [19]
Il en va de même des discours qui, enchaînés sur un rythme trépidant, font l’objet d’une soigneuse préparation, d’une orchestration que l’on pourrait déjà qualifier anachroniquement de médiatique.
A Vinh Yen 19 avril 1951 ; 11 juillet au lycée Chasseloup-Laubat à Saïgon ; le 14 juillet 1951 à Hanoï. Ceci acquis reste à en faire la « promotion » dans le monde. Se succèderont les interventions de septembre à Washington puis au Vatican.
Méticuleusement réglées, toutes ces représentations politiques où de Lattre se fait metteur en scène de sa propre personne constituent le « marketing » de son but stratégique.
Afin d’obtenir les moyens matériels et humains sans lesquels il n’est point d’action efficace ni de chances de succès, de Lattre s’emploie à mobiliser les énergies psychiques, à créer ou raffermir les convictions par tous les moyens disponibles d’information et de communication.
C’est pourquoi il crée un quotidien : le « Journal d’Extrême Orient » tandis qu’il établit un service particulier chargé d’assurer la liaison avec Paris. Il peut ainsi s’assurer qu’y parviennent les « bonnes » informations susceptibles d’influencer positivement la très versatile classe politique française de l’époque. D’autres bureaux sont chargés de riposter à la propagande du Vietminh, notamment lorsque celui-ci publie les chiffres truqués des pertes des forces françaises
« Plus que jamais, écrit de Lattre à de nombreuses reprises, la guerre a un fondement moral ». Or ce terme « moral » présente une grave ambigüité car il ne s’agit pas d’éthique. Le moral n’est pas la morale. Et cependant il est contigu à la notion de « valeurs ». De cette interpénétration on trouvera, à l’époque, une des représentations les mieux achevées et les plus expressives dans la série documentaire « Pourquoi nous combattons » des réalisateurs américains Frank Capra et Anatole Litvak, en 1942.
Pour indispensables qu’ils soient, les moyens matériels doivent être justifiés et orientés par la création d’une puissance psychologique : le « moral ». En 1950, le ministère de la défense avait créé les « officiers du moral », embryons des futurs Cinquième Bureaux d’action psychologique, créés par le colonel Lacheroy en 1955, dont on sait le terrible échec en 1960. Le terme sans doute paraîtra aujourd’hui désuet dans certains pays occidentaux mais certainement pas dans le reste du monde. Car il faut bien lui reconnaître une pertinence qui n’appartient pas à la seule archéologie militaire. Sortir de l’ambiguïté suppose d’entendre ces termes de deux manières dont la complémentarité ne va pas sans poser quelques difficultés.
Il s’agit tout d’abord de l’état psychologique du combattant, dans sa caserne et sur le champ de bataille. Le moral du « soldat » résulte de conditions de vie équilibrées sous la direction d’un commandement qui sait se faire respecter et estimer ;
En second lieu, ce moral correspond à la motivation, à savoir la conviction de combattre pour des valeurs supérieures à celles de l’adversaire. Or celui-ci dispose d’une puissante organisation de guerre psychologique. Elle utilise la propagande ouverte pour insinuer le doute et la désinformation dont le mensonge dissimulé parachève la démoralisation.
Ainsi s’explique chez de Lattre cette obsession du matériau humain et, avec elle, l’attention prêtée aux moyens matériels, jusqu’au plus infime détail des conditions de vie. Elle est finalisée par l’exigence de la qualité physique et psychologique du soldat sans quoi rien ne s’obtient. On entre déjà dans le domaine de l’action psychologique.
Or de Lattre considère désormais que la guerre psychologique « par la propagande, l’équivoque politique, la menace, voire la terreur passe au premier plan et constitue une branche essentielle de la guerre totale » [20]
Aussi essentielles qu’elles soient, car il s’agit bien de l’épreuve de vérité où l’on doit payer au comptant, selon la formule clausewitzienne, les opérations militaires ne constituent qu’un segment de la manœuvre politico-stratégique d’ensemble.
A travers des expressions telles que grande stratégie, stratégie totale, guerre totale on retrouve la relation fondamentale entre politique –non politicienne- et stratégie militaire.
Le terme « totalisme », est utilisé par Lucien Poirier en référence à la conception wagnérienne de « l’œuvre totale » en laquelle s’abolit la différence entre réalité et fiction, entre le monde et sa représentation.
A vrai dire, ni chez de Lattre ni chez Beaufre, -comme on aura l’occasion de le vérifier dans l’étude suivante qui lui est consacrée-, le vocabulaire n’est pas rigoureusement stabilisé. La notion de totalité est certes dominante et guide la pensée. Mais qu’est-ce qui est total ? La guerre, la stratégie, la politique ? La fusion des trois ? Au regard des situations passées et présentes la pensée fluctue. On la sent en recherche d’une formulation définitive qui ne parvient pas à se fixer. Cet erratisme sémantique s’explique par un double phénomène. Le premier tient à la superposition verticale des conceptions (stratification) stratégiques antérieures. Le second correspond au glissement (progressif) horizontal qui s’effectue d’une situation à une autre ; schématiquement de la violence absolue dans la tradition d’un Clausewitz, dénaturé par les officiers d’Etat-Major français, allemands et même britanniques à la fin du XIXème siècle).
Dès le 10 décembre 1945, dans son « Mémoire sur la réorganisation des armées », de Lattre écrit : « l’expérience a établi qu’en raison même de son totalitarisme [21], la guerre moderne était le fait non point de contingents spécialisés….mais de troupes issues d’une mobilisation générale ». [22]
Qu’est-ce donc que ce totalisme ?
Il existe bien un héritage, dont de Lattre est le dépositaire obligé à travers Clausewitz et plus encore la lecture réductrice qu’en fit Foch ainsi qu’un homme aujourd’hui moins célèbre le général Mordacq, chef du cabinet militaire de Clemenceau, « bourreau de la Ruhr » en 1923. Mais cela, c’est l’usage d’une violence absolue, « totale » dans la guerre. C’est la coercition sans nuances dont l’extrémisme vise à anéantir toute volonté de résistance de l’ennemi. [23]
Tel est le point de départ. Il ne variera guère un siècle durant. Etrange fixité remise en cause après la première guerre mondiale par quelques rares esprits Liddel Hart, Lawrence… point d’Allemand, aucun Français.
Par ailleurs, au sortir de la guerre mondiale de 14-18 s’effectue une première translation confuse, balbutiante sous des airs de certitude farouche, celle de Ludendorff qui, dans ses écrits de l’après-guerre, [24] effectue deux opérations épistémologiques aussi capitales que sacrilèges :
. l’abolition entre temps de paix et de guerre dès lors que l’affirmation du sujet racial (le peuple Volk) constitue le mobile suprême de l’action politique permanente
. l’inversion de la prééminence du politique sur le militaire. La guerre totale reconnaît bien l’existence d’une autorité politique à condition qu’elle soit l’instance exécutoire de la préparation permanente de la guerre inéluctable par le Haut Commandement militaire l’Etat-major général, OKW.
Ceci posé, fin 1947, de Lattre doit considérer, moins par conviction idéologique que sous contrainte de la force des choses, qu’il lui faut préparer la France à une nouvelle épreuve, pas moins grave que la précédente. Constatant la rupture entre alliés occidentaux et URSS, mesurant les écarts de potentiels entre la puissance militaire soviétique et les maigres forces des Européens de l’Ouest de Lattre conçoit et planifie une stratégie défensive dans un environnement instable en rapide mutation [25]. (1946-48). En sorte qu’il lui faut constamment revoir les plans. Pour ce faire, comment comprendre ce nouvel ennemi dont les puissantes capacités sont visibles, la doctrine militaire mal connue et les intentions discutables ?
Ainsi la conception de la guerre totale connaît-elle une nouvelle inflexion qui s’exprime et se développe à travers la perception du communisme soviétique en expansion et de la supériorité de ses forces armées.
Avec Beaufre, de Lattre effectue rapidement une conversion de la stratégie totale allemande à celle de l’Union soviétique. Tous deux retrouvent le but absolu de Ludendorff dans le Staline qui, abandonnant les oripeaux de la grande guerre patriotique, revient aux menées subversives, orchestrées à l’échelle mondiale par le Kominform, avatar jdanovien de l’ancien Komintern. Ainsi la troisième guerre mondiale paraît-elle proche, encore plus totale que les précédentes « en raison de l’arme atomique et de l’antagonisme des idéologies ». « à base de dislocation psychologique de l’adversaire » L’expression de guerre intégrale » pourrait même être adoptée. » [26]
De Lattre n’imagine pas encore –qui l’aurait pu à ce moment ?- la formation des blocs (1955) et l’équilibre de la terreur nucléaire qui, gelant la guerre traditionnelle, se reporte sur la course aux armements et le développement des stratégies indirectes.
Face à cette agression une seule riposte paraît appropriée : la mise en œuvre d’une stratégie « totale » qui mobilise toutes les énergies et toutes les ressources de la nation dans l’ensemble des espaces où s’exerce (encore) sa puissance. C’est pourquoi la guerre indochinoise, affranchie du carcan colonial –il paraît légitime de se demander si le Haut-Commissaire disposait de ce pouvoir-là ou s’il lui fut abandonné-, dépassant la conservation des petits intérêts égoïstes est hissée par de Lattre au rang de composante de la stratégie totale.
Il faut donc se rendre à cette non-évidence : la stratégie est totalité. On doit même ajouter, qu’elle ne peut être, selon son concept, que totalité.
Mais dans ces conditions elle se trouve hors de portée des formes actuelles du gouvernement démocratique non par antagonisme de nature mais par incompatibilité des modes de fonctionnement ordinaires (temporalité). L’instrument stratégique total est inadéquat par rapport à la nature des entités politiques qui conçoivent les buts. Un tel dilemme, en son extrême gravité, ne se peut résoudre que deux manières : ou bien l’on change l’instrument ou bien l’on change l’organisation politique. L’affaire n’est pas mince qui exige de s’interroger sur l’identité et la légitimité de ce « on ».
Ainsi imagine-t-on sans peine de Lattre disant comme Ailleret, -c’est bien le seul point commun qu’on soit autorisé à établir avec lui-, « la stratégie c’est ce que je fais. » [27] Affaire de niveau, de responsabilité, d’accès immédiat au « décisif ». A partir de cette position éminente, de Lattre accède au rang, exceptionnel, d’inspirateur de l’analyse et de la théorie stratégiques. Au laboratoire des stratégistes le praticien fournit un matériau observable qui se divise en trois composantes.
D’abord, par la faculté d’invention. De Lattre innove en dérangeant les plans convenus, en contrariant les doctrines figées, bref en bousculant tout « établissement » hiérarchique et intellectuel.
Ensuite, parce qu’il associe puissance physique et pouvoir psychologique et en effectue la combinaison non par caprice mais par intuition de la nécessité de l’occasion.
Enfin, parce que de Lattre sut joindre à la fureur d’Achille les multiples ruses d’Ulysse. Constamment placé en difficulté par la force des choses et l’obstruction des hommes, il a su recourir aux instruments et aux procédés majeurs qui, par compensation, réduisent les écarts et permettent de ne pas laisser la faiblesse initiale basculer en destin.
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La série consacrée au grands stratèges français par François Géré sur Diploweb
. Au Commencement était de Lattre.
. André Beaufre et l’Institut Français d’Etudes Stratégiques.
. Charles Ailleret, stratège français.
. Général Lucien Poirier : une oeuvre stratégique majeure
. Pierre Marie Gallois : stratège et pédagogue de la dissuasion nucléaire
Aperçu bibliographique à propos de Jean de Lattre de Tassigny
Histoire de la première armée française, Presses de la Cité, 1947, 654 pages
Ne pas Subir, recueil d’archives, sélectionnées, présentées et commentées par des historiens français, Plon, 1984, 562 pages.
Reconquérir, Plon, 1985, recueil de rapports, notes et memorandums présentés et commentés par Jean-Luc Barré.
Il existe de nombreuses biographies très hagiographiques comportant parfois des extraits de discours et de rapports du général de Lattre. Dans ce registre relevons :
Sir Guy Salisbury-Jones, So full a Glory, Praeger, 1962.
On trouvera des mentions de l’action de de Lattre, plus ou moins brèves, souvent très pertinentes parce qu’affranchies de toute révérence, dans :
Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, tomes deux et trois, Plon, 1950
Bernard B. Fall, Street Without Joy, (Rue sans Joie), Schocken Books, 1961, Random House, 1989
Les Deux Viet-Nam, Payot, 1967
Jean Planchais, Histoire politique de l’armée, tome 2, 1940-1967, Editions du Seuil, 1967.
Dictionnaire De Gaulle, entrée De Lattre par Jean Delmas ; l’auteur cite la lettre de De Gaulle au maréchal Juin au lendemain de la mort du maréchal.
du même, dans le dictionnaire Les militaires qui ont changé la France, 2006, Héraclès.
F. Géré, Th.Widemann, sous la direction de, La guerre totale, Economica, 2001.
Fonds Poirier
« Notes sur la Méthode du général De Lattre de Tassigny, trois versions non publiées, 1952.
Ces archives sont en cours de cotation, sous la direction scientifique du Pr François Géré et de Madame Véronique Schultz, directeur de la Bibliothèque patrimoniale de l’Ecole Militaire.
Enregistrements : Entretiens de Lucien Poirier et François Géré, 2003-2005, non publiés.
[1] Expressions utilisées presque rituellement lors des échanges avec l’auteur (1990-2000). Enregistrements privés, non publiés.
[2] Notes pour une méthode du maréchal de Lattre de Tassigny, 1952, trois versions, non publiées.
Poirier s’en explique dans ses entretiens avec Gérard Chaliand in « Le chantier stratégique », Hachette, Pluriel, 1997. « J’adressai mon papier au général Weygand…. Sous le ton très cordial de la réponse, je sentis quelques réserves qui, ajoutées à je ne sais quelle pudeur devant mon modèle, me retinrent de publier ce texte, par ailleurs trop lyrique. » p. 223.
[3] Introduction à la stratégie, p.121, Armand Colin, 1963.
[4] Appelé à inspirer la création en 1973 du Centre d’Analyse et de Prévision du Quai d’Orsay sous la direction de Jean-Louis Gergorin et Thierry de Montbrial et d’autre part, l’IFRI (Institut Français des Relations Internationales) à l’initiative de Montbrial.
[5] Basil Liddel Hart, in France Soir, 16 janvier 1952
[6] Réputations, trad. fr., Payot, 1931.
[7] Crises et Guerres, p. 211, Presses de la Cité, 1974, consiste en un recueil d’articles et de chroniques publiés dans Le Figaro de 1966 à 1973)
[8] Lucien Poirier, Ibidem, p.4
[9] Dictionnaire de Gaulle, entrée de Lattre par le général Jean Delmas, Robert Laffont, 2006.
[10] Charles de Gaulle, Mémoires, tome 3, Le Salut, p.175, Livre de Poche
[11] De même en allait-il des différents théâtres de la guerre froide durant la période 1975-1985 (deux Allemagnes, Pologne, Nicaragua, Angola, Mozambique), et aujourd’hui 2014, des théâtres d’affrontements : Ukraine, Irak, Syrie….
[12] Carl von Clausewitz, De la guerre, Livre 1…. Traduction de Denise Naville, Editions de Minuit.
[13] André Beaufre, Introduction à la stratégie, Armand Colin, 1963, p.16.
[14] Charles de Gaulle, Mémoires, tome 2, L’Unité, pp.324-325.
[15] Lucien Poirier, Pour une Méthode, op.cit, v.1 p.7.
[16] Lucien Poirier, Méthode, 2ème version, p. 13, 1952
[17] Ce n’était pas une mince affaire, eu égard à la redoutable efficacité du renseignement politico-militaire vietminh offensif et défensif, -le Dich Van et le Trinh Sat-.
[18] Walter Benjamin, L’œuvre d’art à l’ère de sa reproductivité technique, Paris, 1936.
[19] Ces « représentations » ont été imitées par la suite, en Algérie, par des officiers comme Bigeard et Massu… avec un moindre bonheur mais une certaine efficacité.
[20] « Les problèmes de la guerre de demain », conférence du colonel Beaufre, 1946. Conclusion du général de Lattre, Inspecteur général de l’Armée de Terre. BESG, cote A1 1646, p.8.
[21] Souligné par nous FG.
[22] Ne pas subir, p. 343, Plon.
[23] F. Géré, Th. Widemann, dir. La Guerre Totale, Economica, 2001. Voir en particulier les contributions de Thomas Lindemann et Gabriel Périès.
[24] La guerre totale, publiée en 1937 fut immédiatement traduit en français.
[25] Précisons qu’à l’origine l’UEO (Union de l’Europe Occidentale créée par le pacte de Bruxelles de 1948) était initialement dirigée contre une éventuelle reconstitution de la puissance militaire de l’Allemagne. Mais presqu’au même moment, après le « coup de Prague » et la première crise de Berlin tout change. Le traité de Washington est en gésine.
[26] Général de Lattre, « Essai d’adaptation militaire aux conditions futures de la guerre », Inspection générale de l’Armée, 31 janvier 1947, BESG, Mel A1, 1680.
[27] Leo Hamon, La stratégie contre la guerre, préface du général Ailleret pp. 11-19, Grasset, 1966.
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